février 2020 - Page 4 sur 49 - Journal du niger

Afghanistan: Washington et les talibans à Doha pour signer un accord historique

Les Etats-Unis et les talibans doivent signer samedi à Doha un accord historique qui ouvre la voie à un retrait des troupes américaines après plus de 18 ans de guerre en Afghanistan et à des négociations de paix inédites qui s’annoncent périlleuses.

Le président américain Donald Trump a exhorté vendredi les Afghans à « saisir la chance de la paix ».

« Si les talibans et le gouvernement afghan parviennent à respecter leurs engagements, nous aurons une voie toute tracée pour mettre fin à la guerre en Afghanistan et ramener nos soldats à la maison », a-t-il ajouté.

Le texte négocié pendant un an et demi au Qatar, et que des émissaires américains et rebelles doivent parapher vers 11h00 GMT, n’est pas un accord de paix à proprement parler.

Les autorités afghanes, elles-mêmes aux prises avec les divisions nées d’une élection présidentielle contestée, ont en effet jusqu’ici été tenues à l’écart de ces pourparlers directs sans précédent. Et seule une « réduction de la violence » est prévue à ce stade plutôt qu’un réel cessez-le-feu.

« Nous sommes à l’orée d’une opportunité historique pour la paix », a pourtant assuré à l’approche de la signature le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, tandis qu’un chef des talibans, Sirajuddin Haqqani, affirmait dans le New York Times que « tout le monde » était « fatigué de la guerre ».

– Retrait progressif –

« Il y a tellement de spéculations sur le contenu de l’accord », dit Andrew Watkins, de l’organisation de prévention des conflits International Crisis Group. « On connaît les grandes lignes mais on ne sait même pas avec certitude si tous les termes de l’accord seront rendus publics. »

Ces contours sont connus depuis septembre, lorsque sa signature, imminente, a été brusquement annulée par Donald Trump qui avait invoqué la mort d’un soldat américain dans un énième attentat à Kaboul.

Cette fois, les belligérants se sont entendus sur une période d’une semaine de « réduction de la violence », globalement respectée sur le terrain, et qui prend fin ce samedi.

Sauf incident de dernière minute, les négociateurs américains, menés par Zalmay Khalilzad, pourront signer ce pacte que le président américain brandira pour clamer, en campagne pour sa réélection dans huit mois, qu’il a tenu une de ses promesses phares: mettre fin à la plus longue guerre des Etats-Unis.

Les termes du marché conclu entre les ennemis est le suivant: l’armée américaine va commencer à se retirer d’Afghanistan, une revendication-clé des talibans, qui en contrepartie s’engageront à bannir tout acte de terrorisme depuis les territoires qu’ils contrôlent et à entamer de véritables négociations de paix avec le gouvernement de Kaboul — avec lequel ils refusaient jusqu’ici de parler.

Malgré les critiques de certains observateurs qui estiment qu’elle concède trop pour trop peu, l’administration Trump assure que les garanties antiterroristes fournies par les insurgés répondent à la raison première de l’intervention américaine, lancée en représailles aux attentats du 11-Septembre 2001 ourdis par Al-Qaïda depuis l’Afghanistan alors dirigé par les talibans.

– « Etape préliminaire » –

Dans un premier temps, les Américains devraient ramener leurs troupes d’environ 13.000 soldats aujourd’hui à 8.600 dans les prochains mois. Le calendrier et l’ampleur des retraits ultérieurs demeurent plus vagues, même si le milliardaire républicain n’a pas fait de mystère sur le fait qu’il veut « ramener les gars à la maison » et « mettre fin aux guerres sans fin ».

Washington insiste toutefois pour assurer que le retrait sera progressif et conditionnel au respect des engagements des talibans.

Quelque 30 pays devraient être représentés samedi à Doha, mais pas le gouvernement afghan qui a toutefois dépêché une petite délégation pour une « première prise de contact » avec les talibans.

Parallèlement, selon des médias afghans, les Etats-Unis organiseront une cérémonie avec le gouvernement afghan à Kaboul, également samedi après-midi.

Après ces cérémonies, des négociations interafghanes devraient ensuite commencer relativement rapidement, dans une ville à déterminer — Oslo a été évoquée par le passé.

« Aujourd’hui, ce n’est qu’une étape préliminaire pour le début de ce processus, ce n’est pas encore un motif de célébration pour le gouvernement et ses alliés », estime Andrew Watkins.

Entre 32.000 et 60.000 civils afghans ont été tués dans ce conflit, selon l’ONU, et plus de 1.900 militaires américains.

