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Torrent de critiques sur le Japon pour sa gestion du Diamond Princess

Les critiques pleuvent sur le gouvernement japonais, accusé de ne pas avoir pris de dispositions radicales à temps pour endiguer la propagation du coronavirus sur le paquebot Diamond Princess où la première période de quarantaine prend en théorie fin mercredi.

Les 3.711 personnes embarquées sur ce navire battant pavillon britannique avaient été mises en quarantaine au large du Japon le 5 février, après que le coronavirus eut été détecté sur un passager qui avait été débarqué à Hong Kong.

Sur le papier, les règles étaient claires: les passagers étaient confinés dans les cabines, sauf pour de brèves sorties sur le pont, avec port de masques et évitement de contact.

Mais, outre que plusieurs ont dénoncé des comportements inappropriés (certains discutaient sans masque ou fumaient sur le pont), des doutes ont vite surgi quant à l’efficacité des dispositions prises.

En quelques jours, des tests ont répertorié plusieurs centaines de personnes porteuses du virus. Mardi, 542 cas avaient été signalés alors même que tous les résultats n’étaient pas connus.

Quant aux membres d’équipage, ils n’ont pas été placés à l’isolement, partageant les espaces de travail et de vie, les salles de bains, en portant simplement des masques et des gants lors de l’interaction avec les passagers (distribution de repas, de serviettes, de journaux, etc.)

– La « peur » d’un spécialiste –

Au moins deux représentants du gouvernement ont eux-mêmes présenté des tests positifs au virus après avoir travaillé sur le navire.

La critique la plus vive, faite sur un ton direct extrêmement rare au Japon dans les milieux officiels ou universitaires, est venue d’un expert japonais. Pour Kentaro Iwata, professeur à la division des maladies infectieuses de l’Université de Kobe interrogé par l’AFP, la mise en quarantaine à bord du navire est « un échec majeur, une erreur » et justifie le « scepticisme » de l’étranger.

« J’ai été en Afrique pour traiter l’épidémie d’Ebola. J’ai été dans d’autres pays pour le choléra, en Chine en 2003 pour m’occuper du Sras (…) Jamais je n’ai eu peur d’être moi-même infecté », assène-t-il par ailleurs dans une vidéo en anglais où il dit avoir eu « peur » et qualifie tout ce qu’il a vu sur le bateau de « chaotique ».

Des responsables japonais ont cependant défendu cette approche, dont Shigeru Omi, ancien chef régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui conseille le gouvernement et selon qui la quarantaine a « un effet très positif » sur la réduction des infections.

« Nous pensons que la majorité des infections se sont produites avant la date à laquelle les mesures de quarantaine ont commencé », a-t-il déclaré aux journalistes.

Cela ne semble pas avoir convaincu les gouvernements des Etats-Unis, de Corée du Sud, d’Italie, du Canada ou encore d’Australie qui ont décidé d’évacuer leurs citoyens.

Plus de 300 Américains ont été rapatriés et plus de 200 Canadiens devraient suivre sous peu.

Nancy Messonier, une fonctionnaire du Centre de contrôle des maladies des États-Unis, a déclaré aux journalistes que « les données provenant du Japon suggèrent qu’il existe un risque plus élevé parmi les personnes à bord du navire ».

Les salves de reproche ont placé les responsables japonais sur la défensive.

– Le Japon « n’est pas parfait » –

« Il n’y avait pas d’accord international établi sur la manière de répondre et sur qui est responsable ni sur quand débarquer », justifie M. Omi, arguant que les bateaux avec des cas de coronavirus ont été refoulés dans de nombreux ports.

Et d’ajouter: « aucune organisation n’est parfaite, le Japon ne fait pas exception. »

Le ministre de la Santé, Katsunobu Kato, a admis mardi l’existence de critiques, mais a déclaré que le gouvernement se concentrait sur la « santé des membres d’équipage et des passagers ».

L’identification du moment où des infections ont pu commencer sur le navire a été rendue plus difficile par la lenteur du déploiement des tests, avec moins de 300 personnes initialement testées et l’éventail n’a été élargi que progressivement pour inclure les groupes à risque.

Le gouvernement japonais a été pris de court, manquant de kits d’examen, mais il a attendu des jours pour demander de l’aide au secteur privé et inviter des experts à ses réunions de crise.

Il n’a terminé les tests à bord sur l’ensemble des passagers qu’un jour avant la fin de la quarantaine.

La manière dont le gouvernement a géré la crise semble avoir entamé la popularité du Premier ministre Shinzo Abe, déjà affecté par un énième scandale de favoritisme.

Selon un récent sondage, 52% des personnes interrogées disent désapprouver la réponse du gouvernement à l’épidémie.

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Au Sénégal, la forte demande chinoise perturbe le secteur de l’arachide

Les premières livraisons de cacahuètes, spécialité sénégalaise, ont trouvé acquéreurs avec une rare rapidité cette année, absorbées par l’appétit des négociants chinois. Pour le bonheur des producteurs, et au grand dam des fabricants d’huile d’arachide, privés de matière première et durement éprouvés.

Le retour des acheteurs chinois après quelques années d’absence, d’abord timidement il y a 12 mois puis massivement depuis le début de l’actuelle campagne arachidière (décembre-avril), perturbe ce secteur clé d’un pays essentiellement agricole, dont 27% des ménages cultivent l’arachide selon la Banque mondiale.

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement sénégalais cherche une position d’équilibre entre les intérêts des très nombreux cultivateurs et ceux des usines de transformation. La Chine, quant à elle, affirme participer à la création de richesse, alors que la majorité de la population sénégalaise vit toujours en-dessous du seuil de pauvreté.

Dans le village de Sanguil, au coeur du bassin arachidier du centre du pays, des camions chargés de conteneurs vont et viennent autour d’un bâtiment dissimulé par de hauts murs qui abrite un site de décorticage des cacahuètes.

Quand le portail s’ouvre apparaissent des Asiatiques entourés d’ouvriers sénégalais qui s’affairent parmi les machines à décortiquer et les sacs d’arachide, la plante dont la cacahuète est la graine, consommée décortiquée ou pressée pour en extraire de l’huile.

Baye Niass Fall, un paysan de 50 ans, attend d’être payé, le sourire aux lèvres, car il fait une bonne affaire en vendant, « aux Chinois », dit-il.

Les Chinois ou leurs intermédiaires proposent 300 francs CFA (0,45 euro) par kilo de cacahuètes en coque, et 525 CFA (0,8 euro) si elles sont décortiquées. Les huileries proposent généralement 210 CFA (0,32 euro) pour les cacahuètes en coque.

– Agitation sociale –

« Cette année, on ne va pas brader nos arachides », se réjouit Sidy Bâ, un responsable des planteurs.

La Chine est le premier importateur des cacahuètes sénégalaises, principale culture du pays, depuis un accord conclu avec Dakar en 2014 et renouvelé en 2019.

Depuis le début de l’année, une forte demande de la Chine, un rendement affecté par une météo défavorable et des prévisions de production jugées trop optimistes ont créé des tensions sur le marché.

Les exportateurs, notamment Chinois, ont raflé la marchandise les premières semaines. L’huilerie publique, la Sonacos, et ses trois concurrentes privées, se sont retrouvées à court de cacahuètes.

Des mouvements sociaux ont agité les huileries.

La Sonacos, qui emploie directement 4.000 personnes, s’est séparée de 500 saisonniers et a annulé le recrutement de 600 autres, selon un responsable syndical, Samuel Ndour. La Copeol, privée, a mis fin au contrat de plus de 120 saisonniers, selon un autre syndicaliste, Samba Wane.

Ayant emprunté pour financer ses achats, la Sonacos voit ses « efforts de relance compromis », s’alarme son directeur général, Modou Fada Diagne.

– Bien « précieux » –

On a accusé les professionnels chinois de « concurrence déloyale », d’aller dans les champs pour acheter la cacahuète encore en terre et de compromettre ainsi la prochaine saison en rendant indisponibles les graines nécessaires pour les semences.

Le gouvernement a également été accusé de faire profiter les travailleurs chinois des fruits d’une récolte qu’il subventionne.

L’arachide est « la marchandise la plus précieuse du Sénégal exportée vers la Chine », selon son ambassade à Dakar.

D’environ 100.000 tonnes en 2015, les exportations sont passées à 200.000 tonnes l’an dernier, précise-t-elle dans un message à l’AFP, assurant que la demande chinoise « a favorisé le développement de l’agriculture locale ».

Les producteurs ont écoulé leurs graines « à un prix jamais imaginé », a de son côté affirmé à la presse le ministre sénégalais de l’Agriculture, Moussa Baldé.

– L’arachide comme le gaz –

Certes, 1.500 emplois seraient menacés dans les huileries, mais « il y a un million de producteurs qui sont contents », selon lui.

Pour autant, l’Etat vient de suspendre les exportations, le tonnage convenu en début de campagne ayant été vite atteint, sur un total d’1,4 million de tonnes attendues sur le marché.

Le ministre « espère » que, d’ici à mai et la fin de la commercialisation, la Sonacos fera une collecte suffisante pour faire tourner ses usines.

L’essayiste sénégalais Adama Gaye, auteur de « Chine-Afrique: le dragon et l’autruche », voit dans cette situation un exemple d’un risque couru à l’échelle du continent et généralement reproché aux puissances étrangères: « confiner les pays africains à un statut de producteurs de matières premières, sans valeur ajoutée ».

« L’arachide n’est que la version agricole de ce que gaz, pétrole et mines ont été dans un passé récent » et l’Afrique doit « exiger l’installation d’huileries pour capter une partie de la manne », dit-il.

Mais il faudra compter avec les producteurs, prévient leur représentant Sidy Bâ: « Avec l’ouverture des marchés et les réseaux sociaux, les paysans d’aujourd’hui savent qui paie le plus et qui paie le moins ».

Au Pakistan, retour de la musique pachtoune après les années de sang

Pendant des années, tirs de Kalachnikov et attentats assourdissants ont couvert les mélodies endiablées de la musique des Pachtounes. Mais la tradition séculaire fait son retour alors que la situation sécuritaire s’améliore dans le nord-ouest du Pakistan, d’où ce groupe ethnique est originaire.

Les spectacles qui se déroulaient autrefois en secret, par crainte de représailles de groupes extrémistes, reprennent vie. Les magasins d’instruments de musique sont à nouveau ouverts et prospèrent, tandis que des chanteurs pop pachtounes ont la faveur des chaînes de télévision pakistanaises.

« La musique est le piment de la vie… elle fait partie de notre culture depuis des temps immémoriaux », affirme Farman Ali Shah, un poète du village de Warsak, près des zones tribales frontalières de l’Afghanistan et de ses quatre décennies de conflit.

Les mélodies pachtounes reposent sur des accords de rubabs, des instruments à corde traditionnels, posés sur le son clair des tablas, les percussions locales.

Elles poussent les hommes, dans cette culture très conservatrice et patriarcale où les femmes sont absentes des évènements publics, à des danses en cercle. Chaque participant y tourbillonne avec force moulinets des bras et autres pirouettes.

« Pendant des siècles, nous avons été une société libérale », assure pourtant le joueur de rubab et député Haider Ali Khan, originaire de la vallée de Swat. « Nous aimons notre religion mais en même temps nous aimons notre musique traditionnelle », ajoute-t-il.

Longtemps, les mélodies pachtounes ont pourtant été réduites au silence par les extrémistes.

A partir des années 1970, des mouvements islamistes rigoristes ont gagné en influence dans les zones pachtounes le long de la frontière avec l’Afghanistan. Leurs interprétations strictes de l’islam méprisaient la musique.

– Chaos –

Puis l’extrémisme est devenu violent, après l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979, qui a vu l’émergence d’une génération de moudjahidines. Les talibans, au pouvoir à Kaboul entre 1996 et 2001, avaient interdit la musique.

L’intervention d’une coalition internationale menée par les Etats-Unis en Afghanistan a renversé leur règne. Mais elle a aussi plongé le Pakistan dans le chaos.

De nombreux groupes insurgés s’y sont réfugiés. Un mouvement taliban pakistanais s’est formé, prenant le contrôle de certaines parties du Khyber Pakhtunkhwa, la province du Nord-Ouest dont Peshawar est la capitale.

« Les extrémistes tuaient les artistes et les chanteurs pour créer la peur », explique le chanteur Gulzar Alam, lui-même attaqué à trois reprises, et qui s’est réfugié ces dernières années en Afghanistan.

« Si vous enlevez la culture d’une communauté, d’une tribu ou d’un groupe ethnique, la communauté sera éliminée », déplore-t-il.

Les représentations publiques ont été pratiquement interrompues par les attentats-suicides. Des bombes explosaient dans les marchés de CD. Les magasins d’instruments étaient anéantis.

Quelques courageux continuaient à inviter des musiciens pour des spectacles privés et autres mariages. Mais les groupes devaient se produire sotto voce, pour éviter d’être entendus par les islamistes.

« Ils demandaient aux gens d’arrêter la musique, mais les villageois ne les ont jamais acceptés », se souvient Noor Sher, dont la famille fabrique des rubabs à la main depuis 25 ans.

Des musiciens d’Afghanistan, où les Pachtounes constituent la principale ethnie, ont aussi fui la violence faisant rage dans leur pays. Certains se sont installés à Peshawar, où ils ont ouvert des écoles de musique, maintenant la tradition en vie.

– « Libérer l’esprit » –

L’armée pakistanaise a intensifié ses efforts pour vaincre les extrémistes en 2014. La sécurité s’est considérablement améliorée depuis.

Entre 2015 et 2018, les morts violentes – à caractère extrémiste, politique ou criminel – ont chuté de 80% dans le pays, passant de 6.574 à 1.131 décès répertoriés, selon le CRSS, un centre de recherche pakistanais.

« Maintenant, la situation est bonne, très bonne. Nous pouvons jouer n’importe où, quand les gens nous invitent », estime Akhtar Gul, un joueur de rubab.

Mais beaucoup restent prudents dans le nord-ouest pakistanais, craignant toujours des représailles. Certains interviewés par l’AFP ont refusé de critiquer les extrémistes.

Les attitudes conservatrices envers la musique continuent en outre de résonner dans la région. Abdul Latif, 24 ans, cache ainsi son amour pour le rubab à sa famille, qui considère que cet instrument dissone avec l’islam.

« Cela fait partie de la culture pachtoune, mais je pense que ma famille n’en est pas consciente », observe-t-il.

Pour des musiciens comme Gulzar Alam, forcés de fuir, les dégâts sont plus profonds.

« Il faut beaucoup de temps pour libérer l’esprit ou le cerveau des artistes de la peur », explique-t-il depuis Kaboul, qu’il cherche à quitter pour vivre en réfugié dans un pays occidental.

