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Nigeria: un soldat tue quatre de ses collègues avant de se suicider

Un soldat stationné dans le nord-est du Nigeria, région au coeur de l’insurrection jihadiste où de nombreux soldats ont perdu la vie au cours des dernières années, a tué quatre de ses collègues avant de se suicider, a annoncé l’armée.

« Le caporal est devenu fou furieux et a tué quatre de ses collègues avant de retourner l’arme contre lui », a déclaré le porte-parole de l’armée Sagir Musa, dans un communiqué publié mercredi soir.

Deux autres soldats grièvement blessés ont été transportés à l’hôpital de Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno, à plus de 200 km de leur base de Malam Fatori, à la frontière avec le Niger.

Les circonstances du drame n’ont pas encore été déterminées, mais M. Musa a affirmé qu’une enquête a été ouverte.

Le quotidien des soldats nigérians stationnés dans le nord-est du pays est particulièrement difficile.

Les troupes se plaignent régulièrement sur les réseaux sociaux de ne pas recevoir leur solde, du manque de moyens mis à leur disposition ou d’absence de permissions pour aller visiter leur famille.

Le groupe de l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), branche de Boko Haram qui a prêté allégeance à l’EI en 2016, mène des attaques ciblées et très régulières contre les troupes stationnées dans le nord-est, qui ont fait des dizaines voire des centaines de morts dans les rangs de l’armée depuis ces dernières années.

En août 2018, des centaines de soldats ont manifesté à l’aéroport de Maiduguri pendant plusieurs heures, réclamant le droit de pouvoir visiter leur famille.

Le conflit entre les forces armées nigérianes et Boko Haram a fait 35.000 morts depuis 2009. Deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leurs foyers.

Ce conflit s’est étendu au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins.

Bissau: un candidat à la présidentielle se fait investir malgré la contestation

L’un des candidats à la présidentielle en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a prévu de se faire investir président jeudi dans un hôtel de luxe de Bissau, malgré la contestation persistante autour du résultat de l’élection dans ce pays à l’histoire tumultueuse.

M. Embalo compte se faire introniser dans un établissement placé sous bonne garde militaire, alors que la Cour suprême est toujours saisie d’un recours de son adversaire au second tour de la présidentielle du 29 décembre.

Le Premier ministre en exercice, Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, a dénoncé une tentative de « coup d’Etat » de la part de M. Embalo, dans un pays qui en est coutumier.

M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre et candidat de l’opposition au parti historique PAIGC, a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix.

La commission crédite de 46,45% des votes son adversaire Domingos Simoes Pereira, président du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), la formation qui domine la politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à la Cour suprême d’une décision finale. La Guinée-Bissau se retrouve ainsi en proie depuis deux mois à un imbroglio post-électoral dont n’a pas besoin ce petit pays pauvre d’environ 1,8 million d’habitants confronté à une multitude de défis.

M. Embalo, 47 ans, qui a fait campagne sur le thème de la rupture avec le PAIGC, dit que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises.

– L’inconnue internationale –

Il a choisi de passer outre l’arrêt attendu de la Cour suprême, mais aussi l’approbation du président en exercice du Parlement. Le déploiement d’un dispositif militaire important dans et autour de l’hôtel où a lieu la cérémonie indique que l’armée, acteur de bien des crises bissau-guinéennes, a choisi de laisser faire.

On ignore la réaction de la communauté internationale. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao), partenaire et médiatrice historique dans le pays, a félicité M. Embalo en janvier. Sollicitée à plusieurs reprises pour savoir si M. Embalo serait à présent considéré officiellement comme le président, elle n’a pas répondu.

Egalement interrogé par l’AFP, le département d’Etat américain a renvoyé mercredi aux félicitations adressées en janvier à M. Embalo par les Etats-Unis.

Cet imbroglio est le dernier épisode en date d’une histoire contemporaine chaotique. Depuis l’indépendance, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’Etat et seize tentatives plus ou moins avancées, plus qu’aucun pays dans le monde en dehors de la Somalie, selon un centre de recherche.

Le dernier putsch remonte à 2012. Depuis la présidentielle de 2014, le pays s’est engagé sur la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservé de turbulences à répétition, mais sans violence, entre le camp du chef de l’Etat sortant José Mario Vaz et celui du chef du PAIGC.

La stabilité est pourtant un enjeu majeur. Le pays est l’un des plus démunis du monde. L’instabilité et la pauvreté y ont favorisé l’implantation de narcotrafiquants, qui utilisent le territoire pour faire transiter la cocaïne d’Amérique latine vers l’Europe, avec la complicité suspectée de cadres de l’armée.

La Guinée-Bissau était classée 172e sur 180 pays en 2018 par Transparency International, ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption.

Face à ses maux, le pays a un pressant besoin de réformes auxquelles la paralysie des dernières années ne s’est pas prêtée.

Niger: importantes surfacturations dans des achats d’équipements pour l’armée

Un audit demandé par le président nigérien Mahamadou Issoufou révèle des surfacturations ainsi que des livraisons non-effectuées dans des achats d’équipements pour l’armée, qui combat depuis 2015 les jihadistes dans le sud-est et l’ouest du pays, indique jeudi un communiqué du gouvernement.

Cet audit a relevé « des insuffisances dans les procédures de passation des marchés » ainsi que « dans le suivi de leur exécution », souligne un communiqué lu à la radio publique par le porte-parole du gouvernement, Zakaria Abdourahamane.

« Le gouvernement a décidé de faire rembourser les montants indûment perçus, soit en raison de surfacturation, soit au titre de paiement de services et livraisons non effectuées ou partiellement effectuées », affirme le texte qui ne précise pas les montants concernés, ni les personnalités mises en cause.

Il a également décidé de « transmettre aux tribunaux compétents les dossiers des fournisseurs qui refuseraient de s’exécuter » et « de prendre les sanctions administratives appropriées à l’endroit des agents publics incriminés ».

L’audit a été mené sous la supervision du ministre de la Défense Issoufou Katambé, un proche du chef de l’Etat, nommé à ce poste en septembre 2019. Dès sa prise de service, M. Katambé avait entrepris une tournée d’inspection de plusieurs positions de l’armée, notamment sur les front sud-est, proche du Niger, et ouest, frontalier du Mali et du Burkina.

L’audit a porté sur « la dilapidation » de milliards de FCFA (millions d’euros) « destinés à l’armement et à l’équipement des forces armées nigériennes », impliquant des hommes d’affaires et des responsables gouvernementaux, selon des journaux privés nigériens. Des investigations ont été menées en Russie, en Israël et en Chine et portent sur des achats « de munitions et matériels défectueux » , d’après les journaux.

Entre décembre 2019 et janvier 2020, près de 200 soldats nigériens ont été tués dans des attaques revendiquées par l’Etat islamique (EI) dans la région de Tillabéri, vaste région instable de près de 100.000 km2, riveraine de la zone des trois frontières (Niger, Burkina Faso et Mali).

Tout le Sahel – en particulier le Mali, le Niger et le Burkina – est visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes, en dépit du renforcement des armées locales et de la présence de 4.500 militaires français de la force antiterroriste Barkhane. Selon l’ONU, les attaques jihadistes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait 4.000 morts en 2019.

Nigeria: 24 bébés et des adolescentes enceintes libérées d’une « usine à bébés »

La police nigériane a libéré 24 bébés et quatre adolescentes enceintes d’une maternité illégale dans la ville pétrolière de Port-Harcourt dans le sud du Nigeria, a annoncé mardi un porte-parole de la police.

« Lors d’une opération d’infiltration menée mardi, nos hommes ont découvert une organisation s’adonnant à la traite d’enfants à Woji à Port-Harcourt où 24 bébés âgés entre un et deux ans et quatre adolescentes enceintes ont été secourus », a précisé à l’AFP Nnamdi Omoni.

Il a ajouté que les victimes « fragiles et mal nourries » ont été hospitalisées. Des enquêtes sont en cours pour retrouver les personnes qui ont dirigé cet établissement.

Plusieurs autres « usines à bébés » du même type ont été découvertes ces dernières années par la police nigériane. Dans certains cas, les bébés pourraient faire l’objet de rituels de magie noire.

Les opérations de police visant à fermer ces « usines » sont relativement fréquentes au Nigeria, notamment dans le sud. Des jeunes filles piégées avec des promesses d’emplois se retouvent enceintes et forcées d’accoucher des enfants à « vendre ».

Les bébés garçons sont généralement vendus pour 500.000 nairas (1.400 USD, 1.250 euros) tandis que les filles sont « vendues » pour 300.000 nairas, a indiqué la police dans des cas précédents.

Riche en pétrole, le Nigeria possède une des plus grandes économies d’Afrique, mais il est un des pays au monde qui compte le plus d’habitants vivant dans une pauvreté extrême.

L’Unesco a classé le trafic d’êtres humains en troisième place des crimes les plus fréquents commis au Nigeria, après la corruption et le trafic de drogue.

L’UA voit des divergences avec l’UE sur l’homosexualité et la CPI

Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a pointé du doigt jeudi les « différences » entre Africains et Européens sur les questions de justice internationale ou de droits des homosexuels, lors d’un sommet destiné à renforcer les liens entre les deux continents.

« Certainement, nous avons nos différences: la justice criminelle internationale, l’orientation et l’identité sexuelle, la peine de mort, la centralité de l’Union africaine dans certaines crises, etc… », a déclaré M. Faki lors d’une conférence de presse marquant l’ouverture à Addis Abeba d’un sommet UA/UE.

Qualifiant ces différences de « normales », il a estimé qu’Africains et Européens devaient les reconnaître et les accepter pour les surmonter.

Le sommet de jeudi marque la deuxième visite de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au quartier général de l’UA à Addis Abeba, depuis sa prise de fonction le 1er décembre.

Une semaine après avoir commencé à occuper son poste, elle avait choisi la capitale éthiopienne pour son premier déplacement hors de l’UE, afin de lancer un « fort message politique » sur la force du partenariat entre l’Europe et l’Afrique.

Mme von der Leyen travaille actuellement à l’élaboration d’une nouvelle « stratégie africaine » pour l’UE, qui devrait être dévoilée en mars.

Lors de son discours d’ouverture, elle a affirmé que les deux continents étaient des « partenaires naturels », et a mis l’accent sur les secteurs de coopération potentiels pour eux comme le commerce et la lutte contre le réchauffement climatique.

Puis lors de la conférence de presse, elle a estimé que les deux blocs devraient être en mesure de travailler ensemble malgré les divergences mises en exergue par M. Faki.

« C’est l’essence même d’un bon partenariat et d’une bonne amitié », a-t-elle déclaré. « Vous bâtissez sur des fondations solides avec des projets sur lesquels vous pouvez travailler, et vous êtes capables de dire très clairement quelles sont vos différences ».

« Nous essayons de convaincre, mais nous reconnaissons qu’il y a des positions différentes », a-t-elle ajouté. « Nous ne devons pas nous attendre à ce que l’Union africaine s’adapte à l’Union européenne. »

La majorité des pays africains disposent de législations interdisant ou réprimant l’homosexualité, parfois punie de la peine de mort.

Et plusieurs pays africains ont résisté aux efforts de la Cour pénale internationale (CPI) pour juger des dirigeants du continent, le Burundi devenant même en 2017 le premier pays au monde à s’en retirer.

L’UE cherchera à utiliser le sommet de jeudi pour promouvoir le commerce et la coopération économique, afin de répondre « au flot d’investissements chinois sur le continent », a estimé Mikaela Gavas, experte auprès du Center for Global Development (CGD).

Mais la question des droits de l’homme reste un sujet potentiel de confrontation, a-t-elle mis en garde. « Les pays africains ne voudront pas qu’on leur donne des leçons sur la gouvernance et les droits de l’homme. »

Risque de « crise humanitaire majeure » au Zimbabwe, selon le FMI

Le Zimbabwe est confronté à un risque de « crise humanitaire majeure », selon le Fonds monétaire international (FMI), qui table pour 2020 sur une croissance quasi-nulle de son économie et la persistance d’une grave insécurité alimentaire.

« Dans la perspective d’une nouvelle récolte insuffisante, la croissance devrait tourner autour de zéro et les pénuries de nourriture continuer », a écrit jeudi le FMI.

« Si le budget 2020 (du pays) inclut une hausse significative des dépenses sociales, elle ne suffira probablement pas à satisfaire tous les besoins. Faute d’une hausse de l’aide, les risques d’une crise humanitaire majeure sont élevés », a ajouté l’institution financière après sa dernière inspection dans le pays.

Le Zimbabwe est englué depuis vingt dans une crise économique sans fin, qui s’est récemment aggravée avec le retour de l’hyperinflation, des pénuries de produits de base et des coupures d’électricité généralisées.

Comme le reste de l’Afrique australe, le pays souffre en outre d’une grave sécheresse qui pèse sur les récoltes.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies estime que la moitié de ses 15 millions d’habitants se trouve actuellement en situation de grave insécurité alimentaire.

Malgré ses promesses maintes fois répétées, le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à l’autocrate Robert Mugabe, ne parvient pas à redresser le pays.

Il y a un an, la hausse des prix de l’essence avait provoqué des émeutes meurtrières, sévèrement réprimées par le régime.

Dans sa déclaration, le FMI a exhorté le Zimbabwe à renouer au plus vite avec la communauté internationale afin d’obtenir la levée des sanctions qui le frappent depuis l’ère Mugabe.

L’aide humanitaire prise entre deux feux au Cameroun anglophone

Humanitaires kidnappés, convois pillés, civils attaqués lors des distributions alimentaires: au Cameroun anglophone, ravagé par de sanglants combats entre militaires et rebelles indépendantistes mais aussi les exactions et crimes des deux camps, porter assistance aux civils est de plus en plus périlleux.

