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Au Chili, le coronavirus met entre parenthèses la vague des manifestations

Il y a six mois, une vague de manifestations a commencé à agiter les rues du Chili, réclamant de profonds changements sociaux et l’adoption d’une nouvelle Constitution, mais la pandémie de Covid-19 a mis cette rage entre parenthèses.

Si le pays n’avait pas été rattrapé par la crise sanitaire mondiale, les Chiliens s’apprêteraient à aller aux urnes pour décider si oui ou non la Constitution héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) devait être modifiée.

Destiné à apaiser la crise sociale commencée le 18 octobre, ce référendum, initialement prévu le 26 avril, a été reporté au 25 octobre.

La crise sociale, déclenchée par une hausse du prix du ticket de métro dans la capitale, s’est nourrie de la colère de la population face aux profondes inégalités socio-économiques et à la déconnexion de la classe politique vis-à-vis des problèmes quotidiens de la majorité des 18 millions de Chiliens.

Après six mois d’un mouvement de contestation sans précédent qui a fait 31 morts, le climat tendu de contestation qui secouait le pays a laissé la place à une ambiance calme, mélange de peur de la maladie et d’obéissance aux consignes de autorités, vidant les rues de Santiago, Valparaiso ou Concepcion.

A présent, le Chili compte ses morts du Covid-19, déjà plus d’une centaine, parmi les quelque 8.000 cas officiellement recensés.

Mais cette union communautaire contre le virus n’est qu’une pause et « bien sûr, les problèmes qui ne sont plus exprimés publiquement aujourd’hui, sont toujours là », déclare à l’AFP Patricio Zapata, avocat constitutionnaliste et membre du parti d’opposition Démocratie chrétienne.

« Nous nous trouvons dans une parenthèse et il existe une possibilité qu’après cette parenthèse, les choses reviennent à une situation en apparence similaire » à celle d’avant l’explosion sociale, prévient Juan Pablo Luna, professeur de sciences politiques de l’université catholique du Chili.

– « Tous sains en octobre » –

Mais cela « n’arrivera que si les conséquences de la crise sont telles que les gens préfèreront remettre à plus tard leurs revendications pour faire face à des besoins économiques de base » plus urgents, ajoute-t-il.

Les conséquences de la pandémie sur l’économie ont conduit le Fonds monétaire international (FMI) à prévenir que certains pays, comme le Chili, l’Equateur ou la France « continuent de courir le risque de nouvelles manifestations, particulièrement si les mesures de soutien sont jugées insuffisantes pour atténuer la crise du Covid-19 et ses retombées économiques, ou si elles sont jugées injustes en favorisant les riches » ou les multinationales.

Cette pandémie pourrait mettre en lumière le caractère inégalitaire de la société chilienne, un des principaux griefs des manifestants qui réclamaient davantage de présence de l’Etat dans les domaines de la santé, de l’éducation et des retraites, aux mains du secteur privé depuis le régime militaire de Pinochet.

« Selon moi, la gestion de la crise sanitaire peut probablement finir par mettre de nouveau à nu des problèmes structurels, comme les inégalités, et, dans ce cas, il me semble assez probable que le coronavirus finisse (…) par percuter le gouvernement en entraînant une seconde vague de protestations », juge Juan Pablo Luna.

Outre un scénario de ce type, l’avocat Patricio Zapata voit, lui, une autre possibilité: le fait d’avoir vécu une pandémie pourrait donner « plus d’élan aux forces du dialogue et de la coopération, ouvrant la voie à de grands accords ».

« Je souhaite tourner la page de ce chapitre pour nous unir à nouveau en faveur d’un changement politique, de Constitution. Tous sains en octobre ! », lance de son côté Maria José Gutiérrez, militante âgée de 30 ans, qui a lancé la campagne « Moi j’approuve », en référence à un nouveau texte fondateur.

Au Bangladesh, l' »apocalypse » de l’industrie du textile

Du jour au lendemain, Parvin, qui travaillait d’arrache-pied pour fabriquer des vêtements pour les grandes marques occidentales, s’est retrouvée parmi les centaines de milliers d’ouvriers du textile du Bangladesh privés d’emploi par la pandémie de coronavirus.

Forcées de fermer leurs boutiques à travers le monde pour respecter les mesures de confinement, les grandes marques de prêt-à-porter ont annulé pour des milliards de dollars de commandes passées au Bangladesh, l’un des centres mondiaux de production de vêtements.

Avec la fermeture en cascade d’usines, de nombreux ouvriers bangladais se retrouvent sur le carreau et leurs patrons craignent la faillite.

« La situation est apocalyptique », explique Asif Ibrahim, un propriétaire d’usine et directeur de l’Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh (BGMEA).

L’industrie du textile est vitale pour l’économie de ce pays d’Asie du Sud et constitue l’un des principaux moteurs de son boom économique ces deux dernières décennies. Les vêtements représentent 80% des exportations nationales et fournissent des emplois à plus de quatre millions de personnes, principalement des femmes de villages pauvres des zones rurales.

Couturière âgée de 28 ans, Parvin a attendu avec des milliers de collègues dans une longue file, respectant un mètre d’écart entre chaque personne, pour collecter son salaire de mars à l’usine Al Muslim, l’une des plus grandes du pays et qui fournit certaines des marques les plus prestigieuses de prêt-à-porter.

Puis la manufacture a fermé ses portes, jusqu’à une date indéterminée.

« Nous ne savons pas quand cela rouvrira », s’inquiète Parvin, qui n’a aucune autre source de revenus et décrit sa situation financière comme une « catastrophe »: « beaucoup d’usines ont déjà fermé. Mon mari est sans emploi ».

Depuis que la pandémie de Covid-19 a forcé les pays occidentaux à se confiner, les grandes marques de prêt-à-porter ont annulé ou repoussé pour au moins 3,1 milliards de dollars de commandes auprès des fabricants bangladais, selon la BGMEA.

Ces derniers temps, des milliers d’ouvriers – dont certains gagnent à peine 100 dollars par mois – ont manifesté en divers endroits de ce pays qui compte 160 millions d’habitants pour exiger le paiement de salaires qui leur sont dus.

« Beaucoup d’entre nous n’ont pas de nourriture à la maison actuellement. Nous ne pouvons même pas quémander dans la rue car les plus pauvres que nous se moqueraient de nous, vu que nous avons des emplois », explique Didarul Islam, qui travaille sur des machines à coudre.

« Que devons-nous faire ? Mourir de faim ? », ajoute cet ouvrier de 38 ans, père de deux enfants.

– Machines à l’arrêt –

La BGMEA et ses équivalents chinois, vietnamien, pakistanais, cambodgien et birman ont plaidé auprès des marques de prêt-à-porter pour qu’elles n’annulent pas leurs commandes.

« Il est temps pour les entreprises mondiales de maintenir et d’honorer leur engagement envers les droits du travail, la responsabilité sociale et des chaînes d’approvisionnement durables », ont déclaré ces organisations dans un communiqué conjoint.

Certaines grandes sociétés, dont H&M et Inditex – la maison-mère de la chaîne Zara -, ont promis en réponse de ne pas annuler les commandes déjà passées. D’autres ont requis des réductions, selon la BGMEA.

Mais aucune promesse n’a été faite pour l’avenir.

La situation est déjà terrible à Ashulia, centre industriel en périphérie de la capitale Dacca. Près de 600 usines sont implantées dans cette ville où les ouvriers vivent dans des bidonvilles de béton à proximité de leur lieu de travail.

Propriétaire d’une usine employant 250 personnes, Rubel Ahmed dit avoir d’ores et déjà perdu 50% de son activité.

Enchaînant les cigarettes devant les machines à l’arrêt de son usine, il qualifie cette pandémie de « cent fois pire » que le drame du Rana Plaza en 2013. L’effondrement d’un immeuble abritant un atelier de confection avait alors fait 1.130 morts et mis en lumière les conditions de travail parfois déplorables des ouvriers du textile du pays.

« Ceux qui ont des petites usines comme moi vont être pulvérisés », déclare-t-il.

Les groupes de défense des travailleurs du textile appellent les acteurs du secteur à faire preuve de responsabilité sociale.

« Lorsque cette crise sera terminée, les gens se souviendront quelles marques ont été répondu présent pour protéger leurs travailleurs et employés, et lesquelles étaient aux abonnés absents », met en garde Dominique Muller de Labour Behind the Label, une ONG britannique défendant les droits des travailleurs du textile.

Il y a 60 ans, Brasilia devint la capitale du Brésil

Le 21 avril 1960, le Brésil inaugure en grande pompe sa nouvelle capitale, Brasilia, cité futuriste créée ex nihilo, abritant de multiples chefs-d’oeuvre architecturaux.

Voici le récit de sa fondation, à partir des dépêches de l’AFP de l’époque.

Ce projet pharaonique a émergé en moins de quatre ans, sur la savane rouge des hauts plateaux semi-désertiques dans le centre-ouest du pays, à un millier de kilomètres de Rio de Janeiro (capitale depuis 1763), explique l’AFP, avant le début de plusieurs jours de festivités. Un lac artificiel, Paranoa, de plus de 40 km carrés, a même été aménagé.

Aux commandes de l’oeuvre – classée en 1987 au patrimoine de l’humanité – l’urbaniste Lucio Costa, le paysagiste Roberto Burle Marx et l’architecte Oscar Niemeyer, récompensé en 1988 par le prix Pritzker, équivalent du Nobel pour l’architecture.

– Vaste circonférence –

L’inauguration de la « capitale de l’espoir », suivant la formule popularisée par le ministre français de la Culture André Malraux, coïncide avec l’anniversaire de la mort du premier martyr de l’indépendance du Brésil, surnommé « Tiradentes » (arracheur de dents), qui appelait à établir la capitale au centre du pays.

A l’approche de l’événement, 24 heures sur 24, « cent mille ouvriers ingénieurs et techniciens mettent la dernière main au plus grand chantier du monde ».

« Pour abriter les bâtisseurs de Brasilia, une ville de fortune est née » au « milieu de la savane », avec « cent cinquante mille habitants, soixante hôtels, quarante bars et sept banques », appelée à être rasée une fois Brasilia achevée.

Le projet a été impulsé par le président brésilien Juscelino Kubitschek, pour qui « c’est une révolution géopolitique. Après avoir campé pendant presque deux cents ans au bord de l’eau, le Brésil va prendre possession de son territoire ».

Brasilia « a la forme d’une circonférence – tellement vaste que du sommet du gratte-ciel de 28 étages où seront logés les services administratifs relevant du Parlement, les limites n’en seront pas visibles », décrit l’AFP.

« A l’intérieur de cette circonférence », dont deux diamètres dessinent le signe de la croix, « les avenues (…) décrivent des cercles concentriques » ou « sont tracées suivant les rayons du cercle, mais ne débouchent jamais les unes sur les autres, des ponts et des tunnels ayant été aménagés à tous les croisements ».

– Chefs-d’oeuvre d’architecture –

Le Parlement aux deux demi-sphères, le palais présidentiel du Planalto et la Cour suprême fédérale sont situés sur la Place des Trois Pouvoirs, « centre de la circonférence » et « coeur de la cité ».

Parmi les « plus beaux monuments », une cathédrale futuriste, avec une énorme gerbe liant les tiges de béton symbolisant l’amitié entre le Brésil et le Portugal, ou le palais d’Itamaraty (ministère des Affaires étrangères).

Dans un premier temps, le transfert du pouvoir est surtout symbolique: « l’aménagement intérieur de nombreux édifices publics n’est pas achevé, les bureaux ne sont pas complètement installés, et surtout, le fonctionnement des ascenseurs est souvent précaire », explique l’AFP le 20 avril.

Le réseau téléphonique intérieur n’est pas au point. Des difficultés de dernière minute surgissent dans les liaisons radio avec les autres villes.

Difficile également de se déplacer dans une agglomération pratiquement dépourvue de transports publics, avec de longues distances.

L’heure est néanmoins à la fête. Le 20 avril, « les Brésiliens qui, depuis 24 heures affluent dans la nouvelle capitale laissent libre cours à leur enthousiasme devant des chefs-d’oeuvre de l’architecture ».

Pour bénir la cité, le cardinal Manuel Cerejeira, légat pontifical, apporte une croix au pied de laquelle fut dite en 1500 la première messe au Brésil.

Le président reçoit les clés de la ville devant « une foule d’environ 3.000 personnes », composée d’ouvriers en blue jean, paysans de hauts plateaux au visage brûlé de soleil, touristes de Rio ou de Sao Paulo vêtus de blanc ainsi que de hauts fonctionnaires et parlementaires en costume sombre.

Cérémonies religieuses, fêtes populaires kermesse, parade militaire, défilé des ouvriers ayant participé à la construction, rythment l’événement pendant plusieurs jours.

Le 21, les pouvoirs sont installés à Brasilia.

« Les façades des édifices publics » et des immeubles d’habitation « sont toutes en baies vitrées. Ainsi, le peuple pourra +contrôler+ constamment le travail des serviteurs de l’Etat », explique l’AFP le 23 avril.

Quatre années après l’inauguration de sa nouvelle capitale, qui a plombé ses finances pour plusieurs années, le Brésil connaît un coup d’Etat, instaurant une dictature militaire jusqu’en 1985.

Cuba sans touristes: le secteur privé comme une âme en peine

La Havane ville morte, les décapotables américaines pour touristes remisées au garage, la plupart des restaurants et cafés fermés: à Cuba, le secteur privé souffre depuis que l’île a fermé ses portes pour contrer la pandémie de coronavirus.

Dans le vieil immeuble plein de charme où a été tourné le film « Fraise et chocolat » en 1993, l’escalier en colimaçon qui mène à La Guarida, plus célèbre « paladar » (restaurant privé) de Cuba, est désert.

Son patron, Enrique Nuñez, a pris les devants: « Nous avons décidé de fermer le restaurant dès le 15 mars », neuf jours avant les premières mesures restrictives des autorités.

L’île de 11,2 millions d’habitants recensait jeudi 862 cas de coronavirus, dont 27 décès.

« J’ai des amis qui ont des restaurants en Espagne, ils m’ont raconté ce qui se passait, le danger de continuer à servir le public dans ces conditions », raconte-t-il à l’AFP.

Son restaurant reçoit environ 200 personnes par repas. Présent dans tous les guides, il est un passage obligé pour nombre de visiteurs étrangers, notamment des stars (Beyoncé, Madonna, Pedro Almodovar…) dont les photos ornent les murs.

« C’était la raison principale pour prendre cette décision, car beaucoup de personnes arrivent à La Havane avec l’envie de connaître La Guarida », confie Enrique: « nous étions en première ligne », alors que les premiers cas recensés étaient des touristes.

– Deux mauvaises années –

Dans ce pays socialiste où l’Etat et ses entreprises dominent l’activité économique, le secteur privé s’est peu à peu fait une place ces dernières années: il emploie aujourd’hui 634.891 personnes, 14,5% des travailleurs cubains.

Ces « cuentapropistas » (employés à leur compte) louent des chambres, tiennent des restaurants, des salons de coiffure…

« Beaucoup de ces commerces privés se sont montés en comptant sur les touristes, car ce n’est vraiment pas un Cubain qui va aller à un paladar dépenser 100 dollars dans un repas », souligne l’économiste Omar Everleny Pérez.

Ils ont donc vite senti le danger: deux jours après la fermeture des frontières aux non-résidents (mesure étendue ensuite à toute entrée sur le territoire), 16.062 travailleurs privés demandaient la suspension de leur licence, selon le ministère du Travail, qui les a exempté temporairement d’impôts.

