novembre 2020 - Page 29 sur 41 - Journal du niger

Rabat et Paris comptent poursuivre leur coordination sur le Mali et le Sahel

Le Maroc et la France comptent poursuivre leur coordination sur le Mali et le Sahel, ont affirmé, lundi à Rabat, les ministres des affaires étrangères des deux pays.Paris et Rabat partagent les mêmes préoccupations à ce sujet et comptent poursuivre leur coordination sur le Mali et le Sahel, a fait savoir le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Yves le Drian, lors d’un point de presse conjoint avec son homologue marocain, Nasser Bourita.

Le Drian a mis l’accent sur l’importance que la transition se poursuive dans le respect des engagements qui ont été pris.

Sur le même registre, M. Bourita a affirmé que le Maroc et la France se concertent notamment à la situation au Mali et à la menace terroriste dans cette région. « Nous avons constaté une bonne concertation au niveau bilatéral », a-t-il dit.

Evoquant le dossier libyen, le chef de la diplomatie française a saluéles efforts « importants » déployés par le Maroc pour la recherche d’une solution à la crise libyenne.

Les efforts importants du Maroc s’inscrivent dans le cadre de la relance du processus politique sous l’égide des Nations unies auquel le Royaume y apporte une « contribution significative », a-t-il relevé.

Il a, à cet égard, salué l’accueil par le Royaume des pourparlers inter-libyens à Bouznika, soulignant l’importance que le Maroc soit pleinement une partie prenante de toutes les initiatives internationales concernant la Libye.

Le ministre français a relevé qu’il y a des signaux encourageants dans ce dossier, citant, entre autres, le maintien du cessez-le-feu et l’organisation du forum politique interlibyen à Tunis.

Il a également indiqué que la France entend travailler avec le Maroc pour le renforcement de cette dynamique positive, insistant en outre sur la nécessité de mettre un terme aux ingérences étrangères dans ce pays. 

Pour sa part, M. Bourita a souligné que le Maroc et la France portent un intérêt particulier à la stabilité de la Libye, rappelant que le Royaume a abrité les pourparlers inter-libyens qui ont permis des avancées.

Il a aussi souligné la nécessité d’exploiter au mieux l’évolution positive que connaît ce dossier notamment avec le cessez-le-feu et le processus politique

Sur un autre volet, le chef de la diplomatie française a affirmé que son pays compte sur le Maroc dans son combat contre le terrorisme et l’extrémisme.

« La France a tout le profond respect pour l’Islam », a-t-il par ailleurs souligné, notant que le Royaume est porteur d’un Islam de juste-milieu prôné par SM le Roi, Commandeur des croyants.

La FMN et l’AFD se joignent pour un programme panafricain de formation aux métiers des musées et du patrimoine en Afrique

La Fondation marocaine des musées (FNM) et l’Agence française de développement (AFD) ont signé, lundi à Rabat, une convention de subvention d’une enveloppe de 300.000 euros, destinée à financer un programme panafricain de formation aux métiers des musées et du patrimoine en Afrique.Signée par le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Yves le Drian, le président de la FNM, Mehdi Qotbi et le directeur de l’AFD au Maroc, Mihoub Mezouaghi, cette convention permettra à la FNM de consolider sa position en tant que carrefour du savoir-faire africain en matière de conservation et de préservation du patrimoine et d’ingénierie culturelle.

Elle vise à mettre en œuvre un programme de renforcement des capacités et d’échange d’expériences dans le cadre d’une coopération panafricaine, en mobilisant un ensemble d’experts issus des pays de l’Afrique de l’ouest francophone et de la France, dans le but d’échanger les bonnes pratiques et de structurer un réseau d’experts africains sur les métiers des musées et du patrimoine.

Dans le cadre de ce partenariat, le rôle de la FNM sera d’animer et de coordonner ce réseau d’experts sur le continent africain, a fait savoir M. Mezouaghi, affirmant que « le Maroc, compte tenu de sa position et de son expérience, est aujourd’hui doté d’une capacité d’ingénierie muséale extrêmement reconnue au niveau international ».

Ouattara invite Bédié à un «dialogue franc» dans «les prochains jours »

Le président ivoirien Alassane Ouattara dont la victoire à l’élection présidentielle du 31 octobre dernier, a été entérinée par le Conseil constitutionnel ivoirien, a invité lundi soir Henri Konan Bédié, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et doyen d’âge de l’opposition ivoirienne, à une rencontre «dans les prochains jours pour un dialogue franc et sincère».M. Ouattara s’exprimait dans une adresse solennelle à la nation, la toute première après sa réélection pour un nouveau mandat.

