Nations Unies Archives - Journal du niger

Mission du Secrétaire aux droits humains des Nations Unies au Niger : « Le Niger n’est ni une république, ni une démocratie »

Le communiqué de presse publié par Clément Voule, secrétaire aux droits humains des Nations Unies édifie désormais le monde extérieur, ceux qui sont régulièrement abusés par les discours des gouvernants et des reportages payés à grands frais dans les colonnes de journaux à audience internationale, sur la situation sociale et politique qui prévaut au Niger. Joule, qui a séjourné au Niger du 6 au 16 décembre 2021, a notamment estimé que la gouvernance qui a cours au Niger n’a ni les attributs d’une république, ni les caractéristiques d’une démocratie.

 

 

Publié 48 heures avant la célébration du 63e anniversaire de la proclamation de la république, le communiqué du secrétaire aux droits humains des Nations Unies sonne comme un cinglant désaveu pour les autorités nigériennes et les voix extérieures qui louent en particulier la démocratie nigérienne. « Il est inquiétant de constater que depuis 2018, toute demande de manifestation visant à exprimer des points de vue opposés sur la façon dont le pays est gouverné ait été systématiquement interdite avec pour motifs la crise sécuritaire ou l’urgence sanitaire liée à la pandémie de COVID 19 », a notamment écrit Joule, non sans avoir souligné que ‘l’État a l’obligation d’assurer la jouissance des droits de réunion pacifique et d’association, même en temps de crise ».

L’autopsie réalisée par l’expert de l’Onu révèle le visage hideux de la gouvernance nigérienne qu’une propagande faite à dessein n’a pas réussi à camoufler aux yeux du monde.

Outre la restriction des libertés publiques et le refus systématique de manifestation qui, a relevé Voule, « risquerait d’ouvrir une voie indésirable, celle d’une résistance violente », d’autres aspects importants ont été abordés par le secrétaire aux droits humains des Nations Unies. L’expert de l’ONU s’est ainsi intéressé à la question des prisonniers politiques que Voule convie les autorités nigériennes à libérer pour favoriser un climat social apaisé, l’indépendance de la justice qui doit être renforcée pour garantir la jouissance des libertés fondamentales et la consolidation de l’État de droit, la lutte contre la corruption et l’impunité qui est un défi qui doit être relevé de toute urgence afin de créer la confiance des citoyens dans leurs institutions et leurs dirigeants. Le rapporteur spécial de l’Onu, qui a invité les autorités à réinstaurer d’urgence un dialogue avec la société civile et les partis politiques sur les enjeux sécuritaires, économiques, sociaux et environnementaux, a précisément ciblé les lois qui restreignent l’espace civique, notamment celles sur la cybercriminalité et les rassemblements publics, appelant à un processus d’amendements consensuels de ces textes. L’autopsie réalisée par l’expert de l’Onu révèle le visage hideux de la gouvernance nigérienne qu’une propagande faite à dessein n’a pas réussi à camoufler aux yeux du monde.

À vrai dire, les conclusions préliminaires de Joule ne sont pas surprenantes pour les Nigériens qui subissent, impuissants, les travers d’une gouvernance sans repères véritables.

Ce communiqué de presse, rendu public en prévision du rapport de l’expert attendu pour juin 2022, indique éventuellement à ceux qui voient et jugent de l’extérieur, que le Niger n’est ni une République, ni une démocratie. Les principes qui s’y rattachent sont bafoués et l’expert onusien, qui a rencontré autorités, opposants et acteurs de la société civile, ne s’est guère trompé sur la situation sociale et politique qui prévaut au Niger. À vrai dire, les conclusions préliminaires de Joule ne sont pas surprenantes pour les Nigériens qui subissent, impuissants, les travers d’une gouvernance sans repères véritables. Si le Niger n’est ni une république, ni une démocratie, il n’est, non plus, ni une royauté, ni une dictature au sens strict du terme. Il vogue entre les deux rivages, les gouvernants se réclamant républicains et démocrates, mais avec leurs lots de prisonniers politiques et d’opinion, leur aversion à toute manifestation publique et une propension maladive à instrumentaliser la justice.

La gouvernance au Niger est d’autant plus cruelle qu’elle se fait à l’ombre tutélaire des lois.