Mercredi, ils étaient 119.079 à l’avoir fait, soit 19% du total.

Cette crise sanitaire est la pire des nouvelles, car elle s’ajoute à deux mauvaises années pour les entrepreneurs cubains, victimes du renforcement de l’embargo américain sous Donald Trump.

« Le secteur privé allait déjà mal, surtout à La Havane, quand les bateaux de croisière américains ont arrêté de venir », interdits d’escale dès juin 2019, note M. Pérez.

Ces dernières années, les touristes américains étaient devenus les deuxièmes visiteurs de l’île – derrière les Canadiens – après le rapprochement initié fin 2014 entre les deux pays.

– « Sorry, we’re closed » –

Conséquence: en 2019, le nombre de touristes a baissé de 9,3%, à 4,28 millions.

En janvier-février 2020, le recul s’est accentué de 16,5% sur un an, avec une chute de 65% des visiteurs américains. Deuxième source de devises du pays, le secteur rapportait 3,3 milliards de dollars en 2018.

Avant même le coronavirus, « (le volume de clients dans) les restaurants et les ventes n’étaient pas les mêmes qu’il y a deux ans. Et maintenant, le Covid-19 finit de les achever », soupire Omar Everleny Pérez.

L’impact est brutal pour les employés, privés de revenus bien supérieurs au salaire moyen dans le public (50 dollars par mois).

« Sorry, we’re closed » (Désolé, on est fermé), dit le vieux panneau métallique accroché à l’entrée de El Café, cafétéria prisée des touristes dans la vieille Havane, quartier le plus visité et désormais désert.

Loliet Gonzalez, étudiante en psychologie de 25 ans, y travaille comme serveuse depuis deux ans: « Ce que je gagne me permet d’avoir le niveau de vie que je veux », explique-t-elle.

Son patron lui a versé deux semaines de salaire pour tenir pendant cette crise. « Pour l’instant ça va, mais à un moment j’aurai besoin de piocher dans mes économies ».

Masque en tissu sur le visage, Nelson Rodriguez, propriétaire de l’établissement, pense déjà à un avenir où Cuba tardera à voir revenir les visiteurs étrangers.

« S’il n’y a pas de touristes, nous allons nous recentrer sur le public cubain, donc peut-être on devra adapter notre commerce », avec des prix plus accessibles à la population locale, dit-il.

Dans les agences onusiennes, le recul américain favorise l’influence chinoise

Dans les agences onusiennes, comme à l’Organisation mondiale de la Santé vilipendée par Donald Trump pour sa gestion de la crise du Covid-19, la Chine développe depuis des années son influence en profitant du recul des Etats-Unis dans les affaires du monde.

Cette progression lente et continue du « soft power » chinois est multiforme: elle s’appuie sur un engagement financier et militaire, se traduit par le gain de postes partout, de la fonction de stagiaire à celle de directeur d’agence, et par des liens avec tous les acteurs possibles.

Un exemple avec le continent africain. Il y a dix ans, la dette de l’Afrique à l’égard de la Chine était minime. Aujourd’hui, alors que Pékin y multiplie les investissements via son gigantesque programme des Routes de la Soie, elle est d’environ 140 milliards de dollars, relève un responsable onusien.

Autrement dit, un levier puissant pour bénéficier de soutiens africains sur tel ou tel sujet dans telle ou telle instance multilatérale… Dirigée par l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, l’OMS est accusée par Washington d’avoir minimisé sous pression de Pékin l’ampleur du virus apparu en Chine.

« Ce que l’on observe depuis plus de dix ans, et notamment depuis 2012 (avec Xi Jinping), c’est un fort activisme de la diplomatie chinoise pour restructurer la gouvernance mondiale. L’ambition est forte puisque la Chine parle de +piloter+ cette restructuration », indique à l’AFP Alice Ekman, responsable de l’Asie à l’Institut européen des études de sécurité (EUISS).

Dans de très nombreuses agences onusiennes, le constat est le même. Les Etats-Unis se replient sur eux-mêmes, la Chine trace son sillon sans jamais recourir à un mouvement frontal.

Outre une mise à disposition de plus en plus de Casques bleus pour les opérations de paix, Pékin est devenu le deuxième contributeur financier à l’ONU à New York après les Etats-Unis, supplantant le Japon.

Dans les agences, l’outil financier est également privilégié, comme à l’Unesco à Paris. Le retrait américain début 2019 de l’Organisation pour l’éducation, la science et la culture, accusée d’être biaisée aux dépens d’Israël, a été de pair avec une influence grandissante de l’Empire du milieu qui y est devenu le premier contributeur net obligatoire.

Pékin est très présent dans les programmes d’éducation des femmes et des filles et le numéro deux de l’Unesco, Xing Qu, est chinois. « On a réussi à trouver un équilibre: ils sont très présents sans imposer quoi que ce soit », assure à l’AFP un responsable sous couvert d’anonymat.

– « Le vide » –

Pour de nombreux fonctionnaires de l’ONU dans le monde, « le vrai sujet, c’est le vide laissé par les autres ».

« Avec les États-Unis qui ne dominent pas sur le plan international, l’Europe se disloquant et la Chine poursuivant ses propres intérêts, nous avons vraiment un problème », résumait jeudi dans le quotidien Washington Post Catia Batista, professeure d’économie à Lisbonne.

A l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à Rome comme à l’OACI à Montréal (Organisation de l’aviation civile internationale), le pouvoir de la Chine est avéré.

En 2019, le Chinois Qu Dongyu, ex-ministre, a pris la tête de la FAO et l’OACI est co-dirigée depuis 2015 par une de ses compatriotes, Fang Liu. Dans cette agence chargée de réguler le transport aérien, l’influence chinoise est « réelle et croissante », souligne un spécialiste de l’institution, en précisant que Pékin en est désormais le 2e contributeur financier après Washington.

Fin 2019, les Etats-Unis ont suspendu leur contribution financière à l’OACI pour l’accélération de plusieurs réformes. Ils « utilisent leur contribution comme un levier » mais « ce n’est pas un désengagement », veut croire la même source sous couvert d’anonymat.

A l’Unesco, cette tactique américaine ne s’est pas traduite par des conséquences révolutionnaires pour l’organisation, qu’en sera-t-il à l’OMS?

A Vienne, c’est un relatif désintérêt des grandes puissances occidentales pour la petite Organisation des Nations unies pour le développement industriel dans les pays du sud (Onudi) qui a conduit la Chine à l’utiliser comme un « marche-pied » pour son ascension dans les instances de l’ONU.

Lui aussi ex-ministre chinois, Li Yong en est toujours son directeur général depuis son entrée en fonctions en 2013.

Quant à l’AIEA (Agence internationale pour l’énergie atomique), les Etats-Unis, premiers contributeurs financiers devant la Chine, ont beau dire qu’ils n’ont pas perdu d’influence avec le retrait américain de l’accord conclu en 2015 avec Téhéran, la réalité est quelque peu différente avec des Chinois laissés en première ligne avec les Russes et les Européens.

« Après l’élection de Donald Trump, la Chine a renforcé son positionnement comme puissance garante du multilatéralisme », résume Alice Ekman. Selon elle « la crise du Covid-19 est un second événement accélérateur » pour que Pékin continue « à investir dans la gouvernance mondiale dans toutes les directions ». Et « l’OMS n’est qu’une institution parmi d’autres ».

« A terme, la Chine souhaiterait l’avènement d’une gouvernance mondiale post-occidentale, au sein de laquelle elle occuperait un rôle central », estime-t-elle.

burx-prh/cjc/cn

Equateur: cadavres égarés, la tragédie continue après la mort à Guayaquil

Darwin Castillo a littéralement perdu son père dans le chaos du Covid-19 à Guayaquil, une des villes les plus affectées d’Amérique latine. Il est allé en récupérer le corps dans une morgue bondée. Mais le sac mortuaire en contenait un autre.

Plus de deux semaines ont passé. Cet ouvrier de 31 ans ne sait toujours pas où se trouve le cadavre, dans cette ville de la côte Pacifique, épicentre de la pandémie en Equateur. Il a fini par rapporter le cercueil au funérarium.

« Je ne rejette pas la faute sur la morgue ou l’hôpital – il y avait des gens qui mourait dans l’entrée. Je voudrais juste retrouver mon père et lui offrir une sépulture chrétienne, donner un bouquet de roses à mon vieux », a-t-il expliqué à l’AFP.

La frustration se mêle au chagrin. Manuel, son père âgé de 76 ans, était sous dialyse et l’obstruction d’un cathéter a causé sa mort le 31 mars.

Deux jours après, il est allé chercher le corps aux Ceibos, le plus grand hôpital de Guayaquil, où sont regroupés les malades du nouveau coronavirus.

L’Equateur compte plus de 8.000 cas confirmés, dont 400 morts, depuis le 29 février, et au moins 70% dans la province de Guayas, dont le port de Guayaquil est le chef-lieu.

– Un conteneur de cadavres –

Darwin Castillo admet avoir soudoyé un employé de la morgue, avec 150 dollars, pour récupérer son père parmi les 170 cadavres qu’il y avait là, sans compter la cinquantaine d’autres entreposés dans un conteneur frigorifique.

Lorsque le sac mortuaire lui a été remis, il l’a ouvert pour vérifier. Mais il contenait le corps d’un autre, « un homme moustachu avec des vêtements différents ».

« Ce monsieur avait le bracelet d’admission de l’hôpital et il était marqué Rodriguez », se souvient-il. Il lui a lors été proposé de chercher lui-même parmi les morts, dont des victimes du Covid-19.

« S’il n’y avait pas ce problème, j’aurais passé un mort après l’autre pour trouver mon père. Mais je me serais exposé. » Par crainte de la contagion, il a renoncé.

Le chaos hospitalier et funéraire causé par l’épidémie, et aggravé par un couvre-feu de 15 heures, a abouti à ce que des centaines de cadavres attendent plusieurs jours dans les hôpitaux, des logements et jusque dans la rue.

– Localiser les morts enterrés –

Le gouvernement, dont une force spéciale a retiré près de 1.400 corps ces dernières semaines à Guayaquil, indique sur une page web où ils ont été enterrés. Deux cimetières ont été agrandis à cette fin.

Darwin y a cherché son père, en vain.

Il y a d’autres familles dans la même situation. Certaines s’organisent pour déposer plainte contre l’Etat.

« On ne comprend pas comment les services funéraires n’ont pu rendre le cadavre, ou l’ont perdu, ou l’ont confondu », a déclaré à l’AFP leur avocat, Hector Vanegas, par ailleurs conseiller municipal de Guayaquil.

« Les proches disent que les morts leur parviennent sous une autre identité, ou des hommes à la place de femmes », ajoute-t-il, soulignant que « la famille a le droit de connaître le sort de son parent décédé ».

Me Vanegas est en train d’établir une liste des personnes concernées et a déjà reçu 190 appels téléphoniques, certains non fondés.

Moisés Valle, 37 ans, a aussi perdu son père, décédé d’un infarctus à l’hôpital Teodoro Maldonado Carbo. Alors que cet employé de pharmacie faisait les démarches pour récupérer le corps, il a appris qu’il avait été entreposé dans le conteneur d’un autre établissement.

– Des corps putréfiés –

« Depuis, c’est un calvaire (…) le nom de mon père n’apparaît pas sur la page web », déplore-t-il. Tout était prêt pour l’enterrement qu’il a dû annulé.

Dayana, qui tait son nom de peur de représailles, travaille pour une entreprise funéraire. Les derniers jours de mars ont été exténuants et traumatisants.

« Je rentrais chez moi morte de fatigue, pleurant de tout ce que je voyais… les cadavres pourrissant, remplis de vers », dit-elle.

Elle allait à l’hôpital avec quatre cercueils à la fois. Mais cela ne suffisait jamais. Les appels à l’aide des familles retentissent encore dans sa tête.

« J’ai besoin d’un psychologue et j’en ai besoin vite de voir tant d’horreur », ajoute cette jeune femme de 29 ans, qui fait en outre état de « beaucoup de corps non identifiés » et d’autres remis sans qu’aucun document soit signé.

Et les familles endeuillées ressentent ce vide de ne pas savoir où sont leurs morts.

Coronavirus: le point sur la pandémie dans le monde

Nouveaux bilans, nouvelles mesures, faits marquants: un point sur les dernières évolutions de la pandémie de Covid-19, qui a contaminé plus de 2 millions de personnes dans le monde.

– Près de 93.000 morts en Europe –

Plus de 2.135.410 cas du nouveau coronavirus ont été officiellement déclarés dans le monde, dont au mois 141.127 décès, selon un comptage AFP jeudi à 19H00 GMT à partir de sources officielles.

Les Etats-Unis paient le plus lourd tribut, avec 31.590 décès.

Suivent l’Italie (avec 22.170 morts), l’Espagne (19.130), la France (17.920) et le Royaume-Uni (13.729).

La Belgique, qui revendique une « transparence maximale » sur la situation dans les maisons de retraite, affiche une des plus fortes mortalités en Europe (4.857 décès pour une population de 11,5 millions d’habitants).

– Brésil : ministre limogé –

Le populaire ministre de la Santé du Brésil, Luiz Henrique Mandetta, a annoncé sur Twitter qu’il avait été limogé par le président Jair Bolsonaro, avec qui il avait de profondes divergences sur la lutte contre la pandémie de coronavirus.

– Déconfinements progressifs –

La Suisse a annoncé un déconfinement « lent » et « progressif » à compter du 27 avril, tandis que l’Allemagne compte rouvrir prochainement certains magasins et, à partir du 4 mai, écoles et lycées.

L’Afrique du Sud a autorisé la reprise partielle des activités minières.

– Plus de 4,4 milliards de confinés –

Plus de 4,4 milliards de personnes, soit près de 57% de la population mondiale, sont appelées ou contraintes par leurs autorités à rester chez elles, selon un comptage réalisé jeudi à partir d’une base de données de l’AFP. Près de 110 pays ou territoires sont concernés.

Le confinement est prolongé jusqu’au 15 mai dans l’Etat de New York (Etats-Unis) et d’au moins trois semaines au Royaume-Uni.

Le gouvernement japonais a étendu l’état d’urgence à l’ensemble de l’archipel nippon.

– Un choc pétrolier d’ampleur planétaire –

Le marché pétrolier subit « un choc historique, brutal, extrême et d’ampleur planétaire », a estimé l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui prévoit un effondrement « historique » de la demande mondiale de pétrole en 2020.

– Enquête sur l’origine du Covid-19 –

Les Etats-Unis ont lancé une « enquête exhaustive » pour faire la lumière sur l’origine du Covid-19, disant ne pas exclure que le virus provienne d’un laboratoire de Wuhan (centre de la Chine).

– « Zones d’ombre » en Chine –

Le président français Emmanuel Macron a estimé dans un entretien au Financial Times qu’il existait des zones d’ombre dans la gestion de l’épidémie de coronavirus par la Chine, alors que le Royaume-Uni a averti la Chine qu’elle devrait répondre à des « questions difficiles » sur la gestion du virus.

– Appel à la rescousse financière –

Le maire de New York a lancé un appel à l’aide à Donald Trump, enjoignant le président américain de débloquer des milliards de dollars pour aider la capitale financière américaine à surmonter la crise.

– Le G7 se coordonne –

Les dirigeants du G7 se sont engagés à travailler ensemble à la réouverture de leurs économies.

L’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a appelé à renforcer l’aide publique aux pays en développement les plus touchés par l’épidémie.