« On peut changer la politique d’un gouvernement d’un simple coup de crayon, cela ne prend pas beaucoup de temps », remarque le député Haider Ali Khan. « Mais changer l’état d’esprit que vous avez forgé en deux ou trois décennies, ce n’est pas facile », dit-il.

Haïti: le Premier ministre fustige des policiers ayant provoqué des incendies

Le Premier ministre démissionnaire haïtien Jean-Michel Lapin a fustigé mardi les policiers qui ont incendié les stands du carnaval à Port-au-Prince, dénonçant des « actes barbares » qui « ne cadrent pas avec la démocratie ».

Lundi soir, à l’issue d’une manifestation de policiers, des incendies ont ravagé la quasi-totalité des stands construits sur la place du champ de Mars, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel. Le carnaval national est prévu les 23, 24 et 25 février.

« Le comportement de ce groupe de citoyens, ces policiers et policières, a placé la population qui était là dans une situation difficile car ils ont (procédé à) des tirs et ont incendié des biens publics », a dit M. Lapin à la presse mardi.

« Ces actes barbares, illégaux, inadmissibles et indignes du policier, viennent rappeler la violence aveugle des extrémistes et des terroristes », a-t-il ensuite dénoncé dans un communiqué.

Devant la presse, le Premier ministre démissionnaire a toutefois reconnu comme « justes » les revendications des policiers concernant la revalorisation de leurs salaires, primes de risques et assurances.

Depuis plusieurs mois, les agents de la police nationale d’Haïti réclament le droit de former un syndicat qui assurerait la transparence dans les négociations avec leur hiérarchie.

Des voix se sont élevées dans la société civile haïtienne pour appeler à l’annulation du carnaval, au regard des immenses difficultés auxquelles le pays fait face.

Mais le chef du gouvernement intérimaire a assuré que les festivités se tiendraient aux dates prévues, et sur le parcours traditionnel.

« L’Etat a la responsabilité de respecter chaque droit fondamental, ce qui veut dire qu’il est de la responsabilité de l’Etat de porter des loisirs et réjouissances à tout le monde », a lancé M. Lapin.

Depuis le début de l’année, Haïti enregistre une recrudescence des enlèvements contre rançon, qui s’ajoutent aux luttes entre bandes armées qui empêchent régulièrement la circulation sur les principaux axes routiers du pays.

Par ailleurs, aucune issue n’a encore été trouvée à la crise politique qui paralyse le pays depuis plus d’un an.

Haïti n’a ainsi pas de cabinet ministériel opérationnel. M. Lapin, nommé en mars 2019, a présenté sa démission l’été dernier.

Et face à l’appauvrissement de la population, accélérée par une inflation de plus de 20%, l’opposition réclame toujours la démission du président Jovenel Moïse, impliqué « dans un stratagème de détournements de fonds » selon la Cour des comptes.

Au Cachemire indien, le parcours du combattant de patients et médecins

Sanaullah Dar allait être opéré d’urgence pour ôter une tumeur dans sa vessie lorsque l’Inde a soudain bouclé le Cachemire indien, coupant les communications et restreignant les déplacements. Quatre mois plus tard, il était mort.

En raison du couvre-feu, décrété début août lorsque le gouvernement indien a révoqué le statut d’autonomie de cette région, théâtre d’une insurrection séparatiste, la famille de cet habitant du Cachemire n’a pu organiser son opération chirurgicale à Bombay. Du jour au lendemain, elle s’est retrouvée incapable de contacter l’hôpital, situé à 1.700 kilomètres de leur vallée himalayenne.

Lorsque ses proches ont finalement réussi à l’amener à un hôpital à Delhi fin octobre, il était déjà trop tard. Le patient est décédé une semaine après être rentré chez lui.

« La coupure des communications était un gros problème, à cause duquel nous n’avons pas pu lui obtenir de traitement adéquat à temps », raconte à l’AFP son neveu Sajjad.

Omar, un oncologiste du Cachemire qui s’est occupé de ce malade et a souhaité n’être identifié que par son prénom, estime que l’opération chirurgicale « aurait probablement pu sauver » Sanaullah Dar si elle avait été réalisée à temps.

Ce dernier n’est pas le seul patient à mourir au Cachemire en raison de l’impossibilité d’accès aux soins, dit le médecin à l’AFP, indiquant avoir entendu d’autres confrères des récits de décès de patients dus au confinement imposé par les autorités indiennes.

Après des mois de restrictions draconiennes destinées à éviter un soulèvement de cette région à majorité musulmane, New Delhi a progressivement assoupli les mesures mises en place à l’occasion de cette révocation controversée décidée par le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi.

Les réseaux de téléphonie mobile ont été rétablis et les interdictions de déplacements assouplies. L’accès à internet a été partiellement restauré fin janvier, mais les utilisateurs ne peuvent accéder qu’à une liste réduite de sites approuvés par le gouvernement.

– Se procurer des médicaments –

Malgré cela, la vie reste compliquée pour médecins et patients.

Les données mobiles sont toujours limitées à la 2G et la connexion extrêmement lente, empêchant de mener des consultations à distance normalement très pratiquées. Réseaux sociaux et applications de messagerie restent bloqués.

Omar est membre d’un groupe WhatsApp de cardiologues internationaux qui a permis de détecter 1.600 anomalies cardiaques chez des patients au Cachemire durant les dix-huit mois qui ont précédé le couvre-feu d’août, en se partageant et analysant plus de 50.000 électrocardiogrammes urgents.

« Je n’ai plus accès à quoi que ce soit d’importance », explique-t-il, se retrouvant incapable de suivre les dernières avancées de sa science et d’échanger avec ses confrères à travers le monde. « La clé dans la santé est d’être à jour », dit-il.

Dans les hôpitaux et universités, seul le personnel administratif a accès au haut débit, privant les docteurs de faire des recherches sur internet pour diagnostiquer et traiter leurs malades.

Les patients souffrant de maladies chroniques ou graves sont aussi confrontés à des difficultés pour se procurer des médicaments vitaux.

Abdul Rahim Langoo, propriétaire d’un bateau-maison à Srinagar, touché par une forme rare de cancer, a cru qu’il allait mourir lorsque la ligne avec son fournisseur de médicaments à New Delhi a été coupée en août. Même depuis le rétablissement des communications, ce Cachemiri de 57 ans peine à lui envoyer sa prescription par internet, document nécessaire pour passer la commande.

Avec la chute brutale de la fréquentation touristique depuis l’été, son chiffre d’affaires a dégringolé et il n’a pas les moyens de se payer un vol pour la capitale, à 650 kilomètres de chez lui.

« Je suis dans le tourisme et depuis août il n’y a pas de tourisme, nous n’avons pas de revenus », déclare-t-il à l’AFP, assis dans son bateau délicatement décoré mais désespérément vide sur un lac de Srinagar.

« J’ai du mal à joindre les deux bouts pour pouvoir acheter ce médicament chaque mois », confie-t-il.

Haro sur Bloomberg: le milliardaire attendu au tournant pour son premier débat démocrate

Accusé par ses rivaux d’avoir « acheté » sa place dans la présidentielle américaine, traité de « milliardaire égocentrique », Michael Bloomberg devrait faire face mercredi au feu croisé des autres candidats à l’investiture démocrate lors de son premier débat télévisé de la campagne.

Le débat démocrate, organisé dans la soirée à Las Vegas, dans le Nevada (02H00 GMT jeudi), promet d’être houleux entre les candidats qui espèrent défier le républicain Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.

Neuvième homme le plus riche du monde en 2019 selon Forbes, Michael Bloomberg se présente en candidat capable de rassembler au centre. L’ancien maire de New York et patron de l’agence Bloomberg finance sa candidature à coup de centaines de millions de dollars tirés de ses fonds personnels.

« J’ai quelque chose à dire à M. Bloomberg: les Américains en ont assez que des milliardaires achètent les élections », a lancé ce week-end le sénateur indépendant Bernie Sanders, favori dans les sondages pour les primaires démocrates.

« C’est une honte que Mike Bloomberg puisse acheter sa place dans les débats », a renchéri mardi la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, en le qualifiant de « milliardaire égocentrique ».

– Plus de 300 millions de dollars –

Sans s’être encore présenté à une seule primaire, Michael Bloomberg a grimpé à la troisième place – sur huit candidats en lice – de la moyenne des sondages nationaux, derrière Bernie Sanders et l’ancien vice-président modéré Joe Biden.

Ce dernier jouera gros lors du débat, après deux revers lors des votes de l’Iowa et du New Hampshire.

Egalement en perte de vitesse, Elizabeth Warren arrive quatrième, suivie par deux modérés qui ont, au contraire, le vent en poupe depuis ces scrutins: l’ex-maire de South Bend Pete Buttigieg puis la sénatrice Amy Klobuchar.

Après une entrée très tardive dans la campagne, en novembre, M. Bloomberg a opté pour une stratégie rarissime dans l’histoire des primaires américaines: faire l’impasse sur les quatre premiers Etats qui votent en février (Iowa, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud).

A 78 ans, il entrera donc dans la course lors du « Super Tuesday » du 3 mars, lorsque les 14 prochains Etats voteront.

En tablant sur ces Etats riches en « délégués », Michael Bloomberg pense pouvoir compenser son retard. Car c’est celui, ou celle, qui obtiendra une majorité de délégués (1.991) qui décrochera l’investiture du parti.

Disposant d’une fortune personnelle estimée par Forbes à environ 60 milliards de dollars, il a déjà dépensé plus de 300 millions en spots publicitaires qui tournent en boucle.

Michael Bloomberg y souligne son engagement pour la lutte contre le changement climatique et contre les violences par armes à feu qui font des ravages aux Etats-Unis.

Mais sans convaincre l’aile gauche du parti qui observe avec hostilité cet ancien républicain devenu indépendant avant de passer démocrate.

Les critiques fusent aussi du côté des candidats modérés, qui s’indignent d’anciens propos et politiques de M. Bloomberg, perçus comme discriminatoires.

L’ancien maire s’est ainsi excusé d’avoir longtemps défendu les interpellations et fouilles arbitraires (« stop-and-frisk »), accusées d’avoir suscité une explosion des contrôles au faciès à New York.

Il met désormais en avant ses propositions censées aider les minorités et a reçu le soutien d’influents élus noirs qui saluent ses excuses et appellent à aller de l’avant.

Chez les électeurs démocrates, un seul objectif prime: choisir le candidat capable de battre Donald Trump le 3 novembre. Et certains voient justement en Michael Bloomberg leur meilleure option.

– Railleries de Trump –

Les deux milliardaires croisent d’ailleurs déjà le fer sur les réseaux sociaux.

Le président républicain surnomme régulièrement le candidat démocrate « Mini Mike », en allusion à sa taille (1,70m). Mardi, il l’a aussi accusé, sans preuve, « d’acheter illégalement l’investiture démocrate ».

M. Bloomberg le lui rend bien, en affirmant que le républicain a peur de l’affronter à la présidentielle. Ce « self-made man » ironise aussi sur la fortune de M. Trump, qu’il « a héritée de son père et mal dépensée ».

Le débat se tient mercredi dans le Nevada car cet Etat de l’Ouest américain organisera samedi le troisième vote des primaires.

Bernie Sanders arrive en tête de la moyenne des rares sondages menés dans le Nevada, suivi par Joe Biden puis Elizabeth Warren et Pete Buttigieg.

Coronavirus: des passagers du paquebot débarquent au Japon, plus de 2.000 morts en Chine

Des passagers du Diamond Princess ont commencé à quitter mercredi au Japon le paquebot où ont été constatés plus de 540 cas de contamination au nouveau coronavirus qui a fait plus de 2.000 morts en Chine.

Quelque 500 passagers ne présentant pas de symptômes, dont les tests se sont révélés négatifs et qui n’ont pas eu de contact avec des personnes porteuses du virus, devaient débarquer pendant la journée, après 14 jours de quarantaine au Japon, selon le ministère japonais de la Santé.

« Je suis soulagé (…). Je veux me reposer », a lancé aux journalistes un Japonais de 77 ans, disant se diriger vers les transports en commun. Et la vie à bord? « C’était confortable (…) je vais bien », a-t-il simplement dit.

Un grand nombre de bus de la ville de Yokohama blancs à pois jaunes ainsi qu’une douzaine de taxis attendaient pour emmener vers leurs destinations respectives les croisiéristes, dont beaucoup roulaient derrière eux leurs bagages.

Certains prenaient le temps de se tourner vers l’immense navire pour faire un dernier signe de la main à ceux restés à bord, lesquels répondaient par grands gestes depuis leurs balcons.

Ce bateau de croisière, à quai à Yokohama dans la banlieue de Tokyo, a vu depuis début février le nombre de personnes contaminées répertoriées se multiplier et est le foyer le plus important du virus hors de Chine. Les porteurs étaient au moins 542 mardi, plaçant le Japon sous le feu des critiques sur la gestion de la quarantaine.

En Chine, d’où est parti le virus, le bilan dépasse 2.000 morts avec plus de 74.000 personnes infectées.

– « L’inconnu » –

Les 3.711 personnes originaires de 56 pays initialement à bord du Diamond Princess ont vu une croisière de rêve en Asie tourner au cauchemar, entre la peur de contracter une pneumonie virale meurtrière et un ennui sans fin confinés dans une cabine, pour certains sans fenêtre avec juste une petite promenade sur le pont.

« Une dernière fois, toute notre reconnaissance à l’équipage et au capitaine pour leur incroyable attention (…) pendant cette crise épique (…). Nous sommes impatients de vous revoir un jour à bord », a tweeté Yardley Wong, confinée avec son fils âgé de six ans.

Les personnes sans symptôme et dont le test est négatif ont reçu un certificat officiel indiquant qu’elles ne constituent « aucun risque d’infection au nouveau coronavirus, ladite personne ne présentant pas non plus de symptômes au moment de l’inspection ».

Le passager britannique David Abel, sorte de célébrité avec ses messages vidéo pleins d’entrain au début de la quarantaine, résumait l’état d’esprit à bord.

« C’est l’inconnu qui est le plus dur et qui commence à nous affecter mentalement », avait-il dit mardi. Il avait annoncé plus tard que le test de son épouse Sally s’était avéré positif.

En dehors de la province chinoise du Hubei (centre), « cette épidémie touche une très petite proportion de la population », avait déclaré lundi le Dr Michael Ryan, directeur des urgences de l’OMS.

La Chine a annoncé mercredi 1.749 nouvelles infections, le nombre le plus bas de cas supplémentaires ce mois-ci.

Quelque 900 cas ont été constatés ailleurs à travers le monde avec cinq décès en France, au Japon, aux Philippines, à Taïwan et à Hong Kong.