Des prisonniers politiques, parfois sur la base de leurs opinions, des lois liberticides telle que la loi sur la cybercriminalité, la corruption qui a ruiné les finances publiques, sur fond d’impunité garantie aux délinquants économiques, les réalités de la gouvernance au Niger sont d’une cruauté indicible. Une gouvernance scabreuse dont le géniteur, on ne sait grâce aux bons offices de qui, a pourtant été nominé du prix Mo Ibrahim. La gouvernance au Niger est d’autant plus cruelle qu’elle se fait à l’ombre tutélaire des lois.

Et au nom des lois, taillées sur mesure pour étouffer la démocratie et les libertés publiques, on interpelle à tort et à travers, on embastille pour un non ou un oui et on jette en prison, souvent sans jugement. Ainsi, selon des journalistes, la loi sur la cybercriminalité est expressément faite pour contourner l’impossibilité d’emprisonner pour un délit commis par voie de presse. Tout comme d’ailleurs la loi portant organisation, fonctionnement et attributions du Conseil supérieur de la communication (Csc) dans laquelle il a été introduit un article 17 nouveau par lequel l’institution de régulation s’offre la possibilité de sanctionner des médias en dehors des dispositions de l’ordonnance 2010-035 du 4 juin 2010 portant régime de la liberté de presse au Niger.

Le communiqué de presse de l’expert de l’Onu a beau être des plus embarrassants pour des autorités qui se disent républicains et démocrates, celles du Niger ne se sentent pas particulièrement gênées. C’est ainsi depuis des années. Les critiques, dénonciations et récriminations n’y ont rien fait. Et malgré ses promesses pour une meilleure gouvernance, le Président Bazoum Mohamed semble aujourd’hui patauger….dans la continuité.

 

source: Agence nigérienne de presse

Diplomatie : « le Niger est un exemple de démocratie », selon l’Ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies

En visite de travail au Niger, l’Ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations Unies, Mme Linda Thomas-Greenfield, a été reçu en audience le 26 octobre 2021 par le Président de la République SEM. Bazoum Mohamed. A cette occasion, la diplomate américaine a vanté la stabilité politique du Niger qui s’est traduite cette année par la première passation de pouvoir pacifique et démocratique de son histoire. Elle a également assuré le Chef de l’Etat de l’engagement de son pays à accompagner le Niger à relever ses défis de développement afin d’instaurer ensemble, la paix et la prospérité pour tous.

 

 

C’est en compagnie de l’Ambassadeur des Etats-Unis au Niger, SE. Paul Eric Whitaker, que la diplomate américaine a été reçue au Palais de la Présidence de Niamey par le Président Bazoum Mohamed qui avait à ses cotés, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Hassoumi Massaoudou.

Peu après l’audience présidentielle, l’Ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations Unies s’est exprimée face à la presse. L’occasion pour Mme Linda Thomas-Greenfield, d’exposé les grands axes de ses échanges avec le Chef de l’Etat nigérien. Elle a annoncé qu’elle a réitéré au Président Bazoum, « les félicitations du gouvernement des Etats-Unis pour son investiture et particulièrement pour la première passation de pouvoir pacifique et démocratique au Niger d’un Président à un autre».« Le Niger donne un exemple clair de ce à quoi ressemble la démocratie », a estimé la diplomate américaine qui a déclaré avoir passer en revue avec le Président de la République, « les nombreuses façons dont les Etats Unis et le Niger travaillent ensemble,  de la diplomatie au développement en passant par la démocratie et la défense ».

Diplomatie et développement

Sur le plan diplomatique, Mme Linda Thomas-Greenfield a souligné avoir remercier le Président de la République « pour le leadership constant et continu » du Niger sur le Conseil de Sécurité des Nations Unies et le rôle du Niger au sein des missions de maintien de la paix des Nations Unies au Mali et en République Centrafricaine. « Le Niger a été un partenaire solide pendant son mandat au Conseil de Sécurité des Nations Unies ces deux dernières années et dans le soutien à la sécurité au Sahel », a-t-elle reconnu.

En matière de développement, l’Ambassadrice Thomas-Greenfield a assuré que « les Etats-Unis continueront de promouvoir une croissance économique inclusive avec nos partenaires du Niger. Dans un paysage caractérisé par des défis complexes, nos efforts conjoints permettront à terme de créer un avenir meilleur pour les Nigériens ». La diplomate américaine a rappelé, dans ce cadre, l’intervention des Etats-Unis pour combattre la pandémie du COVID-19 avec une aide du gouvernement américain de 22,2 millions de dollars et un don de 300.000 vaccins Johnson & Jonhson via l’initiative COVAX.

