mars 2020 - Page 31 sur 36 - Journal du niger

Au pays de « Bernie », la peur qu’il ne puisse pas gagner

« C’est Bernie contre l’+establishment démocrate+, ça va être difficile »: le sénateur Bernie Sanders a beaucoup de supporters dans son fief du Vermont, mais même ici, certains ont peur que ce « socialiste » revendiqué ne parvienne pas à remporter la Maisons Blanche et hésitent à voter pour lui en ce « Super Mardi ».

S’il y a bien une ville américaine dans laquelle le sénateur Bernie Sanders est aimé et respecté, c’est à Burlington, la « grande ville » de ce petit Etat frontalier du Canada, où cet enfant de Brooklyn est parti s’installer à la fin des années 60.

Ici, où il a été maire dans les années 80 avant d’être élu à la Chambre des représentants puis au Sénat, il prêche depuis plus de 40 ans un « socialisme » proche des gens et a montré qu’il pouvait former de larges coalitions. Notamment pour récupérer un grand terrain sur les bords du Lac Champlain dont il a fait un grand parc public, alors qu’il devait initialement accueillir des logements chics.

Et pourtant, si personne ne doute qu’il sortira vainqueur mardi soir de la primaire du Vermont – le moins peuplé des 14 Etats à voter ce mardi – beaucoup s’interrogent sur sa capacité à rassembler largement autour de son nom pour pouvoir défaire Donald Trump en novembre.

– « Inquiète pour le pays »

« Je l’aime bien, je trouve qu’il est vrai, qu’il est honnête, et je pense qu’il se soucie vraiment des gens et du pays », confie à l’AFP Miriam Burns, 77 ans, qui a fait campagne pour Bernie Sanders en 2016 lorsqu’il avait perdu contre Hillary Clinton.

« Mais je ne suis pas sûre que je vais voter pour lui. Je ne suis pas sûre qu’il puisse battre Trump, et ça me fait peur (…) On est tellement divisés. Avec Trump et tout ce qui s’est passé, et les républicains qui sont si forts, c’est juste que je suis vraiment inquiète pour le pays », a-t-elle ajouté.

Cette retraitée envisage donc de voter ce mardi pour l’ex-maire de New York Michael Bloomberg, incarnation des milliardaires et des élites dénoncés par M. Sanders.

Nat Caldwell, 52 ans, qui fait de la collecte de fonds pour une des trois universités locales, a lui clairement décidé de voter pour Michael Bloomberg, qui figurera pour la première fois mardi sur les bulletins de vote, tant il est sûr que Bernie ne peut pas gagner nationalement.

« Je crois qu’il est temps d’opter pour le pragmatisme plutôt que pour l’idéologie », dit-il. « On est dans une bulle ici, une bulle de gauche, ça en fait un endroit charmant à vivre à de nombreux égards, mais je ne crois pas que cela puisse s’appliquer au reste du pays actuellement ».

Les fans de Bernie, qui devraient être plusieurs milliers mardi soir pour un grand meeting avec leur héros à Burlington, s’inquiètent davantage maintenant que trois anciens candidats démocrates, les modérés Pete Buttigieg et Amy Klobuchar ainsi que Beto O’Rourke, se sont ralliés à la candidature de l’ex-vice président Joe Biden.

Jane Stromberg, 24 ans, chercheuse dans le domaine de l’environnement à l’Université du Vermont et elle-même candidate à un poste local ce mardi, considère Bernie Sanders comme « le candidat politique le plus cohérent de l’histoire des Etats-Unis ».

Mais « c’est Bernie contre +l’establishment+ démocrate (…), ça va être difficile », dit-elle.

Si elle est convaincue que Bernie Sanders a bien plus de chances cette année qu’en 2016, car le gouvernement Trump a rendu les gens « beaucoup plus désespérés », elle estime qu' »il faut s’attendre au pire, tout en espérant le meilleur ».

Même Trish Siplon, professeure de sciences politiques d’une université locale, pourtant convaincue que Bernie a de vraies chances de remporter l’investiture cette année, reconnaît que les derniers efforts des candidats modérés pour lui barrer la route lui rendent la tâche « pas facile ».

« C’est vrai que ça m’inquiète », dit-elle.

Elle redoute particulièrement le scénario de plus en plus souvent évoqué, où Bernie « arriverait à la convention démocrate avec le plus de délégués », mais pas la majorité, et que les modérés du parti s’entendent pour « le priver de l’investiture ».

