Helene Sourou, Author at Journal du Niger

Tchad invité d’honneur au Festival de l’Aïr 2025 : Agadez en fête

Agadez, 4 décembre 2025 – La ville aux mille coupoles vibre déjà au rythme des tambours et des chants touaregs. À 24 heures du lancement officiel de la 17ᵉ édition du Festival de l’Aïr, prévu ce vendredi 5 décembre à Iférouane, cœur battant de l’Aïr, la région toute entière est en effervescence. Et pour cause : une impressionnante délégation gouvernementale nigérienne, accompagnée du ministre tchadien du Tourisme et d’une foule de personnalités, a posé ses valises sous un soleil éclatant et une ambiance résolument festive.

Un accueil protocolaire et massif à l’aéroport

 

Dès l’atterrissage à l’aéroport international Mano Dayak, l’ambiance était électrique. La ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mme Aghaichata Guichene Atta, entourée de plusieurs de ses collègues – dont les ministres du Pétrole, de la Communication, de l’Agriculture et de l’Élevage, de la Refondation, de la Culture et de la Modernisation sociale – a été accueillie avec tous les honneurs par le gouverneur de la région, le général de division Ibra Boulama Issa.

Par ailleurs, le directeur général de l’Agence pour la modernisation des villes, celui des Impôts, ainsi que de nombreux cadres civils et militaires ont donné à cette arrivée des allures de grande célébration nationale.

La 17ᵉ édition du Festival de l'Aïr lance les festivités à Iférouane. Le Niger accueille une délégation massive, dont le Tchad, invité d'honneur, dans une ambiance chaleureuse. La 17ᵉ édition du Festival de l'Aïr lance les festivités à Iférouane. Le Niger accueille une délégation massive, dont le Tchad, invité d'honneur, dans une ambiance chaleureuse.

 Festival de l’Aïr: le Tchad, invité d’honneur, porté en triomphe

 

Mais le moment le plus chaleureux de la journée restera sans conteste l’accueil réservé au ministre tchadien du Tourisme, M. Abakar Rozzi Teguil. À peine sorti de l’avion, il a été littéralement porté en triomphe par la communauté tchadienne d’Agadez, venue en masse agiter drapeaux et foulards aux couleurs des deux pays frères. Cris de joie, youyous, accolades interminables : l’image était forte et émouvante.

« C’est plus qu’une visite officielle, c’est une grande fête de famille », a confié un membre de la diaspora tchadienne, les larmes aux yeux.

La 17ᵉ édition du Festival de l'Aïr lance les festivités à Iférouane. Le Niger accueille une délégation massive, dont le Tchad, invité d'honneur, dans une ambiance chaleureuse.

Symbole d’une amitié sahélienne

 

Pour cette édition 2025, le Tchad est l’invité d’honneur du Festival de l’Aïr, et par conséquent, les autorités des deux pays n’ont pas lésiné sur les symboles d’amitié.

« Cette présence massive de nos frères tchadiens est la plus belle preuve que le Niger et le Tchad partagent bien plus qu’une frontière : ils partagent un cœur », a déclaré la ministre Aghaichata Guichene Atta, tout sourire, avant de rejoindre le cortège officiel sous les applaudissements.

Dès demain à Iférouane, le grand rendez-vous culturel du Nord-Niger promet d’être mémorable : courses de chameaux, concerts sous les étoiles, défilés de mode touareg, expositions d’artisanat, et en plus cette année, une forte coloration tchadienne avec des troupes artistiques venues spécialement de N’Djamena et du Lac Tchad. Les organisateurs parlent déjà d’une édition « historique » qui pourrait aussi  battre tous les records d’affluence.

 Festival de l’Aïr: le désert s’apprête à danser

 

Ce soir, Agadez s’illumine déjà. D’ailleurs, les ruelles du vieux quartier résonnent de guitares et de Tende (musique touarègue traditionnelle), les hôtels affichent complet, et les familles préparent les plus beaux habits pour accueillir les visiteurs. Finalement, demain, le désert va danser. Et quand le Niger et le Tchad dansent ensemble, c’est tout le Sahel qui sourit. Rendez-vous à Iférouane : la fête ne fait que commencer !

AES-Iran : Téhéran invite l’Alliance à un partenariat en décembre

Ouagadougou, 27 novembre 2025 – En parallèle des travaux préparatoires du deuxième sommet de la Confédération des États du Sahel (AES), le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, a reçu mercredi en fin d’après-midi un hôte discret mais hautement stratégique : le Dr Khosravinejad Akba, envoyé spécial du chef de la diplomatie iranienne.