– Décès de Luis Sepulveda –

L’écrivain chilien engagé Luis Sepulveda, 70 ans, auteur du best-seller « Le vieux qui lisait des romans d’amour », est décédé en Espagne du Covid-19.

– Traçage et port du masque –

La Norvège, un des premiers pays d’Europe à alléger les mesures de confinement, a lancé une nouvelle application mobile de traçage.

Les Polonais sont désormais obligés de se couvrir le nez et la bouche dans l’espace public, avec un masque ou un foulard.

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Coronavirus: sous le feu des critiques, la Chine révise ses bilans et appelle à l’unité

La Chine a révisé vendredi à la hausse le nombre de ses victimes du coronavirus et appelé à l’unité internationale, après des accusations nourries sur son manque de transparence quant à l’apparition de cette maladie qui paralyse depuis des semaines l’économie mondiale.

Depuis son apparition fin 2019 à Wuhan, la métropole du centre du pays, le coronavirus a infecté plus de 2 millions de personnes à travers le monde, conduit au confinement inédit de plus de 4,4 milliards de personnes et mis au chômage partiel ou total des dizaines de millions d’entre elles, dont 22 millions rien qu’aux Etats-Unis.

Alors que les conditions de sortie de cette crise sanitaire semblent incertaines, le président français Emmanuel Macron a mis en cause Pékin jeudi, emboîtant le pas aux dirigeants américains.

Il y a « manifestement des choses qui se sont passées qu’on ne sait pas », a-t-il déclaré au quotidien britannique Financial Times, mettant aussi en doute le bilan affiché par la Chine en termes de victimes.

A Londres, le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab a aussi déclaré que Pékin devrait répondre à des « questions difficiles concernant l’apparition du virus et pourquoi il n’a pas pu être stoppé plus tôt ».

Face à ces critiques, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, a estimé vendredi « impératif que tous les pays s’unissent pour combattre l’épidémie » et démenti toute « dissimulation » dans le bilan chinois des victimes.

Un peu plus tôt, la mairie de Wuhan avait créé la surprise en révisant à la hausse le nombre de décès intervenus sur son territoire, annonçant 1.290 morts supplémentaires tout en expliquant leur non comptabilisation initiale par le fait qu’ils étaient décédés chez eux et non à l’hôpital.

Ce nouveau décompte porte à 4.632 le bilan des décès enregistré dans le pays le plus peuplé du monde.

– Échappé d’un laboratoire ? –

Le nouveau coronavirus est soupçonné d’être apparu dans un marché en plein air de Wuhan où des animaux exotiques étaient vendus vivants. D’origine animale et proche d’un virus présent chez des chauves-souris, il aurait pu s’y transmettre à l’Homme et muter.

Mais des médias américains ont ouvert une autre piste. Selon le Washington Post, l’ambassade des Etats-Unis à Pékin avait alerté Washington il y a deux ans sur les mesures de sécurité insuffisantes dans un laboratoire local qui étudiait les coronavirus chez les chauves-souris.

Et d’après Fox News, le coronavirus actuel émanerait de ce laboratoire, même s’il s’agirait bien d’un virus naturel – et non un agent pathogène créé par les Chinois – et que sa « fuite » serait involontaire.

L’économie mondiale continue de subir de plein fouet les conséquences du confinement décrété un peu partout pour tenter d’enrayer la progression du virus.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a estimé jeudi que le marché pétrolier subissait « un choc historique, brutal, extrême et d’ampleur planétaire ».

Les chiffres de la croissance chinoise publiés vendredi montrent un PIB en recul de 6,8% sur un an au 1er trimestre, du jamais vu depuis l’établissement des statistiques trimestrielles au début des années 1990.

Aux Etats-Unis, où des pans entiers de l’économie sont en sommeil, le président Donald Trump a présenté jeudi un plan pour faire « redémarrer l’Amérique ».

Il a estimé que les Etats « en bonne santé » pouvaient redémarrer « littéralement dès demain », avant l’échéance du 1er mai un temps évoquée, mentionnant le Montana, le Wyoming ou le Dakota du Nord, relativement épargnés.

En Europe, le marché automobile s’est effondré de 55,1% en mars. Celui du mariage ne se portait pas mieux. « 80 à 85% des mariages sont célébrés entre mars et septembre: ça ne pouvait pas tomber plus mal », grince le fondateur du Salon du mariage en France, Stéphane Seban.

A Hollywood, c’est un autre secteur d’activité qui souffre. Depuis que les stars restent cloîtrées, les paparazzis d’Hollywood n’ont plus le moral, ni beaucoup d’activité. « Toutes les photos en ce moment, c’est avec des lunettes de soleil et un masque sur le visage… On ne peut guère espérer mieux », regrette Randy Bauer, fondateur de la célèbre agence photo Bauer-Griffin.

Les dirigeants du G7 se sont engagés jeudi à travailler ensemble à la réouverture de leurs économies alors que du côté européen, les autorités avancent vers le déconfinement en ordre dispersé.

Le Danemark a rouvert ses écoles mercredi, l’Autriche et l’Italie certains de leurs magasins non essentiels et la Suisse a annoncé un déconfinement « lent » et « progressif » à compter du 27 avril.

L’Allemagne compte rouvrir prochainement certains magasins et, à partir du 4 mai, écoles et lycées. Selon son ministre de la Santé Jens Spahn vendredi, l’épidémie y est désormais « sous contrôle et gérable » avec un taux d’infection inférieur à 1.

Mais la pandémie est loin d’être jugulée en Europe, a averti l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en notant des « chiffres constants ou accrus » dans l’est du continent et au Royaume-Uni où le gouvernement a décidé jeudi de prolonger le confinement « pour au moins trois semaines ».

– Distribution de masques –

Au Japon, le gouvernement a étendu jeudi l’état d’urgence à l’ensemble de l’archipel où la pandémie est en phase d’accélération.

La poste japonaise a débuté vendredi la distribution des deux masques réutilisables par foyer, en commençant par Tokyo.

« Je pense que cela ne fera pas de mal car on peut les laver et les réutiliser et cela peut bloquer les gouttelettes quand vous toussez », a dit à l’AFP Yohei Ono, 26 ans.

Plus de 2.135.410 cas du nouveau coronavirus ont été officiellement déclarés dans le monde, dont au moins 141.127 décès, selon un comptage AFP jeudi à 19H00 GMT.

Les Etats-Unis paient le plus lourd tribut, avec près de 33.000 décès pour 667.800 cas. Suivent l’Italie (22.170 morts), l’Espagne (19.130), la France (17.920) et le Royaume-Uni (13.729).

L’Amérique latine n’est pas épargnée.

Darwin Castillo, ouvrier équatorien de 31 ans, a littéralement perdu son père dans le chaos du Covid-19 à Guayaquil, une des villes les plus affectées d’Amérique latine: il est allé récupérer son corps dans une morgue bondée. Mais le sac mortuaire contenait une autre victime.

« Je ne rejette pas la faute sur la morgue ou l’hôpital – il y avait des gens qui mouraient dans l’entrée. Je voudrais juste retrouver mon père et lui offrir une sépulture chrétienne, lui donner un bouquet de roses », a-t-il expliqué à l’AFP.

burs-oaa/jhd

Coronavirus: quels remboursements de voyage en cas de fermeture de frontière ?

L’annonce surprise par Donald Trump d’une suspension pour trente jours de l’entrée aux Etats-Unis des voyageurs ayant récemment séjourné en Europe va se traduire par d’importantes annulations de voyages.

Cette mesure vient s’ajouter à celles prises par de nombreux autres pays vers lesquels les possibilités de voyages sont limitées. Les voyageurs peuvent-ils espérer être remboursés ?

Côté assurances, rien n’est moins sûr, ce type d’annulation étant généralement hors des garanties.  Reste à se tourner vers les voyagistes et les compagnies aériennes. Il faut distinguer de multiples cas de figure.

Avec une assurance annulation voyage

En principe, l’assurance voyage ne couvre généralement pas ce type d’annulation. Elle protège le voyageur seulement « contre un risque qu’il aurait lui-même de ne pouvoir voyager à la suite d’un décès, d’un accident, d’un problème de santé… », précise à l’AFP l’assureur Allianz.

Dans le cas où le pays a décidé d’interdire les voyages depuis l’Europe ou la France, les voyageurs « doivent contacter la compagnie aérienne ou l’agence de voyage auprès de laquelle ils avaient acheté leur billet d’avion qui leur apportera toutes les précisions nécessaires », ajoute Allianz.

Les garanties de la carte de paiement

Là encore, la décision d’un pays de fermer ses frontières ne permet pas au voyageur de faire jouer les garanties adossées à leurs cartes de paiement.

« Les assurances des cartes Visa ne couvrent pas les annulations et modifications de voyages pour cette raison. Si un porteur de carte souhaite annuler ou modifier son itinéraire, il doit contacter les professionnels du voyage (compagnies aériennes, hôtel, etc.) auprès desquels il a effectué sa réservation pour se renseigner sur les conditions de modification ou d’annulation », a répondu par écrit à l’AFP  le géant américain des services de paiement Visa.

De son coté, le groupe Mastercard, l’autre grand fournisseur mondial de cartes de paiement, renvoie les voyageurs au contrat qu’ils ont signé auprès de leur banque.

« On demande aux banques de mettre une assurance annulation voyage en place notamment en cas d’accident grave de voyageur, en cas de maladies soudaines, après il y a un certain nombre d’exclusions qui vont varier un peu en fonction du contrat souscrit par la banque auprès de son assureur », a expliqué à l’AFP un porte-parole de Mastercard.

Le cas des voyages « à forfait »

Le voyage à forfait est caractérisé par l’achat chez un professionnel du tourisme d’au minimum deux services de voyage (transport, hébergement…).

Dans ce cas, deux cas de figure se profilent, celui d’une annulation en raison de circonstances exceptionnelles et inévitables, et celui d’une annulation sans circonstances exceptionnelles et inévitables.

Il reviendra à la justice de dire si la survenue du coronavirus COVID-19 est une circonstance exceptionnelle et inévitable. Dans l’affirmative, le voyageur aura droit à un remboursement intégral par le professionnel du tourisme, souligne la FFA.

Cette annulation et ce remboursement peuvent être à l’initiative du professionnel du tourisme comme du voyageur. Le remboursement est alors réalisé sur le prix de l’ensemble du forfait.

Dans le cas d’une annulation sans circonstances exceptionnelles et inévitables à l’initiative du voyageur, celui-ci peut demander l’annulation du voyage à forfait.

Le vendeur du voyage à forfait rembourse alors le voyage en soustrayant au préalable des frais de dossiers appropriés et justifiables.

Si l’annulation est à l’initiative du transporteur aérien, le voyageur a droit au remboursement du prix du forfait ainsi qu’à un dédommagement complémentaire.

L’annulation d’une liaison aérienne

Si l’annulation d’un voyage par avion est à l’initiative du voyageur et si le vol est maintenu par la compagnie aérienne, sauf disposition contractuelle contraire, le voyageur ne peut pas exiger le remboursement intégral du billet de transport, écrit encore la Fédération française de l’assurance sur son site.

Si l’annulation est à l’initiative du transporteur aérien, celui-ci rembourse intégralement le prix du billet d’avion sans indemnisation complémentaire lorsque l’annulation est due à une circonstance extraordinaire. Il peut également proposer de nouvelles dates de vol.

De nombreuses compagnies proposent la possibilité de reporter les voyages sans frais.

En parallèle, l’Apra, une association de défenseurs des droits des passagers, a toutefois estimé vendredi que le Covid-19 devait être considéré comme « une circonstance extraordinaire » n’ouvrant pas droit à une demande d’indemnisation des passagers en cas d’annulation pour « soutenir l’industrie du voyage » dans une crise qui « doit être qualifiée de force majeure ».

Etats-Unis: les plus gros perdants de la déroute boursière liée au coronavirus

La panique a gagné cette semaine les marchés financiers à travers le globe, Wall Street connaissant jeudi sa pire séance depuis le krach boursier d’octobre 1987.

Même s’il y a eu un spectaculaire rebond lors de la séance de vendredi, une dizaine de milliers de milliards de dollars de capitalisation boursière est partie en fumée.

« On a baissé après avoir monté extrêmement lors des dix dernières années. Ca a l’air brutal mais il faut se dire que la Bourse a fait trois pas en avant et un pas en arrière », résume Gregori Volokhine, gérant de portefeuilles chez Meeschaert Financial Services.

Voici les grands perdants de la débâcle boursière:

– Les plus riches

Les milliardaires, dont les fortunes sont investies dans les marchés actions notamment dans les entreprises qu’ils dirigent ou dont ils sont les principaux actionnaires, sont ceux qui ont le plus perdu.

Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, a vu sa fortune investie dans Amazon fondre, de 117 milliards de dollars en fin de semaine dernière à 109 milliards vendredi, soit 8 milliards de dollars de moins en sept jours, d’après des chiffres en temps réel du magazine Forbes.

La fortune de Bill Gates, le co-fondateur de Microsoft, est, elle passée en une semaine de 108,2 milliards de dollars à 103 milliards vendredi, en baisse de 5,3 milliards.

Le Français Bernard Arnault, troisième homme le plus riche du monde et PDG de LVMH, a perdu pour sa part 14 milliards en une semaine, à 84,6 milliards.

L’homme d’affaires Warren Buffett, « l’oracle d’Omaha », a été pénalisé par la déroute des compagnies aériennes, dont son groupe Berkshire Hathaway est un actionnaire important. Sa fortune est passée de 81,6 milliards en fin de semaine dernière à 76,3 milliards vendredi.

Mark Zuckerberg, qui complète le top 5, a vu sa richesse diminuer de 9,2 milliards de dollars à 62 milliards dans le sillage de la chute boursière de Facebook.

Toutes ces pertes sont néanmoins virtuelles car les grosses fortunes n’ont pas vendu leurs titres et pourront donc regagner l’argent perdu si les marchés se redressent.

– Les retraités, les futurs retraités et les rentiers

La panique sur les marchés a entraîné un grand nombre d’investisseurs à se réfugier dans des actifs dits sûrs comme les titres de dette, et notamment la dette américaine.

Cette ruée a provoqué la chute des rendements de ces obligations, ce qui affecte les assurances-vie classiques et les contrats d’assurance-vie à annuités variables, dont une partie de la somme investie à la souscription fructifie selon les résultats de la Bourse jusqu’à la retraite de l’assuré.

Le taux des bons du Trésor à 30 ans, la plus longue échéance, était de 1,5% vendredi.

– Les petits porteurs et épargnants

Le nombre de ménages américains possédant des actions, directement ou via des fonds, était, selon la dernière enquête de la Réserve fédérale sur le sujet, de 51,9% en 2016. C’est plus d’un Américain sur deux.

Ces actifs sont souvent contenus dans les plans d’épargne retraite 401(k).

Les investisseurs individuels vont donc avoir une mauvaise surprise lorsqu’ils vont recevoir leur prochain relevé. Ils verront sans doute que leur « fortune » virtuelle a diminué drastiquement, ce qui risque d’influencer leur comportement de consommateur. Or la consommation est le moteur de l’économie américaine.

« Ils ne vont plus acheter le dernier modèle d’iPhone qu’ils avaient prévu d’acheter et c’est là où l’impact va durer », souligne M. Volokhine.

– Fonds de pension

Leurs pertes sont aussi essentiellement virtuelles car ils ne vendent pas leurs titres et investissent sur le long terme.

La partie de leurs actifs investie dans les actions a énormément souffert, et celle mise dans les obligations rapporte moins car les rendements ont diminué.