« Ce serait désastreux », dit-elle, « pas juste pour moi parce que c’est mon candidat, mais parce que ce serait terrible pour le parti démocrate. Le parti devrait bien réfléchir avant d’aliéner ces électeurs qui sont l’avenir du parti ».

Migrants: alarmée, l’Europe dépêche ses dirigeants en Turquie et en Grèce

L’Union européenne a dépêché mardi en urgence de hauts responsables en Turquie pour protester contre sa décision de laisser passer les migrants, et a exprimé sa solidarité avec la Grèce voisine confrontée à un afflux à sa frontière.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell et le commissaire européen à la Gestion des crises Janez Lenarcic doivent effectuer une visite de deux jours à Ankara pour des discussions « à haut niveau » sur la situation en Syrie, selon Bruxelles.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui s’est rendue en Grèce à Kastanies, à la frontière turque, a pour sa part durci le ton.

« Ceux qui cherchent à tester l’unité de l’Europe seront déçus », a-t-elle déclaré, au côté du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a jugé de son côté « inacceptable » mardi le « chantage » d’Ankara.

Des dizaines de milliers de personnes ont afflué vers la Grèce depuis que le président Recep Tayyip Erdogan a ordonné, vendredi, l’ouverture des frontières de son pays, réveillant en Europe la crainte d’une crise migratoire similaire à celle de 2015.

Mme von der Leyen, le président du Conseil Charles Michel et le dirigeant du Parlement européen David Sassoli se sont rendus en Grèce mardi en signe de solidarité.

Des responsables européens et des ONG accusent Ankara d’instrumentaliser les migrants pour faire « chanter » l’Europe et obtenir davantage d’appui, au moment où la Turquie est confrontée à ses frontières à un afflux de déplacés en Syrie où elle mène une offensive.

– Miradors –

Mardi, plusieurs milliers de migrants étaient toujours massés à la frontière grecque, fermée à double tour.

Campant dans des tentes de fortune bricolées avec des bâches à proximité du poste-frontière de Pazarkule (Kastanies, côté grec), certains attendent une hypothétique ouverture des portes grecques.

D’autres marchaient le long des eaux glacées du fleuve frontalier Evros à la recherche d’une faille dans le dispositif grec, et quelques barques au moteur pétaradant faisaient la navette entre les deux rives.

Mohammed Yasin, un Syrien âgé de 22 ans originaire d’Alep, indique à l’AFP qu’il a été renvoyé côté turc après avoir été intercepté par les garde-frontières grecs.

« Ils ont pris mon téléphone, mon argent et même mes chaussures », dit-il. « Je voulais aller en Allemagne ou un autre pays européen ».

Sur la rive grecque, des garde-frontières cagoulés et armés de fusils patrouillaient le long du fleuve, pendant que d’autres surveillaient la zone à la jumelle du haut d’un mirador.

Lundi, M. Erdogan a affirmé que « des millions » de migrants allaient « bientôt » submerger l’Europe, affirmant que chacun devra « prendre sa part du fardeau ».

– « Tester l’Europe »

Pour le moment, loin des chiffres évoqués par le président turc, plusieurs milliers de personnes tentaient de rejoindre la Grèce par la voie terrestre ou par la mer en gagnant les îles égéennes.

Entre samedi et lundi soir, « 24.203 tentatives d’entrées illégales ont été évitées, 183 personnes ont été arrêtées », selon le gouvernement grec.

Mme von der Leyen a promis mardi à la Grèce « 700 millions d’euros », dont la moitié immédiatement, pour gérer la nouvelle vague migratoire, et a assuré qu’Athènes recevrait « toute l’aide nécessaire ».

A la frontière, la situation fait les affaires des passeurs. « C’est désormais une activité autorisée (…) Je vois cela comme mon devoir », explique à l’AFP l’un d’eux, qui dit s’appeler Semih.

– Soutien américain –

La décision prise par la Turquie d’ouvrir ses frontières intervient au moment où Ankara, qui a déclenché une offensive majeure contre le régime syrien après avoir essuyé de lourdes pertes, cherche à obtenir un appui occidental.

Mardi, la Turquie a annoncé avoir abattu un avion du régime, le troisième depuis dimanche, dans le cadre de son opération baptisée « Bouclier du Printemps » qui se déroule dans la province d’Idleb (nord-ouest).

Ces affrontements se produisent à deux jours d’une rencontre cruciale à Moscou entre M. Erdogan et le président russe Vladimir Poutine, dont le pays appuie militairement le régime de Bachar al-Assad. Ankara espère arracher une trêve lors de ces discussions.