Qui était l’opposant russe Nemtsov, assassiné il y a cinq ans

Abattu il y a cinq ans près du Kremlin, l’opposant russe Boris Nemtsov est devenu un symbole de ralliement pour les voix critiques du Kremlin, dont les partisans célèbrent sa mémoire par une manifestation samedi.

– Charismatique opposant

Incarnant la génération des jeunes réformateurs des années 1990, il a d’abord servi comme gouverneur de la région de Nijni-Novgorod avant de devenir en 1997 vice-Premier ministre du président d’alors, Boris Eltsine.

Nemtsov, qui quitte le gouvernement avec la dévastatrice crise économique de 1998, fut envisagé par Eltsine comme un dauphin potentiel, avant de finalement lui préférer Vladimir Poutine.

Après l’arrivée au pouvoir de Poutine en 2000, Boris Nemtsov rejoint les rangs des critiques du nouveau président et devient notamment l’un des chefs de file de la vague de contestation de 2011-2012.

Plusieurs fois interpellé, perquisitionné et mis sur écoute, il s’était spécialisé dans les enquêtes sur la corruption dans les hautes sphères de l’Etat.

– Abattu au coeur de Moscou

Boris Nemtsov a été abattu à 55 ans de plusieurs balles le soir du 27 février 2015, sur un pont à deux pas du Kremlin, siège du pouvoir russe. Sa mort provoque la stupeur.

Bien que plutôt en retrait de la vie publique depuis quelque temps, il avait appelé le jour même de son assassinat à participer à une manifestation contre la guerre en Ukraine, qui a éclaté l’année précédente entre forces de Kiev et séparatistes pro-russes.

Selon ses alliés politiques, il préparait également un dossier prouvant l’implication massive dans ce conflit de troupes régulières russes, ce que Moscou a toujours nié malgré les constatations de nombreuses organisations et médias dont l’AFP.

Deux semaines après le meurtre, cinq suspects sont arrêtés. Tous sont originaires des républiques du Caucase russe et seront condamnés en 2017 à des peines de 11 à 20 ans de prison.

L’enquête estime que Boris Nemtsov a été assassiné pour ses critiques de l’Islam. Le commanditaire est identifié comme Rouslan Gueremeïev, commandant d’une unité militaire tchétchène. Il n’est jamais arrêté et est considéré en fuite à l’étranger.

L’opposition russe ne croit guère à cette thèse, jugeant plus probable que l’assassinat a été ordonné par le dirigeant de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov ou son entourage. Les opposants russes l’accusent d’être impliqué dans les morts de plusieurs de ses détracteurs.

– Symbole

La mort de Nemtsov a profondément marqué l’opposition au Kremlin qui organise autour de l’anniversaire de son assassinat l’un de ses plus importants rassemblements chaque année.

Ses partisans entretiennent jour après jour un mémorial de fortune sur le pont où il a été tué et que la mairie de Moscou a plusieurs fois tenté de débarrasser. Aucune plaque commémorative officielle n’a été installée.

De nombreux pays occidentaux ont eux rendu hommage à l’opposant de diverses manières. A Washington, la rue passant devant l’ambassade russe a été baptisée Boris Nemtsov, suscitant la colère de Moscou.

Ce mois-ci, Prague a fait de même avec la place faisant face à la représentation diplomatique russe en République tchèque.

Réagissant à cette décision, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a estimé que la Russie « aurait préféré » que les autorités tchèques rendent hommage aux forces soviétiques ayant vaincu les Nazis en Europe centrale et orientale il y a 75 ans.

Anaïs Demoustier, actrice rayonnante du cinéma français

Anaïs Demoustier, qui a commencé le cinéma jeune, n’en finit pas de s’épanouir à l’écran. Récompensée par un César de la meilleure actrice pour « Alice et le maire », cette rayonnante comédienne de 32 ans y brille en conseillère d’un homme politique désabusé.

Dans ce film de Nicolas Pariser, elle incarne une jeune philosophe normalienne, intellectuelle travailleuse chargée de conseiller le maire de Lyon qui n’a plus d’idées, incarné par Fabrice Luchini.

« Anaïs Demoustier est une actrice extraordinairement douée », a dit d’elle le réalisateur. « Sa grande force est de parvenir à rendre naturel et à habiter n’importe quel texte ».

Avec ce rôle, cette trentenaire au visage parsemé de taches de rousseur complète une filmographie déjà brillante depuis qu’elle a commencé sa carrière au début des années 2000.

Ils lui ont valu plusieurs nominations aux César: deux dans la catégorie du meilleur espoir féminin, pour « Les Grandes personnes » en 2009 et « D’amour et d’eau fraîche » en 2011, et une pour le César du meilleur second rôle pour « La Villa » en 2018, sans qu’elle ait été récompensée jusqu’ici.