« Je voudrais rappeler que j’avais marqué ma disponibilité pour une rencontre avec le président Henri Konan Bédié à l’initiative de la mission ministérielle de la CEDEAO. Je voudrais donc inviter mon aîné, le président Henri Konan Bédié, président du PDCI à une rencontre dans les tous prochains jours pour un dialogue franc et sincère en vue de rétablir la confiance», a dit M. Ouattara.

Poursuivant, le chef de l’exécutif a insisté sur sa disponibilité « pour un dialogue sincère et constructif avec l’opposition dans le respect de l’ordre constitutionnel ».

 Par ailleurs, il a appelé les promoteurs du Conseil national de Transition (CNT), un organe de transition mis en place par l’opposition, « à mettre un terme définitif à ces initiatives ». « Je vous invite au pardon mutuel et à la tolérance pour continuer de vivre ensemble dans la paix», a exhorté M. Ouattara assurant que « je continuerai d’être le président de tous les ivoiriens ».

Auparavant, il a soutenu que les auteurs et les complices des récentes violences sociopolitiques qui ont fait plusieurs dégâts matériels et humains dans le pays  « seront recherchés, interpellés et traduits devant les tribunaux» afin qu’ils répondent de leurs actes.

« Le temps de la compétition électorale est passée. Place maintenant au temps de l’action. Et l’action pour moi c’est le projet de la Côte d’Ivoire solidaire pour lequel j’ai été élu. Je demande à tous nos concitoyens dans un élan d’apaisement des esprits et des cœurs, d’œuvrer pour maintenir et renforcer la paix et le vivre-ensemble sur toute l’étendue du territoire national», a exhorté M. Ouattara. 

Le Conseil constitutionnel ivoirien a déclaré « régulier » lundi, l’élection présidentielle du 31 octobre dernier et a confirmé la réélection du président sortant Alassane Ouattara au premier tour de  ce scrutin avec 94,27% des voix et un taux de participation de 53,90%.

L’opposition ivoirienne qui a rejeté cette élection de M. Ouattara, a annoncé la création d’un Conseil national de transition ( CNT), un organe dit de transition présidé par l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié qui devrait mettre en place un gouvernement de transition.

En retour, le gouvernement ivoirien qui a considéré que cette initiative de l’opposition,  est un  acte de sédition et une atteinte à l’autorité de l’État, a saisi le procureur de la République. Ce dernier a initié des poursuites judiciaires contre les promoteurs du CNT les soupçonnant de complot contre l’autorité de l’État. Ainsi, plusieurs leaders  de l’opposition dont Pascal Affi N’Guessan et Maurice Kakou Guikahué,  ont déjà été arrêtés et traduits devant la justice.

Le Roi Mohammed VI donne ses orientations pour le lancement dans les prochaines semaines d’une opération massive de vaccination contre la Covid-19

Le Roi Mohammed VI a présidé, lundi à Rabat, une séance de travail consacrée à la stratégie de vaccination contre la Covid-19, indique un communiqué du cabinet royal.Cette réunion s’inscrit dans le cadre du suivi continu par le Souverain de l’évolution de la pandémie et des mesures prises dans le cadre de la lutte contre sa propagation et de la protection de la vie et de la santé des citoyens, ajoute la même source.

Au cours de cette réunion, et sur la base de l’avis rendu par le Comité national scientifique ad hoc soulignant que la campagne vaccinale est une réponse réelle pour mettre fin à la phase aiguë de la pandémie, et fidèle à l’approche royale proactive adoptée depuis l’apparition de ce virus, le Roi a donné ses Hautes orientations en vue du lancement, dans les prochaines semaines, d’une opération massive de vaccination contre la Covid-19, annonce le cabinet royal.

Cette opération nationale, d’envergure inédite, vise la couverture de la population par un vaccin en tant que moyen idoine d’immunisation contre le virus et de maitrise de sa propagation. Selon les résultats des études cliniques déjà achevées ou toujours en cours, la sécurité, l’efficacité et immunogénicité du vaccin ont été prouvées.

Ainsi, cette opération devra couvrir les citoyens âgés de plus de 18 ans, selon un schéma vaccinal en deux injections. La priorité sera notamment donnée aux personnels de première ligne, en l’occurrence, le personnel de Santé, les autorités publiques, les forces de sécurité et le personnel de l’éducation nationale, ainsi qu’aux personnes âgées et aux personnes vulnérables au virus, et ce, avant de l’élargir au reste de la population, précise-t-on.

