juin 2022 - Page 18 sur 28 - Journal du niger

Sahel : pourquoi les humanitaires sont ciblés ?

La région, confrontée à la menace jihadiste, est de moins en moins sûre pour les travailleurs humanitaires.C’était un mercredi noir. Le 1er juin dernier, vers 18 heures, une équipe de la Croix-Rouge a essuyé des tirs d’hommes armés à bord de motos sur l’axe Koussané-Kayes, dans l’Ouest du Mali. Parmi les quatre membres du groupe, revenant d’une visite de terrain, le chauffeur malien et un humanitaire sénégalais sont tués.

Un drame qui relance le débat sur la sécurité des travailleurs humanitaires. Pourtant, « le droit international humanitaire prévoit clairement la protection du personnel sanitaire et des personnels de secours en temps de conflit. C’est d’ailleurs sa raison d’être. La première Convention de Genève adoptée en 1864 visait à protéger les blessés et ceux qui leur viennent en aide », rappelle le spécialiste Julien Antouly dans un entretien avec APA.

Dans le temps, cet arsenal juridique a beaucoup évolué, mais l’article 3 commun aux quatre conventions de Genève « octroie au Comité International de la Croix-Rouge (CICR), ainsi qu’aux autres organismes humanitaires impartiaux, le droit d’offrir leurs services aux parties au conflit ».

Partout où il y a des combats dans le monde, des organisations humanitaires s’emploient à remplir cette mission essentielle. « Au Sahel, la Croix-Rouge intervient aussi bien en matière de secours d’urgence que dans le cadre de projets de programmes de développement. Elle assiste les populations fragilisées par les crises sanitaires, les catastrophes, l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, les inégalités et le changement climatique », précise Moustapha Diallo, chargé de communication de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) pour la région.

Directeur Général de Médecins Sans Frontières (MSF), Thierry Allafort explique qu’il y a un fort besoin de soins au Niger, au Mali, au Burkina et au Nigeria dans une moindre mesure. A l’en croire, dans la conduite de leurs missions, les travailleurs humanitaires ont toujours rencontré des risques.

« Mais l’aspect nouveau et particulièrement choquant des tragédies de ces dernières années est que des personnes ont été délibérément tuées bien qu’elles étaient clairement identifiées et connues en tant que membres du personnel de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, des Nations Unies ou d’Organisations Non Gouvernementales (ONG) », alertait le CICR en 1998, à l’occasion de la première réunion périodique sur le droit international humanitaire.

Une vingtaine d’années plus tard, le constat est toujours amer. Faute d’éléments suffisants accréditant la thèse de la préméditation, M. Diallo ne veut pas verser dans la spéculation, mais n’en déplore pas moins les attaques contre les travailleurs humanitaires.

« Dans de nombreuses régions où nous intervenons, être des cibles des terroristes et des milices d’auto-défense est une donnée avec laquelle nous devons composer. Il me semble que nous avons du mal à reconnaître cet état de fait », admet Thierry Allafort.

Cette tendance est confirmée par les statistiques de la base de données sur la sécurité des travailleurs humanitaires (AWSD, sigle en anglais). Rien qu’en 2020, elle a recensé 283 attaques contre 276 l’année précédente. Au total, ces assauts survenus dans 41 pays ont fait 484 victimes, entraîné la mort de 117 personnes et causé des blessures à 242 individus. A cela s’ajoute, 125 enlèvements.

Au Mali et au Burkina, en 2021, la même base de données a dénombré 52 incidents sécuritaires avec un fort taux d’enlèvements d’humanitaires. Pour la majorité des cas, les auteurs ne sont pas déterminés même si les groupes armés non étatiques sont souvent pointés du doigt.

Le 9 août 2020, six jeunes humanitaires de l’ONG ACTED ont été assassinés avec leur chauffeur et leur guide nigériens dans la Réserve de girafes de Kouré, à 60 kilomètres au Sud-Est de Niamey (Niger). Une atrocité revendiquée par la branche sahélienne de l’Etat Islamique.

