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Niger : la BAD approuve une subvention de 400 000 $ pour la Caisse des dépôts et consignations

Le Groupe de la Banque africaine de développement a approuvé, le 16 décembre dernier à Abidjan, une subvention de 420 000 dollars américains en faveur du Niger pour consolider sa stratégie en matière de marchés des capitaux et élargir la base des investisseurs.

La subvention provient du Fonds fiduciaire pour le développement des marchés de capitaux (CMDTF), un fonds multi donateurs administré par la Banque africaine de développement. Les fonds sont destinés à la Caisse des dépôts et consignations du Niger qui les utilisera pour développer une stratégie de mobilisation de l’épargne institutionnelle et de refinancement hypothécaire des logements sociaux.

« Nous sommes ravis du partenariat avec la Caisse des dépôts et consignations du Niger pour soutenir le développement des marchés de capitaux, a déclaré Ahmed Attout, chef de la Division du développement des marchés de capitaux de la Banque africaine de développement. Ce financement est en phase avec l’une des priorités du Fonds fiduciaire pour le développement des marchés de capitaux qui consiste à élargir la base d’investisseurs institutionnels. Ce projet contribuera à renforcer les liens entre l’épargne institutionnelle et le secteur réel ».

« Je me réjouis de l’approbation du projet d’appui à notre Caisse par le Comité technique du fonds fiduciaire, a déclaré la directrice générale de la Caisse des dépôt et consignation du Niger, Mme Taibou Issoufou Ramatou. Ce type de projet est très important pour notre jeune structure. Sa mise en œuvre contribuera, d’une part, à développer les capacités opérationnelles de la Caisse, et d’autre part, c’est le début d’une relation de partenariat entre nous et la Banque africaine de développement. »

La conception du projet est née d’un processus participatif impliquant la Caisse des dépôts et consignations du Niger, le ministère nigérien de l’Économie et des Finances et les acteurs locaux des marchés de capitaux.

À la fin 2020, la Caisse des dépôts et consignations du Niger a mobilisé au total 13,6 millions de dollars depuis sa création en 2018.

À propos du CMDTF

Le Fonds fiduciaire pour le développement des marchés de capitaux est un mécanisme de subventions multi donateurs conçu pour développer des marchés de capitaux africains robustes et soutenir les efforts du Groupe de la Banque africaine de développement afin de mobiliser des ressources domestiques pour financer le développement du continent. Il est soutenu par le ministère des Finances du Luxembourg et le ministère du Commerce extérieur et de la Coopération des Pays-Bas.

 

source: Agence Ecofin

Au Niger, un projet de la BAD contribue à améliorer la résilience de la population face au changement climatique (rapport)

Mis en œuvre, entre 2013 et 2020, le Projet de mobilisation et de valorisation des ressources en eau (PROMOVARE) a contribué à améliorer la résilience de la population face aux effets du changement climatique, indique le rapport d’achèvement de projet de la Banque africaine de développement, publié le 20 décembre dernier.

 

 

Le projet a bénéficié d’un financement de 22 millions de dollars américains du Groupe de la Banque africaine de développement. Il a été mis en œuvre dans les régions d’Agadez, Dosso, Tahoua et Tillabéri, qui regroupent 49,7% de la population totale du Niger, estimée à environ 12,3 millions d’habitants en 2021. Au total, 41 00 producteurs ont directement été touchés par les actions du projet, et près de 710 600 personnes (dont 50,6% de femmes) l’ont été de façon indirecte.

Le projet a permis, dans le cadre de la mobilisation des ressources en eau, de construire un mini-barrage d’une capacité de rétention de six millions de mètres cube d’eau et dix seuils d’épandage. Au moins, 973,79 hectares d’ouvrages antiérosifs ont été aménagés pour le traitement de onze kilomètres de berges en pierres sèches, deux périmètres pastoraux de 20 000 hectares de pâturage naturel. Six parcs de vaccination, neuf puits pastoraux et 117,4 kilomètres de couloirs d’abreuvement et d’aire de repos qui ont considérablement réduit les conflits entre agriculteurs et éleveurs ont aussi été construits. Mille hectares ont été reboisés et 27 piézomètres implantés.

