AFP Archives - Page 34 sur 34 - Journal du niger

Mobilisation en ex-RDA contre les « pactes » électoraux avec l’extrême droite

L’élection du président de Thuringe grâce à l’extrême droite a provoqué un séisme en Allemagne: des milliers de personnes manifesteront samedi à Erfurt, capitale de cette région d’ex-RDA paralysée par la recomposition politique en cours.

Quelque 10.000 personnes sont attendues samedi après-midi à cette mobilisation sous le mot d’ordre « Pas avec nous, pas de pacte avec les fascistes: jamais et nulle part! »

La manifestation est organisée par des ONG, artistes, syndicalistes et responsables politiques, unis dans l’alliance #Unteilbar (« indivisible » en français) et soutenus par de nombreux mouvements tels que Fridays for Future ou Bund.

L’élection surprise le 5 février du libéral Thomas Kemmerich, grâce aux voix coalisées de la droite conservatrice et de l’extrême droite avait déjà provoqué nombre de rassemblements spontanés dans toute l’Allemagne.

– « Fin d’un tabou » –

Face au tollé, ce candidat du petit parti libéral FDP a jeté l’éponge 24 heures après son élection à une très courte majorité. Mais pour les organisateurs de la manifestation, le mal est fait.

« Cette élection marque la fin d’un tabou », s’est ému dans la presse allemande Maximilian Becker, porte-parole de l’alliance. « Nous voulons montrer que ce qui se passe en Thuringe ne restera pas sans réponse ».

Signe de la tension dans tout le pays, plusieurs locaux du FDP sont devenus depuis plusieurs jours la cible d’attaques dans toute l’Allemagne, rapporte le Spiegel.

D’autant que l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti d’extrême droite créé en 2013, compte bien continuer à dynamiter le jeu politique allemand. En Thuringe, les institutions restent ainsi paralysées depuis plus d’une semaine.

L’extrême droite, accusée par Angela Merkel de vouloir « détruire la démocratie », menace désormais de porter ses suffrages, en cas de nouvelle élection à la tête de cette région enclavée, sur Bodo Ramelow. Cette personnalité de la gauche radicale était à la tête de la région jusqu’en 2019 et refuse catégoriquement tout apport de voix de l’autre extrémité de l’échiquier politique.

Les partis hors AfD doivent se réunir lundi à Erfurt pour trouver une porte de sortie à cette crise. Nouvelles élections? Coalition minoritaire? Plusieurs options sont sur la table pour gouverner cette région, concentré des incertitudes qui traversent le paysage électoral allemand.

L’onde de choc de cette crise politique continue d’ailleurs de se propager au delà des frontières du Land, dans une Allemagne confrontée à la fin, au plus tard en 2021, de l’ère Angela Merkel, au pouvoir depuis 14 ans.

– « Marche funèbre » –

Elle a ainsi provoqué la chute de la dauphine d’Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, qui a renoncé à la course à la chancellerie, faute d’être obéie par des cadres de son parti.

Certains membres du parti conservateur CDU, en particulier dans les régions d’ex-Allemagne de l’Est, sont en effet tentés par un rapprochement avec l’extrême droite, particulièrement puissante dans ces régions.

La rhétorique de l’AfD passe bien dans l’ex-RDA communiste, économiquement plus pauvre. En Thuringe, le revenu moyen annuel s’élevait ainsi en 2018 à 35.701 euros, contre 42.962 euros en moyenne en Allemagne, selon l’Office des statistiques.

Si le chômage y est à peine supérieur au taux fédéral (5,3% contre 5%), la Thuringe souffre d’être délaissée par les jeunes générations et d’un grave déficit de natalité. Plus d’un habitant sur 4 (25,7%) y est âgé de plus de 65 ans (21,5% en Allemagne).

Cette mobilisation contre l’extrême droite intervient aussi en pleines commémorations de la libération des camps nazis et du bombardement de la ville de Dresde il y a 75 ans.

Près de 1.500 militants néonazis, et de nombreux contre-manifestants, sont ainsi attendus samedi, sous étroite surveillance policière, dans cette ville de Saxe samedi. Ils défileront en une « marche funèbre » cultivant le mythe d’une « ville martyre », injustement sacrifiée par les Alliés.

Tunisie: le nouveau gouvernement sera annoncé samedi (présidence)

Le chef du gouvernement tunisien désigné Elyes Fakhfakh a reporté d’un jour l’annonce de la composition de son gouvernement attendue initialement vendredi, afin de « poursuivre les consultations », selon la présidence tunisienne.

M. Fakhfakh, ancien ministre tunisien des Finances, a été désigné le 20 janvier par le président Kais Saied pour former un gouvernement après le rejet le 10 janvier par le Parlement d’un premier cabinet formé sous la houlette du parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

Il disposait d’un mois pour constituer une équipe susceptible de convaincre un Parlement morcelé.

« Pour mener à bien le processus de formation du gouvernement dans les meilleures conditions, il a été décidé de reporter l’annonce de sa composition à samedi 17H00 GMT afin de poursuivre les consultations et l’examen de certaines questions liées au futur gouvernement », a dit la présidence dans un communiqué, sans préciser lesquelles.

Le communiqué a été publié à l’issue d’une rencontre vendredi soir entre MM. Fakhfakh et Saied, auquel le Premier ministre devait initialement remettre la liste de son cabinet avant de l’annoncer à la presse.

Vendredi, Ennahdha (54 des 217 sièges au Parlement) a critiqué lors d’une conférence de presse les noms évoqués par M. Fakhfakh, affirmant qu’il « n’a aucune chance de succès et de continuité ».

Il l’a appelé à former un gouvernement d’unité nationale comprenant tous les partis représentés au Parlement.

En cas d’échec, M. Fakhfakh –dont le gouvernement a besoin d’une majorité de 109 voix– M. Saied pourra dissoudre l’Assemblée et convoquer des élections législatives anticipées.

Le gouvernement sortant gère actuellement les affaires courantes.

Elyes Fakhfakh, 47 ans, a été nommé ministre du Tourisme fin 2011 avant d’être ministre des Finances de décembre 2012 jusqu’à janvier 2014. Il a été candidat à la présidentielle en 2019, mais n’a convaincu que 0,34% des électeurs au premier tour.

Bernie Sanders dénonce les attaques homophobes visant Pete Buttigieg

Le sénateur Bernie Sanders a dénoncé vendredi les attaques homophobes « scandaleuses » visant son rival démocrate Pete Buttigieg prononcées par un célèbre animateur de radio proche de Donald Trump.

Figure de la sphère conservatrice américaine, Rush Limbaugh s’est moqué mercredi de l’ancien maire de South Bend (Indiana), « ce type gay de 37 ans qui embrasse son mari sur scène ». M. Buttigieg a en fait 38 ans.

Ces propos ont pris un relief particulier car ils sont intervenus quelques jours après un hommage appuyé rendu par Donald Trump à l’animateur.

Lors de son discours sur l’état de l’Union devant le Congrès réuni au grand complet, le président américain lui a décerné la « médaille de liberté », plus haute décoration civile des Etats-Unis, et l’a remercié pour « des décennies de dévouement à notre pays ».

« En tant que candidats, nous avons des désaccords, mais des attaques personnelles comme celles-ci sont inacceptables », a réagi Bernie Sanders.