Démocratie et Défense

En matière de Démocratie, SE. Linda Thomas-Greenfield, a indiqué avoir échanger avec le chef de l’Etat, « la manière dont la protection des droits civils et des libertés civiles, telles que la liberté d’expression et la liberté de la presse, jouent un rôle important dans le renforcement de la légitimité de chaque gouvernement ». Pour la diplomate américaine, « ces efforts contribuent également à lutter contre l’extrémisme violent ».

Enfin, en matière de Défense et de sécurité, « un enjeu clé pour la région », la diplomate américaine a estimé que « les partenaires du Niger doivent aborder la question de la sécurité ensemble ». Pour l’Ambassadrice Thomas-Greenfield, « une véritable sécurité collaborative signifie un partenariat cohérent entre les forces de sécurité et la communauté, dans laquelle la sécurité est inclusive, équitable et respectueuse des droits humains ». A cet effet, a-t-elle fait savoir, « j’ai exprimé nos graves préoccupations concernant les informations selon lesquelles des mercenaires russes pourraient être déployés au Mali et le risque que cela poserait pour la paix et la sécurité dans l’ensemble du Sahel».

L’ambassadrice des USA aux Nations Unies a aussi annoncé avoir évoquer avec le Président Bazoum,  les objectifs communs aux deux pays, notamment, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. « Nous espérons que le Niger travaillera avec nous sur notre objectif commun, lutter contre le terrorisme et refuser l’extrémisme violent », a ajouté Linda Thomas-Greenfield qui a assuré aux autorités que son pays va aider le Niger à atteindre ces objectifs en promouvant le développement et la bonne gouvernance.

« Les Etats-Unis sont attachés à l’avenir du Niger. Ensemble, nous travaillerons sur nos priorités communes et nous nous concentrerons sur l’instauration de la paix et de la prospérité pour tous ».

A la fin de son adresse aux médias nationaux et internationaux, SE. Linda Thomas-Greenfield n’a pas manqué de souligner qu’elle a abordé avec le Chef de l’Etat, les nombreuses initiatives sur lesquelles lui et son administration travaillent. « J’ai eu vent de l’accent qu’il met sur l’éducation en général et particulièrement de la jeune fille, les efforts pour accroitre la croissance économique et les plans pour augmenter l’effectif et la capacité de l’armée nigérienne pour contrer les menaces à la sécurité régionale », a loué la diplomate américaine. « Nous acclamons le travail acharné du gouvernement nigérien sur ses fronts », a conclu Mme Linda Thomas-Greenfield.

Un partenariat solide

Il faut noter qu’auparavant, c’est l’Ambassadeur des Etats-Unis au Niger qui a pris la parole pour une brève présentation de l’Ambassadrice Linda Thomas-Greenfield, qui occupe en réalité et selon ses mots, « le plus haut grade d’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique » mais aussi « une fonctionnaire distinguée ayant plus de trois décennies d’expérience au service des Etats-Unis et une spécialiste de l’Afrique ». Selon SE. Eric P. Whitaker, c’est la deuxième haut fonctionnaire de l’Administration Biden-Harris à se rendre au Niger, et cette visite est la deuxième des trois escales qu’elle va faire sur le continent. Selon les explications du diplomate américain, en plus de ses activités dans le cadre de la mission du Conseil de sécurité au Niger, l’Ambassadrice Thomas-Greenfield a décidé de prolonger son séjour dans le pays afin de s’entretenir avec les plus hautes autorités du pays. « Elle l’a fait parce que le Niger est un partenaire, un allié important et un pays ami qui compte pour les Etats-Unis», a souligné l’ambassadeur américain.

Au cours de sa visite, l’Ambassadrice des USA aux Nations Unies s’est également entretenue avec le chef de la diplomatie nigérienne, M. Hassoumi Massaoudou, ainsi que le ministre de la Défense nationale, M. Alkassoum Indatou. « Nos discussions ont porté sur des sujets d’intérêts mutuels dans le cadre de l’approche 4D de l’Ambassade américaine au Niger : Diplomatie, Développement, Démocratie et Défense », a mis en exergue SE. Eric P. Whitake pour qui, « la visite de l’Ambassadrice Thomas-Greenfield est un signal fort de notre partenariat dans lequel je continue à croire que le Niger se lève ».