Revirement

Il y a dix ans maintenant, l’action humanitaire était acceptée par les jihadistes contrôlant le Nord du Mali. Chef de la Sous-Délégation du CICR dans cette zone de novembre 2011 à novembre 2014, Attaher Zacka Maïga se souvient de sa rencontre avec Mokhtar Belmokhtar, dirigeant de la brigade Al Moulathamoune en rupture de ban à l’époque avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

« Je lui ai demandé pourquoi il a voulu discuter avec des responsables du CICR. Il a dit qu’il était au courant de notre travail et qu’il s’était déjà entretenu avec des responsables humanitaires en Afghanistan en 1990. Il a déclaré que nous étions une organisation crédible et sérieuse », a récemment témoigné M. Maïga dans la revue internationale de la Croix-Rouge.

Aujourd’hui, « les choses sont très différentes. Il existe une pléthore de groupes armés opérant au Mali avec parfois des agendas et ambitions peu clairs. Le travail humanitaire est plus difficile qu’il ne l’était en 2012 », regrette-t-il. De tous temps, argumente M. Allafort, « les négociations sont compliquées quand il y a plusieurs acteurs armés » sur le terrain.

Le document préparatoire du CICR pour la première réunion périodique sur le droit international analyse cette situation à travers la nature changeante des conflits : « La protection du personnel humanitaire expatrié et national relevait essentiellement de la responsabilité des parties au conflit. Celles-ci n’escortaient pas les équipes humanitaires, mais les laissez-passer et les autorisations fonctionnaient relativement bien. Car le système était basé sur une chaîne de commandement claire ».

De nos jours, l’action humanitaire peut être perçue comme « une entrave aux objectifs ultimes des parties au conflit ». Accusés de vouloir « évangéliser » les autochtones, Béatrice Stockly et Cecilia Narvaez Argoti, des missionnaires suisse et colombienne, ont respectivement été enlevées en janvier 2016 et en février 2017 au Mali. La première nommée a perdu la vie dans cette mésaventure.

Pour les groupes armés, le kidnapping d’humanitaires peut également être une source de revenus. Capturée à Gao, au Mali, où elle dirigeait une ONG d’aide à l’enfance, la Française Sophie Pétronin a recouvré la liberté en octobre 2020 en même temps que l’homme politique malien, feu Soumaïla Cissé et deux Italiens. En contrepartie, les autorités maliennes ont relâché plus de 200 membres présumés du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim) et auraient payé une rançon.

Tout compte fait, selon M. Antouly, le bouclier le plus efficace, « c’est de se montrer utile, neutre et impartial » sur le théâtre des opérations. « Discuter avec tout le monde, se rapprocher des communautés et adapter les opérations au contexte sécuritaire », ajoute le Directeur Général de MSF, permet de minimiser les risques. Cela dit, les organisations humanitaires ont toujours la possibilité de se retirer des zones de conflits lorsque les conditions ne sont plus réunies pour garantir la sécurité de leur personnel.

Côte d’Ivoire : nouvel ambassadeur pour les États-Unis

Jessica Davis Ba remplace Richard Bell en poste depuis septembre 2019.Le nouvel ambassadeur est une diplomate de carrière possédant une vaste expérience en Afrique. Jessica Davis Ba a déjà représenté les États-Unis au Tchad, en Éthiopie, au Nigeria et au Kenya.

En outre, elle a été conseillère principale pour l’Afrique de la vice-présidente, Kamala Harris. A la fin de cette mission en mars dernier, Jessica Davis Ba est retournée au département d’État où elle occupe le poste de conseillère principale au Bureau des affaires africaines.

Le nouvel ambassadeur du pays de l’oncle Sam en Côte d’Ivoire est titulaire d’une maîtrise obtenue à l’Annenberg School for Communication de l’Université de Pennsylvanie et parle le français et l’espagnol. En attendant la confirmation de sa nomination par le Sénat américain, son prédécesseur Richard Bell reste en poste.