Le Royaume a pu occuper un rang avancé dans l’approvisionnement en vaccin contre la Covid-19, grâce à l’initiative et à l’implication personnelle du Souverain qui ont abouti à la participation réussie de notre pays, dans ce cadre, aux essais cliniques.

Le Roi Mohammed VI, poursuit la même source, a ainsi donné ses directives aux autorités compétentes pour veiller à la bonne préparation et au bon déroulement de cette opération nationale d’envergure, tant sur les plans sanitaire, logistique que technique.

L’accent a été mis notamment sur l’accessibilité du vaccin, dans un cadre social et solidaire, et sa disponibilité en quantités suffisantes, ainsi que sur la logistique médicale de transport, d’entreposage et d’administration du vaccin sur l’ensemble du territoire et la mise en place d’un système efficace de pré-enregistrement des bénéficiaires.

A cet effet, le Souverain a appelé à la mobilisation de tous les services et départements concernés, en particulier le personnel de la santé, l’administration territoriale et les forces de l’ordre, ainsi que l’appui nécessaire des Forces Armées Royales (FAR).

La France préoccupée par le blocage en cours à Guargarat

La France s’est dite préoccupée par le blocage en cours à Guergarat au Sahara, a affirmé, lundi à Rabat, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian.La France suit avec attention les événements de Guergarat, a indiqué le chef de la diplomatie française lors d’un point de presse conjoint avec son homologue marocain, Nasser Bourita, à l’issue de leurs entretiens, soulignant qu’« il faut sortir de cette situation ».

Il a dans le même sens tenu à saluer la responsabilité dont fait preuve le Maroc.

Le chef de la diplomatie française a par ailleurs réitéré la position « constante » de la France soutenant la recherche d’une solution « juste, durable et mutuellement agréée » sous l’égide de l’ONU à la question du Sahara.

« J’ai rappelé à M. Bourita la position constante de la France soutenant la recherche d’une solution juste, durable et mutuellement agréée sous l’égide des Nations unies, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, considérant le plan d’autonomie marocain comme une base sérieuse et crédible pour une solution négociée », a-t-il dit.

Pour sa part, M. Bourita a indiqué que l’entretien avec son homologue français a été une occasion de lui donner un aperçu sur l’évolution de la question du Sahara notamment après l’adoption de la nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

Côte d’Ivoire: Amon-Tanoh, opposé au Conseil national de transition, appelle au dialogue

L’ex-chef de la diplomatie ivoirienne Marcel Amon-Tanoh, déplore la création par l’opposition du Conseil national de transition, un organe né de la crise liée à la présidentielle et visant à se substituer aux institutions, appelant au dialogue entre les parties. »Je déplore la création du Conseil national de transition qui n’a aucun fondement légal et qui ravive les tensions et les risques d’affrontements », déclare M. Amon-Tanoh, qui souhaite néanmoins qu’en signe d’apaisement, les personnes incarcérées soient libérées par le pouvoir d’Abidjan.  

Il a exhorté les parties en faction à préserver l’intérêt supérieur de la nation, tout en sachant entendre raison aux fins que ce qui a été construit en 60 ans d’indépendance, ne soit pas détruit, les invitant à recourir au dialogue.

« Asseyons-nous et parlons-nous en frères et soeurs, avec amour car un début de vraie réconciliation vaut mieux qu’un affrontement sanglant (pour) éviter de verser plus de sang sur la terre de nos ancêtres », a-t-il lancé.  

Selon lui, « l’heure est grave », chacun devrait éprouver un « ultime sursaut pour sauver » la Côte d’Ivoire, le bien commun des Ivoiriens. 

Pour sa part, il affirme s’engager à prendre des initiatives pour apporter sa « modeste contribution à un processus de dialogue et de réconciliation inclusif, sans préalable ni conditions, en vue d’aboutir à un compromis au seul bénéfice des Ivoiriens et de la paix ».

Il estime que l’avenir du pays est aux mains de Dieu, mais aussi des Ivoiriens qui ont une responsabilité dans l’édification de la paix. En outre, une implication des acteurs politiques permettrait de ramener un climat de confiance. 

L’opposition qui dénonce le processus électoral, a refusé de prendre part à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, soutenant que les conditions n’étaient pas réunies pour un scrutin crédible. Une crise pre-électorale qui s’est muée en une crise post-électorale.

L’on enregistre plusieurs morts survenus à l’issue de cette « élection non consensuelle » qui laisse les Ivoiriens dans l’incertitude, l’angoise et la crainte », a fait observer l’ancien chef de la diplomatie d’Alassane Ouattara.