La comédienne aux airs sages et au regard rieur s’est imposée au fil de plus de 40 films, sous la direction de cinéastes comme Michael Haneke, Robert Guédiguian, Bertrand Tavernier, Christophe Honoré ou François Ozon.

– cinéma d’auteur –

Née le 29 septembre 1987 à Lille, fille d’un cadre commercial dans la grande distribution et d’une mère au foyer, Anaïs Demoustier a pris des cours de théâtre avant d’être repérée par un directeur de casting à l’adolescence.

Elle n’a pas encore 15 ans quand elle est choisie en 2002 pour jouer la fille d’Isabelle Huppert dans « Le Temps du Loup » de Michael Haneke. « J’ai vraiment eu l’occasion de voir ce que c’était de faire du cinéma. C’est suite à ça que j’ai voulu continuer », racontait-elle à l’AFP en 2015.

« Ça a été une espèce de choc », ajoutait l’actrice, estimant que ce film a aussi « dirigé inévitablement les propositions » qui lui ont été faites « vers un cinéma d’auteur ».

Elle passe son bac et s’inscrit en fac de Lettres avant d’enchaîner les petits rôles, puis de se faire remarquer en 2008 dans « La Belle Personne » de Christophe Honoré, aux côtés de Léa Seydoux et Louis Garrel.

Elle tourne ensuite avec Rébecca Zlotowski (« Belle Epine »), Robert Guédiguian (« Les Neiges du Kilimandjaro », puis « Au fil d’Ariane » et « La Villa », rejoignant sa « famille » de cinéma), Claude Miller (« Thérèse Desqueyroux ») ou Bertrand Tavernier (« Quai d’Orsay »), et remporte en 2011 le Prix Romy-Schneider.

– « dans l’action » –

En 2014, elle est à l’affiche de « Bird People » de Pascale Ferran, « Au Fil d’Ariane » de Robert Guédiguian ou « Une Nouvelle amie » de François Ozon.

L’année suivante, elle met sa fraîcheur au service d’un rôle d’amoureuse dans « A trois on y va » de Jérôme Bonnell – un réalisateur qui loue sa « vaillance », son « courage » et son « énergie » -.

Elle y joue le rôle de Mélodie, « une fille volontaire, qui est dans l’action », décrivait-elle. « C’est un personnage duquel je peux me sentir assez proche. Je suis dans l’action depuis assez longtemps. J’ai commencé à travailler très jeune ».

On la voit ensuite dans « Caprice » d’Emmanuel Mouret où elle incarne une jeune femme excessive éprise d’un instituteur, puis dans « Marguerite et Julien » de Valérie Donzelli, en compétition au Festival de Cannes en 2015, sur l’histoire d’un frère et d’une soeur, exécutés en 1603 pour adultère et inceste, et dans « Les Malheurs de Sophie » de Christophe Honoré.

Ces dernières années, Anaïs Demoustier a joué aussi bien chez le réalisateur de comédies absurdes et décalées Quentin Dupieux (« Au poste! ») que chez Frédéric Tellier (« Sauver ou périr » avec Pierre Niney), Félix Moati (« Deux fils ») ou Robert Guédiguian (« Gloria Mundi »).

Mère d’une petite fille qu’elle a eue avec l’acteur Jérémie Elkaïm, elle est actuellement à l’affiche du film de son frère Stéphane Demoustier « La Fille au bracelet », dans lequel elle incarne une avocate générale très offensive.

Deux présidents rivaux en Guinée-Bissau

Le camp du candidat donné battu à la présidentielle en Guinée-Bissau par la commission électorale a désigné vendredi soir un « président intérimaire », au lendemain de la prise de fonctions, qu’il juge illégitime, d’Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition.

Cinquante-deux députés, membres du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) et de formations alliées, ont tenu une sessions spéciale au cours de laquelle ils ont « constaté la vacance du pouvoir », a rapporté un correspondant de l’AFP.

Jeudi, Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition, s’est fait investir président, avec l’aval du président sortant, José Mario Vaz, et malgré la contestation persistante autour du résultat du scrutin dans ce pays d’Afrique de l’Ouest à l’histoire politique tumultueuse.

M. Embalo a ensuite, vendredi en fin d’après-midi, démis le Premier ministre (PAIGC) Aristides Gomes et nommé à sa place un de ses partisans, Nuno Gomes Nabiam, candidat malheureux à la présidentielle qui l’avait rallié entre les deux tours.