Mali : les prémices d’une nouvelle Constitution

Après une prorogation de deux ans de la durée de la transition à partir de mars 2022, la junte veut rédiger une autre loi fondamentale pour un nouveau Mali.C’est une décision majeure. S’appuyant sur une loi du 25 février 2022 portant révision de la charte de la transition, le colonel Assimi Goïta a décrété la création d’une commission de rédaction d’un avant-projet de Constitution dans le cadre de la refondation de l’Etat.

Ladite commission, qui comprend un président, un rapporteur général, un rapporteur général adjoint, des experts et un personnel d’appui, doit remettre « un rapport de fin de mission ». Laquelle n’excédant pas deux mois.

Dans son travail, la commission peut solliciter « l’ensemble des forces vives de la nation » et doit faire « un point tous les 15 jours ou en cas de besoin au président de la transition ». Mais à peine publié, le décret suscite un débat dans l’opinion publique malienne.

Sur Twitter, le journaliste Séga Diarrah met déjà en garde contre une « modification » portant les germes « d’une partition du Mali », notant que « la Constitution de 1992 a été rédigée avec le sang des Maliens ».

Pour cet homme public très suivi, « la transition doit juste se concentrer sur l’organisation des élections ». Dès les premières heures de la transition, un projet de rédaction d’une nouvelle Constitution, à laquelle était associé Tony Blair Institute for Global Change (TBI), du nom de l’ancien Premier ministre britannique, a fait son bonhomme de chemin.

Cependant, le deuxième coup d’Etat du 24 mai 2021, ayant propulsé sur le devant de la scène Choguel Maïga, a donné un coup d’arrêt à ce processus. Nommé chef du nouveau gouvernement par le Colonel Assimi Goïta, le président du comité stratégique du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5 – RFP) s’est prononcé contre l’implication d’étrangers dans la rédaction de la Constitution malienne.

Si on suit la logique du remplaçant de Moctar Ouane à la primature, l’expertise nationale doit être privilégiée pour ce qu’il considère comme une question de souveraineté. Un argument auquel la junte tient à cœur.

Une chose est sûre, ce projet de rédaction d’une nouvelle Constitution risque de provoquer des grincements de dents au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). L’organisation régionale doit se réunir le 3 juillet prochain pour discuter de la situation politique au Mali.

Maroc : Le Conseil des oulémas condamne le contenu du film « The lady of heaven »

Le Conseil supérieur des oulémas au Maroc a condamné fermement le contenu du film “The lady of heaven » (La Dame du paradis), exprimant son rejet catégorique de la falsification de faits établis de l’histoire de l’Islam.Dans un communiqué, publié ce samedi, le Conseil a souligné avoir pris connaissance du contenu global du film et constaté que son auteur appartient à un courant chiite et qu’il été déchu de sa nationalité koweïtienne pour ses idées extrémistes.

Selon le Conseil, ce film, qui constitue une falsification flagrante des faits, contient un acte odieux qui ne peut nullement être accepté par les musulmans et les musulmanes à savoir l’incarnation du Prophète, paix et salut sur Lui.

Aussi, le film a osé avec une partialité répugnante utiliser la personne de Fatima Zahra, fille du prophète, paix et salut sur Lui, à « des fins aux antipodes de l’esprit de la religion et de la réalité de l’histoire ».

Pour le Conseil, « les calomnies à l’encontre le khalifa de l’Islam Abou bakr, font partie des scandales de ce film », ajoutant que ceux qui sont derrière ce film « cherchent la célébrité et le sensationnel, la promotion de leur production, et la réalisation du plus grand nombre spectateurs, en portant atteinte aux sentiments des musulmans et en attisant les sensibilités religieuses ».