« Les commentaires homophobes de Rush Limbaugh concernant Pete Buttigieg sont scandaleux et offensants. Ensemble, nous mettrons fin aux divisions et à la haine semées par Donald Trump », a-t-il ajouté.

Interrogé jeudi sur le fait de savoir s’il pensait que les Américains pourraient élire un président homosexuel, le président américain a répondu: « Je pense que oui ».

« Je pense que certains ne le feraient pas. Mais je ne ferais pas partie de ce groupe pour être honnête », a-t-il ajouté dans l’émission de radio de Geraldo Rivera.

Pete Buttigieg n’a lui pas directement répondu aux attaques de l’animateur conservateur.

« Je suis fier de mon mariage, je suis fier de mon mari », a-t-il simplement déclaré jeudi soir lors d’une rencontre avec des électeurs à Las Vegas.

Supercoupe d’Afrique: quatrième titre pour le Zamalek, vainqueur de l’Espérance Tunis

Les Egyptiens du Zamalek ont remporté vendredi à Doha la Supercoupe d’Afrique face à l’Espérance Tunis (3-1), une rencontre que des tensions géopolitiques ont bien failli empêcher d’avoir lieu.

Sur le plan sportif, la victoire du Zamalek, titré l’an passé en Coupe de la confédération, s’est dessinée en deuxième mi-temps grâce à un doublé d’Achraf Bencherki (58e, 90e+5). Auparavant, les Egyptiens avaient ouvert le score par Youssef Obama dès la 2e minute, mais ils avaient été rejoints sur un penalty de Raouf Benguit (54e) pour l’Espérance Tunis, vainqueur de la Ligue des champions de la CAF 2019.

Le Zamalek, à présent quadruple vainqueur de la Supercoupe, devient ainsi le deuxième club le plus titré de la compétition derrière une autre équipe cairote, Al-Ahly (six titres). L’Espérance Tunis, titrée en 1995 pour sa première participation, a depuis enchaîné quatre défaites en 1999, 2012, 2019 et, donc, 2020.

Mais la rencontre a pris une dimension géopolitique: en raison des tensions entre l’Egypte et le Qatar, où se joue la compétition depuis la saison passée, le Zamalek avait dans un premier temps menacé de la boycotter. L’Égypte est l’un des quatre pays à imposer un boycott économique sur le Qatar en raison du soutien de l’émirat à l’Iran et à des groupes islamistes radicaux, ce que Doha nie.

Et son adversaire, l’Espérance Tunis, n’était il y a quelques mois même pas assuré de jouer la compétition: leur titre en Ligue des champions de la CAF, acquis fin mai sur le terrain au terme d’une finale controversée, n’a été validé par le Tribunal arbitral du sport (TAS) qu’en août. Le TAS avait ainsi sanctionné le club marocain du Wydad Casablanca pour avoir quitté la pelouse en guise de protestation contre une panne de l’assistance à l’arbitrage vidéo (VAR), qui aurait pu leur valider un but refusé par l’arbitre.

Mexique: manifestation anti-féminicides devant la présidence

Des associations féministes ont manifesté vendredi à Mexico devant la présidence contre la recrudescence de féminicides, à la suite du meurtre particulièrement brutal d’une jeune femme.

« Mexique féminin » ont peint à la bombe les manifestantes sur un mur d’enceinte de la présidence mexicaine, selon un journaliste de l’AFP.

« Dans un pays où dix féminicides se produisent chaque jour, il est indigne que nous soyons considérées comme un cauchemar par les médias, la société et le gouvernement … Aujourd’hui, nous voulons dire que nous sommes au-delà de la colère. Nous sommes furieuses ! », a confié à l’AFP l’une des manifestantes cagoulées qui a requis l’anonymat.

Les femmes, environ une centaine, dont beaucoup portaient des vêtements sombres et avaient le visage couvert de cagoules noires, ont exigé que le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador agisse afin d’endiguer les meurtres de femmes dans le pays.

Plus tôt vendredi, durant sa conférence de presse matinale quotidienne, le chef de l’Etat avait déclaré qu’il était « en faveur des femmes et contre la violence ».

« Les sanctions ne vont pas diminuer. Je suis totalement contre le machisme, cela ne fait aucun doute », avait-il ajouté sans pour autant annoncer quoique ce soit de concret.

« Je ne fuis pas mes responsabilités », a assuré le président.

Apparemment pas dupe, la militante féministe Frida Guerrera, a profité de la conférence de presse pour critiquer publiquement les actions du gouvernement dans ce domaine.

« Vous parlez beaucoup de corruption, mais en attendant, la question des féminicides et des disparitions est entachée par la corruption » qui ronge le Mexique, a-t-elle lancée au chef de l’Etat.

D’autres manifestations sont prévues vendredi à Mexico ainsi que dans plusieurs villes du pays.

En 2019, le Mexique a enregistré 1.006 victimes de féminicides, selon des chiffres officiels sans doute en-deçà de la réalité selon des experts qui soulignent que la caractérisation de ce crime par les autorités reste problématique.

Le week-end dernier, Ingrid Escamilla, une jeune fille de 25 ans, a été poignardée à Mexico par son compagnon qui l’a ensuite dépecée et éventrée pour lui arracher des organes qu’il a jeté dans les toilettes de l’appartement où ils vivaient.

Le crime a provoqué une vague d’indignation au Mexique. L’affaire a également déclenché des protestations contre la diffusion par des responsables de la justice et de la police d’images du corps mutilé d’Ingrid dans les pages de certains tabloïds de la capitale.

Une enquête est en cours pour déterminer comment ces images ont été rendues publiques.

La Floride se recueille, deux ans après la fusillade dans le lycée de Parkland

A Parkland, dans le sud de la Floride, le jour de la Saint-Valentin sera éternellement synonyme de deuil: il y a deux ans, un ancien élève du lycée Marjory Stoneman Douglas y a ouvert le feu, faisant 17 morts.

A 10h17 locales vendredi (15h17 GMT), plusieurs écoles à travers le pays ont observé une minute de silence pour rendre hommage aux 14 étudiants et trois membres du personnel scolaire fauchés par les balles du fusil d’assaut semi-automatique de Nikolas Cruz le 14 février 2018.

Les autorités de cette ville située à 80 km de Mimai et plusieurs organisations gouvernementales ont organisé des cérémonies auxquelles se sont joints les familles des victimes et les survivants de la fusillade, notamment dans le parc Pine Trails, près du lycée.

« Il y a deux ans, à approximativement 7h du matin, j’ai envoyé mes deux enfants à l’école. J’étais si occupé à les presser pour qu’ils ne soient pas en retard que mes derniers mots n’ont pas été +Je t’aime+. Jesse est rentré à la maison ce jour-là. Pas Jaime », a écrit sur Twitter Fred Guttenberg, le père d’une des victimes.

La tragédie, une des pires tueries en milieu scolaire de l’histoire des Etats-Unis, avait marqué les esprits, générant des manifestations contre les armes à travers tout le pays, mais très peu de mesures avaient été prises par le gouvernement pour durcir le contrôle des armes à feu.

Le pays a connu 417 fusillades en 2019, un record historique, selon l’association Gun Violence Archive.