L’entretien, qui s’est tenu à huis clos dans les salons du ministère burkinabè des Affaires étrangères, a duré près d’une heure. Selon plusieurs sources diplomatiques, les deux hommes ont passé en revue les axes de coopération bilatérale Niger-Iran, avant d’élargir la discussion à un partenariat plus ambitieux entre Téhéran et l’ensemble de l’AES (Burkina Faso, Mali, Niger).

Une invitation officielle pour décembre

 

Le point d’orgue de la rencontre fut la remise par l’émissaire iranien d’une lettre d’invitation formelle adressée aux trois ministres des Affaires étrangères de l’AES. Ils sont conviés à une réunion de haut niveau à Téhéran au mois de décembre 2025, dont l’objectif est d’« approfondir les perspectives de coopération » entre la jeune confédération sahélienne et la République islamique.

Si les détails du programme restent confidentiels, des diplomates évoquent déjà plusieurs domaines prioritaires : énergie (nucléaire civil et solaire), défense et sécurité, agriculture irriguée, formation technique, ainsi que coopération bancaire. Cette dernière est cruciale, car elle permettrait de contourner les sanctions occidentales qui pèsent à la fois sur l’Iran et sur les trois pays de l’AES.

 

AES-Iran :  une coopération basée sur le « souverainisme partagé »

 

Depuis leur retrait brutal de la CEDEAO et leur rupture avec la France, le Burkina, le Mali et le Niger multiplient les partenaires non occidentaux. La Russie, la Turquie et la Chine ont ouvert la voie. Par conséquent, l’Iran – qui cultive des relations discrètes avec Niamey – voit dans l’AES une opportunité de sortir de son isolement régional.

« Téhéran propose une coopération sans ingérence politique ni conditionnalité, ce qui correspond exactement au discours souverainiste des trois capitales », commente un analyste. De plus, pour l’Iran, « c’est une porte d’entrée supplémentaire en Afrique de l’Ouest, loin des radars américains et européens ».

Ouagadougou : Le ministre nigérien Bakary Y. Sangaré reçoit l'envoyé spécial iranien. L'Iran invite l'AES à Téhéran pour développer une coopération.

AES-Iran : prochain round à Téhéran

 

La visite éclair de l’envoyé spécial iranien à Ouagadougou, juste après la réunion tripartite AES, n’a rien d’un hasard. Elle marque la première étape publique d’un rapprochement qui pourrait, dès le mois prochain, déboucher sur des accords concrets.

En acceptant l’invitation, les trois ministres AES s’apprêtent à franchir un nouveau cap dans leur politique d’ouverture tous azimuts. Après Moscou et Pékin, c’est désormais Téhéran qui tend la main. Ainsi, dans le Sahel en pleine recomposition géopolitique, chaque poignée de main compte.

AES : lancement de la radio « Daandè Liptako » contre la désinformation

Ouagadougou, 27 novembre 2025 – Un nouveau front s’ouvre dans la bataille de l’information au Sahel.  En effet, le mercredi, les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont paraphé le protocole d’accord créant la toute première radio confédérale de l’Alliance des États du Sahel (AES). Baptisée « Daandè Liptako »« La Voix du Liptako » en peulh –, cette station entend devenir l’arme médiatique des trois pays face à ce qu’ils qualifient de « guerre informationnelle » orchestrée depuis l’extérieur.

La cérémonie s’est déroulée en marge de la réunion préparatoire du deuxième sommet AES, en présence des ministres Karamoko Jean-Marie Traoré (Burkina), Abdoulaye Diop (Mali) et Bakary Yaou Sangaré (Niger).

Daandè Liptako : une radio pour « dire la vérité du Sahel »

 

Dans un contexte où les trois capitales accusent régulièrement les médias occidentaux et certains voisins de relayer des « narratifs hostiles », Daandè Liptako se fixe une mission claire : devenir le porte-voix officiel de l’AES. Elle vise ainsi à promouvoir l’unité confédérale et à contrer les campagnes de désinformation, notamment sur les opérations anti-terroristes.

Émettant depuis Ouagadougou (siège principal), avec des relais puissants à Bamako et Niamey, la station diffusera en français, arabe, haoussa, bambara, peul, songhaï, zarma et tamasheq. Des émissions d’information, des magazines de décryptage et des débats citoyens sont déjà en préparation.

 

Un enjeu stratégique plus décisif que la télévision

 

Le top départ officiel de la station sera donné lors du prochain sommet des chefs d’État AES, les 22 et 23 décembre à Bamako.