Il y a une troisième partie des actifs, dont la performance est inconnue: l’argent confié aux hedge funds et aux sociétés de capital-investissement.

Il va falloir attendre la fin du premier trimestre pour avoir une idée claire des pertes liées à ce troisième pan car les fonds publient leurs performances trimestriellement.

– Le divertissement, les loisirs et la restauration

Si un grand nombre d’entreprises va accuser un manque à gagner ponctuel, ce ne sera pas le cas pour les industries du cinéma, du théâtre, des croisières, du voyage et de la restauration qui ne pourront pas rattraper les dépenses perdues.

Disney est ainsi un des gros perdants.

Au-delà du coronavirus, l’ibuprofène déjà suspecté d’aggraver des infections

L’ibuprofène, suspecté d’aggraver l’infection chez les malades du coronavirus, est un médicament anti-inflammatoire largement utilisé par le grand public en cas de fièvre avec douleurs, alors qu’il est pourtant accusé d’entraîner des risques de complications infectieuses graves.

L’Agence française du médicament (ANSM) a alerté l’année dernière sur les risques de ce produit, qui appartient à la famille des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

Elle s’est appuyée pour cela sur une enquête qui a montré qu’en 18 ans, de 2000 à 2018, 337 cas de « complications infectieuses », dont 32 décès, ont été répertoriés pour l’ibuprofène (et 46 cas dont dix décès avec le kétoprofène, qui est également un AINS).

C’est pour cette raison que depuis le 15 janvier, les médicaments à base d’ibuprofène (dont les plus connus sont le Nurofen ou l’Advil) ne peuvent plus être vendus en libre service dans les rayons des pharmacies françaises.

Ils sont toujours disponibles sans ordonnance, mais il faut les demander au pharmacien, qui doit les ranger derrière son comptoir.

L’enquête de l’ANSM suggérait l’existence d’un « rôle aggravant » de l’ibuprofène « en cas d’infection », en particulier de celles dues au streptocoque. L’Agence française avait alerté ses homologues européennes sur la question.

Cette enquête portait sur des cas graves survenus chez des enfants et des adultes (souvent jeunes), sans facteur de risque particulier (comme par exemple être immunodéprimé).

Selon l’enquête, les complications entraînées par ces médicaments sont des « infections sévères » à l’origine d’hospitalisations, de séquelles et de décès.

Elles touchent la peau et des tissus mous comme par exemple les « fasciites nécrosantes ». Cette infection est due à un germe (essentiellement un streptocoque) surnommé bactérie « mangeuse de chair », source d’amputations et de mort.

Il peut également s’agir de septicémie (« sepsis »), de pneumonies compliquées d’abcès, de pleurésie, d’abcès cérébraux ou encore d’infections ORL atteignant le thorax (médiastinite).

Ces complications infectieuses (essentiellement dues à deux bactéries, streptocoque ou pneumocoque) « ont été observées après de très courtes durées de traitement (2 à 3 jours), y compris lorsqu’il était associé à une antibiothérapie », selon l’ANSM.

Elles sont survenues alors que l’ibuprofène (ou le kétoprofène) était « prescrit ou pris en automédication dans la fièvre mais également dans de nombreuses autres circonstances: atteintes cutanées bénignes d’aspect inflammatoire (réaction locale, piqure d’insecte…), manifestations respiratoires (toux, infection pulmonaire…) ou ORL (difficulté à avaler, angine, otite…) ».

En raison de ces risques, de nombreux professionnels de santé réclament que les médicaments à base d’ibuprofène ne puissent plus être vendus sans ordonnance.

L’enquête de l’ANSM montrait en outre qu’on persiste à utiliser les AINS pour traiter les enfants atteints de varicelle, alors qu’ils doivent être évités au profit du paracétamol.

« En cas de douleur ou de fièvre, notamment dans un contexte d’infection courante comme une angine ou une toux », il faut « privilégier l’utilisation du paracétamol en respectant les règles de bon usage », souligne l’ANSM.

Le paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.) doit en effet être pris en respectant strictement les doses, car à trop forte dose, il peut être très dangereux pour le foie.

Le grand public n’est pas toujours conscient des risques que peuvent entraîner ces médicaments, d’autant que l’information est parfois défaillante.

A titre d’exemple, dans des conseils mis en ligne pour l’isolement à domicile (ou autoconfinement) des patients possiblement infectés par le coronavirus, le NHS (système de santé britannique) recommande de prendre du paracétamol ou de l’ibuprofène, sans même faire mention des risques et des précautions d’emploi de ces médicaments.

Coronavirus: mode d’emploi d’une France qui se calfeutre

Privés de restaurant, de café au zinc, de cinéma et de voyages, les Français peuvent encore faire leurs courses au supermarché ou en pharmacie, voter, acheter leurs cigarettes et dormir à l’hôtel. Mode d’emploi d’une France qui se calfeutre face au coronavirus.

Le pays est entré au stade 3 de l’épidémie: pour ralentir sa progression, les activités jugées « non indispensables » ont été interdites.

Manger au restaurant : non. Se faire livrer un repas : oui

Les restaurants ont fermé leurs portes samedi à minuit, tout comme les bars, brasseries, cafés et discothèques, « jusqu’à nouvel ordre ». En revanche les activités de vente à emporter et de livraison sont maintenues dans les restaurants et débits de boissons, avec la recommandation d’éviter tout contact.

Voir un film ou un match, piquer une tête: non

Les cinémas sont fermés, tous les événements culturels et sportifs ont été annulés et les rassemblements publics de plus de 100 personnes ont été interdits à l’échelle nationale. Ce chiffre peut tomber à 50 dans les zones les plus touchées (Oise…). Les musées, théâtres, opéras, piscines ferment.

Rentrer de vacances : oui. Partir : non

Les transports longue distance vont être drastiquement réduits: trafic ferroviaire bientôt divisé par deux – pour les TGV et les Intercités -, à partir de mardi, et seulement « quelques vols » internationaux vers Etats-Unis, Afrique, Outre-mer et quelques vols domestiques.

La SNCF va « adapter son offre » pour permettre aux Français de rentrer de vacances: quitter les stations de ski – qui ferment – ou le Maroc – dont 12.000 touristes sont progressivement rapatriés.

Prendre les transports, un taxi ou un VTC: oui

Les transports en commun dans les agglomérations sont maintenus, avec à ce stade à Paris 80% des métros en circulation, un « trafic normal » pour les bus et tramways, ainsi que les RER A et B.

Les taxis et VTC sont maintenus.

Travailler : oui, quand télétravailler est impossible

Fortement conseillé par le gouvernement, le télétravail est possible pour « à peu près un emploi sur trois ». Les parents devant garder des enfants de moins de 16 ans et ne pouvant y recourir ont droit à un arrêt maladie. Les autres pourront se rendre à leur travail.

Faire ses courses : oui

Les supermarchés et épiceries resteront ouverts. Leur approvisionnement en produits alimentaires et de première nécessité sera « garanti dans les jours et les semaines à venir », a assuré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, et les règles du travail de nuit notamment, seront assouplies pour les magasins.

Il n’y aura « pas de rationnement » a-t-il assuré, appelant les Français à ne pas s’y ruer pour « acheter plus que de besoin ».

Les espaces culturels et les cafétérias de la grande distribution seront fermés.

Aller en cours ou passer des concours : non.

Ecoles, collèges, lycées et universités du pays ferment lundi, au moins jusqu’aux vacances de printemps, ce qui concerne plus de 12 millions d’élèves et 2,6 millions d’étudiants. Trois à quatre heures d’enseignement par jour – exercices en ligne, « classe virtuelle » en visioconférence- doivent être proposées.

Les concours qui devaient se tenir dans l’enseignement supérieur durant les trois prochaines semaines sont reportés, tant pour accéder aux grandes écoles (Polytechnique, HEC, CentraleSupelec…) que pour l’Education nationale (agrégations et Capes).

Les concours postbac (pour certaines écoles de commerce, d’ingénieur, des instituts d’études politiques…), seront remplacés par des examens des dossiers, dans le calendrier de Parcoursup.

Faire garder son enfant: seulement pour le personnel soignant

Un service de garde doit être mis en place région par région, pour les personnels « indispensables à la gestion de la crise sanitaire », a annoncé Emmanuel Macron jeudi.

Acheter ses médicaments ou les croquettes du chat: oui

A l’instar des pharmacies, les parapharmacies resteront ouvertes, tout comme, a annoncé Bruno Le Maire dimanche, « les animaleries et les magasins d’alimentation pour animaux ».

Aller à la banque, acheter son journal et ses cigarettes : oui

Les établissements bancaires resteront ouverts, tout comme les débits de tabac. Les marchands de journaux aussi peuvent continuer leur activité.

Se faire opérer : non, sauf urgences

Toutes les capacités hospitalières nationales et le maximum de médecins et de soignants sont mobilisés. Les soins « non essentiels » sont reportés dans les hôpitaux.

Pratiquer sa religion : cela dépend

Face à l’épidémie, les différents cultes s’organisent. Des messes sont toujours célébrées dans les églises catholiques et des offices dans les synagogues, mais avec des distances minimales entre les fidèles. La Grande mosquée de Paris a fermé. Toutes les mosquées ont été appelées par le Conseil français du culte musulman à suspendre l’organisation des prières du vendredi « jusqu’à nouvel ordre ». Pour le culte protestant, certaines églises ont demandé à fermer.

L’hôtel : oui… mais petit-déjeuner au lit

Les hôtels peuvent continuer à accueillir leurs clients, mais leurs restaurants et bars doivent garder portes closes. Il est toutefois possible d’y prendre son petit déjeuner ou tout autre repas, mais uniquement en chambre.

Le tribunal? Seulement pour les « contentieux essentiels »

Les tribunaux seront fermés sauf pour des « contentieux essentiels »: « les audiences correctionnelles pour les mesures de détention provisoire et de contrôle judiciaire », les « comparutions immédiates », « les présentations devant le juge d’instruction et le juge des libertés et de la détention », « les audiences du juge de l’application des peines » ainsi que celles du « tribunal pour enfants et du juge pour enfants » pour « la gestion des urgences », ou encore « les permanences du parquet », a indiqué la Chancellerie.

Cette dernière appelle à repousser, « dans la mesure du possible », les procès d’assises.

Cinq points à retenir du premier tour des élections municipales

Une abstention historique et une incertitude sur le second tour, un Premier ministre en ballotage, une poussée des écologistes, voici les points à retenir du premier tour des élections municipales.

UNE ABSTENTION RECORD SUR FOND DE CORONAVIRUS

Avec un taux compris entre 53,5 et 56% selon les instituts de sondages, l’abstention atteint un niveau historique, de près de 20 points supérieur à celui de 2014, sur fond de crise du coronavirus.

Une forte incertitude pèse sur la tenue du second tour, dimanche prochain, dans un pays où l’épidémie (127 morts dimanche soir) n’en est qu’à ses débuts. Plusieurs responsables politiques ont réclamé le report du second tour. La question d’un tel report sera examinée en début de semaine, après consultations des scientifiques et des responsables de partis. L’un d’entre eux, Christian Jacob, chef de file des Républicains, a d’ailleurs été testé positif au Covid-19 ce dimanche.

Si le report était décidé, cela obligerait à réorganiser l’ensemble des deux tours, car les élections municipales forment un tout. Sauf peut-être pour les candidats élus dès le premier tour.

EDOUARD PHILIPPE EN BALLOTAGE AU HAVRE

Arrivé en tête au Havre (43,6%), Edouard Philippe, soutenu par LREM, est mis en ballotage par le communiste Jean-Paul Lecoq (34%), alors qu’il avait été élu dès le 1er tour en 2014. Le Premier ministre pourrait se voir opposer une large coalition au second tour, ce qui handicaperait son maintien à Matignon.

Son ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, tête de liste, à Tourcoing (Nord) a lui été réélu dès le 1er tour avec 60,88% des voix. Le ministre de la Culture Frank Riester est lui aussi réélu à Coulommiers (Seine-et-Marne).

Plus largement, les candidats LREM sont souvent relégués en troisième ou quatrième position, lors de ce premier tour, comme à Limoge, Bordeaux, Perpignan Rennes, ou Nantes.

DES PRIMES AUX SORTANTS

Plusieurs maires PS sortants de grandes villes arrivent largement en tête, comme la socialiste Anne Hidalgo à Paris autour de 30%, en hausse par rapport aux sondages, devant la candidate LR Rachida Dati (22%) et l’ancienne ministre de la Santé LREM Agnès Buzyn (17%).

Martine Aubry arrive aussi en première position à Lille, tout comme Nathalie Appéré à Rennes, Johanna Rolland à Nantes, Stéphane Le Foll au Mans, ou Nicolas Mayer-Rossignol à Rouen, soutenu par le maire sortant PS Yvon Robert.

Chez les écologistes, le maire de Grenoble Eric Piolle est donné à 44% au premier tour.

A Marseille, la candidate LR Martine Vassal, qui doit faire face à une dissidence, est donnée très légèrement en tête (23%) devant la liste de gauche de Michèle Rubirola (21%).

A Toulouse, le sortant Jean-Luc Moudenc, soutenu par LR et LREM, est lui aussi bien placé (35,3%).

BONS RÉSULTATS DU RASSEMBLEMENT NATIONAL

Le Rassemblement national semble bien placé pour conquérir Perpignan, puisque son candidat Louis Aliot est arrivé largement en tête à 35,7%, devant le candidat LR Jean-Marc Pujol (18,4%), l’écologiste Agnès Langevine (EELV-PS, 14,5%) et le député macroniste Romain Grau (LREM, 13,2%).

Le RN a aussi fait réélire dès le premier tour ses candidats dans les places fortes de Fréjus dans le Var (David Rachline, 50,6%), Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais (Steeve Briois, 74,21%), Villers-Cotterêts dans l’Aine (Franck Biffaut, 53,47%).

FORTE POUSSÉE DES ÉCOLOGISTES

A Bordeaux, le candidat écologiste Pierre Hurmic (EELV) est au coude à coude avec le maire sortant Nicolas Florian (LR, 33,4-34%), successeur d’Alain Juppé, selon des estimations. Sont distancés le candidat LREM, Thomas Cazenave et Philippe Poutou (NPA) , autour de 12%.

A Lyon, la liste de l’écologiste Gregory Doucet arrive largement en tête, devant celle du LR Etienne Blanc et la liste LREM de Cuchera, sur laquelle se trouve Gérard Collomb, selon une estimation.

A Strasbourg, la candidate écologiste Jeanne Barseghian (EELV) arrive en tête du premier tour avec 27,9% des voix, devançant Alain Fontanel (LREM, 19,9%).

A Besançon, l’une des villes où les écologistes ont le plus d’ambition, la candidate EELV Anne Vignot (31,2%) devance le LR Ludovic Fagaut (23,6%) et le LREM Eric Alauzet (18,9%).

bur-caz/mra/shu

Les gagnants et les perdants du 1er tour des municipales

Le premier tour des élections municipales a vu les électeurs accorder globalement une prime importante au sortant, avec les challengers bien souvent à la peine.

Les gagnants…

. Anne Hidalgo (PS) – Paris

Alors que certains sondages ces dernières semaines donnaient sa rivale Rachida Dati (LR) en tête pour quelques points, la maire socialiste a largement distancé à la fois l’ancienne garde des Sceaux et Agnès Buzyn (LREM). Anne Hidalgo émarge ainsi à environ 30% selon des estimations, avec Rachida Dati en deuxième position à 23%, et Agnès Buzyn troisième avec moins de 18%. La maire sortante peut ainsi envisager le second tour avec une certaine sérénité et engager les négociations avec les écologistes, en position de force.