Un an après, une nouvelle attaque fait 20 morts dans un village martyr du Mali

Au moins vingt villageois ont été tués lors d’une attaque de nuit dans le village malien d’Ogossagou (centre), théâtre du massacre attribué à des chasseurs dogons de quelque 160 Peuls il y a un an, a-t-on appris vendredi auprès de responsables locaux.

« J’ai fait le décompte en présence des militaires et des services de santé. Nous avons 20 morts, certains étaient calcinés », a déclaré à l’AFP le chef du village, Aly Ousmane Barry.

Un élu de la localité s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour des raisons de sécurité a évoqué le même nombre de morts, ainsi que 28 disparus et a mis en cause les chasseurs traditionnels dogon, sans que ces accusations puissent être corroborées de manière indépendante dans un premier temps.

L’attaque menée par une trentaine d’hommes armés dans la nuit de jeudi à vendredi a été favorisée par le retrait, quelques heures auparavant, de l’armée malienne de la localité, a expliqué le chef du village, des propos également tenus par l’élu parlant de manière anonyme.

Le village a été partiellement incendié, selon Aly Ousmane Barry. Les stocks alimentaires ont été détruits et du bétail emporté, d’après des témoignages sur place.

Le 23 mars 2019, l’attaque par des hommes armés de ce village peul d’Ogossagou, dans la zone de Bankass, près de la frontière avec le Burkina Faso, avait fait 160 morts civils. Attribuée à des chasseurs dogons, elle avait été le point culminant de violences intercommunautaires alors en cours dans le centre du pays.

– Cycle de représailles –

Cette région est prise dans un tourbillon de violences depuis 2015 et l’apparition d’un groupe jihadiste emmené par le prédicateur peul Amadou Koufa, qui a largement recruté parmi sa communauté, et rejoint le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance jihadiste du Sahel affiliée à Al-Qaïda, dès sa création en 2017.

Les affrontements se sont multipliés entre les Peuls, majoritairement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, qui pratiquent essentiellement l’agriculture. Ces dernières ont créé des groupes d’autodéfense en s’appuyant sur les chasseurs traditionnels dozos.

Quelque 500 civils ont été tués et des centaines d’autres blessés dans le centre du Mali en 2019, « l’année la plus mortelle pour les civils depuis le début de la crise politique et militaire dans ce pays en 2012 », selon l’ONG Human Rights Watch.

La principale association de chasseurs dogons, Dan Nan Ambassagou, avait été officiellement dissoute au lendemain du massacre à Ogossagou, mais elle n’a jamais cessé d’opérer. Elle a de nouveau été montrée du doigt par les Peuls après l’attaque de la nuit.

Une accalmie avait été enregistrée durant l’été 2019 avec la signature d’accords locaux. Si le rythme des attaques d’envergure a ralenti, les actes de violences quotidiennes n’ont jamais cessé dans cette région frontalière.

A ce cycle d’attaques et de représailles s’est greffée une explosion de la criminalité de droit commun, brigandage et vol de bétails notamment. Les autorités, qui peinent à répondre à la crise multiforme qui dure depuis 2012 au Mali, sont peu présentes dans la région.

– Mondoro à nouveau attaqué –

L’armée est bien implantée dans plusieurs camps, mais elle a perdu ces derniers mois des dizaines de soldats dans les assauts des jihadistes.

L’un de ses camps, Mondoro, déjà pris pour cible en septembre avec celui voisin de Boulkessi dans une double attaque qui avait fait 40 morts, a de nouveau été attaqué dans la nuit de jeudi à vendredi. Un garde national a été tué, a-t-on appris de sources sécuritaires.

Mercredi, un militaire malien a également été tué dans une attaque « terroriste » – qualificatif attribué aux jihadistes par les autorités maliennes – à Dialloubé, également dans le centre du pays, a annoncé l’armée malienne vendredi. Cinq « terroristes » ont été tués dans les combats, a-t-elle dit.

La force antijihadiste française Barkhane vient d’annoncer son passage de 4.500 à 5.100 hommes d’ici à fin février afin d’inverser le rapport de force sur le terrain. Elle mène des opérations notamment dans la région dite des trois frontières – entre Mali, Burkina Faso et Niger – zone de prédilection du groupe État islamique au grand Sahara (EIGS), récemment désigné par Paris comme l’ennemi numéro un au Sahel.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a reconnu lundi l’existence d’une démarche pour dialoguer avec les chefs d’autres groupes jihadistes.

L’armée malienne est par ailleurs revenue jeudi à Kidal (nord), bastion rebelle touareg et ville symbole d’où elle était absente depuis des années et où son retour est censé manifester le rétablissement de la souveraineté de l’Etat sur le territoire.

Soudan du Sud: le président Kiir rejette les pressions internationales

Le président sud-soudanais Salva Kiir a rejeté vendredi les pressions internationales pour parvenir à un compromis avec le chef rebelle Riek Machar, à une semaine d’une date butoir pour la formation d’un gouvernement d’union.

Désormais fixée au 22 février, cette échéance a déjà été reportée à deux reprises en 2019, mais M. Kiir a réitéré son opposition à tout compromis sur le nombre d’États régionaux et leurs frontières, principale pierre d’achoppement des négociations.

« Cela ne peut pas marcher, parce qu’on ne peut pas résoudre des problèmes en en créant un autre », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement de ses partisans à Juba, capitale de ce nouvel Etat, indépendant depuis 2011.

Depuis 2015, M. Kiir a fait passer le nombre d’États de 10 à 28 puis à 32, une mesure largement vue comme un moyen d’augmenter le nombre de ses alliés placés à des postes à responsabilités.

M. Machar souhaite revenir à 10 États, mais a également proposé, comme solution de compromis, une division en 21 États fondée sur les districts de la période coloniale britannique.

« Je lui ai dit: +Mon frère, qu’est-ce que tu vas faire des fonctionnaires des 32 Etats » si l’on en supprime 11, voire 22, a indiqué M. Kiir.

Riek Machar a pour sa part exclu de reprendre le poste de vice-président qu’il occupait avant le début du conflit si le nombre d’Etats restait inchangé.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait sommé le 8 février les dirigeants sud-soudanais de « respecter leur peuple » en parvenant à un compromis dans les délais.

« Pensez à votre peuple, respectez votre peuple, vous n’avez pas le droit de continuer la confrontation alors que votre peuple souffre tant », avait déclaré M. Guterres à Addis Abeba, à la veille du sommet de l’Union africaine (UA).

Le Forum de la société civile sud-soudanaise, une coalition de plus de 200 organisations, a appelé vendredi les parties à « ne pas laisser l’accord de paix (de septembre 2018, NDLR) s’effondrer uniquement pour un différend sur le nombre d’Etats ».

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013, deux ans après son indépendance du Soudan, lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Algérie: mobilisation populaire une semaine avant le 1er anniversaire du « Hirak »

Plusieurs milliers de personnes défilent vendredi à Alger pour demander la fin du « système » au pouvoir, lors de leur marche hebdomadaire, à une semaine du premier anniversaire du « Hirak », mouvement de protestation populaire inédit qui agite l’Algérie.

Une dizaine de milliers de manifestants réclament une fois encore un « Etat civil et non militaire », le slogan phare du « Hirak », et promettent de « continuer jusqu’au changement » de régime, selon un journaliste de l’AFP.

