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Afrique : vers la création d’un environnement propice aux véhicules électriques

Le Fonds pour l’énergie durable pour l’Afrique (Sefa, sigle anglais) va accorder une subvention d’assistance technique d’un million de dollars à la Facilité de mobilité verte pour le continent noir (GMFA, sigle anglais).L’Afrique ne contribue que très peu au réchauffement climatique. Et le continent noir compte faire davantage pour préserver l’environnement en promouvant des moyens de transports plus écologiques. Le Fonds pour l’énergie durable pour l’Afrique (SEFA) du Groupe de la Banque africaine de développement va ainsi accorder une subvention d’assistance technique d’un million de dollars à la Facilité de mobilité verte pour l’Afrique (GMFA).

La subvention SEFA soutiendra la création d’un environnement propice aux véhicules électriques (VE), la conception de modèles commerciaux et de lignes directrices pour les secteurs public et privé. Il permettra aussi le développement d’un pipeline bancable de projets de mobilité électrique, la coordination régionale et la connaissance.

GMFA fournit une assistance technique et des capitaux d’investissement pour accélérer et développer les investissements du secteur privé dans des solutions de transport durables dans sept pays : Kenya, Maroc, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone et Afrique du Sud.

« Nous pensons que GMFA aura un impact considérable sur le marché africain en accélérant le passage à la mobilité verte, en réduisant plus de 2 175 000 tonnes d’équivalent dioxyde de carbone d’émissions de gaz à effet de serre et en facilitant la création de 19 000 emplois à temps plein », », a déclaré Nnenna Nwabufo, directrice générale du Bureau régional de développement et de prestation de services en Afrique de l’Est de la Bad.

« La demande future de solutions de mobilité et de possession de véhicules devrait augmenter avec l’urbanisation rapide, la croissance démographique et le développement économique. Nous sommes ravis de recevoir ce soutien de la Bad. Nous considérons cela comme un vote de confiance dans nos efforts pour passer aux solutions de mobilité électronique et faire avancer la transition du Rwanda vers une économie à faibles émissions de carbone », a soutenu Clare Akamanzi, directrice générale du Rwanda Development Board.

Bassin du lac Tchad : Le CICR lance un appel à l’aide pour 11 millions de personnes

Plusieurs millions de personnes sont obligées de fuir leur foyer en raison du conflit dans le bassin du Lac Tchad.À l’occasion de la troisième Conférence de la région du Lac Tchad qui se tient à Niamey les 23 et 24 janvier, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) appelle à des efforts urgents pour assurer une protection efficace des millions de civils embourbés dans la violence.

Plus de dix ans après le début de la crise, le conflit dans le bassin du lac Tchad, où se rencontrent le Nigeria, le Tchad, le Niger et le Cameroun ne montre aucun signe d’apaisement.

La violence à l’encontre de la population civile reste alarmante, laissant plus de 11 millions de personnes lutter chaque jour pour leur survie.

« Malgré les efforts déployés par les acteurs étatiques, humanitaires et du développement, la situation dans la région du lac Tchad reste désastreuse. Des millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer. Des milliers de familles vivent dans des conditions extrêmement précaires, sans accès approprié à la nourriture, aux soins de santé et à l’éducation », a déclaré le vice-président du CICR, le Dr Gilles Carbonnier.

Sur les 11,3 millions de personnes qui ont besoin d’aide pour survivre dans le bassin du lac Tchad, au moins 3 millions sont des déplacés qui ont fui leur foyer en raison de la violence, selon des sources officielles. Des communautés entières vivent dans l’incertitude, sans savoir si elles pourront un jour rentrer chez elles.

« Le sort des personnes déplacées doit être reconnu comme une priorité absolue dans le bassin du lac Tchad », a plaidé Gilles Carbonnier.

Le CICR encourage les États à ratifier la Convention de Kampala et à adopter des mécanismes nationaux de mise en œuvre.

La Convention garantit une protection et un niveau de sécurité aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, et fournit aux gouvernements un cadre pour répondre aux crises de déplacement.

Si la majorité des États africains l’ont ratifiée, des actions sont nécessaires pour intégrer les dispositions de la Convention dans les cadres juridiques nationaux et les rendre opérationnelles.