M. Amon-Tanoh, un ex-collaborateur de M. Ouattara, a démissionné de son poste de ministre des Affaires étrangères pour se présenter à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Son dossier a été rejeté. Seulement quatre candidats ont été retenus sur 44 dossiers de candidature. 

Le Conseil constitutionnel a confirmé lundi la réélection du président sortant Alassane Ouattara avec 94,27% des suffrages et un taux de participation de 53,90%. L’opposition clame ne pas reconnaître cette élection. 

Vers une redynamisation des relations américano-africaines ?

Le 20 janvier prochain, une nouvelle page s’ouvre pour les Etats-Unis qui viennent d’élire comme président Joe Biden. Et peut-être bien pour l’Afrique, car Donald Trump n’a jamais érigé au rang de priorité les relations avec ce continent en quatre ans d’exercice du pouvoir.Les liens entre l’Afrique et les Etats-Unis devraient connaître un nouveau souffle grâce à l’arrivée de Joe Biden à la tête de la première puissance mondiale. Le prochain locataire de la Maison Blanche a, en effet, promis d’établir un « respect mutuel » avec le continent noir.

A défaut d’occuper une place de choix dans la politique étrangère américaine, l’Afrique va tout de même faire l’objet d’un peu plus d’attention. Du moins, c’est ce que laissent croire les nouvelles autorités.

L’administration Biden compte rompre avec l’indifférence affichée par Donald Trump à l’endroit de l’Afrique. C’est un nouveau départ qui va notamment se matérialiser par l’organisation, par Washington, d’un sommet avec les chefs d’Etats africains.

Les restrictions de voyages imposées aux citoyens nigérians, soudanais et somaliens à travers le « travel ban » de Trump vont également être supprimées. De même que toutes les autres lois de la politique migratoire mise en place par le 45e président des Etats-Unis.

L’ancien vice-président de Barack Obama (2008-2016) s’est également engagé à maintenir le programme Yali. Son objectif est de soutenir les jeunes leaders africains dans leurs efforts pour stimuler la croissance et la prospérité, renforcer la gouvernance démocratique et améliorer la paix et la sécurité sur le continent.

En outre, il est attendu de l’ancien Sénateur l’application sans entraves de la Loi sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique (Agoa), votée et promulguée en mai 2000 par le Congrès américain, sous le magistère du président Bill Clinton.

Pour l’ancienne Première ministre du Sénégal, Aminata Touré, la victoire de Joe Biden va marquer « un renouveau (dans les) relations entre les États-Unis et l’Afrique ». Mais en attendant la concrétisation de tous ces engagements, le continent africain peut déjà se réjouir du retour annoncé des Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat.

Dès sa prise de fonction, Joe Biden entend « remettre les Etats-Unis à la pointe de la lutte contre les changements climatiques ». Pour l’Afrique, c’est une excellente nouvelle. Malgré un faible taux d’émission de gaz à effet de serre, ce continent subit – plus que n’importe quelle autre partie du monde – les conséquences néfastes du dérèglement climatique. Loin derrière les Etats-Unis qui émettent 15 % des gaz à effet de serre, et la Chine qui est le premier pollueur de la planète.

A en croire la responsable des politiques internationales sur le climat et du plaidoyer climat-énergie de l’ONG Enda Energie, Aïssatou Diouf, la nouvelle approche du 46e président des Etats-Unis peut permettre « d’insuffler une nouvelle phase de négociations ».

Dans le même ordre d’idée, a-t-elle indiqué, l’implication accrue des USA en faveur du climat devrait s’accompagner du déblocage d’une enveloppe de plus de 3 milliards de dollars que l’administration Obama avait allouée au Fonds vert climat mais que l’équipe de Trump avait gelée.   

« Cet argent contribue à appuyer la résilience des pays les plus affectés par le changement climatique, notamment ceux de l’Afrique afin qu’ils puissent mettre en place des politiques communautaires », a expliqué cette experte.

En définitive, Aïssatou Diouf a soutenu que « la victoire de Biden ramène une lueur d’espoir pour tout le monde, et plus particulièrement, pour les peuples du sud, déjà très affectés par le réchauffement climatique ».

Pour mener à bien son projet pour l’Afrique, Joe Biden s’est entouré de plusieurs fins connaisseurs de ce continent qui ont servi dans les administrations Clinton et Obama. Dans cette nouvelle ère, Washington pourrait davantage se faire entendre sur les questions de sécurité, de bonne gouvernance et de droits de l’Homme.