Bien que l’AES ait déjà une chaîne de télévision en phase de test, la radio représente un enjeu stratégique bien plus décisif. En effet, la radio reste le média roi dans les zones rurales où vit l’immense majorité de la population sahélienne, garantissant ainsi une pénétration maximale de l’information officielle.

Ouagadougou : L'AES crée sa radio confédérale "Daandè Liptako" (La Voix du Liptako). Objectif : devenir le porte-voix officiel et contrer la "guerre informationnelle" dans le Sahel.

Daandè Liptako : une nouvelle étape vers la souveraineté du récit

 

« Pendant trop longtemps, on a laissé d’autres raconter notre histoire. Aujourd’hui, c’est fini », a commenté un haut responsable burkinabè. Ce message résonne comme un avertissement : l’AES ne se contentera plus de répondre aux attaques informationnelles, mais entend désormais fixer elle-même l’agenda.

Avec Daandè Liptako, la confédération passe à la vitesse supérieure dans sa quête de souveraineté, y compris sur les ondes. Et dans le Sahel où chaque mot peut peser plus lourd qu’une kalachnikov, cette voix nouvelle risque de porter très loin.

Sommet de Dakhla : L’Afrique lance son pacte pour l’autonomie sanitaire

Dakhla (Maroc), 27 novembre 2025 – La ville de Dakhla, au sud du Maroc, s’apprête à devenir pendant trois jours la capitale africaine de la réflexion sur la souveraineté sanitaire. À partir de ce vendredi 28 novembre, s’ouvre le tout premier Sommet continental sur les systèmes de santé et la souveraineté sanitaire en Afrique, organisé par la Fondation Mohammed VI des Sciences et de la Santé (FM6SS) sous le patronage du Roi Mohammed VI.

Plus de 200 experts, ministres et responsables d’organisations panafricaines seront physiquement présents, tandis qu’un millier d’autres participeront en visioconférence depuis une quarantaine de pays. Un record de mobilisation pour un sujet qui, depuis la pandémie de Covid-19, est passé du rang de priorité technique à celui d’enjeu stratégique majeur.

 

Sortir de la dépendance, entrer dans l’autonomie

 

« L’Afrique ne peut plus se contenter de subir les crises sanitaires. Elle doit les anticiper, les gérer et en sortir renforcée », a résumé le professeur Abdelkarim Soumani, président du comité scientifique du sommet. L’ambition affichée est claire : transformer la santé en véritable levier de développement, loin des schémas d’assistance hérités du passé.

Deux grands axes structureront les débats :

  1. Épidémiologie et priorités sanitaires : maladies infectieuses (paludisme, VIH), explosion des maladies non transmissibles (diabète, cancers), impact du changement climatique, et nécessaire accélération de la recherche africaine adaptée aux réalités locales.
  2. Gouvernance, financement et couverture universelle : comment financer durablement les systèmes de santé sans dépendre exclusivement de l’aide extérieure, renforcer les infrastructures, former massivement les personnels, et garantir enfin un accès équitable aux soins pour les 1,4 milliard d’Africains.

 

Dakhla : symbole d’une coopération Sud-Sud concrète

 

Le choix de Dakhla n’est pas anodin. Ville en pleine expansion, ouverte sur l’Atlantique et tournée vers l’Afrique subsaharienne, elle incarne la volonté marocaine de projeter sa vision d’une coopération Sud-Sud concrète et décomplexée. C’est pourquoi plusieurs chefs d’État et ministres africains ont déjà confirmé leur participation ou leur message vidéo, signe que le sujet transcende les clivages géopolitiques actuels.

 

Vers un « Pacte de Dakhla » : le Maroc, hub sanitaire régional

 

Si les organisateurs restent prudents, plusieurs sources internes évoquent la possibilité qu’un document final, baptisé provisoirement « Pacte africain pour la souveraineté sanitaire », soit adopté dimanche. Il pourrait contenir des engagements concrets : création d’un fonds africain d’urgence sanitaire, mutualisation accélérée des capacités de production de vaccins et de médicaments, ainsi qu’une plateforme commune de veille épidémiologique.

Pour le Maroc, qui a fait de l’autonomie pharmaceutique une priorité nationale (premier producteur africain de vaccins, partenariats avec le Rwanda, le Sénégal), ce sommet est aussi l’occasion de consolider son rôle de hub sanitaire régional.

