AFP Archives - Page 22 sur 34 - Journal du niger

Alpha Condé, ex-opposant historique accusé de dérive autoritaire

Aux scrutins qui s’annoncent en Guinée, c’est avant tout de lui qu’il s’agit: Alpha Condé, l’opposant historique devenu président, accusé par ses adversaires de dérive autocratique au point de chercher à plier la Constitution à son ambition de troisième mandat.

Malgré la contestation et les manifestants tués, M. Condé, 82 ans la semaine prochaine, n’entend pas se laisser dévier de la voie qu’il s’est tracée: doter son pays d’une Constitution « moderne », soumise dimanche à un référendum le même jour que des législatives. Quant à briguer sa propre succession fin 2020, « ça, c’est le parti qui décidera », dit-il.

De longues années d’opposition en exil, la prison, une accession quasi miraculeuse au pouvoir et deux mandats présidentiels ont forgé le caractère de cet homme svelte qui boîte légèrement.

M. Condé, qui se réclame de la gauche, est un orateur érudit, sachant enthousiasmer son auditoire. Mais il goûte peu la contradiction et ses adversaires le décrivent comme un homme autoritaire et impulsif.

« Personne ne dicte à la Guinée ce qu’elle doit faire », a-t-il averti un parterre de diplomates en janvier.

« Condé a fait des choses importantes pour faire progresser la Guinée », convient Jim Wormington, de Human Rights Watch. Mais avec les violences policières des derniers mois, « il serait difficile d’en dresser un portrait positif. C’est ce qui rend les choses si tristes ».

Né le 4 mars 1938 à Boké (ouest), M. Condé est issu de l’ethnie malinké, la deuxième du pays.

Il part en France dès l’âge de 15 ans et y obtient des diplômes en économie, droit et sociologie. Il enseigne ensuite à l’université parisienne de la Sorbonne.

– Condamné à mort –

Parallèlement, il dirige dans les années 1960 la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) et anime des mouvements d’opposition au régime dictatorial d’Ahmed Sékou Touré, « père de l’indépendance » de la Guinée, colonie française jusqu’en 1958.

Sékou Touré le fait condamner à mort par contumace en 1970.

Il rentre au pays en 1991, sept ans après la mort de Sékou Touré, auquel a succédé l’officier Lansana Conté. Aux présidentielles de 1993 et 1998, ni libres ni transparentes, Condé est officiellement crédité de 27% et de 18% des voix.

Le fondateur du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) inquiète Lansana Conté, qui le fait arrêter juste après la présidentielle de 1998. Il est condamné en 2000 à cinq ans de prison pour « atteintes à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national ». Sous la pression internationale, il est gracié en 2001.

Il reste dans l’opposition après l’avènement de la junte du capitaine Moussa Dadis Camara en 2008. Mais en 2010, le « Professeur Alpha Condé » est enfin élu, au second tour, après avoir été très nettement distancé au premier par l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo. Il est réélu au premier tour en 2015.

Il a « tellement déçu », juge Cellou Dalein Diallo, actuel chef de file de l’opposition, selon qui M. Condé a instauré « une république bananière, une dictature qui ne dit pas son nom ».

Sanguin, Alpha Condé l’est certainement. Un jour, il réprimande des étudiants qui lui réclament les tablettes informatiques promises pendant sa campagne. « Vous êtes comme des cabris: +Tablettes, Tablettes!+ », grince-t-il, sautant sur place à pieds joints.

– Appel à cogner –

Il se targue de son bilan: réalisation de barrages hydroélectriques, révision des contrats miniers et mise au pas de l’armée, le tout alors que le pays a fait face à une épidémie d’Ebola (fin 2013-2016).

La grande affaire de son deuxième mandat est son projet de doter la Guinée d’une Constitution « qui réponde aux besoins du monde d’aujourd’hui », dont la lutte contre les mutilations génitales des filles et les mariages précoces, ou un juste partage des richesses, dans un pays pauvre malgré ses ressources minières.

Depuis octobre, un collectif de partis, de syndicats et d’associations a fait descendre dans les rues des dizaines, voire des centaines de milliers de Guinéens pour s’opposer à la réforme.

Certes, le projet de réforme maintient à deux le nombre de mandats autorisé. Mais, pour l’opposition, la nouvelle Constitution servira à M. Condé de prétexte pour remettre son compteur présidentiel à zéro.

« Après s’être pris pour Mandela, il a décidé de devenir Bokassa », l’ancien empereur de Centrafrique, accuse le collectif.

La vague de protestations, durement réprimée à plusieurs reprises, a coûté la vie à au moins 30 civils et un gendarme depuis octobre, sans le faire plier.

L’opposition promet d’empêcher de voter dimanche.

« Quiconque viendra pour détruire les urnes, frappez-le! », a lancé le président à ses partisans.

Marié trois fois, M. Condé est père d’un garçon.

siu-bm-eml-cv/lal/jpc/sd

L’Egypte rend les honneurs militaires à Hosni Moubarak

L’Egypte s’apprête à rendre mercredi les honneurs militaires à Hosni Moubarak lors des funérailles de l’ex-président, décédé mardi, qui a régné pendant 30 ans avant de quitter le pouvoir en 2011 sous la pression du Printemps arabe.

Une cérémonie officielle doit se tenir en son honneur à partir de 14H00 (12H00 GMT) à la mosquée al-Mouchir Tantaoui, dans l’est du Caire, au lendemain de son décès, à l’âge de 91 ans, dans un hôpital.

Il doit ensuite être enterré dans le tombeau familial à Héliopolis, dans l’est de la capitale.

Mercredi matin, un important dispositif de sécurité, comprenant des véhicules blindés, a été déployé près de la mosquée et du cimetière, alors qu’une foule de reporters approchait des lieux, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Plusieurs canons étaient alignés devant la mosquée en vue de l’hommage militaire et des dizaines d’admirateurs de M. Moubarak étaient rassemblés à proximité. Ils arboraient des portraits de l’ancien président et des drapeaux égyptiens.

Samir Gaafar, 59 ans, vêtu d’une galabeya traditionnelle tenait une photo de l’ex-président avec un texte dénonçant la révolte de 2011. « Je viens aujourd’hui car les pauvres de ce pays sont devenus plus pauvres après Moubarak », a-t-il dit à l’AFP.

Avec ces funérailles en grande pompe, que la télévision nationale a prévu de diffuser en direct, le président déchu reçoit ainsi un hommage officiel du gouvernement égyptien.

Trois jours de deuil national ont été décrétés à compter de mercredi par le gouvernement de l’actuel président Abdel Fattah al-Sissi, qui comme le défunt président, est un militaire à la tête d’un régime autoritaire.

L’ex-président islamiste Mohamed Morsi, arrivé au pouvoir en 2012 dans la foulée du Printemps arabe, puis destitué par l’armée l’année suivante, n’avait pas eu les mêmes égards à sa mort en 2019. Son enterrement avait eu lieu dans la plus grande discrétion, loin des caméras.

Mardi soir, M. Sissi avait salué en M. Moubarak l’un des « héros de la guerre d’octobre 1973 » contre Israël, durant laquelle il avait dirigé l’armée de l’air.

-Sentiments mitigés-

Plusieurs responsables, notamment militaires, lui ont rendu hommage. Sur sa page Facebook, le commandement des forces armées égyptiennes a déploré la disparition « d’un de ses fils ».

Mais outre les Palestiniens, Israéliens et Emiratis, peu de dirigeants étrangers ont communiqué sur la mort de l’ex chef d’Etat, qui a été pendant des années une figure familière des réunions internationales, présentant son pays comme un pilier modéré au sein du monde arabe.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a brièvement présenté ses condoléances mardi lors d’un point presse au département d’Etat.

Le quotidien d’Etat al-Ahram, titrait mercredi: « Moubarak entre les mains de Dieu » avec le portrait de l’ancien raïs habillé d’un bandeau noir en signe de deuil.

« On pouvait être d’accord avec lui ou pas, mais une chose est certaine: Moubarak n’a jamais trahi son pays », écrivait Mohamed Amin, éditorialiste au quotidien privé Al-Masry al-Youm.

Comparant le destin de M. Moubarak avec celui d’autres chefs d’Etats tombés pendant le Printemps arabe comme le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, décédé en exil, M. Amin a souligné que l’ex-raïs, resté en Egypte, « a vécu avec sa dignité et son arrogance ».

Mardi soir, l’AFP a interrogé des passants près de la place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte populaire de 2011, relevant des sentiments mitigés parmi les anonymes interrogés.

L’un d’eux a estimé que l’Egypte « aurait été un pays différent » si M. Moubarak avait adhéré à l’idée d’un « transfert pacifique du pouvoir » et n’avait pas régné si longtemps.

« Qu’il repose en paix », a dit un autre en évoquant « les bonnes choses » apportées aux Egyptiens sous la présidence de M. Moubarak, mais évoquant aussi, sans autre précision, « les grandes injustices » vécues par le peuple.

Lors de sa présidence, l’ouverture des dernières années a valu à l’Egypte une amorce de décollage économique. Mais son règne de trois décennies a surtout été marqué par de profondes inégalités sociales, des abus policiers et une corruption endémique.

Arrêté et jugé dans plusieurs affaires, il aura été le premier président du pays à être traduit en justice. Il a toutefois été blanchi de la plupart des accusations qui pesaient contre lui.

Le virus se répand dans le monde mais tue moins en Chine

Plus d’un millier de cas en Corée du Sud et toujours plus de pays touchés: la pneumonie virale se répand dans le monde entier pendant que les bilans diminuent en Chine, à l’épicentre de l’épidémie.

Le nouveau coronavirus a fait son apparition mardi dans quatre nouveaux pays: Autriche, Suisse, Croatie, Algérie. La maladie Covid-19 concerne désormais, Chine mise à part, trois douzaines d’Etats où elle a fait plus de 40 morts et 2.700 contaminations.

Mais l’épidémie, apparue en décembre dans le centre de la Chine, semble avoir atteint un pic dans ce pays: les autorités ont fait état mercredi matin de 52 nouveaux décès en l’espace de 24 heures contre 71 la veille, soit le chiffre le plus bas depuis plus de trois semaines.

Evénements culturels ou sportifs annulés, économie en berne et dégringolade continue des marchés financiers: au niveau planétaire, l’épidémie et ses conséquences inquiète particulièrement l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le monde n’est « tout simplement pas prêt » à y faire face, a averti mardi Bruce Aylward, l’expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine, de retour de Pékin. « Vous devez être prêt à gérer cela à une plus grande échelle, et cela doit être fait rapidement », a-t-il ajouté.

– L’armée américaine touchée –

En Corée du Sud, où la situation est « très grave », selon le président Moon Jae-in, le nombre de contaminations a encore bondi pour dépasser désormais le millier de cas.

L’armée américaine, qui stationne actuellement 28.500 soldats dans le pays, a annoncé que l’un d’entre eux avait contracté le virus près de Daegu (sud-est), la ville qui compte de loin le plus grand nombre de cas en Corée.

Le pays, qui dénombre 11 morts selon le bilan annoncé mercredi matin, est le premier foyer mondial de contamination après la Chine. Le bilan d’infections s’élève désormais à 1.146 personnes touchées, après l’ajout de 169 nouveaux cas.

La plupart des cas confirmés sont liés à une secte d’inspiration chrétienne, dont une fidèle aurait contaminé des centaines d’autres croyants.

– Frontières ouvertes –

En Europe, l’Italie est le pays européen le plus touché, avec plus de 300 personnes contaminées, pour la plupart dans le nord du pays. Dix personnes y ont succombé, toutes des personnes âgées et atteintes précédemment de pathologies graves. Plusieurs médias ont annoncé une onzième victime.

Les pays voisins se sont engagés à garder leurs frontières ouvertes lors d’une réunion ministérielle mardi à Rome.

Mais la France « invite » ses ressortissants à éviter les régions d’Italie les plus touchées. L’Hexagone compte désormais deux nouveaux cas de contamination, dont une jeune Chinoise arrivée de Chine et un Français qui avait voyagé dans la région de Milan. Leur état de santé n’inspire aucune inquiétude, selon les autorités.

Sur le continent, deux hôtels sont placés en quarantaine, à Innsbruck (Autriche) et dans l’île espagnole de Tenerife (Canaries).

– La pandémie menace –

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a averti lundi que le monde restait menacé de « pandémie », à savoir une épidémie d’ampleur internationale.

L’agence de l’ONU s’inquiète particulièrement des risques pour les pays pauvres, mal équipés pour dépister et combattre le nouveau virus.

Sur le continent africain, après l’Egypte, une deuxième infection a été officiellement enregistrée: en Algérie, concernant un Italien arrivé le 17 février.

En Iran, la mission d’une équipe d’experts de l’OMS a été retardée, mais reste prévue. Téhéran a annoncé mardi trois nouveaux décès, portant son bilan à 15 morts, le plus lourd en dehors de la Chine. Le vice-ministre de la Santé en personne, Iraj Harirchi, a été contaminé.

Dans un contexte de vives tensions entre Washington et Téhéran, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a exigé de l’Iran qu’il dise « la vérité » sur l’épidémie.

– Effet boomerang –

Les autorités sanitaires américaines ont d’ailleurs dit mardi s’attendre à une propagation de l’épidémie aux Etats-Unis, encourageant écoles, entreprises et collectivités locales à envisager des mesures de précaution, comme l’annulation d’événements publics.

Les autorités américaines craignent que l’épidémie ne menace leur chaîne d’approvisionnement en médicaments, car une grande partie des ingrédients utilisés en pharmacie est fabriquée en Chine.