En dépit de leurs intérêts divergents dans ce conflit qui a fait plus de 380.000 morts depuis 2011, Moscou et Ankara ont renforcé leur coopération ces dernières années. Mais la situation à Idleb a tendu leurs rapports.

L’offensive que mène depuis décembre le régime dans ce dernier bastion rebelle et jihadiste en Syrie a provoqué une catastrophe humanitaire, avec près d’un million de personnes déplacées.

Une délégation américaine, dont le représentant spécial des Etats-Unis pour la Syrie James Jeffrey et l’ambassadrice américaine à l’ONU Kelly Craft, s’est rendue mardi à la frontière entre la Turquie et la Syrie, en signe de solidarité avec Ankara.

Plus aucun cas d’Ebola en RDC, l’OMS « prudemment optimiste »

Il n’y a plus aucun cas confirmé de fièvre hémorragique Ebola en République démocratique du Congo, avec la sortie mardi de la dernière patiente encore hospitalisée dans un centre de traitement, a déclaré l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

La directrice régionale de l’OMS, le Dr Mathsidiso Moeti, s’est déclaré sur Twitter « prudemment optimiste » quant à une fin prochaine de cette épidémie officiellement déclarée le 1er août 2018.

L’épidémie sera officiellement terminée « dès qu’on aura atteint 42 jours sans aucun nouveau cas enregistré », précise un porte-parole de l’OMS à Kinshasa.

« Aucun nouveau cas n’a été confirmé pour le 13e jour consécutif », s’est félicité le bulletin épidémiologique quotidien du ministère de la Santé sur la base de données datant de lundi. « 350 cas suspects sont en cours d’investigation », ajoute-t-on.

Le dernier patient est sorti mardi du Centre de traitement d’Ebola (CTE) de Beni, dernière zone touchée dans l’est de la République démocratique du Congo.

Il s’agit d’une femme, Masika Mawasu Semida, qui a remercié les personnels de santé en sortant du CTE.

« L’OMS va continuer d’accompagner le ministère de la Santé dans le renforcement du système de santé à tous les niveaux », a déclaré un porte-parole local de l’OMS, Mory Keita.

Avec 2.264 victimes, la dixième épidémie d’Ebola enregistrée sur le sol congolais depuis 1976 est la deuxième la plus grave de l’histoire après celle qui a touché l’Afrique de l’Ouest en 2014 (plus de 11.000 morts principalement au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone).

La ville de Beni a enregistré le plus grand nombre de cas (730 sur 3.444) et de décès (474 sur 2.264) depuis la déclaration l’épidémie le 1er août 2018 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

En février 2019, un nouveau malade du virus Ebola avait été découvert à Beni après vingt-trois jours sans nouveau cas, remettant en cause l’optimisme des autorités. Il existait à l’époque d’autres foyers de l’épidémie.

Près de 320.000 personnes ont été vaccinées. L’OMS a fait de cette épidémie une urgence sanitaire de portée internationale en juillet dernier, quand elle menaçait les pays voisins (Rwanda, Ouganda).

La RDC n’est officiellement pas touchée par la propagation mondiale du coronavirus.

Afghanistan: la reprise des attaques fait douter de la volonté de dialogue des talibans

Les talibans ont mené lundi plus de trente attaques contre des bases militaires, juste après avoir mis fin à une trêve partielle en Afghanistan, ce qui suscite des interrogations sur leur stratégie et sur leur volonté réelle de discuter avec le gouvernement de Kaboul.

Dans les dernières 24 heures, les talibans ont conduit 33 attaques dans 16 des 34 provinces du pays, a tweeté le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Nasrat Rahimi. « Six civils ont été tués et 14 blessés. Huit ennemis ont également été tués et 15 blessés », a-t-il écrit.

Deux soldats ont été tués dans une attaque survenue dans la province de Kandahar (Sud), a annoncé le gouvernement. Quatre membres des forces de sécurité ont également péri dans le Logar, a déclaré à l’AFP Didar Lawang, le porte-parole du gouverneur de cette province frontalière de Kaboul.

Ces violences sont intervenues à l’issue de neuf jours de trêve partielle, pendant lesquels le nombre des attaques s’était effondré en Afghanistan, à la grande satisfaction de la population, qui avait enfin pu respirer après quatre décennies de conflit.