Les députés fidèles au PAIGC ont dès lors décidé, « pour combler ce vide », la nomination d’un « président intérimaire ». Ils ont choisi le président de l’Assemblée nationale, Cipriano Cassama, membre du PAIGC, qui domine la vie politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Cassama devrait s’adresser à la Nation samedi, selon ses proches.

Le Premier ministre démis par M. Embalo, Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, a dénoncé l’investiture de M. Embalo comme une tentative de « coup d’Etat » de la part de M. Embalo, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui en est coutumier.

Des militaires occupaient dans la soirée la plupart des institutions du pays, dont les bureaux du chef du gouvernement et des ministères, a constaté le correspondant de l’AFP, sans que l’on sache précisément dans quel camp elle se situe. Elle agit de la sorte pour « garantir la stabilité et la paix, contrôler les institutions de manière à éviter d’éventuels troubles à l’ordre public », a indiqué à l’AFP un officier s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre, a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix, contre 46,45% pour Domingos Simoes Pereira, président du PAIGC.

M. Pereira et le PAIGC, dénonçant des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à une décision finale de la Cour suprême.

M. Embalo, 47 ans, estime que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises et a choisi de passer outre à l’arrêt attendu.

Guinée: le président Condé annonce un report de deux semaines d’un référendum contesté

Le président guinéen Alpha Condé a annoncé vendredi soir un report de « deux semaines » du référendum constitutionnel et des législatives prévus dimanche, après des mois de protestations meurtrières contre ce que l’opposition considère comme une manœuvre pour rester au pouvoir.

« Nous avons accepté un report, léger, de la date des élections », a d’abord dit M. Condé dans une intervention à la télévision nationale.

« Ce n’est ni une capitulation, ni une reculade », a ajouté M. Condé, assurant que « le peuple de Guinée exprimera librement son choix à travers le référendum et choisira librement ses députés ».

« Nous acceptons le report qui doit être de deux semaines », a-t-il ensuite précisé dans une lettre à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), consultée par l’AFP.

La commission électorale « va saisir la cour constitutionnelle pour la fixation d’une nouvelle date dans la fourchette indiquée », a-t-il dit dans ce courrier.

Avant ce report surprise, les Guinéens étaient appelés à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, défendue comme « moderne » par le chef de l’Etat. Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait l’excision et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres, selon lui.

L’opposition n’en croit pas un mot. Pour elle, le projet est le subterfuge d’un ancien opposant historique devenu, à bientôt 82 ans, un autocrate qui, comme bien d’autres dirigeants africains avant lui, entend plier la Constitution à son désir de briguer un troisième mandat à la fin de l’année.

Depuis mi-octobre, la mobilisation contre M. Condé donne lieu à des manifestations massives, à des journées villes mortes qui impactent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de graves brutalités policières. Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués.

Ces tensions, les appels de l’opposition à empêcher le déroulement du référendum et des législatives, ainsi que les attaques des derniers jours contre des bureaux ou du matériel de vote, ont amplifié les craintes dans un pays coutumier des manifestations et des répressions brutales.

L’armée a été mise en état d’alerte dès mardi. Pure précaution selon les autorités.

Des années d’animosité politique, les soupçons pesant sur le vote, de même que le maintien envers et contre tout de ce rendez-vous malgré le boycott et les appels de la communauté internationale à tout faire pour associer l’opposition, ont laissé la place à une campagne très éloignée d’un exercice démocratique apaisé.

– Pas de campagne électorale –

Les signes tangibles de cette campagne étaient rares cette semaine dans la capitale Conakry. Des panneaux portant des slogans tels que « oui à l’égalité » ou « oui à l’investissement dans la jeunesse » surplombent les artères encombrées de voitures. Mais peu ou pas de rassemblements publics.

Le projet de Constitution limite à deux le nombre des mandats présidentiels. Le chef de l’Etat sortant en a déjà deux au compteur. Sauf, redoute l’opposition, que l’adoption d’une nouvelle Constitution lui permettrait de remettre ce compteur à zéro.

« Qu’y a-t-il de mal à ça ? », demande Sékou Condé, un cadre du parti présidentiel. La plupart des Guinéens veulent que le président Condé reste pour développer le pays, assure-t-il à l’AFP.

M. Condé a jusqu’ici maintenu un voile de moins en moins opaque sur ses intentions. C’est son parti qui décidera de son avenir et les Guinéens peuvent aussi bien dire non à la nouvelle Constitution, répète-t-il.

Mais « pourquoi en Guinée il serait impossible de faire trois mandats ? » demandait-il cette semaine dans le quotidien français Le Figaro.

Les doutes exprimés par la communauté internationale quant à la crédibilité du vote se sont succédé.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a jugé « problématiques » près de 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes, avec des doublons et la présence de personnes défuntes.