– Rapatriements en série –

Sur les douze cas confirmés d’infection en France, seules quatre personnes restaient hospitalisées mardi. Un troisième cas positif a en revanche été diagnostiqué parmi les quatre ressortissants français à bord du Diamond Princess. Les trois autres passagers français, dont l’un de 80 ans, sont hospitalisés au Japon.

Les dizaines de nouveaux cas constatés à bord chaque jour ont soulevé des questions sur l’efficacité de la quarantaine imposée au cours de laquelle les passagers étaient autorisés à se promener en petits groupes sur le pont avec des masques, tandis que le personnel de bord passait de cabine en cabine pour distribuer les repas.

Plusieurs pays ont décidé d’envoyer des avions pour rapatrier leurs ressortissants sans plus attendre.

La première de ces évacuations était celle de plus de 300 Américains dimanche par avion. Plus de 100 Américains demeurent encore sur le Diamond Princess.

La Corée du Sud a affrété un appareil et rapatrié six de ses ressortissants. Le Canada prévoit l’évacuation d’ici la fin de la semaine des Canadiens aux tests négatifs. Sur les 256 Canadiens à bord, 43 ont été confirmés porteurs du virus. Le Royaume-Uni, Hong Kong et l’Australie sont parmi les pays et territoires s’étant engagés à rapatrier leurs ressortissants.

Quant à l’équipage, il entamera une quarantaine une fois le dernier passager sorti.

A la hausse dans les sondages, Michael Bloomberg sera du prochain débat démocrate

Fort d’une poussée dans les sondages, le milliardaire américain Michael Bloomberg, candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre, participera mercredi à son premier débat télévisé de la campagne, a annoncé son équipe mardi.

Les attaques de ses rivaux, le favori Bernie Sanders en tête, devraient fuser contre l’ancien maire de New York lors de leur première confrontation télévisée.

Neuvième homme le plus riche de la planète en 2019, Michael Bloomberg a, en s’appuyant sur ses quelque 60 milliards de fortune, secoué la campagne démocrate.

Patron de l’agence Bloomberg News, géant de l’information financière, il est accusé par ses rivaux d’avoir « acheté » sa place dans la campagne grâce à ses immenses moyens, et de risquer le conflit d’intérêts.

A ce propos, un haut conseiller de Michael Bloomberg a indiqué que ce dernier envisageait de vendre sa compagnie, qui emploie quelque 2.700 personnes dans le monde. Dans un entretien diffusé mardi sur CNN, le conseiller, Tim O’Brien, n’a toutefois pas précisé s’il le ferait en cas de victoire à la présidentielle américaine ou dès une éventuelle investiture démocrate.

« Mike publiera ses déclarations d’impôts. Mike Bloomberg vendra aussi Bloomberg LP. Il n’y aura aucune confusion autour de ses biens financiers », a assuré M. O’Brien.

En 2018, M. Bloomberg avait expliqué que dans le cas où il serait élu, il placerait ses sociétés dans un trust confié à une personne de confiance, ou cèderait son entreprise.

Le milliardaire a fait le pari d’une entrée tardive dans la campagne présidentielle, en novembre, mais a compensé son retard avec déjà plus de 300 millions de dollars d’investissements en spots publicitaires.

L’avalanche publicitaire du candidat de 78 ans a déjà eu un impact frappant: il a grimpé à la troisième place de la moyenne des sondages nationaux établie par RealClearPolitics.

Michael Bloomberg arrive même en deuxième place de deux nouveaux sondages publiés mardi.

Dans une enquête menée par NPR/PBS/Marist, M. Bloomberg devance l’ancien vice-président Joe Biden (15%), en nette perte de vitesse après avoir longtemps caracolé en tête des sondages.

Le sénateur indépendant Bernie Sanders assoit lui son statut de favori en creusant nettement l’écart, avec 31% des intentions de vote dans cette étude.

Un deuxième sondage mené pour Reuters par Ipsos le situe également en seconde position avec 17%, derrière Bernie Sanders (25%) mais devant Joe Biden (13%).

– Battre Trump –

Délaissant les premiers Etats des primaires démocrates, peu pourvus en délégués, Michael Bloomberg mise sur une entrée dans la course au moment du « Super Tuesday » le 3 mars, lors duquel 14 Etats voteront.

Huit candidats sont toujours en lice pour affronter le président Donald Trump le 3 novembre. C’est celui ou celle qui obtiendra une majorité de délégués (1.991) qui représentera le parti démocrate face au milliardaire républicain.

Le parti démocrate a modifié les règles pour le débat de mercredi.

Plus besoin désormais d’afficher le soutien de milliers de petits donateurs, seuls les sondages et le nombre de délégués déjà décrochés par les candidats comptent. Ce qui a ouvert la porte à M. Bloomberg, qui finance lui-même sa campagne.

« Mike a hâte de rejoindre les autres candidats démocrates sur scène et d’expliquer pourquoi il est le meilleur candidat pour battre Donald Trump et unifier le pays », a indiqué mardi son directeur de campagne Kevin Sheekey.

Mais cette volte-face a été critiquée par les autres candidats à l’investiture, qui accusent Michael Bloomberg d’avoir « acheté » son entrée dans les primaires.

Ce débat démocrate aura lieu à Las Vegas, dans le Nevada, où sera organisé samedi le troisième vote des primaires.

Climat, malbouffe… « Menace immédiate » pour la santé de tous les enfants, alerte l’ONU

Dérèglement climatique, malbouffe, marketing des fabricants de tabac… La santé des enfants fait partout face à une « menace immédiate » et aucun pays dans le monde ne protège leur avenir de façon satisfaisante, avertit l’Organisation des Nations unies (ONU).

Des avancées ont été réalisées au cours des 20 dernières années dans le domaine de la santé des enfants et des adolescents, mais « ces progrès sont aujourd’hui au point mort » voire « menacés », estiment les auteurs d’un rapport publié mercredi dans la revue médicale britannique The Lancet.

Pour parvenir à cette conclusion sévère, ce groupe de 40 experts indépendants en santé infantile du monde entier, convoqués par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef, a construit un nouvel indice mesurant la possibilité des enfants de s’épanouir, à partir des données de 180 pays (indicateurs de mortalité, d’état de santé, de nutrition, d’éducation…).

Sans surprise, ce sont des pays riches qui arrivent en tête avec la Norvège en première position, suivie par la Corée du Sud, les Pays-Bas et la France. Inversement, le bas du classement est occupé par des pays d’Afrique subsaharienne: République centrafricaine, Tchad, Somalie et Niger.

Mais les auteurs du rapport, intitulé « Un avenir pour les enfants du monde? », mettent en regard de ce classement des mesures de « durabilité » (évolution des émissions de CO2, inégalités de revenus…) et soulignent que « si beaucoup de pays à haut revenu ont un très bon score à l’index d’épanouissement, ils sont proches du bas du classement pour leur contribution à la durabilité écologique ».

Quant aux pays les plus pauvres, si leurs émissions de gaz à effet de serre sont parmi les plus faibles, « beaucoup sont exposés aux effets les plus sévères d’un changement climatique rapide ».

– « Pratiques commerciales néfastes » –

Seuls neufs pays sont à la fois en mesure d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 par habitant fixés pour 2030 tout en étant situés dans les 70 meilleurs scores pour l’index d’épanouissement: l’Albanie, l’Arménie, la Grenade, la Jordanie, la Moldavie, le Sri Lanka, la Tunisie, l’Uruguay et le Vietnam.

« Les pays doivent revoir leur approche de la santé des enfants et des adolescents en faisant en sorte, non seulement de prendre soin d’eux aujourd’hui, mais en protégeant le monde dont ils hériteront », souligne Helen Clark, ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande et co-présidente de la commission d’experts convoquée par l’OMS et l’Unicef.

Parmi les menaces pesant sur la santé des générations futures, le rapport évoque en premier lieu la pollution de l’air et l' »intensification des menaces climatiques ».

« Si le réchauffement climatique dépasse 4°C d’ici 2100 comme le prévoient les projections actuelles, cela entraînera des conséquences sanitaires désastreuses pour les enfants, en raison de la hausse du niveau des océans, des vagues de chaleur, de la prolifération de maladies telles que le paludisme et la dengue, ainsi que de la malnutrition ».

Les experts dénoncent aussi des « pratiques commerciales néfastes » pour la santé des enfants, exposés au marketing de marques d’aliments ultra-transformés, de boissons sucrées, d’alcool, de cigarettes électroniques ou de tabac.

De nombreuses études montrent que « l’auto-régulation par les industriels ne fonctionne pas », souligne Anthony Costello, pédiatre et ancien directeur de l’Institute for Global Health (Royaume-Uni), évoquant l’exposition aux publicités pour l’alcool pendant les rencontres sportives et l’explosion de l’obésité infantile et adolescente, multipliée par 11 entre 1975 et 2016.

Aussi, ils appellent les gouvernements nationaux à durcir leur réglementation en la matière.

Ils leur recommandent également de s’attaquer « avec la plus grande urgence » aux émissions de CO2 pour « faire en sorte que les enfants aient un avenir sur cette planète », de prendre en compte la voix des plus jeunes dans les décisions politiques et d’évaluer systématiquement les effets de ces décisions sur la santé infantile.

A Pompéi, des thermes romains tirés de l’oubli avec un petit squelette…

Des thermes romains conçus pour être le joyau de Pompéi mais détruits par l’éruption volcanique de l’an 79 ont été ouverts lundi au public, qui a aussi pu découvrir l’émouvante histoire d’un petit squelette…

Piliers et blocs de marbre se trouvent là où ils ont été laissés lorsque la cité antique fut submergée par les coulées pyroclastiques du Vésuve pendant la catastrophe.

Il en est de même du squelette d’un enfant qui y avait cherché refuge en vain et a été sorti de l’oubli par la dernière campagne de fouilles.

Les architectes de l’époque « s’étaient inspirés des thermes de l’empereur Néron à Rome, les salles devaient être plus grandes et plus légères, avec des bassins de marbre », a déclaré à l’AFP le directeur du site archéologique de Pompéi, Massimo Osanna.

« Ce furent des fouilles chargées d’émotion », a déclaré pour sa part Alberta Martellone, l’archéologue qui a dirigé un anthropologue, un géologue et un vulcanologue dans l’étude du squelette de l’enfant, mort entre huit et dix ans.

« Il ou elle cherchait un abri et au lieu de cela a trouvé la mort », raconte-t-elle.

– « Vie interrompue » –

Ces fouilles ont aussi été « émouvantes d’un point de vue architectural, parce qu’il est inhabituel de trouver un bâtiment aussi grand, avec des pièces aussi vastes, dans cette ville construite de manière si dense », explique l’archéologue.

Le chantier avec son petit squelette est « le symbole d’une vie interrompue ».

A l’origine, les bains publics de la ville étaient plus petits, sombres et souvent surpeuplés. Le nouveau complexe aurait fourni un cadre plus luxueux à ceux qui en avaient les moyens, à savoir la plupart des citoyens, mais pas les esclaves.

Des fouilles récentes à Pompéi ont abouti à plusieurs découvertes importantes, y compris une inscription découverte l’an passé qui prouve que la cité a été détruite après le 17 octobre 79 et non le 24 août comme on le pensait jusque-là.

Il y a quelques semaines, les archéologues ont découvert une fresque représentant un gladiateur en armure se tenant debout victorieux alors que du corps de son adversaire terrassé jaillissait le sang.

La fresque se trouve dans ce qui était, il y a 20 siècles, une taverne qui devait accueillir combattants et prostituées.

En plus des thermes, le public peut depuis lundi visiter une petite domus (demeure) avec une fresque représentant l’union du dieu Jupiter transformé en cygne et Léda, l’épouse de l’épouse de Tyndare roi de Sparte.

De l’autre côté de la rue du Vésuve, la surprenante Maison des cupidons d’or a rouvert ses portes après des travaux réalisés sur ses sols en mosaïque.

– Le défi du climat –

Alors que les chasseurs de trésors ont pillé Pompéi à travers les siècles à la recherche de bijoux ou d’objets précieux, des zones entières du site restent aujourd’hui encore inexplorées.

Chaque découverte aide les historiens à comprendre non seulement ce qu’était la vie dans l’antique cité, mais aussi ce qui s’est passé dans ses dernières heures tragiques, lorsque le ciel s’est chargé de feu et de cendres, a expliqué Massimo Osanna.

Le projet Grand Pompéi, financé en partie par l’UE, s’achèvera à la fin de l’année, mais le gouvernement italien a alloué 32 millions d’euros pour la poursuite des fouilles.

Les événements météorologiques violents causés par le changement climatique « sont notre plus grand défi », a ajouté M. Osanna, dont le nouveau livre « Pompéi, il tempo ritrovato » (Pompeï le temps retrouvé, Rizzoli) décrit la course pour préserver ce site vulnérable inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

« Nous avons 50 personnes – restaurateurs, archéologues, architectes, ingénieurs – sur place en permanence, qui effectuent des inspections et interviennent si nécessaire, et ce nombre passera à 70 l’année prochaine », a-t-il précisé.

La cité de ruines, près de Naples, est le deuxième site touristique le plus visité d’Italie, derrière le Colisée de Rome, avec un peu moins de quatre millions de visiteurs en 2019.

Angola: l’ex-président Dos Santos défend son fils et un ancien haut responsable

L’ancien président angolais José Eduardo Dos Santos a défendu par écrit son fils José Filomeno ainsi que l’ex-gouverneur de la Banque centrale d’Angola, jugés à Luanda pour corruption.

Dans une réponse écrite à des questions des juges datant du 6 février et présentée mardi au tribunal, l’ex-président – qui vit en Espagne – affirme que son fils et l’ex-gouverneur de la Banque centrale, Valter Filipe da Silva, ont agi « pour améliorer la vie du peuple » angolais.

Le fils de l’ex-chef de l’Etat, 42 ans, a dirigé sous le règne de son père le fonds souverain angolais, chargé d’investir une partie des revenus du deuxième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne.

La justice l’accuse d’avoir détourné 500 millions de dollars de fonds publics avec la complicité du gouverneur de la Banque centrale de l’époque, transférés en Suisse.

« J’ai autorisé le transfert des 500 millions de dollars qui étaient uniquement destinés à garantir des investissements » de 30 milliards de dollars, écrit l’ex-président angolais. Cela « a été fait pour la situation économique du pays (…) non pour l’intérêt personnel de ceux qui ont exécuté » ce transfert, ajoute-t-il.

Il a affirmé qu’il avait ordonné à M. da Silva de garder ces opérations « top secret », mais qu’il en avait informé Joao Lourenço qui lui a succédé en 2017.