Pour toutes ces considérations, le Conseil supérieur des oulémas, « condamne fermement le contenu de ce film et exprime son rejet catégorique de la falsification flagrante de faits établis de l’histoire de l’Islam. Cette falsification des faits, qui porte atteinte à l’Islam et aux musulmans, est rejetée par tous les peuples, parce qu’elle ne sert pas leurs intérêts supérieurs entre les nations, particulièrement en ces temps ».

Peu après ce communiqué, le Centre Cinématographique marocain (CCM) a décidé de ne pas accorder une autorisation au film « The Lady Of Heaven » de son réalisateur Eli King et son auteur Yasser Al Habib et d’interdire sa projection commerciale ou culturelle dans le territoire national.

Les services compétents dans le Royaume ont eu l’habitude d’autoriser des œuvres cinématographiques et audiovisuelles qu’elles soient tournées à l’intérieur du territoire national ou à l’étranger pour les importer du pays de production et les distribuer sur les salles de cinéma à l’intérieur du territoire national, dans le respect total des textes législatifs et réglementaires régissant le secteur cinématographique au Maroc, si elles ne sont pas contraires aux constantes et aux sacralités du Royaume, rappelle le communiqué.

Maroc : Le 10ème Festival International du Film de Dakhla célèbre le cinéma africain

La 10ème édition du Festival International du Film de Dakhla, prévue du 16 au 20 juin 2022, célèbre le cinéma africain à travers la présence de cinéaste de 13 pays africain : Sénégal, Côte d’Ivoire, Nigeria, Ghana, Egypte, Cameroun, Burkina Fasso, Tunisie, Ruanda, Tchad, Benin en plus du Maroc.Organisée par l’Association pour l’animation culturelle et artistique dans les provinces du Sud, cette édition verra la participation de 7 films qui concourront pour les prix du festival à savoir le Prix spécial du jury, le Prix de la Réalisation et le Grand Prix.

Les films de la compétition officielle sont : « La nuit des rois » – Philippe Lacôte (Côte d’Ivoire), « Juju stories » – Abba T Makama, C J ‘Fiery’ Obasi, Michael Omonua (Nigeria), « Amansa Tiafi » – Kofi Ofosu-Yeboah (Ghana), « Breakable » – Ahmed Rashwan (Egypte), « Bendskins » – Narcisse Wandji (Cameroun), « Annatto » – Fatima Ali Boubakdi (Maroc), et « la traversée » – Irene Tassembedo (Burkina Faso)

Le jury de cette dixième édition sera présidé par le réalisateur et producteur sénégalais Moussa Tourré et sera composée des membres de l’actrice Tella Kpomaho (Bénin) de l’actrice marocaine Farah El Fassi et des réalisateurs congolais David-Pierre Fila et tunisien Sami Tlili.

Le festival rendra  hommage à l’actrice marocaine Mouna Fettou qui a brillé depuis son tout premier rôle dans « Un amour à Casablanca » d’Abdelkader Lagtaâ avant de s’illustrer dans « Femmes et femmes » de Saad Chraibi et « La route des femmes » de Farida Bourqiya et bien d’autres rôles dans le cinéma et la télévision qui l’ont hissé au rang de star incontestée.

Une personne de dimension internationale sera également honorée. Il s’agit du réalisateur marocain Jerôme-Cohen Olivar qui est l’auteur de deux grands long-métrages « Kandisha » qui a constitué l’une des dernières apparitions de l’icône du cinéma mondial David Carradine et « L’orchestres de minuit » où il a dirigé avec virtuosité Gad Elmaleh et Hassan El Fad.

Enfin le festival rend hommage à la réalisatrice et productrice Rwandaise Jacqueline Murekeyisoni, qui est la directrice du festival International du Cinéma des Femmes et occupe le poste de directrice de la commission exécutive de l’association « Cinéma des Femmes » au Rwanda qui œuvre pour la formation d’une élite de cinéastes-femmes rwandaises.

Dans le cadre de la promotion des productions cinématographique sur l’histoire et la culture dans l’espace Sahraoui et hassani plusieurs films documentaires, réalisés par des cinéastes de la région seront projetés.

