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Niger-USA : le refroidissement des relations

Les autorités de transition du Niger se sont engagées sur la voie du renforcement de la souveraineté, de l’indépendance et du développement du pays.

 

Les puissances étrangères comme les États-Unis et la France, qui, sous la présidence de Bazoum, construisaient des relations avec Niamey dans une position de pression et de coercition, ne sont pas prêtes à accepter la perte du pouvoir. En conséquence, les relations entre les pays se sont refroidies.

La dégradation des relations n’est pas seulement l’affaire des politiciens et des diplomates ; les habitants de Niamey expriment aussi activement leur position citoyenne. Le 9 mars, une manifestation contre la présence de l’armée américaine dans le pays s’est tenu dans la capitale du Niger, près de l’ambassade américaine. Les manifestants ont exprimé leur soutien au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et ont appelé les autorités à expulser le personnel militaire américain pour son soutien à la politique française et son ingérence dans les affaires intérieures du Niger.

En effet, les événements survenus au Niger depuis le coup d’État militaire ont mis en lumière les manipulations et les pressions exercées par les États-Unis dans le cadre de leur politique étrangère. En visite à Niamey en octobre, la secrétaire d’État adjointe américaine aux affaires africaines, Molly Phee, s’est entretenue avec plusieurs responsables nigériens, dont le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine. Elle a souligné que les autorités militaires nigériennes devaient annoncer une « date limite pour une transition rapide et crédible » qui conduirait à un « gouvernement démocratiquement élu ». « Nous avons confirmé que nous sommes prêts à reprendre notre coopération si le CNSP prend les mesures que j’ai décrites », a-t-elle ajouté devant les journalistes.

Par ailleurs, lors du sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, Mme Phee a exprimé la position des Etats-Unis et a noté que Washington soutient les résolutions de l’organisation régionale.

Lors du rassemblement du 9 mars, les habitants de la capitale ont clairement exprimé qu’ils étaient conscients des conséquences négatives de l’ingérence de Washington dans les affaires intérieures d’autres pays. Parmi les slogans, on peut citer les suivants «Les États-Unis ont déjà aidé la Libye, la Syrie et l’Ukraine», «Les États-Unis devraient s’aider eux-mêmes», «À bas les colonisateurs».

Au cours du rassemblement, un groupe de citoyens a également brûlé des drapeaux américains symboliques pour protester contre l’ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures du pays et contre « l’agression discrète » de Washington au Niger.

La perte d’influence au Niger est critique pour l’Amérique. Sous les présidents Mahamadou Issoufou (2011-2021) et Mohamed Bazoum, le Niger était un pilier de la présence américaine au Sahel. Le Pentagone a stationné plus de 1 000 soldats dans le pays sur deux bases. Les États-Unis disposent également d’une base de drones dans la région d’Agadez. Cette base aérienne, 201, est la principale base de renseignement du Pentagone au Sahel.

Cependant, la présence américaine dans le pays n’a pas donné les résultats escomptés et la situation sécuritaire a continué à se dégrader. Aujourd’hui, les autorités du Niger sont déterminées à défendre activement le pays en collaboration avec les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Les opérations militaires conjointes menées avec succès par les pays de l’Alliance montrent qu’il s’agit de la bonne direction.

Niger : une indépendance en demi-teinte ?

Alors que le Niger célèbre le 62ème anniversaire de son accession à la souveraineté, la présence de l’ancienne puissance coloniale, la France, laisse de nombreux Nigériens sceptiques quant à une véritable indépendance de leur pays.

 

Le Niger célèbre ce 03 août le 62ème anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Alors colonie française, le pays a acquis son indépendance le 03 août 1960.