. David Rachline (RN) – Fréjus

L’une des meilleures prises du parti de Marine Le Pen en 2014, Fréjus, a réélu David Rachline dès le premier tour avec un peu plus de 50% des voix selon des résultats provisoires.

L’ancien sénateur conserve donc la ville varoise tandis que sa victoire réaffirme le département comme l’un des bastions du RN.

D’autres figures du parti ont également réalisé de très bons résultats comme Steeve Briois à Hénin-Beaumont, réélu de même dès le premier tour, et Louis Aliot à Perpignan, en ballotage favorable pour le second tour.

. Stéphane Le Foll (PS) – Le Mans

Le maire sortant arrive en ballottage très favorable pour le premier tour avec des estimations de résultats qui le placent à plus de 40%, loin devant l’ensemble de la droite. Au second tour, l’ancien ministre de l’Agriculture de François Hollande sera d’ailleurs opposé à une candidate divers gauche, l’actuelle députée socialiste Mariette Karamanli, qui a obtenu un peu plus de 13%.

Tout comme Stéphane Le Foll, le maire sortant à Dijon François Rebsamen est en bonne position pour le second tour. L’ancien ministre du Travail est en tête avec 38% des suffrages, devant Emmanuel Bichot (LR) qui obtient 15%.

. Gérald Darmanin (UDC) – Tourcoing

Le ministre de l’Action et des Comptes publics avait été accusé ces derniers jours d’avoir délaissé son portefeuille au profit de sa campagne à Tourcoing (Nord). Gérald Darmanin a finalement été élu dès le premier tour avec plus de 60% des voix.

Ce n’est pas le seul membre du gouvernement élu facilement puisque le ministre de la Culture Franck Riester, et le ministre chargé des Collectivités territoriales Sébastien Lecornu ont été élus également dès le premier tour, respectivement à Coulommiers (Seine-et-Marne) et Vernon (Eure). Ce dernier n’était cependant pas tête de liste.

… et les perdants.

. Sébastien Chenu (RN) – Denain

La ville du Nord était l’une des cibles principales du RN mais le porte-parole du Rassemblement national n’a pas réussi à mettre la maire sortante Anne-Lise Dufour-Tonini (PS) en difficulté. Celle qui est en fonction depuis 2011 a ainsi été réélue dès le premier tour.

. Cédric Villani (DVC) – Paris

Le mathématicien a clairement perdu son pari dans la capitale puisqu’il émarge à peine au-dessus des 5%. Le dissident LREM n’a pas donné d’indication sur une possible fusion de ses listes au second tour, mais il ne devrait pas peser autant qu’il pouvait l’espérer il y a encore quelques semaines.

. Alain Carignon (LR) – Grenoble

Celui qui fut maire de la ville iséroise de 1983 à 1995 ne devrait pas retrouver son fauteuil le maire sortant, l’écologiste Eric Piolle ayant obtenu plus du double (44,6%) des voix d’Alain Carignon (20,5%).

. Laurent Hénart (DVC) – Nancy

Alors qu’au niveau national les maires sortants ont particulièrement bien réussi, la deuxième place au premier tour du maire de Nancy, Laurent Hénart (DVC) peut être perçue comme une déception. Avec un peu moins de 35% des voix, il arrive derrière le candidat divers-gauche Mathieu Klein qui a récolté près de 38% des voix.

Benny Gantz, main de fer et gant de velours

Ancien chef de l’armée ayant débarqué il y a un an en politique, le centriste Benny Gantz se veut pragmatique et rassembleur, deux qualités dont il aura besoin pour tenter de former un gouvernement, après sa désignation par le président israélien lundi.

A 60 ans, le chef de « Bleu-Blanc », formation qui rassemble des élus des deux bords, a reçu le soutien de 61 élus, plus que l’inamovible Benjamin Netanyahu, Premier ministre depuis plus d’une décennie.

La mission de M. Gantz, désormais: mettre fin à la plus grave crise politique de l’histoire d’Israël.

Ce père de quatre enfants, à l’attitude décontractée et abordable, n’avait aucune expérience politique lorsqu’il s’est jeté dans l’arène il y a un an pour former Kahol Lavan -« Bleu-Blanc » en français, les couleurs du drapeau israélien.

Mais en fédérant les opposants à M. Netanyahu, il a réussi à rivaliser aux législatives d’avril, puis à celles de septembre 2019.

Lors du 3e scrutin du 2 mars, son parti a paradoxalement reculé, obtenant 33 sièges contre 36 pour le Likoud du Premier ministre sortant, mais Benny Gantz a reçu au final le soutien de 61 députés, contre 58 pour M. Netanyahu.

Son but est clair: chasser Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption et dont le procès, repoussé pour cause de pandémie mondiale, est désormais prévu dans deux mois.

« Le monde doit savoir que nous sommes pragmatiques et voyons uniquement le bien de l’Etat sans se préoccuper d’intérêts personnels », argue M. Gantz, disant vouloir restituer un sens de « l’honneur » à la fonction de Premier ministre.

Pur « sabra » –terme désignant les juifs nés en Israël–, ce fils d’immigrants rescapés de la Shoah est né le 9 juin 1959 à Kfar Ahim, un village du sud.

En 1977, il rejoint l’armée. Parachutiste, il gravit les échelons et obtient le grade de général en 2001 avant de devenir chef d’état-major de 2011 à 2015.

Dans un pays où l’armée est fédératrice, cet homme de 1,95 m aux yeux bleus bénéficie d’une aura conférée par ses faits d’armes et son rang d’ancien commandant des armées.

« Il n’a pas laissé de traces indélébiles dans l’armée, mais a conservé une image de stabilité et d’honnêteté », selon Amos Harel, journaliste spécialiste des affaires militaires au quotidien Haaretz.

S’il propose une vision plus libérale de la société que M. Netanyahu, et souhaite mettre en place un gouvernement laïc favorable au mariage civil, ce qui n’est pas d’usage en Israël, il soigne, comme le Premier ministre, son image de faucon.

Il affirme vouloir conserver le contrôle militaire israélien sur la majeure partie de la Cisjordanie occupée, annexer la vallée du Jourdain et mettre fin aux attaques à partir de Gaza.

Lors de la dernière guerre dans l’enclave contrôlée par les islamistes palestiniens du Hamas (2014), c’est lui qui était aux commandes et s’est targué du nombre de « terroristes » tués dans un clip de campagne, sans évoquer les victimes civiles.

Il a accusé le gouvernement actuel de « faire trop de concessions » et promis d’imposer « une politique de dissuasion » contre le Hamas à qui Israël a livré trois guerres depuis 2008.

Cultivant son image de « dur à cuire », M. Gantz a multiplié les appels du pied en direction de l’électorat de droite, poussant M. Netanyahu à le qualifier de « pâle imitation ».

Benny Gantz est titulaire d’une licence d’histoire de l’université de Tel-Aviv, d’un master en Sciences politiques de l’université de Haïfa (nord) et d’un master en gestion de ressources nationales de la National Defense University aux Etats-Unis.

Soutenu à la fois par la Liste unie des partis arabes israéliens et par le nationaliste Avigdor Lieberman, qui a par le passé refusé de participer à un gouvernement soutenu par les partis arabes, M. Gantz arrivera-t-il à former un gouvernement stable?

L’ancien militaire avait un temps écarté un scénario: celui d’un gouvernement d’union avec Benjamin Netanyahu à sa tête, l’inculpation du Premier ministre sortant le disqualifiant à ses yeu. Avant de finalement l’appeler à le rejoindre dans le gouvernement qu’il entend former.

Coronavirus: les étapes de l’épidémie en France

Les grandes étapes de l’épidémie de Covid-19 en France: des premiers cas fin janvier à la limitation des déplacements non essentiels annoncés lundi par Emmanuel Macron.

– Premiers cas –

Le 24 janvier, deux premiers cas de malades, originaires de Chine, atteints par le coronavirus, à Paris et Bordeaux. Ces deux personnes, ayant voyagé récemment en Chine, sont les premiers cas européens. Un troisième cas est annoncé le 25. Un quatrième malade, touriste chinois âgé, est annoncé le 28 et placé en réanimation.

– Rapatriements –

Air France suspend ses vols vers la Chine. Un premier avion ramenant 200 Français de Wuhan, épicentre de l’épidémie, atterrit fin janvier à Istres (Bouches-du-Rhône). Ils sont placés en quarantaine pendant 14 jours dans un centre de vacances.

Le 2 février, un deuxième avion avec 254 personnes dont 64 Français atterrit à Istres. Le 9, une trentaine de nouveaux rapatriés arrivent.

Le 21, une trentaine de Français sont également rapatriés et placés en quarantaine dans le Calvados.

– Premier mort –

Le touriste chinois de 80 ans, hospitalisé à Paris, meurt des suites du Covid-19 le 15 février, premier décès hors d’Asie.

– Mesures de précaution –

Le 24, le gouvernement demande aux personnes revenant des régions italiennes les plus affectées, Lombardie et Vénétie, d’éviter « toute sortie indispensable », de garder les enfants à la maison. Les voyages vers ces régions sont déconseillés.

– Stade 2 –

Le 28 février, nouvelle étape avec le passage au « stade 2 » de l’épidémie.

Le lendemain, la France passe le cap des 100 cas. Interdiction des rassemblements dépassant 5.000 personnes en milieux confinés.

– Annulations et réquisitions –

Le Salon de l’agriculture est écourté, le Salon du livre annulé, des matchs reportés.

Le 4 mars, le gouvernement réquisitionne les stocks de masques de protection. Les prix des gels désinfectants hydroalcooliques sont plafonnés.

– Rassemblements interdits –

Le 5, un député du Haut-Rhin est atteint. Plusieurs autres députés ont depuis été testés positifs.

Le 8, le cap des 1.000 cas est franchi. Le gouvernement interdit les rassemblements de plus de 1.000 personnes.

Le monde sportif se met à l’arrêt ou à huis-clos.

Les établissements scolaires de l’Oise et du Haut-Rhin, départements les plus touchés, sont fermés pour deux semaines.

– Impact économique « sévère » –

L’impact de l’épidémie sur la croissance sera « sévère », prévient le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Le ministre de la Culture, Franck Riester, est testé positif le 9 mars. La secrétaire d’Etat à la Transition écologique Brune Poirson le sera le 14.

Le 11, les écoles de Corse ferment jusqu’à fin mars.

– Ecoles fermées –

Le 12, Emmanuel Macron annonce la fermeture des crèches, établissements scolaires et universités à partir du 16 mars et jusqu’à nouvel ordre.

Les personnes de plus de 70 ans sont invitées à rester chez elles et l’ensemble des Français à limiter leurs déplacements au strict nécessaire, mais les élections municipales sont maintenues.

Le 13, la Ligue 1 et la Ligue 2 de football sont suspendues « jusqu’à nouvel ordre ».

– Stade 3 –

Le 14, la France, qui totalise 4.500 cas et 91 morts, passe au « stade 3 » de l’épidémie (circulation active du virus sur l’ensemble du territoire).

Fermeture des « lieux recevant du public non indispensables », dont les restaurants, bars, discothèques et cinémas.

– Déplacements limités –

Le premier tour des élections municipales, le 15 mars, est marqué par une abstention record. Face à l’épidémie, la situation « se détériore très vite », prévient le directeur général de la Santé Jérôme Salomon.

Le lendemain, Emmanuel Macron annonce la limitation au strict nécessaire des déplacements, sous peine de sanctions, le report du second tour des municipales et la suspension des réformes en cours. Le bilan de l’épidémie grimpe à 148 décès et 6.633 cas.

Confinement: quels déplacements autorisés et sous quelles conditions ?

« Restez chez vous ! », a intimé lundi soir le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Seuls quelques déplacements sont autorisés à partir de mardi midi avec attestation sur l’honneur. Quels sont-ils et à quelles conditions ?

Quels sont les déplacements autorisés ?

Selon le décret publié au Journal officiel mardi et signé du Premier ministre Edouard Philippe et des ministres de la Santé et de l’Intérieur, Olivier Véran et Christophe Castaner, sont autorisés:

– les « trajets entre le domicile et le ou les lieux d’exercice de l’activité professionnelle et déplacements professionnels insusceptibles d’être différés ».

– les « déplacements pour effectuer des achats de fournitures nécessaires à l’activité professionnelle et des achats de première nécessité dans des établissements dont les activités demeurent autorisées ».

– les « déplacements pour motif de santé ».

– les « déplacements pour motif familial impérieux, pour l’assistance des personnes vulnérables ou pour la garde d’enfants ».

– les « déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective, et aux besoins des animaux de compagnie ».

A quelles conditions ?

Pour chaque déplacement, la personne devra se munir d’une attestation sur l’honneur pouvant être téléchargée sur le site du ministère de l’Intérieur ou écrite sur papier libre.

Cette attestation se présente sous la forme de « je soussigné(e) Mme/M », « né(e) à » , »demeurant à », « certifie que mon déplacement est lié au motif suivant (cocher la case ou rédiger le motif) autorisé par l’article 1er du décret du 16 mars 2020 portant réglementation des déplacements dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus Covid-19 ».

Ce motif doit être un des cinq motifs prévus par l’arrêté.

Pour certains déplacements professionnels, les cartes professionnelles et des attestations d’employeurs devront être présentées.

Qui est concerné ?

Tout le monde en métropole à partir de midi ainsi que Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon « à une heure de la journée du 17 mars 2020 fixée par arrêté du représentant de l’Etat dans chacune de ces collectivités ».

Ces mesures sont valables jusqu’au 31 mars 2020 et pourront être renouvelées.

Lundi soir, le ministre de l’Intérieur a annoncé qu’une amende pour les contrevenants serait prochainement portée à 135 euros. Elle est aujourd’hui de seulement 38 euros.

Patrick Le Lay, un patron emblématique au tempérament inflexible

A la tête de TF1 pendant 20 ans, artisan de la privatisation de la chaîne rachetée par le groupe Bouygues en 1987, Patrick Le Lay, décédé mercredi à l’âge de 77 ans, a laissé l’image d’un patron énergique mais aux propos controversés.

Entré chez Bouygues en 1981, cet ingénieur en travaux publics est nommé trois ans plus tard pour mener la diversification du groupe. Après l’annonce de la prochaine mise en vente de TF1, Patrick Le Lay prépare pendant un an, avec minutie, le dossier de candidature de son employeur, ignorant la rumeur qui donne favorite la maison d’édition Hachette de Jean-Luc Lagardère.

Lorsque Bouygues rafle la mise, ce Breton austère découvre les moeurs flamboyantes de la télévision, très éloignées de celles du BTP. La plupart des stars quittent TF1 pour la Cinq, le navire tangue.

Peu à peu, avec le vice-président du groupe Etienne Mougeotte, il redresse la barre et transforme TF1 en machine à faire de l’audience et engranger les recettes publicitaires.

La chaîne s’installe comme leader incontesté de la télévision en France, une position qu’elle conserve encore aujourd’hui malgré une concurrence démultipliée.

Grâce à une gestion rigoureuse et un incontestable savoir-faire en matière de programmation, privilégiant les programmes populaires et réservant une place de choix à la télé-réalité, il laisse en 2007 à son successeur Nonce Paolini une société en excellente forme financière, réalisant une part d’audience de 31,6%.

Au sein de la rédaction, c’est « un homme de poigne » dont les seuls contacts avec les journalistes de base ont eu lieu « pendant l’existence éphémère de la Société des journalistes », rapporte un ancien journaliste de TF1.