Cette diminution des combats avait été imposée par Washington aux insurgés en tant que préalable à un accord signé samedi à Doha, dans lequel les Etats-Unis se sont engagés à un retrait complet des troupes étrangères d’Afghanistan dans les 14 mois en échange de garanties des rebelles.

Parmi celles-ci, les talibans ont accepté de participer à un dialogue inter-afghan avec le gouvernement afghan, son opposition et la société civile afin de tenter de s’entendre sur l’avenir du pays. Ces pourparlers doivent démarrer le 10 mars.

– Contradictions –

Mais alors que le président Ashraf Ghani avait annoncé dimanche la prolongation de la trêve partielle, le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a déclaré lundi à l’AFP qu’elle avait « pris fin », les forces de Kaboul se trouvant à nouveau dans la ligne de mire des insurgés.

D’après l’accord de Doha, non ratifié par son gouvernement, un éventuel cessez-le-feu n’est qu’un « élément » des discussions à venir et non une obligation pour que celles-ci se déroulent.

Le président afghan avait par contre rejeté dimanche l’un de ses principaux points, à savoir la libération de 5.000 prisonniers talibans en échange de celle de 1.000 membres des forces afghanes détenus par les rebelles.

Des contradictions de Washington peuvent expliquer ce différend.

Alors que les Etats-Unis qualifiaient ces libérations d' »objectif » qu’ils s' »engagent à atteindre » dans l’accord avec les talibans, Washington mentionnait simplement « des discussions » avec les insurgés « afin de déterminer la possibilité de libérer un nombre important de prisonniers », dans une déclaration américano-afghane parue samedi.

Les talibans font désormais de cette mesure un préalable à tout démarrage des discussions inter-afghanes, a déclaré mardi à l’AFP Suhail Shaheen. Alors que Kaboul avait envoyé des délégués à Doha pour préparer avec eux les pourparlers à venir, « notre délégation n’a pas rencontré la leur », a-t-il raconté.

« Pas étonnant que Ghani hésite à libérer les prisonniers : (ils constituent) un de ses rares leviers », a tweeté Vanda Felbab-Brown, une chercheuse à la Brookings Institution, un think-tank américain, pour qui la violence va « inévitablement » augmenter.

« Les talibans en sont arrivés là grâce à leurs fusils. (…) Donc ils doivent rester actifs sur le champ de bataille pour pouvoir gagner à la table des négociations, comme ils l’ont fait avec les Américains », estime de son côté Ahmad Saeedi, un analyste basé à Kaboul.

Interrogé par la chaîne américaine Fox News, le secrétaire d’État Mike Pompeo s’est toutefois montré optimiste. « J’ai donc vu beaucoup de remarques. Regardez ce qui se passe vraiment », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Jusqu’à présent, tout va bien. »

A Lesbos, les ONG prises pour cibles par des groupes « fascistes »

Plusieurs ONG ont annoncé mardi avoir suspendu leur travail auprès des réfugiés sur l’île grecque de Lesbos, et ont évacué leurs équipes après la multiplication d’attaques et de menaces de la part de groupes qualifiés de « fascistes ».

L’île grecque du nord de la mer Égée, située proche des côtes turques, connaît une recrudescence des arrivées de migrants depuis que la Turquie a ouvert ses frontières en fin de semaine dernière.

La tension est montée d’un cran à Lesbos, où la situation avait déjà atteint un point de rupture depuis plusieurs mois avec plus de 19.000 personnes vivant dans des conditions misérables dans un camp prévu pour moins de 3.000 personnes.

Exaspérés de porter le fardeau d’un système d’asile qu’ils jugent défaillant, les insulaires protestent contre la présence de nombreux exilés débarquant sur leurs côtes, estimant qu’ils menacent la sécurité, la santé publique et le tourisme sur l’île.

Le mécontentement s’est transformé en violence ces derniers jours, ciblant souvent des travailleurs sociaux et perturbant leur capacité à aider les réfugiés, selon plusieurs ONG basées sur l’île.

« Quand la nuit tombe, il y a sans arrêt des attaques contre des membres d’ONG, des personnes venues ici en tant que bénévoles », a indiqué Douglas Herman, co-fondateur de l’organisation Refocus, qui donne des cours aux réfugiés.

La police, taxée d’inaction dans ces incidents, a ouvert une enquête après « plusieurs dénonciations d’attaques envers des individus et des voitures » sur l’île, a-t-on appris de source policière.

« La plupart des organisations ont décidé de suspendre leurs opérations, certaines indéfiniment. Plusieurs ONG ont demandé à leurs équipes de quitter l’île », a expliqué M. Herman à l’AFP, ajoutant que les six membres de son équipe étaient sur le départ.