Niger: Déjà 151 décès dus au choléra

L’Uncerf, l’organe des Nations unies pour les réponses d’urgence, vient de débloquer plus de 45 milliards FCFA, pour aider le pays à faire face à l’épidémie.

 

 

 

Pour lutter contre la propagation du choléra, autorités et ONG misent entre autres sur la sensibilisation aux gestes barrière, en mobilisant les communautés. « Il y a une information des leaders et des imams, prêtres et des tradipraticiens. Nous avons aussi ciblé les transporteurs, car quand quelqu’un est malade, qu’il a les signes, ils font appel à ces tricycles, à ces motos-taxis, à ces taxis. Au niveau des zones insulaires, c’est les piroguiers, c’est eux qu’on informe pour qu’ils puissent prendre des dispositions au cours du transport des patients affectés », explique le Dr Mossi Alhassane Maiga, coordinateur santé de la Croix-Rouge nigérienne.

Sur un territoire de plus de 1,2 million de kilomètres carrés, les défis sont grands et les moyens encore insuffisants, pour le Dr Issa Malam Kanta, responsable de l’ONG médicale Alima au Niger : « Il y a aussi du retard de références des cas de communautés vers les centres que nous avons mis en place. Dans le tableau du choléra, il y a notamment des vomissements et comme on est en période de saison des pluies, ça peut faire penser à d’autres maladies, comme le paludisme. Il y a aussi des problèmes pour certaines zones en raison de l’insécurité qui ne permet pas d’aller où l’on veut. »

Aujourd’hui, les humanitaires recensent plus de 4 800 cas de choléra dont 151 décès. L’Uncerf, l’organe des Nations unies pour les réponses d’urgence, vient de débloquer plus de 45 milliards FCFA, pour aider le pays à faire face à l’épidémie. Quelques jours plus tôt, l’Union européenne a débloqué près de 197 millions FCFA euros pour lutter contre cette maladie. Le premier cas de choléra a été déclaré fin mars et malgré une réponse rapidement mise en place par les autorités, sur les huit régions du pays, six sont touchées par l’épidémie.

Pour le Niger, seule une action internationale pourra rétablir la sécurité au Sahel et dans le bassin du lac Tchad

Devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président du Niger, Mahamadou Issoufou, a rappelé, jeudi que seule une action internationale pourra rétablir la sécurité dans les régions africaines du Sahel et du bassin du lac Tchad et a fait part de sa préoccupation sur la situation au Mali.

« Le Niger est convaincu que les nombreuses menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales ne peuvent pas être résolues par les États pris individuellement, mais par une action collective de la communauté internationale », a déclaré M. Issoufou qui s’exprimait pour la dernière fois devant l’Assemblée générale en sa qualité de chef d’Etat, la constitution nigérienne limitant à deux le nombre de mandats à la présidence du pays.

M. Issoufou s’est félicité du renforcement des capacités opérationnelles et de renseignement des forces de défense et de sécurité au niveau national, de l’opérationnalisation de la Force mixte multinationale (Bénin, Cameroun, Niger, Nigéria et Tchad) dans le bassin du lac Tchad et de la Force conjointe du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad).

« Pour un financement pérenne de celle-ci, je salue la proposition (du) Secrétaire général (de l’ONU) António Guterres, qui préconise de s’inspirer du modèle de la mission de l’Union africaine (UA) en Somalie (AMISOM) », a-t-il dit.

Pour le Président du Niger, la création de la coalition de lutte contre le terrorisme au Sahel, la mise en place d’un commandement conjoint pour toutes les forces militaires participantes dont celles françaises (Barkhane) et européennes (Takuba), le déploiement prochain par l’UA d’un contingent de 3.000 hommes, les initiatives de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), « sont autant d’éléments qui suscitent l’espoir d’une victoire sur notre ennemi commun : le terrorisme et le crime organisé ».

Mali : le Niger appelle à une transition dirigée par les civils

Niamey, qui préside le Conseil de sécurité des Nations Unies en ce mois de septembre, a fait part de sa préoccupation concernant l’évolution de la situation au Mali, après le coup d’État intervenu dans ce pays voisin le 18 août dernier.