L’Union européenne s’est interrogée sur « la crédibilité des échéances électorales à venir », en raison notamment de « l’absence de transparence ».

– Composantes ethniques –

Jeudi, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest a annulé à la dernière minute une mission de bons offices de plusieurs chefs d’Etat africains en Guinée. Elle a rénoncé à déployer des observateurs en raison des risques potentiels. L’Union africaine a rappelé les siens vendredi.

M. Condé « obtiendra de toute façon le résultat qu’il veut », déplore le leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo.

Un diplomate occidental, qui requiert l’anonymat, est cinglant : « Ce processus électoral, c’est quasiment une blague », n’était le risque de violences, qui est réel et pourrait suivre les lignes d’appartenance ethnique entre les Malinkés, dont est issu M. Condé, et les Peuls, largement derrière M. Diallo.

Guinée: le président Condé annonce un report de deux semaines d’un référendum contesté

Le président guinéen Alpha Condé a annoncé vendredi soir un report de « deux semaines » du référendum constitutionnel et des législatives prévus dimanche, après des mois de protestations meurtrières contre ce que l’opposition considère comme une manœuvre pour rester au pouvoir.

« Nous avons accepté un report, léger, de la date des élections », a d’abord dit M. Condé dans une intervention à la télévision nationale.

« Ce n’est ni une capitulation, ni une reculade », a ajouté M. Condé, assurant que « le peuple de Guinée exprimera librement son choix à travers le référendum et choisira librement ses députés ».

« Nous acceptons le report qui doit être de deux semaines », a-t-il ensuite précisé dans une lettre à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), consultée par l’AFP.

La commission électorale « va saisir la cour constitutionnelle pour la fixation d’une nouvelle date dans la fourchette indiquée », a-t-il dit dans ce courrier.

Avant ce report surprise, les Guinéens étaient appelés à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, défendue comme « moderne » par le chef de l’Etat. Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait l’excision et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres, selon lui.

L’opposition n’en croit pas un mot. Pour elle, le projet est le subterfuge d’un ancien opposant historique devenu, à bientôt 82 ans, un autocrate qui, comme bien d’autres dirigeants africains avant lui, entend plier la Constitution à son désir de briguer un troisième mandat à la fin de l’année.

Depuis mi-octobre, la mobilisation contre M. Condé donne lieu à des manifestations massives, à des journées villes mortes qui impactent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de graves brutalités policières. Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués.

Ces tensions, les appels de l’opposition à empêcher le déroulement du référendum et des législatives, ainsi que les attaques des derniers jours contre des bureaux ou du matériel de vote, ont amplifié les craintes dans un pays coutumier des manifestations et des répressions brutales.

L’armée a été mise en état d’alerte dès mardi. Pure précaution selon les autorités.

Des années d’animosité politique, les soupçons pesant sur le vote, de même que le maintien envers et contre tout de ce rendez-vous malgré le boycott et les appels de la communauté internationale à tout faire pour associer l’opposition, ont laissé la place à une campagne très éloignée d’un exercice démocratique apaisé.

– Pas de campagne électorale –

Les signes tangibles de cette campagne étaient rares cette semaine dans la capitale Conakry. Des panneaux portant des slogans tels que « oui à l’égalité » ou « oui à l’investissement dans la jeunesse » surplombent les artères encombrées de voitures. Mais peu ou pas de rassemblements publics.

Le projet de Constitution limite à deux le nombre des mandats présidentiels. Le chef de l’Etat sortant en a déjà deux au compteur. Sauf, redoute l’opposition, que l’adoption d’une nouvelle Constitution lui permettrait de remettre ce compteur à zéro.

« Qu’y a-t-il de mal à ça ? », demande Sékou Condé, un cadre du parti présidentiel. La plupart des Guinéens veulent que le président Condé reste pour développer le pays, assure-t-il à l’AFP.

M. Condé a jusqu’ici maintenu un voile de moins en moins opaque sur ses intentions. C’est son parti qui décidera de son avenir et les Guinéens peuvent aussi bien dire non à la nouvelle Constitution, répète-t-il.

Mais « pourquoi en Guinée il serait impossible de faire trois mandats ? » demandait-il cette semaine dans le quotidien français Le Figaro.

Les doutes exprimés par la communauté internationale quant à la crédibilité du vote se sont succédé.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a jugé « problématiques » près de 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes, avec des doublons et la présence de personnes défuntes.

L’Union européenne s’est interrogée sur « la crédibilité des échéances électorales à venir », en raison notamment de « l’absence de transparence ».