Le développement de l’irrigation, souligne le rapport, a concerné les aménagements à maîtrise totale de l’eau de 200 hectares en aval du mini-barrage et 300 hectares en décrue. Des équipements ont été distribués aux exploitants de 323 hectares de petits périmètres irrigués. Ils ont bénéficié de la construction et la réhabilitation de 139 puits maraîchers et 152 forages. Il a été également installé 69 384 ml de réseau californien. Quelque 139 motopompes, 125 kits solaires et 125 électropompes, 76 562 ml de grillage ont été distribués. Dix banques céréalières, 19 boutiques d’intrants agricoles et zootechniques et trois magasins de stockage ont également été construits grâce au projet.

« La composante des actions d’accompagnement a permis d’assurer l’encadrement des producteurs et des productrices pour la valorisation et la gestion durable des infrastructures mises en place. Aussi, des actions de renforcement des capacités des communautés ont été menées », ajoute le rapport d’achèvement de projet.

Le projet a permis de mettre en place 80 organisations de producteurs, 11 comités de gestion des ouvrages, 16 groupements des producteurs. Quelque 4600 producteurs ont bénéficié d’encadrement sur les pratiques et techniques résilientes, l’utilisation des semences résilientes ainsi que la gestion durable de l’eau et des sols.

Toutes ces réalisations ont permis une augmentation des superficies cultivées de 1193 hectares dont 748 hectares pour l’irriguée et 445 hectares pour le pluvial. Un accroissement des productions agricoles a été également observé sur la même période, avec 20 653 tonnes (18 475 tonnes pour l’irrigué et 2178 tonnes pour l’aménagement hydro-agricole ainsi que 257 tonnes pour le pluvial. On note aussi une amélioration du niveau de vie pour plus de 4 100 producteurs.

Enfin, les revenus d’exploitation ont nettement augmenté passant notamment de 480 229 francs CFA (873 dollars) en 2015 à 2.401 146 francs CFA (4 365 dollars) en 2020 pour les cultures irriguées, de 65 285 FCFA (118 dollars) en 2015 à 326 425 FCFA (593 dollars) en 2020 pour les cultures en aménagement hydro-agricole et à 115 536 FCFA (210 dollars) pour les cultures pluviales. Des activités imprévues au départ ont eu des effets importants. Il s’agit de l’empoissonnement de la retenue du barrage d’Anekar qui a permis une disponibilité du poisson (environ 100 tonnes sur trois campagnes), ce qui a permis d’améliorer de façon sensible l’état sanitaire et nutritionnel des populations de la zone et de générer des revenus à travers la vente du surplus de l’exploitation du poisson de la retenue.

« A l’achèvement du projet, malgré le contexte lié à la pandémie de Covid-19 qui a impacté les activités économiques depuis le début de l’année 2020, il y a une amélioration de la disponibilité des produits agricoles et d’élevage, et un accroissement des revenus des populations renforçant ainsi leur capacité de résilience », conclut le rapport de la Banque africaine de développement.

 

source: Agence ecofin

Le Groupe BGFIBank, acteur majeur du financement des infrastructures

Le Groupe BGFIBank, première institution financière d’Afrique Centrale, présent dans 11 pays, intervient depuis cinq décennies dans l’accompagnement et le financement de projets d’infrastructures sur le continent. Son P-DG, Henri-Claude Oyima, décrypte les enjeux et les perspectives du secteur en Afrique.

Quels sont aujourd’hui les besoins en termes de financement des infrastructures en Afrique ?

Il est incontestable que le manque d’infrastructures en Afrique est un obstacle majeur à son développement et à sa croissance économique. En effet, les coûts élevés des facteurs de production, induits par la mauvaise qualité des infrastructures sur le continent, lui font perdre plusieurs points de croissance chaque année et freinent son développement.

Par ailleurs, l’Afrique est confrontée au défi de sa forte poussée démographique qui accroît l’urgence d’accélérer le rythme des investissements en infrastructures. À l’horizon 2050, le continent africain devrait accueillir autour de 2,3 milliards d’habitants. Dans ce contexte, le développement d’un réseau d’infrastructures de qualité devient une nécessité absolue.

Bien que de nombreux progrès aient été réalisés au cours des dernières années avec l’appui des partenaires multilatéraux et de la Chine, qui s’est positionnée progressivement comme un acteur incontournable, les besoins en infrastructures restent énormes dans la plupart des secteurs.

Du secteur des transports à celui des télécommunications, en passant par l’énergie, l’adduction d’eau, la santé et l’éduction, des investissements massifs restent à réaliser afin de rattraper le retard accusé par l’Afrique. D’après les dernières estimations de la Banque africaine de développement (BAD), entre 130 à 170 milliards de dollars par an seraient nécessaires pour combler le gap de financement des infrastructures du continent.