Dans ce dernier pays, outre le nombre de morts, le chiffre quotidien de contaminations est également à la baisse: 406 nouveaux cas ont été annoncés mercredi contre 508 la veille.

Toutes ces contaminations, sauf cinq, sont intervenues au Hubei, province de 58 millions d’habitants sous quarantaine depuis un mois.

Partie de Chine, l’épidémie menace d’y revenir: près d’une centaine de personnes à bord d’un avion en provenance de Séoul ont été mises en quarantaine à leur arrivée à Nankin (est de la Chine). Trois passagers chinois présentaient en effet des symptômes de la maladie lorsque des douaniers sont montés à bord pour examiner les passagers.

Au total, le virus a contaminé quelque 78.000 personnes en Chine, dont plus de 2.700 en sont mortes.

burs-bar/ehl/jhd

Cameroun anglophone: l’armée accusée d’une tuerie par HRW, législatives partiellement annulées

Le meurtre d’une vingtaine de civils, dont 13 enfants, le 14 février au Cameroun anglophone en proie à un sanglant conflit séparatiste, a été perpétré par les « forces gouvernementales » et une milice peule alliée, a accusé mardi Human Rights Watch (HRW).

Et dans la soirée, le Conseil constitutionnel a annulé les législatives du 9 février dans une partie des deux régions peuplées par la minorité anglophone camerounaise qui avait largement ignoré le scrutin, en soutien aux indépendantistes ou bien par crainte de ces groupes armés qui leur avaient interdit d’aller voter.

« Les forces gouvernementales et des membres de l’ethnie peule ont tué au moins 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte (…) dans des conditions horribles », écrit HRW dans un rapport.

L’armée a démenti dès les premiers jours, assurant qu’il s’agissait des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’a évoqué la mort que de 5 civils.

– Une majorité d’enfants tués –

Survenu le 14 février dans le quartier Ngarbuh du village de Ntumbo, dans la région du Nord-Ouest, le drame a coûté la vie, selon l’ONU, à 23 civils, dont 15 enfants – neuf de moins de 5 ans – et deux femmes enceintes.

« Les meurtres de civils, y compris d’enfants, dans des conditions horribles sont des crimes odieux qui devraient faire l’objet d’enquêtes effectives et indépendantes et leurs responsables devraient être traduits en justice », poursuit HRW.

Pour l’ONG, qui cite des témoignages, les meurtres ont été commis par 10 à 15 « militaires du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), unité d’élite de l’armée camerounaise, et au moins 30 Peuls armés ».

« Ils ont incendié cinq maisons, pillé de nombreux autres biens et passé à tabac des habitants. Les cadavres de certaines des victimes ont été retrouvés carbonisés dans leurs maisons », assure HRW dans un rapport, se référant aussi à des images satellite.

L’ONG affirme que des « milices d’auto-défense » peules accusées par les séparatistes d’être « proches du gouvernement » ont attaqué dans un passé récent « des communautés où des séparatistes armés sont réputés opérer ».

« Les séparatistes armés ont pris pour cible les Peuls pour s’emparer de leur bétail », explique aussi HRW.

-« Pressions » de Macron sur Biya-

Samedi, le président français Emmanuel Macron avait promis à un militant camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur le chef de l’Etat Paul Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Lundi, les services de l’inamovible président, 87 ans dont 37 au pouvoir, s’étaient offusqués de ces propos, les qualifiant de « surprenants ».

Depuis 2017, les combats entre militaires et groupes armés séparatistes, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG, a fait plus de 3.000 morts en trois ans et 700.000 déplacés.

C’est précisément dans ces deux régions que le Conseil constitutionnel a annulé mardi soir les élections législatives du 9 février, dans 10 circonscriptions du Nord-Ouest et dans l’une du Sud-Ouest.

-Faible participation-

Les séparatistes armés avaient appelé les Camerounais à ne pas aller voter le 9 février pour les législatives et les municipales, menaçant ceux qui le feraient.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme dans tout le pays à l’exception d’un incident dans le Nord-Ouest. L’un des deux principaux partis de l’opposition à Paul Biya avait appelé au boycott.

La participation a été « faible » cependant dans tout le pays, selon l’Union africaine, mais tout particulièrement dans les zones anglophones.

Ni les résultats officiels, ni le taux de participation n’ont été rendus publics à ce jour.

La date du nouveau scrutin dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a annulé le vote n’a pas été rendue publique, pas plus que les raisons de sa décision.

Cameroun anglophone: l’armée accusée d’une tuerie par HRW, législatives partiellement annulées

Le meurtre d’une vingtaine de civils, dont 13 enfants, le 14 février au Cameroun anglophone en proie à un sanglant conflit séparatiste, a été perpétré par les « forces gouvernementales » et une milice peule alliée, a accusé mardi Human Rights Watch (HRW).

Et dans la soirée, le Conseil constitutionnel a annulé les législatives du 9 février dans une partie des deux régions peuplées par la minorité anglophone camerounaise qui avait largement ignoré le scrutin, en soutien aux indépendantistes ou bien par crainte de ces groupes armés qui leur avaient interdit d’aller voter.

« Les forces gouvernementales et des membres de l’ethnie peule ont tué au moins 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte (…) dans des conditions horribles », écrit HRW dans un rapport.

L’armée a démenti dès les premiers jours, assurant qu’il s’agissait des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’a évoqué la mort que de 5 civils.

– Une majorité d’enfants tués –

Survenu le 14 février dans le quartier Ngarbuh du village de Ntumbo, dans la région du Nord-Ouest, le drame a coûté la vie, selon l’ONU, à 23 civils, dont 15 enfants – neuf de moins de 5 ans – et deux femmes enceintes.

« Les meurtres de civils, y compris d’enfants, dans des conditions horribles sont des crimes odieux qui devraient faire l’objet d’enquêtes effectives et indépendantes et leurs responsables devraient être traduits en justice », poursuit HRW.

Pour l’ONG, qui cite des témoignages, les meurtres ont été commis par 10 à 15 « militaires du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), unité d’élite de l’armée camerounaise, et au moins 30 Peuls armés ».

« Ils ont incendié cinq maisons, pillé de nombreux autres biens et passé à tabac des habitants. Les cadavres de certaines des victimes ont été retrouvés carbonisés dans leurs maisons », assure HRW dans un rapport, se référant aussi à des images satellite.

L’ONG affirme que des « milices d’auto-défense » peules accusées par les séparatistes d’être « proches du gouvernement » ont attaqué dans un passé récent « des communautés où des séparatistes armés sont réputés opérer ».

« Les séparatistes armés ont pris pour cible les Peuls pour s’emparer de leur bétail », explique aussi HRW.

-« Pressions » de Macron sur Biya-

Samedi, le président français Emmanuel Macron avait promis à un militant camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur le chef de l’Etat Paul Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Lundi, les services de l’inamovible président, 87 ans dont 37 au pouvoir, s’étaient offusqués de ces propos, les qualifiant de « surprenants ».

Depuis 2017, les combats entre militaires et groupes armés séparatistes, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG, a fait plus de 3.000 morts en trois ans et 700.000 déplacés.

C’est précisément dans ces deux régions que le Conseil constitutionnel a annulé mardi soir les élections législatives du 9 février, dans 10 circonscriptions du Nord-Ouest et dans l’une du Sud-Ouest.

-Faible participation-

Les séparatistes armés avaient appelé les Camerounais à ne pas aller voter le 9 février pour les législatives et les municipales, menaçant ceux qui le feraient.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme dans tout le pays à l’exception d’un incident dans le Nord-Ouest. L’un des deux principaux partis de l’opposition à Paul Biya avait appelé au boycott.

La participation a été « faible » cependant dans tout le pays, selon l’Union africaine, mais tout particulièrement dans les zones anglophones.

Ni les résultats officiels, ni le taux de participation n’ont été rendus publics à ce jour.

La date du nouveau scrutin dans les circonscriptions où le Conseil constitutionnel a annulé le vote n’a pas été rendue publique, pas plus que les raisons de sa décision.

La défense d’Assange dénonce des poursuites américaines fondées sur des « mensonges »

La défense de Julian Assange a accusé mardi Washington de fonder les poursuites pour espionnage visant le fondateur de Wikileaks sur des « mensonges », au deuxième jour de l’examen par la justice britannique de la demande d’extradition américaine.

L’Australien de 48 ans est poursuivi aux Etats-Unis pour avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Poursuivi en vertu des lois anti-espionnage de 1917 et pour piratage informatique, il risque jusqu’à 175 ans de prison.

Mais les 18 chefs de poursuite contre Assange, arrêté en avril après sept ans passés reclus à l’ambassade d’Equateur, sont fondés sur « des mensonges, des mensonges et encore des mensonges », a accusé l’un des avocats du fondateur de Wikileaks, Mark Summers.

« Il est difficile d’imaginer un exemple aussi évident de demande d’extradition qui déforme autant les faits tels qu’ils sont connus par le gouvernement américain », a-t-il fait valoir dans une salle d’audience de la cour de Woolwich (Sud-Est de Londres).

L’avocat représentant les Etats-Unis a rétorqué en décrivant le tableau brossé par la défense comme une « série d’inexactitudes sur la manière dont l’acte d’accusation est formulé » et une « déformation » des faits reprochés à Julian Assange.

Pour statuer sur la demande d’extradition, dont l’examen se tient cette semaine puis trois semaines à partir du 18 mai, la justice britannique doit notamment s’assurer qu’elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l’Homme.

Dans son box, Assange, veste grise sur les épaules, est apparu fatigué après des heures d’audience, conduisant la juge Vanessa Baraitser à s’enquérir de son état de santé.

« Julian Assange a des difficultés, il a du mal à se concentrer », a expliqué un membre de son équipe de défense.

En début d’audience mardi, la défense a protesté contre le traitement qui lui est infligé. « Hier (lundi), M. Assange a été menotté onze fois, mis à nu deux fois » à la prison de Belmarsh où il est détenu, a protesté l’un de ses conseils, Edward Fitzgerald.

Un tel traitement pourrait « affecter cette procédure », a mis en garde l’avocat, demandant à la juge Vanessa Baraitser de donner instruction aux autorités pénitentiaires d’assouplir les mesures autour d’Assange.

La magistrate a rétorqué que ses pouvoirs à cet égard sont « limités », et qu’elle ne peut pas ordonner aux autorités carcérales comment traiter les détenus, ajoutant qu’elle attend que Julian Assange soit traité de manière juste, comme n’importe qui d’autre.

L’avocat du gouvernement américain a apporté son soutien aux observations de la défense, soulignant qu’il ne voulait pas que le traitement d’Assange ne « compromette » la procédure.

– « Si vous n’agissez pas… »

Wikileaks a travaillé initialement avec des journaux de renom pour publier les fuites provenant du Département d’Etat américain et du Pentagone, qui ont fait sensation et scandalisé Washington.

Selon Mark Summers, ce partenariat noué avec les médias avait conduit à un processus rédactionnel rigoureux, incluant un travail avec des responsables américains pour s’assurer que l’identité de sources ne soit pas publiée.

L’avocat a affirmé que dans un livre publié en 2011, un journaliste du Guardian avait révélé le mot de passe permettant d’accéder à une base de données de nom de sources non-expurgée.

Il a expliqué qu’Assange avait appelé la Maison Blanche pour alerter des responsables américains de la publication imminente sur différents site, en leur disant: « Si vous n’agissez pas, la vie de gens se retrouvera mise en danger ».

Ainsi, dire qu’Assange « a délibérément mis des vies en danger en lâchant une base de données non-expurgées (comme l’avait fait lundi le représentant des Etats-Unis, ndlr) est sciemment inexact » , a-t-il plaidé.

Sur son site internet, le Guardian, « opposé à l’extradition de Julian Assange », a déclaré qu’il était « entièrement faux » de dire que le livre a « mené à la publication de dossiers américains non-expurgés ». « Le livre contenait un mot de passe dont Julian Assange avait dit aux auteurs qu’il était temporaire et devait expirer dans les heures qui suivaient », selon le quotidien.

Allemagne: les motivations du conducteur qui a foncé dans un cortège de carnaval restent floues

Les autorités allemandes s’efforçaient mardi d’établir les motivations d’un homme qui a foncé en voiture dans un cortège de carnaval, blessant plusieurs dizaines de personnes, dans un pays déjà frappé la semaine dernière par un attentat raciste.

La police locale a une nouvelle fois révisé son bilan à la hausse, faisant état désormais de près de 61 blessés, âgés de 2 à 85 ans. Parmi eux figurent 20 enfants, selon le parquet de Francfort (ouest).

Les motifs du conducteur allemand de 29 ans restent une énigme. Une chose est sûre: il n’était pas ivre, a précisé le parquet de Francfort.

Il est à ce stade poursuivi pour « tentatives de meurtres aggravées » et a été placé en détention. Le parquet estime qu’il a « jeté délibérément sa voiture dans la foule dans l’intention de tuer ».

Le parquet n’a toutefois pas exclu que l’homme originaire de Volkmarsen, ville de 7.000 habitants de la région de Hesse où se sont déroulés les faits, ait pu être sous l’influence de drogues.

« Je l’ai vu démarrer, il paraissait drogué et il a dit +Bientôt je serai dans les journaux+ », a affirmé un voisin de l’auteur présumé à la télévision RTL.

Les autorités ne pouvaient toujours pas dire mardi avec certitude s’il a agi intentionnellement ou non. Et elles ont vite arrêté d’évoquer une attaque, avant de pouvoir l’interroger. L’homme s’est lui aussi blessé en fonçant dans la foule avec sa Mercedes gris métallisé.