Les États ont la responsabilité de veiller à ce que les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays soient autorisées à prendre la décision de rentrer chez elles dans des conditions sûres et dignes, a déclaré le CICR dans un communiqué. Mais, en raison de la nature prolongée du conflit, nombre d’entre elles risquent de ne pas pouvoir le faire.

Après plus d’une décennie, le conflit dans le bassin du lac Tchad se prolonge et son bilan pour les personnes prises au piège ne cesse de s’alourdir, a-t-il averti.

Le CICR a enregistré plus de 26 188 cas de disparitions dans les quatre pays du bassin du lac Tchad : Cameroun, Tchad, Niger et Nigeria. Près de 15 000 d’entre eux étaient mineurs au moment de leur disparition. Les enfants sont particulièrement concernés.

La nature prolongée du conflit affecte les mineurs de manière disproportionnée, notamment ceux qui sont confrontés à des déplacements multiples.

Le fait d’être contraint de fuir son domicile met à mal l’environnement protégé que la famille et la communauté offrent aux enfants.

En conséquence, ils sont davantage exposés aux abus sexuels, à l’association avec des porteurs d’armes, à la séparation familiale et à la disparition.

Pour répondre efficacement à la nature prolongée et dynamique du conflit, il est nécessaire que les acteurs travaillent ensemble dans le cadre d’une approche plus synergique.

Une approche qui rassemble le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que les partenaires gouvernementaux, de paix, de développement et autres partenaires humanitaires pour trouver des solutions à long terme à la crise.

« Nous donnons la priorité au respect du droit international humanitaire ainsi qu’à une action humanitaire neutre, impartiale et indépendante pour protéger et aider les personnes dans le besoin dans le bassin du lac Tchad. Si nous voulons répondre aux besoins humanitaires croissants et obtenir de meilleurs résultats avec et pour les populations touchées par un conflit prolongé, des partenariats innovants font également partie de la solution », a déclaré M. Carbonnier.

Croissance économique : l’Afrique devant le reste du monde en 2023 et 2024

Dans son rapport semestriel, la Banque africaine de développement (Bad) estime à environ 4 % en moyenne le Produit Intérieur Brut réel du continent noir en 2023-2024.L’Afrique n’est pas toujours le dernier de la classe. Si les moyennes du reste de la planète devraient s’établir à 2,7 et 3,2 % en 2023-2024, ledit continent table sur une croissance d’environ 4 % de son Produit Intérieur Brut (PIB) réel.

Grâce à une analyse complète de la croissance régionale, le rapport semestriel de la Banque africaine de développement (Bad), publié hier jeudi, a montré que « les cinq régions du continent, confrontées à d’importants vents contraires résultant des chocs socio-économiques mondiaux, restent résilientes avec des perspectives stables à moyen terme ».

D’après le document, « la croissance moyenne estimée du PIB réel en Afrique a ralenti à 3,8 % en 2022, contre 4,8 % en 2021, dans un contexte de défis majeurs consécutifs au choc de la Covid-19 et à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ». Néanmoins, a ajouté la source, 53 des 54 pays de l’Afrique ont affiché une croissance positive et « les perspectives pour 2023-2024 devraient être stables », indique la Bad.

Cinq économies africaines, parmi les plus dynamiques du monde avant la pandémie du nouveau coronavirus, devraient connaître une croissance de plus de 5,5 % en moyenne en 2023-2024. Il s’agit du Rwanda (7,9 %), de la Côte d’Ivoire (7,1 %), du Bénin (6,4 %), de l’Éthiopie (6,0 %) et de la Tanzanie (5,6 %). D’autres pays africains, sur la période considérée, devraient enregistrer une croissance supérieure à 5,5 % : République démocratique du Congo (6,8 %), Gambie (6,4 %), Libye (12,9 %), Mozambique (6,5 %), Niger (9,6 %), Sénégal (9,4 %) et Togo (6,3 %).