En une semaine, trois distributions dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont été empêchées, voire endeuillée, selon des témoignages recueillis au téléphone par l’AFP.

Le 19 février, un homme de 29 ans a été tué par balle à Ekona, dans le Sud-Ouest, par des militaires qui ont attaqué des villageois attendant des rations alimentaires d’une ONG partenaire du Programme alimentaire mondial (PAM), selon cette agence de l’ONU et des témoins.

« Nous étions 220 déplacés sortis de la brousse où nous nous cachons, quand dix militaires sont arrivés et nous ont frappés », raconte l’un d’eux, sous couvert de l’anonymat, ajoutant: « Ils ont mis de côté sept hommes, qu’ils suspectaient d’être des séparatistes, et ont tiré dans la jambe d’un jeune, qui s’est vidé de son sang ». Un meurtre confirmé par un autre villageois et le responsable d’une organisation humanitaire régionale.

Ce sont des « tentatives de désinformation » qui visent « à ternir l’image de nos forces », a réagi auprès de l’AFP le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Atonfack Guemo.

Selon lui, le camion du PAM aurait été pris « accidentellement entre deux feux », militaires contre « terroristes sécessionnistes ». « Il est inconcevable que l’armée, dont la mission est de travailler à l’amélioration des conditions de vie (…), s’oppose en même temps au travail des organisations humanitaires », affirme l’officier.

– Traces de torture –

Selon un des témoins, les « mêmes soldats » avaient déjà attaqué une distribution au même endroit deux mois plus tôt. « Le 24 décembre, un volontaire de l’ONG a été arrêté, retenu dans une gendarmerie, et son corps, présentant des traces de torture, a été retrouvé début janvier », a confirmé à l’AFP un responsable d’un organisation humanitaire, qui ne veut pas être nommé.

Le 20 février, c’est une distribution de Caritas à Bafmeng, dans le Nord-Ouest, qui a essuyé une attaque, d’un groupe armé cette fois. Environ 70 personnes, dont 50 enfants, ont dû se réfugier dans le camion de l’ONG qui a quitté précipitamment les lieux, témoigne son directeur au Cameroun, le père Paul Njokikang.

Le prêtre assure aussi qu’il a été pris en otage par des groupes armés séparatistes à trois reprises au cours d’opérations humanitaires et détenu 24 heures par l’armée.

Dans la même région, en novembre, un humanitaire avait été tué par des hommes armés, selon l’ONU.

L’aide médicale n’est pas épargnée: le 19 février, des militaires ont poursuivi une voiture jusque dans l’enceinte d’un hôpital soutenu par Médecins sans frontière (MSF), dans le Nord-Ouest. Sur le parking réservé aux ambulances, un des militaires a ouvert le feu tuant le conducteur, selon l’ONG.

« Le soldat a été immédiatement mis aux arrêts » et « une enquête aussitôt ouverte », plaide le ministère de la Défense.

MSF a appelé « toutes les parties prenantes (…) au respect absolu des installations médicales, des ambulances, du personnel médical et des patients », rappelant que ses équipes « ont fait l’objet de menaces régulières, notamment d’intimidation armée, de la part des différentes parties ».

« Nous sommes pris entre deux feux », se plaint aussi Ayah Abine, président de l’ONG camerounaise Ayah Foundation.

– Kidnappé trois fois –

« J’ai été menacé par des militaires » en apportant l’aide à des réfugiés, explique-t-il, ajoutant: « des groupes armés ont aussi kidnappé des membres de mon ONG trois fois ».

M. Abine a été convoqué le 20 février chez les gendarmes à Yaoundé, suspecté de livrer des armes aux séparatistes, puis relâché sans poursuites.

Plusieurs responsables d’ONG internationales ont assuré à l’AFP que Ayah Foundation était neutre. « C’est de l’intimidation », commente l’un d’eux.

Il émerge « un sentiment de méfiance vis-à-vis de certaines organisations humanitaires, dont des actes contribuent à installer le doute quant à leur intégrité », réagit le colonel Atonfack. « Des ambulances appartenant à MSF ont été retrouvées transportant des combattants armés ainsi que des armes et munitions », accuse-t-il.

MSF « réfute de la façon la plus catégorique qui soit ce type d’accusations, graves et dangereuses pour nos patients et nos équipes », s’emporte l’ONG internationale auprès de l’AFP, assurant que ses « ambulances ne servent qu’à transporter des patients non armés, ayant besoin de soins immédiats, sans discrimination ».

« Un grand nombre d’incidents contre des humanitaires sont rapportés, des convois pillés, des kidnappings… Or l’aide est déjà en deçà des besoins », s’inquiète Jérôme Fontana, chef des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Cameroun.

Depuis trois ans, le conflit a fait plus de 3.000 mort et forcé près de 700.000 personnes à fuir leur domicile. La majorité des écoles et centres de santé ont fermé. Des villages entiers ont été brûlés.

« Nous vivons dans la peur, dans la brousse avec les animaux sauvages, où des femmes accouchent. Il n’y a ni eau potable, ni nourriture décente », s’émeut un des déplacés d’Ekona, qui a peur se rendre aux distributions d’aide.

Dans les deux régions, seuls 32,17% des besoins humanitaires ont été financés en 2019, selon l’ONU. Mais « le principal obstacle n’est pas financier, c’est le manque de sécurité », assène M. Fontana.

L’Union africaine compte déployer 3.000 soldats au Sahel

L’Union africaine (UA) a annoncé jeudi qu’elle comptait envoyer 3.000 soldats au Sahel, pour tenter d’enrayer la progression du jihadisme et la dégradation de la sécurité dans la région, sans toutefois préciser les modalités et le calendrier exact de ce déploiement.

La décision, prise lors du sommet de l’UA début février, n’avait pas encore été rendue publique. Elle a été annoncée en conférence de presse à Addis Abeba par le commissaire de l’UA à la paix et la sécurité, Smaïl Chergui, dans le cadre d’un sommet UA/UE.

« Sur la décision du sommet de travailler au déploiement d’une force de 3.000 hommes pour aider les pays du Sahel à affaiblir les groupes terroristes, je pense que c’est une décision sur laquelle nous allons travailler avec le G5 Sahel et la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) », a déclaré M. Chergui.

« Cette décision a été prise parce que, comme vous le voyez (…), la menace progresse et devient plus complexe », a-t-il ajouté.

Le G5 Sahel, basé à Nouakchott, et composé de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, fournit depuis 2014 un cadre de coopération pour la sécurité et le développement de ces cinq pays sahéliens d’Afrique de l’Ouest.

En 2017, face à la poussée des attaques jihadistes et à la sévère dégradation de la sécurité dans le centre du Mali, ainsi qu’au Burkina Faso et au Niger voisins, le G5 Sahel a réactivé son projet de force conjointe, initialement lancé en 2015.

Cette force, qui doit compter à terme 5.000 hommes pour lutter contre les jihadistes dans les zones frontalières entre les pays membres, peine à monter en puissance.

Les conclusions finales du sommet de l’UA n’ont toujours pas été publiées, mais les diplomates ont confirmé le déploiement prévu.

« Le sommet a décidé de déployer environ 3.000 hommes pour une période de six mois pour aider les pays du Sahel à affronter la menace à laquelle ils font face », a déclaré à l’AFP Edward Xolisa Makaya, l’ambassadeur sud-africain auprès de l’UA.

« C’est juste un signe ou un geste de solidarité avec les peuples du Sahel », a-t-il ajouté, disant espérer que ce déploiement aurait lieu « dans le cours de l’année ».

– Appel à contributions –

Mais certaines modalités restent à régler. Aucun pays ne s’est encore officiellement dit prêt à envoyer des troupes, et le mode de financement du projet n’est pas non plus connu.

« Bien entendu, les États membres ont été incités à faire une offre de contribution, et certains l’ont fait durant les discussions. Mais nous n’avons pas le droit de donner leur nom pour le moment », a précisé M. Makaya.

L’Afrique du Sud a pris lors du dernier sommet la présidence tournante de l’UA et envisage d’accueillir un sommet extraordinaire de l’organisation panafricaine sur les questions sécuritaires en mai.

Elissa Jobson, experte auprès de l’International Crisis group (ICG), a exprimé des doutes sur l’efficacité de l’initiative de l’UA.

« Même si c’est bien de voir que les dirigeants de l’Union africaine montrent un réel intérêt pour le conflit au Sahel et sentent qu’ils doivent faire quelque chose, le déploiement de soldats n’est pas forcément la réponse adéquate », a-t-elle estimé.

Ce déploiement devrait « s’inscrire dans une stratégie politique bien conçue, qui devrait aussi inclure le dialogue avec les groupes jihadistes dans la région », a-t-elle ajouté.

Les violences jihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires -, ont fait 4.000 morts en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger, cinq fois plus qu’en 2016, selon l’ONU, malgré la présence de forces africaines, onusiennes et internationales.

Lors de la même conférence de presse, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a toutefois considéré que la mesure était « très bienvenue ».

« Je pense que nous avons suffisamment de capacité de coordination logistique pour tout gérer ensemble », a-t-il fait valoir.

L’UE et ses États membres ont débloqué quelque 155 millions d’euros pour soutenir la Force conjointe du G5 Sahel depuis sa création, dont près de 70% ont déjà été décaissés.

L’UE a en outre décidé d’un financement additionnel de 138 millions d’euros, confirmé par M. Borrell lors du sommet de Pau entre la France et le G5 Sahel le 13 janvier.

En Caroline du Sud, l’électorat noir a le destin des candidats démocrates en main

Will Jackson a suivi trois des candidats à l’investiture démocrate, mais il n’arrive pas à décider lequel sera capable de battre Donald Trump en novembre. Son vote samedi, comme celui de la communauté noire de Caroline du Sud, sera pourtant un tournant dans la course à la Maison Blanche.

« Mon principal objectif est de voter pour quelqu’un qui battra Trump », souvent perçu par les minorités comme un président raciste ayant libéré la parole des suprémacistes blancs, assure à l’AFP cet ancien combattant de 73 ans.

Après trois scrutins disputés dans des Etats majoritairement blancs (Iowa, New Hampshire) ou à forte minorité hispanique (Nevada), celui de Caroline du Sud est le premier où la communauté afro-américaine aura une influence décisive.

Dans cet Etat, 60% des Noirs votent démocrate et leur soutien est crucial pour devenir l’adversaire du milliardaire républicain à la présidentielle de novembre.

Casquette de l’armée vissée sur la tête, M. Jackson a successivement suivi Pete Buttigieg, premier homosexuel à avoir une réelle chance d’obtenir l’investiture, l’ancien vice-président Joe Biden lors d’une réunion à Georgetown, puis le milliardaire et philanthrope Tom Steyer à Myrtle Beach.

Mais il reste indécis, alors que le scrutin de Caroline du Sud pourrait en outre influencer les résultats du « Super mardi » le 3 mars, quand voteront 14 Etats dont plusieurs avec une démographie similaire.

La Caroline du Sud est « un bon baromètre du vote des électeurs noirs au niveau national », dit à l’AFP Robert Greene, professeur d’histoire à l’Université Claflin. Et historiquement, tous les vainqueurs de la primaire dans l’Etat ont emporté l’investiture, à une exception près en 2004.

– Un candidat qui a ses chances –

« Joe Biden serait un grand président et s’il gagne, cela lancera sa campagne », explique Will Jackson. L’ancien vice-président américain, très populaire parmi la minorité noire, compte sur le scrutin de samedi pour revenir dans la course après des débuts ratés.

Ancien numéro deux de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, Joe Biden s’est dit cette semaine sûr de sa victoire samedi grâce au soutien de cet électorat, son « pare-feu » comme le qualifie la presse locale.

« C’est la base de mon soutien, durant toute ma carrière. C’est l’une des raisons pour lesquelles Obama m’a choisi », a affirmé mardi M. Biden lors du dernier débat démocrate à Charleston.

A Georgetown, Ama Saran, retraitée d’une soixantaine d’années, fait la queue pour une réunion publique de M. Biden. Elle salue son « expérience » et voit en lui un « guerrier ».

Les autres candidats « ont toute une palette de choses qu’ils espèrent faire, mais qui ne se concrétiseront probablement pas », explique-t-elle.

« Je veux soutenir quelqu’un qui sait ce dont a besoin ce pays et qui a déjà montré qu’il sait comment lui fournir », dit Mme Saran.

La question est de savoir si, à 77 ans et après de multiples gaffes depuis le début de la campagne, M. Biden reste un candidat qui a des chances d’être élu face à Donald Trump.

Pour Kendall Deas, professeur de sciences politiques à l’Université de Charleston, Joe Biden « est connu des électeurs afro-américains (de l’Etat) et cela aide » mais « ils l’ont aussi vu trébucher » lors des premiers scrutins alors qu’il était en tête des sondages nationaux.

Il est donc normal que ces électeurs « considèrent les autres options et regardent qui sont les autres candidats ».

Bernie Sanders, qui fait désormais figure de grand favori malgré son étiquette « socialiste », attire les minorités en promettant un système de santé universel et gratuit.

Tom Steyer, qui finance sa campagne à coups de centaines de millions de dollars, veut lui indemniser les descendants d’esclaves.

La primaire de samedi est aussi cruciale pour Pete Buttigieg qui, à 38 ans, s’est fait critiquer pour sa gestion des problèmes raciaux à South Bend, ville moyenne de l’Indiana dont il a été maire de 2012 à 2020.

« Mayor Pete » a tenté de rassembler cette semaine en rencontrant le très respecté révérend Al Sharpton.