Le parquet a annoncé avoir arrêté une deuxième personne qui avait filmé les événements, sans préciser si elle était liée ou non au conducteur.

– A plein gaz –

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier s’est déclaré « profondément bouleversé », sur son compte Facebook, et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés.

Selon la police, 35 personnes sont encore hospitalisées, plusieurs dans un état grave.

Des témoins interrogés par le quotidien régional Frankfurter Rundschau ont eu l’impression que le suspect visait particulièrement les enfants après avoir foncé à plein gaz dans la foule et poursuivi sa course sur une trentaine de mètres.

« Ma femme m’a appelé, j’ai couru vers elle tout de suite et j’ai vu ma fille ensanglantée, allongée sur le sol », raconte Sven Hirdler, 33 ans, au journal populaire Bild. La petite Emilia, 4 ans, s’en sort finalement avec des blessures relativement légères.

Le parquet fédéral anti-terroriste ne s’est pas saisi du dossier, signe que les autorités privilégient pour l’heure la piste d’un acte volontaire mais pas d’un attentat.

Le suspect n’était pas connu des autorités comme un extrémiste. Il s’était toutefois fait remarquer dans le passé par des insultes, violation de domicile et harcèlement, selon les médias allemands.

– Défilés autorisés mardi

Ces faits interviennent dans un contexte tendu en Allemagne, en particulier dans cet Etat de Hesse frappé mercredi par un double attentat raciste qui a fait neuf morts à Hanau.

Les autorités allemandes sont sur le qui-vive concernant la menace islamiste, particulièrement depuis un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique qui avait fait 12 morts en décembre 2016 à Berlin.

Mais la menace d’un terrorisme d’extrême droite inquiète désormais tout autant, après le meurtre d’un élu allemand pro-migrants en juin 2019 à Kassel, également en Hesse, puis une attaque visant une synagogue de Halle en octobre 2019, et enfin l’attentat de Hanau.

Les régions catholiques de l’Ouest et du Sud de l’Allemagne en particulier ont célébré ces derniers jours le carnaval, rendez-vous annuel costumé très attendu.

Lundi, la police avait annoncé « par mesure de précaution » l’annulation de tous les défilés dans l’Etat de Hesse. Mardi, le ministère de l’Intérieur du Land a donné son feu vert pour que les défilés encore prévus puissent avoir lieu.

Afghanistan: la trêve « respectée », Washington entrevoit une opportunité « historique »

La trêve partielle inédite en Afghanistan était globalement respectée mardi à son quatrième jour, permettant aux Etats-Unis d’afficher leur optimisme sur la signature samedi d’un accord « historique » avec les talibans.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a toutefois lancé une mise en garde à peine voilée aux autorités de Kaboul, qui s’entredéchirent sur les résultats de la dernière élection présidentielle, afin qu’elles n’entravent pas cette « énorme opportunité politique ».

« Nous sommes à l’orée d’une opportunité historique pour la paix », a-t-il martelé mardi depuis Washington. « La réduction de la violence est respectée, de manière imparfaite mais ça fonctionne », a-t-il assuré, tandis que le chef des forces américaines en Afghanistan, le général Scott Miller, confirmait « une tendance à la baisse de la violence ».

A Kaboul aussi, le ministère de l’Intérieur a fait état d’une diminution des « attaques ennemies » depuis l’entrée en vigueur samedi de cette trêve partielle d’une semaine entre les Etats-Unis, les forces afghanes et les talibans.

Selon une source sécuritaire interrogée par l’AFP, les attaques talibanes ont chuté de 75 à 15 par jour en moyenne depuis le début de cette phase officiellement baptisée « réduction de la violence ».

Cinq membres des forces de sécurité afghanes ont toutefois été tués mardi dans trois attaques attribuées aux talibans par le gouvernement. Les talibans ont explicitement revendiqué deux de ces trois attaques.

Ces incidents n’ont pas été considérés de nature à remettre en cause la trêve — « la première pause d’une semaine dans la violence concernant toutes les parties en 19 années de guerre », a souligné Mike Pompeo.

– « Voix des femmes » –

Si elle tient jusqu’à samedi, les Etats-Unis signeront avec les talibans à Doha, au Qatar, un accord négocié depuis un an et demi.

Ce texte doit permettre à l’armée américaine d’entamer son retrait voulu par Donald Trump, mais aussi par une grande partie de la classe politique et de l’opinion américaines: les troupes en Afghanistan passeraient dans un premier temps de 12.000 ou 13.000 soldats actuellement à 8.600, avant de nouveaux départs progressifs qui n’auront lieu que si les talibans respectent leurs propres engagements.

Les insurgés promettent en effet, en contrepartie au départ des Américains qu’ils réclament de longue date, de fournir des garanties sécuritaires en matière de contreterrorisme, et d’entamer immédiatement des négociations de paix directes sans précédent avec les autorités de Kaboul.

La paix elle-même, dans ce pays exsangue après tant d’années de conflits, ne découlerait donc pas de l’accord de samedi, mais de ces pourparlers interafghans qui s’annoncent compliqués tant la classe politique afghane apparaît divisée face aux talibans.

Le président sortant Ashraf Ghani a été proclamé la semaine dernière vainqueur de l’élection de septembre, mais le chef de l’exécutif Abdullah Abdullah conteste ces résultats et revendique aussi la victoire.

Les deux hommes prévoyaient initialement de prêter serment le même jour, jeudi, à la tête de gouvernements rivaux.

Un obstacle qui risquait de faire dérailler les efforts américains. Finalement, ils ont accepté de reporter leurs investitures respectives, selon Washington et le camp Abdullah.

Le département d’Etat américain a exhorté « toutes les parties » à s’unir pour mettre en place une délégation « pleinement représentative » pour négocier avec les talibans.

Fait notable, les Etats-Unis n’ont toujours pas félicité le président Ghani pour sa réélection, se bornant à « prendre acte » des résultats et des contestations.

Mais sans s’adresser à un camp en particulier, Mike Pompeo a prévenu tous ceux qui « veulent faire dérailler » le processus de paix, car ils ont « tout intérêt à préserver le statu quo »: « nous n’allons pas les laisser faire ».

Le chef de la diplomatie américaine s’est montré tout aussi évasif au sujet des droits humains, et particulièrement des droits des femmes, dont plusieurs acteurs de la société civile afghane s’inquiètent qu’ils soient en danger en cas de participation des talibans à de futures institutions.

« Notre mission est de faire en sorte que les Afghans parviennent à une solution qui soit une solution afghane », a-t-il éludé, se disant tout juste « confiant » quant au fait que ce processus permettra aux « voix des femmes » et « des minorités » de se faire entendre.

Syrie: le régime reprend Kafranbel, 20 civils tués dans des frappes à Idleb

Au moins 20 civils ont été tués mardi dans des bombardements du régime syrien sur la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, où le régime a reconquis la ville symbolique de Kafranbel, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Selon l’OSDH, neuf enfants font partie des victimes des frappes aériennes et des tirs d’artillerie menés sur la ville d’Idleb et les localités de Binnich et Maaret Misrine.

« Dix civils, dont six enfants, ont péri dans des frappes aériennes du régime syrien sur la localité de Maaret Misrine dans la province d’Idleb, tandis que six civils ont été tués dans la ville d’Idleb, dont un écolier et trois enseignants, dans des tirs d’artillerie ayant visé plusieurs écoles », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

« Quatre autres civils, dont une mère et ses deux enfants, sont morts dans des bombardements de Damas sur la localité de Binnich », selon M. Abdel Rahmane.

L’ONG Save The Children a fermement déploré la mort des civils à Binnich, appelant à épargner les écoles.

« Les écoles doivent être des refuges pour les enfants, même dans une zone de conflit », a déclaré la directrice de l’organisation Sonia Khush.

« Les attaques d’aujourd’hui sont un autre signe que les combats dans le nord-ouest de la Syrie ont atteint des niveaux catastrophiques de violence contre les enfants et les civils ».

Les civils « sont toujours confrontés à la terreur quotidienne (…). Nulle part n’est sûr, même pas l’école », a poursuivi la directrice de l’ONG.

Lundi, l’ONU a prévenu que les combats se rapprochaient « dangereusement » des camps de déplacés, risquant de provoquer un « bain de sang ».

A Genève, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est dit mardi « vivement préoccupé » par la situation.

– « Capitulation » –

A une cinquantaine de kilomètres au sud de Binnich et Maaret Misrine, la ville de Kafranbel a été reprise mardi par le régime syrien, soutenu par l’aviation russe, a annoncé l’OSDH.

Cette localité, située dans le sud de la province d’Idleb, est l’une des premières villes à s’être ralliée à la contestation anti-Bachar al-Assad.

Le régime a également repris 18 autres villages et localités dans le sud d’Idleb au cours des dernières 48 heures, selon l’OSDH.

Ces dernières semaines, le régime syrien a pu conquérir près de la moitié de la province d’Idleb, contrôlée depuis des années par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, et des groupes rebelles.

Depuis décembre, Damas mène avec l’appui de l’aviation russe une offensive d’envergure dans le nord-ouest syrien. Celle-ci a tué plus de 400 civils, selon l’OSDH, et déplacé près de 900.000 personnes d’après l’ONU, soit l’exode le plus massif en une si courte période depuis le début de la guerre syrienne en 2011.

Parmi les déplacés, 170.000 civils vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés, faute de place dans les camps de déplacés bondés.

La région d’Idleb –qui inclut également des segments des provinces voisines de Lattaquié, Alep et Hama– abrite trois millions de civils, dont la moitié a déjà été déplacée d’autres régions reconquises par le régime.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov a rejeté mardi les appels au cessez-le-feu, estimant que ce serait une « capitulation face aux terroristes ».

Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.

Libérée des geôles pakistanaises, Asia Bibi « espère » rentrer un jour au pays

La chrétienne pakistanaise Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème en 2010 et acquittée huit ans plus tard avant de trouver refuge au Canada, a confié mardi son espoir de pouvoir rentrer un jour au Pakistan.

De passage à Paris pour promouvoir son livre autobiographique « Enfin Libre! », elle a évoqué sa nouvelle vie au Canada, qui lui a accordé un permis de séjour d’un an, lors d’un entretien avec l’AFP.

« Je n’ai pas encore visité le Canada. La plupart du temps, je reste à la maison (…) Je ne sors pas beaucoup, surtout en raison du froid et de la neige », a raconté cette ancienne ouvrière agricole de 48 ans, qui s’exprimait en ourdou, via un traducteur en anglais.

Illettrée, Asia Bibi ne maîtrise aucune des deux langues officielles du Canada, le français et l’anglais. Mais elle a trouvé dans son pays d’accueil une sécurité qu’elle n’a pas connue depuis des années.

Elle vit avec son époux Ashiq, 58 ans, et ses deux filles Eisha (21 ans) et Eisham (20 ans) dans un appartement de trois pièces, à l’adresse gardée secrète en raison des menaces dont elle reste la cible.

Ses soeurs, son frère, son père et sa belle-famille lui manquent. Mais plus que tout, sa « culture et (sa) nourriture ! », sourit-elle.

« Personne ne peut oublier son pays natal », dit-elle, confiant son espoir que la situation de son pays évolue et lui permette d’y revenir un jour. « Je l’espère vraiment, tout comme je gardais l’espoir d’être libérée un jour quand j’étais en prison ».

– Un avenir en France ? –

Mme Bibi avait été condamnée à mort pour « blasphème » à la suite d’une dispute avec des villageoises musulmanes au sujet d’un verre d’eau. Le blasphème est un sujet incendiaire au Pakistan, où de simples accusations suffisent parfois à entraîner des lynchages meurtriers.

Une condamnation sans aucun fondement, a répété mardi Asia Bibi.

« En aucun cas (…) Il ne me viendrait jamais à l’idée d’insulter un prophète », a insisté cette ardente catholique.

S’en était suivie une longue saga judiciaire qui avait divisé le pays et ému la communauté internationale, attirant l’attention des papes Benoît XVI et François.

Après avoir passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort au Pakistan, jusqu’à son acquittement en octobre 2018, elle vit depuis mai 2019 au Canada.

Son livre – co-écrit avec la journaliste française Anne-Isabelle Tollet qui a mené campagne pour sa libération – retrace ces dix années de calvaire, entre maltraitances et menaces de mort, jusqu’au fond d’une geôle crasseuse.

Où ira t-elle dans un futur proche? Asia Bibi ne le sait pas encore.

« Je n’ai pas décidé. Je sais que l’Union européenne travaille très dur sur mon cas et qu’ils sont ceux qui vont décider où je vais vivre », explique celle qui devrait « très probablement » aborder le sujet d’une demande d’asile à la France lors d’une rencontre avec le président Emmanuel Macron vendredi.

Mardi, Asia Bibi a été faite citoyenne d’honneur de la ville de Paris, par la maire Anne Hildago, une distinction symbolique.

« Votre courage, votre calme, votre force intérieure nous a époustouflés. Vous êtes une leçon de vie », a lancé Mme Hidalgo lors de la cérémonie, ajoutant qu’elle soutiendrait sa demande d’asile en France.

Egypte: les trois décennies au pouvoir d’Hosni Moubarak

Rappel des grandes dates de l’Egypte depuis l’arrivée au pouvoir d’Hosni Moubarak –décédé mardi au Caire– en 1981 à son départ en 2011, emporté dans le tumulte du Printemps arabe, après 18 jours d’une révolte contre son régime.

– Accession au pouvoir –

Le 13 octobre 1981, Hosni Moubarak, vice-président depuis 1975, succède au président Anouar al-Sadate, assassiné une semaine auparavant par des jihadistes, lors d’une cérémonie militaire au Caire. L’état d’urgence est décrété et sera maintenu en permanence durant son règne.