La violence est le fait de mobilisations « fascistes », a-t-il fustigé, décrivant des routes coupées à travers l’île, avec des attaques ou des menaces d’automobilistes.

« Des personnes avec des chaînes frappent les véhicules et essayent d’atteindre les personnes à l’intérieur avec des les bouts de verre cassés », a indiqué M. Herman.

Lundi soir, l’équipage du Mare Liberum, un bateau observatoire des droits de l’homme qui navigue en mer Égée, a indiqué avoir été attaqué par « un groupe de fascistes », alors qu’il était amarré au port de l’île.

« Ils ont crié, nous ont menacés et ont balancé de l’essence sur notre pont ! », a écrit l’organisation sur Twitter.

Adrian Kok, président de Connect by Music, qui dispense des cours de musique aux réfugiés, a informé l’AFP que tous leurs bénévoles expatriés étaient renvoyés à Athènes tandis que les locaux avaient cessé de travailler.

Côte d’Ivoire: 3,5 tonnes d’écailles de pangolin incinérées par les autorités

Les autorités ivoiriennes ont incinéré devant la presse mardi à Abidjan plus de 3,5 tonnes d’écailles de pangolin, mammifère le plus braconné au monde, a constaté un journaliste de l’AFP.

Ces écailles avaient été saisies lors de diverses opérations en 2017 et 2018 et ont conduit à l’arrestation d’une vingtaine de personnes.

« C’est un trafic international qui a été démantelé. 3,6 tonnes d’écailles ont été incinérées. Cela se chiffre en milliards de francs CFA (millions d’euros). Nous luttons contre le braconnage mais aussi le trafic illicite des espèces protégées », a affirmé le ministre des Eaux et Forêts Alain Richard Donwahi, après avoir mis le feu à un des quatre bûchers.

« L’écaille de pangolin est très recherchée dans la médecine traditionnelle chinoise (…) et au Vietnam notamment. En Asie, le prix peut aller jusqu’à 1.000 dollars le kg et ici ca peut aller jusqu’à 10-15.000 F CFA (15 à 23 euros) », explique Rens Ilgen, coordinateur de l’ONG américaine Eagle, qui participé aux opérations.

Le trafic « est plus grand que ce pays. Il y a des chasseurs partout. Abidjan est une ville de commerce et ça (les écailles) se collecte ici », a-t-il poursuivi. L’ensemble du trafic autour des espèces protégées « représente 20 milliards de dollars dans le monde » alors que les peines encourues sont relativement faibles comparées à celles du trafic de drogue, a-t-il souligné.

« C’est la criminalité transnationale. Ce n’est pas un trafic localisé seulement en Côte d’Ivoire. Tous ces trafics planent sur toute la sous-région. Parfois ce sont des espèces qui ont été tuées en Guinée ou partout dans la sous-région. Ca transite par la Côte d’Ivoire pour aller vers pays asiatiques », a souligné le procureur d’Abidjan, Richard Adou.

« Il est essentiel que des personnes tapies dans l’ombre ne puissent pas profiter de la mort de nos espèces protégées », a-t-il ajouté.

L’ambassadeur américain Richard Bell a lui précisé que la Côte d’Ivoire avait aussi saisi 600 kg d’ivoire depuis 2017 et arrêté une trentaine de personnes: « Je salue tous ces efforts visant à protéger la faune et la flore qui constituent un patrimoine mondial ».

Israël: moisson « historique » pour les partis arabes aux législatives

Les partis arabes sont en voie mardi d’enregistrer le meilleur score de leur histoire à l’issue d’élections en Israël, une performance qui ne suffit toutefois pas pour atteindre leur objectif: empêcher la victoire de Benjamin Netanyahu, grand gagnant du scrutin.

Aux législatives de septembre dernier, la « Liste unie » des partis arabes avait surpris en s’imposant comme troisième force politique d’Israël avec 13 députés élus sur les 120 de la Knesset, le Parlement, le meilleur résultat combiné pour des formations arabes.

Six mois plus tard, les partis arabes espéraient obtenir 16 sièges en moissonnant la colère chez l’électorat arabe liée au « plan Trump » pour le Proche-Orient, soutenu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Ce plan prévoit de faire de Jérusalem la capitale « indivisible » d’Israël, mais aussi de transférer le contrôle d’une dizaines de villes et villages arabes en Israël à un futur Etat palestinien, ce qui a choqué nombre des Arabes israéliens qui ont dit se sentir comme des citoyens de « second » rang.