Rarement un colloque médical n’aura porté une charge politique et symbolique aussi forte. Rendez-vous donc dès demain : l’Afrique qui prend en main sa santé, c’est l’Afrique qui reprend son destin.

Niger : les radios communautaires en première ligne contre la désinformation

Niamey, 26 novembre 2025 – Le Palais des Congrès de Niamey a vibré hier sous le poids d’une urgence peu commune : transformer les radios communautaires en véritables boucliers contre la guerre informationnelle que mènent les groupes armés au Sahel. En effet, organisé par le ministère de la Communication avec l’appui de l’UNICEF, le tout premier Forum national des radios communautaires a été lancé sous le haut patronage du Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine.

Plus de 200 participants – directeurs de radios rurales, animateurs, chefs de canton, maires, imams et représentants de la société civile – ont répondu présents. En effet, dans un pays où 80 % de la population vit en zone rurale et où la radio reste le média le plus écouté, les groupes terroristes inondent les ondes de fausses nouvelles et de rumeurs ethniques. Face à cela, le gouvernement a décidé de contre-attaquer sur le même terrain.

Niger : Le Forum national des radios communautaires (Min. Communication/UNICEF) lance un réseau d'alerte. Objectif : transformer les radios rurales en rempart contre la propagande et la désinformation des groupes armés.

La Parole, nouvelle arme de paix massive

 

« Nos radios communautaires ne sont pas seulement des haut-parleurs. Elles sont les gardiennes de la vérité dans nos villages », a déclaré le ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le général Mohamed Toumba. Il a ajouté : « Aujourd’hui, nous vous donnons les outils pour que la voix de la paix soit plus forte que celle de la haine. »

Pendant trois jours, les participants prendront part à des ateliers pratiques : apprendre à vérifier une information avant de la diffuser, à aborder les sujets sensibles — tels que les conflits entre agriculteurs et éleveurs ou les rumeurs concernant l’armée — sans attiser les tensions, et à produire des émissions participatives capables de renforcer la confiance des citoyens. L’UNICEF, qui finance une grande partie du forum, mettra également l’accent sur la protection des enfants dans les contenus.

Radios communautaires: vers un dispositif national d’alerte précoce

 

Plusieurs intervenants ont rappelé l’urgence de la situation. Un chef traditionnel de Tillabéri, région martyre des attaques djihadistes, a témoigné : « Chez nous, quand une fausse nouvelle passe à la radio, le lendemain il y a des morts. Par conséquent, je viens chercher les armes pour que plus jamais une rumeur ne tue mes enfants. »

À la tribune, le ministre de la Communication, M. Sidi Mohamed Raliou, a annoncé la création prochaine d’un « réseau national d’alerte précoce médiatique ». Concrètement, dès qu’elles détectent une rumeur dangereuse, les radios communautaires coordonnent immédiatement leur action pour diffuser la version officielle et apaisée des faits.

Niger : Le Forum national des radios communautaires (Min. Communication/UNICEF) lance un réseau d'alerte. Objectif : transformer

Radios communautaires : un Code de bonne conduite « Made in Niger »

 

En somme, à l’issue du forum, les participants adopteront une charte nationale des radios communautaires, avec des engagements précis : refus de diffuser des messages de haine, vérification systématique des sources, et priorité donnée aux langues nationales (haoussa, zarma, peulh…).

Pour Fatima, animatrice d’une radio à Dosso, ce forum marque un tournant. « Auparavant, on nous accusait parfois d’être des relais involontaires de la propagande. Désormais, nous serons formés, équipés et reconnus comme acteurs de la paix », confie-t-elle.

Dans un Niger où la parole peut encore faire basculer un village dans la violence, ce forum est une prise de position stratégique. La guerre se gagne aussi sur les ondes, et cette fois, l’État a décidé de ne plus laisser le champ libre à ses ennemis.

Sommet AES : les Ministres précisent la feuille de route

Ouagadougou, 26 novembre 2025 – À moins de deux mois du deuxième Sommet des chefs d’État de la Confédération des États du Sahel (AES), les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont tenu ce mercredi une réunion stratégique dans la capitale burkinabè. L’objectif était clair : affiner les dossiers que les Ministres présenteront aux présidents Ibrahim Traoré, Assimi Goïta et Abdourahamane Tiani.

Pendant plus de cinq heures, Karamoko Jean Marie Traoré (Burkina Faso), Abdoulaye Diop (Mali) et Bakary Yaou Sangaré (Niger) ont examiné les rapports remis la veille par les groupes d’experts. en effet, ces documents, qui couvrent la sécurité, l’économie, les infrastructures et la communication, constituent la feuille de route concrète de l’AES, dix-sept mois après le sommet fondateur de juillet 2024.