Trump et l’Afrique, un désintérêt assumé

Sous Donald Trump, l’Afrique est presque redevenue un angle mort de la politique étrangère des Etats-Unis d’Amérique sauf dans le domaine militaire.Entre le 45e président des USA et l’Afrique, ce n’était pas le grand amour. Alors là, pas du tout ! Durant son premier mandat, Donald Trump n’a pas foulé le sol africain. Une première ? Non, puisque deux de ses trois prédécesseurs avaient adopté la même stratégie.

Elu en 1993 puis reconduit en 1996, Bill Clinton a effectué une tournée africaine en 1998. Celui qui était convaincu, qu’avant lui, « aucun président américain n’a fait de voyage sérieux en Afrique », s’était rendu au Ghana, en Ouganda, au Rwanda, en Afrique du Sud, au Botswana et au Sénégal.

Idem pour Barack Obama qui a attendu son dernier mandat pour venir en Afrique. En 2013, le 44e président américain, dont le père est originaire du Kenya, est allé au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tanzanie.

Seul George W. Bush a traversé deux fois l’océan Atlantique en 2003 et 2008 pour rejoindre l’Afrique. Au total, le Républicain a visité dix pays. Il s’agit du Sénégal, de l’Afrique du Sud, du Botswana, de l’Ouganda, du Nigeria, du Bénin, du Liberia, du Ghana, de la Tanzanie et du Rwanda.

S’il n’y a pas eu de contact direct entre Trump et l’Afrique, c’est parce que le président sortant « n’a jamais fait mystère de son total manque d’intérêt pour le continent noir » analyse, dans une Tribune publiée par Jeune Afrique, Aminata Touré, ancienne Première ministre du Sénégal.

Par mépris ou par ignorance, l’ex-locataire de la Maison Blanche a même déformé le nom d’un pays africain. Car la Namibie est devenue « Nambia ». Plus grave, en janvier 2018, il aurait traité les Etats africains de « pays de merde » au cours d’une réunion sur l’immigration tenue dans le bureau ovale.

Cette injure, selon l’ancienne Présidente du Conseil Économique, Social et Environnemental du Sénégal (CESE), « a au moins eu le mérite d’être clair et de ne point entretenir d’enthousiasme débordant quant aux perspectives de coopération entre les États-Unis d’Amérique et l’Afrique durant la présidence de Trump. Et il en fut bien ainsi ».

En fait, Donald Trump a appliqué à outrance le concept de l’America First (l’Amérique d’abord) du président Woodrow Wilson en fixant cinq grands principes dans sa politique étrangère : nationalisme, unilatéralisme, militarisme, protectionnisme et développement des relations bilatérales sur la base d’affinités idéologiques, d’après l’historienne Maya Kandel.

Concrètement, le magnat de l’immobilier a inversé la hiérarchie des priorités des Etats-Unis en Afrique établie par Obama. En effet, l’administration Trump a mis l’accent sur la sécurité avec en toile de fond la lutte contre le terrorisme.  

C’est pourquoi, les militaires américains ont multiplié les frappes en Somalie. Dans ce pays de la Corne de l’Afrique, les groupes affiliés à l’organisation Etat islamique (EI), comme les Shebab, étaient constamment ciblés.

Dans le Sahel, les Etats-Unis sont aux côtés de la France dans le cadre de l’opération Barkhane. Le pays de l’oncle Sam apporte à son allié historique son soutien dans la logistique, le ravitaillement et la surveillance avec notamment des drones capables d’intercepter des communications.

Considérant le Niger comme un « lieu stratégique au carrefour de trois fronts terroristes dont les bases sont en Libye, au Mali et au Nigeria », le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom) y compte 730 hommes. Dans sa guerre contre le terrorisme international, l’Amérique avait déjà implanté, à Djibouti, une base militaire où sont déployés des milliers de soldats.

« Daech, Al-Qaïda et leurs affiliés opèrent et recrutent tous sur le continent africain, et y organisent des attentats contre des citoyens et des cibles américains. Toute bonne stratégie américaine vis-à-vis de l’Afrique doit s’attaquer à cette grave menace de manière globale », a martelé John R. Bolton, l’ex-conseiller de Trump à la Sécurité nationale. C’était lors de la présentation de la nouvelle stratégie pour l’Afrique.

Sur le plan économique, les Etats-Unis voulaient tirer profit des opportunités commerciales du continent africain. Mais le président américain, obnubilé par sa promesse de campagne – redonner sa grandeur à l’Amérique – a misé sur le protectionnisme en révisant l’Agoa (Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique).