Outre les besoins de financement, les infrastructures en Afrique souffrent également du manque de ressources techniques et de problèmes de conception. Ces insuffisances pèsent fortement sur son niveau de développement social et économique, alors que, parallèlement, le continent présente de nombreux atouts et des perspectives d’investissements favorables.

Aujourd’hui plus qu’hier, l’Afrique a besoin à la fois d’infrastructures de structures et de superstructures pour accroître sa compétitivité, sa productivité économique et accélérer son développement social et économique. Dans cette perspective, elle a plus que jamais, besoin de mécanismes adaptés et innovants pour le financement de ces infrastructures.

Les retards que nous observons aujourd’hui sont rattrapables, pour autant que l’on se donne réellement les moyens de relever ces défis multiformes afin de soutenir l’essor du continent africain.

Quel est le rôle de BGFIBank, quels types d’infrastructures le Groupe accompagne-t-il, dans quels secteurs et dans quels pays ?

Depuis près de cinquante ans, le Groupe BGFIBank, qui est le premier acteur financier en Afrique centrale, participe au financement des infrastructures africaines. Nous le réalisons dans nos onze pays d’implantation, dans de nombreux secteurs d’activité, et notamment ceux à fort impact tels que l’énergie, l’eau, le logement, le bâtiment, les industries, la santé et l’éducation. Ces investissements nous permettent aujourd’hui de jouer un rôle de premier plan dans l’atteinte tant de l’Objectif 10 de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (« des infrastructures de classe mondiale quadrillant l’Afrique »), que des Objectifs du développement durable (ODD) – plus de 80 % des ODD dépendent en effet, sous une forme ou une autre, du développement des infrastructures.

Pour illustrer l’intervention du Groupe BGFIBank dans le financement des infrastructures en Afrique, je me limiterai principalement à trois exemples récents:

– en Côte d’Ivoire, nous avons contribué activement au financement du Plan d’entretien routier 2017-2019. Nous avons ainsi aidé à lever (grâce à notre filiale BGFI Capital) 80 milliards de FCFA (environ 122 millions d’euros), ce qui a contribué à maintenir un réseau routier de qualité en Côte d’Ivoire, renforçant ainsi l’attractivité du pays ;

– au Gabon, nous avons mobilisé des financements importants, particulièrement dans le secteur des télécommunications, qui ont permis de couvrir 85 % du territoire national afin de généraliser l’accès à la 3G, puis à la 4G ;

– enfin, au Cameroun, fort de nos dix années de présence, nous avons participé à des projets d’investissements (notamment dans les infrastructures sociales, l’énergie, l’industrie) dont le montant cumulé atteint 175 milliards de FCFA (soit environ 270 millions d’euros).

Nous intervenons aussi bien en amont et en aval des projets.

En amont, notre expertise en matière de structuration des opérations de financement est mobilisée, principalement par le biais de notre société d’ingénierie financière BGFI Capital, la banque d’investissement du Groupe. Nous intervenons en qualité d’arrangeur et nous assurons à ce titre la structuration complète du financement. Notre intervention est particulièrement appréciée par les États que nous accompagnons. En effet, le montage financier d’importants projets d’infrastructures (et surtout s’il s’agit d’infrastructures structurantes) constitue une phase critique de leur cycle de vie, et les pouvoirs publics ne disposent pas nécessairement de toute l’expertise nécessaire pour, non seulement, conduire le processus à son terme, mais aussi le faire dans les conditions les plus avantageuses. Nos interventions sont donc sources d’externalités positives et génèrent des transferts de compétence qui bénéficient aux décideurs du secteur public avec lesquels nous travaillons en étroite collaboration.

En aval, nous assurons la mise à disposition des fonds, grâce à notre vaste réseau de filiales ou d’agences bancaires. En qualité de banque agent ou de banque participante, nous assurons la gestion quotidienne des flux de financement.

Quelle que soit notre position dans le financement des projets d’infrastructures, notre préoccupation première demeure la bonne prise en charge des spécificités et des particularités du projet et de son porteur, i.e. l’adéquation entre le planning d’exécution des travaux et le plan de trésorerie, la sécurité du montage financier. Loin d’être simple spectateur dans le processus de financement des infrastructures, notre démarche s’inscrit dans une logique de conseil. À titre d’exemple, au Cameroun, nous avons couvert la chaîne globale de financement d’un projet de 33 milliards FCFA (50 millions d’euros) en qualité de banque arrangeur de l’opération, de banque agent de la facilité mais aussi de banque agent des sûretés.