Succès opérationnels et avancées économiques

 

Au-delà du symbole, les trois pays affichent des résultats tangibles. En effet, la Force conjointe AES, qui a officiellement activé son commandement tournant en septembre, a déjà conduit plusieurs opérations coordonnées contre les groupes djihadistes dans la zone des trois frontières. Des sources militaires évoquent « une nette baisse des incursions » depuis l’été, ce qui démontre l’efficacité de la coopération sécuritaire.

Parallèlement, sur le plan économique, la future Banque de crédit et d’investissement et de développement de l’AES (BCID-AES) vient de finaliser ses statuts. Par ailleurs, son siège  sera à Bamako et annonce désormais son ouverture effective pour le premier trimestre 2026. De même, la plateforme médiatique commune AES TV-Radio, qui émet déjà en test depuis Ouagadougou et Niamey, passera en mode définitif avant la fin de l’année.

Un front uni face aux pressions extérieures

 

Le ministre malien Abdoulaye Diop n’a pas caché son émotion en rappelant le « soutien fraternel et immédiat » du Burkina et du Niger lors de la crise carburant qui a paralysé Bamako en octobre. Des camions-citernes burkinabè et nigériens avaient alors franchi la frontière sans formalités pour ravitailler le Mali, contournant ainsi les restrictions imposées par certains voisins.

« Ce n’est plus de la solidarité, c’est de la souveraineté partagée », a-t-il déclaré.

Le ministre nigérien Bakary Yaou Sangaré a pour sa part insisté sur l’urgence de finaliser les textes juridiques fondateurs : traité de confédération, charte de la force conjointe, statut de la banque ainsi que  protocole douanier commun.

« Nous arrivons au sommet avec des propositions prêtes à être signées par nos présidents », a-t-il assuré.

Prochain rendez-vous : le sommet lui-même

 

À l’issue de la réunion, les trois ministres ont validé l’ordre du jour qu’ils soumettront au futur Conseil des ministres de l’AES, étape préalable au sommet des chefs d’État. Parmi les sujets brûlants : la sortie définitive de la zone franc CFA (calendrier et nom de la future monnaie commune), l’harmonisation des visas et la création d’un passeport AES.

En quittant la salle, un haut fonctionnaire a résumé l’état d’esprit général : « On ne construit plus un rêve, on pose les fondations d’un État confédéral. Et cette fois, personne ne pourra nous dire que c’est du bluff. »

Le compte à rebours est lancé. Ainsi, le deuxième Sommet AES s’annonce comme le moment où l’alliance des trois pays passera définitivement du discours à l’acte irréversible.

Guinée-Bissau : coup d’État militaire, le général N’Canha renverse le président Embaló

Bissau, 26 novembre 2025 – Des tirs sporadiques ont résonné ce mercredi près du palais présidentiel de Bissau, transformant en un clin d’œil la fragile normalité post-électorale en chaos armé. À l’issue d’une journée marquée par l’arrestation du président sortant Umaro Sissoco Embaló et d’autres figures clés, l’armée guinéenne a proclamé sa prise de pouvoir absolu. Au cœur de cette tourmente : le brigadier-général Denis N’Canha, un officier discret propulsé sous les projecteurs comme porte-parole d’une junte autoproclamée.

 

Guinée-Bissau : une intervention fulgurante, juste avant les résultats

 

Les élections présidentielle et législatives du 23 novembre devaient livrer leurs verdicts cette semaine. Néanmoins, à la mi-journée, l’irruption de soldats en tenue de combat a tout balayé. Des patrouilles militaires ont bouclé les artères principales menant au palais, tandis que des habitants fuyaient les lieux sous un ciel plombé par l’incertitude.

M. Embaló, candidat à sa propre succession, a été interpellé sur place avec plusieurs hauts responsables, dont les opposants Domingos Simões Pereira et Fernando Dias. Le chef de l’État avait lui-même alerté les médias étrangers plus tôt dans la journée, dénonçant une « tentative de putsch », une voix qui, paradoxalement, a amplifié l’écho du coup de force.

 

Denis N’Canha, le visage du nouveau commandement

 

C’est depuis le siège de l’état-major, flanqué de militaires casqués, que le général N’Canha a pris la parole. Chef de la maison militaire de la présidence jusqu’alors – un poste administratif plutôt qu’opérationnel –, cet homme au parcours discret s’est mué en héraut de la rébellion.