Selon Sergio Raimundo, avocat de l’ex-gouverneur de la Banque centrale, la réponse de José Eduardo dos Santos « confirme que ces opérations faisaient partie du mandat donné par l’ancien président » et que son client n’avait pas cherché « à voler de l’argent ».

Placé en détention provisoire en septembre 2018, Jose Filomeno dos Santos a été libéré six mois plus tard dans l’attente de son procès, qui s’est ouvert en décembre 2019 à Luanda. Le verdict doit être prononcé le 3 mars et le fils dos Santos risque jusqu’à douze ans de prison.

L’ancien chef de l’Etat est accusé par ses détracteurs d’avoir mis le pays et son économie en coupe réglée au profit d’une poignée de membres de sa famille et de proches.

Mais, à la surprise générale, le vent a commencé à tourner dès qu’il a cédé la tête de l’Etat à son ministre de la Défense Joao Lourenço à l’issue des élections de 2017, épilogue de 38 ans de règne.

Son successeur a depuis écarté la garde rapprochée de son prédécesseur des instances dirigeantes du parti au pouvoir, des institutions et des entreprises publiques, au nom de la lutte contre la corruption.

Isabel dos Santos, fille de l’ex-président a été débarquée de la présidence de la compagnie pétrolière publique Sonangol en 2018.

La justice a ordonné le gel spectaculaire de ses comptes bancaires et de ses avoirs dans toute une ribambelle de sociétés qu’elle contrôle, dont les banques BIC et BFA et l’opérateur de téléphonie mobile Unitel.

Elle soupçonne la milliardaire et son mari, l’homme d’affaires congolais Sindika Dokolo, d’avoir détourné un milliard de dollars d’argent public.

Alstom/Bombardier: nouveau test pour les règles de la concurrence de l’UE

Après la fusion avortée Siemens/Alstom, un autre géant européen du rail se profile avec le rachat annoncé lundi du canadien Bombardier par le français Alstom. Un nouveau test pour les règles controversées de la concurrence de l’UE.

Mardi, Bruno Le Maire, ministre français des Finances, partisan de ce rapprochement, s’est félicité d’un « très bon entretien » avec la Commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager. Elle avait interdit il y a un an l’union franco-allemande et s’était retrouvée sous le feu des critiques de Berlin et Paris.

– Un veto de l’UE est-il probable ? –

De l’avis général, l’acquisition par Alstom de Bombardier (tramway, métro, train) devrait être moins difficile que le mariage Siemens/Alstom.

Comme l’a souligné lundi le PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, le principal problème il y a un an reposait sur la signalisation ferroviaire: le français et l’allemand étaient très présents sur ce marché stratégique, qui garantit la sécurité des voyageurs tout en permettant d’augmenter les cadences sur des lignes de train et métro frôlant la saturation dans les grandes villes. Or, ce n’est pas le cas de Bombardier.

De plus, le canadien est très peu actif dans le train à grande vitesse. C’était le deuxième écueil à l’union Siemens/Alstom identifié par la Commission européenne: l’allemand fabrique en effet les ICE et Alstom les TGV.

« Les chevauchements sont beaucoup moins grands », résume une source à Bruxelles.

– Un rival chinois, plus menaçant ? –

En février 2019, le veto de la Danoise Vestager à l’union Siemens/Alstom avait mis en rage M. Le Maire et son homologue allemand Peter Altmaier, qui avaient brandi en vain l’épouvantail de la puissante entreprise publique chinoise CRRC.

« A l’époque, la Commission européenne avait estimé ne pas voir de perspective d’entrée des chinois dans un avenir proche dans l’UE », rappelle à l’AFP Emmanuel Durand du cabinet De Pardieu Brocas Maffei.

Depuis, ils ont acquis en août 2019 un fabricant de locomotives, racheté à l’allemand Vossloh, et ils ont décroché à la fin de l’année le tramway de Porto, au nez et à la barbe de Siemens.

« C’est la preuve que cette possibilité théorique de pénétration du marché européen s’est concrétisée », constate M. Durand.

D’ailleurs, alors que le Royaume-Uni vient de quitter l’UE, CRRC négocie aussi avec le gouvernement britannique pour le gigantesque projet de ligne à grande vitesse HS2 (High Speed 2) qui doit relier Londres au centre et au nord de l’Angleterre.

– Réforme de la concurrence, un atout ? –

Le veto de Bruxelles à Siemens/Alstom avait poussé Berlin et Paris à réclamer une réforme de la concurrence dans l’UE pour tenir tête notamment aux rivaux chinois subventionnés.

Début décembre, Mme Vestager avait reconnu qu’il « était temps d’actualiser les règles afin de mieux tenir compte de la mondialisation ».

Elle avait toutefois précisé que si c’était à refaire, elle ferait encore dérailler le projet Alstom-Siemens. L’UE ne doit pas aider à la constitution de champions industriels « biberonnés et chouchoutés » mais laisser la concurrence stimuler leur création, avait-elle prévenu.

Et pour l’instant, la Danoise n’a donné aucun calendrier sur ces projets de réforme. « L’analyse par Bruxelles de la fusion Alstom/Bombardier sera tout aussi rigoureuse que celle faite pour Siemens/Alstom. Ce ne sera pas un laboratoire d’essai d’une réforme du droit de la concurrence », a jugé M. Durand.

– Quel recours en cas de veto de l’UE ? –

Si Bruxelles se montrait sceptique, Bombardier et Alstom pourraient tenter d’arracher son feu vert en proposant des solutions telles que des sessions de sites de production à des rivaux.

En cas de veto, Bombardier et Alstom pourraient déposer un recours auprès de la justice européenne de Luxembourg. La fusion serait certes interdite, mais ils pourraient réclamer des dommages-intérêts à Bruxelles.

Une procédure qui durerait entre trois et cinq ans et à l’issue très incertaine. En 2007 toutefois, la Commission européenne avait été condamnée à indemniser « partiellement » le groupe français Schneider pour avoir empêché à tort en 2001 sa fusion avec son compatriote Legrand.

Alstom/Bombardier: nouveau test pour les règles de la concurrence de l’UE

Après la fusion avortée Siemens/Alstom, un autre géant européen du rail se profile avec le rachat annoncé lundi du canadien Bombardier par le français Alstom. Un nouveau test pour les règles controversées de la concurrence de l’UE.

Mardi, Bruno Le Maire, ministre français des Finances, partisan de ce rapprochement, s’est félicité d’un « très bon entretien » avec la Commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager. Elle avait interdit il y a un an l’union franco-allemande et s’était retrouvée sous le feu des critiques de Berlin et Paris.

– Un veto de l’UE est-il probable ? –

De l’avis général, l’acquisition par Alstom de Bombardier (tramway, métro, train) devrait être moins difficile que le mariage Siemens/Alstom.

Comme l’a souligné lundi le PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, le principal problème il y a un an reposait sur la signalisation ferroviaire: le français et l’allemand étaient très présents sur ce marché stratégique, qui garantit la sécurité des voyageurs tout en permettant d’augmenter les cadences sur des lignes de train et métro frôlant la saturation dans les grandes villes. Or, ce n’est pas le cas de Bombardier.

De plus, le canadien est très peu actif dans le train à grande vitesse. C’était le deuxième écueil à l’union Siemens/Alstom identifié par la Commission européenne: l’allemand fabrique en effet les ICE et Alstom les TGV.

« Les chevauchements sont beaucoup moins grands », résume une source à Bruxelles.

– Un rival chinois, plus menaçant ? –

En février 2019, le veto de la Danoise Vestager à l’union Siemens/Alstom avait mis en rage M. Le Maire et son homologue allemand Peter Altmaier, qui avaient brandi en vain l’épouvantail de la puissante entreprise publique chinoise CRRC.

« A l’époque, la Commission européenne avait estimé ne pas voir de perspective d’entrée des chinois dans un avenir proche dans l’UE », rappelle à l’AFP Emmanuel Durand du cabinet De Pardieu Brocas Maffei.

Depuis, ils ont acquis en août 2019 un fabricant de locomotives, racheté à l’allemand Vossloh, et ils ont décroché à la fin de l’année le tramway de Porto, au nez et à la barbe de Siemens.

« C’est la preuve que cette possibilité théorique de pénétration du marché européen s’est concrétisée », constate M. Durand.

D’ailleurs, alors que le Royaume-Uni vient de quitter l’UE, CRRC négocie aussi avec le gouvernement britannique pour le gigantesque projet de ligne à grande vitesse HS2 (High Speed 2) qui doit relier Londres au centre et au nord de l’Angleterre.

– Réforme de la concurrence, un atout ? –

Le veto de Bruxelles à Siemens/Alstom avait poussé Berlin et Paris à réclamer une réforme de la concurrence dans l’UE pour tenir tête notamment aux rivaux chinois subventionnés.

Début décembre, Mme Vestager avait reconnu qu’il « était temps d’actualiser les règles afin de mieux tenir compte de la mondialisation ».

Elle avait toutefois précisé que si c’était à refaire, elle ferait encore dérailler le projet Alstom-Siemens. L’UE ne doit pas aider à la constitution de champions industriels « biberonnés et chouchoutés » mais laisser la concurrence stimuler leur création, avait-elle prévenu.

Et pour l’instant, la Danoise n’a donné aucun calendrier sur ces projets de réforme. « L’analyse par Bruxelles de la fusion Alstom/Bombardier sera tout aussi rigoureuse que celle faite pour Siemens/Alstom. Ce ne sera pas un laboratoire d’essai d’une réforme du droit de la concurrence », a jugé M. Durand.

– Quel recours en cas de veto de l’UE ? –

Si Bruxelles se montrait sceptique, Bombardier et Alstom pourraient tenter d’arracher son feu vert en proposant des solutions telles que des sessions de sites de production à des rivaux.

En cas de veto, Bombardier et Alstom pourraient déposer un recours auprès de la justice européenne de Luxembourg. La fusion serait certes interdite, mais ils pourraient réclamer des dommages-intérêts à Bruxelles.

Une procédure qui durerait entre trois et cinq ans et à l’issue très incertaine. En 2007 toutefois, la Commission européenne avait été condamnée à indemniser « partiellement » le groupe français Schneider pour avoir empêché à tort en 2001 sa fusion avec son compatriote Legrand.

Les essaims de criquets en Afrique de l’Est atteignent le Soudan du Sud

Les essaims de criquets qui s’abattent sur l’Afrique de l’Est sont arrivés au Soudan du Sud, ont annoncé mardi les autorités sud-soudanaises.

Ces essaims qui dévastent les cultures ont déjà atteint le Kenya, l’Ethiopie, l’Erythrée, Djibouti, la Somalie, l’Ouganda, le Soudan et la Tanzanie.

Ils sont arrivée au Soudan du Sud lundi par la frontière ougandaise, dans le sud du pays, a indiqué le ministre de l’Agriculture Onyoti Adigo.

« Les criquets sont comme les humains, ils envoient une avant-garde pour vérifier s’il y a de la nourriture et si le terrain est favorable à la reproduction », a précisé le ministre.

Selon le représentant en Ouganda de l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), Meshack Malo, quelque 2.000 criquets ont déjà été repérés dans le pays.

D’après leur couleur jaune foncé, il s’agirait essentiellement d’individus à la recherche de zones de ponte, a-t-il souligné.

L’arrivée de ces criquets pourrait s’avérer catastrophique pour le Soudan du Sud, où 60 % de la population est déjà menacée par la faim, en raison des effets combinés de la guerre, de la sécheresse et d’inondations.

« Nous formons des gens pour l’épandage et nous aurons aussi besoin d’insecticides et d’épandeurs. Il nous faudra aussi des véhicules, voire des avions si cela empire », a énuméré le ministre.

La FAO estime qu’il s’agit de la « pire situation » qu’a connue la Corne de l’Afrique en un quart de siècle concernant les criquets pèlerins.

Si le phénomène d’invasion s’aggrave, dans un an ou plus, cela serait considéré comme un fléau.

Il y a eu six grandes invasions de criquets au XXe siècle, dont la dernière s’est produite en 1987-89.

Massacre au Cameroun: l’ONU veut une enquête « indépendante, impartiale »

L’ONU a réclamé mardi aux autorités camerounaises une enquête « indépendante, impartiale et complète » après la mort de plus 23 personnes, dont une majorité d’enfants, lors d’une opération militaire dans un village de l’Ouest anglophone en proie à un sanglant conflit séparatiste.

Une partie de l’opposition camerounaise, mais aussi de nombreux témoins interrogés par des ONG ont accusé des militaires camerounais d’avoir perpétré vendredi cette tuerie dans un quartier de la localité de Ntumbo, située dans la région anglophone du Nord-Ouest.

Des accusations démenties par l’armée camerounaise dans un communiqué lundi, qui invoque « un malheureux accident » et parle de cinq victimes civiles, tout en annoncant avoir ouvert « une enquête approfondie ».

« Nous pressons les autorités de s’assurer que l’enquête sera indépendante, impartiale et complète, et que les responsables rendent des comptes », a déclaré mardi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les droits de l’Homme (HCDH) dans un communiqué.

Depuis près de trois ans, un conflit meurtrier oppose les forces de sécurité camerounaises à des groupes armés anglophones séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise. Les deux camps sont accusés de perpétrer des crimes et exactions contre des civils.

A Ntumbo, 23 personnes ont été tuées, dont deux femmes enceintes et 15 enfants, selon un dernier bilan communiqué par l’ONU. Neuf d’entre eux avaient moins de cinq ans.

Des témoins ont rapporté à l’ONU que « 40 hommes armés, dont des membres des forces de défense et de sécurité » avaient attaqué le quartier de Ngarbuh « tirant sur les habitants et brûlant des maisons ».

– 700.000 déplacés –

L’armée camerounaise décrit, elle, un tout autre scénario. Elle affirme que six militaires patrouillant dans le village ont été la cible de tirs nourris de « terroristes » et que les combats ont entraîné l’explosion de réservoirs de carburant, provoquant un incendie qui a tué « une femme et quatre enfants ». L’armée assure aussi avoir « mis hors d’état de nuire » sept « terroristes ».

Ce conflit qui dure depuis près de trois ans, a fait plus de 3.000 morts et forcé près de 700.000 personnes à fuir leur domicile. Selon les ONG internationales, les populations sont les premières victimes de ce conflit.

« Nous appelons le gouvernement à s’assurer que les forces de sécurité se conforment au normes légales internationales applicables quand elles mènent des opérations », a demandé mardi l’ONU dans son communiqué, exhortant également les groupes armés à respecter « la loi internationale ».

Après presque trois ans d’inaction, Yaoundé s’était résolu, sous la pression internationale, à organiser en octobre dernier un Grand dialogue national pour tenter de mettre fin à la crise.

Boycotté par les groupes armés, il n’a pas permis de ramener la paix dans ces deux régions.