Hosni Moubarak va s’appuyer sur un redoutable appareil policier et sur un système politique dominé par un parti présidentiel à sa dévotion.

– L’Egypte réintègre la Ligue arabe –

Le 25 avril 1982, Israël se retire du Sinaï, à la suite des accords de paix de 1979.

Les 25 et 26 février 1986, des émeutes de conscrits de la police au Caire, protestant contre leurs conditions salariales et sociale, font 107 morts et plus de 700 blessés.

En mai 1989, l’Egypte retrouve sa place au sein de la Ligue arabe, qu’elle avait perdue en 1979 pour avoir pactisé avec Israël.

– Moubarak échappe à un attentat –

Le 26 juin 1995, Hosni Moubarak échappe à une tentative d’attentat à Addis Abeba, lorsque des assaillants coupent la route à son cortège et criblent de balles son véhicule blindé amené spécialement du Caire. L’attentat est revendiqué par le groupe armé islamiste Jamaa Islamiya.

Le président Moubarak sera visé par au moins six tentatives d’assassinat.

– Violences islamistes –

Le 17 novembre 1997, 62 personnes, dont 58 touristes pour la plupart suisses et japonais, sont tuées à Louxor (Haute-Egypte), dans une attaque à la mitraillette et au poignard revendiquée par la Jamaa islamiya.

Le 3 janvier 2000, 22 personnes trouvent la mort en Haute-Egypte dans les pires affrontements entre musulmans et chrétiens depuis vingt ans.

Le 7 octobre 2004, 34 personnes, parmi lesquelles plusieurs touristes israéliens, sont tuées et 105 blessées dans un triple attentat perpétré dans le Sinaï contre l’hôtel Hilton de Taba, à la frontière égypto-israélienne, et contre deux camps de vacances à Noueiba, à 470 kilomètres au sud-est du Caire).

Le 23 juillet 2005, quelque 70 personnes, dont de nombreux Occidentaux, périssent dans une série d’attentats à c(Sinaï).

– Percée des Frères musulmans –

Du 9 novembre au 7 décembre 2005, les Frères musulmans, officiellement interdits mais tolérés dans les faits, obtiennent lors des élections législatives 88 sièges (sur 454) au Parlement, devenant la principale force d’opposition.

Leurs candidats s’étaient présentés sous l’étiquette « indépendants », en raison de l’interdiction de fonder des partis politiques sur des bases religieuses.

– Parti présidentiel renforcé –

Le libéralisme économique s’accentue dans le pays, permettant d’amorcer un décollage économique, même s’il aggrave les inégalités et le mécontentement social.

Les nouvelles législatives du 28 novembre au 5 décembre 2010 permettent au pouvoir de consolider sa domination parlementaire, au prix d’accusations de fraude et de critiques internationales.

Le Parti national démocrate (PND, au pouvoir) rafle près de 83% des sièges après le retrait au second tour des Frères musulmans qui dénonçaient des fraudes. L’opposition laïque n’obtient qu’environ 3% des sièges.

– Moubarak chassé du pouvoir –

Le 25 janvier 2011, débutent des manifestations massives contre Hosni Moubarak. Le 1er février, plus d’un million de manifestants défilent dans le pays. Une marée humaine envahit la place Tahrir, au Caire, épicentre de la contestation.

Le 11 février, Moubarak démissionne et remet ses pouvoirs au Conseil suprême des forces armées. La répression du soulèvement a fait au moins 850 morts.

Le coronavirus en France: 1 décès, 11 guéris, et 2 nouveaux cas

Sur les quatorze cas avérés en France d’infection au nouveau coronavirus, un Chinois est mort à Paris, 11 autres patients sont guéris et deux nouveaux cas ont été déclarés mardi.

– Un octogénaire décédé –

Après plusieurs jours en réanimation à l’hôpital Bichat à Paris, un touriste chinois de 80 ans meurt le 14 février. Son décès annoncé le lendemain a été le tout premier officiellement enregistré en Europe.

Arrivé en France le 23 janvier, cet homme originaire de la province de Hubei avait, dans un premier temps, consulté les urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou le 25 janvier mais n’avait pas été repéré comme un cas suspect car il ne correspondait pas aux critères. Il avait de la fièvre mais ni toux ni signe respiratoire et ne venait pas de Wuhan, épicentre de l’épidémie, mais d’une ville à 400 km au nord.

Il a ensuite développé des problèmes respiratoires qui ont motivé un changement de son classement et le test s’est révélé positif le 28 janvier.

– Dix guérisons –

+ La fille de 50 ans du patient décédé, contaminée et hospitalisée à Bichat, a été déclarée guérie.

+ Un couple de Chinois, qui avait fait partie des premiers cas annoncés le 24 janvier, est sorti de l’hôpital le 12 février. L’homme de 31 ans et la femme de 30 ans originaires de Wuhan étaient arrivés en France le 18 janvier.

+ Le 13 février, un patient de 48 ans a pu sortir à son tour après 22 jours d’hospitalisation à Bordeaux. Cet homme d’origine chinoise était rentré en France le 22 janvier après être notamment passé par Wuhan. Il avait été hospitalisé après s’être présenté à SOS-Médecins avec toux et fièvre. Selon l’équipe médicale, il été traité avec du remdesivir, un antiviral « prometteur ».

+ Un médecin hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, est sorti le 14 février. Ce premier cas avéré de transmission sur le sol français avait été annoncé le 30 janvier: il s’agit d’un médecin libéral qui a été contaminé par un patient chinois, parti ensuite pour Taïwan où il a déclaré la maladie.

Le chef de service des maladies infectieuses de cet hôpital, le Pr Eric Caumes, a indiqué que ce patient avait suivi un traitement expérimental, basé sur des molécules utilisées « dans d’autres maladies virales ».

+ Six Britanniques, dont un enfant, avaient été contaminés par un compatriote de retour de Singapour qu’ils avaient côtoyé dans un chalet des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie) où il avait séjourné quelques jours fin janvier avant de repartir dans son pays. Hospitalisés à Grenoble, à Lyon et Saint-Etienne, ils ont tous pu ressortir depuis.

– Deux nouveaux cas –

Le ministère de la Santé a annoncé mardi 25 février deux nouveaux cas confirmés en France, portant à 14 le total des cas de coronavirus enregistrés dans le pays depuis janvier.

Il s’agit d’une « jeune femme chinoise revenue de Chine le 7 février, qui est hospitalisée à Paris » pour simple « surveillance » et qui « va très bien », a précisé le directeur général de la Santé, le Pr Jérôme Salomon. Elle a été testée négative au nouveau coronavirus mais était porteuse de « traces de guérison », a-t-il précisé. « Nous avons déjà testé son conjoint qui est négatif » et « quatre personnes » qui ont été en contact avec elles vont être placées en quarantaine, a-t-il souligné.

Quant au 14e cas, il s’agit d' »un homme Français qui rentre d’un séjour en Lombardie et qui est actuellement hospitalisé en région Auvergne-Rhône Alpes », une région frontalière de l’Italie, a ajouté le responsable. « Son état n’inspire pas d’inquiétude » et la recherche des personnes avec qui il a eu des contacts démarre tout juste, a indiqué le Pr Salomon, sans pouvoir donner plus de détails à ce stade sur cette personne.

– Plus de 350 passages en quarantaine –

Depuis le début de l’épidémie, plus de 350 personnes ont été placées en quarantaine en France après avoir été rapatriées de Wuhan en quatre vagues: trois avions affrétés par la France sont arrivés les 31 janvier, 2 février et 21 février avec à leur bord ressortissants français et étrangers, et un vol opéré par les Britanniques, via Londres, le 9 février.

Certains passagers étrangers sont repartis directement dans leur pays. Les Français et étrangers restés en France ont été confinés pendant 14 jours, durée maximale d’incubation du virus, dans trois lieux.

Les 225 accueillis dans un centre de vacances à Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône) sont tous déjà ressortis, d’abord 181 le 14 février puis 44 le 16 février.

Sur les 113 hébergés dans un centre de formation des officiers de sapeurs-pompiers à Aix-en-Provence, 78 sont sortis le 16 février. Les 35 personnes arrivées via Londres sont quant à elles ressorties dimanche 23 février.

La quatrième vague de 28 Français est arrivée ce vendredi dans un centre de vacances du village de Branville, dans le Calvados.

– Les Français du Diamond Princess –

Quatre Français étaient à bord du paquebot Diamond Princess, placé en quarantaine au Japon et qui reste le plus important foyer de contagion hors de Chine.

Trois d’entre eux, positifs au test, ont été hospitalisés au Japon, le quatrième est un membre d’équipage toujours à bord.

bur-abb-BC-abd-fpo/ial/or

Coronavirus: Xi Jinping promet aide et matériel à l’Afrique

La Chine est prête à offrir assistance et matériel médical aux pays africains face à l’épidémie de coronavirus, qui constitue pour eux un défi de santé publique, a déclaré mardi le président chinois Xi Jinping.

Jusqu’à présent, l’Egypte est le seul Etat d’Afrique à avoir enregistré un cas confirmé de contamination.

Mais l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a averti que les systèmes de santé et les infrastructures sanitaires du continent étaient mal équipés pour affronter le coronavirus si les cas se multipliaient.

« Les pays africains sont confrontés à de nombreux défis en matière de prévention et de contrôle de l’épidémie », a souligné Xi Jinping lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.

« La Chine est disposée à fournir aux pays africains le matériel médical dont ils ont un besoin urgent, y compris des tests de dépistage », a-t-il déclaré selon l’agence officielle Chine nouvelle.

Xi Jinping a également promis un renforcement de « la coopération sino-africaine en matière de santé publique et de prévention et de contrôle des maladies », sans offrir de précision.

Selon l’OMS, si des cas de contamination apparaissaient en grand nombre, les pays africains pourraient être confrontés à des pénuries de kits de dépistage et d’équipement de protection comme des masques.

Les systèmes de santé devront prendre en charge des malades atteints de défaillances respiratoires, de chocs septiques ou de défaillance simultanée de plusieurs organes, a relevé son directeur Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Ces patients ont besoin de soins intensifs nécessitant des équipements comme des appareils d’assistance respiratoire qui manquent dans de nombreux pays africains, et c’est une source de préoccupation », a-t-il déclaré.

La Chine avait envoyé en 2014 des centaines de médecins, épidémiologistes, ingénieurs, infirmiers et techniciens en Afrique de l’Ouest pour combattre l’épidémie d’Ebola.

Naomi Campbell sur le podium pour une percée de la mode africaine à Paris

Naomi Campbell a foulé le podium lundi pour le premier défilé parisien du Nigerian Kenneth Ize, à l’ouverture de la semaine du prêt-à-porter féminin.

En robe à franges en aso oke, tissu à larges rayures multicolores créé par le peuple Yoruba d’Afrique de l’Ouest, cher au styliste, la top modèle noire, sa « marraine » et cliente, a clos le défilé au Palais de Tokyo.

« Naomi Campbell a rendu ce défilé possible », a déclaré le créateur de 29 ans à la presse en coulisse en se disant « submergé » d’émotions.

Originaire de Lagos et diplômé de l’Université des arts appliqués de Vienne où il a grandi, il puise dans le patrimoine textile de son pays pour des coupes contemporaines comme des ensemble bomber-mini-jupe ou des tailleurs pantalon portés avec des mules à talon bas.

Vert pomme ou émeraude, mauve, fuchsia, bleu électrique: la palette des couleurs est riche et joyeuse.

« Cette collection est sur ma religion, l’amour, ce que je suis, les gens en qui je crois et sur le partage », a-t-il souligné.

– tabou sur le wax –

Le styliste nigérian, finaliste en 2019 du prestigieux prix LVMH, est l’un des quatre nouveaux entrants au calendrier officiel de Paris Fashion week, où les jeunes créateurs venus du monde entier défilent aux côtés des maisons historiques comme Dior, Chanel ou Louis Vuitton.

Le Sud-Africain Thebe Magugu, premier Africain à avoir remporté à 26 ans le prix LVMH 2019, entre pour sa part au calendrier officiel des présentations et dévoilera sa collection mardi.

Le Camerounais Imane Ayissi a de son côté fait une percée historique en janvier, étant le premier ressortissant de l’Afrique subsaharienne à intégrer le club élitiste de la haute couture à Paris.

Tout comme Kenneth Ize, il avait fait découvrir au public des savoir-faire africains peu connus: des tie and dye teints au Cameroun; des kente, tissages traditionnels de l’ethnie Akan, que l’on trouve au Ghana et en Côte d’Ivoire et portés à l’origine par la noblesse; ou de l’obom, une peau végétale produite à partir d’écorce d’arbre qui a décoré des tenues du soir.

Jugeant que l’Afrique a « mieux à montrer », les deux boudent le wax, ce tissu inspiré du batik indonésien, industrialisé en Europe et adopté par l’Afrique, continent auquel il est largement associé.

Le Coréen Kiminte, créateur de sa marque Kimhekim a de son côté revisité les vêtements traditionnels coréens comme hanbok (costume), chima (jupe), dopo (manteau) et même les chaussettes busun qui, portées avec des sandales, créent l’illusion de bottes.

Ces pièces mixées avec jeans et T-shirt composent des looks tout à fait portables accessoirisés avec des bijoux-miroirs et des coeurs inspirés d’un dessin d’Andy Warhol découpés en organza.

La Japonaise Maiko Kurogouchi s’est inspirée des paysages islandais pour sa collection déclinée autour du thème de « tissage » en noir, blanc cassé et couleurs de terre pour sa marque Mame Kurogouchi.