La « Liste unie », qui rassemble des islamistes, des libéraux, des socialistes et des communistes, a conservé sa troisième place et devrait réaliser son meilleur score selon les dernières estimations, qui lui confèrent mardi 15 sièges.

« Il s’agit d’une réussite historique », s’est félicité Ayman Odeh, chef de la « Liste unie » lors d’une conférence de presse dans sa ville natale de Haïfa (nord). « Je veux remercier notre public, tant les électeurs arabes que juifs qui ont soutenu la Liste unie. »

La performance des partis arabes n’a toutefois pas réussi à diminuer le score de Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption dans une série d’affaires, qui se dirige lui aussi vers sa meilleure performance à la tête du Likoud (droite), avec 36 sièges selon les derniers résultats, non définitifs.

« Nous ne connaissons pas les résultats définitifs mais le gouvernement que formera Netanyahu sera le plus dangereux de l’histoire d’Israël », a prévenu mardi M. Odeh, qui qualifie le Premier ministre sortant de « plus grand provocateur des citoyens arabes ».

« Nous sommes prêts à nous engager dans un véritable combat avec l’extrême-droite, ce combat doit être populaire et doit se mener avec la participation du peuple arabe et des partis juifs démocratiques », a-t-il ajouté.

M. Odeh et une partie de ses troupes avaient, sans succès, recommandé à l’automne Benny Gantz, le rival de M. Netanyahu, au poste de Premier ministre afin de mettre un terme au règne du chef du gouvernement, attendu par la justice pour son procès le 17 mars.

Les Arabes israéliens, qui représentent environ 20% de la population israélienne, sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d’Israël en 1948.

Coronavirus: l’Afrique espère profiter des leçons d’Ebola

Pour faire face au coronavirus, les pays d’Afrique subsaharienne ne disposent que de fragiles systèmes de santé publique, mais ils peuvent s’appuyer sur l’expérience acquise au cours des précédentes épidémies d’Ebola en République démocratique du Congo et en Afrique de l’Ouest.

En 2014-2016, plus de 11.000 personnes sont mortes en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone essentiellement, pendant la pire épidémie d’Ebola jamais enregistrée. A l’époque, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait été accusée de retard dans sa réponse.

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus partie de Chine, qui a déjà fait plus de 3.000 morts dans le monde, seuls deux cas ont été officiellement confirmés en Afrique subsaharienne, au Nigeria la semaine dernière et au Sénégal lundi. Quelques cas ont aussi été enregistrés dans le nord du continent.

« Les épidémies d’Ebola ont permis aux pays (africains) d’avoir des bases sur lesquelles on s’appuie pour la préparation au Covid-19 », affirme Michel Yao, joint par l’AFP à Dakar.

Le directeur Afrique des programmes d’urgence de l’OMS cite la mise en place de systèmes de détection aux frontières des cas suspects, via une prise de température, et de structures d’isolement et de traitement dans les aéroports.

« Les ministères de la Santé ont maintenant l’obligation d’appliquer le Règlement sanitaire international (RSI, remontant à 2005), c’est-à-dire être en mesure de faire remonter précocement les épidémies et les cas, via le ministère, au niveau de l’OMS », a indiqué sur RFI le directeur des Affaires internationales de l’Institut Pasteur, Pierre-Marie Girard.

« Avec l’épidémie d’Ebola, on peut partir du principe que les systèmes de santé, les plateformes de coopération et communication et le +monitoring+ (suivi des cas) se sont développés », confirme Dorian Job, médecin basé à Dakar, responsable de programmes pour MSF aux Burkina, Niger, Nigeria et Cameroun.

« Il y a une meilleure surveillance, un meilleur suivi et cela va certainement aider », ajoute-t-il.

– 78 dollars –

Confrontés à des maladies multiples (paludisme, choléra, rougeole….), les pays africains se caractérisent par des systèmes de santé publique très précaires.

D’après la Banque mondiale, les dépenses de santé s’élevaient en 2016 à 78 dollars par habitant en Afrique subsaharienne, pour une moyenne mondiale de 1.026 dollars (avec des pointes à 9.351 dollars en Amérique du nord, et 3.846 dans l’Union européenne).

Le coronavirus arrive au moment où une autre « urgence de santé publique de portée internationale » frappe le continent: une nouvelle épidémie d’Ebola a en effet tué 2.264 personnes depuis août 2018 dans l’est de la République démocratique du Congo.