En représailles à la décision du Kenya, du Rwanda, de l’Ouganda et de la Tanzanie portant sur l’augmentation des taxes appliquées aux fripes américaines afin de protéger leurs marchés intérieurs du textile, Donald Trump a exercé une pression sur ces pays. Le Rwanda a payé au prix fort son inflexibilité puisque les USA ont suspendu, le 30 août 2018, « l’application de l’exonération des droits de douane pour tous les vêtements en provenance » du pays de Paul Kagamé.

Et M. Bolton a justifié cette démarche en ces termes : « Dans le cadre de leurs relations économiques, les États-Unis ne demandent que la réciprocité. Jamais la soumission ». Mais une telle requête est un couteau à double tranchant pour les économies africaines qui risquent d’être submergées par les produits américains. Ce qui, forcément, va pousser de nombreuses entreprises locales à mettre la clef sous la porte.

Pour l’exclusion de la Mauritanie de l’Agoa, Washington a invoqué une autre raison : « La persistance de pratiques esclavagistes ». En 2019, les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’Afrique étaient évalués à 56,8 milliards de dollars. C’est une baisse de 8,7 % par rapport à l’année précédente.  Dans le but de contester la montée en puissance en Afrique de la Chine, et dans une moindre mesure de la Russie, Mike Pompeo, le Secrétaire d’État américain, a séjourné cette année au Sénégal, en Angola puis en Éthiopie.

Sans faire de la promotion de la bonne gouvernance, son cheval de bataille sur le continent, l’Amérique sous Trump veillait néanmoins « à ce que les dollars des contribuables américains au titre de l’aide soient utilisés de manière efficiente et efficace ». Ainsi, seuls quelques pays clés ont pu bénéficier de l’aide de l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID).

Afrique : Joe Biden sur les traces de Barack Obama

Dr Mamadou Bodian, chercheur sénégalais et chargé de projet au Centre de recherche ouest-africain (Warc) de Dakar, explique dans cet entretien avec APA que le nouveau président des États-Unis va s’inspirer de son prédécesseur démocrate pour mener sa politique étrangère en Afrique.Avec la victoire de Joe Biden sur Donald Trump, peut-on s’attendre à une nouvelle politique étrangère des États-Unis vis-à-vis de l’Afrique ?

Oui ! Je crois que Joe Biden va, dans une certaine mesure, s’inscrire dans la continuation de ce que ses prédécesseurs ont fait. A l’exception bien évidemment de Trump qui n’avait pas de programme spécial pour l’Afrique, encore moins une politique orientée vers ce continent.

Comme vous le savez très bien, la priorité de Trump quand il est arrivé au pouvoir était de recentrer les choses autour de l’Amérique. « America first »  (l’Amérique d’abord) comme il le dit ! Avec comme objectif de rendre ce qu’il appelle la grandeur de l’Amérique. Du coup, si vous regardez son orientation politique, surtout du point de vue de la diplomatie, il s’est plus ou moins retiré de toutes les grandes organisations internationales.

Il s’est retiré de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) sur les questions d’éducation. Et même aujourd’hui la contribution des Etats-Unis par rapport à l’Otan (Organisation du traité Atlantique-nord) a considérablement diminué. Il s’est retiré de l’Accord de Paris (sur le climat) qui a été signé en 2015. Sur l’Afrique, du point de vue de la sécurité, il a retiré les troupes américaines qui étaient impliquées dans la recherche de la paix et la sécurité au Sahel. Et par rapport à d’autres programmes qui étaient précédemment mis en place, nous avons vu que Trump ne leur a pas accordés beaucoup d’importance. Il y a eu beaucoup de programmes qui ont été coupés parce que, pour lui, ils ne valaient absolument rien du tout.

Nous pensons que l’arrivée de Biden au pouvoir va remettre en selle la diplomatie américaine, mais aussi dans ses relations avec l’Afrique. Il y a des programmes qui étaient là et qui ont toujours continué, indépendamment du régime en place. L’Agoa (Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique) par exemple qui est un accord commercial entre les Etats-Unis et l’Afrique. Malgré les restrictions de Trump, l’Agoa a toujours existé.

Même si beaucoup de pays africains n’ont pas pris avantage de cette politique qui leur permet d’exporter leurs produits aux Etats-Unis. Je pense qu’il y a 6500 produits, si je ne m’abuse, qui peuvent entrer dans le marché américain. Mais ce sont des choses qu’il faudrait redynamiser et les pays africains doivent prendre avantage de cette opportunité.