Aux protestations de la SDJ après la coupure brutale, par la publicité, d’une conversation entre deux Prix Nobel lors d’un 20H00 en octobre 1992, il répond par le poétique: « Je me fous de vos cartes de presse. Aujourd’hui, même les putes sont encartées ».

Et personne n’a oublié ses paroles sur « le temps de cerveau disponible », des déclarations sorties de leur contexte, s’était-il ensuite défendu.

– Attaché à la Bretagne –

« Très grande tristesse d’apprendre la mort de Patrick Le Lay. Un vrai patron, un concurrent redoutable », a réagi mercredi sur Twitter le président du directoire du groupe M6 Nicolas de Tavernost.

« C’était un homme de conviction, parfois rude mais toujours attaché aux autres », a déclaré pour sa part sur le même réseau le PDG du groupe Bouygues, Martin Bouygues.

L’actuel PDG du groupe TF1 Gilles Pélisson a salué dans un communiqué « un visionnaire pour le monde de la télévision moderne, un grand chef d’entreprise et un entrepreneur audacieux ».

Les erreurs de jugement de Patrick Le Lay sont peu nombreuses. Mais en 2002, il jugeait « quasi nulles » les chances de succès de la télévision numérique terrestre (TNT), qu’il qualifiait de projet « marxiste ».

TF1 a donc fait des débuts timides dans la TNT, privilégiant au départ la télévision payante avec TMC rachetée avec AB Groupe et NT1 (devenue TFX).

Le groupe français laisse également passer en 2003 l’occasion de s’implanter en Allemagne, lors du démantèlement de l’empire de Leo Kirch.

Enfin, dans la lutte qui l’opposait à Canal+ dans le domaine de la télévision payante, c’est Canal+ qui a remporté la mise en rachetant fin 2005 TPS, l’ancien bouquet satellitaire détenu alors majoritairement par TF1.

Sa gestion sera seulement mise en cause lorsqu’il est personnellement condamné en appel, en 2013, pour avoir abusé des contrats à durée déterminée de mai 2002 à mai 2003, une première pour un patron de l’audiovisuel français.

Après son départ de TF1 en 2010, Patrick Le Lay s’était allié avec son ami François Pinault et dirigé le fonds d’investissement Serendipity spécialisé dans les paris sportifs. Très attaché à la Bretagne, il avait aussi présidé le club de football du Stade Rennais au début des années 2010.

A Paris, le coronavirus met un coup d’arrêt à l’animation du week-end

Berges de Seine fermées, Montmartre vidée, grandes artères exsangues… La vie dans les rues parisiennes a connu un coup d’arrêt au premier week-end de confinement contre la propagation du coronavirus, à l’exception des commerces autorisés, dernières poches d’activité visibles.

La Place de la République et son ballet quotidien de skatteurs, vélos et autres promeneurs s’est transformée en grande dalle vide, parfois perturbée par des passants, alpagués par les policiers leur demandant leur attestation de déplacement dérogatoire.

« D’habitude, le week-end avec ma copine, on va voir des amis, on mange dehors, on sort dans des bars, on se balade sur les quais… On aime bien passer notre week-end dehors », raconte Charles Colle. Ce samedi, ce sera lecture, films et cuisine.

« On fait des plats plus élaborés, d’habitude, on est moins créatifs », poursuit le jeune homme. « Hier j’ai fait un curry vert, là je vais préparer un ragoût à base de porc », détaille-t-il alors qu’il s’apprête à aller faire ses courses.

Les enseignes alimentaires, autorisées à rester ouvertes, constituent les principales poches de vie extérieure restantes dans la capitale. Les habitants s’y dirigent, le pas plus ou moins pressé, certains portant des masques et en ayant en tête la « distanciation sociale » de vigueur en temps de propagation du virus.

Avec la règle du mètre de distance à respecter entre chaque personne, certaines files d’attente atteignent des dizaines de mètres.

« J’en ai pour deux heures d’attente là », témoigne Christopher Andrain, développeur informatique, venu récupérer des oeufs et d’autres produits frais commandés en ligne auprès d’une enseigne spécialisée dans les produits fermiers.

-« Du jamais vu »-

A Barbès, quartier populaire du nord de la capitale (18e arrondissement), l’accès au marché est filtré. Les policiers contrôlent un par un les attestations de déplacement et réclament un justificatif de domicile pour s’assurer que les personnes vivent bien dans le quartier.

« 30% de la clientèle de ce marché vient de très loin, on essaye de casser cette dynamique. Dorénavant, il y a une seule file pour accéder au marché et il n’y a que les étals alimentaires », explique une fonctionnaire de la préfecture de Paris.

« L’objectif est de préserver ce marché populaire qui est le plus fréquenté de Paris », ajoute-t-elle. En temps normal, près de 5.000 clients y affluent.

« Heureusement que le marché reste ouvert, j’ai un budget limité et si je fais mes courses ailleurs je le dépasse, je ne peux pas me le permettre », confie Hassan, qui vient une fois par semaine faire ses courses.

Au niveau du canal Saint-Martin (10e arrondissement), noir de monde il y a encore une semaine, seuls quelques joggeurs s’aventurent désormais sur les quais.

« Mesdames, messieurs en raison de l’épidémie du coronavirus, nous vous demandons de ne pas rester sur les lieux et de rentrer chez vous », martèle un agent de la sécurité municipale muni d’un mégaphone, en passant en voiture aux abords du canal.

Autour des Buttes-Chaumont, des dizaines de jogggeurs courent le long des grilles du parc fermé. Entre les coureurs, Richard, 55 ans, impassible, poursuit sa séance de Tai-Chi: « normalement, je la fais plusieurs fois par semaine dans le parc mais je ne peux plus, donc j’essaye de m’en rapprocher le plus possible pour garder l’ambiance des Buttes et sa nature », poursuit-il, son attestation dans la poche.

Les lieux plus touristiques de la capitale sont aussi à l’arrêt. Les Champs-Elysées affichaient un grand calme samedi à la mi-journée et les berges de Seine, fermées pour le week-end, étaient totalement désertées.

Le calme plat ressenti sur les grandes artères de la ville tranche avec les bruits habituels de circulation et de vie sociale animée.

Si la plupart des habitants ont dû se contraindre à changer drastiquement leurs habitudes, certains y voient des bons côtés. Pour François, retraité et habitant de Montmartre, « ça a quelques avantages. Je retrouve mon quartier, vidé de ses touristes, du jamais vu. C’est calme et agréable ».

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Masques: face à la pénurie, priorité confirmée aux soignants

Face à la pénurie de masques, le gouvernement va maintenir la priorité « aux personnels exposés », a expliqué samedi le ministre de la Santé Olivier Véran, alors que nombre de professionnels du secteur de la santé se plaignent de l’absence de ces équipements de protection face au coronavirus.

« Les masques ont d’abord été distribués au sein des zones de circulation active du virus parce que notre choix a toujours été de donner la priorité aux personnels exposés et aux zones qui en avaient le plus besoin, » a assuré le ministre lors d’un point de presse.

Alors que le gouvernement a commandé « plus de 250 millions » de masques, M. Véran a détaillé les « choix que nous avons fait pour la distribution de masques dans les 15 jours à venir ».

« Priorité à la protection des professionnels de santé, amenés à prendre en charge des patients Covid-19 en ville comme à l’hôpital et nous donnerons également priorité à la protection des personnes qui interviennent auprès des personnes âgées en Ehpad pour préserver les capacités hospitalières », a-t-il relevé, promettant pour ce dernier secteur 500.000 masques par jour.

Il a ensuite listé le nombre de masques qui seront alloués, profession par profession: 18 par semaine pour les médecins de ville ou pharmaciens, 9 pour les personnes exerçant des activités de services d’aide et de soins à domicile et six pour les sage-femmes par exemple.

Pour d’autres professions qui réclament des masques (forces de l’ordre, distribution), le gouvernement va demander l’avis du Conseil scientifique récemment créé sur l’épidémie, a souligné M. Véran.

Il a par contre réitéré l’opposition du gouvernement à un usage généralisé, position conforme à celle de l’OMS et de nombreux experts.

L’Organisation mondiale de la santé souligne ainsi dans ses « conseils au grand public » que « si vous êtes en bonne santé, vous ne devez utiliser un masque que si vous vous occupez d’une personne présumée infectée » par le nouveau coronavirus.

Son usage est par contre recommandé pour les personnes présentant des symptômes: « Portez un masque si vous toussez ou éternuez ».

L’OMS souligne en outre que son port « n’est efficace que s’il est associé à un lavage des mains fréquent avec une solution hydroalcoolique ou à l’eau et au savon », les gestes barrière recommandés pour tous. Enfin, elle insiste qu’il faut absolument « l’utiliser et l’éliminer correctement », sous peine de le voir perdre toute utilité.

Coronavirus: les nouvelles mesures en vigueur en France

De nouvelles mesures destinées à lutter contre la propagation du coronavirus sont entrées en vigueur mardi en France. Voici les principales:

– Urgence sanitaire et sanctions –

Un « état d’urgence sanitaire » entre en vigueur pour une durée initiale de deux mois.

Une loi publiée mardi au Journal officiel permet au gouvernement de restreindre ou d’interdire la circulation, d’adopter des mesures de confinement ou de quarantaine, de limiter les rassemblements, d’ordonner la fermeture provisoire d’établissements et d’entreprises, de contrôler les prix de certains produits et de réquisitionner les personnes, biens et services nécessaires pour lutter contre la pandémie.

Ces mesures sont assorties de sanctions sévères: amende de 135 euros en cas de non-respect des règles de confinement, portée à 1.500 euros en cas de récidive « dans les 15 jours ». Dans le cas de « quatre violations dans les trente jours », la peine est portée à « 3.700 euros d’amende et six mois de prison au maximum ».

– Déplacements –

En vertu d’un décret publié également mardi, tout déplacement de personne hors de son domicile est interdit.

Des exceptions sont prévues pour:

– les trajets domicile-travail et déplacements professionnels ne pouvant être différés

– les déplacements pour effectuer les achats de première nécessité ou nécessaires à l’activité professionnelle

– les déplacements pour motifs de santé qui ne peuvent être différés

– les déplacements pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables et pour la garde d’enfants

– l’exercice d’une activité physique individuelle, dans la limite d’une heure par jour et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile

– les promenades entre personnes vivant au même domicile ou pour les besoins des animaux de compagnie, également limitées à une heure par jour et dans un rayon d’un kilomètre

– les déplacements pour répondre à une convocation de la police, de la gendarmerie, de la justice, ou pour participer à des « missions d’intérêt général » à la demande de l’administration.

Quiconque prétend bénéficier d’une de ces exemptions doit se munir d’une attestation.

– Transports et livraisons –

– Dans les autobus comportant plusieurs portes, les voyageurs ne peuvent monter par la porte avant. La vente de billets à bord est suspendue.

– Des règles d’hygiène et de « distanciation sociale » strictes sont fixées pour les transports de marchandises. Les livraisons sont également encadrées: pas de contact entre les personnes, pas de signature d’accusé de réception, les colis doivent être laissés devant la porte du destinataire, etc.

– Jusqu’au 15 avril, sont interdits les voyages en avion entre la métropole et La Réunion, Mayotte, les Antilles et la Guyane, sauf dérogations.

– Jusqu’au 15 avril, les navires de croisière et les navires transportant plus de 100 passagers ne peuvent plus faire escale dans les ports français, sauf dérogations.

– Marchés –

« La tenue des marchés, couverts ou non et quel qu’en soit l’objet, est interdite », précise le décret.

Les préfets peuvent toutefois autoriser certains marchés alimentaires répondant « à un besoin d’approvisionnement de la population » s’ils accueillent moins de 100 personnes simultanément.

– Cultes –

Les lieux de culte peuvent rester ouverts mais tout rassemblement en leur sein est interdit, à l’exception des cérémonies funéraires dans la limite de 20 personnes.

– Masques et gels –

Le décret limite les prix des gels hydro-alcooliques et réquisitionne les masques de protection respiratoire détenus par « toute personne morale », pour en garantir l’accès prioritaire aux professionnels de santé.

Un arrêté précise que des masques issus du stock national peuvent être distribués gratuitement aux professionnels de santé et aux personnes intervenant auprès de personnes âgées ou handicapées.

« Tristesse » du monde musical après le décès de Manu Dibango

« Tristesse », « Immense perte »: à l’image du chanteur sénégalais Youssou Ndour, le monde de la musique pleure la légende camerounaise de l’afro-jazz, Manu Dibango, décédé des suites du Covid-19.

– Martin Meissonnier, DJ et producteur historique des musiques du monde, à l’AFP: « C’est une perte énorme, ce n’est pas facile de parler… Son héritage, immense, va rester, sa créativité était géniale, il faisait danser les gens, avec une efficacité redoutable. Je suis anéanti par son décès. La première fois que je l’ai vu, j’avais 14-15 ans, j’étais fan. Depuis on est restés amis. C’est lui, qui plus tard, m’avait fait entrer au magazine Afro-Music. Et depuis que j’ai été amené à produire des disques, il n’a cessé de me donner des bons conseils. Il n’était pas snob, il était l’ennemi du snob. Contrairement à ceux qui l’ont méprisé, qui ne comprenaient pas ce qu’il faisait. Il rendait les gens heureux. Il était toujours partant, dès qu’il y avait un truc où il pouvait souffler (dans son saxo), il y allait ».

– Tony Allen, batteur nigérian star, à l’AFP: « Je ne peux pas oublier les albums que nous avons enregistrés ensemble après notre rencontre à Lagos. Des albums comme +Negropolitan+ et +Wakafrika+, et des concerts que nous avons faits ensemble. Manu mon grand ami et frère. Que son âme repose en parfaite paix ».

– Koffi Olomidé, star de la rumba congolaise, à l’AFP: « Manu Dibango, c’est papa légende. Il appartient à tous les pays d’Afrique. Il n’est pas seulement camerounais. C’est un Congolais, il est aussi ivoirien. C’est un panafricain, c’est monsieur Afrique ».

– Ray Lema, figure congolaise de la musique africaine, à l’AFP: « C’est une profonde tristesse qui m’anime, parce que ce monsieur c’était devenu un ami, un frère, un partenaire. Je l’ai vu arriver au Congo, c’était pour nous un rayon de soleil qui passait chez nous. Ca a été le premier musicien instrumentiste qui ne dépendait d’aucun groupe. Il nous a appris cette liberté du musicien. C’était un bon vivant, tellement joyeux, et il adorait tellement la musique. C’était un être passionné qui ne faisait pas les choses à moitié ».

– Youssou Ndour, chanteur, sur Twitter: « OH NON PAS TOI MANU DIBANGO. J’ai pas les mots pour traduire toute ma tristesse. Tu as été un grand frère, une fierté pour le Cameroun et pour l’Afrique toute entière. Une immense perte ! RIP le Roi de la Makossa et Génie (du) Saxo ».

– Angélique Kidjo, chanteuse béninoise, sur Twitter: « Cher Manu Dibango, tu as toujours été là pour moi depuis mes débuts à Paris, jusqu’à ces répétitions il y a deux mois. Tu es le géant de la musique africaine et un être humain magnifique ».

– Didier Drogba, ancien footballeur star ivoirien, sur Twitter: « Merci pour tout l’artiste, merci d’avoir placé la musique africaine sur le (toit du monde) toutes ces années, de Michael Jackson en passant par Rihanna. Repose en Paix Papa Manu. Mes condoléances à toute sa famille, au Cameroun à l’Afrique et au monde musical ».