« Le Niger et les autres pays de la CEDEAO sont pleinement engagés dans la recherche de solutions pour une sortie de crise au Mali », a affirmé M. Issoufou. Pour le chef d’Etat nigérien, une telle sortie de crise nécessite le retour des militaires dans leurs casernes et une transition dirigée par des autorités civiles.
« Au Mali, et sur l’ensemble de l’espace du G5 Sahel, nous avons besoin du multilatéralisme pour poursuivre le combat contre le terrorisme sous toutes ses formes en prenant dûment en compte les dimensions femmes et jeunes, parce que c’est sur le terreau de la pauvreté que prospère le terrorisme », a souligné M. Issoufou.

Le Président nigérien a rappelé que les enfants sont parmi les premières victimes des attaques terroristes qui ciblent les écoles dans la région du Sahel central où des milliers d’enfants sont privés d’éducation.

« Or, notre région n’a pas créé ces maux. Ils lui ont été imposés. Notre région est une victime », a rappelé le chef d’Etat, insistant sur le fait que la menace sécuritaire qui s’abat sur le Sahel n’est pas seulement une problématique locale mais une préoccupation de portée globale.

M. Issoufou a appelé à ce que les efforts sécuritaires et de développement consentis par les États du Sahel soient adéquatement accompagnés dans le cadre des aides bilatérales et multilatérales.

Le Président nigérien a également tenu à saluer les sacrifices consentis par les travailleurs humanitaires. Six d’entre eux ont été tués le 9 août dernier dans une attaque terroriste à une cinquantaine de kilomètres de la capitale Niamey.

« Je sais que la résolution 2175 de 2014 (du Conseil de sécurité portant sur la protection du personnel humanitaire) les protège mais cette protection doit être renforcée », a t-il dit. M. Issoufou a appelé à mettre en place un mécanisme de surveillance de communication de l’information et de sanctions concernant les attaques contre les humanitaires.

Le Niger en position de leadership au Conseil de sécurité des Nations Unies, selon le Ministre des affaires étrangères

NIAMEY, 05 Août (ANP) – Le Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur, M. Kalla Ankourao a déclaré, ce mercredi 5 août 2020 dans une interview, que depuis son élections au Conseil de sécurité des Nations Unies, « le Niger porte une position de leadership qui le met en avant dans la coordination des négociations et des réflexions sur les questions de paix et de sécurité internationale ».

Dans cette interview sur les six premiers mois de présence du Niger au Conseil de Sécurité de l’ONU, il a précisé que « une des manifestations de ce leadership réside dans l’animation et la coordination du groupe des trois pays membres africains du Conseil (l’Afrique du Sud, le Niger et la Tunisie) et Saint-Vincent et les Grenadines ».
(Lire ci-dessous l’intégralité de l’interview du Ministre Kalla Ankourao)

INTERVIEW DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, DE LA COOPERATION, DE L’INTEGRATION AFRICAINE ET DES NIGÉRIENS A L’EXTÉRIEURE A L’OCCASION DES 6 MOIS DU NIGER AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DES NATIONS UNIES

Que représente l’accession du Niger au Conseil de Sécurité des Nations Unies ?

La participation du Niger aux activités du Conseil de Sécurité en qualité de membre non-permanent fait de lui un membre de l’organe exécutif de l’Organisation des Nations Unies. Ainsi, il partage avec les autres membres du Conseil la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale. C’est dire tout le symbole que revêt pour le Niger la qualité de membre du Conseil du Conseil de Sécurité. Cela le distingue sur la scène diplomatique africaine et mondiale et, en même temps, l’investit de lourdes et exaltantes responsabilités.
Il convient de rappeler que depuis son accession à la souveraineté internationale, c’est la deuxième fois que le Niger siège au sein de cette auguste institution après son premier mandat qui remonte en 1980 et 1981. Siéger au Conseil de sécurité est un privilège exceptionnel qu’un tiers des 193 pays membres des Nations Unies (soit 62 pays) n’ont pas encore eu la chance de connaître. C’est aussi une question de responsabilité car cela implique des engagements importants pour les pays concernés, qui se doivent de déployer les moyens nécessaires, matériels et humains, pour répondre aux fortes attentes de la communauté internationale.
Ce qui n’est pas négligeable au regard de la préparation et de l’engagement que requièrent les responsabilités de membre du Conseil de Sécurité,
Il convient également de signaler que le retour du Niger au sein du Conseil de sécurité est le résultat d’une activité diplomatique concluante engagée depuis 2011. Celle-ci a largement influencé les grandes décisions, sur les sujets d’intérêt commun, aux niveaux sous régional, régional et international, où les engagements et les contributions avisées des dirigeants nigériens sur les questions d’importance stratégique sont reconnues et appréciées. Plusieurs autres faits ont pu renforcer la confiance dont jouit notre pays sur la scène internationale.
Nous pouvons ainsi citer le comportement exemplaire, depuis plusieurs décennies des militaires nigériens au sein des contingents du maintien de la paix des Nations Unies ou encore la contribution décisive du Président de la République dans le processus d’intégration du continent notamment à travers l’aboutissement, en un temps record du projet panafricain de la zone de libre échange continentale.
C’est donc une des promesses du Président de la République qui est ainsi honorée à travers l’accession de notre pays au Conseil de Sécurité. Il s’agit incontestablement du couronnement des efforts diplomatiques déployés par le Niger depuis bientôt dix ans.