– Composantes ethniques –

Jeudi, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest a annulé à la dernière minute une mission de bons offices de plusieurs chefs d’Etat africains en Guinée. Elle a rénoncé à déployer des observateurs en raison des risques potentiels. L’Union africaine a rappelé les siens vendredi.

M. Condé « obtiendra de toute façon le résultat qu’il veut », déplore le leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo.

Un diplomate occidental, qui requiert l’anonymat, est cinglant : « Ce processus électoral, c’est quasiment une blague », n’était le risque de violences, qui est réel et pourrait suivre les lignes d’appartenance ethnique entre les Malinkés, dont est issu M. Condé, et les Peuls, largement derrière M. Diallo.

Bissau: installé dans le palais présidentiel, Umaro Embalo limoge le Premier ministre

Le candidat donné vainqueur de la présidentielle par la commission électorale en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, qui s’est fait investir jeudi président, a limogé vendredi le Premier ministre, issu du camp opposé, et l’a remplacé par un de ses partisans.

« Le Premier ministre, Aristides Gomes est relevé » de ses fonctions, indique le « décret présidentiel N° 1 » signé dans la soirée par le « Général Umaro Sissoco Embalo », au lendemain d’une investiture contestée par son adversaire au second tour de la présidentielle du 29 décembre, le chef du parti historique PAIGC, Domingos Simoes Pereira.

Dans un second décret, M. Embalo a nommé Nuno Gomes Nabiam, un des candidats malheureux du premier tour de la présidentielle, qui l’avait rallié lors du second.

M. Pereira ainsi qu’Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, ont dénoncé l’investiture de M. Embalo jeudi dans un hôtel de la capitale comme une tentative de « coup d’Etat » de la part de M. Embalo, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui en est coutumier.

M. Embalo reproche à Aristides Gomes de ne pas reconnaître sa légitimité, rendant « impossible une cohabitation pacifique et un fonctionnement normal des institutions ».

Des militaires ont occupé vendredi soir les bureaux du chef du gouvernement, selon un correspondant de l’AFP. Sur sa page Facebook le Premier ministre démis a estimé qu’il s’agissait de la confirmation « du coup d’Etat ».

M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre et candidat de l’opposition au Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix.

La commission crédite de 46,45% des voix Domingos Simoes Pereira, président du PAIGC, qui domine la politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à une décision finale de la Cour suprême.

M. Embalo, 47 ans, dit que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises et a choisi de passer outre à l’arrêt attendu.

RDC: les piliers de l’ex-régime Kabila tombent un à un sous Tshisekedi

Les piliers de l’ex-régime de Joseph Kabila tombent un à un dans la République démocratique du Congo de Félix Tshisekedi, au risque d’une dégradation du climat poliique au sein la coalition au pouvoir négociée dans la douleur entre les deux hommes.

Dernier en date à tomber, le général Delphin Kahimbi, chef des renseignements militaires mort vendredi alors qu’il venait d’être suspendu de ses fonctions selon plusieurs sources.

Sous sanctions de l’Union européenne (UE), le général Kahimbi, 50 ans, est brutalement décédé d' »une crise cardiaque », a indiqué son épouse à l’AFP, selon qui il n’était pas malade.

Son décès, qui suscite des rumeurs aussi inévitables qu’invérifiables (suicide, assassinat), intervient alors qu’il venait de tomber en disgrâce, à la grande satisfaction des Etats-Unis.

M. Kahimbi avait été auditionné ces dernières heures par le Conseil national de sécurité (CNS), après avoir été empêché de voyager en Afrique du Sud le jeudi 20 février.

Ce pro-Kabila, resté en place après l’investiture de M. Tshisekedi, était accusé d’avoir mis en place « un système d’écoute des autorités », d’après une source militaire à l’AFP.

On lui reproche d' »avoir espionné Félix Tshisekedi », ajoute une source diplomatique.

Juste avant son décès, les Etats-Unis, avaient publiquement salué jeudi sa destitution.

« Heureux de voir des mesures du gouvernement de la présidence de la RDC pour en finir avec l’impunité », avait réagi jeudi sur Twitter le sous-secrétaire d’Etat aux Affaires africaines Tibor Nagy.

Soutiens affichés du président Tshisekedi, les Etats-Unis lui ont demandé à plusieurs reprises de mettre à l’écart des officiels pro-Kabila soupçonnés de corruption ou d’atteinte aux droits humains.

Lors de son dernier séjour en RDC il y a deux semaines, l’envoyé spécial des États Unis dans la région des grands lacs, Peter Pham, avait invité les généraux sous sanctions à démissionner afin que Washington reprenne sa coopération militaire avec l’armée congolaise.