Une rencontre sera tenue avec l’écrivaine et chercheuse en sociologie et anthropologie Rita El Khayat, autour du thème « Le cinéma et la culture ». Elle sera animée par Karim Douichi.

Le public aura rendez-vous avec la réalisatrice Asmaâ Elmoudir pour l’avant-première de son film documentaire « Massira ».

Une rencontre sera organisée avec le réalisateur tunisien Amine Boukhriss autour de son parcours cinématographique et sera modérée par le réalisateur Said Zribiaa.

D’autre part le journaliste et critique de cinéma Hassan Narrais animera une conférence autour du thème  » Le cinéma marocain : entre la problématique du public et les mécanismes d’aide ». Elle connaîtra la participation de plusieurs intervenants dans le domaine du cinéma marocain.

Le public et les professionnels du cinéma auront rendez-vous avec la styliste et productrice Dana Shondelmayer dans le cadre d’un Master-Class sur « La création et la conception des costumes dans le cinéma ».

La dixième édition du festival connaîtra l’organisation d’un atelier de formation « Ecrire un film documentaire ». Elle sera destinée aux membres des ciné-clubs des provinces du sud. Cette session de formation débutera avant le festival et se prolongera jusqu’à la clôture et sera couronnée par le choix du meilleur scénario de court-métrage documentaire qui sera produit par le festival en partenariat avec London Art House film Festival.

Burkina : dialoguer avec les jihadistes malgré tout

La persistance des attaques contre les forces de défense et de sécurité n’a pas dissuadé les autorités burkinabè à discuter avec les mouvements jihadistes.Vendredi 10 juin, le chef de l’Etat burkinabè, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandago Damiba, était à Barani, dans la boucle de Mouhoun, à 232 kilomètres à l’Ouest de Ouagadougou. Le président de la transition voulait encourager les gendarmes du Groupe d’action rapide de surveillance et d’intervention (Garsi) qui, la veille, ont repoussé une attaque terroriste.

Selon un bilan officiel, quatre gendarmes ont perdu la vie au cours de cet assaut tandis qu’une dizaine d’assaillants ont été neutralisés. Après avoir décoré cinq éléments de ce détachement créé avec le soutien de l’Union Européenne (UE), le lieutenant-colonel Damiba a rappelé « qu’il faudra qu’on aille chercher les terroristes pour leur montrer que nous sommes supérieurs en tout point de vue ».

Le tombeur de Roch Marc Christian Kaboré en janvier dernier a précisé que cette lutte acharnée doit se faire en même temps que les mécanismes de dialogue. Comme son prédécesseur, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandago Damiba a fait de la sécurisation du Burkina sa priorité. Pour cette raison, le président de la transition s’est dit favorable à l’ouverture de discussions avec les jihadistes locaux.

Cependant, cette option n’est pas encore porteur de résultats satisfaisants. Pour preuve, les attaques se multiplient dans le Nord du Burkina. Un pays en passe de devenir le ventre mou de la lutte antijihadiste au Sahel.

Juste avant l’attaque de Barani, le poste de sécurité du site minier industriel de Karma, dans le Centre-Nord, a été pris pour cible par des individus armés non identifiés. Un militaire et un civil sont morts ce jour-là.

Samedi 21 mai, l’armée burkinabè avait repoussé un assaut mené par 200 jihadistes à Bourzangha, dans le Nord-Est. Le communiqué de l’État-major des armées déplorait le décès de cinq soldats. Par ailleurs, l’appui aérien de la force Barkhane, en cours de retrait du Mali, pour neutraliser « les assaillants qui tentaient de fuir » a été salué par les autorités burkinabè.

Africa CEO Forum 2022 : plus de 1500 participants attendus à Abidjan

Le plus grand rendez-vous annuel du secteur privé en Afrique est prévu les 13 et 14 juin dans la capitale économique ivoirienne autour du thème « Souveraineté, croissance verte et transformation industrielle : les nouvelles routes de la prospérité africaine ».La dernière édition physique de l’Africa CEO Forum s’est tenue en 2019, à Kigali, au Rwanda. Trois ans plus tard, la pandémie de Covid-19, qui en était la raison, est de plus en plus maîtrisée.