« Je suis conscient que je ne saurai jamais ce que ça fait de marcher dans la rue et de sentir les regards, d’être considéré dangereux à cause de ma couleur de peau », a-t-il déclaré. « Donc le mieux que je puisse faire est d’écouter ceux pour qui c’est le cas (…) et leur demander de construire une vision. »

Grèce: toujours des manifestations anti-migrants, appel au dialogue

Plus d’un millier d’habitants de Lesbos ont manifesté jeudi à Mytilène, chef-lieu de l’île, contre un nouveau camp de migrants, le gouvernement appelant au dialogue au lendemain de violents affrontements entre manifestants et policiers.

Plusieurs associations de commerçants de Lesbos et des syndicats proches du parti communiste grec, à l’origine de la manifestation, ont également appelé à la poursuite de la grève sur l’île. Les magasins étaient fermés jeudi pour la deuxième journée consécutive.

« Ni de camp fermé, ni de camp ouvert sur les îles », scandaient les manifestants qui ont marché pacifiquement.

Sur l’île proche de Chios, des centaines de personnes ont également manifesté jeudi et poursuivi la grève.

L’ambiance était plus calme sur ces îles jeudi après les violents incidents de mercredi ayant fait plus de 60 blessés, la plupart des policiers des forces anti-émeutes.

Après des semaines de pourparlers infructueux avec les autorités locales, le gouvernement avait envoyé lundi par bateau des engins de chantier et la police anti-émeutes, provoquant l’indignation des insulaires et les critiques de l’opposition de gauche.

« L’écrasante majorité des forces anti-émeutes ont quitté jeudi matin les îles et rentreront en Grèce continentale », a confirmé jeudi à l’AFP un porte-parole de la police, Thodoros Chronopoulos.

« 43 policiers ont été blessés légèrement à Lesbos mercredi mais ils sont hors de danger », a-t-il précisé.

Le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas a indiqué que « la première phase des travaux de terrassement s’est achevée sur les sites de construction ( des camps à Lesbos et Chios) et que les forces policières devaient rentrer ».

– Face-à-face tendu –

La Grèce est redevenue en 2019 la première porte d’entrée en Europe des demandeurs d’asile. Devant l’augmentation du flux migratoire, le gouvernement conservateur avait annoncé en novembre que les camps surpeuplés de Lesbos, Samos et Chios en mer Egée seraient fermés cette année.

Ils seront remplacés par de nouvelles installations « fermées » d’une capacité d’au moins 5.000 personnes chacune, qui devraient être opérationnelles mi 2020, selon le gouvernement.

Plus de 38.000 demandeurs d’asile s’entassent dans des conditions sordides dans les camps actuels des îles de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos, officiellement prévus pour 6.200 personnes.

Mais les habitants des îles s’opposent à la construction de nouveaux camps: vivant avec les migrants depuis 2015, année de la grande crise migratoire, ils réclament leur transfert en Grèce continentale et la construction de petits centres d’enregistrement d’un millier de personnes chacun.

« L’île est devenue une immense prison de migrants (…) nous avons exprimé notre solidarité toutes ces années, mais il faut décongestionner les îles », a indiqué Michael Hakas, 47 ans, employé à l’université de Mytilène, qui a manifesté jeudi.

Mercredi à Lesbos, le face-à-face tendu entre habitants et forces anti-émeutes a duré toute la journée: des centaines de personnes rassemblées à Antamanides, un village proche du site de construction d’un nouveau camp, ont jeté des pierres vers la police, qui a riposté avec du gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes, un canon à eau et des balles en plastique, selon un photographe de l’AFP.

– Appel au dialogue –

Mercredi soir, environ 2.000 personnes ont manifesté devant une caserne où se trouvaient les policiers avant de tenter d’y pénétrer. La police anti-émeutes a riposté avec du gaz lacrymogène tandis que certains habitants ont tiré avec leurs carabines de chasse, selon un photographe de l’AFP.

A Chios, 2.000 personnes ont aussi manifesté contre la construction d’un nouveau camp. Selon des médias locaux, un groupe de manifestants a fait irruption dans une chambre d’hôtel occupée par des policiers et les a tabassés, en blessant huit.

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a indiqué jeudi lors d’un conseil des ministres qu’une enquête serait ouverte après les dénonciations sur « l’usage de violence disproportionnée » par des habitants des îles où, selon lui, « il faut isoler les éléments extrêmes ».

Il a appelé les maires des îles à participer à une réunion jeudi soir à Athènes en vue d’apaiser la situation.

« Il faut privilégier le dialogue, la guerre a besoin d’une trêve », a indiqué jeudi Stigmatisé Karmans, le maire de Chios, à la radio RealFm, soulignant qu’il allait se rendre à Athènes pour participer à la réunion avec le Premier ministre.

Italie: scènes de vie quotidienne après cinq jours de quarantaine

Le banc de l’abribus sert de point de livraison. Ceux de « l’extérieur » viennent y déposer packs d’eau, cigarettes et papiers administratifs pour leurs proches coincés depuis maintenant cinq jours en « zone rouge », foyer d’infection du coronavirus dans le nord de l’Italie.

Une petite vie sociale s’est peu à peu organisée aux 35 checkpoints qui parsèment la plaine lombarde et ceinturent dix villes et villages, soit plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Les quelque 400 militaires et policiers qui surveillent les checkpoints se relaient par équipes toutes les six heures. Quelque peu laxistes les premiers jours, les contrôles se sont durcis, et l’organisation semble désormais bien rodée.

Quant aux habitants de la zone rouge, les « pestiférés », comme se surnomme l’un d’entre eux en riant, ils viennent quotidiennement jusqu’au barrage discuter avec les militaires, respirer la vie de l’extérieur, prendre livraison de paquets divers.

Salvatore, habillé de la tête au pied en tenue de cycliste, plaisante avec les militaires du barrage. Lui-même est carabinier -et pour cette raison refuse de donner son nom de famille-, coincé à Bertonico en zone rouge, où il continue pourtant de patrouiller le soir.

« J’attends mes collègues de Lodi qui vont m’apporter des cigarettes. Dans la zone rouge, à part les magasins d’alimentation et les kiosques à journaux, tout est fermé », explique-t-il.

– « On marche » –

Arrivent ses deux collègues. Les « Ciao » fusent de part et d’autre de l’abribus, où sont déposées les cigarettes. Distance réglementaire de plusieurs mètres entre l’habitant de la zone rouge et les autres. Une fois ses amis éloignés, Salvatore va récupérer le paquet et laisse sur le banc des dizaines d’euros en liquide : « c’est pour la facture à payer à Lodi », explique-t-il.

Toute la matinée, ces scènes se répètent. Une dame vient apporter des provisions à sa belle-soeur et repart en lançant un sonore « Bonne journée à tous » en direction des militaires. Un vétérinaire récupère des médicaments pour ses bovins. Un comptable passe déposer ses factures et ses impôts à payer à Lodi, hors zone rouge.

Après cinq jours de quarantaine, une fois retombée l’adrénaline créée par une situation exceptionnelle, l’ennui pointe son nez. Alors « on marche ». Sous le soleil radieux, on aperçoit derrière le barrage des familles en promenade, des cyclistes, des joggeurs. « Il n’y a rien d’autre à faire. Heureusement que nous ne sommes pas confinés chez nous », raconte Pietro Mola, un jeune comptable venu au checkpoint pour confier à des amis ses factures à payer.

Mais l’inquiétude grandit – « pas à cause du virus, après tout c’est comme une mauvaise grippe, non ? » – mais en raison des répercussions économiques. Pietro Mola travaille pour 16 entreprises: restaurants, boutiques textiles, pierceur, tatoueurs… Tous dans la zone rouge, tous fermés.

« C’est une chaîne. S’ils ne gagnent pas, je ne gagne pas. Les entreprises qui n’ont pas les reins solides ne vont pas s’en sortir », s’inquiète le jeune comptable, en pensant aux dix jours de quarantaine durant lesquels il faut encore tenir.

L’Inde ébranlée par les violences intercommunautaires à Delhi

L’Inde était ébranlée jeudi par les violences intercommunautaires qui ont fait 33 morts à New Delhi, dans un contexte de polarisation croissante du géant d’Asie du Sud gouverné par les nationalistes hindous du Premier ministre Narendra Modi.

Des émeutiers armés de pierres, de sabres et parfois de pistolets ont semé le chaos et la terreur depuis dimanche dans des faubourgs populaires du nord-est de la capitale, éloignés d’une dizaine de kilomètres du centre. Des heurts autour d’une loi controversée sur la citoyenneté ont dégénéré en affrontements communautaires entre hindous et musulmans.

Quelques incidents isolés se sont produits dans la nuit de mercredi à jeudi dans la mégapole, mais aucune nouvelle flambée majeure n’est survenue. Les autorités ont déployé en nombre mercredi des policiers et paramilitaires en lourdes tenues antiémeute.

Sunil Kumar, directeur du principal hôpital de la zone, a indiqué à l’AFP avoir recensé 30 morts dans son établissement. Un autre hôpital a, lui, fait état de trois décès en lien avec ces affrontements.

Plus de 200 personnes ont aussi été blessées, beaucoup par balles. Cette flambée de violences intercommunautaires, pour laquelle la police a interpellé 100 personnes, est la pire à frapper la capitale depuis les massacres de Sikhs en 1984 en représailles à l’assassinat d’Indira Gandhi.

Selon une liste de personnes décédées dans le principal hôpital, que l’AFP a consultée, les victimes semblaient à peu près autant hindoues que musulmanes, à en juger d’après leur nom.

Lors de multiples incidents, des groupes armés hindous s’en sont pris à des lieux et à des personnes identifiés comme musulmans, au cri du slogan religieux « Jai Shri Ram » (« Loué soit le dieu Ram »).

Plusieurs mosquées ont été brûlées dans la zone. Un drapeau hindou, représentant le dieu-singe Hanuman, a été hissé sur le minaret d’une mosquée mise à sac, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Je m’inquiète des informations faisant état d’inaction de la police devant les attaques contre les musulmans par d’autres groupes », a déclaré jeudi Michelle Bachelet, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.

– Communauté internationale silencieuse –

Sur place jeudi, la tension restait prégnante et la méfiance régnait. Une équipe de l’AFP a fait face à des réactions extrêmement hostiles de la part d’habitants.

Dans le quartier d’Ashok Nagar, principalement composé d’hindous, les émeutiers ont incendié les maisons des familles musulmanes.

« Personne (des autorités, ndlr) n’est venu nous aider. C’est nos voisins hindous qui nous ont aidés. Ils nous ont assistés pour arroser le feu. Ils ont apporté des seaux d’eau. Ils nous préparent du thé. Ils nous demandent sans cesse si nous avons besoin de quelque chose », a témoigné Bilkis, une mère de sept enfants dont le domicile a été en grande partie endommagé.

Les capitales mondiales sont restées globalement silencieuses sur ces violences, à l’exception d’Ankara. Se posant de longue date en défenseur des musulmans dans le monde, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé jeudi les « massacres » commis selon lui par les hindous contre les musulmans.

En visite d’État en Inde au moment de l’embrasement, le président américain Donald Trump a esquivé en conférence de presse une question sur le sujet, disant ne pas avoir discuté de ces émeutes avec Narendra Modi.

Les violences ont éclaté dimanche soir lorsque des groupes hindous se sont opposés à une manifestation de musulmans contre une loi controversée sur la citoyenneté. Cette législation, jugée discriminatoire pour les musulmans par ses détracteurs, est à l’origine d’un vaste mouvement de contestation qui secoue l’Inde depuis décembre.

La loi controversée a cristallisé les craintes de la minorité musulmane – 200 millions du 1,3 milliard d’Indiens – d’être reléguée au rang de citoyens de seconde classe, dans cette nation où les hindous représentent 80% et sujette à une crispation politico-religieuse ces dernières années.

Les détracteurs de Narendra Modi l’accusent de vouloir transformer l’Inde laïque en un pays purement hindou. Le chef de gouvernement indien, au pouvoir depuis 2014 et largement réélu l’année dernière, a appelé mercredi ses concitoyens à « la paix et la fraternité ».

Ses adversaires politiques pointent toutefois du doigt les discours incendiaires tenus par des responsables de son parti, notamment lors de la campagne pour des élections locales à Delhi au début de l’année.

Des représentants du Bharatiya Janata Party (BJP), avaient assimilé les manifestants contre la loi sur la citoyenneté à des « jihadistes », certains appelant même à les incarcérer ou à les abattre.

Les émeutes de Delhi « étaient en germe depuis longtemps », a estimé l’éminent intellectuel Pratap Bhanu Mehta dans une tribune publiée jeudi par le quotidien Indian Express.

« Il ne fait aucun doute que l’État aurait pu stopper la violence plus rapidement s’il l’avait voulu », a-t-il affirmé, s’inquiétant que ces événements soient « un prélude à un possible pogrom, ou au moins une ghettoïsation » des musulmans en Inde.

Afghanistan: un accord Etats-Unis/talibans et des incertitudes

Washington et les talibans doivent signer samedi à Doha un accord visant à préparer une sortie des Etats-Unis de la plus longue guerre de leur histoire et à lancer des discussions de paix inter-afghanes.

L’accord sera présenté comme le début d’une nouvelle ère pour l’Afghanistan, pays pauvre ravagé par la guerre depuis 40 ans, et laisse entrevoir la fin de l’intervention américaine lancée le 7 octobre 2001 en réponse aux attentats du 11-Septembre.

Mais personne ne sait de quoi sera fait l’avenir du pays après l’accord, avec des interrogations sur les intentions réelles des talibans et la capacité des protagonistes afghans à mettre fin à la crise politique.