Aucun nouveau cas n’a été enregistré depuis près de deux semaines, mais les autorités doivent encore attendre 42 jours au total sans nouveaux cas pour déclarer la fin de l’épidémie.

Déjà mobilisées par Ebola, les autorités sanitaires congolaises prennent, pour prévenir l’arrivée du coronavirus, la température des voyageurs dès leur descente d’avion à l’aéroport de Kinshasa, ou quand ils traversent le fleuve Congo pour Brazzaville, la capitale du Congo voisin.

« Les mesures que nous avons prises pour lutter contre Ebola sont les mêmes que celles que nous avons prises contre le coronavirus, à savoir l’hygiène et le lavage des mains », détaille le professeur congolais Jean-Jacques Muyembe, chef de la riposte anti-Ebola.

Avec l’aide financière du Japon, Kinshasa vient aussi d’inaugurer un « centre de diagnostic et de recherche » au sein de son Institut national de recherche biologique (INRB).

Début février, seuls l’Afrique du Sud et le Sénégal disposaient de laboratoires pour tester des cas présumés de coronavirus. L’OMS a fourni depuis des équipements à une quarantaine de pays.

En Afrique de l’Ouest, les systèmes de santé sont encore marqués par la plus grave épidémie d’Ebola de l’histoire.

« Notre préparation est meilleure du fait des leçons apprises pendant la crise Ebola », affirme au Liberia le directeur général de l’Institut national de santé public, Mosoka P. Fallah.

« La population veut nous donner des informations, explique-t-il. Nous avons même plus de données que prévu, car les Libériens ont encore l’expérience d’Ebola en tête ».

Syrie: un avion du régime abattu par l’armée turque, le pilote tué (ONG)

Un avion de combat du régime syrien a été abattu mardi par l’armée turque dans la province d’Idleb en Syrie, où de violents combats opposent soldats des deux pays, a indiqué une ONG en faisant état de la mort du pilote.

Il s’agit du troisième avion de l’armée syrienne détruit depuis dimanche par l’aviation turque, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

De son côté, l’armée syrienne a abattu, selon l’agence officielle syrienne Sana, un drone turc près de la cité de Saraqeb dans le sud de le province d’Idleb, dernier grand bastion rebelle et jihadiste situé dans le nord-ouest du pays en guerre.

Selon l’OSDH, l’avion syrien a été abattu par un F-16 turc et s’est écrasé dans les régions aux mains du régime dans le sud de la province d’Idleb.

Le pilote s’est éjecté mais est mort, a ajouté l’ONG, sans être en mesure de dire s’il avait succombé à sa chute ou a été tué par les insurgés. Sa dépouille a été retrouvée mutilée dans la région de Deir Sounbol contrôlée par les rebelles, selon l’OSDH.

Sana a confirmé la « chute » d’un avion de combat visé par les forces turques mais n’a pas précisé le sort de l’équipage.

A Ankara, le ministère de la Défense a affirmé que « dans le cadre de l’opération +Bouclier du printemps+ qui se poursuit avec succès, un avion L-39 appartenant au régime (syrien) a été abattu ».

La Turquie, qui appuie certains groupes rebelles, déploie des soldats en Syrie voisine principalement dans la province d’Idleb, dernier grand bastion jihadiste et rebelle que le régime syrien cherche à reprendre.

Dimanche, la Turquie a annoncé mener une offensive contre le régime dans cette province après y avoir subi de lourdes pertes. Plus de 30 militaires turcs ont été tués la semaine dernière dans des frappes attribuées par Ankara au régime syrien.

Selon l’OSDH, 119 soldats syriens et 20 combattants prorégime ont été tués dans les bombardements turcs depuis jeudi.

Le régime de Bachar al-Assad s’est dit lundi déterminé à repousser l’offensive turque.

Avec l’aide de l’allié russe, ce régime a repris en décembre son offensive contre la région d’Idleb et a pu reconquérir la moitié de la province, selon l’OSDH.

L’offensive a poussé à la fuite près d’un million de civils d’après l’ONU et tué plus de 470 civils selon l’OSDH.

Mardi, au moins neuf civils dont cinq enfants ont été tués dans l’explosion d’un missile tiré par le régime sur la ville d’Idleb contrôlée notamment par le puissant groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (ex-branche syrienne d’Al-Qaïda), selon l’OSDH.

Un missile sol-sol de l’armée syrienne est tombé sur un quartier résidentiel de la ville, chef-lieu de la province du même nom.