– Intouchables affaiblis –

Mais M. Tshisekedi ne gouverne pas seul. Proclamé vainqueur de la présidentielle du 30 décembre 2018, il doit gérer la RDC avec les forces politiques de son prédécesseur,majoritaires au Parlement.

Les deux hommes ont conclu un accord de coalition, avec un gouvernement qui fait la part belle aux pro-Kabila.

Depuis l’investiture du président Félix Tshisekedi, des intouchables de l’ancien régime Kabila sous sanctions américaine ou européenne, ont pourtant été écartés et affaiblis.

L’ex-ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, chef du parti de M. Kabila, a été empêché de sortir du pays pour se rendre au Burundi fin janvier par des agents de la Direction générale de migration (DGM).

Un ex-gouverneur de province Marcellin Cishambo, ancien conseiller politique de Kabila, n’avait pas non plus pu quitter le pays au même moment.

Motif: ces deux personnalités détenaient des passeports diplomatiques qu’ils n’auraient pas dû avoir.

Quelques jours plus tard, le 12 février, au retour d’un voyage en Ouganda, l’ancien chef tout-puissant des renseignements civils, Kalev Mutondo, a été interpellé à sa descente d’avion pour les mêmes motifs (détention d’un passeport diplomatique sans raison de service).

A la surprise des Congolais, M. Kalev a été auditionné plusieurs heures par l’Agence nationale de renseignements (ANR) qu’il dirigeait d’une main de fer il y a encore un an.

M. Kalev est également accusé d’espionner le nouveau chef de l’Etat, et de soutienir des groupes armés dans l’est de la RDC.

Il y a enfin l’homme d’affaires Albert Yuma, patron de la plus importante entreprise minière de l’État, la Gecamines.

Il n’est plus autorisé à quitter Kinshasa afin de répondre, à tout moment, aux convocations du parquet général près la Cour de cassation qui enquête sur un prêt consenti à son entreprise, par une société de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler sous sanction américaine.

Pour une Guinéenne icône de la contestation, vivre avec la peur et ses blessures

Fatoumata Bah est devenue contre son gré l’un des visages de l’agitation qui continue à secouer la Guinée à la veille d’un référendum contesté. Utilisée comme bouclier par les policiers, elle aimerait passer à autre chose, mais tout la ramène à cet épisode devenu viral sur les réseaux sociaux.

Cette femme de 27 ans, mère de cinq enfants, est l’héroïne malgré elle d’une vidéo visionnée des centaines de milliers de fois. Le document a provoqué l’indignation et conforté les accusations d’abus qui s’abattent de longue date sur les forces de sécurité.

C’était le 29 janvier à Wanindara, dans la banlieue de Conakry. La capitale et le reste du pays étaient en proie à la contestation contre le projet prêté au président Alpha Condé de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat. La mobilisation, qui a coûté la vie à au moins 30 civils et un gendarme, se poursuit alors que le pouvoir appelle les Guinéens à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, et à renouveler leur Parlement.

Depuis mi-octobre, la Guinée est le théâtre de manifestations massives, de journées villes mortes et d’affrontements entre jeunes lanceurs de pierres et policiers et gendarmes.

Fatoumata Bah, habitante de Wanindara, un bastion de l’opposition et foyer de contestation, s’est retrouvée prise dans le tumulte.

Dans son salon exigu où règne une chaleur étouffante, la jeune femme frêle et droite se lamente. Elle, la marchande, ne travaille plus depuis un mois après avoir subi une entorse de la cheville dans l’incident. Elle a peur: des représailles des policiers, pour ses enfants…

« Ca me ronge le coeur depuis le jour où j’ai été victime de cet acte barbare », dit-elle en peul, sa langue.

Elle reste enfermée. « Quand je sors, on me montre du doigt, et mes enfants aussi. On dit: +Voilà la femme qui a été prise comme bouclier+. Ca me fait très mal au fond de moi et c’est une page de ma vie que j’ai envie de tourner maintenant, pour revivre une vie normale », dit-elle.

Elle raconte que ce jour-là, elle était sortie voir le fils d’une collègue qui avait été blessé. Elle s’est retrouvée confrontée à des policiers qui ont refusé de la laisser partir parce que, selon eux, ce sont les enfants des femmes du quartier qui les affrontent.

– La rage au coeur –

La vidéo, qui a été tournée semble-t-il d’une maison voisine et dont l’authenticité n’a été contestée par personne, montre quatre policiers casqués faisant apparemment face à de jeunes lanceurs de pierres.

L’un des policiers avance au-devant des émeutiers en poussant une femme devant lui, contre son gré. Quelques cailloux et projectiles anti-émeutes sont échangés, jusqu’à ce que les policiers battent précipitamment en retraite devant une charge des jeunes. Le policier emmène la femme, paraissant à un moment la traîner au sol.