« Le Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre, regroupant toutes les branches des forces armées, assume la direction du pays jusqu’à nouvel ordre », a-t-il lu d’une voix posée.

Par conséquent, les mesures tombent en cascade : suspension immédiate du processus électoral, fermeture des frontières terrestres et aériennes, et instauration d’un couvre-feu. La junte justifie ces actions en invoquant des « manipulations électorales » non précisées, ce qui dénote une instabilité grandissante. M. N’Canha, jusque-là connu pour sa loyauté institutionnelle, incarne ce virage : choisi pour sa neutralité apparente, il devient le visage public d’un groupe qui promet « l’unité et la stabilité ».

 

Guinée-Bissau : un pays sous haute tension, avec des échos de l’Histoire

 

Depuis l’indépendance en 1974, la Guinée-Bissau cumule quatre coups d’État réussis et une litanie de tentatives avortées. Cet épisode, survenu pile au moment où M. Embaló semblait en position de force, ravive les fantômes : en effet, en 2022, une mutinerie avait déjà visé le palais.

La société civile, quant à elle, oscille entre stupeur et scepticisme. Le Front populaire dénonce un « simulacre orchestré » pour bloquer les résultats. Des rues de Bissau, vidées par le couvre-feu, montent des murmures : « Encore l’armée qui décide pour nous ». La CEDEAO et l’Union africaine, déjà alertées, appellent au « calme et au respect du suffrage populaire ».

 

L’Épilogue symbolique d’un mandat déjà hors norme

 

Pour l’instant, M. N’Canha et sa coalition militaire tiennent les rênes, mais la suite reste floue. Les prochaines heures, sous le joug du couvre-feu, dicteront si ce coup de force est un feu de paille ou le prélude à une ère de fer. Dans ce petit État côtier, plaque tournante du crime organisé, un général peu connu vient de redessiner les contours d’un pouvoir fragile. Ainsi, l’Afrique de l’Ouest retient son souffle.

Sabun Binin : les villageois contre-attaquent et libèrent leurs otages

Katsina (Nigeria), 26 novembre 2025 – Dans l’État de Katsina, berceau historique du banditisme armé dans le nord-ouest du Nigeria, une communauté vient de renverser les règles d’un jeu macabre qui dure depuis plus de dix ans. À Sabun Binin, petit village de la zone de gouvernement local de Batsari, les habitants ont répondu à un enlèvement massif par un « contre-enlèvement » aussi spectaculaire qu’efficace.

Tout a commencé il y a une dizaine de jours. Un groupe de bandits lourdement armés, les « Yan Bindiga », a investi le village à moto, emmenant plusieurs dizaines de personnes dans la forêt de Rugu. La demande de rançon est tombée rapidement : 100 millions de nairas par tête.

 

La Terreur change de camp à Sabun Binin

 

Mais cette fois, la terreur a changé de camp. Aidés par la Civilian Joint Task Force (Force d’autodéfense communautaire) et par des jeunes du village, les habitants ont identifié les ravisseurs. Mieux encore : ils savaient exactement où vivaient leurs familles. En conséquence, en l’espace de 48 heures, les villageois ont organisé des patrouilles discrètes et capturé une quinzaine de proches des bandits – mères, frères, épouses – sans effusion de sang.

Quand les téléphones satellites des bandits ont sonné pour négocier, la réponse fut sans appel : « Vos gens contre les nôtres. Pas un Kobo tant que nos frères et sœurs ne sont pas libres. »

 

Un dénouement rapide

 

Moins de cinq jours plus tard, les bandits ont craqué. Selon plusieurs témoins, tous les otages ont été relâchés sains et saufs. De plus, chaque personne libérée aurait reçu 30 000 nairas « pour le transport », un geste qui, dans ce contexte, a valeur d’humiliation. Peu après, les familles des bandits ont été relâchées à leur tour.

Sur les réseaux sociaux nigérians, l’affaire fait l’effet d’une bombe. Le hashtag #SabunBininReverse a dépassé les 2 millions de vues en 24 heures.

« Pour la première fois, on a vu les bandits supplier », confie un membre du comité de vigilance local. « Ils pensaient que nous allions payer comme d’habitude. Ils n’avaient jamais imaginé qu’on puisse toucher à leurs propres familles. »

 

Un précédent aux conséquences imprévisibles

 

Dans les États voisins de Zamfara, Sokoto et Kaduna, où les enlèvements sont devenus une industrie (plus de 3 000 victimes recensées en 2025), l’information se répand rapidement.