L’autre élément, c’est surtout les instruments de la coopération entre les Etats-Unis et le reste du monde. L’USAID, qui est le bras de la coopération américaine, a toujours continué à fonctionner même si certains programmes phares pour l’Afrique ne l’ont pas été de manière optimale. Mais l’USAID a continué de renforcer les capacités de certains Etats africains sur les plans du développement économique, des infrastructures sanitaires mais aussi de l’éducation.

Par contre, ce qu’on peut observer sous Trump est qu’il n’y a pas de programme dédié à la lutte contre le Sida contrairement à Bush (son camarade et prédécesseur républicain). Ce dernier avait un programme pour l’accompagnement des pays africains à lutter contre cette maladie. Nous avons vu aussi que son successeur Obama (2009-2017) avait mis en place le programme de leadership YALI. L’objectif était de renforcer les capacités des jeunes africains. Il en a aidé beaucoup à acquérir un certain nombre de compétences (leadership économique, management, …). Jusqu’en 2016, ce programme a fonctionné à merveille. Mais l’arrivée de Trump a ralenti toutes ces initiatives.

Biden va, à mon avis, s’inscrire dans la continuité d’Obama. Puisqu’il est aussi l’hériter, en partie, de tout ce que celui-ci a fait. Il faut aussi se rappeler que Biden est un vétéran de la politique américaine. Il a fait 36 ans au Sénat et plus de 40 ans de carrière politique. Il connait les rouages de l’administration.

Il a été le vice-président d’Obama pendant huit ans. Aujourd’hui, en tant que président, il a une bonne maîtrise des dossiers. On peut s’attendre à leur reprise, et surtout s’impliquer davantage sur les questions de démocratie. Parce que c’est une ligne phare de la politique américaine sous le règne des démocrates.

Comment accompagner les processus de démocratisation ? Bill Clinton (1993- 2001) était connu pour ça parce qu’il a replacé la promotion des valeurs démocratiques comme un élément pivot de sa politique étrangère. Obama s’était inscrit aussi dans cette lancée. Quand il est venu sur le continent pour la première fois (après sa réélection), il disait que « l’Afrique a besoin d’institutions fortes mais pas d’hommes forts ».

Avez-vous noté, ces dernières années, un changement de paradigme dans la politique extérieure étasunienne pour l’Afrique malgré la posture de Trump ?

Il y a eu des changements sans continuité. En vérité, ce n’est pas seulement l’Afrique mais beaucoup de pays. Comme je vous l’ai dit, la super-priorité pour Trump est comment redynamiser l’économie américaine en résorbant le déficit commercial entre les Etats-Unis et le reste du monde. Les USA sont suffisamment autosuffisants parce qu’ils ont un marché intérieur énorme. Toute la production est destinée à la consommation du marché intérieur à 80% pratiquement. Ce qui veut dire que tout le monde vend aux Etats-Unis, mais ce qu’ils vendent au reste du monde est très minime.

L’ambition de Trump, à son arrivée au pouvoir, était comment réduire le déficit commercial avec la Chine (qui fait des bénéfices en milliards de dollars sur le marché américain), mais aussi avec l’Europe et les pays voisins. L’autre super-priorité était comment ramener les entreprises américaines délocalisées en Chine et en Mexique pour permettre à l’économie intérieure de fleurir.

(…) Il disait d’ailleurs qu’il n’allait pas s’ingérer dans les affaires étrangères. Il a fait ramener ses troupes un peu partout dans le monde, y compris en Afghanistan. Le dernier deal qu’il a eu avec les Talibans visait le retrait des troupes américaines tout en garantissant les conditions d’une paix durable dans cette partie du monde. Dans la perspective américaine, il faut tout faire pour éviter que les gros extrémistes utilisent les pays fragiles pour comploter contre les Etats-Unis.

Les richesses naturelles de l’Afrique semblent avoir fait voler en éclats le concept de « zones d’influence ». Sur le terrain, les USA se battent-ils avec leurs alliés traditionnels ?

Je crois qu’il y aura un retour des Etats-Unis en Afrique. Obama l’avait déjà fait. Pour lui, la relation entre les USA et l’Afrique doit être fondé sur le partenariat, mais pas sur l’aide. Lors de sa visite au Sénégal, il soulignait que les Etats-Unis avaient compris que l’Afrique est devenue un grand marché mais aussi un enjeu géopolitique.