Certaines pièces tissées comme des paniers sont superposées en plusieurs couches pour des silhouettes enveloppantes mais tout en légèreté. Escarpins à kitten heal ou bottines à semelles compensée créés avec collaboration avec Tod’s.

Libye: l’ONU maintient des pourparlers à Genève malgré les incertitudes

L’ONU s’efforce mardi d’empêcher la rupture de pourparlers interlibyens à Genève, au lendemain de l’annonce par les deux camps rivaux de la suspension de leur participation au dialogue politique censé démarrer mercredi.

Plus de huit ans après la chute de Mouammar Kadhafi, qui a plongé la Libye dans le chaos, ces pourparlers politiques visent notamment à mettre fin aux divisions et former un nouveau gouvernement unifié.

Entamé en 2017 et interrompu à plusieurs reprises, ce processus a été mis à mal en avril 2019 lorsque le maréchal Haftar, homme fort de l’est de la Libye, a lancé une offensive pour prendre Tripoli, siège du Gouvernement national d’union (GNA), reconnu par l’ONU.

Le porte-parole de la mission de l’ONU en Libye (Manul), Jean El Alam, a affirmé mardi à l’AFP que le lancement « du dialogue politique débutera demain (mercredi) comme prévu ».

Ces discussions doivent inclure 13 représentants du Parlement, basé dans l’est du pays et qui appuie le maréchal Khalifa Haftar, 13 représentants du Haut conseil d’Etat (équivalent d’un sénat) qui soutient le GNA, et des personnalités invitées par l’émissaire de l’ONU, Ghassan Salamé.

« L’ONU s’attend à ce que les pourparlers aient lieu demain », a également déclaré Rhéal Leblanc porte-parole des Nations unies à Genève, lors d’une conférence de presse.

– « Progrès considérables » –

Lundi pourtant, le parlement pro-Haftar et son rival le Haut conseil d’Etat ont annoncé séparément avoir « suspendu » leur participation aux pourparlers politiques, invoquant des raisons différentes.

Des sources parlementaires à Tripoli et à Benghazi (est) ont indiqué à l’AFP que la Manul tentait mardi de les convaincre d’y prendre part.

Dans un communiqué, la Manul a appelé les différentes parties « à placer les intérêts de la Libye et des Libyens au-dessus de toute autre considération afin de mettre fin rapidement aux souffrances de leur propre peuple, qui paie un lourd tribut chaque jour ».

Les ambassades de France, d’Allemagne, d’Italie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, ainsi que la délégation de l’Union européenne en Libye, ont aussi appelé dans un communiqué les deux camps à « ne pas faire obstruction » au dialogue.

Elles se sont félicitées par ailleurs des « progrès considérables accomplis dans les pourparlers facilités par l’ONU à Genève vers un cessez-le-feu durable en Libye ».

Le texte fait référence à la réunion d’une Commission militaire conjointe qui s’est réunie jusqu’à dimanche à Genève.

A l’issue de ces pourparlers indirects, les deux camps sont parvenus à un « projet d’accord de cessez-le-feu » qui doit être finalisé en mars, selon la Manul.

L’agenda des discussions à Genève « sera inspiré de la grande conférence nationale (qui visait à organiser des élections) que nous tentions de faire l’année dernière si la guerre n’avait pas éclaté », a indiqué M. Salamé à l’AFP.

Une trêve a été conclue en janvier sous les auspices de la Russie, soutien du maréchal Haftar, et de la Turquie, alliée de M. Sarraj, mais elle a été régulièrement violée.

Depuis le début de l’offensive du maréchal Haftar sur Tripoli, les affrontements ont fait plus de 1.000 morts.

L’ONU a dénoncé l’ingérence de plusieurs acteurs internationaux dans le conflit en Libye, et en janvier à Berlin, les représentants d’une douzaine de pays, soutenant l’un ou l’autre camp, avaient promis de ne plus interférer dans les affaires intérieures libyennes.

– Turcs tués en Libye –

La Turquie qui a déployé ces dernières semaines des militaires pour soutenir le GNA a fait état mardi de la mort de deux soldats turcs en Libye.

Dans l’autre camp, le maréchal Haftar est soutenu notamment par les Emirats arabes unis et l’Egypte. Selon plusieurs pays, des mercenaires russes combattent en outre à ses côtés.

La Libye est minée par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Cette instabilité a empêché ce riche pays qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique de profiter pleinement de sa manne pétrolière, sa seule source de revenu.

La Compagnie nationale de pétrole (NOC) a déploré mardi la chute de la production à 122.430 barils par jour contre plus de 1,2 million, avant que des groupes pro-Haftar commencent à bloquer le 18 janvier les principaux sites pétroliers du pays.

La NOC a estimé le manque à gagner à plus de 2,1 milliards de dollars depuis le début de ce blocage.

Une ancienne ministre des Finances du Liberia bientôt adjointe de la dirigeante du FMI

Une ancienne ministre des finances du Liberia, Antoinette Sayeh, va devenir directrice générale adjointe du Fonds monétaire international (FMI) à compter du 16 mars, a annoncé mardi l’institution de Washington dans un communiqué.

C’est la dirigeante du Fonds, Kristalina Georgieva, qui a elle-même proposé cette nomination après le départ de la directrice administrative, Carla Grasso, annoncé début février.

Sollicité par l’AFP, le FMI n’était pas en mesure de dire si Mme Sayeh, ressortissante du Liberia et ancienne ministre des finances de ce pays de 2006 à 2008, avant son entrée au FMI comme directrice du département Afrique, allait remplacer cette dernière dans ses fonctions.

« Antoinette est très connue et très respectée pour avoir occupé (au FMI) le poste de directrice du département Afrique entre 2008 et 2016 où elle a mené une transformation importante des relations du Fonds avec nos pays membres africains », a commenté Kristalina Goergieva, citée dans le communiqué.

Depuis 2016, Mme Sayeh est membre émérite du Center for Global Development (CGD).

En tant que ministre des Finances au lendemain du conflit que le Liberia avait connu, Mme Sayeh avait piloté l’apurement des arriérés, accumulés de longue date, de la dette multilatérale du pays.

Elle avait, en outre, géré les négociations avec le Club de Paris et oeuvré à l’élaboration de la première Stratégie de réduction de la pauvreté.

« Ce faisant, Mme Sayeh a considérablement renforcé les finances publiques du Liberia tout en promouvant la réforme de la gestion des finances de l’Etat », selon le FMI.

Avant d’entrer au gouvernement de la Présidente Ellen Johnson Sirleaf, Mme Sayeh avait travaillé à la Banque mondiale pendant 17 ans, notamment en qualité de directrice des opérations pour le Bénin, le Niger et le Togo et comme économiste pour le Pakistan et l’Afghanistan.

Elle est titulaire d’une licence en économie de Swarthmore College en Pennsylvanie (Etats-Unis) et d’un doctorat en relations économiques internationales de la Fletcher School de l’université Tufts dans le Massachussetts.

Les grandes dates d’Hosni Moubarak

Les grandes dates de la vie de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak, décédé mardi et chassé du pouvoir en février 2011 lors d’un soulèvement populaire qui a secoué l’Egypte dans le contexte du Printemps arabe

– 4 mai 1928: Naissance à Kafr-el-Meselha, dans le delta du Nil.

– 1950: Il entre à l’Académie de l’Armée de l’air égyptienne.

– 1972: Il devient commandant en chef des forces aériennes et ministre des Affaires militaires.

– avril 1975: Il est nommé vice-président de la République.

– 1978: Il devient vice-président du Parti national démocrate (PND) au pouvoir.

– 1981: Il succède au président Anouar al-Sadate, assassiné par des islamistes, le 6 octobre au Caire.

– 11 février 2011: Après 30 ans au pouvoir, il doit démissionner au 18e jour d’une révolte populaire.

– 2 juin 2012: Il est condamné à la prison à vie pour complicité dans la mort de manifestants, mais la justice ordonne un nouveau procès.

– novembre 2014: Un autre tribunal ordonne l’abandon des accusations, blanchissant Moubarak, mais le parquet introduit un recours en cassation.

– janvier 2016: La cour d’appel confirme une peine de trois ans de prison pour Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, dans une affaire de corruption.

– mars 2017: Acquitté définitivement dans le procès pour la mort de manifestants, puis libéré de l’hôpital militaire du Caire où il a été détenu quasiment sans discontinuité depuis 2011.

– 25 février 2020: Mort d’Hosni Moubarak dans un hôpital militaire au Caire.

Moubarak, l’autocrate déchu à l’image corrompue

Hosni Moubarak a promené sa silhouette trapue et ses lunettes noires pendant 30 ans sur la scène internationale, mais dans l’histoire, l’ex-président égyptien –détrôné lors du Printemps arabe– restera le dirigeant d’un régime corrompu.

Décédé mardi à l’âge de 91 ans, l’ancien raïs avait été contraint à la démission devant le soulèvement populaire de 2011, alors qu’il était devenu l’un des dirigeants africains les plus anciens.

Hosni Moubarak est vice-président le 6 octobre 1981 lorsque son destin bascule. Assis en grand uniforme aux côtés d’Anouar el-Sadate lors d’un défilé militaire, il échappe aux balles des islamistes visant le président égyptien, artisan d’un accord de paix avec Israël signé deux ans plus tôt.

Légèrement blessé dans l’attentat, cet ancien pilote de chasse, connu pour sa santé de fer et son mode vie ascétique, remplace alors le président assassiné à la tête du pays. Sa « baraka » devait ensuite lui servir pour échapper à six autres tentatives d’assassinat.

Il s’installe à la tête du pays, maintenant en place pendant trois décennies l’état d’urgence décrété après l’attentat.

– « L’histoire me jugera » –

Mais comparé à ses prédécesseurs –le charismatique Gamal Abdel Nasser et le politicien rusé Sadate– il fait pâle figure et sera rapidement surnommé « la vache qui rit », pour sa ressemblance supposée avec la célèbre mascotte du fromage français.

Bien avant sa chute, ses détracteurs lui ont reproché d’être corrompu, de manquer de charisme et de ne pas mener à bien les réformes nécessaires.

« Il avait cette image de personnage corrompu à travers les activités de ses fils et ses liens avec les hommes d’affaires du pays », raconte Mostafa Kamel el-Sayyed, professeur de sciences politiques à l’université du Caire en évoquant les affaires sulfureuses des deux fils Alaa et Gamal.

Après sa chute, le président a dû répondre à une série d’accusations de corruption. Lui et ses deux fils ont notamment été condamnés à trois ans de prison pour un détournement de quelque 10 millions d’euros.

Toutefois, « l’économie a eu un taux de croissance respectable » pendant les années Moubarak, nuance M. el-Sayyed, avant de préciser que la période a été également marquée par « un certain degré de liberté d’expression, avec des télévisions indépendantes et des journaux d’opposition » autorisés sous la pression de l’allié américain.

Jusqu’au dernier moment, le président a défendu son bilan: le 1er février 2011, en plein soulèvement populaire qui devait précipiter sa chute, il déclarait: « Ce pays, j’y ai vécu, j’ai fait la guerre pour lui, et l’histoire me jugera ».

Pragmatique, volontiers patelin, aimant les tournées à travers le pays, il est pourtant très vite apparu comme coupé du peuple et orgueilleux, s’appuyant sur un redoutable appareil policier et un système politique dominé par un parti unique à sa dévotion.

Des élections sont organisées sur fond de soupçons de fraude. En 2005, il l’emporte haut la main et son principal opposant Ayman Nour est mis en prison.

S’il s’est montré un adversaire résolu de l’islamisme radical façon Al-Qaïda, il n’a pas réussi à endiguer la montée progressive de l’islam traditionaliste des Frères musulmans.

– Pilier modéré –

En politique étrangère, M. Moubarak est resté résolument pro-américain, préservant l’accord de paix avec Israël. S’imposant comme une figure familière des réunions internationales, il a fait de son pays un pilier modéré au sein du monde arabe.

Né le 4 mai 1928 dans une famille de la petite bourgeoisie rurale du delta du Nil, Mohammed Hosni Moubarak a été pilote de Spitfire dans les années 1950, avant de gravir un à un les échelons de la hiérarchie. Chef de l’armée de l’air pendant la guerre du Kippour en 1973, il était nommé vice-président deux ans après.

A ses côtés, Suzanne, son épouse, a marqué la présidence de son empreinte en intervenant dans le domaine des inégalités entre hommes et femmes, donnant ainsi à son mari une image moderne.

L’ancien autocrate, qui avait espéré passer le flambeau à son fils Gamal provoquant la colère des Egyptiens, a finalement été détrôné par le Printemps arabe.

Par la suite, il est apparu malade devant un tribunal, transporté sur une civière dans une cage métallique. Sa santé a été l’objet depuis sa chute d’incessantes spéculations faisant état tour à tour de dépression aiguë, de cancer, d’accident cardiaque ou de problèmes respiratoires.

Premier président égyptien a avoir été traduit en justice, il n’a été autorisé à quitter l’hôpital militaire où il était détenu qu’en mars 2017. Il avait notamment été condamné à la perpétuité, puis acquitté, pour complicité dans la mort de 846 manifestants durant la révolte.

Mort de Moubarak, le raïs balayé par le Printemps arabe

L’ancien président Hosni Moubarak, maître absolu de l’Egypte pendant 30 ans, balayé en 2011 par le Printemps arabe, emprisonné, puis acquitté, est décédé mardi à l’âge de 91 ans, dans un hôpital militaire au Caire.

Depuis sa démission en février 2011 après 18 jours d’une révolte sans précédent contre son régime, la santé de l’ancien chef d’Etat avait fait l’objet de spéculations dans la presse et sur les réseaux sociaux.