Comment ces projets sont-ils financés par BGFIBank, en mobilisant quels services et outils de financement ?

Comme je l’ai indiqué, l’accompagnement par BGFIBank des projets d’investissements reste multiforme. Cela implique des services et des outils de financement distincts mais néanmoins complémentaires. Le rôle endossé par BGFIBank dépend beaucoup du contexte ou des besoins spécifiques du projet. Il peut ainsi inclure (cumulativement ou non) un rôle (i) de conseil afin de structurer la solution sur mesure, (ii) d’arrangeur chef de file afin de mettre ladite solution en exécution, (iii) de prêteur pour tout ou une partie du capital requis et (iv) d’agent pour s’assurer de la bonne gestion de la solution pour l’ensemble des parties prenantes jusqu’à la maturité du financement.

L’accompagnement de BGFIBank peut également prendre la forme d’autres outils plus classiques : apports en trésorerie (crédit à moyen terme, financement du cycle d’exploitation), lettres de crédit, émission de cautions et de garanties.

Qui sont les différentes parties prenantes d’un projet d’infrastructures et quels partenariats nouez-vous avec elles ?

Compte tenu des montants financiers importants qu’ils impliquent souvent, mais aussi de leur nature même, les projets en matière d’infrastructures mobilisent généralement plusieurs parties prenantes. En Afrique, les projets d’infrastructures et leurs cadres de partenariats sont encore rendus plus complexes, d’une part, parce qu’ils impliquent souvent des acteurs locaux pour les uns, et étrangers ou internationaux pour les autres, et, d’autre part, du fait d’un environnement davantage affecté par l’incertitude ou le risque (déficits de transparence, cadre politique propice ou d’une géographie économique favorable).

Cette dimension partenariale est sans doute aussi importante que les volets strictement financiers (mobiliser des financements, procéder aux décaissements, etc.) ou techniques (réalisation matérielle des ouvrages). En Afrique sans doute plus qu’ailleurs, la qualité des partenariats noués, ainsi que la permanence du dialogue entre les différents acteurs impliqués est déterminante dans la réussite des projets à mener.

Si les parties prenantes varient fortement d’un projet à un autre, compte tenu de leur nature, de leur envergure ou leur complexité, le portefeuille de projet d’infrastructures de BGFIBank nous a permis d’être en contact avec différentes catégories de parties prenantes, à savoir :

– les États et leurs différents démembrements (décideurs, corps de contrôle, agences d’exécution, organes de régulation et notamment ceux en charge de la passation des marchés);

– les partenaires techniques et financiers (bailleurs de fonds, agences de coopération internationale);

– les banques (dans le cadre des financements en pool);

– les bureaux d’études et de vérification;

– le secteur privé (et en particulier les entreprises qui réalisent les travaux d’infrastructures, ainsi que les fournisseurs d’équipements ou les prestataires impliqués dans la réalisation du projet);

– différents experts ou corps de métiers (avocats, commissaires aux comptes, architectes, experts environnementaux).

Quelles sont vos ambitions en matière de financement des infrastructures, à la veille de votre prochain plan stratégique ?

Le Groupe BGFIBank compte lancer, dès janvier prochain, son nouveau Projet d’entreprise « Dynamique 2025 », succédant ainsi au Projet d’entreprise « Excellence 2020 » lancé en 2016 et qui arrive à terme cette année. Parmi les grandes ambitions exprimées dans la nouvelle dynamique du Groupe BGFIBank, nous entendons nous hisser durablement parmi les établissements de référence en Afrique en matière de financement des investissements structurants.

Très prochainement, nous allons d’ailleurs dévoiler les premiers projets structurants que nous allons accompagner dans le cadre de notre prochain plan de développement. Des changements importants interviendront dans nos politiques et nos pratiques, pour nous permettre notamment de mieux répondre aux besoins des investissements dans les infrastructures africaines. Nous allons par exemple accorder davantage de prêts bancaires à long terme et recourir à davantage de financements innovants (financements participatifs, etc.).

Notre parfaite connaissance de nos environnements nous a déjà permis d’identifier les projets structurants que nous serons disposés à accompagner à travers divers programmes de financement. La conscience, la volonté et l’engagement des parties prenantes nous confortent dans notre détermination de faire émerger sur nos différents marchés un flux important de projets structurants bancables, indispensables au développement de l’Afrique.

Comment la crise liée à la Covid-19 change-t-elle la donne aujourd’hui pour les projets d’infrastructures et leurs financements ?