Le Niger siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies depuis le 1er janvier 2020. Quelle appréciation faites-vous de ce début du mandat ?

Être membre du Conseil nécessite, comme je le disais tantôt, une bonne préparation et un grand sens de responsabilité parce que le Niger est désormais, pour deux ans, parmi les Etats qui négocient et discutent sur les grands sujets de préoccupation mondiale, comme le terrorisme, le climat, la migration, le nucléaire, le multilatéralisme etc.., autant de questions qui conditionnent la paix et la sécurité au niveau mondial. Donc, plus qu’un privilège, il s’agit pour le Niger d’un redoutable défi, car, le Niger doit mériter la confiance qui a été placée en lui par la CEDEAO et l’Union Africaine.
Et pour ce faire, nous avons pris des dispositions pour être à la hauteur de cette mission, aussi bien au niveau de notre Représentation Permanente à New York qu’au niveau Central à Niamey, où une Cellule Centrale d’appui à la Mission Permanente du Niger au Conseil de sécurité a été mise en place depuis le mois de janvier 2020. Ainsi, outre la Mission Permanente, la cellule de New York et celle de Niamey, nous avons mobilisé plus d’une trentaine (30) d’Experts à cet effet.
Il convient de noter que depuis son accession au Conseil de sécurité, le Niger porte une position de leadership qui le met en avant dans la coordination des négociations et des réflexions sur les questions de paix et de sécurité internationale. Une des manifestations de ce leadership, réside dans l’animation et la coordination du groupe des trois pays membres africains du Conseil (l’Afrique du Sud, le Niger et la Tunisie) et Saint-Vincent et les Grenadines, qui constituent une sorte de groupe de pression pour défendre leurs intérêts communs au sein du Conseil.  C’est ce qu’on appelle dans le jargon onusien les A3+1, signifiant le Groupe des trois (3) pays africains et Saint-Vincent et les Grenadines, qui est un pays des Caraïbes. Cela permet de renforcer davantage nos positions régionales ou nationales au sein du Conseil de sécurité, en générant plus de soutien autour de celles-ci.
D’ailleurs le Niger est le porte-plume du Conseil de Sécurité en ce qui concerne la situation en Guinée-Bissau où, comme vous le savez, il a un avantage comparatif en sa qualité de Président en Exercice de la Commission Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
D’une manière générale, le Niger, seul ou avec les pays qui lui sont associés, est partie prenante à d’intenses consultations non seulement avec les cinq membres permanents du Conseil, mais aussi avec des pays ou des groupes de pays, des organisations internationales et de beaucoup d’autres acteurs du processus multilatéral mondial.
C’est cette posture d’acteur de premier plan, dans le contexte multilatéral mondial, qui est celle du Niger aujourd’hui. Je dois dire qu’elle honore tout le peuple nigérien.

Quelles sont les ambitions du Niger au Conseil de Sécurité ?

Les ambitions du Niger vis-à-vis du Conseil de Sécurité des Nations Unies sont de divers ordres.
La première est celle de sa visibilité internationale et de sa volonté de prendre part à la résolution des grandes questions internationales de paix et de sécurité. Son ambition est de promouvoir la culture de la paix, mission principale du Conseil de sécurité, conformément aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies ».
Le thème de l’UA pour l’année 2020 à savoir : « faire taire les armes sur le continent » constitue une préoccupation constante pour notre équipe.
Par ailleurs, le Niger s’impliquera ardemment dans le traitement des grandes questions internationales comme l’environnement, la sécurité et le  développement de l’espace sahélo-saharien. Il militera également pour une gouvernance mondiale plus ouverte et plus démocratique avec la réforme du conseil de sécurité, de la banque mondiale et d’une manière générale du système qui a été mise en place après la deuxième guerre mondiale.