Plus de 100.000 civils afghans ont été tués ou blessés au cours de la dernière décennie, selon l’ONU, et le conflit a coûté aux contribuables américains plus de 1.000 milliards de dollars (environ 914 mds d’euros) en frais militaires et de reconstruction depuis 2001.

Les négociations entre les talibans et les Etats-Unis, avec l’intermédiaire qatari, ont échoué à plusieurs reprises en raison de la violence qui continue de faire rage en Afghanistan.

Bien que le contenu de l’accord n’ait pas été dévoilé, on s’attend à ce que le Pentagone commence à retirer des troupes d’Afghanistan, où sont actuellement basés entre 12.000 et 13.000 hommes. Les Etats-Unis ont déclaré qu’un premier retrait au cours des prochains mois ferait baisser le nombre de soldats présents en Afghanistan à 8.600.

D’autres retraits pourraient suivre. Ils dépendraient des progrès des pourparlers de paix entre le gouvernement du président Ashraf Ghani et les talibans. Pour le moment, ces derniers considèrent le gouvernement comme une marionnette des Américains.

– « Opportunité historique » –

Les insurgés sont également censés garantir que l’Afghanistan ne sera plus utilisé par des groupes jihadistes tels qu’Al-Qaïda et le groupe Etat islamique (EI) pour lancer des attaques à l’étranger.

L’implantation d’Al-Qaïda sur le sol afghan avec la bénédiction des talibans a été la raison principale de l’intervention américaine du pays.

La signature de l’accord programmée pour samedi intervient après une trêve partielle d’une semaine en Afghanistan destinée à instaurer la confiance entre les belligérants et à montrer que les talibans peuvent contrôler leurs forces.

En dépit d’attaques isolées dans les zones rurales, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a estimé mardi que la période de trêve « fonctionnait ». « Nous sommes à l’orée d’une opportunité historique pour la paix », a-t-il déclaré.

Jusqu’à 30 pays devraient être représentés lors de la signature de l’accord à Doha mais le gouvernement afghan n’enverra pas de délégué.

« Le gouvernement n’est pas là, nous ne faisons pas partie de ces négociations. Nous n’avons pas confiance dans les talibans », a expliqué à l’AFP un responsable afghan.

Les problèmes de confiance entre les deux parties afghanes alimentent le climat de crise politique, et les Etats-Unis refusent de soutenir pleinement la réélection d’Ashraf Ghani, des mois après un scrutin entaché d’allégations de fraude.

– « Fatigué de la guerre » –

Donald Trump a promis à plusieurs reprises de ramener les troupes américaines au pays et de mettre fin aux guerres « stupides » de l’Amérique.

Mais les analystes craignent une situation ingérable. Washington « va déclarer la victoire » et, si des problèmes surgissent, « dira +c’est la faute des Afghans+ », a déclaré à l’AFP Colin Clarke, chercheur au centre de réflexion Soufan Center.

« Quel intérêt les talibans ont-ils à respecter l’accord une fois qu’ils auront obtenu ce qu’ils veulent, à savoir le retrait des Etats-Unis ? », s’est-il interrogé.

Les Etats-Unis et les talibans étaient sur le point de s’entendre après la fin d’un neuvième cycle de négociations mais en septembre 2019, Donald Trump a torpillé le processus après la mort d’un militaire américain dans une attaque à Kaboul attribuée aux insurgés.

L’imprévisibilité du président américain pourrait faire échouer l’accord de Doha à la dernière minute, bien qu’il ait promis de mettre son nom sur un accord si la trêve partielle se prolongeait.

De son côté, le chef adjoint des talibans, Sirajuddin Haqqani, a écrit dans un éditorial paru dans le New York Times la semaine dernière que « tout le monde est fatigué de la guerre ».

« Les meurtres et les mutilations doivent cesser », a ajouté cet homme à la tête du réseau Haqqani, un groupe qualifié de terroriste par les États-Unis et considéré comme la branche la plus sanglante des rebelles.

Julian Assange: l’examen de sa demande d’extradition suspendue jusqu’à mai

La justice britannique a suspendu jeudi jusqu’au 18 mai l’examen de la demande d »extradition du fondateur de Wikileaks Julian Assange, réclamé par les Etats-Unis qui veulent le juger pour espionnage après la publication d’une masse de documents confidentiels.

Les audiences, qui ont commencé lundi et s’achèvent avec un jour d’avance sur le calendrier prévu, reprendront pour trois semaines à partir du 18 mai au tribunal de Woolwich (est de Londres) et la décision de la juge Vanessa Baraitser devrait être rendue à l’été.

L’Australien de 48 ans, qui comparaît dans un box vitré, et se plaint de ne pouvoir s’entretenir comme il l’entend avec ses avocats, s’est vu refuser jeudi de pouvoir prendre place à côté d’eux.

« Je ne peux pas leur donner de consignes », a déclaré jeudi Julian Assange.

« Il m’apparaît que vous n’avez aucun mal à attirer l’attention de vos avocats », a répliqué la magistrate, soulignant qu’il existait un éventail de possibilités, notes écrites et suspensions d’audience, qui pouvaient leur permettre de communiquer comme ils l’entendent.

Julian Assange est poursuivi aux Etats-Unis pour avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Il risque jusqu’à 175 ans de prison, en vertu des lois anti-espionnage de 1917 et pour piratage informatique.

Les Etats-Unis lui reprochent d’avoir mis en danger des sources des services américains. De leur côté, les avocats d’Assange dénoncent une procédure politique fondée sur des « mensonges ».

Pour statuer sur la demande d’extradition la justice britannique doit notamment s’assurer qu’elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l’Homme.

Assange a été arrêté en avril 2019 après sept ans passés reclus à l’ambassade d’Equateur à Londres, où il s’était réfugié après avoir enfreint les conditions de sa liberté sous caution, craignant une extradition vers les Etats-Unis.

Syrie: les rebelles contre-attaquent à Idleb, le régime avance malgré tout

Jihadistes et rebelles ont repris jeudi aux forces du régime une ville stratégique de la province d’Idleb, infligeant un revers au régime de Bachar al-Assad dans son offensive dévastatrice contre cette région du nord-ouest du pays en guerre.

Malgré la contre-attaque de leurs adversaires, les forces du régime, aidées de l’allié russe, ont repris 20 localités et villages ailleurs dans la province, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit discuter de la Syrie jeudi mais jusqu’à présent les puissances occidentales se sont montrées incapables de stopper l’offensive du régime contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle du pays.

Depuis décembre, plus de 400 civils ont péri dans l’assaut selon l’OSDH et plus de 948.000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été déplacées d’après l’ONU.

Les rebelles sont entrés le matin dans Saraqeb, une ville de l’est de la province d’Idleb, selon un correspondant de l’AFP les accompagnant. La ville est totalement vidée de ses habitants et les destructions sont énormes.

Les insurgés se sont déployés en grand nombre dans les rues. De violentes explosions sont entendues en provenance de la périphérie de la ville, où des affrontements opposent insurgés et jihadistes aux prorégime.

La ville de Saraqeb, qui avait été reconquise le 8 février par le régime, se trouve à la jonction de deux autoroutes que le pouvoir veut sécuriser pour consolider son emprise dans le nord su pays. En reprenant Saraqeb, jihadistes et rebelles coupent l’autoroute M5 reliant la capitale Damas à la métropole d’Alep (nord).

– « Assaut contre les civils » –

L’OSDH a fait état également de la reprise « par les jihadistes et les rebelles » de Saraqeb. Des raids aériens russes sont menés aux abords de la ville, a ajouté l’ONG.

A Damas, l’agence de presse officielle Sana a rapporté « des affrontements violents » entre l’armée et « des groupes terroristes sur l’axe de Saraqeb ».

Sana a accusé des forces de la Turquie, qui soutient certains rebelles et déploie des troupes à Idleb, d’apporter aux insurgés un appui militaire.

L’OSDH a affirmé que l’artillerie turque appuyaient des groupes rebelles.

La Turquie continue d’envoyer des renforts dans le nord-ouest syrien, réclamant un arrêt de l’offensive du régime.

Les affrontements sont devenus quasi-routiniers entre soldats turcs et forces syriennes. Jeudi, le ministère turc de la Défense a annoncé la mort de deux soldats à Idleb, tués dans une frappe aérienne.

Même s’ils appuient des parties rivales, des discussions sont prévues jeudi à Ankara entre militaires et diplomates de Russie et de Turquie sur la Syrie.

Mardi encore, plusieurs écoles ont été touchées par des bombardements qui ont tué 20 civils, selon l’OSDH.

« Cette crise réclame l’attention urgente des dirigeants du monde », a plaidé jeudi le Comité international de Secours, réclamant une trêve à Idleb et une intervention concrète du Conseil de sécurité. « Les parties en conflit doivent ressentir la pression pour mettre fin à cet assaut contre les civils. »

– Progression du régime –

Ce sont les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) qui dominent encore la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

A la faveur de son offensive, le régime a reconquis des dizaines de villes et localités de ce bastion.

Jeudi, il a poursuivi sa progression reprenant 20 localités et villages dans le sud d’Idleb, selon l’OSDH.

« Le régime contrôle tout le sud de la province d’Idleb, de Maaret al-Noomane jusqu’au sud de Jisr al-Choughour », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

« Cette progression rapproche le régime de Jisr al-Choughour, mais aussi d’une reconquête de tous les territoires rebelles de Hama », selon lui.

Néanmoins pour des experts, la bataille de Jisr al-Choughour risque de s’avérer ardue pour le régime.

La ville est dominée par les jihadistes du Parti islamique du Turkestan (TIP), dont les membres appartiennent majoritairement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine.

Avec le soutien de l’allié russe, de l’Iran et du Hezbollah libanais dans le conflit, le pouvoir syrien a multiplié les victoires ces dernières années jusqu’à reprendre le contrôle de plus de 70% du pays.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie s’est complexifiée avec l’intervention d’acteurs régionaux et internationaux, outre celle de groupes jihadistes. Elle a fait plus de 380.000 morts.

Corée du Sud: les nouveaux cas de coronavirus explosent, report des manoeuvres avec Washington

Washington et Séoul ont annoncé jeudi le report d’exercices militaires conjoints en raison de l’épidémie de coronavirus, le jour même où le nombre de nouveaux cas recensés en Corée du Sud devenait supérieur au nombre de nouveaux cas en Chine, épicentre de la maladie.

La Corée du Sud est le foyer de contagion le plus important hors de la Chine continentale, où le coronavirus est apparu en décembre.

Jeudi après-midi, les Centres coréens de contrôle et de prévention des maladies (KCDC) ont annoncé plus de 500 nouveaux cas du coronavirus. Il s’agit de la plus importante hausse journalière en Corée du Sud, supérieure même au nombre de nouveaux cas (433) enregistrés en Chine.

Au total, 13 personnes sont mortes en Corée du Sud, où le virus a contaminé 1.766 personnes.

Le report des exercices conjoints a été décidé après que Séoul eut relevé à son plus haut niveau son alerte sanitaire sur le virus, a déclaré jeudi le Commandement des forces conjointes dans un communiqué, ajoutant que les manoeuvres en Corée du Sud avaient été reportées « jusqu’à nouvel ordre ».

– Shincheonji dans le viseur –

Les Etats-Unis disposent de 28.500 militaires en Corée du Sud, dont un grand nombre sont stationnés à Camp Humphreys, à Pyeongtaek, le plus grand complexe militaire américain hors des Etats-Unis.

Les deux pays avaient déjà considérablement réduit la taille de leurs exercices militaires pour faciliter les négociations sur le programme nucléaire de la Corée du Nord. Pyongyang condamne régulièrement ces manoeuvres en les présentant comme la répétition d’une invasion.

« Le gouvernement est désolé d’inquiéter la population avec cette augmentation rapide du nombre de cas », a affirmé à la presse Kim Gang-lip, vice-ministre de la Santé.

Le chiffre devrait encore grimper car les autorités ont commencé à vérifier la santé de plus de 210.000 membres de l’Eglise Shincheonji de Jésus, un mouvement religieux désormais au coeur de la propagation du virus dans la péninsule, et qui serait lié à plus de la moitié de ses cas.

L’épidémie de coronavirus s’est répandue comme une traînée de poudre dans les rangs de cette organisation accusée par ses détracteurs d’être une secte, et ce à partir d’une de ses fidèles, une femme de 61 ans identifiée comme le patient 31.

Elle a commencé à souffrir de fièvre le 10 février et a assisté à au moins quatre célébrations de Shincheonji à Daegu, où se trouve le siège de l’organisation, avant d’être diagnostiquée comme porteuse du virus.

Environ 80% des cas sud-coréens de coronavirus se trouvent à Daegu.

– Pétition contre Moon –

Sous la pression populaire, Shincheonji s’est résignée à remettre une liste des noms de 212.000 de ses fidèles pour permettre aux autorités de vérifier s’ils présentent des symptômes.

Mais certains médias affirment que le mouvement également connu sous le nom de Temple du Tabernacle s’est par le passé targué d’avoir plus de 240.000 membres, semant le doute sur la précision de la liste.

L’Eglise Shincheonji de Jésus s’est justifiée, affirmant que n’étant pas encore des membres à part entière, ils ne pouvaient y figurer. Ces nouvelles recrues seraient plus de 70.000, selon le vice-ministre de la Santé.

La Corée du Sud possède un système médical de pointe, la presse y est libre et ce pays a une très forte culture de la transparence, ce qui, selon les observateurs, explique aussi le caractère élevé des chiffres des contaminations. Elle a à ce stade testé plus de 65.000 personnes.

Mais le pays est aussi politiquement très polarisé, et plus d’un million de personnes ont signé une pétition sur le site internet de la Maison bleue, siège de la présidence sud-coréenne, pour demander la destitution du président Moon Jae-in, lui reprochant sa gestion de l’épidémie.