La crise inédite liée la pandémie du coronavirus que traverse le monde actuellement a eu un impact indéniable et multiforme sur les projets d’infrastructures en Afrique.

À l’instar des autres secteurs économiques, le secteur des infrastructures a été durement impacté par la crise de la Covid-19 : il a subi le ralentissement de leur rythme d’exécution voire leur arrêt, le report de certains projets, l’indisponibilité du personnel, le déficit d’approvisionnement des fournisseurs qui a engendré la pénurie de certains intrants… Le retard potentiel sur le calendrier de plusieurs projets est quasiment certain. Par ailleurs, des surcoûts devront être enregistrés en raison des mesures d’adaptation induites par la pandémie (nouvelles normes de sécurité et sanitaire, horaires de travail…).

Jusqu’ici, les États étaient les principaux investisseurs dans les projets d’infrastructures, avec une contribution de 37 %, à travers le recours à l’endettement auprès de la Chine et d’autres bailleurs de fonds internationaux. Les ressources publiques ont été mises sous pression par cette crise sanitaire sans précédent. Dans le même temps, les capacités d’endettement des États sont de plus en plus réduites, en raison des effets de la crise, des programmes de soutien et de relance économique, dont l’ampleur et l’urgence ont été dictées par la Covid-19.

Dans ce contexte, l’amenuisement des ressources publiques couplé à l’accroissement de l’endettement afin de lutter contre la Covid-19 ont eu pour effet de modifier l’agenda de nombreux projets en cours. Par ailleurs, les États sont contraints de repenser la manière de financer leurs infrastructures. Le modèle traditionnel basé sur leur endettement peut ne plus suffire pour permettre au continent africain de combler son retard infrastructurel.

Les projets d’infrastructures en phase d’exploitation, pour leur part, n’ont pas échappé aux effets de la crise : les mesures de confinement et l’interruption de pans entiers de nos économies ont conduit à un effondrement immédiat et brutal de la fréquentation et de l’utilisation de nombreuses infrastructures dans les secteurs tels que les aéroports, les ports et les routes notamment. Cette situation accentue la problématique relative aux nouvelles modalités de financement des infrastructures en Afrique.

Les inégalités en matière d’accès aux financements risquent à nouveau de se creuser entre les pays africains riches en ressources naturelles et ceux qui en sont moins pourvus. Si l’Afrique de l’Ouest concentre 25 % des financements en infrastructures contre 8 % pour l’Afrique Centrale, cette inégalité devrait s’accentuer davantage, au regard de la forte dépendance des économies de l’Afrique centrale au pétrole et aux mines. De même, les secteurs de l’énergie et des transports qui sont les plus grands consommateurs de financements infrastructurels, soit plus de 70 %, devraient voir leur part baisser au profit des investissements dans la santé et les télécommunications. Cette tendance s’observe d’ailleurs dans les financements que nous avons structurés et accompagnés au cours des derniers mois.

En effet, la crise du coronavirus a mis en lumière de profondes inégalités sociospatiales, non seulement en termes d’accès à l’éducation et aux soins, mais aussi à l’emploi, au transport, et au logement.

Face à ce nouveau contexte, des solutions de financements alternatives et innovantes devront être développées afin de poursuivre la dynamique engagée sur le continent au cours des dernières années. Les partenariats publics privés, les obligations en infrastructures et le financement des banques commerciales locales et internationales, devraient voir leur contribution augmenter dans le financement des infrastructures.

De plus en plus d’États africains travaillent actuellement à poser dès à présent, les bases d’une stratégie de priorisation des investissements infrastructurels, afin de garantir l’accès aux services de bases au plus grand nombre. Les priorités de financement des infrastructures vont ainsi être redéfinies.