À Abidjan, sociétés privées, banques de développement et représentants gouvernementaux réfléchiront ensemble pour bâtir une Afrique plus résiliente. Car elle a trainé les pieds dans la course aux vaccins et subi la perturbation des chaînes logistiques ainsi que l’envolée des prix de l’énergie et des produits alimentaires.

Aux côtés du chef de l’État Alassane Ouattara, ses homologues Macky Sall (Sénégal), Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie), Mohamed Bazoum (Niger) et le vice-président du Nigeria, Yemi Osinbajo, devraient participer aux discussions.

La crise de la Covid-19 et la guerre en Ukraine ont poussé le continent noir à accélérer la transformation de ses économies en replaçant la question de la souveraineté au cœur des préoccupations des États. Par le choix du thème « Souveraineté, croissance verte et transformation industrielle : les nouvelles routes de la prospérité africaine », l’Africa CEO Forum invite à trouver des réponses aux questions de l’heure.

Un accent particulier sera mis sur le développement de l’agriculture sur le continent qui pourtant dispose de potentialités considérables. Il y a cinq ans, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO, sigle en anglais) a indiqué que l’Afrique possédait près de 60 % des terres arables non exploitées du monde. Suffisant pour satisfaire non seulement ses propres besoins alimentaires, mais aussi à ceux du reste du monde.

À Abidjan, la Covid-19 a ralenti l’exécution de travaux routiers (Pm)

Selon le Premier ministre, Patrick Achi, la pandémie a allongé de 15 à 18 mois les délais de livraison d’infrastructures routières dont les travaux ont démarré en 2018-2019 dans la capitale économique ivoirienne.Hier vendredi, Patrick Achi a effectué une visite de terrain dans les différents chantiers à Abidjan. Faisant le point de l’évolution des travaux, le chef du gouvernement a constaté que le nouveau coronavirus a perturbé les prévisions.

Malgré les retards dans l’exécution des chantiers allant de 15 à 18 mois, M. Achi a assuré qu’ils « s’achèveront » dans des délais raisonnables, mais en attendant les populations rencontreront « quelques difficultés résiduelles » pour se déplacer.

Entamées entre 2018 et 2019, a déclaré le Premier ministre, les nouvelles routes abidjanaises seront finalement ouvertes à la circulation en fin 2022 pour les unes et en fin 2023 pour les autres.  

La Côte d’Ivoire est censée accueillir, pour la seconde fois de son histoire, la Coupe d’Afrique des nations de football. De bonnes infrastructures de transport font partie du cahier de charges de la compétition prévue du 23 juin au 23 juillet 2023.

C’est pourquoi, Patrick Achi a reconnu qu’il y a « une pression sur les délais » avec notamment les travaux de la sortie Est d’Abidjan qui devraient permettre d’accéder facilement au stade d’Ebimpé.

Inscrites dans le Projet de Transport Urbain d’Abidjan (PTUA), ces infrastructures se construisent grâce au concours financier de la Banque africaine de développement (Bad).

L’institution financière apporte 76 % du budget de 42,57 milliards F CFA Hors Taxe contre 24 % pour l’État de Côte d’Ivoire. Le taux d’avancement des travaux est estimé à 52 % par rapport au planning général pour un délai consommé de 73,8 %.