« Nous célébrons une année de +Hirak+, de manifestations et de marches. Et s’il faut marcher une année encore je marcherai pour mon pays », a assuré Salima, 55 ans, une professeure d’université.

« Le premier but est atteint: la libération de la parole. Maintenant on veut un changement réel », a affirmé l’enseignante.

« Durant une année de manifestations, le monde a vu qu’en Algérie il y a un peuple libre. C’est important pour notre honneur sali par (Abdelaziz) Bouteflika et sa dictature », a renchéri Ahmed, un fonctionnaire de 34 ans.

Né le 22 février pour s’opposer à la perspective d’un cinquième mandat du président Bouteflika, le « Hirak » a obtenu le 2 avril la démission du chef de l’Etat, alors au pouvoir depuis 20 ans.

Depuis, il réclame en vain une véritable rupture avec le « système » politique en place depuis l’indépendance en 1962.

En ce jour de Saint-Valentin, affichant un grand coeur rose sur une pancarte, une jeune femme déclarait sa flamme à la « révolution » — surnommée la « révolution du sourire » en raison de son caractère pacifique.

Au moins un drapeau « amazigh » (berbère), banni par l’armée des cortèges, est réapparu vendredi dans les rues d’Alger, des policiers tentant en vain de l’arracher, a constaté le journaliste de l’AFP.

Comme chaque vendredi, le cortège brandissait les portraits d’opposants détenus pour faits en lien avec le « Hirak », notamment de Karim Tabbou, un figure du mouvement aujourd’hui toujours incarcéré.

Depuis le début de l’année, plusieurs dizaine de prisonniers poursuivis dans le cadre du « Hirak » ont retrouvé la liberté après avoir purgé leur peine ou avoir été relaxés.

Mais une centaine reste en détention.

Vendredi, la foule a également rendu hommage au procureur adjoint du tribunal de Sidi M’Hamed (centre d’Alger), Mohamed Belhadi, muté cette semaine pour avoir requis la relaxe pour des manifestants du « Hirak » en réclamant, dans une récente vibrante plaidoirie, une « justice indépendante ».

Comme chaque semaine, des marches similaires ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment à Oran, Bordj Bou Arreridj, Mostaganem, Mascara et dans la région berbérophone de Kabylie, selon les réseaux sociaux.

Sans structure formelle, le « Hirak » apparaît néanmoins divisé sur la marche à suivre à l’orée de sa 2e année, notamment sur la pertinence et les modalités d’éventuelles discussions avec le pouvoir, mais aussi sur la forme que doit prendre à l’avenir la contestation.

Algérie: mobilisation populaire une semaine avant le 1er anniversaire du « Hirak »

Plusieurs milliers de personnes défilent vendredi à Alger pour demander la fin du « système » au pouvoir, lors de leur marche hebdomadaire, à une semaine du premier anniversaire du « Hirak », mouvement de protestation populaire inédit qui agite l’Algérie.

Une dizaine de milliers de manifestants réclament une fois encore un « Etat civil et non militaire », le slogan phare du « Hirak », et promettent de « continuer jusqu’au changement » de régime, selon un journaliste de l’AFP.

« Nous célébrons une année de +Hirak+, de manifestations et de marches. Et s’il faut marcher une année encore je marcherai pour mon pays », a assuré Salima, 55 ans, une professeure d’université.

« Le premier but est atteint: la libération de la parole. Maintenant on veut un changement réel », a affirmé l’enseignante.

« Durant une année de manifestations, le monde a vu qu’en Algérie il y a un peuple libre. C’est important pour notre honneur sali par (Abdelaziz) Bouteflika et sa dictature », a renchéri Ahmed, un fonctionnaire de 34 ans.

Né le 22 février pour s’opposer à la perspective d’un cinquième mandat du président Bouteflika, le « Hirak » a obtenu le 2 avril la démission du chef de l’Etat, alors au pouvoir depuis 20 ans.

Depuis, il réclame en vain une véritable rupture avec le « système » politique en place depuis l’indépendance en 1962.

En ce jour de Saint-Valentin, affichant un grand coeur rose sur une pancarte, une jeune femme déclarait sa flamme à la « révolution » — surnommée la « révolution du sourire » en raison de son caractère pacifique.

Au moins un drapeau « amazigh » (berbère), banni par l’armée des cortèges, est réapparu vendredi dans les rues d’Alger, des policiers tentant en vain de l’arracher, a constaté le journaliste de l’AFP.

Comme chaque vendredi, le cortège brandissait les portraits d’opposants détenus pour faits en lien avec le « Hirak », notamment de Karim Tabbou, un figure du mouvement aujourd’hui toujours incarcéré.

Depuis le début de l’année, plusieurs dizaine de prisonniers poursuivis dans le cadre du « Hirak » ont retrouvé la liberté après avoir purgé leur peine ou avoir été relaxés.

Mais une centaine reste en détention.

Vendredi, la foule a également rendu hommage au procureur adjoint du tribunal de Sidi M’Hamed (centre d’Alger), Mohamed Belhadi, muté cette semaine pour avoir requis la relaxe pour des manifestants du « Hirak » en réclamant, dans une récente vibrante plaidoirie, une « justice indépendante ».

Comme chaque semaine, des marches similaires ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment à Oran, Bordj Bou Arreridj, Mostaganem, Mascara et dans la région berbérophone de Kabylie, selon les réseaux sociaux.

Sans structure formelle, le « Hirak » apparaît néanmoins divisé sur la marche à suivre à l’orée de sa 2e année, notamment sur la pertinence et les modalités d’éventuelles discussions avec le pouvoir, mais aussi sur la forme que doit prendre à l’avenir la contestation.

Le Monténégro a besoin de sa propre Eglise, dit son président

Le Monténégro a besoin de sa propre Eglise orthodoxe pour consolider son identité nationale et parer aux ingérences venues de Serbie, déclare le président de ce petit pays des Balkans où une querelle fait rage sur l’avenir de la principale religion.

Dans un entretien récent avec l’AFP, Milo Djukanovic, aux commandes depuis trois décennies, évoque une loi controversée sur la liberté religieuse qui jette régulièrement des dizaines de milliers de fidèles dans la rue à quelques mois des législatives.

L’Eglise orthodoxe serbe (SPC), dont le siège est à Belgrade, représente la grande majorité des orthodoxes du Monténégro. Mais ses relations avec Milo Djukanovic, artisan en 2006 de la séparation d’avec la Serbie à laquelle le Monténégro fut uni pendant près de 90 ans, se sont dégradées ces dernières années.

La SPC est accusée d’avoir partie liée à l’opposition pro-serbe et pro-russe au Parti démocratique des socialistes (DPS) de Milo Djukanovic qui domine la vie politique depuis le début des années 1990. Belgrade se servirait quant à lui de la SPC pour se mêler des affaires intérieures du Monténégro.

La SPC « figure parmi les instruments importants utilisés par les idéologues du nationalisme de la +Grande Serbie+ contre le Monténégro, contre l’indépendance, contre son identité nationale, culturelle et religieuse », affirme le dirigeant monténégrin de 57 ans.