« En accédant à l’indépendance, le Niger, notre pays, État enclavé et sahélien à très vaste étendue, a fait de la consolidation de son unité la pierre angulaire de son projet de bâtir une Nation prospère et épanouie », a indiqué le Président Mohamed Bazoum dans un message adressé mardi soir à la Nation. « Le dessein d’édifier une Nation nigérienne une et solidaire est une boussole qui a servi de repère à toutes les générations de dirigeants de notre pays, malgré les vicissitudes auxquelles ont pu être confrontés les différents régimes politiques qui se sont succédé », a-t-il ajouté.

En dehors du message à la Nation du président de la République, la principale activité menée depuis 1976 pour célébrer l’anniversaire de l’indépendance du Niger est la plantation d’arbres à travers tout le pays. Dans le but de faire face à la désertification qui affecte aujourd’hui les 3/4 du territoire, le régime militaire de Seyni Kountché (1974-1986) avait décidé que la journée du 03 août soit consacrée à la plantation des milliers d’arbres à travers tout le Niger, au point où cette journée est beaucoup plus connue sous l’appellation de « Fête nationale de l’arbre ».

Une situation sécuritaire préoccupante

Le 62ème de l’indépendance du Niger intervient dans un contexte préoccupant, à cause de la persistance des attaques armées dans quatre des huit régions du pays. Il s’agit de la région de Diffa (sud-est) qui subit depuis 2017 des attaques attribuées à Boko Haram opérant dans le nord du Nigeria. Il s’agit ensuite des régions de Tahoua (nord-ouest) et de Tillaberi (ouest) confrontées depuis 2015 à des attaques attribuées aux groupes terroristes opérant dans le nord du Mali et la zone dite des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

La quatrième région en proie à l’insécurité est celle de Maradi (sud-ouest) qui subit depuis quelques mois des attaques attribuées à des « bandits armés » opérant dans les États frontaliers du nord-ouest du Nigeria. Toute la région de Diffa et plusieurs départements des régions de Tahoua et Tillaberi sont sous l’état d’urgence instauré par le gouvernement dans l’objectif de réduire l’intensité des attaques. De nombreux militaires et civils ont été tués dans les différentes régions et des milliers d’autres civils ont été contraints d’abandonner leurs villages pour échapper aux attaques.

La présence de la France remarquée et dénoncée dans plusieurs secteurs

La célébration du 62ème anniversaire de l’indépendance du Niger intervient aussi dans un contexte où l’ancienne puissance coloniale, la France, manifeste sa présence dans plusieurs secteurs. Une situation que de nombreux Nigériens n’hésitent pas à dénoncer comme étant préjudiciable à une véritable indépendance de leur pays. « Le Niger a perdu son indépendance depuis qu’il a ouvert ses portes aux forces étrangères, notamment françaises. En plus, il n’exerce aucun contrôle sur ses ressources naturelles qui sont hypothéquées. Aujourd’hui, nous vivons le néocolonialisme », a déclaré Maikoul Zodi, coordonnateur national de « Tournons la page », une coalition d’ONG et d’associations de la société civile, dans un entretien accordé à l’Agence Anadolu.

« L’indépendance du Niger est une indépendance de façade, en raison de la mainmise de la France dans les affaires du pays. Cette mainmise se fait remarquer dans plusieurs secteurs, notamment la sécurité et les ressources minières. On a l’impression que le Niger est redevenu une sous-préfecture de la France, 62 ans après son accession à la souveraineté internationale », s’est désolé Moussa Aksar, expert en question de sécurité et analyste géostratégique, dans une déclaration à Anadolu.

Dans une déclaration publiée mardi soir, le parti politique Union des patriotes panafricains (UPP) s’est aussi offusqué de la présence de la France au Niger. « À ce jour, c’est notre pays qui facilite le redéploiement de la force Barkhane chassée au Mali, pour sauvegarder les intérêts de la France en Afrique de l’ouest », a déploré l’UPP, regrettant l’audience accordée le même jour par le Président Mohamed Bazoum au nouveau commandant de « la force d’occupation Barkhane », Bruno Baratz, après une série d’accidents mortels impliquant des véhicules et camions de la force française au Niger.