La crise mondiale inédite, suite à la Covid-19, a eu un impact indéniable et multiforme sur les projets d’infrastructures en Afrique. Les projets d’infrastructures ont été durement impactés, avec des ampleurs variées (ralentissements, retards, reports, redimensionnements, arrêts, etc.). Ces effets néfastes sur le secteur des infrastructures étaient certainement prévisibles, étant donné d’une part que la plupart des projets sur le continent sont portés par les États, et d’autre part que les ressources propres de ces derniers ainsi que leurs capacités de mobilisation de financements ont été durement affectées par la crise sanitaire. On a également assisté à des effets d’éviction, dans la mesure où des transferts de ressources ont eu lieu dans le cadre de l’opérationnalisation des stratégies de lutte contre la Covid, ce qui, du reste, est compréhensible. Enfin, il est à noter que cet impact n’a pas uniquement concerné les projets d’infrastructures : en effet, même les infrastructures en phase d’exploitation, et notamment les aéroports, les ports, les routes… ont été fortement touchés, suite aux mesures de confinement et à l’interruption de pans économiques entiers (dont le tourisme ou le transport aérien, qui en sont les exemples les plus illustratifs). L’effondrement total et brutal de la fréquentation et de l’utilisation de ces infrastructures pose certainement davantage problème en Afrique qu’ailleurs, compte tenu du fait que sur le continent, il s’agit dans une large proportion d’infrastructures récentes, dont le financement continue encore à être pris en charge par le service de la dette.

Fort heureusement, la Covid-19, comme toute crise, apporte aussi son lot de lueurs d’espoirs ou de belles perspectives. Tout d’abord, tous les secteurs de l’activité économique n’ont pas été impactés négativement, et c’est par exemple le cas du numérique qui, en Afrique, est sorti renforcé de la crise. Le numérique a en effet été d’un grand apport dans la résilience (sociale, économique, etc.) du continent face à la Covid, et dès lors, ses usages et ses utilisateurs devraient augmenter considérablement dans les années à venir. Par conséquent, le pari peut être fait que le secteur va bénéficier au cours des périodes à venir (et du point de vue notamment de ses infrastructures) d’investissements supplémentaires considérables. Plus généralement, le secteur des infrastructures en Afrique devrait pouvoir bénéficier des nouvelles opportunités consécutives à la crise, et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la crise a fini de mettre à nu en Afrique les profondes inégalités sociospatiales non seulement en termes d’accès dans les services sociaux (santé, éducation) mais aussi du point de vue des télécommunications (Internet, etc.), des transports, de l’emploi, du logement, etc. Ensuite, la Banque mondiale estime que 20 à 25 millions d’Africains pourraient tomber dans la grande pauvreté à cause de la pandémie : certes il ne s’agit pas à proprement parler d’une nouvelle réjouissante, mais la réponse des États africains devrait être dès à présent de poser les bases d’une stratégie de priorisation des investissements permettant notamment de garantir l’accès aux services de base aux populations les plus vulnérables. La BAD estime à 80 milliards d’euros le besoin annuel supplémentaire pour les projets d’infrastructures en cette période de crise. Enfin, une grande leçon à tirer de cette crise est que l’Homme doit désormais être au centre des priorités : par conséquent, les économies africaines s’orientent de plus en plus vers le financement des infrastructures dédiées à l’amélioration du bien-être et à la satisfaction des besoins essentiels.

La transition énergétique est-elle prise en compte dans les projets d’infrastructures et comment ?

L’énergie est de loin le plus gros défi infrastructurel de l’Afrique, avec environ 40 % du total des besoins de dépenses qui ont trait à l’énergie. Malgré tout, la part de la population ayant accès à l’électricité y est encore inférieure à 50 %. Une trentaine de pays africains sont ainsi régulièrement confrontés à des pénuries d’électricité et beaucoup payent un prix élevé pour une alimentation électrique de secours. Les 48 pays de l’Afrique subsaharienne (800 millions d’habitants) génèrent plus ou moins la même quantité d’électricité que l’Espagne (45 millions d’habitants). Beaucoup de petits pays ont des systèmes énergétiques nationaux inférieurs à 500 mégawatts. Alors qu’il représentait 16 % de la population mondiale, le continent africain pèse moins de 6 % de la consommation énergétique. Fort heureusement, le continent africain peut compter sur son énorme potentiel en matière d’énergies renouvelables : 325 jours d’ensoleillement intense par an, 15 % du potentiel hydroélectrique mondial, un bon potentiel éolien et géothermique. Ce potentiel explique aussi que la transition énergétique soit de plus en plus prise en compte dans les stratégies de développement des infrastructures en Afrique. Les projets d’infrastructures autour de ces énergies renouvelables produiront en Afrique au moins trois effets positifs : (i) ils contribueront à atténuer les effets du changement climatique (bien que, c’est important de le rappeler, le continent africain ne pèse que 3 % des émissions de gaz à effet de serre), (ii) ils permettront de remédier à l’importante pénurie d’énergie (et donc d’améliorer l’accès à l’énergie), (iii) ils faciliteront le passage au post-Covid, en contribuant à rebâtir en Afrique des économies plus solides, plus résilientes, plus égalitaires. Dans les pays africains, les projets d’infrastructures dédiés à la transition énergétique commencent à se multiplier. Au Maroc, il était prévu de porter à 42 %, au plus tard en 2020, la part des énergies renouvelables dans le bouquet électrique. Dans d’autres pays, tels que le Sénégal, le Ghana, ou l’Afrique du Sud, des infrastructures permettant de produire des énergies renouvelables (centrales solaires photovoltaïques, thermiques ou thermodynamiques) ont été financées, le plus souvent sur le modèle de partenariat public-privé.