Un militaire américain de 23 ans, stationné dans le camp de Carroll à 30 kilomètres au nord de Daegu, a été déclaré mercredi positif au Covid-19.

De nombreux événements sont perturbés par cette épidémie. Des concerts ont été annulés, le coup d’envoi du championnat national de football a été reporté et les Mondiaux de tennis de table ont été ajournés.

Autre conséquence: la Banque de Corée a révisé jeudi à la baisse sa prévision de croissance pour 2020. Elle table désormais sur une croissance de 2,1%, soit 0,2 point de moins que prévu, en raison notamment d’une baisse de la consommation et d’un ralentissement des exportations à cause de l’épidémie.

L’Eglise catholique de Corée du Sud a suspendu toutes les messes qui devaient être célébrées dans les plus de 1.700 églises du pays.

Coronavirus: l’épidémie à un « point décisif », mesures drastiques en Arabie, au Japon et en Europe

L’épidémie du coronavirus qui se propage désormais bien au-delà de la Chine est entrée dans une phase décisive selon l’OMS, tandis que les mesures drastiques se multiplient dans le monde, l’Arabie saoudite décidant de suspendre l’entrée des pèlerins et le Japon de fermer ses écoles.

Si la Chine était jusqu’à peu l’unique foyer mondial de coronavirus, le risque s’est démultiplié avec l’émergence de nouveaux pays-sources comme la Corée du Sud, l’Italie et l’Iran. La Corée du Sud a fait état à elle seule de plus de 500 contaminations supplémentaires.

Et, ailleurs dans le monde, chaque jour est rythmé par les annonces de premier cas.

« Nous sommes à un moment décisif », a assuré le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant qu’au cours des deux derniers jours, le nombre quotidien de nouvelles personnes contaminées dans le monde a été supérieur à celui enregistré en Chine, où le virus est apparu en décembre.

« Si vous agissez maintenant de manière agressive, vous pouvez endiguer ce coronavirus. Mon conseil est d’agir rapidement », a-t-il dit, qualifiant le virus de « très dangereux ».

Plus de 78.600 personnes ont jusqu’ici été contaminées en Chine, dont 2.747 mortellement. Le coronavirus touche également des dizaines d’autres pays, avec un bilan de quelque 3.600 contaminations et plus de 50 morts.

Par mesure de prévention, l’Arabie saoudite a suspendu « temporairement » l’entrée sur son territoire des pèlerins se rendant à La Mecque.

La mesure concerne l’Oumra, un pèlerinage qui attire chaque mois plusieurs dizaines de milliers de musulmans. Il peut être réalisé à n’importe quelle période de l’année, à la différence du Hajj, effectué à des dates précises du calendrier islamique.

Autre décision radicale, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a demandé la fermeture temporaire des écoles publiques du pays à partir de lundi.

Relativement épargnés jusqu’ici, les Etats-Unis sont prêts à répondre à l’épidémie à « une échelle beaucoup plus grande », a assuré mercredi le président américain Donald Trump.

Il a évoqué la possibilité d’imposer « en temps voulu » des restrictions aux voyageurs en provenance d’Italie et de Corée du Sud, le pays asiatique étant le principal foyer de la maladie hors de Chine.

Les Etats-Unis imposent déjà une interdiction d’entrée aux ressortissants étrangers s’étant rendus en Chine au cours des deux dernières semaines.

– Amélioration en Chine –

Autre foyer, l’Iran a rapporté jeudi sept nouveaux morts, portant le total à 26. Hors de Chine, c’est le plus lourd bilan en termes de décès.

Comme l’Arabie saoudite, la Chine, qui a pris des mesures de prévention drastiques sur son sol en confinant plus de 50 millions de personnes au Hubei (centre), s’inquiète désormais de cas « importés » d’autres pays.

La ville de Pékin a annoncé mercredi que les personnes arrivant en provenance d’Etats « gravement touchés » par le coronavirus devraient désormais se placer en quarantaine pendant 14 jours.

L’épidémie de Covid-19 semble toutefois avoir déjà atteint un pic en Chine, où le nombre de nouveaux décès quotidiens continue à chuter. Les autorités ont annoncé jeudi seulement 29 morts supplémentaires — le chiffre le plus bas depuis près d’un mois.

– L’Italie nouveau foyer –

Mais d’autres pays inspirent davantage d’inquiétude. Notamment l’Italie, qui apparaît de plus en plus comme une plateforme de diffusion du Covid-19.

Le virus est ainsi arrivé au Brésil, épargné jusqu’ici, en y entrant via un Brésilien de retour d’Italie. La Grèce, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Croatie, l’Autriche, le Danemark et l’Allemagne ont toutes fait état d’au moins une personne contaminée après un séjour dans la péninsule.

L’Afrique n’est plus épargnée, même si le nombre de cas reste étrangement bas. Un Italien arrivé le 17 février en Algérie est devenu la deuxième personne infectée du continent, après un premier cas en Egypte.

De nombreux Etats européens ont renforcé leur dispositif de prévention et conseillent à leurs citoyens de ne pas se rendre dans les régions italiennes touchées.

Rome a pris des mesures draconiennes, dont la mise en quarantaine de 11 communes du Nord, poumon économique du pays.

« Le problème, c’est l’économie. On voit les chiffres, cette crise est en train de mettre le pays à genoux », s’inquiète Daniele Vaccari, pâtissier à Secugnago, un village du Nord.

– « Affronter au mieux » –

Ailleurs en Europe, de nombreux pays comme la Suisse, la Norvège, le Danemark, la Roumanie, ou la Macédoine du Nord sont désormais touchés. L’Estonie a annoncé jeudi un premier cas, un Iranien résidant dans le pays balte.

« On a devant nous une épidémie » qu’il va falloir « affronter au mieux », a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron, au lendemain de l’annonce d’un premier mort français, un homme qui n’avait pas voyagé dans une zone à risque.

Dans un contexte d’inquiétude croissante en Europe, les principales Bourses du continent ont plongé jeudi à l’ouverture, de Londres (-2,5%) à Milan (-2,3%), en passant par Paris et Francfort (-2,4% chacun).

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En Italie, Macron affiche « la solidarité européenne » face au coronavirus

Le président français Emmanuel Macron a affirmé jeudi la nécessité d’une « solidarité européenne » face à la crise du coronavirus, en s’affichant aux côtés des dirigeants de l’Italie, le pays européen le plus touché par l’épidémie.

« Dans ce moment particulier, je suis très heureux d’être aux côtés de nos amis italiens », a déclaré Emmanuel Macron à son arrivée à Naples pour le 35e sommet franco-italien.

« Il est important de montrer que les mesures sanitaires sont prises par chaque pays avec une coordination européenne très étroite », a-t-il ajouté aux côtés du Premier ministre italien Giuseppe Conte. Il a ainsi rappelé que les ministres de la Santé de l’Union européenne s’étaient réunis la veille à Rome.

Les pays voisins de l’Italie ont décidé de maintenir ouvertes leurs frontières, même si certains responsables politiques ont appelé à la mise en place de contrôles plus étroits.

Les autorités italiennes ont maintenu le sommet de Naples en dépit du choc provoqué dans le pays par la brutale apparition, ces derniers jours, de l’épidémie de pneumonie virale partie de Chine en décembre.

Avec 528 cas de personnes positives au virus et 14 morts, la péninsule est devenue une plateforme de diffusion sur le reste du continent. Rome a pris des mesures drastiques en plaçant onze villes en quarantaine dans le Nord, en Lombardie et Vénétie.

Cependant, aucun signe d’inquiétude n’était palpable dans les rues de Naples où Giuseppe Conte et Emmanuel Macron ont déambulé sans mesures d’hygiène visible sous un beau soleil de printemps. Très rares étaient les habitants ou les touristes à porter un masque de protection.

Présent à Naples, le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio a d’ailleurs appelé les touristes étrangers à ne pas fuir la péninsule, regrettant que les informations présentent toute l’Italie comme une zone à risque alors que seules quelques zones sont concernées.

« Nos enfants vont à l’école. Si nos enfants vont à l’école, alors les touristes et les entrepreneurs peuvent également venir », a lancé M. Di Maio à la presse étrangère à Rome.

Pour sa part, Emmanuel Macron est arrivé en Italie après une visite organisée à la dernière minute à l’hôpital parisien où est décédé mercredi le premier Français victime du coronavirus. « On a devant nous une crise, une épidémie qui arrive (…) On va devoir l’affronter au mieux », a-t-il prévenu.

« Nous continuons de prendre les décisions qui s’imposent à la lumière de ce que les scientifiques et les médecins nous disent », a-t-il ensuite assuré à Naples.

– Climat apaisé –

Ce 35e sommet franco-italien, le premier depuis celui de Lyon (centre-est de la France) fin 2017, a été présenté comme celui de « la relance » des relations bilatérales après une période de tensions.

Pendant plus d’un an, Paris et Rome ont mené une guerre des mots qui a culminé avec le rappel temporaire de l’ambassadeur français en Italie, la plus grave crise diplomatique transalpine depuis 1945.

L’ex-ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, patron de la Ligue, un parti d’extrême droite, avait pris pour cible privilégiée Emmanuel Macron, dont il avait fustigé l' »arrogance » et l' »hypocrisie » en matière d’immigration.

De son côté, Emmanuel Macron avait fait de Matteo Salvini son « opposant principal » en Europe et avait fustigé la « lèpre nationaliste ».

Les relations se sont progressivement apaisées depuis l’avènement, en septembre 2019, d’un gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S, anti-establishment) et le Parti démocrate (centre gauche), Matteo Salvini retournant dans l’opposition.

Paris et Rome sont désormais « sur la même ligne » sur de nombreux dossiers européens, comme celui de l’accueil des migrants en Méditerranée.

A l’occasion du sommet – auquel participent 11 ministres français et 12 italiens – les deux pays devaient signer un accord pour soutenir la coentreprise Naviris, récemment créée par l’italien Fincantieri et le français Naval Group, et discuter de l’avenir de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, qu’ils espèrent faire financer à hauteur de 50% par des fonds européens.

Autre sujet de friction il y a peu, le dossier libyen fait désormais l’objet d’un « alignement », selon la présidence française, entre Paris et Rome, qui travaillent à la relance de la mission navale Sophia, désormais centrée sur le contrôle de l’embargo sur les armes à destination de la Libye.

MM. Macron et Conte devaient affirmer leur volonté de signer dans les prochains mois le Traité du Quirinal (nom du siège de la présidence italienne), annoncé en 2017, pour donner « un cadre plus stable et ambitieux » à la coopération franco-italienne.

Etats-Unis: où en sont les principaux candidats démocrates ?

Trois jours avant un scrutin crucial en Caroline du Sud qui déterminera la dynamique juste avant l’avalanche de votes du « Super Tuesday », où en sont les sept principaux candidats à l’investiture démocrate pour la Maison Blanche?

– Bernie Sanders –

Assailli par ses rivaux lors d’un débat démocrate mardi à Charleston, notamment sur ses anciens flirts avec des régimes communistes mais aussi le flou autour du financement de sa profonde réforme du système de santé, Bernie Sanders, 78 ans, est le grand favori de la course à l’investiture du parti.

Le sénateur indépendant du Vermont, qui est en tête des sondages nationaux avec 29% des intentions de vote, pourrait se permettre de perdre le vote des primaires en Caroline du Sud samedi et resterait très bien placé pour le scrutin décisif du « Super Tuesday » mardi, lorsque 14 Etats voteront.

– Joe Biden –

« Je vais gagner la Caroline du Sud », a martelé Joe Biden, 77 ans, lors du débat de mardi où il s’est montré plus combatif que lors des précédentes joutes télévisées.

L’ancien vice-président, qui mène dans les sondages en Caroline du Sud avec 30,3% des intentions de vote, mise gros sur ce scrutin au sein d’un Etat où les Noirs représentent plus de la moitié de l’électorat démocrate. Une victoire permettrait à M. Biden de se relever après ses résultats piteux dans l’Iowa et le New Hampshire et ainsi relancer la dynamique de sa campagne avant le « Super Tuesday ». Mais les doutes sur son âge, sa forme, après des gaffes remarquées, et sa capacité à être président ne sont pas prêts de disparaître.

– Michael Bloomberg –

Le milliardaire Michael Bloomberg, 78 ans, se positionne en troisième dans les sondages nationaux, après avoir inondé le pays de publicités, puisant plus de 500 millions de dollars dans sa fortune personnelle pour financer sa campagne. Mais l’image bien lisse projetée dans ses spots de campagne a été craquelée après ses prestations, d’abord désastreuse puis plus ferme sans pour autant faire d’étincelles, lors des deux débats auxquels il a pris part.

Si l’ancien maire de New-York ne participe pas au scrutin en Caroline du Sud, il demeure un concurrent solide pour le vote du « Super Tuesday ».

– Pete Buttigieg –

Quasi inconnu il y a un an, Pete Buttigieg, 38 ans, fait figure de révélation de la campagne des primaires démocrates avec des bons résultats inattendus aux scrutins de l’Iowa et du New Hampshire.

L’ancien maire de South Bend, ouvertement homosexuel, manque toutefois de soutien au sein des minorités du pays, qui lui reprochent son bilan en matière de discrimination raciale et, pour certains électeurs religieux, son orientation sexuelle. Or cet électoral est crucial pour qu’un démocrate décroche la Maison Blanche. Obtenir un bon score en Caroline du Sud sera un vrai défi pour le candidat modéré actuellement cinquième dans les sondages dans cet Etat.

– Elizabeth Warren –

Un temps favorite des primaires démocrates, Elizabeth Warren, 70 ans, dont le programme est très à gauche, voit son horizon obstrué par les bonnes performances de Bernie Sanders, « socialiste » autoproclamé.