Certains analystes sécuritaires y voient un tournant dangereux. « Si ce modèle se répète, nous risquons une escalade incontrôlable », prévient Kabiru Adamu, consultant en sécurité. « Toutefois, pour l’instant, les bandits sont déstabilisés. Ils savent désormais que plus personne n’est intouchable. »

À Sabun Binin, on ne parle plus de victoire, mais bien de survie. « On n’a pas le choix », résume un ancien. « L’État est absent, l’armée arrive toujours trop tard. Alors on a fait ce qu’il fallait pour que nos enfants dorment tranquilles. »

Ce précédent, né du chaos et du désespoir, pourrait marquer soit la fin d’une impunité de trop longue date, soit le début d’une guerre civile encore plus sale.

Uranium : le Niger et Global Atomic font le point sur l’avancement du projet DASA

Niamey, 26 novembre 2025 – Le ministre des Mines du Niger, le Commissaire-Colonel Abarchi Ousmane, a reçu le mardi 25 novembre une délégation de haut niveau de la société canadienne Global Atomic Corporation, conduite par son président-directeur général, Stephen George Roman. Cette audience, tenue au ministère à Niamey, a permis de faire le point sur le projet stratégique d’uranium de Dasa, l’un des plus importants en cours de développement au Niger, sixième producteur mondial d’uranium.

 

Le projet DASA franchit une nouvelle étape clé

 

Situé dans la région d’Agadez, le gisement de Dasa est porté par la Société des Mines de Dasa (SOMIDA), filiale locale détenue à 80 % par Global Atomic et à 20 % par l’État nigérien.

Lors des échanges, M. Roman et le directeur général de SOMIDA, Moussa Souley, ont présenté au ministre un état des lieux détaillé des travaux en cours, incluant notamment l’avancement des études de faisabilité définitive, le recrutement local, la construction des infrastructures de surface et la préparation du démarrage effectif de la production, prévu pour le premier semestre 2027.

« Nous avons réaffirmé notre engagement total à respecter les délais, les normes environnementales les plus strictes et à maximiser les retombées locales », a déclaré M. Roman à l’issue de l’audience. De plus, le PDG a insisté sur les efforts déployés pour le recrutement et la formation de main-d’œuvre nigérienne, ainsi que sur le programme de développement communautaire déjà lancé autour du site.

Projet Dasa : un partenariat sous haute surveillance

 

Depuis la prise de pouvoir du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) en juillet 2023, le Niger a durci le ton sur la gouvernance de son secteur minier et exigé une meilleure redistribution de la rente vers les populations.

C’est pourquoi, le gouvernement scrute particulièrement le projet Dasa, car ses réserves prouvées et probables dépassent 70 millions de livres d’U₃O₈ (Yellowcake) à très haute teneur. Par conséquent, il doit devenir l’une des mines d’uranium les plus rentables au monde tout en répondant aux nouvelles exigences de souveraineté et de transparence du gouvernement.

Le ministre Abarchi Ousmane, connu pour son franc-parler et sa volonté de « nigériser » davantage les bénéfices du sous-sol, a salué la qualité du dialogue avec Global Atomic. « Le Niger veut des partenaires sérieux qui respectent leurs engagements et qui comprennent que l’exploitation de nos ressources doit d’abord profiter à nos enfants », a-t-il rappelé, selon des sources proches du ministère.

Vers une production de 3 000 tonnes d’uranium par an

 

Une fois en pleine production, Dasa devrait produire environ 3 000 tonnes d’uranium par an pendant au moins 20 ans. Ainsi, le projet placera le Niger parmi les tout premiers fournisseurs mondiaux à l’heure où la demande explose avec le renouveau du nucléaire civil et les besoins des petits réacteurs modulaires (SMR).

En outre, le projet représente un investissement de plus de 400 millions de dollars et la création de plusieurs centaines d’emplois directs, majoritairement locaux. Cette rencontre intervient quelques semaines après la signature, en octobre 2025, d’un nouveau protocole d’accord renforçant les obligations sociales et environnementales de SOMIDA.

En recevant personnellement la délégation de Global Atomic, le ministre Abarchi Ousmane envoie un signal clair : le Niger reste ouvert aux investisseurs sérieux, mais uniquement sous condition d’un partenariat gagnant-gagnant, transparent et respectueux des intérêts nationaux. Le compte à rebours est lancé pour Dasa, futur fleuron de l’uranium nigérien.

