À Niamey, le premier Congrès africain sur les allergies sonne l’alerte : la santé publique doit s’adapter, car l’anaphylaxie n’attend pas.
Niamey, 25 septembre 2025 – Un simple repas en famille qui tourne au cauchemar, une promenade printanière qui déclenche une crise respiratoire, ou une piqûre d’insecte qui met une vie en péril : voilà la dure réalité qui touche déjà des millions de personnes à travers le monde. En effet, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), d’ici 2050, la moitié de la population mondiale pourrait souffrir d’au moins une maladie allergique. C’est dans ce contexte alarmant que le Niger a marqué un jalon historique il y a dix jours : l’ouverture du tout premier Congrès de Dermatologie et Allergologie, un événement qui pourrait bien changer la donne pour la santé publique en Afrique.

Urgence sanitaire mondiale : le top 4 des fléaux révélé à Niamey
Sous le thème évocateur des « Maladies Immuno-Allergiques », ce congrès pionnier s’est tenu le mardi 15 septembre au Palais des Congrès de Niamey. Organisé conjointement par la Société Nigérienne de Dermatologie et Vénéréologie (SONIDEV) et l’Association Nationale de Formation Continue en Allergologie (ANAFORCAL), il a réuni experts, chercheurs et décideurs pour poser les bases d’une riposte collective. En fait, c’est le Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Technologique, le Professeur Mamadou Saidou, qui a donné le ton à l’ouverture, présidant la cérémonie avec une ferveur qui en dit long sur l’urgence de la situation.
« Les maladies immuno-allergiques sont en pleine expansion à travers le monde », a tonné le Ministre dans son allocution d’ouverture. Rappelant les priorités de l’OMS, il a souligné que les allergies sont classées au quatrième rang mondial des préoccupations de santé publique, juste derrière les maladies cardiovasculaires, les cancers et le VIH/SIDA. Une statistique glaçante qui n’a pas manqué de faire réagir l’assistance : ces affections, souvent sous-estimées, incluent des réactions cutanées sévères comme l’urticaire ou l’eczéma, mais aussi des crises respiratoires (asthme allergique) et des chocs anaphylactiques – des réactions violentes à une substance qui peuvent survenir en quelques minutes et mettre la vie en danger.

De la sensibilisation à l’adrénaline : le Niger sonde l’action
Le Professeur Mamadou Saidou n’a pas mâché ses mots : « Il est impératif de sensibiliser le public sur les gestes de prévention, sur la reconnaissance des signes d’alerte comme l’anaphylaxie, et sur l’importance d’une consultation spécialisée. » Un appel clair à l’action, qui résonne particulièrement au Niger et en Afrique subsaharienne, où l’accès aux soins spécialisés reste un défi majeur. Pour le grand public, cela se traduit par des conseils concrets : éviter les allergènes connus (poussières, pollens, aliments comme les arachides), porter un auto-injecteur d’adrénaline en cas de risque, et consulter un dermatologue-allergologue dès les premiers symptômes persistants.
Vers un Front africain anti-allergies : l’appel révolutionnaire
Toutefois, ce congrès n’était pas qu’une tribune pour alerter ; il a aussi été une vitrine pour l’ambition africaine en matière de santé. Le Professeur Salissou Laouali, président de la SONIDEV, a profité de l’occasion pour lancer un appel vibrant à la synergie continentale. « Il est temps de bâtir un réseau africain de Dermatologie-Allergologie, capable de mutualiser nos données, de partager nos expériences et d’influencer les politiques de santé publique et d’enseignement supérieur », a-t-il déclaré. Une vision audacieuse qui vise à combler les lacunes locales : notamment renforcer la recherche sur le terrain, améliorer le diagnostic et la prise en charge des patients, et même développer une « batterie standard africaine » pour tester les allergies – un outil adapté aux réalités locales, loin des protocoles occidentaux souvent inadaptés.
Avant lui, le président du comité d’organisation avait exprimé sa gratitude à tous les acteurs mobilisés pour faire aboutir ce projet ambitieux. Ainsi, la SONIDEV et l’ANAFORCAL, ces deux sociétés savantes nigériennes, se sont en effet fixées des objectifs concrets : booster la recherche locale sur des pathologies comme les dermatites allergiques ou les rhumes des foins tropicaux, sensibiliser les communautés rurales et urbaines, et former les soignants à une prise en charge précoce. « Prévenir, c’est guérir« , pourrait-on résumer, en écho aux messages du ministre.

Le Niger, nouveau phare de la santé africaine
Dix jours après cette ouverture prometteuse, le congrès continue de faire des vagues dans les milieux médicaux nigériens et au-delà. Pour les professionnels de la santé, c’est une opportunité de réseautage inédite ; pour le grand public, un rappel salutaire que les allergies ne sont pas de simples « maux de saison », mais un enjeu majeur de santé publique. En conclusion, le dynamisme affiché par le Niger en recherche et innovation place ce pays à l’avant-garde d’une riposte continentale face à ces affections chroniques. Une chose est sûre : dans un monde où le climat change et les pollutions s’intensifient, ignorer ces signaux d’alarme n’est plus une option.
L’heure est à l’action concertée, car la santé de la moitié du continent est en jeu. Reste à savoir si l’élan de Niamey saura se transformer en un mouvement panafricain durable, capable d’inscrire l’allergologie comme une priorité nationale dans chaque pays. Le Niger a lancé le défi ; qui sera le prochain à y répondre ?