– Médiation suisse –

Pis, les violences se sont multipliées, selon les rapports de plusieurs ONG, notamment avant la tenue le 9 février dernier des élections législatives et municipales.

« Les violences n’ont pas cessé », ont déploré lundi 16 évêques catholiques de différents pays du monde, dans une lettre adressée au président Paul Biya, 86 ans dont 37 au pouvoir. Ces derniers exhortent son gouvernement à participer à des pourparlers avec les séparatistes.

« Il n’y aura pas de victoire militaire pour aucun des côtés », écrivent-ils. « Une solution durable doit venir d’un processus de médiation qui inclut autant les groupes séparatistes armés anglophones que les représentants de la société civile non violents », ajoutent les évêques, appelant Yaoundé à participer aux discussions proposées par la Suisse.

Depuis plusieurs mois, la diplomatie suisse tente de susciter des discussions entre les autorités de Yaoundé et les séparatistes anglophones.

Le milliardaire Michael Bloomberg présent au prochain débat démocrate

Fort d’une poussée dans les sondages, le milliardaire américain Michael Bloomberg, candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre, participera mercredi à son premier débat télévisé de la campagne, a annoncé mardi son équipe.

Les attaques de ses rivaux, le favori Bernie Sanders en tête, devraient fuser contre l’ancien maire de New York lors de leur première confrontation télévisée.

« Mike a hâte de rejoindre les autres candidats démocrates sur scène et d’expliquer pourquoi il est le meilleur candidat pour battre Donald Trump et unifier le pays », a indiqué son directeur de campagne Kevin Sheekey dans un communiqué.

Neuvième homme le plus riche de la planète en 2019, Michael Bloomberg a, en s’appuyant sur ses quelque 60 milliards de fortune, secoué la campagne démocrate.

Le milliardaire a fait le pari d’une entrée tardive dans la campagne présidentielle, en novembre, mais a compensé son retard avec déjà plus de 300 millions de dollars d’investissements en spots publicitaires qui tournent en boucle sur les chaînes télévisées et internet.

L’avalanche publicitaire du candidat de 78 ans a déjà eu un impact frappant: il a grimpé à la troisième place de la moyenne des sondages nationaux établie par RealClearPolitics.

Michael Bloomberg arrive même en deuxième place d’un nouveau sondage NPR/PBS/Marist publié mardi. Soit « le dernier signe en date que (son) programme et sa capacité à battre Donald Trump résonnent auprès de plus en plus d’Américains », a réagi Kevin Sheekey.

Avec 19% des intentions de vote, Michael Bloomberg devance l’ancien vice-président Joe Biden (15%), en nette perte de vitesse après avoir longtemps caracolé en tête des sondages.

Le sénateur indépendant Bernie Sanders assoit lui son statut de favori en creusant nettement l’écart, avec 31% des intentions de votes dans cette étude, qui comporte une marge d’erreur de 5,4 points de pourcentage.

– « Acheter la présidence » –

Délaissant les premiers Etats des primaires démocrates, peu pourvus en délégués, Michael Bloomberg mise sur une entrée dans la course au moment du « Super Tuesday » le 3 mars, lors duquel 14 Etats voteront.

Huit candidats sont toujours en lice pour affronter le président Donald Trump le 3 novembre. C’est celui ou celle qui obtiendra une majorité de délégués (1.991) qui représentera le parti démocrate face au milliardaire républicain.

Le parti démocrate avait fixé, pour les premiers débats, des critères à respecter pour être sélectionné, en exigeant notamment un seuil minimum de donations issues de la base électorale.

Mais il a modifié les règles pour le débat de mercredi. Plus besoin désormais d’afficher le soutien de milliers de petits donateurs, seuls les sondages et le nombre de délégués déjà décrochés par les candidats comptent. Ce qui a ouvert la porte à M. Bloomberg, qui finance lui-même sa campagne.

Cette volte-face a été critiquée par les autres candidats à l’investiture, qui accusent Michael Bloomberg d’avoir acheté son entrée dans les primaires.

« M. Bloomberg, comme n’importe qui, a le droit de se présenter à la présidentielle. Il n’a pas le droit d’acheter la présidence », a tweeté lundi Bernie Sanders.

Ce débat démocrate aura lieu à Las Vegas, dans le Nevada, où sera organisé samedi le troisième vote des primaires.

Mexique: protestations après le meurtre d’une fillette

Des dizaines de femmes manifestaient mardi devant la présidence mexicaine après le meurtre d’une fillette de sept ans à Mexico qui a provoqué colère et indignation dans un pays pourtant habitué à la violence.

La découverte durant le weekend du corps de la jeune fille avec des signes de torture a déclenché des protestations dans l’école où elle était scolarisée, lorsque son corps a été ramenée à sa famille, ainsi que sur les réseaux sociaux.

Devant le Palais présidentiel, vêtues de noir et certaines avec le visage couvert, les manifestantes ont exigé de mettre un terme à l’impunité dont bénéficient les criminels et la fin de la violence de genre.

Aux cris de « Ils violent des femmes, ils protègent les monuments ! », les manifestantes ont exigé que le gouvernement du président Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO) assume sa responsabilité à l’égard des femmes et de leur sécurité.

« Monsieur, madame, ne soyez pas indifférents, les femmes sont tuées au grand jour ! » et « les féminicides sont des crimes d’État ! », ont scandé les manifestantes.

Peu de temps après, une minute de silence, le poing levé, a été observée à la mémoire de la fillette assassinée.

De son côté, AMLO a affirmé que les autorités de la ville enquêtent et que son gouvernement travaille sur les causes de la violence.

« Nous nous attaquons aux causes et nous pensons qu’il faut une société plus juste, plus égalitaire, fraternelle, avec des valeurs, où l’individualisme n’est pas ce qui prévaut mais l’amour du prochain », a déclaré le président lors de sa conférence de presse matinale quotidienne.

Interrogé par les journalistes, le président s’est déclaré favorable à la création d’un parquet spécialisé dans les féminicides.

« Je le conçois très bien et tout ce qui est fait pour parvenir à la paix et à la tranquillité, nous le voyons très bien et nous continuerons d’aider dans tous les domaines », a-t-il ajouté sans expliciter quoique ce soit.

Le corps de l’enfant a été retrouvé samedi dans la ville de Tlahuac, au sud-est de la capitale. Elle avait disparu le 11 février.

Lundi, le bureau du procureur local a offert une récompense de deux millions de pesos (environ 107.000 dollars) à ceux qui fourniraient des informations sur le ou les assassins.

La Grèce au ralenti, grèves et manifestations contre une réforme des retraites

Des milliers de Grecs ont protesté mardi contre un projet de réforme des retraites qui prolonge, selon le syndicat des fonctionnaires, la réduction des pensions imposée au plus fort de la crise.

La Confédération des fonctionnaires (Adedy) a appelé à une grève de 24 heures, également observée par les employés des mairies et préfectures ainsi que ceux des transports en commun (métro, bus, tramway ou trolley), perturbant fortement la circulation dans le centre d’Athènes.

« Le projet de loi que le gouvernement a déposé au Parlement n’est rien d’autre que le prolongement des lois d’austérité, adoptées pendant la crise (2010-2018) et ayant entraîné des réductions de pensions allant de 20% à 60% », a indiqué l’Adedy dans un communiqué.

Les liaisons maritimes ont été aussi affectées par la grève du syndicat des marins.

Les journalistes ont observé un arrêt de travail de trois heures en début d’après-midi.

Environ 10.000 personnes ont manifesté dans le calme dans le centre d’Athènes, selon la police de la capitale.

« Aucune coupe dans les retraites » ont scandé les manifestants. « Pas de carnage dans le système de sécurité sociale », pouvait-on aussi lire sur les pancartes.

« Touchez pas au système de sécurité sociale », « sécurité sociale pour tout le monde », proclamaient de leur côté les banderoles des manifestants du PAME, le syndicat des travailleurs proche du parti communiste.

« La nouvelle loi sur la sécurité sociale met l’accent sur les chiffres et pas sur l’humain. Le système de sécurité sociale se privatise peu à peu, a déploré à l’AFP Panagiota, une étudiante dans le cortège de la manifestation.

A côté d’elle, son amie Maria, secrétaire dans un bureau d’avocats, estime que « l’Etat social a été mis à mal pendant la crise, il est temps de le reconstruire et de ne pas le détruire davantage ».

Des rassemblements ont eu lieu dans d’autres villes du pays. A Théssalonique, deuxième ville dans le nord du pays, 2.500 ont manifesté, selon la police.

Le projet de loi réformant les retraites, qui doit être voté d’ici vendredi au Parlement, vise à garantir la viabilité du système d’ici à 2070, selon le gouvernement conservateur.

A la différence des syndicats, le gouvernement soutient que le projet comprend des augmentations pour certaines catégories professionnelles et réduit les pénalités infligées aux retraités qui continuent à travailler.

La Grèce a réformé à plusieurs reprises ces dernières décennies son système de sécurité sociale, caractérisé par des dépenses excessives, l’une des raisons de la crise de la dette.

Deux réformes principales ont raboté les pensions, supprimé les nombreuses caisses de sécurité sociale et augmenté l’âge de départ à la retraite à 67 ans en raison du vieillissement de la population.

Les syndicats réclament le « rétablissement des 13e et 14e mois », supprimés lors de la crise, ainsi que la réduction de l’âge de départ à la retraite.

Il s’agit de la deuxième mobilisation contre le gouvernement élu en juillet: en octobre, une grève générale dans les secteurs public et privé avait été observée pour protester contre une réforme sur la libéralisation du marché de travail visant, selon la majorité de droite, à attirer les investissements, priorité du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Israël: le procès pour corruption de Netanyahu débutera le 17 mars

Le procès pour corruption de Benjamin Netanyahu, seul chef du gouvernement dans l’histoire d’Israël à être inculpé au cours de son mandat débutera le 17 mars prochain, deux semaines après les élections cruciales à sa survie politique, a annoncé mardi la justice.

Dans un communiqué succinct, le ministère de la Justice a indiqué que l’acte d’accusation sera lu par la juge Rivka Friedman-Feldman de la cour de Jérusalem en présence de M. Netanyahu le mardi 17 mars dans l’après-midi.

L’annonce de cette date intervient alors que le Premier ministre israélien, âgé de 70 ans, mène sa campagne en vue des élections législatives du 2 mars, les troisièmes en moins d’un an en Israël, après des scrutins n’ayant pas réussi à le départager de son rival Benny Gantz.

Ce dernier avait refusé après les législatives de septembre de joindre un gouvernement d’union mené par M. Netanyahu estimant que ce dernier devait en premier lieu régler ses différends avec la justice avant de prétendre au pouvoir.

Le Premier ministre a été inculpé à l’automne de corruption, malversation et abus de confiance dans trois affaires par le procureur Avichaï Mandelblit.

La loi israélienne prévoit que tout ministre poursuivi pénalement doit démissionner de ses fonctions, mais cette mesure ne s’applique pas au Premier ministre. S’il peut rester actuellement en fonction, Benjamin Netanyahu ne jouit toutefois d’aucune immunité face à la justice.

M. Netanyahu avait ainsi demandé début janvier au Parlement, la Knesset, de lui accorder une immunité au terme des prochaines législatives du 2 mars, misant sur sa victoire pour obtenir une majorité et ainsi se protéger de la justice.

Mais les partis d’opposition ont convaincu une majorité de députés d’examiner sa demande d’immunité avant les élections. Devant le rejet anticipé de sa requête, M. Netanyahu avait retiré fin janvier in extremis sa demande d’immunité judiciaire.

M. Netanyahu, qui compte 14 ans à l’horodateur du pouvoir dont la dernière décennie sans discontinuer, dénonce un complot de ses détracteurs afin d’ourdir, dit-il, un « coup d’Etat » juridique contre lui.

– Sans les partis arabes –

Pour l’heure, l’annonce de son inculpation pour corruption n’a pas fait bouger le baromètre politique en Israël.

Selon un dernier sondage de la chaîne israélienne Channel 13, la formation centriste Kahol Lavan (« Bleu-blanc », les couleurs du drapeau israélien) de l’ex-général Benny Gantz obtiendrait 36 sièges sur les 120 de la Knesset, contre 33 pour le Likoud (droite) de M. Netanyahu.

En comptabilisant leurs alliés respectifs, la gauche pour M. Gantz, la droite radicale et les partis religieux pour M. Netanyahu, aucun des deux grands blocs ne parvient à atteindre 61 députés, seuil de la majorité au Parlement israélien.

Après des visites à Washington, pour l’annonce du projet américain pour le Moyen-Orient, à Moscou, pour la libération d’une jeune Américano-Israélienne condamnée pour « trafic de drogues », et en Afrique, pour discuter d’une « normalisation » des relations avec le Soudan, M. Netanyahu multiplie ces jours-ci les meetings politiques.

Sur les artères de Jérusalem, de grandes affiches ont fait leur apparition ornées du slogan, en hébreu, « Bli Ahmed Tibi » – sans Ahmed Tibi – un des leaders de la « Liste unie » des partis arabes israéliens.

Les partis arabes avaient soutenu sans succès, au terme de la dernière élection, la candidature de Benny Gantz pour le poste de Premier ministre et en vue de chasser du pouvoir M. Netanyahu.

« Si un million d’électeurs du Likoud en convainquent 300.000 autres qui n’ont pas voté lors des dernières élections, alors nous gagnerons en grand, formerons un gouvernement de droite et ferons ainsi barrage à un gouvernement dangereux soutenu par la liste unie », a écrit sur Twitter le Premier ministre peu après l’annonce du début de son procès.

RDCongo: au moins dix morts dans un nouveau massacre près de Beni

Au moins dix personnes ont été massacrées lundi soir près de l’Ouganda dans l’est de la République démocratique du Congo, ont indiqué mardi à l’AFP des sources locales, ce qui porte à 393 le nombre de personnes tuées dans cette région de Beni depuis début novembre.

Des centaines de civils fuyaient mardi matin à pied, en moto, en camion, les lieux de cette nouvelle tuerie attribuée par les autorités au groupe armé ADF (Forces démocratiques alliées), a constaté un correspondant de l’AFP qui s’est rendu sur place.

Le massacre a eu lieu au sud-est de la ville de Beni, où se trouvait encore mardi matin la présidente de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda, en visite dans la région.

« Huit civils, un agent des renseignements et un soldat » ont été tués dans l’attaque du village de Manzahalo, a indiqué un responsable local, John Kambale, à l’AFP. Dix maisons ont été incendiées.

Le bilan a été confirmé par un officier sous couvert de l’anonymat.