Dépression, cancer, problèmes cardiaques ou respiratoires avaient été évoqués pour l’ex-président, régulièrement hospitalisé en soins intensifs.

Le 24 janvier, son fils Alaa Moubarak avait affirmé sur Twitter que son père avait subi une « opération chirurgicale » et qu’il se portait bien.

Mardi, la nouvelle de son décès à l’hôpital al-Galaa (est du Caire) a été confirmée par la famille et relayée par la télévision égyptienne, qui arbore depuis lors un ruban noir symbolique.

Selon les médias égyptiens, des funérailles militaires en l’honneur de M. Moubarak seront organisées mercredi à la mosquée al-Mouchir Tantaoui, à l’est du Caire.

Et les autorités ont décrété une période de deuil national de trois jours à compter de mercredi en hommage à celui qui est présenté par la présidence comme l’un « héros de la guerre d’octobre 1973 (NDLR: contre Israël) », durant laquelle M. Moubarak avait dirigé l’armée de l’air.

– Traduit en justice –

Emanant de l’ensemble du spectre politique égyptien, les hommages se multiplient sur les réseaux sociaux.

Mohamed el-Baradei, prix Nobel et figure de proue de l’opposition libérale à l’ancien autocrate, a notamment présenté ses condoléances à la famille du défunt.

Ayman Nour, opposant exilé en Turquie et ancien candidat à la présidentielle de 2012, a déclaré sur Twitter lui « pardonner personnellement ».

L’ancien commandant en chef, à la tête pendant 30 ans d’un régime marqué par les abus policiers et la corruption, aura été le premier président du pays à être traduit en justice.

Il a toutefois été blanchi de la plupart des accusations qui pesaient contre lui.

Ses ennuis judiciaires ont été peu à peu éclipsés par l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans en 2012 et la destitution en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi par le général Abdel Fattah al-Sissi, devenu président l’année suivante.

Au fil des années, l’aversion des Egyptiens pour l’ex-président s’est petit à petit muée en une sorte d’indifférence mêlée de nostalgie, son règne étant perçu comme une période de stabilité révolue.

Le maintien contre vents et marées des accords de paix conclus en 1979 avec Israël et sa réputation de « modéré » au sein du monde arabe ont valu à son régime autocratique les faveurs de l’Occident, en particulier des Etats-Unis, dont il est resté un allié indéfectible.

Israël a été parmi les premiers pays à réagir au décès de Moubarak, le Premier ministre Benjamin Netanyahu rendant hommage à un « ami personnel, un leader qui a conduit son peuple à la sécurité et à la paix avec Israël ».

Et le président palestinien Mahmoud Abbas a salué son engagement en faveur de la « liberté et de l’indépendance » du peuple palestinien, alors que l’Egypte de Moubarak avait joué un rôle de médiateur de premier plan durant les périodes de haute tension entre Palestiniens et Israéliens.

– « Conscience tranquille » –

Le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, a également présenté ses condoléances sur Twitter en qualifiant Moubarak de « dirigeant arabe qui a travaillé avec loyauté pour l’unité arabe, et la stabilité, et qui s’est opposé fermement au terrorisme ».

Moubarak s’est montré un adversaire résolu des jihadistes d’Al-Qaïda et des Frères musulmans, sans pour autant parvenir à enrayer la montée de ces derniers.

Chef d’Etat égyptien resté le plus longtemps au pouvoir depuis l’abolition de la monarchie en 1953, il a maintenu en permanence l’état d’urgence.

Lors de son règne, incontesté jusqu’en 2011, l’ouverture des dernières années a valu à l’Egypte une amorce de décollage économique, mais aussi une aggravation des inégalités, du mécontentement social et de la corruption.

Il échappera à plusieurs tentatives d’assassinat, notamment en 1995 à Addis Abeba, quand des assaillants coupent la route à son cortège et criblent de balles son véhicule blindé transporté spécialement du Caire.

« Alors que ma vie approche de son terme, grâce à Dieu j’ai la conscience tranquille et je suis content d’avoir passé (ma vie) à défendre l’Egypte », avait-il déclaré lors d’un de ses procès.

Côte d’Ivoire: le procès en appel d’un président de conseil régional reporté au 24 mars

Le procès en appel du président du Conseil régional du Gbêkê (centre de la Côte d’Ivoire), Jacques Mangoua, condamné à 5 ans de prison, a été reporté au 24 mars, en raison de l’absence de l’accusé, écroué à Abidjan et qui n’avait pas été transféré pour l’audience, au grand dam de la défense.

Encadrés par un important déploiement des forces de l’ordre, quelque 200 militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié et dont M. Mangoua est un des vice-présidents, étaient présents au tribunal de Bouaké (centre), a constaté un journaliste de l’AFP.

Faute de prévenu, le président Tahirou Dembélé a renvoyé l’audience au 24 mars.

« Notre justice se doit d’être sérieuse (…) nous sommes rentrés dans une phase d’usure qui est inadmissible » a protesté Me Luc Adje, l’avocat de M. Mangoua.

M. Mangoua, qui a toujours clamé son innocence, a été condamné le 3 octobre 2019 à cinq ans d’emprisonnement ferme et 5 millions de francs CFA (environ 7.600 euros) d’amende pour détention illégale de munitions de guerre.

L’entourage de M. Mangoua crie au « complot » et au « coup monté : « C’est le président lui-même qui a averti la gendarmerie » de la présence des armes à son domicile, avait assuré à l’AFP Moïse Amani, chargé de mission auprès de M. Mangoua.

« Les enjeux de cette affaire sont ailleurs, M. Mangoua préside une région qui se trouve être la plus grande de la Côte d’Ivoire et qui par conséquent est vitale pour l’élection présidentielle 2020. Il préside une région stratégique et est de l’opposition, alors cela est insupportable pour certains hommes politiques », avait écrit à l’AFP sa fille, Joanne Mangoua.

Sa condamnation avait été suivie de troubles qui avaient fait un mort.

Le Gbeké comprend notamment le village de Béoumi, où avaient eu lieu des violences intercommunautaires ayant fait 16 morts en mai 2019.

Bernie Sanders critiqué pour ses anciens flirts avec des régimes communistes

Des déclarations vantant certains aspects de la révolution cubaine et d’anciens voyages dans des pays communistes reviennent hanter la campagne de Bernie Sanders, l’actuel favori à l’investiture démocrate dans la course pour la Maison Blanche.

Le sénateur, « socialiste » autoproclamé, a déclenché depuis dimanche une cascade de condamnations dans son propre camp pour avoir salué le programme massif d’alphabétisation lancé par Fidel Castro après son arrivée au pouvoir en 1959.

Joe Biden, numéro deux de Barack Obama quand celui-ci a entamé un dégel avec le régime cubain en 2014, a fustigé une « admiration » pour des éléments de la dictature de Castro.

Le milliardaire Michael Bloomberg a rappelé de son côté le « sombre héritage » laissé par le dictateur cubain, et l’ex-maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg a condamné un candidat qui « encourage les gens à regarder le bon côté du régime castriste ».

Des élus démocrates de Floride, un Etat clé de l’élection présidentielle américaine accueillant une importante communauté de réfugiés cubains, ont eux mis en garde contre une victoire républicaine de Donald Trump en novembre si M. Sanders était investi par le parti pour lui faire face.

Pour les adversaires du sénateur du Vermont, cette polémique vient à point pour tenter de freiner sa dynamique victorieuse lors de la primaire en Caroline du Sud samedi.

Preuve que son investiture est devenue une vraie possibilité, Donald Trump l’attaque aussi désormais frontalement, le présentant comme un dangereux « communiste ».

– « La vérité » –

Engagé à gauche très jeune, Bernie Sanders a lutté pour les droits civiques comme étudiant à l’université de Chicago, puis contre la guerre du Vietnam avant d’entrer en politique comme « indépendant ».

En pleine Guerre froide, alors maire de la petite ville de Burlington, il avait fait plusieurs voyages en Union soviétique, à Cuba et au Nicaragua. Des déclarations et des photos datant des années 1980 ont resurgi ces derniers jours dans les médias et sur les réseaux sociaux.

En 1985, il salue sur la chaîne télévisée municipale le programme d’alphabétisation et le système gratuit de santé, même primitif, lancés par les Sandinistes au Nicaragua, où il vient de passer une semaine.

L’année suivante, lors d’un discours à l’université du Vermont, il rappelle son « enthousiasme » à l’annonce de la révolution cubaine, lors de laquelle « les pauvres se soulevaient contre les méchants riches ».

Et en 1988, de retour d’un voyage en Union soviétique avec une délégation municipale, il se dit « impressionné » par le système de transport public et les « très belles » gares de Moscou.

Pour le directeur de la Fondation pour les victimes du communisme, Marion Smith, qui a diffusé sur son compte Twitter les déclarations de 1988 de M. Sanders, ces commentaires sont « un outrage cruel aux millions de victimes du communisme dans le monde ».

Mais loin de s’excuser, l’élu du Vermont a renchéri lundi soir lors d’un débat avec le public sur la chaîne CNN.

« Je pense qu’apprendre aux gens à lire et à écrire est une bonne chose », a-t-il lancé à propos des débuts du régime castriste. Il a assuré critiquer depuis longtemps « les régimes autoritaires à travers le monde, y compris Cuba, le Nicaragua, l’Arabie saoudite, la Chine et la Russie ».

Bernie Sanders a par ailleurs loué les efforts de Pékin, autre « pays autoritaire » qui a « sorti de la pauvreté extrême plus de gens qu’ailleurs dans le monde ».

« C’est la vérité et ce sont les faits, fin de la discussion », a-t-il asséné.

Egypte: l’ex-président Hosni Moubarak est mort à 91 ans

L’ex-président égyptien Hosni Moubarak, contraint à la démission après le soulèvement populaire de 2011, est mort mardi à l’âge de 91 ans à l’hôpital militaire Galaa au Caire, a indiqué à l’AFP son beau-frère le général Mounir Thabet.

La famille se trouvait toujours à l’hôpital mardi en milieu de journée, a ajouté le général en précisant que la présidence égyptienne se chargerait d’organiser les funérailles de Moubarak, qui a dirigé l’Egypte pendant trois décennies.

Le 24 janvier, son fils, Alaa Moubarak avait indiqué sur Twitter que son père avait subi « une opération chirurgicale et (…) qu’il se portait bien, grâce à Dieu ».

Depuis sa destitution, la santé fragile de M. Moubarak a été l’objet d’incessantes spéculations et d’informations contradictoires faisant état tour à tour de dépression aiguë, d’un cancer, d’accidents cardiaques ou de problèmes respiratoires.

Ce dernier a régulièrement été hospitalisé et admis en soins intensifs, depuis qu’il a quitté le pouvoir.

La nouvelle de son décès a été confirmée et relayée par la télévision égyptienne et les grands titres de la presse locale, tels que le journal al-Ahram.

Parmi les premières réactions, la présidence actuelle a publié un communiqué présentant ses condoléances à la famille de l’ancien autocrate, présenté comme l’un des « héros de la guerre d’octobre 1973 (NDRL: contre Israël) », durant laquelle il avait dirigé l’armée de l’air.

A l’autre bout du spectre politique, Mohamed el-Baradei, prix Nobel et figure de proue de l’opposition libérale à l’ancien autocrate, a également présenté ses condoléances à la famille du défunt.

Les prétendants à l’après-Merkel sortent du bois en Allemagne

Trois poids lourds du parti conservateur allemand ont officialisé mardi leur candidature pour diriger cette formation en pleine crise, lançant la course pour remplacer Angela Merkel à la chancellerie à l’horizon 2021.

Il s’agit d’une part de Friedrich Merz, un ennemi de longue date de la chancelière allemande, qui s’est présenté mardi comme le candidat « de la rupture et du renouveau » et prône un coup de barre à droite de ce parti qui a dominé la vie politique nationale depuis plus de 70 ans.

Visage fermé et ton sec, cet avocat d’affaires de 64 ans a estimé que l’Union démocrate-chrétienne (CDU) comme le pays avaient besoin de « leadership », une pique lancée à Mme Merkel, pour aider l’Europe à sortir de son « désarroi routinier » face aux défis mondiaux.

L’homme avait été écarté au début des années 2000 de la tête du parti par une certaine… Angela Merkel, et ne l’a depuis jamais digéré. Il a assuré vouloir « reconquérir » les électeurs partis au centre comme à l’extrême droite, et viser « la victoire, et non une place » au sein de la future direction du parti.

Il devra affronter un « ticket » comprenant un baron régional CDU modéré, Armin Laschet, partisan de la continuité avec le cap centriste d’Angela Merkel, et l’étoile montante du parti, Jens Spahn, 39 ans, favorable pour sa part à une inflexion à droite du mouvement.

– Crise sans précédent –

Les deux hommes ont fait mardi acte de candidature.

Le parti « traverse la plus grave crise de son histoire », a lancé Jens Spahn dans un plaidoyer en forme de règlement de comptes avec les années Merkel.

« Si nous continuons comme cela, nous risquons notre avenir en tant que grand parti », a-t-il dit. Et « je ne veux pas qu’Angela Merkel reste dans l’histoire comma la dernière chancelière CDU » en Allemagne.

Dimanche, le mouvement démocrate-chrétien a subi une déroute lors d’élections locales à Hambourg, n’arrivant qu’en troisième position avec 11,2% des voix, loin derrière les sociaux-démocrates et les Verts.

A ce trio de candidats s’ajoute un autre centriste, Norbert Röttgen, écarté il y a quelques années du gouvernement par la chancelière.