Pouvez-vous donner quelques exemples d’actions significatives du Niger au Conseil de sécurité depuis sa brillante élection à cette prestigieuse institution ?

Les responsabilités du Niger au Conseil de Sécurité sont grandes. Actuellement, le Niger préside certains comités spécifiques. Certains se rapportent aux missions du Conseil de Sécurité (exemple du Comité sur les sanctions en République Centrafricaine) ou à la situation dans certains pays (exemple du Groupe de travail sur la RDC) ou le comité contre le terrorisme. Dans chacun de ces comités, notre pays joue pleinement son rôle de portevoix de l’Afrique.
Permettez- moi de mettre l’accent sur la situation au Mali, une crise qui est à nos portes et qui nous touche directement.
Le Niger a joué un rôle important dans le cadre de la recherche de solutions à la crise malienne. Il s’est fortement impliquer dans le renouvellement et le renforcement du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) au Conseil de Sécurité. Comme on le sait, le Conseil a adopté en juin dernier une résolution dans ce sens. Aujourd’hui, on peut légitimement se réjouir de ce que le mandat de la MINUSMA ait été prolongé jusqu’au 30 juin 2021, avec un effectif de 13289 militaires et 1920 policiers.
Par ailleurs, le Niger s’active à obtenir un soutien important et pérenne à la Force conjointe du G5 Sahel dont le but est de lutter contre le terrorisme dans l’espace des cinq (5) pays qui composent l’organisation.
En outre, l’une des actions à laquelle notre pays a été d’un apport essentiel, c’est la situation en Guinée Bissau, un pays qui traverse lui aussi une crise politique majeure, et qui a fait l’objet en février dernier d’examen par le Conseil de Sécurité, notamment sur le mandat du Bureau Intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée Bissau (BINUGBIS). Le Conseil de Sécurité a prolongé le mandat du BINUGBIS jusqu’au 31 décembre 2020. Un bureau dont la mission est de soutenir les accords de Conakry et la feuille de route de la CEDEAO, de faciliter un dialogue inclusif, le processus de réconciliation et de renforcer la gouvernance démocratique.
Il convient de signaler également le rôle important que le Niger a joué dans les efforts du Conseil de Sécurité pour la consolidation de la paix au Soudan du Sud en Libye, en Syrie, au Jammu et Cachemire, entre autres.

Le Niger va présider le Conseil de Sécurité en septembre prochain. Qu’est ce qu’il compte faire pendant sa présidence ?

Avant de répondre à votre question, je rappelle que la présidence de Conseil de sécurité est assurée par chacun des quinze (15) membres à tour de rôle, pendant un mois. En septembre prochain, ce sera le tour de notre pays.
Présider une enceinte comme le Conseil de sécurité où se traitent les grandes questions internationales en matière de paix et de sécurité est une charge redoutable,
Cette présidence nous permettra donc de partager et de traduire notre vision et celle de tout le continent africain sur les questions de paix et de sécurité internationales.
Notre pays va organiser à cet effet des réunions et des événements sur des questions d’intérêt pour lui et pour notre continent. Il préparera ainsi de concert avec la Tunisie, l’Afrique du sud, les Saint-Vincent et Grenadines, de pertinentes résolutions en vue de leur adoption par le Conseil de sécurité au cours de sa présidence. Nous aurons le temps de revenir de façon plus approfondie sur ce sujet.

Question d’actualité : Quelle est la position du Conseil de Sécurité sur la situation au Mali ?

Tout comme la CEDEAO, le Conseil de Sécurité a exprimé sa profonde inquiétude face aux dernières tensions politiques au Mali. Les membres du Conseil ont exprimé leur ferme soutien aux efforts de médiation de la CEDEAO, y compris les missions conduites par l’ancien Président du Nigeria, Good Luck Jonathan et celles des actuels Chefs d’Etat de la région dirigée par Son Excellence Issoufou Mahamadou, Président en exercice des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO. Le Conseil de Sécurité a également pris note des recommandations issues du dernier Sommet Extraordinaire des Chefs d’Etats de la CEDEAO sur la crise malienne et s’est engagé à assurer son ferme soutien pour la mise en œuvre des décisions de ce sommet.