Les ADF ont tué 393 personnes depuis début novembre, selon le décompte des enquêteurs du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST en anglais, qui intègre plusieurs organisations). Le KST dénombre onze morts dans la dernière tuerie.

Qualifiés de « terroristes » par les autorités, les ADF ont tué plus d’un millier de civils dans la région de Beni depuis 2014.

D’après les experts et les observateurs, les ADF se vengent sur les civils des opérations de l’armée congolaise lancées fin octobre.

« Malgré la prise du quartier général des ADF, et l’annonce de la mort de 5 des 6 chefs de ce groupe armé par l’armée congolaise, les massacres se poursuivent à un rythme effréné dans le territoire de Beni », observent les enquêteurs du Baromètre sécuritaire du Kivu.

Travaillant avec de multiples sources dans la région, ils avancent que les pertes de l’armée sont très fortes: « Une source ayant requis l’anonymat estime que près de 300 soldats congolais seraient morts depuis le début de l’offensive contre les ADF en novembre ».

« On ne vous laissera pas, on ne vous abandonnera pas », a promis la présidente de l’Assemblée Jeanine Mabunda lundi à des déplacés qui ont fui les précédentes tueries des ADF.

« Notre pays est attaqué à partir de ce territoire. Le problème de Beni, c’est le problème de toute la Nation », a ajouté cette proche de l’ancien président Joseph Kabila dont elle a été conseillère chargée de la lutte contre les violences sexuelles.

A l’origine, les ADF sont des rebelles ougandais musulmans présents dans l’actuelle RDC depuis 1995.

Opposés au régime du président Yoweri Museveni, ils n’ont plus lancé d’attaque contre Kampala depuis des années.

Les ADF « possèdent les caractéristiques à la fois d’un groupe armé et d’une organisation criminelle, et semblent suivre une idéologie islamiste extrême », selon un rapport remis en janvier au Conseil de sécurité des Nations unies.

Il n’y a pas assez d’éléments de renseignements pour prouver « des liens avec des groupes extrémistes islamiques internationaux », ajoute le rapport.

Afghanistan: le président sortant Ashraf Ghani réélu

Le président sortant Ashraf Ghani a été réélu à la tête de l’Afghanistan, selon les résultats définitifs de la présidentielle du 28 septembre annoncés mardi par la Commission électorale indépendante (IEC) et déjà contestés par son principal adversaire Abdullah Abdullah.

« La Commission électorale (…) déclare M. Ashraf Ghani, qui a obtenu 50,64% des votes, président de l’Afghanistan », a déclaré Hawa Alam Nuristani, la présidente de l’IEC, lors d’une conférence de presse.

M. Ghani sera donc probablement assis face aux talibans à la table des négociations lors de futures discussions intra-afghanes visant à décider de l’avenir du pays.

« Que Dieu l’aide à servir le peuple d’Afghanistan… Je prie aussi pour que la paix arrive dans notre pays », a encore ajouté Mme Nuristani.

Les résultats définitifs de la présidentielle sont cependant déjà contestés, comme ils l’avaient déjà été en 2014, par l’équipe d’Abdullah Abdullah.

Le chef de l’exécutif afghan, principal adversaire d’Ashraf Ghani, a obtenu 39.52% des votes, selon l’IEC.

« Les résultats annoncés par la commission n’ont aucune légitimité », a réagi le porte-parole de son équipe de campagne, Faraidoon Khwazoon, interrogé par l’AFP.

« Nous nous sommes retirés du processus (électoral) il y a deux jours. Les commissions n’agissaient pas selon la loi et avaient perdu leur légitimité », a-t-il affirmé.

Le vice-président Abdul Rashid Dostum, un puissant ancien seigneur de guerre et allié d’Abdullah Abdullah, a lui aussi menacé de former un gouvernement parallèle si des résultats « frauduleux » étaient annoncés.

Tant la population afghane que la communauté internationale craignent une répétition du scénario de 2014, quand Abdullah Abdullah avait contesté les résultats du scrutin, entaché de graves irrégularités, ce qui avait débouché sur une crise constitutionnelle.

– Très faible participation –

L’annonce intervient alors que Washington continue de négocier en parallèle un accord avec les talibans en vue d’un retrait des troupes américaines d’Afghanistan, en échange notamment de garanties sécuritaires.

Si le gouvernement de Kaboul a jusqu’ici été écarté de la table des négociations, il doit participer aux discussions intra-afghanes avec les insurgés, censées s’ouvrir après la signature d’un accord antre Américains et talibans.

Lundi, l’envoyé américain Zalmay Khalilzad, qui représente Washington depuis plus d’un an lors des pourparlers entre les deux parties, s’est dit « prudemment optimiste » quant aux progrès réalisés en vue d’un éventuel accord.

Les États-Unis ont « des engagements de la part des talibans sur les questions de sécurité », a-t-il déclaré lors d’une conférence à Islamabad.

Le président américain Donald Trump a de son côté estimé jeudi dernier qu’un accord bilatéral était « très proche ».

Les talibans, les forces de sécurité afghanes et les Etats-Unis doivent lancer une « réduction de la violence » de sept jours, ont annoncé des responsables la semaine dernière. Celle-ci n’a toutefois pas encore démarré.

Pour l’analyste Atta Noori, l’élection de Ghani est « un pas en avant » dans le processus des négociations. « Un gouvernement chancelant n’était pas en position de pouvoir parler avec les talibans », a-t-il expliqué.

« Les événements à venir sont plus importants que les plaintes d’Abdullah au sujet de fraudes », a encore ajouté M. Noori.

Les résultats ont été annoncés avec plus de trois mois de retard, près de cinq mois après l’élection. Un total de 16.500 plaintes pour irrégularités avaient été déposées par les candidats, ralentissant le processus.

Des résultats préliminaires rendus publics fin décembre avaient déjà montré la victoire à la majorité absolue du chef de l’État afghan.

Cette présidentielle a été marquée par une participation très faible, avec 1,8 million de votes pris en compte par l’IEC, sur un total de 9,6 millions d’électeurs enregistrés. Près d’un million sur les 2,7 millions de votes recensés à l’origine avaient été écartés pour irrégularités.

Escalade dans l’est de l’Ukraine: un soldat tué, cinq blessés (Kiev)

Un soldat ukrainien a été tué et cinq autres blessés dans des combats mardi matin avec les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine dans un incident dénoncé de part et d’autre comme une « provocation ».

« Les rebelles et les occupants (russes) ont organisé une provocation cynique » dans une « tentative de faire échouer le processus de paix », a accusé sur Facebook le président Volodymyr Zelensky.

« Nous avons une armée puissante, elle a riposté fortement. La situation est totalement contrôlée par notre armée », a-t-il assuré plus tard lors d’un point de presse. « Cette provocation ne changera pas notre politique (…) nous avançons résolument vers la fin de la guerre, vers la paix », a encore affirmé le chef de l’Etat.

Cette escalade, « une des pires » de ces dernières années selon l’armée ukrainienne, est survenue dans la région de Lougansk, près des villages de Novotochkivka et Krymské et à moins de dix kilomètres d’un des trois secteurs où les belligérants avaient procédé au retrait des forces l’an dernier.

Tôt le matin, les séparatistes ont tenté de percer la ligne de front en bombardant des positions ukrainiennes à l’aide de pièces d’artillerie de calibre 152 et 120 millimètres, de mitrailleuses et d’un char, a indiqué le service de presse de l’armée.

Des unités d’assaut ont ensuite tenté d’occuper des postes d’observation des militaires ukrainiens, a précisé Rouslan Khomtchak, commandant de l’état-major général de l’armée. Selon lui, le combat a duré plusieurs heures, Kiev a riposté avec des tirs d’artillerie, selon la même source.

« Nous sommes profondément préoccupés » et « appelons d’urgence la Russie à maintenir ses engagements » de paix, a réagi l’ambassade américaine sur Twitter.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a de son côté fait état de « victimes des deux côtés » assurant n’avoir pas de détails sur les affrontements.

Le leader séparatiste de Lougansk, Léonid Pasetchnik, a de son côté dénoncé une « provocation sanglante de Kiev », accusant les Ukrainiens d’avoir bombardé la république autoproclamée.

« La position agressive de Kiev remet en cause » l’organisation d’un nouveau sommet de paix sur l’Ukraine attendu a priori en avril réunissant M. Zelensky, et les dirigeants russes, français et allemand, a-t-il affirmé selon l’agence officielle séparatiste.

L’Ukraine est en proie depuis presque six ans à une guerre avec des séparatistes prorusses dans les régions de l’est(- de son territoire, qui a fait plus de 13.000 morts et environ 1,5 millions de personnes déplacées.

L’intensité des combats a nettement baissé après la signature des accords de paix de Minsk en février 2015, mais des regains de violences réguliers continuent d’alourdir le bilan.

Une certaine détente entre Kiev et Moscou, accusée de soutenir les rebelles, est observée depuis l’arrivée au pouvoir l’an dernier de M. Zelensky, qui a notamment rencontré en décembre Vladimir Poutine lors d’un sommet de paix à Paris. Mais la résolution politique du conflit reste quasiment au point mort.

Turquie: acquittement du mécène Osman Kavala dans un procès emblématique

Un tribunal turc a acquitté mardi plusieurs figures majeures de la société civile, dont le célèbre mécène Osman Kavala, une décision inattendue annoncée à l’issue d’un procès emblématique de l’érosion des libertés en Turquie.

Le tribunal de Silivri, près d’Istanbul, a acquitté M. Kavala et huit co-accusés qui comparaissaient mardi « en l’absence de preuves suffisantes » pour appuyer les accusations de « tentative de renversement du gouvernement », selon une correspondante de l’AFP.

Les accusés étaient poursuivis pour leur implication dans des manifestations antigouvernementales en 2013, connues sous le nom de mouvement de Gezi, visant l’actuel président Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre.

Pour nombre d’ONG, ce procès, qui reposait sur peu d’éléments concrets, visait à envoyer un message d’intimidation à la société civile pour dissuader toute nouvelle manifestation d’envergure contre le président Erdogan qui dirige la Turquie depuis 2003.

Le tribunal a par ailleurs ordonné la remise en liberté de M. Kavala, un homme d’affaires et philanthrope incarcéré depuis plus de deux ans dans le cadre de cette affaire qui a suscité la vive inquiétude des ONG et des pays occidentaux quant à la situation des libertés en Turquie.

Après l’annonce de cette décision, les dizaines de personnes présentes au tribunal pour soutenir les accusés ont applaudi à tout rompre, selon la journaliste de l’AFP.

Le tribunal a en outre dissocié les dossiers de sept autres accusés qui n’étaient pas présents au tribunal, dont le journaliste Can Dündar, qui s’est exilé en Allemagne.

Son emprisonnement a fait de M. Kavala le symbole de la répression orchestrée contre la société civile en Turquie, en particulier depuis une tentative de putsch en 2016 contre M. Erdogan suivie de purges massives.

M. Kavala, connu des cercles intellectuels en Europe, était notamment accusé d’avoir financé le mouvement de Gezi. Il risquait la prison à vie.

– « Immenses souffrances » –

« Les acquittements prononcés aujourd’hui sont la bonne décision. La remise en liberté d’Osman Kavala n’a que trop tardé », a déclaré à l’AFP la représentante en Turquie de l’ONG Human Rights Watch, Emma Sinclair-Webb.

« Toute cette affaire a causé d’immenses souffrances à ceux qui ont été visés à tort, à commencer par Osman Kavala. C’est un procès dont le seul but était de s’en prendre à des défenseurs des droits humains », a-t-elle ajouté.

Le mouvement de Gezi a commencé avec un sit-in pour défendre le parc de Gezi, l’un des rares espaces verts au cœur d’Istanbul. Après une répression brutale, il s’est transformé en mouvement plus global contre M. Erdogan.

Hétéroclite, le mouvement rassemblait pêle-mêle des militants écologistes, des étudiants manifestant pour la première fois, des associations défendant les droits des femmes ou encore des musulmans anticapitalistes.

L’affaire est brusquement revenue sur le devant de la scène en 2018 lorsque le président Erdogan a commencé à présenter le mouvement Gezi comme une « tentative de coup d’Etat » préfigurant une tentative de renversement, bien réelle celle-là, en juillet 2016.

Dans son acte d’accusation de 657 pages, le procureur présentait le mouvement de Gezi comme une opération pilotée de l’étranger pour nuire à la Turquie.

En décembre, la Cour européenne des droits de l’Homme avait réclamé la libération immédiate de M. Kavala, soulignant l’absence de « faits, informations et preuves » dans l’acte d’accusation.

Parmi les éléments de l’accusation figurait une carte de la répartition des abeilles sur le territoire turc, trouvée dans le téléphone de M. Kavala. Le document a été présenté comme une preuve que le mécène entendait redessiner les frontières du pays.

Le président Erdogan a plusieurs fois attaqué nommément M. Kavala, l’accusant de « financer les terroristes » et d’être « le représentant en Turquie » du milliardaire américain d’origine hongroise George Soros, bête noire de plusieurs dirigeants autoritaires dans le monde.

La décision rendue mardi intervient quelques jours après l’acquittement de la célèbre romancière Asli Erdogan dans un autre procès symbolique où elle était accusée d’activités « terroristes ».

Procès fixé au 3 mars pour deux chercheurs français détenus en Iran

Le procès de deux universitaires français détenus en Iran depuis juin, Fariba Adelkhah et Roland Marchal, accusés de crimes contre la sécurité nationale de l’Etat, s’ouvrira le 3 mars à Téhéran, a déclaré mardi leur avocat à l’AFP.

Franco-iranienne, Mme Adelkhah est poursuivie pour « propagande contre le système » politique de la République islamique d’Iran et « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale ». Seul ce dernier chef d’accusation est retenu contre M. Marchal, son compagnon.

« La date du procès a été fixée pour le 13 Esfand (du calendrier iranien, soit le 3 mars) à 09h00 », a dit Me Saïd Dehqan, joint au téléphone par l’AFP.

Le procès doit avoir lieu devant la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran.

Affirmant avoir « vu leur acte d’accusation » lundi au greffe de ce tribunal, Me Dehqan a nié que les deux chercheurs aient été jugés et condamnés comme l’avait affirmé plus tôt mardi le porte-parole de l’Autorité judiciaire, Gholamhossein Esmaïli.

Mme Adelkhah et M. Marchal « ont été jugés en présence de leur avocat, condamnés, et purgent actuellement leur peine », a dit M. Esmaïli lors de sa conférence de presse hebdomadaire télévisée sans fournir la moindre explication supplémentaire sur le verdict supposé avoir été prononcé à l’encontre des deux Français.

Au contraire, a déclaré M. Dehqan, « nous sommes en train de préparer notre défense » en vue du procès.