Niamey : trois réseaux spécialisés dans le vol de véhicules démantelés

Niamey , 25 novembre 2025 – Une vaste opération menée par les forces de l’ordre a porté un coup significatif à la délinquance urbaine dans la capitale nigérienne. La Direction de la Police Judiciaire (DPJ) a annoncé le démantèlement de trois réseaux criminels responsables d’une série de vols de véhicules et de motos, un fléau qui touchait particulièrement les habitants de Niamey.

Opération coup de poing de la police à Niamey : démantèlement de trois réseaux criminels spécialisés dans le vol de véhicules et motos.

Niamey : un premier réseau sédentaire et méthodique

 

La première opération, fruit d’investigations menées entre le 14 et le 21 septembre, a conduit à l’interpellation de neuf individus. La particularité de ce groupe réside dans son organisation structurée et la répartition des rôles parmi ses membres, âgés de 37 à 69 ans. Deux auteurs principaux, trois complices et quatre receleurs, dont un mécanicien, un ferrailleur, un tôlier et un peintre automobile, formaient une chaîne criminelle complète.

 

Leur mode opératoire était méticuleux. Opérant de nuit et à pied, ils repéraient des véhicules garés sans surveillance devant des domiciles. Une fois la cible identifiée, un guetteur se postait tandis qu’un complice forçait les portières à l’aide d’un outil en fer en forme de « T » ou d’une fausse clé. Leurs cibles de prédilection étaient des modèles Toyota populaires comme les Corolla, Hilux et RAV4, choisis pour la vulnérabilité supposée de leurs systèmes de verrouillage.

Ensuite, les receleurs modifiaient la peinture des véhicules volés et changeaient leur numéro de châssis pour les rendre méconnaissables. Ce réseau a avoué plusieurs méfaits dans des quartiers tels qu’Harobanda, Marché Katako et Gamkalley.

Le retour en piste d’un récidiviste audacieux

 

Le deuxième cas mis en lumière par la DPJ illustre le défi de la récidive. Le 7 novembre, les enquêteurs se sont penchés sur le vol d’un pick-up Hilux commis en pleine journée, alors que son propriétaire était à la mosquée pour la prière du vendredi. L’exploitation des images de vidéosurveillance a permis d’identifier le suspect, un étudiant de 36 ans surnommé « Procureur ».

 

Ce dernier, bien connu des services de police pour des faits similaires, avait été libéré de prison seulement quatre mois plus tôt. Selon ses déclarations, il aurait volé le véhicule à l’aide de fausses clés, puis aurait entamé un parcours vers Dosso et Guechémé jusqu’au village de Yeddou. Là, le véhicule, muni d’une fausse plaque d’immatriculation, était destiné à être écoulé à Abuja, au Nigeria.

 

Face à la dimension transnationale de cette affaire, la DPJ a activé les canaux de coopération internationale via Interpol pour traquer le complice en fuite. Le individu a également confessé le vol d’un Toyota RAV4 noir qu’il avait dû abandonner à cause d’une panne mécanique.

Une bande violente ciblant les motocyclistes à Niamey

 

La police a démantelé une troisième bande de cinq jeunes hommes (17 à 29 ans) qui opérait avec agressivité. Spécialisés dans le vol de motos, ces individus agissaient de nuit en pénétrant dans les cours après avoir espionné ou en attaquant directement leurs victimes dans la rue.

 

Leur premier mode opératoire consistait à repérer une moto dans une cour, à escalader le mur pour ouvrir le portail et à voler l’engin pour le conduire vers une cachette, ou « ghetto », situé au quartier Bassora. Le second scénario, plus violent, les voyait circuler en binôme sur deux motos, armés de machettes. Ils pourchassaient alors des motocyclistes isolés, les menaçaient avec leurs armes, les faisaient chuter et s’emparaient de leur véhicule. Cinq vols de motos, notamment des marques Royal et Kasea, ainsi qu’un tricycle, leur sont imputés.

 

Un appel à la vigilance citoyenne

 

Face à l’ingéniosité et à la diversité des modes opératoires de ces criminels, la Direction de la Police Judiciaire souligne l’importance cruciale de la collaboration avec la population. Les autorités appellent les citoyens à une vigilance accrue, en particulier lors du stationnement de leurs véhicules et à adopter des mesures de sécurité renforcées.

 

Ces opérations d’envergure démontrent la détermination des forces de l’ordre à lutter contre l’insécurité. Cependant, la persistance de ces délits et la récidive de certains auteurs rappellent que la sécurisation des biens des citoyens reste un combat quotidien qui nécessite une synergie entre la police et la communauté de Niamey.