En cette Journée mondiale, l’alerte est lancée : Alzheimer progresse partout, mais en Afrique, l’urgence est double. Entre tabous, inégalités de soins et espoirs thérapeutiques, le continent cherche sa réponse.
Lomé, 21 septembre 2025 – Ce dimanche marque la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, une date symbolique pour sensibiliser à cette pathologie neurodégénérative qui touche des millions de personnes à travers le globe. En France, cette édition revêt une dimension particulière, car elle célèbre les 40 ans de l’association France Alzheimer, fondée en 1985 pour soutenir patients et familles.
Par ailleurs, à l’échelle internationale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte sur une progression alarmante : plus de 55 millions de personnes vivent avec une démence dans le monde, dont l’Alzheimer représente 60 à 70 % des cas. En Afrique, où la population vieillit rapidement, la maladie progresse de manière inquiétante, avec un accès aux soins souvent limité.
Mais au-delà du constat, qu’est-ce qui cause cette « épidémie silencieuse » ? Quels traitements existent sur le continent africain ? Et surtout, comment la prévenir ? Cet article offre un aperçu de cette maladie qui érode non seulement la mémoire, mais aussi le tissu social.
Le « voleur de souvenirs » : comprendre la maladie d’Alzheimer
L’Alzheimer est la forme la plus répandue de démence, une affection qui altère progressivement les fonctions cognitives essentielles. Elle affecte principalement :
- La mémoire, en rendant les souvenirs récents flous ou absents.
- La pensée, provoquant des difficultés à raisonner ou à planifier.
- La compréhension, qui devient confuse face aux situations quotidiennes.
- La capacité d’apprentissage, entravant l’acquisition de nouvelles compétences.
- Le langage, générant des trous de mots ou des phrases inachevées.
- Le jugement, pouvant mener à des décisions imprudentes.
Par conséquent, ces symptômes, qui s’installent insidieusement après 65 ans en moyenne, transforment la vie des patients et de leurs proches. En France, 1,2 million de personnes sont touchées, un chiffre qui grimpe à des dizaines de millions en Afrique subsaharienne, où le diagnostic reste sous-estimé en raison du manque de ressources. En effet, l’accès aux soins est crucial : un diagnostic précoce et un accompagnement adapté peuvent ralentir la progression et préserver la qualité de vie, soulignant l’urgence d’investissements publics et privés.
Un cocktail de facteurs de risque : de la génétique au mode de vie
Les origines de la maladie d’Alzheimer restent mystérieuses, mais les scientifiques s’accordent sur un tableau multifactoriel. À l’origine, on observe une dégénérescence lente des neurones dans le cerveau, particulièrement dans les zones liées à la mémoire comme l’hippocampe. De surcroît, l’âge est le principal facteur de risque : le risque double tous les cinq ans après 65 ans.
D’autres éléments entrent en jeu :
- Facteurs génétiques : Dans 99 % des cas, la maladie n’est pas héréditaire. Cependant, 1 % des formes précoces le sont, en raison d’un gène défectueux transmis par les parents. De plus, chez 5 à 15 % des patients, des facteurs familiaux jouent un rôle.
- Facteurs environnementaux et liés au mode de vie : La pollution atmosphérique, l’isolement social, l’hypertension, le diabète ou l’obésité peuvent accélérer le processus. Des études récentes pointent même un lien potentiel avec des virus courants, comme l’herpès, qui pourraient aggraver l’inflammation cérébrale.
En Afrique, ces facteurs s’entremêlent avec des défis socio-économiques : une espérance de vie en hausse expose plus de personnes au risque, tandis que le tabou culturel freine les dépistages.
L’accès aux traitements : un combat inégal sur le continent
À ce jour, aucun traitement ne guérit l’Alzheimer, mais plusieurs médicaments ralentissent les symptômes et améliorent le quotidien. Cependant, en Afrique, l’offre reste fragmentée, avec des disparités entre le Nord et le Sud du continent.
- Les médicaments standards : Les inhibiteurs de la cholinestérase, comme le donépézil (Aricept) ou la rivastigmine (Exelon), sont utilisés pour stimuler l’acétylcholine, un neurotransmetteur clé pour la mémoire. De même, la mémantine (Ebixa) est prescrite pour les stades plus avancés. Ces traitements, disponibles au Maroc, en Algérie ou en Tunisie, visent à réduire les troubles cognitifs, mais leur coût et le manque de formation des soignants limitent leur usage.
- Les innovations émergentes : Le lecanemab (Leqembi), un anticorps monoclonal qui cible les plaques amyloïdes dans le cerveau, a été approuvé en Europe et aux États-Unis en 2024. Il réduit le déclin cognitif de 27 % chez les patients précoces. En revanche, en Afrique du Sud ou au Nigeria, des essais cliniques explorent son potentiel, mais son prix élevé (environ 26 000 dollars par an) le rend inaccessible pour la majorité.
- Les soins non médicamenteux : Les thérapies cognitivo-comportementales, la stimulation physique et le soutien familial sont essentiels. En Afrique subsaharienne, des initiatives comme les allocations pour handicapés en Afrique du Sud aident, mais le manque d’infrastructures persiste.
L’OMS appelle à une intégration accrue de ces soins dans les systèmes de santé africains pour contrer ce « tsunami démographique ».
Prévenir Alzheimer : adopter de simples habitudes de vie
Heureusement, adopter de meilleures habitudes de vie permet d’éviter jusqu’à 40 % des cas d’Alzheimer. Voici des pratiques validées scientifiquement :
| Catégorie | Pratiques recommandées | Bénéfices |
|---|---|---|
| Activité physique | 150 minutes de marche ou sport modéré par semaine | Réduit les risques vasculaires et stimule la neurogenèse |
| Alimentation | Régime méditerranéen : fruits, légumes verts, poissons, noix | Riche en antioxydants, protège contre l’inflammation |
| Santé mentale | Méditation, gestion du stress ; éviter tabac et alcool excessif | Diminue le risque de dépression, facteur aggravant |
| Stimulation cognitive | Lecture, puzzles, apprentissage de langues ; interactions sociales | Maintient les connexions neuronales actives |
| Suivi médical | Dépistage précoce de l’hypertension et du diabète | Prévient les lésions vasculaires cérébrales |
Finalement, ces habitudes, accessibles même en Afrique rurale, pourraient transformer la trajectoire de la maladie.
Un appel à l’action pour un avenir sans oubli
À l’occasion de cette Journée mondiale, l’enjeu est clair : il est essentiel d’investir dans la prévention et l’accès aux soins pour que l’Alzheimer ne devienne pas une fatalité. En Afrique, où la maladie pourrait tripler d’ici 2050, des partenariats internationaux sont urgents. Comme le dit l’OMS : « La démence n’est pas inévitable. » Soutenons la recherche, adoptons des modes de vie protecteurs, et brisons le silence autour de cette maladie qui vole bien plus que des souvenirs : elle vole des vies entières.
La question est donc la suivante : maintenant que le monde prend conscience de cette urgence, les gouvernements africains et la communauté internationale parviendront-ils à transformer ces alertes en actions concrètes avant qu’il ne soit trop tard ?