Féroce dans les débats publics, la sénatrice progressiste est à la traîne dans les sondages et en situation très périlleuse après trois mauvais résultats aux primaires démocrates. Dégager un bon score en Caroline du Sud constituera pour elle un défi de taille.

– Amy Klobuchar –

Après une troisième place surprise dans le New Hampshire, la sénatrice Amy Klobuchar, 59 ans, est désormais à la peine dans les sondages. Les échéances décisives des primaires en Caroline du Sud et du « Super Tuesday » seront redoutables pour la candidate modérée du Midwest, qui pourrait bien devoir jeter l’éponge en mars, faute de financements suffisants et sous la pression de démocrates qui s’inquiètent de voir le vote modéré se diviser entre autant de candidats, face à un Bernie Sanders en plein élan.

– Tom Steyer –

Le milliardaire et philanthrope Tom Steyer, 62 ans, joue son va-tout en Caroline du Sud où il s’est concentré sur la communauté noire de l’Etat à coups de publicités et de réunions publiques, dépensant plus de 20 millions de dollars selon CNN.

Une stratégie qui lui permet de pointer en troisième position des intentions de vote dans cet Etat. S’il ne réussit pas son pari, la course pourrait cependant se terminer rapidement pour M. Steyer, lui aussi sous pression pour dégager la voie à un vote plus modéré.

César: les femmes encore loin du haut de l’affiche

Hormis les costumières et les monteuses, les femmes restent très minoritaires au palmarès des César, un manque de parité qui devrait perdurer vendredi lors d’une 45e édition à la sélection très masculine.

– A peine mieux que les Oscars –

Actrices, réalisatrices, productrices, costumières, cheffes décoratrices, scénaristes, monteuses… Les femmes n’ont glané, depuis la première cérémonie en 1976, qu’un gros quart des César (27,4%), selon une base de données de l’AFP.

La proportion de lauréates chute même de 10 points, à 17,9%, dans les catégories mettant hommes et femmes en compétition (en excluant donc les récompenses remises à des acteurs par genre). Les César font à peine mieux que les Oscars américains, dont 17,3% ont été attribués à des femmes sur la période, selon une autre base de données de l’AFP.

En France, la parité ne fut atteinte qu’une seule fois, en 2000, année où neuf César sur 18 furent attribués à des femmes (hors César d’honneur).

Cette 25e cérémonie fut doublement exceptionnelle, puisqu’elle consacra Tonie Marshall, seule femme à ce jour à avoir remporté le prestigieux César du meilleur réalisateur, pour « Vénus Beauté (Institut) ». Céline Sciamma (« Portrait de la jeune fille en feu ») pourrait la rejoindre cette année, mais elle aura fort à faire face à sept concurrents masculins.

Cette année, les femmes représentent en moyenne 23% des nommés dans les catégories mixtes.

L’Académie des César, chargée de les départager, compte actuellement 35% de femmes parmi ses 4.700 membres. Mais une réforme est engagée pour tendre vers la parité d’ici aux César 2021.

– Costumières et monteuses –

Comme aux Oscars, c’est dans la catégorie des meilleurs costumes que les femmes sont les mieux représentées, avec 71% des récompenses.

Les femmes dominent également le palmarès du meilleur montage, dont elles ont raflé 64% des César. En comparaison, les femmes sont très minoritaires (18%) dans cette catégorie aux Oscars.

A elle seule, Juliette Welfling, monteuse indissociable de l’œuvre du réalisateur Jacques Audiard, a été primée à cinq reprises, notamment pour « Un prophète » (2010) et « De battre mon cœur s’est arrêté » (2006).

– Ailleurs, les femmes quasi-absentes –

A l’instar de Tonie Marshall chez les réalisateurs, une seule femme a été primée dans la catégorie de la « meilleure musique originale »: la Caïta, récompensée en 2001 au côté de trois hommes pour la bande originale flamenco de « Vengo » du réalisateur Tony Gatlif.

Les femmes sont aussi quasi-absentes du palmarès dans les catégories « meilleur son » (3,6%), « meilleure photographie » (5,1%) et « meilleurs décors » (8%).

Elles ne représentent que 12,2% des réalisateurs et producteurs récompensés dans la catégorie reine du « meilleur film », et ne sont guère mieux représentées pour les films d’animation (14,6%), documentaires (15,5%), premiers films (18%) et courts-métrages (18,1%).

Les femmes culminent à 23% dans les catégories distinguant les scénarios.

– Les quinquas en force –

Historiquement, les chiffres mettent en évidence une prime à la jeunesse pour les actrices, qui ont en moyenne six ans de moins que leurs homologues masculins quand elles sont couronnées pour un rôle principal.

Mais ce n’est plus vrai dans la période récente: sur les onze dernières cérémonies, les César ont récompensé à dix reprises une meilleure actrice plus âgée que le meilleur acteur.

Et sept actrices de plus de 50 ans ont décroché depuis 2005 la récompense suprême, parmi lesquelles Isabelle Huppert (2017), Catherine Frot (2016) et Isabelle Adjani (2010). Ce n’était arrivé que deux fois auparavant.

Présidentielle contestée à Bissau: un des candidats invite à son investiture

L’un des deux candidats au second tour de la présidentielle en Guinée-Bissau a déclaré mercredi son intention de se faire investir jeudi au poste de chef de l’Etat, malgré l’imbroglio persistant sur l’issue du scrutin.

La contestation menée par son adversaire et la confusion qui continue à régner deux mois après ce second tour rendent tout sauf certain qu’Umaro Sissoco Embalo sera bel et bien investi jeudi.

Cependant M. Embalo s’est appuyé sur une décision prise mardi en sa faveur par la commission électorale pour exprimer sa détermination à prendre la charge de président.

« Dans un esprit d’unité et de concorde nationale, j’invite tous mes compatriotes à la cérémonie de mon investiture qui aura lieu demain » jeudi, a-t-il annoncé sur les réseaux sociaux.

Deux mois après le second tour du 29 décembre, la Guinée-Bissau est dans une profonde impasse politique.

Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition, a été donné vainqueur par la commission électorale avec 53,55% des voix.

Une victoire que conteste son rival Domingos Simoes Pereira (crédité de 46,45%), du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la formation qui domine la vie politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes et réclament qu’on recompte tous les votes.

La Cour suprême, saisie par le PAIGC, a rendu des arrêts qui réclament la vérification des procès-verbaux mais qui n’ont pas permis de trancher le contentieux. La querelle oppose aussi la Cour suprême et la commission électorale.

Celle-ci, à nouveau réunie mardi, a confirmé les résultats qu’elle avait annoncés.

Selon Armando Tchoba Dos Santos, un juriste interrogé par un correspondant de l’AFP, la Cour suprême est à nouveau appelée à se prononcer sous 48 heures. Par ailleurs, les conditions d’une éventuelle investiture n’étaient pas réunies mercredi matin au parlement.

En Guinée-Bissau, une mystérieuse hécatombe de vautours

Des centaines de vautours sont morts pour une raison mystérieuse ces derniers jours en Guinée-Bissau, ont indiqué mardi les autorités, qui ont recommandé aux populations d’éviter les contacts avec les cadavres des rapaces pour écarter les risques de contamination dans l’attente des résultats d’analyses vétérinaires.

Des dizaines de vautours morts ont notamment été retrouvés aux abords de l’abattoir principal de Bissau, où ils rôdent habituellement en grand nombre pour se nourrir de déchets de viande, ont indiqué des ouvriers de l’établissement.

Le phénomène a touché depuis environ une semaine plusieurs régions de cette ancienne colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest au climat tropical, notamment Bafata (est), Quebo (sud) et l’archipel des Bijagos (ouest), avant d’atteindre la capitale.

« J’ai été avisé par des bouchers et la population de la découverte des carcasses de vautours. Au total, on en a dénombré une centaine, mais nous n’avons pas encore une source médicale ou vétérinaire pour nous donner les raisons (expliquant) autant de morts de vautours », a déclaré à la presse le gouverneur de la région de Bafata, Dundu Sambù.

Quelque 135 rapaces ont été incinérés lundi dans cette région, à l’écart des zones habitées et sous la surveillance des autorités sanitaires et de représentants de l’Etat, selon le journal bissau-guinéen O Democrata, qui estime à plus de 240 le nombres de rapaces morts ces derniers jours dans le pays.

Des prélèvements ont été effectués et seront analysés dans un laboratoire de Dakar, au Sénégal voisin, afin de déterminer s’il s’agit d' »une grippe aviaire ou non », a déclaré à l’AFP un responsable national des services vétérinaires, Mboma Baldé.

Les populations ont été invitées à éviter tout contact avec les oiseau morts et à empêcher les animaux domestiques de s’en approcher ou de s’en nourrir, a indiqué le gouverneur de Bafata, cité par O Democrata.

Dans les îles des Bijagos, au large de Bissau, où le vautour est un animal totem, des habitants ont sacrifié des poulets et répandu de l’huile de palme sur l’autel lors de cérémonies traditionnelles pour conjurer ce qu’ils estiment être une malédiction, a expliqué à l’AFP le fils d’un féticheur local.

Violences intercommunautaires à Delhi: Modi appelle au calme

Le Premier ministre indien Narendra Modi a appelé mercredi au calme face à des violences intercommunautaires qui ont fait 22 morts à New Delhi, marquant un des pires embrasements de la capitale indienne depuis des décennies.

Commerces mis à feu, drapeau hindou hissé sur une mosquée, Coran brûlé: des émeutiers armés de pierres, de sabres et parfois de pistolets, sèment le chaos et la terreur depuis dimanche dans des faubourgs populaires du nord-est de la mégapole, éloignés d’une dizaine de kilomètres du centre.

« J’appelle mes sœurs et frères de Delhi à maintenir en tout temps la paix et la fraternité. Il est important que le calme et la normalité soient rétablis au plus vite », a déclaré le dirigeant nationaliste hindou sur son compte Twitter.

Des heurts entre partisans et opposants d’une loi controversée sur la citoyenneté, jugée discriminatoire envers les musulmans par ses détracteurs, ont dégénéré en affrontements communautaires, entre hindous et musulmans.

Lors de multiples incidents rapportés par la presse indienne, des groupes armés hindous s’en sont pris à des lieux et à des personnes identifiés comme musulmans. Des témoignages concordants font état de bandes criant « Jai Shri Ram » (« Vive le dieu Ram »).

Le principal hôpital de la zone a recensé 22 décès et traité 200 blessés jusqu’à mercredi après-midi, a indiqué à l’AFP l’un de ses responsables. Une partie conséquente des patients souffraient de blessures par balles.

Mercredi, la situation sur le terrain était tendue mais aucune violence n’avait été signalée en milieu d’après-midi. Les autorités indiennes ont déployé en nombre des policiers en tenue antiémeutes.

Les forces de l’ordre demandaient aux habitants de se barricader chez eux, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des pompiers arrosaient de leur lance à eau des échoppes brûlées la nuit précédente.

Dans un marché dévasté et calciné, le commerçant Abdul Hafees était venu constater les dégâts. Lundi, des émeutiers « ont utilisé l’essence de motos garées là et des pneus en caoutchouc pour s’assurer que tout brûlait », a-t-il raconté. Les vandales sont revenus mardi pour incendier des boutiques épargnées la veille.

« Je pense que toute échoppe encore intacte dans le marché, ils la brûleront ce soir », redoute-t-il.

– Mise en garde pakistanaise –

S’inquiétant de la « situation alarmante », le ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal, a enjoint le gouvernement de Narendra Modi de mettre en place un couvre-feu dans la zone et déployer l’armée.

Un drapeau hindou, représentant le dieu-singe Hanuman, flottait mercredi matin au sommet d’une mosquée de quartier vandalisée, a vu une équipe de l’AFP. Des vidéos tournées la veille et circulant sur les réseaux sociaux, dont l’AFP a vérifié l’authenticité, montrent des hommes grimpant au minaret pour y arracher le haut-parleur et y installer le drapeau, sous les vivats.

Mohammad Muslim, un résident du quartier, a extrait un Coran en feu de la mosquée saccagée. « Vous pouvez voir que mes mains sont devenues noires pour avoir porté le Coran brûlé », a-t-il expliqué à l’AFP.

Narendra Modi est confronté depuis décembre à un vaste mouvement de contestation contre une nouvelle législation qui facilite l’attribution de la citoyenneté indienne à des réfugiés, à condition qu’ils ne soient pas musulmans.

Ce texte a cristallisé les craintes de la minorité musulmane d’être reléguée au rang de citoyens de seconde classe, dans cette nation où les hindous représentent 80% de la population.

La loi a provoqué les plus importantes manifestations dans le pays d’Asie du Sud depuis l’arrivée au pouvoir en 2014 de l’actuel chef de gouvernement, largement réélu l’année dernière.

Réagissant aux événements à New Delhi, le Premier ministre pakistanais Imran Khan a jugé mercredi que « lorsqu’une idéologie raciste fondée sur la haine prend le pouvoir, cela mène au bain de sang », en référence au nationalisme hindou.

Le dirigeant de la république islamique a mis en garde ses concitoyens contre des représailles sur la minorité hindoue au Pakistan. « Nos minorités sont des citoyens égaux dans ce pays », a-t-il tweeté.

Nouveau coronavirus: l’Iran accuse les Etats-Unis de répandre « la peur »

L’Iran a accusé mercredi les Etats-Unis, son ennemi juré, de répandre « la peur » autour du nouveau coronavirus dont le bilan local est de 19 morts, le plus lourd après celui de la Chine, avec de nouveaux cas détectés aux quatre coins du pays.