La loi adoptée fin décembre prévoit de céder à l’Etat le contrôle des biens dont les communautés religieuses ne peuvent prouver qu’ils leur appartenaient avant 1918. A cette date, le Monténégro avait perdu son indépendance pour être intégré au royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

– « Prières de masse » –

Le texte pourrait concerner une bonne partie des 650 églises et monastères du Monténegro. La SPC accuse le gouvernement de vouloir la « spolier » et des manifestations et « prières de masse » ont lieu deux fois par semaine pour réclamer son retrait.

La SPC « utilise une forme habile de manipulation pour leur faire croire que l’Etat va leur prendre leur saintes reliques », lance le président monténégrin, soulignant que les églises se retrouvant dans le giron de l’Etat continueront d’accueillir les « fidèles orthodoxes ».

C’est du « chantage », poursuit-il. La SPC « tente de se servir des croyants comme moyen de pression pour forcer l’Etat à renoncer à sa loi, c’est-à-dire le forcer à capituler ». C’est « absolument inacceptable ».

Pour lui, le Monténégro doit être doté de sa propre Eglise comme moyen de confirmer son identité nationale 14 ans après l’indépendance.

« Nous sommes mus par le besoin incontestable de parfaire les infrastructures spirituelles, sociales et de l’Etat afin de renforcer la conscience des citoyens de leur propre identité », dit-il.

Il faudrait « une Eglise orthodoxe autonome au Monténégro qui unirait tous les fidèles orthodoxes, ceux d’appartenance nationale serbe comme ceux d’appartenance nationale monténégrine », dit le président d’un pays où un tiers des 620.000 habitants s’identifient comme serbes.

– « Gagner les élections » –

Depuis 30 ans, une petite Eglise orthodoxe du Monténégro, très minoritaire, tente une renaissance mais elle n’est pas reconnue par le monde orthodoxe.

A l’approche des législatives prévues à l’automne, les critiques du président l’accusent de vouloir se servir de la controverse pour faire diversion et détourner l’attention des gens des problèmes économiques, de l’émigration massive ou de la corruption.

Le dirigeant qui alterne quasi sans discontinuer les fonctions de Premier ministre et de président est également taxé par ses détracteurs d’obstacle à la démocratie.

Ce à quoi il rétorque que les électeurs ont toujours pu s’exprimer librement et que ses opposants sont des mauvais perdants. « Si mes opposants croient que nous allons leur faire une faveur et leur permettre d’avoir le pouvoir sans élections (…) ils se trompent ».

En attendant, l’artisan de l’arrimage occidental du Monténégro, aujourd’hui le plus avancé des pays des Balkans occidentaux dans les négociations d’adhésion avec l’Union européenne, promet de poursuivre sur la voie des réformes.

« Je pense que nous pouvons remplir nos obligations et annoncer que le Monténégro sera prêt pour l’adhésion en 2025 » même si les questions de date ne sont pas prioritaires, dit-il. « La priorité, c’est de réussir à européaniser la société monténégrine ».

Ethiopie: la Commission électorale repousse de deux semaines les législatives, au 29 août

La Commission électorale éthiopienne a annoncé vendredi qu’elle comptait désormais organiser les très attendues prochaines élections législatives le 29 août, près de deux semaines après la date initialement annoncé en janvier.

Cette nouvelle date tombe toujours en plein cœur de la saison des pluies, ce qui avait été vivement critiqué le mois dernier, l’opposition rappelant notamment que beaucoup de routes du pays seront alors impraticables.

« Conformément aux dispositions légales, nous avons décidé de modifier la date des élections, au 29 août », a déclaré vendredi la présidente de la Commission électorale, Birtukan Mideksa.

Ces élections sont perçues comme une étape cruciale dans la transition politique que tente de mener à bien le Premier ministre, Abiy Ahmed, 43 ans, prix Nobel de la paix 2019, dans un contexte de violences communautaires croissantes.

Entré en fonctions en avril 2018 après plusieurs mois de manifestations antigouvernementales, M. Abiy espère que les Éthiopiens lui donneront le mandat pour mettre pleinement en œuvre les réformes politiques et économiques qu’il envisage.

« Nous travaillerons avec l’agence météorologique nationale pour minimiser l’impact de la saison des pluies sur le calendrier électoral », a ajouté Mme Mideksa, citée par la radio-télévision Fana BC, proche du pouvoir central.

La campagne officielle démarrerait le 28 mai, avec une publication des résultats devant survenir avant le 8 septembre.

Deux partis d’opposition, le Front de libération oromo (OLF) et Ezema, avaient notamment demandé en janvier à ce que le scrutin soit repoussé à fin août, en espérant que les pluies seront alors moins denses.

Lors des dernières législatives, en 2015, la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF) avait remporté les 547 sièges à pourvoir.

Mais depuis, Abiy Ahmed a décidé de transformer l’EPRDF en un parti politique unifié, le Parti éthiopien de la prospérité.

Cette modification controversée a cependant été rejetée par l’une des quatre composantes de l’EPRDF, le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), qui jusqu’à 2018 dominait la coalition.

Par ailleurs, l’ouverture décidée par M. Abiy a laissé libre cours aux vieilles rancœurs ethniques. Lors de la dernière éruption de violence, en octobre, des affrontements ethniques en Oromia ont provoqué la mort de 86 personnes. Et en 2018, l’Éthiopie a été le pays comptant le plus de déplacés au monde.

Coronavirus : 1000 morts, l’OMS redoute une propagation accrue hors de Chine

Le bilan de l’épidémie du nouveau coronavirus a franchi mardi la barre des 1.000 morts, et pour l’OMS, qui a dépêché une mission d’experts en Chine, le nombre croissant de cas de transmission hors de ce pays pourrait augurer d’une plus grande propagation de l’épidémie à travers le monde.

Le premier décès imputé au virus 2019-nCoV, apparu en décembre dans la ville chinoise de Wuhan (centre), avait été annoncé le 11 janvier. Un mois plus tard, l’épidémie a désormais fait 1.016 morts en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), selon un bilan officiel publié mardi.

Les autorités sanitaires chinoises ont fait état de 108 nouveaux décès en vingt-quatre heures, le plus lourd bilan quotidien enregistré à ce jour, tandis que les cas confirmés de contamination s’établissait à plus de 42.000.

En revanche, comme à plusieurs reprises depuis la semaine dernière, le nombre de nouveaux cas journaliers (2.478) a diminué par rapport au jour précédent.

Le président chinois Xi Jinping a appelé lundi à prendre « des mesures plus fortes et décisives pour enrayer résolument l’élan de la contagion », après s’être rendu dans un quartier résidentiel de Pékin pour visiter un hôpital, apparaissant pour la première fois portant un masque.

Alors même que la plupart des compagnies aériennes ont cessé leurs vols vers la Chine continentale et que plusieurs pays se sont fermés aux voyageurs qui en viennent, l’épidémie pourrait dorénavant s’accélérer à travers la planète, redoute l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En dehors de la Chine continentale, le virus a tué deux personnes, une aux Philippines et une autre à Hong Kong, et plus de 400 cas de contamination ont été confirmés dans une trentaine de pays et territoires.

Mais un scénario redouté s’est concrétisé: sans avoir jamais mis les pieds en Chine, un Britannique contaminé par le coronavirus à Singapour l’a ensuite transmis à plusieurs compatriotes lors d’un séjour dans les Alpes en France, avant d’être diagnostiqué en Grande-Bretagne.