Dans son compte-rendu de la conférence de presse de M. Esmaïli, Mizan Online, l’agence officielle de l’Autorité judiciaire, ne mentionne pas les propos du porte-parole sur la condamnation des deux chercheurs du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.

– Refus des « ingérences » –

Citant le porte-parole, Mizan écrit que « l’acte d’accusation (contre Mme Adelkhah et M. Marchal) a été émis », que « les suspects sont en prison et (que) leur procès aura lieu le (3 mars) en présence de leur avocat ».

Mme Adelkhah est une anthropologue renommée, spécialiste du chiisme. M. Marchal est lui spécialiste de la Corne de l’Afrique.

Paris ne cesse de réclamer leur libération, mais face à ces demandes répétées, Téhéran dénonce régulièrement ce qu’il présente comme une ingérence dans ses affaires intérieures.

L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité. Les arrestations d’étrangers en Iran, notamment binationaux, accusés souvent d’espionnage, se sont multipliées depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement de dures sanctions américaines contre Téhéran.

M. Esmaïli a encore répété mardi que l’Iran n’acceptait pas les ingérences étrangères dans ses affaires judiciaires internes. « Nous nous souvenons que c’est la France qui a protégé l’un des plus grands suspects de crimes liés à la sûreté de l’Etat dans notre pays, Rouhollah Zam, jugé » à huis clos en Iran, a-t-il ajouté.

M. Zam est un opposant iranien qui était exilé en France.

En octobre dernier, les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, ont annoncé l’avoir arrêté en Irak après l’avoir attiré dans un piège.

– Echange de prisonniers –

Selon Me Dehqan, Mme Adelkhah a mis fin le 12 février à la grève de la faim qu’elle observait depuis le 24 décembre pour protester contre son incarcération.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a qualifié début février d' »insupportables » les détentions de Fariba Adelkhah et Roland Marchal.

Le comité de soutien des deux chercheurs estime que les charges retenues contre eux sont fabriquées de toutes pièces et ne cesse de réclamer leur libération immédiate.

Selon Jean-François Bayart, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et membre de ce comité, l’Iran détient « dix à quinze » ressortissants étrangers, souvent binationaux, comme l’universitaire australienne Kylie Moore-Gilbert et l’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, employée de la Fondation Thomson Reuters.

Par ailleurs, M. Esmaïli a annoncé mardi que Téhéran avait libéré la veille un Allemand détenu en Iran et purgeant une peine de prison de 3 ans dans le cadre d’un échange de prisonniers avec Berlin, après l’élargissement et le retour en Iran d’un Iranien détenu en Allemagne où il était menacé d’extradition vers les Etats-Unis.

L’ENA, n’a, par son statut, pas d’équivalent en Europe et dans le monde: bref tour d’horizon

L’ENA, qu’Emmanuel Macron veut « réformer », forme les élites de la République et leur fournit un « statut », sans équivalent en Europe et dans le monde, hérité de l’histoire des grands corps de l’État, comme l’ensemble des grandes écoles (ENS, Polytechnique…).

Contrairement aux énarques, la très grande majorité des hauts fonctionnaires européens doivent suivre un long cursus hiérarchique, leur interdisant une rapide carrière au sommet.

« Dans la plupart des pays européens, les fonctionnaires, même +hauts+, sont des cols blancs qui ne jouissent d’aucun prestige social particulier (…). En France être énarque c’est posséder un statut qui garantit dès l’entrée l’appartenance à la haute fonction publique », explique à l’AFP Jean-Michel Eymeri-Douzans, professeur des universités et président du groupe européen de l’administration publique.

Les énarques « ont vocation à des carrières sommitales quasi-immédiates: conseil d’État ou inspection des finances à 28 ou 30 ans, ministre à 35 et… président de la République à 39 », ajoute ce spécialiste, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet.

L’ENA, tout comme ses répliques africaines héritées du passé colonial de la France (Tunisie, Tchad, Sénégal…), dont le concours d’entrée s’est démocratisé et qui compte des élèves boursiers, recrute essentiellement dans les classes sociales privilégiées.

Bref tour d’horizon, s’appuyant sur des données de l’Institut Montaigne, de l’université de Bourgogne, de l’Institut européen d’administration publique de Maastricht (IEAP), des travaux de M. Eymeri-Douzans, ainsi que d’un rapport du Sénat daté de 2001:

– Allemagne:

Dans ce pays fédéral, il n’existe pas de système de classes préparatoires ni de grande école centrale. La haute fonction publique (höherer Dienst) est surtout formée dans les universités: Berlin, Munich, Bonn, Cologne, Freiberg, Göttingen où les étudiants obtiennent un diplôme et, de préférence, un doctorat après avoir réussi un ou deux « Staatsexam » (examen d’État). Chaque ministère organise ses concours d’entrée, très sélectifs.

Les carrières sont lentes: on commence dans un bureau de l’administration d’un Land et on devient chef de bureau dans les très gros ministères après 40 ans. Les directeurs de ministères allemands ont plus de 55 ans.

Il existe néanmoins une formation parallèle dans des établissements spécialisés: la « Bundesakademie » (ou BAkÖV) à Brühl, qui forme les fonctionnaires fédéraux, la « Führungsakademie » de Stuttgart, pour les Länder et les fonctions de direction, et les hautes écoles spécialisées dans une quinzaine de Länder. Depuis les années 2000, la Hertie School of Governance, inspirée des écoles politiques publiques américaines, sorte de « Sciences Po » allemand, forme de plus en plus de futurs hauts fonctionnaires.

– Royaume Uni:

Les représentants du « Senior Civil Service » sont très majoritairement formés à Oxford et Cambridge, après une éducation déjà très sélective dans des écoles privées de renom, ces universités n’accueillant qu’à peine 7% des étudiants britanniques. Si la diversité sociale des recrutements s’accroît, 65% de tous ceux en poste sont encore diplômés d' »Oxbridge » et issus de la haute ou très haute bourgeoisie. Certains sont également formés à la London school of economy and political science (LSE) qui est l’équivalent de Sciences Politiques Paris, et a été créée sur son modèle.

– Espagne:

Il n’existe pas de concours d’entrée à l’Instituo Nacional de Administracion Publica (INAP), situé à Madrid, chargé de la formation initiale et continue des fonctionnaires et qui organise les concours pour intégrer les administrations. Etudiants en droit, en relations internationales, économie ou ingénierie se préparent à ces concours spécialisés très sélectifs, souvent à l’issue d’une formation de plusieurs années.

– L’Italie:

A l’instar de l’ENA, la Scuola Nazionale dell’Amministrazione – SNA IT, qui a remplacé en 2013 la Scuola Superiore della Pubblica Amministrazione, fondée en 1957 – remplit les fonctions de sélection et de formation des hauts fonctionnaires de l’administration via un concours central. Calquée sur le modèle français, sous l’autorité de la présidence du Conseil des ministres, elle recrute des cadres italiens, européens et étrangers et est partiellement délocalisée, entre Rome, Caserte (Campanie), Bologne et Acireale en Sicile.

– Suède

Après une formation universitaire, les étudiants effectuent des stages dans les très grosses agences publiques et les tout petits ministères. La formation se fait donc sur le tas et les hauts fonctionnaires travaillent tout de suite au contact des ministres.

– États-Unis:

Il n’existe pas d’école centralisée mais une fabrique à élites administratives, la Kennedy School of Government (HKS), au sein de l’université de Harvard, fondée en 1936 et qui forme surtout les dirigeants étrangers. Même s’il existe de très nombreuses écoles d’administration publique et que les hauts fonctionnaires proviennent d’horizons très variés, la très haute fonction publique (« schools of government », équivalents de Sciences Politiques dans le monde anglophone) reste assez homogène: le passage par des écoles privées puis les grandes universités de l’Ivy League – les huit meilleures universités – est pratiquement obligé. Harvard et Yale ont notamment formé les quatre derniers présidents: Barack Obama, George Bush père et fils, Bill Clinton.

Les Etats-Unis combinent aussi le spoil system (un nouveau gouvernement substitue les fonctionnaires en place par des fonctionnaires au nombre de ses partisans) pour l’accès aux emplois très supérieurs avec une forme de système de carrière à la française ou à l’allemande pour les emplois de direction intermédiaire.

– Corée du Sud:

C’est le National Human Resources Development Institute (NHI), basé à Jincheon, au sud de Séoul, qui forme les hauts fonctionnaires. Les plus hautes fonctions s’adressent à une soixantaine de directeurs généraux d’agences gouvernementales centrales et provinciales et aux cadres supérieurs des institutions publiques.

Présidentielle au Togo: à Sokodé la rebelle, le calme retrouvé au prix d’une lourde répression

Quelque chose d’irréel flottait dans l’air à Sokodé, l’indomptable ville rebelle du centre-nord du Togo, lorsque le président Faure Gnassingbé, en campagne pour un quatrième mandat samedi prochain, y a été acclamé par une foule en transe.

« Comment ne pas être surpris en étant accueilli comme vous l’avez fait aujourd’hui? », a réagi le chef de l’Etat devant la foule la semaine dernière. Ces dernières années, sur ces terres récemment acquises à l’opposition, sa démission avait été réclamée à cor et à cri lors d’autres rassemblements.

En effet, la deuxième ville du Togo a été, dès le mois d’août 2017, le bastion de la contestation politique qui a ensuite gagné tout le pays, après un demi-siècle de la même famille au pouvoir.

Des jeunes avaient érigé des barricades le long de la route nationale qui traverse la ville, mis le feu aux postes de police et attaqué les forces de sécurité.

Mais le nouveau maire de Sokodé, Ouro Gbele Tchanile, est catégorique: « La paix est revenue » et « la crise fait partie du passé ».

Pour le meeting du parti au pouvoir, Unir (Union pour la République), les habitants sont venus par milliers, pour écouter leur président exprimer ses regrets sur le sang versé depuis les premières manifestations populaires d’août 2017 – une vingtaine de morts au total dont au moins dix à Sokodé.

Qu’importe que les supporters aient été fortement encouragés à participer à cette liesse populaire à coups de billets de 2.000 CFA (trois euros), que des bus aient été affrétés des villages environnants avec la promesse d’un repas, que les écoles aient été libérées et que, selon des lycéens interrogés par l’AFP, les professeurs aient pris soin de marquer leur présence dans les rangs.

Un certain enthousiasme populaire était là, et beaucoup se sont dits « touchés » par la minute de silence en mémoire des victimes des manifestations.

« A chaque fois que nous nous opposons avec violence (…) c’est toujours le Togo qui perd », a rappelé le président, au pouvoir depuis 2005, après avoir succédé à son père, Gnassingbé Eyadéma.

– Couvre-feu –

Il y a quelques années, c’était un autre leader qui haranguait les foules à Sokodé, appelant au soulèvement populaire. Mais Tikpi Atchadam, le leader du Parti national panafricain (PNP), fils du pays, a été accusé d’avoir enflammé la jeunesse Tem majoritairement musulmane et se cache désormais au Ghana, selon ses proches.

Il envoie encore quelques messages audio sur Whatsapp dans l’espoir de continuer la lutte, mais son parti est désormais divisé et, explique l’un de ses anciens collaborateurs à l’AFP: « Depuis qu’il est en exil, il faut être honnête, la mayonnaise ne prend plus. »

Car s’il est vrai que Sokodé a renoué avec le calme, cela a été fait au prix d’une répression féroce, et les stigmates et la peur sont encore très présents parmi la population.

L’armée togolaise quadrille toujours la ville et des véhicules remplis de soldats cagoulés et équipés d’armes automatiques sillonnent les rues en continu.

Le couvre-feu imposé à la nuit tombée n’a jamais été levé, les habitants dénoncent des fouilles dans les maisons et des « bastonnades ».

Le quartier Kpalo-Kpalo, l’un des points chauds de la ville où le PNP tenait ses réunions, est bouclé par les soldats et le parti d’opposition, malgré son existence légale, n’a pas de siège. Ses membres doivent se réunir clandestinement.

– ‘On vit cachés’ –

« On vit cachés, on ne peut même plus s’exprimer en tant que leader du PNP », explique à l’AFP un cadre local du mouvement sous couvert de l’anonymat.

« Je suis l’un des rares à pouvoir vous répondre hors de prison, la plupart de mes collaborateurs ont été arrêtés », ajoute-t-il.

Depuis novembre 2019, une cinquantaine de personnes, accusées de préparer une insurrection armée, ont été arrêtées à Lomé et Sokodé, mais aussi au Bénin et au Ghana voisins.

Elles appartiendraient au mystérieux groupe de la « Tiger Revolution », une branche soi-disant radicalisée du PNP, qui rassemblerait les déçus de l’immobilisme d’Atchadam. Le PNP dénonce une machination destinée à « décapiter le parti ».

Exhibés à la télévision nationale avec des amulettes mystiques, des machettes et des kalachnikovs, les accusés ont déclaré devant les caméras avoir projeté de déstabiliser le pays.

« Le calme est revenu, mais c’est un calme précaire. Nous nous sentons stigmatisés en tant que musulmans et Tem, et les tensions peuvent éclater à tout moment », reconnaît un jeune partisan du PNP. « Il y a encore beaucoup de paranoïa et de méfiance entre les jeunes et les forces de l’ordre ».

« Qui veut la paix prépare la guerre », répète le maire dans son bureau à la peinture jaune écaillée, pour justifier la forte présence militaire. « Le tourisme s’est arrêté, le commerce a beaucoup souffert, le développement n’est pas possible sans sécurité ».

Les affiches de campagne d’Unir martèlent qu’il faut « croire en notre futur », et le président-candidat a promis la création de 500.000 emplois directs d’ici à 2022 pour apaiser les frustrations d’une jeunesse frappée par un chômage massif et une grande pauvreté.

En attendant, l’Eglise catholique, avec le soutien notamment de l’ONG Catholic Relief Services (CRS) tente de son côté d’impulser un dialogue réunissant les leaders politiques, religieux et les membres de la société civile.

« Nous essayons d’insister sur le ‘vivre ensemble’ dans nos prêches, dans nos homélies », explique l’évêque de Sokodé, Mgr Célestin-Marie Gaoua. « Les élections c’est l’affaire des politiciens, nous, nous essayons de construire un climat de paix, avant et après ».

Dans un hôpital de Shanghai, cocktail de traitements contre le coronavirus

Médecine traditionnelle, injection de plasma ou encore corticoïdes: dans le principal hôpital de Shanghai qui accueille les malades contaminés par le nouveau coronavirus, un cocktail de traitements est proposé aux malades.

La perspective d’un vaccin contre la pneumonie Covid-19 est encore lointaine. Les médecins, en Chine comme ailleurs, sont contraints d’utiliser d’autres méthodes dans l’espoir de guérir les patients.