Les banques, en tant qu’acteurs clés du financement, ont évidemment un rôle clef à jouer dans la transition énergétique. Chez BGFIBank, parce que nous sommes conscients de notre responsabilité sociale, mais également convaincus du caractère irréversible de la transition énergétique et des opportunités économiques qui découleraient, nous avons déjà entamé l’adaptation de nos politiques d’allocation des ressources ainsi que de nos instruments de financement. Notre prochain plan stratégique, dont j’ai tantôt parlé, visera également à accélérer notre adaptation à la transition énergétique. Cela exigera, entre autres, une expression plus forte de notre responsabilité sociétale ainsi que de notre volonté de contribuer à la préservation de l’environnement. Il s’agit pour nous de garantir une meilleure prise en compte des intérêts de toutes les parties prenantes (y compris les populations potentiellement impactées par la réalisation des infrastructures), une place accrue des considérations environnementale ou de l’adaptation au changement climatique dans nos critères d’analyse et d’évaluation des projets.

Quelle est votre analyse de l’évolution du financement des infrastructures en Afrique ? Comment répondre aux besoins ? Faut-il mobiliser davantage le secteur privé et comment ?

De mon point de vue, les investissements dans les infrastructures resteront pour longtemps encore en Afrique un levier majeur de la croissance et du développement. Trois éléments me paraissent néanmoins essentiels : un financement adéquat, d’excellentes capacités institutionnelles et une bonne attention portée par l’État sur les besoins des citoyens ou des utilisateurs actuels et futurs des infrastructures. Je suis également convaincu que la qualité des infrastructures constitue en Afrique un enjeu fondamental, compte tenu non seulement du déficit infrastructurel ou du des ressources limitées, mais aussi du fait que 40 % des infrastructures en Afrique sont gaspillées. Une infrastructure de qualité doit répondre à cinq critères : (i) l’efficacité économique, (ii) la résilience face aux catastrophes naturelles, (iii) la sécurité, (iv) la durabilité environnementale et sociale, et (v) la contribution à la société et à l’économie. Il est fondamental que les pays africains, d’une part privilégient une approche plus sélective dans le choix et le financement des infrastructures qu’ils réalisent (prioritaires, durables et axées sur le long terme) ; et d’autre part alignent leurs investissements dans ces infrastructures sur les stratégies nationales de développement économique à long terme.

Comme je l’ai tantôt rappelé, aujourd’hui jusqu’à deux tiers du financement des infrastructures (environ 30 milliards de dollars) proviennent de sources nationales, et donc du contribuable africain. Cela signifie que ces derniers participent considérablement au financement des infrastructures. Par conséquent, les ressources complémentaires devront être mobilisées auprès d’autres catégories d’acteurs, parmi lesquels le secteur privé. À ce jour, les capitaux privés ont joué un rôle très limité dans le financement des infrastructures en Afrique. En 2017, les flux privés s’élevaient à 2,6 milliards de dollars, soit seulement 4 % de l’investissement total dans les infrastructures sur le continent. Les investissements dans des projets d’infrastructures publiques à participation privée sont également restés limités.

Pour répondre au défi du financement des infrastructures, une plus grande participation du secteur privé est tout simplement indispensable. Cela nécessitera à la fois une multiplication des espaces de consultations et d’échanges entre le secteur privé et les pouvoirs publics, mais aussi l’amélioration des cadres réglementaires et un environnement plus favorables aux investisseurs privés et institutionnels. Il existe toutefois un préalable : favoriser l’émergence d’un secteur privé fort, impliqué dans les projets nationaux.

La BAD accorde plus de 44 milliards de FCFA pour un programme environnemental de l’ABN

(Agence Nigérienne de Presse)_ La Banque Africaine de Développement  (BAD) a accordé 77 millions de dollars Us soit plus de 44 milliards de FCFA au profit de l’Autorité du Bassin du Niger (ABN) pour financer le programme intégré de développement et d’adaptation au changement climatique.