– Franck Riester, ministre français de la Culture, sur Twitter: « Le monde de la musique perd l’une de ses légendes. La générosité et le talent de Manu Dibango ne connaissaient pas de frontières. Chaque fois qu’il montait sur scène, il se donnait sans retenue à son public pour le faire vibrer d’émotion. Je pense à sa famille et à ses proches ».

– La Commission européenne, dans un communiqué: « Nous présentons nos profondes condoléances à ses amis et à sa famille. Le Cameroun a perdu un éminent artiste et nous partageons la tristesse du peuple camerounais. »

– Jamel Debbouze, sur Instagram: « Manu, tu as été la lumière pour beaucoup de gens, tu m’as aidé à ouvrir le Comedy club et surtout tu m’as marié ».

– JoeyStarr, moitié de NTM, sur Instagram: « Manu RIP. Tout fout le camp. Soul Makossa. Musicien. Génie. Covid-19. Stay the fuck home (« Restez dans vos putains de maison »).

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Foot: Michel Hidalgo en bref

Michel Hidalgo, décédé jeudi à l’âge de 87 ans, en bref:

Nom: Hidalgo

Prénom: Michel

Nationalité: française

Date de naissance: 22 mars 1933

Lieu de naissance: Leffrinckoucke (Nord)

Discipline/poste: football/attaquant, puis entraîneur

Carrière de joueur: US Normande (1947-1952), Le Havre (1952-1954), Reims (1954-1957), Monaco (1957-1966)

Equipe de France: 1 sélection

Unique sélection: 05/05/62, France-Italie (1-2)

Palmarès de joueur:

3 Championnats de France (1955, 1961, 1963)

2 Coupes de France (1960, 1963)

Finaliste de la Coupe d’Europe des clubs champions (1956)

Carrière d’entraîneur: Monaco (réserve, 1967-1968), Menton (1968-1969), Monaco (réserve, 1969-1970)

Carrière de sélectionneur: Equipe de France (adjoint, 1972-1976), Equipe de France (1976-1984)

Palmarès de sélectionneur:

1 titre de champion d’Europe (1984)

Quatrième place de Coupe du monde (1982)

Coronavirus: la spirale de l’épidémie en France

Les grandes étapes de l’épidémie de Covid-19 en France: des premiers cas fin janvier à l’annonce vendredi d’une prolongation du confinement jusqu’au 15 avril.

– Premiers cas –

Le 24 janvier, deux premiers cas de malades, originaires de Chine, atteints par le coronavirus, à Paris et Bordeaux. Ces deux personnes, qui reviennent de Chine, sont les premiers cas officiellement déclarés en Europe. Un troisième cas est annoncé le 25. Un quatrième malade, touriste chinois âgé, est annoncé le 28 et placé en réanimation.

– Rapatriements –

Air France suspend ses vols vers la Chine. Un premier avion ramenant 200 Français de Wuhan, épicentre de l’épidémie, atterrit fin janvier à Istres (Bouches-du-Rhône). Ils sont placés en quarantaine pendant 14 jours dans un centre de vacances.

Le 2 février, un deuxième avion avec 254 personnes dont 64 Français atterrit à Istres. Le 9, une trentaine de nouveaux rapatriés arrivent. Le 21, une trentaine de Français sont également rapatriés et placés en quarantaine dans le Calvados.

– Premier mort –

Le touriste chinois de 80 ans hospitalisé à Paris meurt des suites du Covid-19 le 15 février, premier décès hors d’Asie.

– Mesures de précaution –

Le 24, le gouvernement demande aux personnes revenant des régions italiennes les plus affectées, Lombardie et Vénétie, d’éviter « toute sortie indispensable », de garder les enfants à la maison. Les voyages vers ces régions sont déconseillés.

– Stade 2 –

Le 28 février, passage au « stade 2 » de l’épidémie. Le lendemain, la France passe le cap des 100 cas. Interdiction des rassemblements dépassant 5.000 personnes en milieux confinés.

– Annulations et réquisitions –

Le Salon de l’agriculture est écourté, le Salon du livre annulé, des matchs reportés. Le 4 mars, le gouvernement réquisitionne les stocks de masques de protection. Les prix des gels désinfectants hydroalcooliques sont plafonnés.

– Rassemblements interdits –

Le 5, un député du Haut-Rhin est atteint. Plusieurs autres députés sont ensuite testés positifs.

Le 8, le cap des 1.000 cas est franchi. Le gouvernement interdit les rassemblements de plus de 1.000 personnes.

Le monde sportif se met à l’arrêt ou à huis-clos.

Les établissements scolaires de l’Oise et du Haut-Rhin, départements les plus touchés, sont fermés pour deux semaines.

– Impact économique « sévère » –

L’impact de l’épidémie sur la croissance sera « sévère », prévient le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Le ministre de la Culture, Franck Riester, est testé positif le 9 mars.

– Ecoles fermées –

Le 12, Emmanuel Macron annonce la fermeture des crèches, établissements scolaires et universités à partir du 16 mars. Les Français sont invités à limiter leurs déplacements au strict nécessaire, mais les élections municipales sont maintenues.

– Stade 3 –

Le 14, la France, qui totalise alors 4.500 cas et 91 morts, passe au « stade 3 » de l’épidémie, signifiant la circulation active du virus sur tout le territoire.

Fermeture de tous les « lieux recevant du public non indispensables », dont restaurants, bars, discothèques et cinémas.

– Confinement –

Le premier tour des élections municipales, le 15 mars, est marqué par une abstention record.

Le 17 à midi, la France entre en confinement pour deux semaines minimum: déplacements limités au strict nécessaire, second tour des municipales reporté et réformes en cours suspendues.

Plusieurs grandes villes imposent des couvre-feux. Un « état d’urgence sanitaire » entre en vigueur le 24 mars pour deux mois.

– L’armée en renfort –

Le manque de masques de protection, des tests trop peu nombreux et l’utilisation controversée d’un antipaludéen, la chloroquine, alimentent les polémiques.

La situation se tend : hôpitaux débordés dans l’est et en Ile-de-France, armée appelée en renfort pour monter un hôpital de campagne à Mulhouse et évacuer des malades.

– Confinement prolongé –

La « vague épidémique » est « extrêmement élevée », prévient vendredi 27 mars le Premier ministre, qui annonce la prolongation du confinement jusqu’au 15 avril minimum.

Le Covid-19 a causé la mort de près de 1.700 personnes à l’hôpital en France, selon le bilan du 26 mars au soir.

Coronavirus: le point sur la pandémie dans le monde

Nouveaux bilans, nouvelles mesures, faits marquants: un point sur les dernières évolutions de la pandémie de Covid-19, qui a déjà fait plus de 46.000 morts dans le monde.

– « Escalade rapide » –

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a alerté sur la progression « quasi-exponentielle » de la pandémie.

« Je suis profondément préoccupé par l’escalade rapide et la propagation mondiale des infections. Le nombre de décès a plus que doublé au cours de la dernière semaine. Dans les prochains jours, nous atteindrons 1 million de cas confirmés et 50.000 décès », a déclaré le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

– Pire crise mondiale depuis 1945 –

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a estimé que la Terre vivait sa « pire crise mondiale depuis que l’ONU a été fondée » il y a 75 ans, évoquant « la combinaison d’une maladie menaçante pour tout le monde et d’un impact économique conduisant à une récession sans précédent dans un passé récent ».

– Risque de « pénurie alimentaire » –

Les dirigeants de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont mis en garde contre un risque de crise alimentaire mondiale.

« Les incertitudes liées à la disponibilité de nourriture peuvent déclencher une vague de restrictions à l’exportation », provoquant elle-même « une pénurie sur le marché mondial ».

– Confinements –

Plus de 3,75 milliards de personnes, soit 48% de la population mondiale, sont appelées ou contraintes par leurs autorités à rester chez elles.

L’Allemagne va prolonger au moins jusqu’au 19 avril ses mesures de restriction. Le Portugal a décidé de prolonger le confinement de deux semaines.

Aux Etats-Unis, la Floride a ordonné le confinement général.

En France, le Premier ministre Edouard Philippe a expliqué qu’il était « probable » que le déconfinement de la population se fasse par étapes.

Aux Pays-Bas, où il n’y a pas de confinement obligatoire, les autorités ont étendu jusqu’au 28 avril les mesures de fermeture imposées aux écoles, aux restaurants et aux bars.

Le service américain des parcs nationaux a décidé la fermeture immédiate du Grand Canyon, haut lieu touristique d’Arizona visité chaque année par des millions de touristes.

– Menace de la rougeole –

L’Alliance du vaccin (Gavi), qui rassemble l’OMS, la Banque mondiale et des représentants de l’industrie pharmaceutique, craint que les mesures de confinement, qui limitent les vaccinations de routine, ne provoquent d’autres épidémies dangereuses comme la rougeole.

– Plus de 900.000 cas –

Au moins 905.589 cas d’infection, parmi lesquels 45.719 décès, ont été détectés dans 187 pays et territoires, selon un comptage réalisé par l’AFP à partir de sources officielles mercredi à 19H00 GMT.

L’Italie compte 13.155 morts, l’Espagne 9.053, et la France 4.032. La Chine, berceau de la pandémie, compte 81.554 cas, dont 3.312 morts.

Aux Etats-Unis (215.417 cas, dont plus de 5.000 morts), le décès d’un bébé de six semaines, contaminé par le coronavirus, a été annoncé mercredi.

Le Brésil a recensé un premier cas dans une communauté amérindienne: une jeune femme de l’ethnie kokama, âgée de 20 ans, vivant près de la frontière avec la Colombie. C’est est une professionnelle de santé.

Le Niger a signalé ses deux premiers cas hors de la capitale Niamey. Il en compte au total 74 et cinq morts.

– Tests, équipements –

L’équipe scientifique de la Commission européenne a développé un dispositif de contrôle des tests de dépistage du coronavirus. Le nouveau matériel vise à « garantir que les tests en laboratoire pour la présence du coronavirus fonctionnent bien ».

Le cigarettier British American Tobacco a annoncé qu’une de ses filiales travaillait sur un potentiel vaccin grâce à une méthode recourant à la feuille de tabac. Le vaccin est en phase de test pré-clinique et n’a pas donc pas été testé sur l’homme ni obtenu l’homologation des autorités sanitaires.

– Annulations, reports –

Le tournoi de tennis de Wimbledon, prévu du 29 juin au 12 juillet, a été annulé, ainsi que le festival d’Edimbourg, plus grand événement mondial de spectacle vivant prévu au mois d’août.

La conférence internationale sur le climat COP26 prévue à Glasgow en novembre est reportée à une date indéterminée en 2021.

– « Observatoire 19 » –

Reporters sans frontières a lancé l' »Observatoire 19″ de la liberté de la presse pour mesurer régulièrement « les impacts de la pandémie sur le journalisme », documentant « la censure étatique, la désinformation délibérée et leurs effets sur le droit à l’information fiable ».

– Evacuation –

Selon le président américain Donald Trump, les passagers canadiens et britanniques du paquebot Zaandam, qui transporte quatre morts et des personnes avec des symptômes du coronavirus, vont être prochainement évacués.

– Aides –

Le Fonds monétaire international octroie au Sénégal une aide d’urgence de 221 millions de dollars pour faire face à l’impact économique de la pandémie.

Les subventions salariales que le Canada compte verser aux entreprises pour éviter de nombreux licenciements coûteront 71 milliards de dollars canadiens (45 milliards d’euros).

Un avion chargé d’aide humanitaire, envoyé par la Russie pour aider les Etats-Unis à faire face à l’épidémie de coronavirus, a atterri mercredi après-midi à New York.

burs-acm/elm/roc

Covid-19: en RDC, mise en quarantaine du coeur battant de Kinshasa

Le coeur politique, diplomatique et économique de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, va être « mis en quarantaine » pendant 14 jours à compter de lundi, a annoncé jeudi le gouverneur de la ville.

La commune résidentielle de la Gombe, l’une des 26 de la capitale d’au moins dix millions d’habitants, « est mise en quarantaine du 6 au 20 avril », a déclaré le gouverneur Gentiny Ngobila lors d’une intervention radio-télévisée.

Siège du gouvernement, des grandes ambassades, de plusieurs banques, la commune de la Gombe « est considérée comme l’épicentre de l’épidémie dans la ville », a ajouté le gouverneur.

Pendant le confinement partiel de la seule Gombe, l’équipe de la « riposte » au Covid-19 « s’organisera pour rechercher les personnes malades, mais aussi investiguer les contacts à risque et les cas symptomatiques sur toute l’étendue de la ville de Kinshasa pour leur dépistage et prise en charge ».

« Il n’y aura pas de pénuries en denrées alimentaires », et les commerces éviteront « les ruptures de stock des produits essentiels », a assuré le gouverneur.

Le même gouverneur avait annoncé jeudi dernier un premier « confinement total » de quatre jours de tout Kinshasa, avant de faire marche arrière le lendemain par crainte d’une flambée des prix et de l’insécurité.

La RDC a officiellement déclaré 134 cas confirmés, pour 13 décès et trois guérisons, selon le dernier bulletin épidémiologique en date de jeudi soir.

L’immense majorité des cas – 126 – se trouve à Kinshasa, porte d’entrée du virus en RDC à partir du 8 mars, selon les données officielles.

Les premiers cas déclarés à partir du 10 mars ont été « importés » d’Europe, touchant par exemple des proches du pouvoir dont certains sont décédés. La zone de santé de la Gombe a été la plus touchée.

Cette commune huppée est parfois surnommée la « République de la Gombe » par ses habitants, principalement des expatriés et des Congolais dont le niveau de vie est nettement supérieur à celui du reste de la « cité ».

Un million de cas : la progression exponentielle de la pandémie

Le cap du million de cas de Covid-19 officiellement déclarés dans le monde a été franchi jeudi, avec, sur les dernières semaines, une nette accélération des contaminations et des décès qui témoigne de la progression exponentielle de la pandémie.

Que disent les chiffres les plus récents ?

Au moins 1.000.036 cas d’infection, parmi lesquels 51.718 décès, ont été détectés dans 188 pays et territoires, selon un bilan jeudi à 19H00 GMT.

Sur les 7 derniers jours, autant de nouveaux cas ont été diagnostiqués dans le monde que lors des 86 jours précédents. Le nombre de décès recensés a doublé depuis le 27 mars. A ce jour, au moins 186.000 malades sont considérés comme guéris.

Mais les données publiées partout dans le monde, aussi bien en terme de cas que de décès, sont loin de refléter exactement la réalité.

Nombre de pays ne testent que les malades dans un état grave – certains comme la Finlande reconnaissent eux-mêmes que leurs bilans sont largement sous-évalués, avec un nombre réel de cas dans le pays qui pourrait être jusqu’à 30 fois plus élevé. En ce qui concerne les morts, certains Etats n’incluent par exemple pas les décès survenus dans les maisons de retraite.

Mais la croissance des chiffres montre la propagation dramatique de la maladie à travers la planète.

Avec 542.191 cas recensés dont 37.715 décès (respectivement 54% et 73% des totaux mondiaux), l’Europe, qui comptait encore moins de 10.000 cas le 7 mars, est aujourd’hui le principal foyer de la pandémie.

La progression y a été fulgurante ces dernières semaines : en un peu plus de dix jours, le nombre des décès a été multiplié par 7, pour dépasser les 37.000 le 2 avril.

Mais elle l’est désormais aussi aux Etats-Unis, devenus le 27 mars le pays le plus touché dans le monde en nombre de cas.