Il aurait ainsi accidentellement contaminé au moins 11 personnes, dont cinq sont hospitalisées en France, cinq autres en Grande-Bretagne et un homme de 46 ans sur l’île espagnole de Majorque, où il réside, selon les informations disponibles.

– « Grave et imminente » –

« La détection de ce petit nombre de cas pourrait être l’étincelle qui finira par un plus grand feu » épidémique, s’est alarmé lundi le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Pour l’heure, c’est seulement une étincelle. Notre principal objectif reste le confinement (des foyers de contamination). Nous appelons tous les pays à utiliser la fenêtre de tir actuelle pour empêcher ce plus grand feu », a-t-il insisté.

Jusqu’alors, la majorité des contaminations identifiées à l’étranger impliquait des personnes revenues de Wuhan, épicentre de l’épidémie. « Nous ne voyons peut-être que la partie émergée de l’iceberg », avait averti dimanche le docteur Tedros.

« C’est toujours inquiétant que des gens se rassemblent (comme lors d’une conférence à Singapour où s’était rendu le Britannique, NDLR) puis se dispersent, nous devons avoir une gestion des risques en conséquence. Mais difficile de mettre le monde entier à l’arrêt », a observé Michael Ryan, responsables des programmes d’urgences sanitaires de l’OMS.

Londres a classé lundi le nouveau coronavirus en « menace grave et imminente pour la santé publique », l’autorisant notamment à mettre les personnes contaminées en quarantaine de force.

Les ministres européens de la Santé se réuniront en urgence jeudi à Bruxelles pour discuter de mesures coordonnées contre l’épidémie.

En Asie, des milliers de voyageurs et de membres d’équipage demeurent consignés sur deux navires de croisière. Au moins 135 cas de contamination ont été confirmés sur le paquebot Diamond Princess en quarantaine au large du Japon.

Une mission internationale d’experts de l’OMS est arrivée en Chine, dirigée par Bruce Aylward — vétéran de la lutte contre l’épidémie Ebola –, afin d’étudier l’origine du nouveau coronavirus et ses effets.

L’OMS a par ailleurs annoncé convoquer mardi et mercredi à son siège de Genève une réunion d’experts pour faire le point sur la recherche et le développement de vaccins et traitements contre le coronavirus.

– Responsables limogés –

Wuhan et la province environnante du Hubei, d’où s’est propagée l’épidémie, restent coupés du monde par un cordon sanitaire. Ailleurs, des dizaines de millions de Chinois sont soumis à des règles de confinement dans plusieurs métropoles.

En-dehors de ces régions, la Chine reste largement paralysée, malgré une reprise timide du travail lundi. Les étudiants restent en vacances et les entreprises sont incitées à laisser leurs employés travailler à domicile.

Lundi à la télévision, le président Xi Jinping s’est voulu rassurant, affirmant que l’impact du virus serait « de courte durée » et a appelé à « faire très attention à la question du chômage ».

Les deux principaux responsables chargés des questions de santé dans le Hubei ont par ailleurs été limogés, a annoncé mardi la télévision d’Etat.

Les autorités locales ont été critiquées pour avoir tardé à réagir à l’épidémie et avoir même réprimandé des lanceurs d’alerte pour « propagation de rumeurs ». La mort vendredi de l’un d’entre eux, le médecin de 34 ans Li Wenliang, avait provoqué d’inhabituels appels à la liberté d’expression.

Niger : 14 militaires tués dans une attaque dans l’ouest

Quatorze militaires ont été tués mercredi dans une attaque de « terroristes lourdement armés » dans la région de Tillabéri, dans l’ouest du Niger, a annoncé jeudi le ministère nigérien de l’Intérieur dans un communiqué.

« Un convoi composé d’éléments de la gendarmerie et de la garde nationale escortant des équipes chargées de l’enrôlement électoral dans la commune de Sanam (département d’Abala) a été victime d’une embuscade tendue par des terroristes lourdement armés », selon le communiqué.

« A l’issue d’une bataille acharnée, plusieurs morts et blessés ont été enregistrés. Côté ami : sept gendarmes et sept gardes sont décédés. Un garde est porté disparu », selon le communiqué.

« L’ennemi quant à lui, a subi de nombreuses pertes », assure le ministère, sans préciser leur ampleur.

C’est dans cette même région de Tillabéri, proche du Mali, que 71 soldats nigériens ont été tués le 10 décembre, la pire attaque depuis le regain des attaques jihadistes en 2015 dans ce pays sahélien pauvre, revendiquée par l’Etat islamique.

Selon le ministère de l’Intérieur, l’équipe des agents d’enrôlement « a été sécurisée et a regagné Sanam en bonne santé ».

Cette équipe opérait pour le compte de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), qui doit organiser des élections générales (présidentielle et législatives) fin 2020.

Tout le Sahel – en particulier le Mali, le Niger et le Burkina -, est désormais visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes, en dépit du renforcement des armées locales et de la présence de 4.500 militaires français de la force antiterroriste Barkhane.

Le Burkina Faso observait jeudi son deuxième jour de deuil national après une attaque jihadiste qui a fait 42 morts dans le nord du pays, la pire depuis cinq ans.

Le président nigérien Mahamadou Issoufou avait annoncé dimanche, lors de la visite du président français Emmanuel Macron, que les pays du Sahel et la France lanceront « un appel à la solidarité internationale » durant un sommet à Pau (sud-ouest de la France) le 13 janvier consacré à la lutte contre les groupes jihadistes.

Niger: début d’une nouvelle vie pour une centaine de repentis de Boko Haram

En plein milieu des dunes du désert nigérien surgit le camp de Goudoumaria, entouré de barbelés, murs et sacs de sable. Des soldats lourdement armés sur des miradors sont aux aguets. Pourtant, airs de musique, éclats de rires et cris d’enfants joyeux fusent.

Depuis 2017, le camp accueille des anciens membres repentis du groupe islamiste Boko Haram, dont l’insurrection qui a débuté en 2009 au Nigeria s’étend aujourd’hui dans les pays voisins. Ce jour-là, on y fête la première promotion d’anciens jihadistes à être libérés.

Quelque 110 personnes, dont 47 Nigérians, s’apprêtent à quitter le camp après avoir suivi un programme de déradicalisation et une formation professionnelle ouvrant la voie à leur réinsertion sociale.

Chefs traditionnels, officiels nigériens, diplomates occidentaux, personnel de l’ONU, qui soutient financièrement l’initiative, ont fait le déplacement pour cet événement, jugé exemplaire, et qui se veut une des solutions à la progression des groupes jihadistes dans la région.

Le Sahel subit des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, liées à l’organisation Etat islamique (EI) ou aux différentes factions de Boko Haram. Au Niger, 71 soldats ont péri le 10 décembre, dans une attaque sanglante à Inates, près de la frontière malienne, la plus meurtrière de l’histoire du pays, qui a été revendiquée par l’EI.

Les repentis de Boko Haram, qui expriment bruyamment leur joie, arborent des tee-shirts blancs portant les armoiries du Niger et la mention « Je m’engage pour la paix ».

Au pied des imposants murs du camp, des anciens miliciens démontrent leur nouveau savoir-faire acquis en quelques mois: mécanique, plomberie, menuiserie, couture ou soudure.