Déclenché en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.

Les drones « made in Turkey » volent au secours de l’armée turque en Syrie

Les images de cibles pulvérisées tournent en boucle sur les télévisions. Pour venger ses soldats tués en Syrie et inverser le rapport de forces, la Turquie se sert d’une nuée de drones armés, dont elle est l’un des principaux fabricants dans le monde.

Ces appareils télépilotés ont infligé de lourdes pertes en hommes et matériel aux forces du régime syrien dans la province d’Idleb (nord-ouest), où Ankara a lancé de vastes représailles après la mort de 34 de ses soldats jeudi dans des frappes attribuées à Damas.

L’armée syrienne a affirmé avoir abattu au moins trois de ces drones turcs, mais l’allié russe de Damas qui contrôle le ciel dans le nord-ouest de la Syrie ne semble pas être intervenu face aux appareils d’Ankara.

Le recours très médiatisé à ces drones permet à la Turquie non seulement de frapper en Syrie sans risquer la vie de ses pilotes, mais aussi de faire la promotion de ces appareils dont il ambitionne de devenir un exportateur de premier plan.

« L’utilisation de drones par la Turquie lors de cette opération est sans précédent dans son histoire militaire moderne », explique à l’AFP l’analyste de défense Arda Mevlutoglu. « Ce recours efficace aux drones semble avoir changé la dynamique de la guerre civile en Syrie et influé sur les tractations diplomatiques ».

– « Frappes plus efficaces » –

Les drones militaires turcs sont produits par Baykar, une compagnie dirigée par le gendre du président Recep Tayyip Erdogan, Selcuk Bayraktar, et par Turkish Aerospace Industries (TAI).

La Turquie « est le leader d’un groupe de pays qui montent dans ce domaine technologique et essayent d’avoir un impact », estime Dan Gettinger, co-directeur du Center for the Study of the Drone au Bard College à New York.

Ankara a par le passé affirmé avoir éliminé des centaines de combattants de la rébellion kurde dans des frappes de drones, mais le théâtre d’opération syrien lui permet de montrer son savoir-faire dans ce domaine.

Pour Ozgur Eksi, rédacteur en chef du magazine spécialisé C4Defence, le recours massif aux drones ces derniers jours a rendu les frappes turques « plus efficaces ».

Notant que les forces armées turques avaient détruit plus de cent chars du régime syrien en l’espace de quelques jours, il a souligné que « sans drones, une telle entreprise prendrait beaucoup plus de temps et aurait mis en danger la vie de soldats turcs ».

Outre les frappes qu’ils mènent, ces drones servent aussi à marquer des cibles qui sont ensuite visées par l’artillerie ou des avions de combat.

« Cela permet à la Turquie de mener des frappes à distance, contournant ainsi l’espace aérien syrien tout en infligeant de lourdes pertes aux forces syriennes », affirme M. Mevlutoglu, l’analyste de défense.

– « Source de fierté » –

M. Gettinger estime que la Turquie dispose de 94 drones armés de type Bayraktar TB2 fabriqués par Baykar. Bien que de petite taille, cet aéronef est doté d’un système d’armement capable d’éliminer des véhicules blindés.

L’engouement de la Turquie pour les drones n’est pas nouveau. Selon M. Gettinger, Ankara s’est lancé dans le développement de ces appareils dans les années 1990 pour ne pas dépendre d’autres pays pour s’en procurer, notamment les Etats-Unis et Israël, avec lesquels les relations sont souvent tendues.

M. Erdogan répète à l’envi que la Turquie ambitionne de se placer parmi les dix premiers exportateurs d’armes au monde d’ici 2023, année du centenaire de la République turque.

« Si nous sommes en mesure de mener nos opérations (militaires) sans avoir besoin de l’aide de qui que ce soit, c’est grâce au travail que nous avons accompli et aux résultats que nous avons obtenus », a-t-il dit dans un discours lundi.

A ce jour, la Turquie a exporté des drones vers le Qatar et l’Ukraine, selon M. Gettinger, et elle en a déployé aussi en Libye en soutien au gouvernement de Tripoli face à l’homme fort de l’Est libyen Khalifa Haftar.

La Turquie travaille aussi avec des pays comme l’Indonésie et le Pakistan pour les aider à produire localement des drones avec des moyens technologiques turcs.

« La Turquie essaye inlassablement de promouvoir ses drones à l’étranger, car cette industrie est une grande source de fierté pour elle », souligne M. Gettinger.