Les Etats-Unis, qui ne comptaient officiellement que 68 contaminations le 2 mars, en enregistrent désormais plus de 234.000. Depuis le 28 mars, en seulement cinq jours, ces cas recensés dans le pays ont doublé.

Le nombre de décès y suit une évolution similaire : les Etats-Unis ont enregistré leur premier décès le 1er mars et en déplorent aujourd’hui 5.607. Ce nombre a doublé sur les 3 derniers jours.

L’Italie et l’Espagne meurtries

Seules l’Italie et l’Espagne affichent un bilan plus lourd à ce jour en terme de morts.

L’Italie (115.242 cas, 13.915 décès) et l’Espagne (110.238, 10.003) sont aussi avec les Etats-Unis les pays qui comptent plus de cas déclarés qu’en Chine, foyer initial de la contagion où les chiffres officiels montrent un fort ralentissement depuis plus d’un mois (81.589 cas dont 3.318 décès au total, 31 seulement depuis une semaine).

Sur 100 décès en Europe, près de 36 sont aujourd’hui enregistrés en Italie et 27 en Espagne.

Dans ces deux pays, les mesures de confinement de la population semblent toutefois commencer à porter leurs fruits, avec un ralentissement de la progression de l’épidémie. D’une augmentation de 15% du nombre de cas chaque jour il y a encore deux semaines, l’Italie enregistre depuis plusieurs jours des taux d’augmentation inférieurs à 5%. Depuis 24h, seuls 18 patients supplémentaires ont été admis en soins intensifs dans le pays.

L’Espagne recense elle environ 8% de cas supplémentaires chaque jour, bien moins que les 15 à 20% comptés la semaine dernière.

En Europe et ailleurs dans le monde, les autres pays les plus touchés sont la France (73.743 cas et 5.387 décès, avec un bilan incluant désormais des cas en maison de retraite), l’Iran (50.468, 3.160), le Royaume-Uni (33.718, 2.921), les Pays-Bas (14.697, 1.339), la Belgique (15.348, 1.011), l’Allemagne (73.522, 872), la Suisse (18.194, 431) et la Turquie (18.135, 356).

L’Afrique, malgré sa population de 1,3 milliard d’habitants, recense à ce jour seulement 6.804 cas pour 273 décès. Le seul continent qui compte moins de cas est l’Océanie (5.949 cas pour 27 décès).

La région d’Amérique latine et des Caraïbes a franchi mercredi le cap des 20.000 cas, atteignant jeudi 23.133, dont 653 décès. Le Moyen-Orient a lui enregistré 64.083 cas dont 3.306 décès et l’ensemble de l’Asie 112.356 cas dont 4.003 décès.

Ces bilans ont été réalisés à partir de données collectées par les bureaux de l’AFP auprès des autorités nationales compétentes et des informations de l’OMS.

Keir Starmer, nouveau visage modéré et europhile de l’opposition britannique

En portant Keir Starmer à leur tête, les travaillistes britanniques ont choisi une figure modérée et europhile, un ancien avocat spécialisé dans la défense des droits de l’Homme, pour mener l’opposition dans le Royaume-Uni de l’après-Brexit.

Elu à une large majorité samedi, cet homme de 57 ans au visage carré a réussi à rallier les centristes du parti, tout en parvenant à conserver le soutien des partisans de son prédécesseur, le très à gauche Jeremy Corbyn.

Keir Starmer a réussi ce pari en ne jetant aux orties ni le programme – qui prévoit des nationalisations massives – ni le radicalisme de l’ancien chef de parti travailliste, qui a subi aux élections législatives du 12 décembre une défaite sans commune mesure depuis 1935, notamment en raison du manque de clarté de sa position sur le Brexit.

Chargé depuis 2016 au sein du parti de cette question qui a déchiré le pays pendant plus de trois ans, Keir Starmer s’est nettement démarqué de la ligne attentiste de Jeremy Corbyn, en se prononçant pour un nouveau référendum et surtout pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne.

Juste après le vote qui a vu le « leave » l’emporter à 52% en juin 2016, il a fait partie du mouvement de rébellion au sein du Labour contre Jeremy Corbyn, étrillé pour sa molle campagne pour le maintien dans l’UE.

Keir Starmer devra rassembler et mener à la victoire un parti éclaté par les divisions, qui a perdu les clés de Downing Street au profit des conservateurs depuis dix ans.

Il devra aussi assainir un parti gangréné par l’antisémitisme, que Jeremy Corbyn est accusé au mieux de ne pas avoir assez combattu, au pire d’avoir laissé complaisamment prospérer. C’est d’ailleurs l’un des engagements qu’il a pris sitôt élu, s’excusant de cette « tache » sur le parti.

Ni corbyniste ni blairiste (du nom de l’ancien Premier ministre Tony Blair, au libéralisme assumé), Keir Starmer déclarait en décembre au Guardian : « Je n’ai pas besoin du nom de quelqu’un d’autre tatoué sur le front pour savoir ce que je pense ».

« Starmer va être le bureaucrate compétent, celui qui fait les choses. (…) Il demandera au gouvernement de rendre des comptes », estime Steven Fielding, professeur d’histoire politique à l’université de Nottingham, interrogé par l’AFP.

– Défenseur puis accusateur –

Selon Andrew Rawnsley, éditorialiste de l’hebdomadaire de gauche The Observer, « beaucoup s’interrogent sur sa capacité à inspirer ».

Sérieux, parfois même décrit comme terne face à un Boris Johnson, au pouvoir depuis juillet, et haut en couleurs, Keir Starmer a plus un profil de juriste que de politique pur jus.

Il n’est d’ailleurs membre du Parlement que depuis 2015, élu dans la circonscription de Holborn et Saint-Pancras à Londres. Dans la foulée de la démission d’Ed Miliband après la défaite des travaillistes – la pire depuis 1987 – les proches de Keir Starmer le pressent de se lancer dans la course à la tête du parti. Faute d’expérience, il refusera et apportera son soutien à Andy Burnham, battu par Jeremy Corbyn.

Né le 2 septembre 1962, Keir Starmer avait pour camarade d’école le DJ Fatboy Slim, avec qui il prenait des cours de violon.

Son père était tourneur-ajusteur, sa mère, infirmière souffrant d’une grave maladie auto-immune, ce qui l’a amené à fréquenter les hôpitaux depuis sa jeunesse. Son épouse, avec qui il a deux enfants, travaille pour le NHS, le service public de santé britannique, qui a été au coeur de sa campagne.

Après des études de droit, à Leeds puis Oxford, il devient avocat et se spécialise dans la défense des droits de l’Homme. C’est ainsi qu’il mènera des batailles judiciaires contre la peine de mort dans les Caraïbes ou défendra des salariés de McDonald poursuivis pour avoir critiqué l’enseigne.

En 2008, il passe de défenseur à accusateur, en prenant la tête du parquet d’Angleterre et du Pays de Galles, poste qu’il occupera jusqu’en 2013.

Pendant cette période, il mène les poursuites contre des députés abusant de leurs frais de mandats, mais essuie des critiques pour avoir initialement refusé d’engager des poursuites contre un policier dans l’affaire de la mort d’un vendeur de journaux lors des manifestations de 2009 lors du G20 à Londres.

Fan d’Arsenal, il est passionné de foot, et joue tous les week-ends.

Coronavirus: le point sur la pandémie dans le monde

Nouveaux bilans, nouvelles mesures, faits marquants: un point sur les dernières évolutions de la pandémie de Covid-19.

– Espoir en Europe –

En Italie, le nombre de morts officiellement recensés en 24 heures (525) est le plus bas depuis plus de deux semaines. « La courbe a commencé sa descente », s’est félicité le patron de l’Institut supérieur de la Santé.

L’Espagne, où les autorités estiment avoir stabilisé la propagation du virus, a enregistré 674 morts au cours des dernières 24 heures, un chiffre en baisse pour le 3e jour consécutif.

– « Escalade » à venir aux Etats-Unis –

« La semaine prochaine sera un moment comme Pearl Harbor, comme le 11-Septembre, sauf que ce ne sera pas localisé, ce sera dans tout le pays », a prévenu l’administrateur fédéral des services de santé publique, Jerome Adams.

Les Etats-Unis se sont approchés dimanche de la barre des 10.000 morts, dont plus de 4.000 pour le seul Etat de New York, avec plus de 1.200 morts en 24 heures.

– Plus de 68.000 morts –

Le nombre des cas de contamination par le nouveau coronavirus dépasse 1,2 million, parmi lesquels plus de 68.000 décès, dans 191 pays et territoires, selon un comptage réalisé par l’AFP dimanche à 19H00 GMT.

L’Italie (15.877 morts) et l’Espagne (12.418) sont les pays au monde comptant le plus de morts. La France dénombre 8.078 décès.

– Boris Johnson hospitalisé –

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, testé positif au nouveau coronavirus il y a dix jours, a été hospitalisé dimanche pour subir de nouveaux examens, ont annoncé ses services, précisant qu’il s’agit d’une « mesure de précaution ».

– Elisabeth II: « Nous vaincrons » –

La reine Elisabeth II a remercié le personnel soignant ainsi que les Britanniques qui restent chez eux pour éviter la propagation du virus, dans une allocution télévisée historique.

« Nous vaincrons » le coronavirus, a lancé la reine. L’épidémie a fait près de 5.000 morts dans le pays.

– Quarantaines –

En Grèce, un deuxième camp de migrants près d’Athènes a été placé en quarantaine après un test au coronavirus qui s’est révélé positif pour un ressortissant afghan.

Singapour a placé près de 20.000 travailleurs migrants en quarantaine après avoir constaté la hausse du nombre de contaminations, notamment au sein des résidences où dorment ces ouvriers.

Au Pakistan, quelque 20.000 fidèles ayant participé à un rassemblement géant d’un mouvement rigoriste musulman à Lahore ont été mis en quarantaine. Les autorités en recherchent des dizaines de milliers d’autres.

– Eglises vides –

Le pape François a célébré la messe des Rameaux, qui marque l’entrée dans la semaine sainte de Pâques, dans une basilique Saint-Pierre déserte du fait de la pandémie.

Aux Philippines, des prêtres, masques sur le nez, ont béni les fidèles en confinement depuis des véhicules.

L’archevêque du Panama, José Domingo Ulloa, est monté dimanche à bord d’un hélicoptère pour une bénédiction depuis les airs, donnant le coup d’envoi de la Semaine Sainte dans ce pays.

– « Restez chez vous! » –

Londres a menacé de durcir le confinement s’il est bafoué. « Prendre un bain de soleil est contraire aux règles », a insisté le ministre de la Santé Matt Hancock, lui-même guéri du nouveau coronavirus.

– Côte d’Ivoire: la population détruit un centre anti-coronavirus –

Des habitants d’un quartier populaire d’Abidjan ont violemment démantelé dimanche un centre en construction dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de coronavirus, parce qu’ils redoutaient sa trop grande proximité.

– Equateur: des cercueils en carton –

La ville équatorienne de Guayaquil, particulièrement frappée par la pandémie de coronavirus et où des vidéos ont montré des cadavres dans les rues, tente de faire face à l’augmentation des décès avec des cercueils en carton.

burs-ob/ybl

Italie : un plan pour sortir « graduellement » de la pandémie

Apparemment arrivée sur « le plateau » de la pandémie, l’Italie n’a pas entamé la descente mais pense à son redémarrage avec un plan sanitaire du gouvernement, qui prévient que le retour à la normale n’est pas pour demain.

Ce pays, jusqu’ici le plus endeuillé du monde par le fléau, a enregistré dimanche le nombre de morts en 24 heures le plus bas (525) depuis plus de deux semaines.

– Quand la vie pourra-t-elle reprendre ? –

« Pour l’instant, je ne peux pas dire quand le blocage (du pays) prendra fin. Nous suivons les indications du comité scientifique mais l’Italie a été la première nation à faire face à l’urgence », a déclaré dimanche le Premier ministre, Giuseppe Conte, interrogé sur la chaîne américaine NBC News.

« Notre réponse n’a peut-être pas été parfaite, mais nous avons fait de notre mieux sur la base de nos connaissances », a ajouté M. Conte, qui avait annoncé cette semaine que l’Italie resterait à l’arrêt au moins jusqu’au 13 avril.

Les autorités n’ont cessé de le répéter ces derniers jours, craignant un relâchement des comportements avec les beaux jours et les vacances de Pâques : « il ne faut pas baisser la garde » contre le virus.

« L’urgence n’est pas finie. Le danger n’a pas disparu. Nous avons encore quelques mois difficiles devant nous, ne gâchons pas les sacrifices consentis », a exhorté dimanche le ministre de la Santé Roberto Speranza dans un entretien avec les quotidiens Il Corriere della Sera et La Repubblica.

L’objectif est un retour à la normale « dès que possible », a ajouté le ministre sans « donner de date ».

Et après ? Le chef de la Protection civile, Angelo Borrelli, qui égrène chaque soir la litanie des victimes, a annoncé vendredi que la péninsule serait toujours confinée pour le pont du 1er mai, avant de préciser que la décision relevait exclusivement du gouvernement.

Avec prudence, M. Borrelli a aussi évoqué le 16 mai comme date possible d’entrée dans une « phase 2 », synonyme de « coexistence avec le virus », mais seulement « si l’évolution (de la pandémie) ne change pas ».

– Avec quelles mesures sanitaires ? –

Le ministre de la Santé a exposé dimanche un plan stratégique en cinq points « pour sortir graduellement » de la pandémie préconisant le port du masque généralisé, la « distanciation sociale scrupuleuse dans les lieux de vie et de travail » et un réseau d’hôpitaux se consacrant au Covid-19 qui resteront ouverts après la crise pour empêcher un éventuel retour du virus.

Le gouvernement prévoit de renforcer « les réseaux sanitaires locaux » afin que chaque malade identifié puisse être pris en charge du dépistage à la mise en place d’un traitement, et de tester des échantillons de la population pour déterminer le nombre précis des personnes contaminées.

L’éxécutif envisage enfin la mise en place d’une application sur smartphone, sur le modèle sud-coréen, à la fois pour cartographier les mouvements des malades diagnostiqués pendant les 48 heures ayant précédé l’infection et pour favoriser la télémédecine afin, par exemple, de surveiller à domicile leur fréquence cardiaque et leur taux d’oxygène dans le sang.

– Dans quel ordre ? –

« Même lorsque les cas de coronavirus seront tombés à zéro, la vie ne sera plus la même pendant longtemps », a prévenu cette semaine le président de l’Institut supérieur de la santé (ISS), Silvio Brusaferro.

Avec l’assouplissement des mesures de confinement, les premières activités qui devraient reprendre sont celles liées à la chaîne d’approvisionnement alimentaire et pharmaceutique. Cela devrait aussi être le cas des artisans dont les boutiques voient passer un nombre limité de personnes.

Les bars, restaurants, discothèques ou salles de sport seront les derniers à rouvrir et, le moment venu, il est probable que leurs propriétaires devront prévoir une distance de sécurité d’au mois un mètre entre leurs clients de même qu’avec leur personnel.

Les personnes souhaitant rentrer en Italie – environ 200.000 Italiens actuellement selon les chiffres officiels – devront se mettre à l’isolement et présenter en montant à bord d’un avion ou d’un train une déclaration sur l’honneur précisant l’adresse où ils devront se soumettre à une période de quarantaine.

Les transports publics devront maintenir une fréquentation basse, ce qui sera rendu possible grâce à des contrôleurs chargés de faire respecter une distance entre les passagers en n’utilisant qu’un siège sur deux ou en ne laissant monter qu’un nombre limité de personnes à bord des rames de métro, bus ou trains.