Le porte-parole du ministère de la Santé Kianouche Jahanpour a affirmé que la situation « s’améliorait » mais a tout de même appelé les Iraniens à limiter leurs déplacements.

M. Jahanpour a annoncé le décès de quatre nouvelles personnes parmi 44 nouveaux cas de personnes infectées par le nouveau coronavirus détectés ces dernières 24h.

Près de 140 personnes, dont le vice-ministre de la Santé, ont été infectées par la maladie à travers le pays et la plupart des voisins de la République islamique ont mis en place des mesures de restrictions des déplacements et de placement en quarantaine.

Nombre d’écoles, universités et centres culturels ou sportifs ont été fermés et de nombreux événements repoussés pour permettre à des équipes sanitaires de désinfecter les lieux et transports publics iraniens.

– « Peur extrême » –

« Nous ne devrions pas laisser l’Amérique ajouter un virus, appelé la peur extrême (…), au coronavirus », a déclaré le président iranien Hassan Rohani à l’issue d’une réunion de son cabinet au lendemain d’une déclaration du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo appelant l’Iran à « dire la vérité » au sujet de l’épidémie en Iran.

« Les Américains eux-mêmes sont en difficulté face au coronavirus. 16.000 personnes sont mortes de la grippe (aux Etats-Unis) mais ils ne parlent pas de leurs propres (morts) », a ajouté M. Rohani.

Mi-février, les autorités américaines ont étendu les tests du nouveau coronavirus aux personnes présentant des symptômes grippaux. Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains avaient alors indiqué que 14.000 décès dus à la grippe avaient été recensés pour la saison 2019-2020.

« Le régime iranien aurait caché des détails vitaux sur l’épidémie dans ce pays », a affirmé Mike Pompeo, lors d’une conférence à Washington, dans un contexte de tensions exacerbées entre l’Iran et les Etats-Unis.

La veille, un député de Qom avait fait état de 50 morts des suites du nouveau coronavirus. Le vice-ministre de la Santé Iraj Harirchi a démenti ces propos lundi, promettant de démissionner si ce chiffre était confirmé, avant d’annoncer mardi qu’il avait été lui-même contaminé par le virus.

Le porte-parole du gouvernement Ali Rabii, aux côtés duquel M. Harirchi était apparu toussant et transpirant lors d’une conférence de presse lundi, attend lui les résultats de son test.

Depuis l’annonce le 19 février des deux premiers décès dus à la maladie, à Qom, ville sainte chiite du centre du pays qui attire pèlerins et théologiens du monde entier, le gouvernement a promis d’être plus transparent après avoir été accusé de minimiser le bilan de l’épidémie sur son sol et de mal gérer la propagation du virus.

M. Rohani a insisté mercredi sur les progrès de l’Iran face à l’épidémie, évoquant une « baisse des visites (à l’hôpital) et des progrès dans le traitement ».

– « Légèrement préoccupante » –

Selon le dernier bilan du ministère de la santé, plus de la moitié des 31 provinces sont touchées: neuf nouveaux cas ont été détectés à Qom, quatre à Téhéran, neuf à Gilan, trois au Khuzestan et deux au Sistan-Balouchistan, à Fars et au Kohgilouyeh-Bouyer-Ahmad.

Un nouveau cas a été détecté dans chacune des province de Markazi, Kermanshah, Ardebil, Mazandaran, Lorestan, Semnan et Hormozgan.

Le porte-parole du ministère de la Santé, M. Janhanpour, est néanmoins apparu optimiste quant à la situation à Qom, épicentre de l’épidémie dans le pays.

« Toutes les 24 heures, au moins 10% de ceux qui sont hospitalisés ou des cas suspects sont autorisés à sortir et sont en bonne santé », a-t-il déclaré.

Mais à Gilan, province située au bord de la mer Caspienne et très prisée des vacanciers notamment téhéranais, « la situation est légèrement préoccupante » puisqu’elle est la deuxième en termes de nouveaux cas détectés, dont beaucoup sont des personnes qui avaient voyagé dans d’autres provinces.

Les autorités ont invité les Iraniens à limiter leur déplacement mais n’ont annoncé aucune mesure de placement en quarantaine, jugeant cette méthode obsolète et inefficace.

Grève générale dans les îles grecques contre les camps de migrants

Les îles grecques de Lesbos, Chios et Samos menaient mercredi une grève générale pour protester contre la construction de nouveaux camps pour les migrants.

Pour le deuxième jour consécutif, les manifestants à Lesbos ont fait face à la police anti-émeutes près de la ville de Mantamados, proche du site prévu pour la construction d’un camp de 7.000 personnes.

De petits groupes ont jeté des pierres vers la police, qui a répondu avec du gaz lacrymogène et des grenades aveuglantes.

« Nous sommes en temps de guerre. (La police) a les armes, nous avons nos coeurs et nos âmes », a déclaré un prêtre local, le père Stratis.

Le gouvernorat local a appelé à une grève de 24 heures, rejetant les projets du gouvernement de construire de nouveaux camps pour remplacer les installations actuelles surpeuplées, dans lesquelles les demandeurs d’asile vivent dans des conditions épouvantables.

Plus de 38.000 migrants s’entassent dans les camps des îles de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos, officiellement prévus pour 6.200 personnes.

Les habitants des îles se plaignent depuis longtemps des problèmes d’insécurité et de santé publique que causent selon eux les migrants et s’opposent aux projets de construction de nouveaux camps du gouvernement.

« Nous nous battons également pour ceux qui veulent partir pour un endroit meilleur. Nous voulons qu’ils partent », a déclaré le père Stratis. « Nous accepterons les réfugiés de guerre, mais les criminels devraient partir ».

Le gouvernement conservateur, arrivé au pouvoir en juillet, a annoncé que les camps de Lesbos, Samos et Chios seront fermés cette année pour être remplacés par de nouvelles installations, plus petites, qui devraient être opérationnelles mi-2020.

Après des semaines de pourparlers infructueux avec les autorités locales, le gouvernement a envoyé lundi par bateau des engins de chantier et la police anti-émeutes, provoquant l’indignation.

Les partis d’opposition ont dénoncé une décision antidémocratique, et les responsables locaux une tentative « barbare » de « transformer de force Lesbos et Chios en prisons ».

L’Etat avait déjà mis en colère les insulaires courant février en annonçant que des terres pourraient être réquisitionnées pour une période de trois ans pour construire les nouveaux camps.

« Il y a une limite à notre patience. Ils réquisitionnent des terres et amènent la police anti-émeutes, utilisent les lacrymogènes contre les gens. Sommes-nous en guerre ? », s’est indigné Stratos Paspalas, un boucher à la retraite.

Tunisie: vote de confiance attendu pour le nouveau gouvernement

Le Parlement tunisien devrait accorder mercredi, sauf coup de théâtre, sa confiance au nouveau gouvernement, qui a été constitué après quatre mois d’intenses négociations et doit s’atteler à d’importants dossiers socio-économiques en suspens.

Dans le cas contraire, un second rejet après l’échec d’un premier cabinet en janvier ouvrirait la porte à la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) élue le 6 octobre et à des élections anticipées.

Le gouvernement proposé par Elyes Fakhfakh se compose de 15 membres appartenant à des partis politiques et 17 autres présentés comme des personnalités indépendantes qui se voient confier notamment les ministères régaliens.

Plus grande force au Parlement, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha (54 députés) obtient six ministères.

Même s’il n’a pas décroché les ministères qu’il convoitait, Ennahdha a affirmé dans un communiqué mardi soir qu’il voterait en faveur de ce cabinet.

D’autres blocs parlementaires comme le Courant démocrate (22 sièges) et le Mouvement du peuple (16 sièges) ont manifesté également leur soutien au gouvernement qui doit obtenir la majorité absolue de 109 voix sur 2017, au sein d’une Assemblée particulièrement morcelée.

– « Très fortes chances » –

La parti libéral Qalb Tounes (38 sièges, deux force dans l’ARP), de l’homme d’affaire Nabil Karoui, n’a pas été sollicité pour faire partie du gouvernement, et se pose ainsi dans l’opposition.

Mais, a-t-il fait savoir mardi après une réunion de son bureau, s’il y avait un risque que le gouvernement n’obtienne pas la majorité des voix et donc que l’assemblée soit dissoute, il déciderait alors d’approuver l’équipe de M. Fakhfakh.

Ce vote intervient après un accord de dernière minute le 19 février entre le président tunisien Kais Saied et Ennahdha.

« Sauf grosse surprise, le gouvernement Fakhfakh a de très fortes chances d’obtenir le vote de confiance de l’ARP », avance mercredi le journal francophone Le Quotidien.

Dans ce gouvernement qui ne compte que six femmes, les ministères de la Justice et de l’Intérieur, très convoités, ont été confiés respectivement à une juge présentée comme indépendante, Thouraya Jeribi, et à un ancien cadre ministériel récemment nommé conseiller juridique de la présidence, Hichem Mechichi.

La Défense revient à l’ancien dirigeant de l’Instance nationale d’accès à l’information (Inai), Imed Hazgui, et les Affaires étrangères à un ancien ambassadeur à Oman, Noureddine Erraï.

Un seul ministre est issu du cabinet sortant, le ministre des Affaires religieuses Ahmed Adhoum. Le ministre du Tourisme René Trabelsi, premier ministre de confession juive en Tunisie depuis la période de l’indépendance, a en revanche été écarté, dans un contexte de forte défiance envers tout ce qui peut être lié à Israël.

En janvier, un précédent gouvernement constitué sous la houlette d’Ennahdha avait échoué à obtenir la confiance des députés.

– Quelle marge de manoeuvre ? –

La Tunisie est donc gérée depuis plus de quatre mois par le gouvernement sortant, alimentant un attentisme qui ralentit la vie publique et économique du pays.

Le nouveau gouvernement devra notamment relancer les discussions avec les bailleurs de fonds, à commencer par le Fonds monétaire international, dont le programme entamé en 2016 s’achève en avril/mai 2020.

« La question qui se pose maintenant, c’est la marge du manœuvre accordée à ce gouvernement, qui permettra de mesurer son efficacité », a souligné le politologue Selim Kharrat, de l’ONG Bawsala, observatoire de la vie publique.

Quant aux Tunisiens, neuf ans après avoir chassé le dictateur Zine el Abidine Ben Ali lors du Printemps arabe, ils attendent toujours un gouvernement démocratique à même de s’attaquer aux nombreux maux socio-économiques qui rongent leur pays.

« La patience a ses limites et tout le monde attend au tournant le nouveau gouvernement avec cette grogne qui risque de s’amplifier », écrit dans son éditorial Le Temps.

Et « plombé par des dissensions idéologiques entre les membres de son équipe et une opposition qui l’attend de pied ferme, Elyes Fakhfakh aura certainement bien du mal à mettre en pratique son programme », estime ce quotidien francophone.

Tunisie: vote de confiance attendu pour le nouveau gouvernement

Le Parlement tunisien devrait accorder mercredi, sauf coup de théâtre, sa confiance au nouveau gouvernement, qui a été constitué après quatre mois d’intenses négociations et doit s’atteler à d’importants dossiers socio-économiques en suspens.

Dans le cas contraire, un second rejet après l’échec d’un premier cabinet en janvier ouvrirait la porte à la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) élue le 6 octobre et à des élections anticipées.

Le gouvernement proposé par Elyes Fakhfakh se compose de 15 membres appartenant à des partis politiques et 17 autres présentés comme des personnalités indépendantes qui se voient confier notamment les ministères régaliens.

Plus grande force au Parlement, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha (54 députés) obtient six ministères.

Même s’il n’a pas décroché les ministères qu’il convoitait, Ennahdha a affirmé dans un communiqué mardi soir qu’il voterait en faveur de ce cabinet.

D’autres blocs parlementaires comme le Courant démocrate (22 sièges) et le Mouvement du peuple (16 sièges) ont manifesté également leur soutien au gouvernement qui doit obtenir la majorité absolue de 109 voix sur 2017, au sein d’une Assemblée particulièrement morcelée.

– « Très fortes chances » –

La parti libéral Qalb Tounes (38 sièges, deux force dans l’ARP), de l’homme d’affaire Nabil Karoui, n’a pas été sollicité pour faire partie du gouvernement, et se pose ainsi dans l’opposition.

Mais, a-t-il fait savoir mardi après une réunion de son bureau, s’il y avait un risque que le gouvernement n’obtienne pas la majorité des voix et donc que l’assemblée soit dissoute, il déciderait alors d’approuver l’équipe de M. Fakhfakh.

Ce vote intervient après un accord de dernière minute le 19 février entre le président tunisien Kais Saied et Ennahdha.

« Sauf grosse surprise, le gouvernement Fakhfakh a de très fortes chances d’obtenir le vote de confiance de l’ARP », avance mercredi le journal francophone Le Quotidien.

Dans ce gouvernement qui ne compte que six femmes, les ministères de la Justice et de l’Intérieur, très convoités, ont été confiés respectivement à une juge présentée comme indépendante, Thouraya Jeribi, et à un ancien cadre ministériel récemment nommé conseiller juridique de la présidence, Hichem Mechichi.

La Défense revient à l’ancien dirigeant de l’Instance nationale d’accès à l’information (Inai), Imed Hazgui, et les Affaires étrangères à un ancien ambassadeur à Oman, Noureddine Erraï.

Un seul ministre est issu du cabinet sortant, le ministre des Affaires religieuses Ahmed Adhoum. Le ministre du Tourisme René Trabelsi, premier ministre de confession juive en Tunisie depuis la période de l’indépendance, a en revanche été écarté, dans un contexte de forte défiance envers tout ce qui peut être lié à Israël.

En janvier, un précédent gouvernement constitué sous la houlette d’Ennahdha avait échoué à obtenir la confiance des députés.