La convention a été signée mercredi 6 novembre par le secrétaire exécutif de l’ABN M. Abderahim Bireme  Hamid et le Représentant de la Banque Africaine de Développement, M. Nouradine Dja Kane. Cette signature consacre l’aboutissement d’un long processus de préparation du Programme Intégré de Développement et d’Adaptation au Changement Climatique (PIDACC) dans le bassin du Niger, mais aussi le déclenchement de la mise en œuvre effective du Plan d’investissement climat (PIC) du Bassin du Niger.

Présentant le programme le Directeur Technique de l’ABN, Dr Abdou Guéro a indiqué que le Programme intégré de développement et d’adaptation au changement climatique (PIDACC), premier programme de mise en œuvre du PIC, est structuré en trois composantes  dont  la première composante qui concerne  le Développement de la résilience des écosystèmes et des ressources naturelles.Dans cette composante, 70.000ha de terres dégradées ont été restaurés (CES/DRES) ; 40.000m3 d’ouvrages de traitement de ravins ont été réalisés ; 52 000 ha d’agroforesterie ont été aménagés ; 360 cadres et 360 responsables d’associations professionnelles ont été formés sur la planification et la mise en œuvre des mesures d’adaptation. Pour  la deuxième composante qui a trait au développement de la résilience des populations; 70 infrastructures pastorales ont été réhabilitées/construites ; 72 petits barrages hydro agricoles réhabilités/ construits ; 900.000 producteurs ont été sensibilisés aux techniques d’adaptation au changement climatique ; 200.000 ha de périmètres pastoraux ont été aménagés ; 27.000 producteurs et éleveurs ont été accompagnés à l’utilisation de l’information climatique. Et enfin,  la troisième composante concerne la coordination et la gestion  du programme.

En procédant à la signature de la convention , le  Secrétaire Exécutif de l’ABN M. Abderahim Bireme  Hamid a déclaré que c’est après un long chemin parcouru de 2012 à ce jour que la BAD et l’ABN ont ensemble monté l’important et ambitieux programme intitulé « Programme Intégré de Développement et d’Adaptation au changement climatique dans le bassin du Niger (PIDACC/BN) ».

Selon le secrétaire exécutif de L’ABN « le PIDACC/BN permettra d’améliorer les conditions de vie des populations du Bassin du Niger à travers le développement des activités agro-sylvo-pastorales (la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire) et la restauration des écosystèmes dégradés », tout en rassurant les partenaires financiers du PIDACC que l’ABN et ses Etats membres prendront les dispositions idoines pour une mise en œuvre efficace et efficiente du PIDACC/BN à tous les niveaux (régional et national) afin de contribuer à la préservation des écosystèmes du Bassin et à la réduction de la vulnérabilité des populations aux effets néfastes du changement climatique.

Pour sa part, le représentant de la BAD, M. Nouradine Dja Kane a indiqué que la lutte contre les changements climatiques et la gestion durable et équitable des ressources naturelles du fleuve Niger constitue un axe majeur du Plan d’Actions pour le Développement Durable du Bassin du Niger (PADD) et son plan d’investissement climat (PIC, 2016-2024) adoptés par les pays membres de l’ABN.

Il a précisé que la Banque Africaine de Développement  a adopté en 2016 son 2ème plan d’action (2016-2020) sur le changement climatique qui appuiera notamment la mise en œuvre des Contributions déterminées au niveau national CDN pour l’atteinte des engagements de l’accord de Paris sur le climat. La BAD, l’ABN et ses pays membres ont tout naturellement décidé de cofinancer, avec les contributions du Fonds pour l’Environnement Mondial, du Fonds Vert pour le climat, et de l’Union Européenne, le Programme intégré de développement agricole et d’adaptation au changement climatique dans le Bassin du Niger pour un coût total d’environ 218 millions de dollars dont 14 millions de dollars pour la composante régionale.

La Banque contribuant à hauteur de 77 millions de dollars, soit 36% du coût total du Programme», a-t-il expliqué. Il a ajouté que le PIDACC est le 1er Programme de mise en œuvre du PIC et fait suite au Programme de lutte contre l’ensablement dans le Bassin du Niger (PLCE/BN), cofinancé par la BAD dont il consolidera les acquis.
« Ce projet phare est non seulement stratégique et structurant mais il a également une portée régionale, grâce à la gestion durable et au partage des ressources du fleuve Niger qu’il permettra », a fait savoir Nouradine Dja Kane .