L’ouverture de ce bal des prétendants, pour prendre la succession d’Angela Merkel au plus tard fin 2021 lors des prochaines élections législatives, a été accélérée par la crise que traverse le mouvement.

La CDU enchaîne les revers électoraux et s’effrite dans les intentions de vote nationales, concurrencée d’un côté par l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et au centre par les écologistes en plein essor.

– Désorienté –

Le parti apparaît depuis des mois désorienté, sans direction et à la recherche d’une ligne cohérente à mesure que le crépuscule de l’ère Merkel entamée en 2015 se précise.

Les tiraillements internes ont atteint leur paroxysme au sujet de la question d’alliances avec l’extrême droite ou l’extrême gauche.

Les élus locaux CDU de la région de Thuringe ont d’abord opté pour la première option, avant de choisir la deuxième, provoquant une levée de boucliers car ces rapprochements brisent des tabous politiques dans l’Allemagne d’après-guerre.

L’affaire a déjà poussé l’actuelle présidente du parti, Annegret Kramp-Karrenbauer, surnommée AKK, à démissionner et ouvrir la course à la succession d’Angela Merkel.

L’élection du prochain président par les délégués du parti est prévue le 25 avril lors d’un congrès extraordinaire à Berlin.

Elle s’annonce comme une nouvelle confrontation fratricide, comme celle qui avait vu AKK difficilement élue fin 2018.

Contestée d’entrée et peu populaire, elle a fini par jeter l’éponge un peu plus d’un an plus tard.

Une chose est établie: le futur dirigeant du parti sera aussi son candidat à la chancellerie lors des élections législatives.

Le choix du futur président de parti « constituera un signal clair pour la candidature à la chancellerie », selon AKK. M. Merz a néanmoins rappelé qu’il faudrait se concerter sur ce point avec le parti-frère bavarois de la CSU (Union chrétienne-sociale).

Quoiqu’il arrive, la dernière année et demi de mandat d’Angela Merkel s’annonce compliquée avec ces manœuvres en coulisses qui risquent d’éclipser le travail du gouvernement. Certains l’invitent même à quitter le pouvoir plus tôt que prévu pour permettre une transition rapide.

En Syrie, vivre sous terre pour échapper à la guerre

Dans une oliveraie ensoleillée du nord-ouest syrien, Chamseddine Darra descend une volée de marches qui s’enfoncent sous terre. Fuyant l’offensive du régime, lui et sa famille n’ont eu d’autre choix que de s’installer dans une caverne.

Le trentenaire partage avec ses trois frères et leur famille cette « grotte » exiguë, creusée au milieu des champs vallonnés de la région d’Idleb, près du village de Taltouna.

Ils ont abandonné leur maison il y a deux semaines dans l’est de cette province pour échapper aux bombardements meurtriers du régime de Bachar al-Assad et de son allié russe, qui ont repris en décembre leur assaut contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle de Syrie.

« On vit ici contre notre gré », lâche le Syrien à la barbe fournie.

« On n’avait pas de tentes. On est resté deux jours dans la mosquée du village, on a cherché un abri mais on n’a rien trouvé », ajoute ce père de huit enfants.

Ils habitent donc ce souterrain inoccupé, creusé par les villageois dans la roche du sol pour s’y réfugier en cas de bombardements.

Ils y vivent dans une pénombre permanente. La cave est éclairée uniquement par la lumière qui parvient de l’entrée. Au sol sont étalés un grand tapis et des matelas en mousse.

Assis en cercle, les enfants et les adultes petit-déjeunent, plongeant un morceau de pain dans les assiettes de houmous et de zaatar.

Dans un coin, leurs affaires s’entassent sous une couverture rouge. A l’extérieur, un panneau solaire permet de fournir un peu d’électricité.

« On souffre de l’humidité, les enfants sont malades, il y a aussi des insectes », regrette M. Darra, emmitouflé dans un sweat à capuche noir.

– « Pas d’autres choix » –

En raison des violences, quelque 900.000 personnes ont été déplacées depuis début décembre dans le nord-ouest syrien, selon l’ONU.

Parmi elles, 170.000 civils vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés, faute d’avoir pu trouver un logement ou une tente dans les camps de déplacés bondés.

Abou Mohamed partage avec ses proches une grotte souterraine près de Taltouna, après avoir fui son village dans l’ouest de la province voisine d’Alep.

Ils sont une quarantaine de personnes au total. Dans un coin, des bocaux de provisions s’alignent. Assises sur un tapis en jute, les femmes préparent à manger. L’une d’elles mélange des légumes en sauce tomate à des morceaux d’une sorte de mortadelle, sur un réchaud à gaz.

A leur arrivée, « la grotte était sale, il y avait des excréments d’animaux » se souvient Abou Mohamed.

« Les habitants du village nous ont prévenu qu’il y avait des scorpions et des serpents, mais on n’avait pas d’autres choix », déplore ce quadragénaire à la barbe et aux cheveux grisonnants.

Régulièrement, des correspondants de l’AFP rencontrent des civils contraints de passer la nuit dans leur voiture malgré les températures hivernales, ou installés dans des écoles, des mosquées, voire des prisons désaffectées, transformées en abri temporaire.

– « Peur de la mort » –

A Sarmada, dans le nord d’Idleb, une soixantaine de familles s’entassent dans le funérarium d’un cimetière.

Le jour, quand la météo le permet, hommes et femmes se dégourdissent les jambes dans les allées, ou s’assoient dans l’herbe avec leurs enfants, près des pierres tombales en marbre blanc.

Le vaste hall funéraire lumineux, chauffé grâce à plusieurs poêles, a été divisé en deux sections, une pour les femmes et une pour les hommes.

Les pleurs des nourrissons se mêlent au brouhaha des conversations. Ici et là, des affaires sont entassées pêle-mêle: des matelas, des tapis, des casseroles et des réserves de nourriture.

« Il y a beaucoup de familles à l’intérieur », soupire Youssra Harssouni, posée près d’une tombe avec deux petits.

Elle reconnaît que cette proximité avec la mort suscite des frayeurs.

Une nuit, un enfant s’est mis à hurler et les gens ont pensé qu’il était habité par un esprit, raconte-t-elle.

« Le cheikh est venu lire le Coran à deux reprises », poursuit la grand-mère, enveloppée dans des voiles noirs qui ne dévoilent que son visage et ses mains.

Elle s’est toutefois résignée à cette cohabitation.

Ayant fui les bombardements sur la ville d’Ariha avec sa belle-fille et ses petits-enfants, elle vit ici depuis une dizaine de jours.

« Bien sûr, au milieu des tombes, il y a la peur de la mort », admet-elle. « Mais bon, entre la peste et le choléra… », confie-t-elle, fataliste.

strs-tgg/mdz

Virus: Rome reconnaît un dysfonctionnement, des ministres européens à Rome

Le Premier ministre Giuseppe Conte a reconnu un dysfonctionnement dans un hôpital local ayant favorisé la propagation du nouveau coronavirus en Italie, qui accueille mardi une réunion des ministres de la Santé des pays voisins pour adopter des règles communes.

M. Conte a ainsi mis en cause la gestion « pas complètement appropriée » d' »un hôpital » pour expliquer une diffusion spectaculaire depuis vendredi du virus en Italie, le pays européen le plus touché avec 229 cas dont sept décès, et le troisième au monde après la Corée du Sud et la Chine.

« Désormais nous le savons, il y a eu une gestion au niveau d’une structure hospitalière pas complètement appropriée selon les protocoles de précaution recommandés dans de tels cas et cela a certainement contribué à la diffusion », a-t-il déploré sur chaîne publique Rai Uno.

Le principal foyer de l’épidémie a été identifié à Codogno, près de Lodi, à 60 km au sud de Milan. C’est dans cette localité de 15.000 habitants qu’avait été d’abord hospitalisé, mercredi dernier, Mattia, un cadre de 38 ans.

Il est considéré comme le « patient 1 », d’où découle une grande quantité de cas recensés en Lombardie (nord-ouest), la région la plus touchée par le virus avec 172 cas détectés sur un total de 229.

Selon les médias, outre sa femme enceinte de 8 mois et d’autres proches, plusieurs des médecins qui l’ont examiné ont été infectés, ainsi que des infirmiers, des aides-soignants puis des patients et leur entourage.

Puisque la Santé en Italie est de la compétence des régions, le chef du gouvernement a aussi décidé de réunir mardi matin tous les présidents régionaux en vue de mieux se coordonner et d’éviter « des initiatives autonomes ».

Parallèlement, les ministres de la Santé de la France, la Suisse, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, frontaliers de l’Italie ainsi que l’Allemagne et l’Union européenne se réuniront dans l’après-midi à Rome pour tenter de définir des « lignes d’action communes » face à l’épidémie, alors que les pays européens ont jusqu’ici réagi en ordre dispersé. Une équipe de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) est également arrivée sur place.

La France a ainsi édicté une série de recommandations pour les personnes revenant des deux régions italiennes les plus touchées par le nouveau coronavirus, la Lombardie et la Vénétie, en leur demandant notamment d’éviter « toute sortie non indispensable ». Ces recommandations gouvernementales portent sur les 14 jours suivant le retour (durée jugée suffisante pour couvrir la période d’incubation du virus).

L’épidémie de coronavirus « est à nos portes », a averti mardi le ministre français de la Santé Olivier Véran avant son départ pour Rome. « On ne ferme pas les frontières car ça n’aurait pas de sens », a-t-il ajouté.

– « Mission impossible » –

Londres a aussi demandé à ses ressortissants revenant de ces zones de rester isolés chez eux, d’éviter tout contact avec d’autres personnes et de se faire connaître auprès des services de santé.

La réunion à Rome devrait débuter à 16H00 locales (15H00 GMT).

Malgré la soudaine flambée depuis vendredi des cas, passés de 6 à près de 230 en quatre jours, le nombre de cas de contamination s’est stabilisé lundi en Italie. Un cordon sanitaire a été mis en place autour de onze communes du Nord comptant 52.000 habitants. Les lieux publics y sont fermés, sauf les supermarchés et les pharmacies de garde.

Les régions les plus touchées sont la Lombardie, voisine de la Suisse, et la Vénétie, frontalière de la Slovénie. Mais sont également concernés: le Piémont, qui jouxte la France, et le Trentin-Haut-Adige, qui est frontalier de l’Autriche.

Par précaution, toutes les excursions scolaires sont suspendues à l’intérieur et l’extérieur de la péninsule, tout comme les activités liées aux activités Erasmus (programme d’échanges d’étudiants européens).

La progression du coronavirus a aussi conduit plusieurs fédérations sportives italiennes à bouleverser leur programmation. Des matches de la Ligue Europa et du championnat d’Italie se tiendront ainsi à huis clos.

Un cinéma italien sur deux est fermé et la production du prochain volet « Mission Impossible », avec l’acteur américain Tom Cruise en vedette, a été interrompue en Italie, où étaient notamment prévues trois semaines de tournage à Venise.

A Zorlesco, en zone rouge italienne, la vie au temps du coronavirus

L’enterrement de la vieille dame s’est déroulé en cinq minutes. Juste le temps pour le curé de dire une bénédiction, en présence d’une seule parente et de deux croque-morts. Zorlesco, village tranquille du nord de l’Italie, se plie désormais aux règles de la vie en « zone rouge ».

Don Nunzio Rosi, le curé de ce petit bourg de 1.700 âmes, dont la vie s’organise traditionnellement autour de l’église, du bar-tabac et de l’épicerie, vient, quarantaine oblige, témoigner à la sortie du village.

Zorlesco est situé en pleine « zone rouge », à côté de Codogno, un des foyers d’infection du coronavirus dans le nord de l’Italie, pays le plus touché par l’épidémie en Europe, avec sept morts depuis vendredi. Les carabiniers empêchent toute sortie et préviennent ceux qui veulent pénétrer dans le village: « vous entrez, vous ne sortez plus ».

Affable, souriant, le curé, bible sous le bras, revient de l’enterrement de sa paroissienne, « morte de vieillesse, pas du coronavirus », souligne-t-il à l’AFP. Aucun malade n’a encore été recensé à Zorlesco, mais le bourg a basculé depuis dimanche dans une autre dimension.

« Dans notre petit village, tout a changé depuis trois jours. Il y a une atmosphère quasi irréelle. Aucun d’entre nous ne pensait se retrouver un jour dans la situation de ces villes en Chine. On les voyait à la télévision et on se disait: les pauvres, obligés de rester confinés à la maison… »

Aujourd’hui, les habitants de Zorlesco ne peuvent plus sortir, les magasins, les commerces, sont fermés. « Même l’église ! », s’étonne presque Don Nunzio. En zone rouge, interdiction de célébrer la messe en présence des paroissiens. Le curé officie seul, portes closes.

Dans cette région très pratiquante, il laisse cependant son église ouverte quelques heures le matin pour que les fidèles, un à un, puissent venir faire « une petite prière ». Il envoie également à ses paroissiens des messages de réconfort et des extraits de l’Evangile sur messagerie whatsapp.

– Chaîne de solidarité –

Après la déclaration de la mise en quarantaine de onze communes du nord de l’Italie dimanche, il y a bien eu un « mouvement de panique », et ses paroissiens ont « pris d’assaut les supermarchés de Codogno », qui jouxte le village, reconnaît Don Nunzio.

Mais « à quelque chose malheur est bon. Nous tirons tous des leçons de cette situation, les gens vont de l’avant et font preuve de bonne volonté jusqu’à présent », assure le curé.