– Quelle marge de manoeuvre ? –

La Tunisie est donc gérée depuis plus de quatre mois par le gouvernement sortant, alimentant un attentisme qui ralentit la vie publique et économique du pays.

Le nouveau gouvernement devra notamment relancer les discussions avec les bailleurs de fonds, à commencer par le Fonds monétaire international, dont le programme entamé en 2016 s’achève en avril/mai 2020.

« La question qui se pose maintenant, c’est la marge du manœuvre accordée à ce gouvernement, qui permettra de mesurer son efficacité », a souligné le politologue Selim Kharrat, de l’ONG Bawsala, observatoire de la vie publique.

Quant aux Tunisiens, neuf ans après avoir chassé le dictateur Zine el Abidine Ben Ali lors du Printemps arabe, ils attendent toujours un gouvernement démocratique à même de s’attaquer aux nombreux maux socio-économiques qui rongent leur pays.

« La patience a ses limites et tout le monde attend au tournant le nouveau gouvernement avec cette grogne qui risque de s’amplifier », écrit dans son éditorial Le Temps.

Et « plombé par des dissensions idéologiques entre les membres de son équipe et une opposition qui l’attend de pied ferme, Elyes Fakhfakh aura certainement bien du mal à mettre en pratique son programme », estime ce quotidien francophone.

Accord nucléaire iranien: réunion de conciliation ardue à Vienne

Les Européens, la Chine et la Russie ont commencé mercredi à chercher avec l’Iran un terrain d’entente sur son programme nucléaire, lors de leur première rencontre depuis le lancement d’une procédure contre Téhéran, accusé de violer l’accord de 2015.

Qualifiée dans les médias par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov de « chance pour arrêter l’escalade avant qu’il ne soit trop tard », leur réunion se déroule à Vienne, en Autriche, au niveau des directeurs politiques.

Elle a lieu dans le cadre de la commission mixte, l’instance de discussion prévue par l’accord sur le nucléaire iranien. Aucun délégué n’a fait de commentaire à son arrivée à l’hôtel où ont lieu les discussions, a constaté l’AFP.

Aux termes du mécanisme de règlement des différends prévu par l’accord, les parties doivent tenter de trouver une solution avant de décider s’il convient de la soumettre aux ministres des Affaires étrangères.

L’absence de conciliation peut mener au rétablissement par le Conseil de sécurité de l’ONU de toutes les sanctions qui avaient été levées dans le cadre de l’accord de Vienne, mais les Européens assurent que tel n’est pas leur objectif.

La rencontre est présidée par Helga Schmid, spécialiste du dossier auprès du haut représentant de l’UE, Josep Borrell. Outre l’Iran, elle réunit des représentants de la Chine, la Russie, du Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.

L’accord historique de Vienne est sérieusement menacé depuis que les Etats-Unis l’ont dénoncé unilatéralement en 2018. Téhéran, asphyxié par les sanctions, a riposté en s’affranchissant, depuis mai 2019, de plusieurs de ses engagements tous les deux mois, rappelle l’ONG américaine Arms Control Association.

Les Européens considèrent que les violations décidées par les autorités iraniennes ne sont toutefois pas encore toutes irréversibles. Pour l’instant, l’Iran a déclaré qu’il poursuivrait sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), permettant aux inspecteurs d’avoir accès aux installations déclarées.

« Nous avons tous intérêt à sauver le JCPOA (acronyme anglais pour Plan d’action global commun, désignant l’accord) pour que les inspecteurs puissent continuer leur travail en Iran », estime un diplomate interrogé par l’AFP.

– Mécanisme de troc –

Mais les négociations entre l’Iran, les Européens, la Chine et la Russie n’ont « pas de date butoir » et « on est encore loin d’un résultat », un calendrier n’ayant pas été arrêté, a-t-il ajouté.

A la mi-février, l’Iran s’est dit disposé à annuler tout ou partie des mesures prises pour se désengager de l’accord, seulement si l’Europe lui assure en échange des avantages économiques « significatifs ».

En janvier 2019, un mécanisme de troc nommé Instex a été créé par les Européens pour contourner les sanctions américaines imposées à l’Iran en évitant d’utiliser le dollar.

Instex doit fonctionner comme une chambre de compensation permettant à l’Iran de continuer à vendre du pétrole et d’importer en contrepartie d’autres produits. Il n’a jusqu’à présent favorisé aucune transaction.

L’Iran réclame notamment des achats de pétrole pour limiter l’impact économique des sanctions américaines. En échange, Téhéran pourrait « au moins geler ses stocks d’uranium » selon le diplomate.

Téhéran produit actuellement de l’uranium enrichi à un taux supérieur au seuil de 3,67% fixé par l’accord et ne respecte plus la limite de 300 kilos imposée à ses stocks d’uranium enrichi.

L’Iran a affirmé début janvier qu’il ne se sentait désormais plus tenu par aucune limite « sur le nombre de ses centrifugeuses ».

Ces prochains jours, l’AIEA, basée à Vienne, doit remettre à ses pays membres les résultats de ses dernières inspections sur les capacités techniques de l’Iran et le stock d’uranium enrichi.

L’accord de 2015 offre à l’Iran la levée d’une partie des sanctions internationales en échange de garanties destinées à prouver la nature exclusivement civile de son programme nucléaire.

Coronavirus en Italie: combattre la peur

Personnes en panique, en proie à des angoisses de mort, perdant contact avec la réalité… le nouveau coronavirus en Italie et les mesures spectaculaires pour l’enrayer ont créé une « épidémie de peur » parallèle à la crise sanitaire, selon des psychologues.

L’annonce de premiers décès en Italie et la mise en quarantaine de plus de 50.000 personnes dans onze villes du Nord, la fermeture des écoles et l’annulation des rassemblements sportifs et culturels ont créé une véritable psychose en début de semaine, racontent des professionnels.

Celle-ci s’est d’abord manifestée par la prise d’assaut de supermarchés, typique d’une « angoisse de mort », selon la psychiatre Rossella Candela, à Rome.

« Certains s’adaptent. D’autres agissent comme s’ils étaient sous les bombardements durant la Seconde Guerre mondiale », explique-t-elle par téléphone.

La ruée sur les masques – quasiment introuvables désormais dans les pharmacies du Nord – participe du même phénomène.

Passé le premier mouvement de panique, reste une angoisse permanente, régulière, alimentée par la rupture de la normalité.

« Certaines dispositions ont accru l’anxiété: la fermeture des écoles, des églises… Dans nos petits villages lombards, l’annulation de la messe, c’est fou, c’est du jamais vu », souligne Alessandra Braga, psychothérapeute à Brescia (Lombardie, nord).

« J’ai passé la journée de lundi dans mon cabinet à tenter de ramener mes patients à la réalité », raconte-t-elle à l’AFP.

Ecoles et bureaux fermés oblige, « beaucoup passent la journée à la maison à regarder la télé, ça ne parle que du coronavirus, c’est totalement anxiogène. J’essaye de les convaincre de sortir, de s’aérer », poursuit Mme Braga.

Mais, constate-t-elle, « c’est comme une épidémie émotive. Et c’est très difficile à gérer, l’émotivité ».

– Peur et racisme anti-chinois –

Depuis le début de la crise, les autorités italiennes ont insisté sur le côté préventif des mesures et rassuré en parlant de « situation sous contrôle ».

Mais pour le psychologue Gabriele Zanardi, exerçant à Pavie (Lombardie), « le problème naît de l’interprétation: fermer les écoles, la quarantaine sont des mesures de prévention, mais les gens les voient comme la preuve que la catastrophe est là. Ce sont des mesures +choquantes+, alors qu’en réalité elles sont raisonnables », explique-t-il.

Difficile de lutter face à la peur suscitée par « quelque chose d’intangible, d’invisible, comme l’est un virus », reconnaît-il.

« Du coup on cherche à donner un visage à cet ennemi invisible: ce sera le Chinois, la personne enrhumée… ».

A Milan, le quartier chinois est désert depuis trois jours: commerçants et restaurateurs ont pris les devants et préféré fermer boutique. Par peur d’être ostracisés dans une région gouvernée par la Ligue d’extrême droite de Matteo Salvini.

A Turin, après l’annonce du premier mort de l’épidémie, une Chinoise de 40 ans a été rouée de coups dans la rue par des inconnus qui ont crié: « tu as le virus, va-t’en sinon je te tue ».

« L’Italie est devenue un pays qui a peur », s’inquiète auprès du journal La Stampa Mariella Enoc, directrice de l’hôpital Bambino Gesu à Rome. « Les phobies concernant ce virus sont en train de prendre le pas sur la raison et la parole scientifique ».

– Humour –

Pour les psychologues interrogés par l’AFP, le problème le plus inquiétant vient des « fake news » qui tournent en boucle. La fausse annonce de la fermeture de toutes les écoles italiennes jusqu’au 5 mars a dû faire l’objet d’un démenti officiel mardi.

Les théories complotistes s’emballent: le virus resterait actif jusqu’à six jours sur les paquets en provenance de Chine, l’épidémie viserait à tuer l’économie de la riche Lombardie…

Paradoxalement, les gens en quarantaine apparaissent moins inquiets que ceux qui se trouvent à l’extérieur. « Ils sont confrontés à la réalité, alors que ceux de l’extérieur n’ont que la perception des choses », souligne Gabriele Zanardi.

Reste, heureusement, l’humour. C’est cette femme qui s’exclame: « Après une semaine enfermés à la maison, si mes enfants ne meurent pas du coronavirus, je les tue moi-même! ».

Ou cette photo sur Twitter de paquets de penne (pâtes) sur des étalages vides, avec le commentaire suivant: « la grande défaite du coronavirus est de n’avoir pas su convaincre les Italiens d’aimer ces penne ».

« Je pense qu’en termes de perception psychologique nous avons vécu le pic de terreur incontrôlée ces derniers jours », relativise M. Zanardi, en ajoutant: « petit à petit, la vie reprendra un peu de normalité. Et l’homme s’habitue. L’exceptionnel deviendra la routine ».

En Afrique du Sud, un projet de budget acrobatique sur fond de crise

Le ministre sud-africain des Finances Tito Mboweni dévoile mercredi après-midi devant le Parlement du Cap (sud-ouest) un projet de budget annuel aux allures de quadrature du cercle dans une économie au bord du précipice financier.

Croissance molle, détérioration des finances publiques, chômage de masse (30%) et, plus récemment, pannes d’électricité à répétition, la liste des plaies qui affectent le pays le plus industrialisé du continent est longue.

Le président Cyril Ramaphosa a lui-même reconnu sans détour la gravité de la situation la semaine dernière.

La dette publique « atteint des niveaux insoutenables » et « l’économie n’a pas renoué avec une croissance significative depuis une décennie », a-t-il déploré devant les parlementaires lors de son discours annuel sur l’état de la Nation.

Deux ans après le départ anticipé de son prédécesseur Jacob Zuma pour cause de scandales de corruption à répétition, le bilan dressé par M. Ramaphosa sonne comme un constat d’échec.

En prenant les rênes du pays en février 2018, l’ex-syndicaliste des heures sombres de l’apartheid reconverti en capitaine d’industrie s’était pourtant fait fort de relancer le pays en y faisant revenir les investisseurs étrangers.

Sans succès jusque-là. Le produit national brut (PNB) sud-africain n’a pas dépassé 1,3% ces cinq dernières années et devrait péniblement s’établir à 0,5% en 2019.

« Le gouvernement reste incapable d’imposer politiquement les réformes drastiques qu’il a promises », note Darias Jonker, du centre d’analyse Eurasia Group. Il s’est montré « incapable de réduire les déficits », renchérit l’économiste en chef de l’Old Mutual Investment Group, Johann Els.

Dans ce climat, le discours de Tito Mboweni à partir de 12h00 GMT sera observé à la loupe.

« C’est maintenant ou jamais », juge M. Els.

– Dégradation annoncée –

Avec une dette publique proche de 60% du PNB, sa marge de manoeuvre s’annonce des plus limitées.

Le ministre des Finances se sait en outre sous la menace d’une dégradation de la note financière de l’Afrique du Sud par l’agence Moody’s, la seule des trois grandes à ne pas l’avoir encore dégradée au rang d’investissement spéculatif.

Fitch and S&P l’ont reléguée dans cette catégorie dès 2017.

« Nous ne sommes plus très loin d’une dégradation de Moody’s. Si nous ne stabilisons pas le déficit et ne contrôlons pas nos dépenses, ils n’hésiteront pas à le faire », avertit Johann Els.

Une telle sanction pourrait causer un exode des investisseurs et accroître la pression sur la devise locale, le rand.

De l’avis de tous les analystes, les mauvaises performances de l’économie sud-africaine sont largement imputables à sa mauvaise gestion, ainsi que l’illustre la situation financière inquiétante des entreprises publiques du pays.

L’Etat est contraint de renflouer régulièrement les caisses des deux plus emblématique d’entre elles, le géant de l’électricité Eskom et la compagnie South African Airways. Les difficultés du premier ont même convaincu la Banque mondiale d’abaisser sous les 1% sa prévision de croissance pour 2020.

« Le gouvernement doit s’éloigner au plus vite de la culture des dépenses de consommation pour privilégier les investissements dans les infrastructures », recommande Azar Jammine, l’économiste en chef du consultant Econometrix.

L’opposition, elle, agite déjà la menace d’une « crise fiscale ».

« L’insuffisance de la croissance exclut de nouveaux impôts pour accroître les recettes », a estimé le député Geordin Hill-Lewis, en charge des Finances au sein de l’Alliande démocratique (DA).

Le ministre « doit présenter un plan crédible pour stabiliser la dette nationale et contenir le déficit budgétaire », a-t-il ajouté.