« La musique me manque trop, j’ai presque oublié comment danser », témoigne en se trémoussant Madou Ari, 25 ans, qui a passé trois années au sein de Boko Haram.

– Troqué sa kalach contre un chalumeau –

« Avec Boko Haram nous avions vécu l’enfer. A présent, nous ne rêvons que d’un avenir meilleur », renchérit son voisin.

Casque noir de soudeur sur la tête, Ibrahim Maïna a troqué sa Kalachnikov contre un chalumeau. Il souhaite ouvrir son atelier de soudure. « Je demande pardon à toute ma famille, à tout le Niger et à tous les gens d’Afrique. Je désire à présent vivre en paix. Boko Haram m’a induit en erreur. Ils m’ont dit que c’était le jihad mais ils ne faisaient en réalité rien de tout cela », avoue-t-il.

Assise devant une machine à coudre flambant neuve, Boussam Chétima, une adolescente de 17 ans, est toujours traumatisée, après avoir été « enlevée » et avoir « passé une année en captivité ».

« Nuit et jour, je cherchais un moyen de m’évader. Quand l’occasion s’est offerte, j’ai pris la poudre d’escampette », assure-t-elle.

Réajustant le voile rouge qui recouvre sa mince silhouette, elle a des envies simples: « Je désire vivre en paix, fonder un foyer et me nourrir grâce à la couture que j’ai apprise ici au centre ».

Mara, 22 ans, est tiraillé entre rentrer chez lui ou aller refaire sa vie ailleurs. « Comment regarder ma famille dans les yeux ? Les gens m’avaient bien dissuadé d’aller avec Boko Haram », avoue-t-il.

Pour prouver qu’ils ont vraiment tourné le dos à Boko Haram, les repentis ont collectivement prêté serment sur le Coran. Pendant leur séjour à Goudoumaria, ils ont reçu une « formation religieuse » de six mois avec des prêches sur « la pratique de l’islam modéré ».

« A partir de cet instant (…), ils sont désormais totalement libres de leurs mouvements », a expliqué à l’AFP Chaïbou Samna, le procureur de la République à Niamey, présent à la cérémonie.

– « Ils doivent vite déserter » –

Pour faciliter leur retour dans leur famille, « nous avons lancé un appel aux communautés où ils vont être réinsérés pour qu’elles les acceptent », a assuré le ministre nigérien de l’Intérieur Mohamed Bazoum.

« Ils doivent être considérés comme des gens normaux et ne doivent pas souffrir de leur passé », plaide Issa Lémine, le gouverneur de la région de Diffa.

Les 110 repentis recevront des outils de travail pour monter leurs propres ateliers, puis ils seront acheminés dans leur village d’origine, a indiqué Mohamed Bazoum, qui a exhorté « ceux qui sont encore dans l’aventure » à se rendre.

Un appel relayé par Baba Gana Adam, le visage caché par un turban violet. « Que ceux de nos camarades qui sont  encore en brousse sachent qu’il (Boko Haram) prône le mauvais islam. Ils doivent vite déserter », prêche ce repenti, qui a reçu une formation de mécanicien.

Au total, plus de 240 anciens éléments de Boko Haram, dont des femmes et des enfants, sont hébergés à Goudoumaria après s’être rendus aux autorités.

Ce mouvement de reddition avait débuté fin décembre 2016. Les autorités de Diffa, qui espèrent accélérer le rythme des redditions, ont mis à la disposition des détenus « des moyens de communication » notamment le téléphone, pour qu’ils puissent « appeler leurs camarades ».

« Nous sommes prêts à leur garantir la vie sauve et à créer les conditions de leur réinsertion socio-économique », a promis le président nigérien Mahamadou Issoufou.

Macron reporte le sommet de Pau à début 2020 après l’attaque au Niger

En raison de l’attaque jihadiste mardi au Niger, le président français Emmanuel Macron, en accord avec son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, a décidé de reporter à début 2020 le sommet avec les dirigeants des cinq pays du Sahel prévu le 16 décembre, a annoncé l’Elysée.

Après l’attaque d’un camp militaire à Inates (ouest du Niger) qui a fait plus de 60 morts, Emmanuel Macron a appelé mercredi soir le président nigérien et ont ensemble convenu « de proposer à leurs homologues de reporter au début de l’année 2020 la tenue, en France, du sommet consacré à l’opération Barkhane et à la force conjointe du G5 Sahel », a précisé la présidence française.

L’invitation de Macron aux présidents du G5 Sahel passe mal

Emmanuel Macron parle d’invitation. Mais le message du président français conviant cinq homologues africains à une réunion autour de l’engagement antijihadiste de la France au Sahel a été perçu comme une dégradante « convocation » par beaucoup dans les pays concernés.

M. Macron l’a annoncé le 4 décembre: il a invité les présidents du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie à le retrouver le 16 décembre à Pau, la ville du sud-ouest de la France où étaient basés sept des 13 soldats de la force antijihadiste Barkhane tués le 25 novembre au Mali.

Il a fermement réclamé de la « clarté » de la part de ses homologues sahéliens sur la présence française au moment où celle-ci suscite une contestation grandissante. Il a évoqué des manifestations antifrançaises, mais aussi des prises de position de ministres et « l’ambiguïté » dont feraient preuve certains gouvernements sahéliens. Il a paru désigner en particulier le Mali et le Burkina.

M. Macron attend de ses hôtes qu’ils « assument » publiquement auprès de leurs opinions le fait que les soldats français sont au Sahel à la demande des pays concernés, et non pas pour des « visées néocoloniales ». C’est une « condition nécessaire » et il tirera les conséquences si elle n’est pas remplie, a-t-il ajouté.

Barkhane lutte contre les mouvements jihadistes qui se sont multipliés depuis 2013 et ont étendu leur champ d’action du nord au centre du Mali et aux Niger et Burkina voisins. Les morts de cette guerre asymétrique se comptent par milliers, les déplacés par centaines de milliers.

A Bamako, Ouagadougou ou Niamey, une partie des opinions s’agace de l’incapacité imputée aux forces nationales et internationales à venir à bout des mouvements jihadistes, quand elle n’attribue pas la dégradation sécuritaire à la présence même des troupes étrangères.

Le ministre burkinabè de la Défense Cheriff Sy s’était lui-même « étonné », dans l’hebdomadaire sud-africain Mail&Guardian en juin, que les Français, avec les quelque 4.500 hommes de Barkhane et leurs moyens, « n’aient pas été en mesure d’éradiquer cette bande de terroristes ».

– « Paternaliste » –

Dans un contexte de tensions exacerbées par les violences, l’ancienne puissance coloniale fait une cible toute désignée, a fortiori quand elle est la force étrangère en première ligne. Le ton employé par le président français heurte d’autant plus.

« On aurait dit un appel du papa à ses enfants, c’est paternaliste, c’est pas possible! », lance Ali à ses camarades, au « Grin » à Bamako, lieu d’échanges autour d’un thé, souvent dans la rue. « Insultant », renchérit Georges, un autre consommateur.

« Roch (Marc Christian Kaboré, président du Burkina) aurait appris la convocation comme tout le monde, dans la presse apparemment, tu te rends compte! », enchaîne un camarade d’Ali. Ce que le président burkinabè a effectivement semblé indiquer lui-même.