Fatoumata Bah relate que c’est l’attaque des enfants qui a forcé les policiers à la relâcher.

Les défenseurs des droits humains ont vu dans l’affaire un sommet des abus policiers. Ils fustigent régulièrement l’impunité dont bénéficient selon eux les services de sécurité et que démentent les autorités.

La police a annoncé l’arrestation du principal auteur, le brigadier Mamadou Lamarana Bah, sans lien avec la victime. Le commandement de la police a assuré qu’il serait sanctionné de manière exemplaire, sans qu’on sache si cet engagement a été tenu. Les autorités ont même présenté des excuses.

Les plaintes donnent systématiquement lieu à enquête, répètent-elles.

Mais Fatoumata Bah dit ne pas avoir confiance dans la police. Deux personnes ont été tuées dans le quartier depuis la vidéo, affirme-t-elle. Elle redoute même des représailles tant le scandale a été grand.

Elle craint pour ses enfants. Depuis le 29 janvier, ils ont la rage au coeur.

« Quand il y a un appel à manifester je n’arrive pas à les retenir à la maison. Ils ne pensent qu’à sortir pour affronter ceux qui m’ont brutalisée, pour me venger de ce que j’ai subi. Et je ne veux pas perdre mes enfants ».

Somalie: au moins 12 morts dans des combats dans le centre

Au moins 12 personnes ont été tuées et plus de 20 blessées vendredi dans le centre de la Somalie, lors de combats entre l’armée gouvernementale et une milice soufi opposée à l’administration régionale, a-t-on appris auprès de notables locaux.

Les combats ont éclaté jeudi soir à Dhumasareb, capitale de la région semi-autonome du Galmudug, et se sont intensifiés vendredi. Ils opposent l’armée du gouvernement fédéral à la milice soufi Ahlu Sunna Wal Jamaa (ASWJ).

Le Parlement du Galmudug avait élu début février président de la région Ahmed Abdi Kariye, un ancien ministre connu sous le surnom de Qoor-Qoor, soutenu par le gouvernement fédéral.

Le processus électoral avait été dénoncé par le chef d’ASW, Sheikh Mohamed Shakir, qui s’était autoproclamé président. Un ancien président du Galmudug, Ahmed Duale, avait aussi revendiqué la victoire en formant son propre Parlement.

« Il y a encore quelques coups de feu et il y a des victimes des deux côtés. Nous avons reçu des informations selon lesquelles au moins 12 personnes ont été tuées, dont des civils, et plus de 20 blessées jusqu’ici », a déclaré à l’AFP par téléphone un notable local, Mohamed Moalim Adan.

« Les combats ont affecté le commerce et les déplacements dans la ville, qui est complètement bloquée », a-t-il ajouté.

« Cette ville a été paisible pendant tant d’années, mais nous nous attendions à ça » à cause du contentieux électoral, a expliqué Abukare Warsame, un autre notable.

Selon lui, le chef de l’ASWJ se trouve toujours à l’intérieur du camp où les combats ont commencé.

« Plus de 10 personnes ont été tuées, et 30 autres blessées, dont certaines ont été transportées à Mogadiscio pour y être soignées », a-t-il affirmé, fournissant un bilan légèrement inférieur à celui de M. Adan.

Les violences ont aussi gagné la ville voisine de Guriceel, où les combattants soufi ont temporairement pris le contrôle du poste de police, avant de le céder à nouveau aux forces gouvernementales.

Le groupe soufi modéré a appelé dans un communiqué le gouvernement fédéral à « cesser d’attiser la violence ». L’administration régionale a répliqué en l’accusant d’avoir provoqué les tensions avec une attaque jeudi contre un poste de sécurité.

Le groupe soufi a joué un rôle majeur dans la lutte contre les islamistes radicaux shebab, soutenus par Al-Qaïda, et a contrôlé ces dix dernières années les villes principales du Galmudug.

En 2017, Sheikh Shakir avait accepté de rejoindre l’administration régionale, mais s’en était plus tard distancé en raison de désaccords avec son président.

Il avait ensuite donné son accord à une nouvelle élection soutenue par le gouvernement fédéral, avant de changer d’avis et d’accuser ce dernier de manipuler le processus pour imposer une personnalité qui lui soit fidèle.

La Somalie est plongée dans le chaos depuis la chute de l’autocrate Mohamed Siad Barré en 1991, et doit notamment faire face depuis 2007 aux insurgés shebab, qui mènent de nombreux attentats contre des cibles civiles et militaires.