« D’habitude, on est stressés par le boulot, on court toujours. Là, par la force des choses, les familles se retrouvent et passent du temps ensemble. On se salue, on prend des nouvelles, une chaîne de solidarité se met en place », s’enthousiasme-t-il, soulignant que les villageois ne restent pas confinés chez eux.

Comme pour lui donner raison, une jeune femme, non masquée, passe d’un pas vif sur le trottoir et lance: « que c’est bon de se promener! ».

« On va s’en sortir, on va s’en sortir », opine un vieux monsieur, Luigi Malabarba, dont la maison est située juste à la sortie du village.

– Au bord de la crise de nerfs –

Tout le monde ne partage pourtant pas cette vision optimiste en Lombardie, et le coronavirus fait aussi des dégâts dans les têtes.

« C’est dingue. On ne parle que de ça. QUE DE CA », s’exclame Lorenzo, un banquier de la province (département) de Brescia, qui ne souhaite pas donner son nom de famille.

« Il y a des théories conspirationnistes, même chez les gens les plus cultivés, on entend certains dire « c’est à cause des Chinois », d’autres assurer que si Matteo Salvini (le chef de l’extrême-droite italienne, ndlr) avait été là on n’aurait pas eu cette crise », raconte-t-il. « Les extrémistes ont un boulevard, et l’économie s’effondre », s’inquiète le banquier.

Les supermarchés pris d’assaut, les fake news qui s’emballent, de faux volontaires de la Croix rouge proposant des tests aux habitants placés en quarantaine… « Nous sommes un pays au bord de la crise de nerfs », déplore-t-il.

Egypte: l’ex-président Hosni Moubarak est mort à 91 ans

L’ex-président égyptien Hosni Moubarak, contraint à la démission après le soulèvement populaire de 2011, est mort mardi à l’âge de 91 ans à l’hôpital militaire Galaa au Caire, a indiqué à l’AFP son beau-frère le général Mounir Thabet.

La famille se trouvait toujours à l’hôpital mardi en milieu de journée, a ajouté le général en précisant que la présidence égyptienne se chargerait d’organiser les funérailles de Moubarak, qui a dirigé l’Egypte pendant trois décennies.

Le 24 janvier, son fils, Alaa Moubarak avait indiqué sur Twitter que son père avait subi « une opération chirurgicale et (…) qu’il se portait bien, grâce à Dieu ».

Depuis sa destitution, la santé fragile de M. Moubarak a été l’objet d’incessantes spéculations et d’informations contradictoires faisant état tour à tour de dépression aiguë, d’un cancer, d’accidents cardiaques ou de problèmes respiratoires.

Ce dernier a régulièrement été hospitalisé et admis en soins intensifs, depuis qu’il a quitté le pouvoir.

La nouvelle de son décès a été confirmée et relayée par la télévision égyptienne et les grands titres de la presse locale, tels que le journal al-Ahram.

Parmi les premières réactions, la présidence actuelle a publié un communiqué présentant ses condoléances à la famille de l’ancien autocrate, présenté comme l’un des « héros de la guerre d’octobre 1973 (NDRL: contre Israël) », durant laquelle il avait dirigé l’armée de l’air.

A l’autre bout du spectre politique, Mohamed el-Baradei, prix Nobel et figure de proue de l’opposition libérale à l’ancien autocrate, a également présenté ses condoléances à la famille du défunt.

Gaza: retour au calme après des affrontements entre Israël et le Jihad islamique

Le calme est revenu mardi dans la bande de Gaza et dans le sud israélien après deux jours d’affrontements entre Israël et le groupe palestinien armé Jihad islamique, qui ont fait craindre une escalade militaire à l’approche des élections israéliennes.

Environ 80 roquettes ont été tirées dimanche et lundi par le Jihad islamique depuis l’enclave palestinienne, selon Israël qui a bombardé des cibles du mouvement islamiste à Gaza, mais aussi près de Damas, en Syrie.

Mardi matin, les autorités israéliennes ont annoncé la réouverture de plusieurs routes dans le sud d’Israël fermées lundi et la reprise du trafic ferroviaire entre les villes d’Ashkelon et Sdérot, proches de l’enclave palestinienne.

L’armée israélienne n’a fait état d’aucun tir de roquettes depuis la bande de Gaza. Et des journalistes de l’AFP dans cette enclave n’ont pas rapporté de frappe israélienne.

Quelque 65.000 élèves ont toutefois été sommés de rester à la maison pour la deuxième journée consécutive dans des villes israéliennes jouxtant le territoire palestinien.

Selon des responsables, le point de passage d’Erez, entre Israël et la bande de Gaza, doit rouvrir mais uniquement pour permettre la sortie des étrangers et des personnes nécessitant des soins médicaux.

Les autorités israéliennes avaient décrété lundi sa fermeture, et celle du point de passage de Kerem Shalom pour les marchandises, et annoncé la fermeture totale de la zone maritime de la bande de Gaza, empêchant ainsi les pêcheurs de sortir en mer.

Dirigée par le Hamas, autre mouvement islamiste palestinien, la bande de Gaza a connu trois guerres avec l’Etat hébreu en 11 ans et est soumise à un strict blocus terrestre, aérien et maritime israélien depuis 2007.

– Pause électorale –

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son rival Benny Gantz, ancien chef de l’armée qui avait d’ailleurs dirigé les forces israéliennes lors de la dernière guerre de Gaza en 2014, avaient annulé lundi soir des meetings électoraux en raison de la nouvelle flambée de violences.

Dans la dernière ligne droite de leur campagne pour les élections législatives du 2 mars, qui s’annoncent serrées selon les dernières projections, les deux candidats s’étaient toutefois rendus dans le sud du pays.

Si le Jihad islamique et le Hamas « ne cessent pas les frappes complètement -et je ne parle pas d’un jour ou deux, mais définitivement- nous devrons aller de l’avant avec une campagne (militaire) d’envergure », a prévenu lundi M. Netanyahu.

« Cette réalité ne peut continuer. Netanyahu, tu as échoué ! », a lancé Benny Gantz dans la ville de Sdérot, localité située à la lisière de Gaza, où la population a dû se cacher dans des abris en raison du barrage de roquettes du Jihad islamique.

Prônant la ligne dure, Benny Gantz a appelé au « retour des assassinats ciblés » contre les leaders des mouvements armés de Gaza et à des frappes « non conventionnelles » pour les affaiblir.

Après le retour au calme, le Hamas, qui observe depuis mai un accord de trêve avec Israël contrairement au Jihad islamique, a salué la « capacité de la résistance (palestinienne) à imposer ses règles » à l’armée israélienne.

« Le temps où les occupants utilisaient le sang de notre peuple pour leur campagne électorale est révolu », a déclaré un porte-parole du Hamas.

Deux images fortes restent de ces 36 heures d’affrontements qui ont fait craindre une véritable escalade des violences: un parc pour enfants de la ville israélienne de Sdérot abîmé par une roquette et un bulldozer israélien récupérant le corps inerte d’un combattant du Jihad islamique à Gaza.

A Abidjan, le « dernier horloger public » refuse de prendre sa retraite

« Docteur en montres! », peut-on lire sur un étal. A Abidjan, la capitale économique ivoirienne, le métier d’horloger public, autrefois florissant, est menacé de disparition sous l’effet conjugué des nouvelles technologies et de l’absence de relève.

Assis sous un parasol, dans une rue de Treichville, un quartier populaire d’Abidjan, Séraphin Kouassi Kouadio, 68 ans dont un demi-siècle à réparer les montres, se déclare « dernier horloger public » d’Abidjan.

Penché en avant sur une table, il scrute à l’aide d’une loupe les montres en panne qu’apportent pour réparation une dizaine de clients par jour – il peut ainsi gagner de 30 à 50 euros par jour. Et refuse de partir en retraite, en l’absence d’une relève « assurée et rassurante ».

« Je suis issu de la première promotion de l’Ecole d’horlogerie suisse d’Abidjan créée en 1968 », raconte le presque septuagénaire, vantant les moments de gloire de la montre-bracelet au poignet qui ont favorisé l’essor du métier de réparateur de rue.

« Nous étions des centaines et des milliers installés à tous les coins de rues des quartiers d’Abidjan, la mégalopole de quatre millions d’habitants à l’époque, pour apporter assistance aux personnes dont les montres présentaient des défaillances: pile hors service, remontoir bloqué… », se souvient-il avec beaucoup de regrets.

« Aujourd’hui, de ma génération, il ne reste presque personne, le métier a presque disparu », déplore-t-il.

– Téléphones portables et montres asiatiques –

Ces ateliers de réparation à ciel ouvert se transformaient également en points de ralliement pour discuter football, jouer aux dames ou parler de politique, à une période où la libre expression était contrôlée par le régime de parti unique (1960-1990).

L’avènement du téléphone portable, devenu un compagnon quotidien qui donne l’heure, a accéléré l’agonie des réparateurs de montres.

« Comme un malheur n’arrive jamais seul, la présence sur le marché de montres +made in China ou Indonesia+, aux qualités douteuses, et à des prix très abordables, a largement contribué à la mise à mort du métier », explique le sociologue Roger Manet.

« Les Ivoiriens réparent de moins en moins leurs montres », témoigne-t-il.

« Aujourd’hui (…) quand une montre tombe en panne, on la met au rebut et on préfère s’acheter une nouvelle », renchérit Hermann Konan, comptable de profession, venu déposer sa montre pour une révision.

L’absence d’écoles spécialisées après la fermeture, il y a plusieurs années, de la célèbre Ecole d’horlogerie suisse d’Abidjan, n’a pas permis d’assurer la relève.

– Les « bricoleurs » –

Conséquences: les réparateurs expérimentés et vieillissants, se faisant rares sur le marché, ont été submergés par des amateurs ayant appris sur le tas et dont le travail approximatif est largement critiqué.

A Abidjan cette nouvelle génération de réparateurs est raillée sous le sobriquet de « bricoleurs », sans niveau d’études ni expérience.

« Il n’y a plus de réparateurs d’expérience pour des montres de valeur. J’ai perdu trois montres à cause des bricoleurs », s’insurge Maude Phares, 20 ans, étudiant, une grosse montre au poignet.

Toutefois, comme pour Maude Phares, cette situation n’a pas entamé l’amour des « Botro » (montre de valeur en langue nouchi, l’argot abidjanais) au sein de la jeunesse ivoirienne.

Mis en avant par le « Zighéhi », un mouvement musical qui a précédé le très en vogue coupé-décalé, porter un « Botro » est synonyme de « classe », « d’élégance » et de « tendance ».

« Si le Botro est défaillant on change le moteur. La plupart des Botros sont fabriqués de telle sorte qu’on ne peut les démonter » explique un jeune réparateur de 22 ans, l’un des amateurs critiqués pour leur manque d’expertise.

La seule alternative possible pour remédier à la situation et promouvoir le savoir-faire des derniers horlogers publics d’Abidjan serait d’assurer la relève en créant une école de formation.

Le « dernier horloger public d’Abidjan », « Docteur en montres », comme il est surnommé affectueusement, ne désespère pas.

« Tant qu’il aura des montres, le métier ne va pas disparaître » complètement, veut-il se rassurer, se disant prêt et « encore d’attaque » pour former des jeunes, pourvu qu’il bénéficie d’un appui des autorités publiques.

Décès du dernier maréchal soviétique, figure du putsch anti-Gorbatchev

Le dernier maréchal de l’Union soviétique, Dmitri Iazov, impliqué dans le putsch contre Mikhaïl Gorbatchev et la répression du mouvement indépendantiste en Lituanie en 1991, est décédé mardi à 95 ans, selon les agences russes.

« Le 25 février, le maréchal de l’URSS Dmitri Timofeïevitch Iazov est décédé à Moscou après une longue maladie », ont indiqué les agences, citant un communiqué du ministère russe de la Défense.

Ministre de la Défense de l’URSS entre 1987 et 1991, il a participé au putsch manqué contre le dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev en août 1991, un an après s’être vu attribuer le grade de maréchal. Une tentative de coup d’Etat de communistes conservateurs, opposés à ses réformes de l’Union soviétique.

Les putschistes avaient alors assuré que M. Gorbatchev était « incapable d’assumer ses fonctions pour raisons de santé ». Ils avaient proclamé l’état d’urgence pour six mois, le rétablissement de la censure et avaient fait entrer les chars dans Moscou.

Le coup a échoué et les putschistes ont été arrêtés trois jours plus tard, mais ces événements ont scellé le sort de l’Union soviétique, affaiblie par les indépendantistes dans les républiques et qui sera finalement dissoute en décembre 1991.

Arrêté avec les autres putschistes, Dmitri Iazov sera libéré de prison en 1993 et amnistié en 1994.

Après son décès, il ne reste qu’un seul putschiste encore en vie, Oleg Baklanov, qui était vice-président du Conseil de défense auprès du président soviétique au moment du putsch.

En 2019, Dmitri Iazov a par ailleurs été condamné à dix ans de prison par contumace par la justice lituanienne pour avoir participé à la répression en janvier 1991 du mouvement indépendantiste en Lituanie, alors république soviétique, qui avait fait 14 morts et plus de 700 blessés.

En tant que ministre de la Défense, il a aussi été au coeur d’une répression sanglante de janvier 1990 en Azerbaïdjan, Janvier Noir, qui a fait de nombreux morts civils.

Mais en Russie, il est resté une figure révéré. Le 4 février dernier, il recevait encore une décoration « pour services rendus à la patrie » en raison de son engagement en faveur des vétérans des mains du puissant ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.

Il a aussi été décoré par le président Vladimir Poutine, qui lui a remis l’ordre de l’Honneur en 2004 et l’ordre Alexandre Nevski en 2014.

Moscou a aussi dénoncé sa condamnation en Lituanie.