C’est le cas au Centre clinique de santé publique de Shanghai — ville la plus peuplée de Chine (24 millions d’habitants). La structure jaune, construite lors de l’épidémie du Sras (2002-2003), a été agrandie ces dernières semaines pour faire face à l’afflux de malades.

Mais ses médecins le reconnaissent : le coronavirus, qui a déjà contaminé plus de 72.000 personnes en Chine, dont près de 1.900 mortellement, pousse le système de santé dans ses retranchements.

« Accueillir autant de cas graves en même temps est un grand défi », déclare à travers son masque facial Lu Hongzhou, le directeur adjoint de l’hôpital, lors d’une visite organisée par les autorités pour la presse.

– ‘Très bon effet’ –

Jusqu’à présent, Shanghai a recensé 333 personnes contaminées, dont un mort. Le Centre clinique de santé publique a accueilli 96% d’entre elles, et compte actuellement 184 patients, les autres étant guéries.

Pour les soigner, l’hôpital utilise notamment des médicaments antiviraux, des corticoïdes (anti-inflammatoires), et fait appel à la médecine traditionnelle chinoise.

« Nous avons des traitements personnalisés pour les patients gravement atteints, car l’état de santé de chacun est différent », souligne Lu Hongzhou.

Selon lui, deux malades qui n’avaient pas réagi aux antiviraux se sont vus administrer un traitement de médecine traditionnelle chinoise (MTC), après quoi leur état s’est amélioré.

« Combiner médecine occidentale et chinoise a un très bon effet », se félicite-t-il, soulignant que 90% de ses patients sont traités en partie grâce à la MTC.

Son collègue Shen Yinzhong, directeur des services médicaux, souligne toutefois que l’hôpital doit réaliser « davantage de tests cliniques pour s’assurer de son innocuité et de son efficacité ».

– Plasma –

Comme d’autres hôpitaux, celui de Shanghai injecte également aux patients du plasma sanguin prélevé sur d’ex-malades. Il est censé contenir des anticorps permettant de diminuer la charge virale de ceux gravement atteints.

« Nous sommes convaincus que cette méthode peut être très efficace », indique Lu Hongzhou dans les couloirs de son établissement, où des spécialistes d’autres structures hospitalières ont rejoint l’équipe soignante, qui ne peut plus prendre de congés.

Les médecins et infirmières qui s’occupent des malades portent des combinaisons intégrales. Mais les journalistes n’ont pas été autorisés à voir les patients, l’hôpital évoquant un risque sanitaire.

Pour protéger le personnel, des dizaines de chambres ont été mises en « pression négative », un système de ventilation permettant à l’air de pénétrer mais pas d’en sortir.

« Les gouttelettes nocives exhalées par les patients sont aspirées et filtrées », explique M. Lu. Le but: empêcher toute fuite d’agents infectieux.

Syrie: bombardements incessants du régime, exode massif

Deux mois après la reprise de son offensive pour reprendre la région d’Idleb en Syrie, le régime de Bachar al-Assad bombarde sans cesse ce dernier grand bastion des jihadistes et des rebelles poussant à la fuite près d’un million de personnes.

La Haut-commissaire de l’ONU Michèle Bachelet, s’est dite « horrifiée » par ces violences dans le nord-ouest du pays en guerre et a réclamé des « couloirs humanitaires » pour faciliter le « passage des civils en toute sécurité ».

Avec les combats et les frappes menées quotidiennement par le régime Assad et son allié russe, environ 900.000 personnes ont été déplacées dans la grande région d’Idleb et ses environs depuis le 1er décembre, en vaste majorité des femmes et des enfants, a affirmé l’ONU lundi, réitérant un appel pour un cessez-le-feu.

Cette vague d’exode en seulement un peu plus de deux mois est sans précédent depuis le début du conflit dévastateur en Syrie qui a jeté à la rue des millions de personnes et fait plus de 380.000 morts depuis 2011.

Les personnes déplacées « sont traumatisées et forcées de dormir dehors par des températures glaciales car les camps (de déplacés) sont pleins », a déploré le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, dans un communiqué.

« Les mères brûlent du plastique afin de réchauffer les enfants. Des bébés et de jeunes enfants meurent à cause du froid », s’est-t-il insurgé.

Quotidiennement dans la province d’Idleb et ses environs, ce sont les mêmes scènes d’exil dont sont témoins les correspondants de l’AFP. Les routes sont envahies par des camions et des voitures bourrés d’affaires empilées à la hâte par des civils cherchant à trouver refuge dans des secteurs jugés plus sûrs, près de la frontière turque.

Exposées à la neige, à la pluie et à des températures hivernales extrêmes, les familles les plus chanceuses trouvent une place dans les camps de déplacés informels où s’entassent déjà des dizaines de milliers de personnes.

Les autres passent la nuit dans leur voiture, ou montent une tente sommaire au milieu des champs.

– Ecoles et hôpitaux bombardés –

« La violence dans le nord-ouest de la Syrie est aveugle », a dit M. Lowcock. « Des établissements de santé, des écoles, des zones résidentielles des mosquées et des marchés ont été frappés ».

Mais le régime ne semble pas prêt à arrêter son offensive malgré les appels à un cessez-le-feu et après que ses forces, aidées par la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais, ont repris plus de 70% du territoire.

Lundi, M. Assad a averti qu’il comptait poursuivre l’assaut. « La bataille pour la libération des provinces d’Alep et d’Idleb se poursuit. »

Ce sont les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) qui dominent plus de la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié. Ces territoires accueillent aussi d’autres groupuscules jihadistes, mais aussi des factions rebelles.

Plus de 380 civils ont péri depuis mi-décembre dans les violences, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Les forces gouvernementales concentrent actuellement leurs opérations dans l’ouest de la province d’Alep, a indiqué l’OSDH en faisant état de raids aériens russes mardi dans l’ouest d’Alep et dans secteurs d’Idleb.

Les prorégime tentent de progresser « en direction de la montagne Cheikh Barakat », qui domine de vastes régions dans l’ouest d’Alep et le nord d’Idleb, près de la frontière turque, d’après le directeur de l’Observatoire, Rami Abdel Rahmane.

– Craintes pour les déplacés –

Si le régime reprend Cheikh Barakat, ces régions « pourraient se retrouver à portée de l’artillerie du régime », selon M. Abdel Rahmane. Or c’est là que se trouvent « des camps de déplacés qui accueillent des dizaines de milliers de personnes ».

Dimanche les forces du régime ont conquis toutes les localités aux abords de la métropole d’Alep, sécurisant la ville du pays en éloignant jihadistes et rebelles qui tiraient des roquettes et obus meurtriers.

« Nous sommes pleinement conscients que cette libération ne signifie pas la fin de la guerre », a martelé lundi M. Assad. « Mais cette libération signifie certainement qu’on leur a fait mordre la poussière en prélude à la défaite totale, tôt ou tard ».

Pour des experts, jihadistes et rebelles pourraient préserver une partie de la province d’Idleb.

La guerre en Syrie a été déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie pacifiques, mais elle s’est ensuite complexifiée avec l’intervention d’acteurs régionaux et internationaux, outre les groupes jihadistes.

Un couple de danseuses rafraîchit l’étiquette du bal viennois

Le Bal de l’Opera, ce sera robe longue pour Iris et frac noir pour Sophie, premier couple de même sexe choisi pour ouvrir le prestigieux rendez-vous viennois, où le plaisir de valser l’emporte sur « ce qu’il y a dans le pantalon ».

Jeudi soir, devant quelque 5.000 spectateurs aux balcons de l’institution lyrique, et plus de deux millions devant leur télévision, ce qui avait commencé comme un pari deviendra réalité: les deux amies seront alignées parmi les couples triés sur le volet pour l’événement dansant de l’année.

« C’est le bal des bals (…) et nous nous sommes dit +imaginons qu’on envoie une candidature+ », raconte Iris Klopfer, arrivée à Vienne avec sa partenaire, Sophie Grau, pour les répétitions précédant le grand soir.

Originaires d’Allemagne, les étudiantes de 22 et 21 ans sont complices depuis leurs années lycée mais ne sont en couple que sur les parquets de danse et pas dans la vie.

Amatrice de bals, Iris a entraîné son amie dans la sélection drastique à laquelle sont soumis les aspirants débutants et débutantes, ces passionnés de valses, de polonaises, de quadrilles qui ouvrent, dans une chorégraphie parfaitement réglée, les nombreux bals qui se tiennent à Vienne chaque hiver.

« Ce que nous voulions au départ, c’est juste danser ici, rien de plus », explique Sophie Grau, cheveux courts et lunettes à monture sombre. Mais les deux élues souhaitent dire aussi « que ce que tu as dans le pantalon importe peu, pas plus que le corps dans lequel tu es né ».

– Guideur et guidé –

Les organisateurs du bal assurent n’avoir accordé aucun passe-droit aux jeunes femmes, ni modifié les critères de sélection qui incluent une parfaite maîtrise de la valse à gauche, dite « valse viennoise », avec son redoutable croisé de jambe.

Au grand soulagement de Maria Grossbauer, ordonnatrice de la soirée, Iris et Sophie « ont elles-mêmes souhaité qu’une des dames porte un frac noir et que l’autre dame porte une robe blanche », code vestimentaire indispensable à l’harmonie visuelle de la chorégraphie exécutée par les 144 couples.

Pour le reste, Mme Grossbauer dit « se réjouir » d’une brise de modernité, somme toute évidente à ses yeux : « Nous sommes en 2020. Elles sont les bienvenues, comme tous les couples le sont ».

Une évolution « totalement normale » aussi pour le directeur de l’Opéra Dominique Meyer, qui voit dans le couple de danseuses « un message clair contre l’homophobie ».

Radieuses lors de la répétition à laquelle l’AFP a assisté, parfaitement à l’aise parmi les autres débutants et débutantes venus de 11 pays, le duo questionne aussi les rapports traditionnellement établis entre partenaires dans les danses de salon.

« Je sais guider, elle sait guider », observe Iris Klopfer.

« Tout le monde peut apprendre à guider et toute le monde peut apprendre à se laisser guider », observe Sophie Grauer. « L’important, c’est le plaisir qu’on éprouve à danser ensemble ».

« Reine de la nuit », c’est le thème choisi pour le Bal de l’Opéra 2020. Inspiré de « La flûte enchantée » de Mozart, il va comme un gant aux deux têtes d’affiche de l’édition. Plus de 450 bals se tiennent à Vienne chaque hiver, déclinaison locale des festivités de carnaval, dont la tradition remonte au 19ème siècle.

Coronavirus: à travers la planète, les quartiers chinois touchés par la panique

De San Francisco à Melbourne, les quartiers chinois des grandes mégapoles sont étrangement paisibles, désertés par des visiteurs qui ont cédé à la panique depuis l’apparition du nouveau coronavirus en Chine.

« L’alarmisme est omniprésent », se lamente Max Huang, propriétaire du restaurant Juicy Bao, dans le quartier chinois historique de Melbourne.

Son établissement fait partie des dizaines de restaurants que compte le plus vieux « Chinatown » d’Australie qui a vu le jour lors de la ruée vers l’or dans les années 1850.

Même si l’épicentre de l’épidémie du Covid-19 se situe à plus de dix heures d’avion et que l’Australie ne connaît qu’une poignée de cas, la communauté chinoise est stigmatisée, comme un peu partout dans le monde, depuis l’apparition en Chine de ce virus qui a fait près de 1.900 morts.

A Melbourne, les rues sont donc étonnamment paisibles et même la danse du dragon du Nouvel An lunaire n’a pas réussi à attirer les foules.

Les commerçants affirment que leurs revenus ont chuté de plus de la moitié, les obligeant à réduire considérablement les heures de travail de leur personnel… une situation que l’on retrouve à travers tous les quartiers chinois de la planète.

Dans le quartier de Richmond à Vancouver, il est désormais aisé d’obtenir une table au restaurant de l’Empire des fruits de mer.

– Aucun touriste chinois –

« Normalement, nous aurions de longues files d’attente d’environ cinq à dix tables mais aujourd’hui, il n’y a aucune queue », fait remarquer le directeur général adjoint Ivan Yeung.

« Certaines personnes ont déjà annulé leurs fêtes ou repas de groupes. Beaucoup de restaurants connaissent la même situation », se désole-t-il, tout en souhaitant un rapide retour à la normale.

Dans plusieurs pays, l’interdiction d’entrée pour les personnes en provenance de la Chine a durement frappé certains quartiers.

« D’habitude, à cette heure-ci, nous avons des touristes chinois mais là, nous n’en avons aucun », remarque Tony Siu, directeur du populaire restaurant cantonnais R&G Lounge à San Francisco.

En Australie, cette interdiction du territoire a été aggravée par le fait que près de 100.000 étudiants chinois n’ont pas pu rentrer à temps pour commencer leur année universitaire.

« Nos principaux clients viennent de Chine… (c’est pourquoi) c’est très difficile », explique Su Yin, dont le stand de crêpes se situe au pied d’une université de Melbourne qui compte de nombreux étudiants chinois.

Dans l’espoir de rassurer de potentiels clients, certains commerçants ont apposé des affiches stipulant que leurs locaux locaux sont régulièrement désinfectés à titre préventif.

– « Peur des Chinois » –

Certains sont même allés jusqu’à fournir de la solution hydroalcoolique pour les clients et à demander à leur personnel de porter des masques et des gants en caoutchouc.

Mais ces mesures ne remportent pas un grand succès face à la xénophobie qui contribue à aggraver la situation.

Rebecca Lyu, une Chinoise étudiant à Londres, explique avoir eu le plus grand mal à convaincre ses amis de venir dîner ou faire du shopping en sa compagnie.

« Certains de mes amis ont refusé aller manger dans des restaurants de Chinatown parce qu’ils ont peur du virus », déplore-t-elle.

A San Francisco, le magasin de souvenirs de Fred Lo est habituellement très fréquenté par les touristes européens et sud américains mais « depuis deux semaines, il y a beaucoup moins de monde, au moins 50% de moins, même si personne n’est malade ou n’a été en Chine », constate-t-il.

M. Lo estime que les temps sont encore plus durs qu’à ses débuts en 1975.

« Ce n’est pas juste qu’autant de personnes aient peur des Chinois », souligne-t-il.

Ce commerçant, également président de la Chambre de commerce chinoise de Melbourne, regrette que le message qu’il martèle « nous allons bien, n’ayez pas peur » ne soit pas entendu.

A Londres, David Tang a bien remarqué que les personnes l’évitent depuis quelques semaines mais il essaie d’en prendre son parti.

« Je prends le train tous les matins. Un jour, la semaine dernière, tout le monde était debout et il y avait un siège vide à côté de moi » raconte-t-il, alors « j’en ai ri ».