Parce que la Chine est en train d’avoir une influence réelle surtout en Afrique de l’est où pratiquement toutes les infrastructures et l’exploitation du gaz sont liées à la présence de ce pays. Les Etats-Unis étaient aussi dans cette logique de garder une certaine influence en Afrique, mais surtout de sécuriser leurs intérêts stratégiques notamment dans le golfe de Guinée où ils étaient dans une logique d’exploiter le pétrole. Si vous regardez aussi, la Corne de l’Afrique est à la fois une zone d’enjeu et d’influence.

Il y a beaucoup de pétroliers américains qui sont très souvent interceptés par les pirates. Donc le fait d’être présents dans cette zone, surtout à Djibouti, leur permet aussi de sécuriser ces enjeux stratégiques. A mon avis, cette stratégie de sécurisation des intérêts économiques sera au cœur de l’agenda de Biden. Puisqu’en vérité, au-delà de la dimension sécuritaire qui est très souvent projetée, il y a toujours ces intérêts économiques.

L’exemple du Sahel est aujourd’hui une question d’enjeu pour les grandes puissances occidentales. La France avait notamment une grande influence dans son pré-carré jusqu’à ce que les Etats-Unis viennent accompagner cette dynamique de sécurisation. Mais Trump a retiré ces troupes. Ce qui veut dire qu’il faudrait s’attendre à un retour des Américains sur le plan de la sécurité.

Mais l’élément important est la continuation de tous les programmes de renforcement de capacités. C’est aussi une façon pour les Etats-Unis d’anticiper sur toutes les poches potentielles de violence et de terrorisme en Afrique. Aujourd’hui, ils ont une base militaire à Agadez (nord du Niger) qui est la première de son genre en termes d’expérimentation des drones dans les conflits. Donc, il y a un intérêt géostratégique en Afrique.

Côte d’Ivoire: au moins 30 charges retenues contre Affi, placé sous mandat de dépôt

Au moins 30 charges dont le complot et l’atteinte à l’autorité de l’Etat ont été retenues lundi contre l’opposant ivoirien Pascal Affi Nguessan, placé sous mandat de dépôt après son premier contact avec ses avocats dont Me Dagbo Godé, lors de sa présentation à un juge.M. Affi, recherché pour son rôle dans le Conseil national de transition (CNT), un organe créé par l’opposition et sensé se substituer aux institutions de la République, a été interpellé dans la nuit de vendredi à samedi à Adzopé, à une centaine de Km d’Abidjan.

Les résultats provisoires donnés par la Commission électorale indépendante (CEI), donnent M. Ouattara vainqueur de l’élection avec 94,27% des voix. L’opposition, contestant cette élection du 31 octobre 2020, a créé  le 02 novembre 2020 un Conseil national de transition dirigé par l’ancien président Henri Konan Bédié.

M. Bédié, président de ce Conseil, devrait  mettre en place un gouvernement de transition civile. Les leaders de l’opposition qui ont décidé de se réunir le mardi 3 novembre 2020 pour la mise en place de ce gouvernement, ont été empêchés par des forces de l’ordre.

Un « blocus » a été imposé aux résidences de l’ancien chef d’Etat Henri Konan Bédié et certains leaders de l’opposition, qui ont été interpellés dont Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI) et chef de ce parti fondé par Laurent Gbagbo.  

MM. Bédié et Affi, les candidats de l’opposition avaient refusé de participer au scrutin, estimant que les conditions n’étaient pas réunies pour une élection crédible. Ils ont appelé à une désobéissance civile qui a entraîné des empêchements de vote, des heurts et des morts. 

Le procureur de la République, Richard Adou, a fait observer vendredi, lors d’une conférence de presse, que le Conseil national de transition est constitutif d’attentat, de complot contre l’autorité de l’Etat et de l’intégrité du territoire national.

Il a indiqué avoir saisi le doyen des juges d’instruction pour l’ouverture d’une information judiciaire sur ces actes perpétrés et commandités par les initiateurs de cet organe qui avait pour finalité d’attenter à l’autorité de l’Etat et renverser les institutions en place.

Le juge d’instruction a ouvert l’information judiciaire avec pour charges: actes de terrorisme, attentat et complot contre l’autorité autorité l’Etat, meurtres, vol et vol en réunion avec violences portant sur le matériel électoral et divers autres biens.

Il est reproché en outre à M. Affi, l’incendie et la destruction de véhicules appartenant à autrui, de biens immeubles, le pillage de marchandises et de propriétés immobilières, des coups et blessures volontaires.

Les charges comprennent par ailleurs, l’organisation et la participation à un mouvement insurrectionnel, à une manifestation non déclarée ou interdite, l’apologie de crime de meurtres, l’atteinte aux opérations électorales et à l’exercice du droit de vote.