L’amicale des anciens ambassadeurs et consuls généraux du Mali a jugé le procédé de M. Macron « particulièrement discourtois ».

« Espérons que quelqu’un, parmi les chefs d’État convoqués, aura le courage de dire (à M. Macron) que la meilleure façon de les griller aux yeux de l’opinion c’est justement de les convoquer de cette façon », a réagi auprès de l’AFP Moussa Tchangari, une figure de la société civile du Niger.

Ibrahim Maïga, chercheur malien à l’Institut des études de sécurité (ISS) à Bamako, convient que l’invitation « sonne comme une convocation » et que davantage d’écoute et de partage avec les partenaires sahéliens aurait peut-être été préférable.

– « Incohérences, inconséquences » –

Il a « le sentiment que le message s’adresse davantage aux Français » et à leur armée. Depuis 2013, 41 soldats français ont été tués au Mali. La mort récente de 13 militaires a causé un choc dans un pays dont l’armée n’avait pas subi d’aussi lourdes pertes depuis 1983 au Liban, et a soulevé des questions sur l’engagement au Sahel.

Paris connaît l’existence de longue date de sentiments antifrançais dans la région. Mais il fait ressentir son exaspération alors qu’à l’apparente impuissance des autorités nationales au Sahel s’ajoute par exemple la participation de députés maliens à la contestation. En novembre, l’état-major burkinabè, lui, mettait en garde les avions français qui survoleraient intempestivement le territoire.

Par ailleurs, la France fait depuis plusieurs mois des appels du pied à ses alliés européens pour qu’ils s’impliquent davantage dans la crise sahélienne. Le président français a indiqué vouloir repenser Barkhane « dans les prochaines semaines ».

Dans une lettre ouverte, l’ancien ministre des affaires étrangères burkinabè Ablassé Ouedraogo a lui aussi trouvé le ton de M. Macron « agacé et agaçant, voire autoritaire ». Mais, ajoute-t-il, il faut « reconnaître que par cet acte, le président français tape du poing sur la table et met nos gouvernants face à leurs responsabilités, à leurs incohérences et à leurs inconséquences ».

Un point de la rencontre entre Mahamadou Issoufou et les chefs touaregs du Mali

Le président Mahamadou Issoufou s’est entretenu à Niamey avec des chefs touaregs de la région de Kidal, dans le nord du Mali, qu’il avait récemment accusé d’être « une menace » pour la stabilité du Sahel, avait rapporté l’AFP.

Le 25 novembre à Niamey, Mahamadou Issoufou, Alghabass Ag Intalla, chef du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad, et Almou Ag Mohamed, porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad, se sont entretenus pendant près d’une heure au sujet de la ville de Kidal. Les responsables touaregs ont séjourné à Niamey « sur invitation du président Issoufou », a relevé une source touareg à l’AFP.

« Le président s’est entretenu le mardi 26 novembre avec notamment une délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) en présence du Premier ministre (nigérien) Brigi Rafini. Ils ont parlé de la récente déclaration du président sur le statut de Kidal« , a indiqué cette même source.

En août dernier, Issoufou Mahamadou avait déclaré que cette ville malienne, sous contrôle de groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, était « un sanctuaire pour les terroristes ». Et cette rencontre aurait permis entre autres, de mettre fin à l’incident malheureux qui est désormais clos, selon les déclarations d’un membre de la délégation touareg.

 

 

Le Niger va changer d’hymne National après 60 ans

Le Niger a décidé de changer son hymne national, « La Nigérienne », adopté au lendemain de l’indépendance en 1960, pour supprimer une allusion à l’ancien colonisateur français, a annoncé jeudi soir le gouvernement.

« Il y a des parties de l’hymne qui font à l’unanimité l’objet de critiques. Il faut trouver un hymne qui puisse galvaniser la population, être pour nous une sorte de cri de guerre pour toucher notre fibre patriotique », a expliqué le ministre nigérien de la Renaissance culturelle, Assoumana Malam Issa, à la télévision d’Etat.

Le ministre a fait l’annonce à l’issue d’un entretien entre le président Mahamadou Issoufou et un Comité chargé d’élaborer le nouvel hymne. Les paroles de « La Nigérienne » ont été écrites par le Français Maurice Albert Thiriet en 1961, un an après l’indépendance du pays en 1960. De nombreux Nigériens critiquent surtout les troisième et quatrième vers, « Soyons fiers et reconnaissants / De notre liberté nouvelle! », estimant que ce mot de « reconnaissant » marque une inféodation à la France.

Le Comité chargé du nouvel « va réfléchir sur l’hymne actuel en lui apportant des correctifs » et « si possible trouver un nouvel hymne qui réponde au contexte actuel du Niger », a poursuivi le ministre.

Il a lancé « un appel » à ses compatriotes à faire parvenir au Comité des « contributions » pour l’élaboration de « l’oeuvre principale (finale) en langues nationales ». Le pays célébrera le 18 décembre le 61 ème anniversaire de la proclamation de sa république en 1958.

Gambie : le récit glaçant de l’exécution du cousin de l’ex- chef d’État

La Commission vérité et réconciliation auditionne les anciens hommes de main de Yahya Jammeh, surnommés les « Junglers ». Omar A. Jallow, entendu pendant deux jours, a avoué avoir participé à au moins 48 assassinats. Il avait été arrêté en mai 2017 avec d’autres Junglers. Aujourd’hui, ils sont 6 comme lui en détention dans l’attente d’un procès. Si procès il y a, Omar A. Jallow devra répondre de nombreux crimes.

Omar A. Jallow a fini par demander de l’aide à l’avocat général. Il ne se souvenait plus du nom de toutes ses victimes. Au moins 48 personnes ont été tuées avec son assistance. Assassinat d’un groupe de migrants ghanéens, exécutions extrajudiciaires de prisonniers ou encore le meurtre d’Haruna Jammeh, cousin du dictateur. Il a été tué pour une sombre histoire de vengeance dans une mise en scène effroyable, mimée et racontée par Omar Jallow.

Omar Jallow : « On a pris une corde que l’on a enroulée autour du cou d’Haruna et on l’a fait tomber par terre. Sanna Manjang nous a demandé de tirer chacun un bout de la corde. Lui était assis sur le toit de la voiture, d’où il a sauté pour écraser le cou d’Haruna qui est mort dans l’instant ».

Essa Faal (avocat général) : « Vous mangiez régulièrement chez lui ? ».

Omar Jallow : « Oui votre honneur ».

Essa Faal : « C’était votre ami ? ».

Omar Jallow : « Oui, votre honneur ».

Essa Faal : « Il vous venait en aide ? »

Omar Jallow : « Oui, votre honneur ».

Essa Faal : « Et pourtant, vous l’avez exécuté de sang-froid ? »

Omar Jallow : « Oui, votre honneur ».

Le corps d’Haruna Jammeh a été jeté dans un puits devenu au fur à mesure une fosse commune où s’entassent plusieurs corps de victimes en Casamance.

Les enquêteurs de la Commission vérité mènent des recherches pour retrouver les différents lieux d’enterrement. Des victimes ont notamment été décapitées, brûlées et enterrées dans le jardin de Yahya Jammeh à Kanilai.

Par RFI