La religion doit être un rempart contre l’extrémisme (MAE marocain)

Pour le Maroc, la religion doit être un rempart contre l’extrémisme, à travers la diplomatie cultuelle du Royaume en Afrique, a souligné, vendredi à Tanger, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. »Pour le Maroc, pays de la Commanderie des croyants, la religion doit être un rempart contre l’extrémisme et non son prétexte. C’est cela que prône SM le Roi, à travers la diplomatie cultuelle du Royaume en Afrique », a affirmé le ministre , qui s’exprimait à l’ouverture de la Conférence internationale « Dialogue de Tanger », notant que la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains et l’Institut Mohammed VI de formation des Imams, Mourchidines et Mourchidates sont là précisément pour contrer le radicalisme qui sévit aux portes de l’Afrique et promouvoir un Islam de la modération et du juste milieu.

Le ministre a fait savoir que la religion trouve son expression la plus éloquente dans l’appel d’Al Qods, dans lequel le Souverain marocain et le Pape François, ont appelé à « préserver la Ville sainte de Jérusalem/ Al Qods Acharif comme patrimoine commun de l’humanité et, par-dessus tout pour les fidèles des trois religions monothéistes, comme lieu de rencontre et symbole de coexistence pacifique, où se cultivent le respect réciproque et le dialogue ».

« A quelques exceptions près, la relation entre l’Occident et le monde musulman n’a pas toujours été totalement harmonieuse. C’est là peut-être une évidence historique, mais pas une fatalité », a-t-il relevé, ajoutant « nous devons réinitialiser les relations entre l’Occident et les pays musulmans ».

Le ministre a, à cet égard, assuré que le Maroc apporte la démonstration que le monde musulman n’est pas un fardeau pour l’Ouest; bien au contraire, un pays qui apporte des réponses nationales à des problématiques globales pressentes, et qui contribue de manière active aux débats et aux actions autour de ces problématiques.

« Il est d’ailleurs un allié central dans la lutte contre le terrorisme, un partenaire crédible contre les changements climatiques, et un acteur responsable de la gestion de la migration », a-t-il noté, ajoutant « ce sont précisément nos complémentarités qui nous permettent d’appréhender une diplomatie des Lumières en action ».

Le ministre a, en outre, indiqué que le monde gagne à avancer vers la « co-connaissance », soulignant la nécessité de cesser d’essentialiser les religions, et en particulier la religion musulmane et ses croyants, pour aller vers cette co-connaissance.

Après avoir fait savoir que le projet Aladdin est une utilité forte, dont l’une des expressions est l’organisation de ce genre de réunion, mais son action va au-delà, et son impact peut aussi être plus profond, M. Bourita a assuré que l’engagement du Maroc aux côtés de ce Projet est un engagement de la première heure, saluant, à cet égard, l’engagement discret mais efficace de M. André Azoulay, Conseiller du Roi.

« L’Alliance est nécessaire, aujourd’hui plus que jamais, à un moment si particulier de l’histoire, où les certitudes bougent, où la géopolitique se réécrit, et où les causes à l’origine même de la création de l’Alliance connaissent une résurgence sans précèdent », a-t-il dit, soulignant que le Maroc compte abriter cette année le 9ème Forum de l’Alliance, pour la première fois en Afrique.

Le ministre a indiqué que les échanges, comme ceux qu’abritera le Dialogue de Tanger, sont essentiels, car le monde a toujours besoin de réflexion libre, dépassionnée « out of the box » and « out of the block », d’une approche décomplexée des sujets complexes, ainsi que de tolérance intellectuelle et de diversité de perspectives.

Il a relevé que le Dialogue de Tanger peut marquer sa spécificité et faire la différence, en transcendant le brainstorming vers une prise en charge active des sujets discutés, ainsi qu’en pérennisant et en élargissant la réflexion, soulignant que le « Dialogue de Tanger » doit devenir une tradition – un rendez-vous régulier, et rester créatif, jamais redondant; audacieux, jamais suiviste.

« Le contexte actuel rend pertinent un tel exercice », a-t-il noté, relevant que la pandémie a été un puissant révélateur de l’état profond de la société internationale.

Le service public d’information au défi de la modernité (tribune)

Un conseiller du président Macky Sall salue la décision de l’Etat de financer, à hauteur de 33 milliards F CFA, la construction d’une tour de dix étages sur le site de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS) pour faire entrer le média public dans une nouvelle ère.La pose de la première pierre de la Tour RTS, mardi 7 juin 2022, par le chef de l’Etat constitue un jalon « historique et refondateur » dans la modernisation de l’audiovisuel public. La nouvelle infrastructure ne consiste pas, en effet, en une simple extension de bâtiment.  Elle illustre la conscience claire de l’Etat du Sénégal que les nouvelles révolutions technologiques dans le secteur de la communication et de l’information nous imposent de faire face, rigoureusement, à une bataille capitale de contenus.

L’audiovisuel public, avec la RTS notamment, est le cœur stratégique de cette bataille dans la mesure où l’enjeu de son positionnement est d’abord le socialement utile et non le médiatiquement vendable. Il est soumis à l’obligation de rendre compte, systématiquement, de tout ce que l’Etat fait au nom de ses citoyens. C’est une mission régalienne qu’elle est seule capable d’assumer.

En d’autres termes, sa couverture exhaustive de toutes les sensibilités socioculturelles et l’obligation d’information des citoyens sur tout ce qu’entreprend l’Etat en font l’outil d’intégration et d’unité nationales par excellence.

Avec ses dix-sept chaines de radio, ses cinq chaines de télévision et ses supports digitaux, la RTS offre un accès incomparable aux diverses plateformes d’information, d’éducation et de distraction à toutes les catégories de la population.

Comme tout service public, l’audiovisuel public n’est pas dans une logique de profit, encore moins de concurrence avec le secteur privé, encore qu’il soit soumis à une exigence de rigueur, d’efficience et d’efficacité dans la gestion pour assurer sa viabilité. Si profit il y a, il est réinvesti intégralement dans le service aux populations.

C’est pour cette raison que le service public d’information, l’audiovisuel en particulier, doit s’inscrire résolument dans la modernité dont la nouvelle infrastructure, dite Tour RTS, immeuble intelligent, est un révélateur à la fois impératif et pertinent.

Par la diversité de ses programmes inclusifs, la qualité et l’utilité de ses produits, mais également l’exemplarité de sa gestion, l’audiovisuel public s’impose comme un puissant régulateur, à côté des instances de régulation et d’autorégulation dédiées, dans un espace médiatique où la norme élevée n’est pas la chose la mieux partagée.

Il est heureux que figure, dans le projet de Tour RTS, une académie de renforcement de capacité technique et, dans l’ordre du souhaitable, éthique. De plus, il convient de saluer l’effort de la Direction Générale de la RTS ambitieuse de bâtir, pas à pas, une véritable plateforme digitale pour prendre en charge les nouvelles tendances lourdes en matière de production et de diffusion de contenus informatifs,  éducatifs et distractifs. Les révolutions du numérique réduisent les disparités et les inégalités technologiques tant en matière de production que de diffusion.

Aussi, par son expérience capitalisée, ses moyens conséquents mis à disposition par l’Etat et la créativité de ses équipes sous l’impulsion de son Directeur Général, la RTS possède tous les atouts pour devenir ce « hub majeur de l’audiovisuel africain et international ».

Sa résonnance mondiale sera ainsi, pour le Sénégal, un puissant moyen d’exposition au monde de sa richesse culturelle et de la vitalité de ses productions historiques dans tous les domaines politique, économique, sociale, artistique, diplomatique et intellectuelle.

Au moment où un nouveau leadership tire notre continent vers haut, vers plus de souveraineté et de puissance sur la scène des relations internationales, la RTS, forte de la volonté politique du chef de l’Etat, a toutes les prédispositions techniques, professionnelles et intellectuelles pour être le site, par l’excellence, du déploiement de notre propre récit sur notre histoire et les évènements qui le ponctuent, sur le monde et notre rapport au monde. Les idées, en effet, ne sont pas de simples adjuvants ; elles sont une « force matérielle capable de transformer le monde ».

El Hadj Hamidou Kassé, philosophe et écrivain