Les cinq régions africaines dans le vert

Dans le détail, la croissance en Afrique centrale, soutenue par des cours favorables des matières premières, a été la plus rapide du continent à 4,7 % contre 3,6 % en 2021. À l’opposé, la croissance de l’Afrique australe est celle qui a le plus ralenti, passant de 4,3 % en 2021 à environ 2,5 % en 2022. « Ce ralentissement résulte de la faiblesse de la croissance en Afrique du Sud, où la hausse des taux d’intérêt, la faiblesse de la demande intérieure et les coupures de courant persistantes ont pesé sur l’économie », a expliqué l’institution financière.

En Afrique de l’Ouest, la croissance devrait passer à 3,6 % en 2022 contre 4,4 % en 2021. « Cela tient à des ralentissements en Côte d’Ivoire et au Nigeria, les deux plus grandes économies de la région. La croissance du Nigeria en 2023 – bien qu’affectée par la Covid-19, l’insécurité et la faiblesse de la production pétrolière malgré la hausse des prix internationaux de l’or noir – pourrait bénéficier des efforts en cours pour rétablir la sécurité dans la région productrice de pétrole en proie à des troubles », a avancé le document.

La croissance de l’Afrique du Nord devrait baisser de 1,1 %, passant de 5,4 % en 2021 à 4,3 % en 2022 à cause « de la forte contraction en Libye et de la sécheresse au Maroc », mais elle devrait se stabiliser à 4,3 % en 2023 grâce au « fort rebond attendu dans ces deux pays et une croissance soutenue ailleurs dans la région ».

Pour l’Afrique de l’Est, la Bad s’attend à 4,2 % de croissance en 2022 contre 5,1 % en 2021. « Bien que la structure de production (de cette partie du continent) soit relativement diversifiée, les pays de la région, en grande partie des importateurs nets de produits de base, subissent de plein fouet la hausse des prix internationaux, en plus des chocs climatiques récurrents et de l’insécurité, notamment dans la Corne de l’Afrique », a relevé l’institution dont le siège se trouve à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

« Avec 54 pays à différents stades de croissance, différentes structures économiques et diverses dotations en ressources, les effets des chocs mondiaux varient toujours en fonction de la région et du pays. Le ralentissement de la demande mondiale, le durcissement des conditions financières et la perturbation des chaînes d’approvisionnement ont donc eu des répercussions différentes sur les économies africaines », a déclaré Akinwumi Adesina, le président du Groupe de la Bad.

De son côté, l’économiste Jeffrey Sachs, directeur du Centre pour le développement durable de l’université de Columbia (États-Unis), a fait savoir que « l’Afrique peut et va atteindre une croissance de 7 % ou plus par an de manière constante dans les décennies à venir. Ce que nous verrons, en nous fondant sur la résilience que nous constatons dans ce rapport, c’est une véritable accélération du développement durable de l’Afrique, qui fera du continent la composante à croissance rapide de l’économie mondiale. L’Afrique est l’endroit où il faut investir ».

Décisions audacieuses pour atténuer les risques

La Banque africaine de développement a appelé « à des mesures monétaires et fiscales robustes, soutenues par des politiques structurelles » à l’échelle nationale, régionale et mondiale face aux risques cumulés.

Ceux-ci « comprennent la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, le durcissement des conditions financières mondiales et l’augmentation connexe des coûts du service de la dette intérieure. Les changements climatiques – avec leurs effets néfastes sur l’approvisionnement en denrées alimentaires et le risque potentiel d’un changement de politique dans les pays où se tiendront des élections en 2023 – représentent des menaces tout aussi redoutables », a prévenu l’institution financière, non sans préciser les mesures fortes nécessaires.

Il y a « un resserrement rapide et agressif de la politique monétaire dans les pays à forte inflation, et un resserrement modéré dans les pays où les pressions inflationnistes sont faibles », « le renforcement de la résilience grâce à la stimulation du commerce intra-africain afin d’amortir les effets de la volatilité des prix des produits de base sur les économies », « l’accélération des réformes structurelles pour renforcer les capacités de l’administration fiscale et investir dans la numérisation et la gouvernance électronique afin d’améliorer la transparence, de réduire les flux financiers illicites et d’accroître la mobilisation des ressources intérieures ».

Mais aussi « l’amélioration de la gouvernance institutionnelle et l’adoption de politiques susceptibles de mobiliser les financements du secteur privé, en particulier dans le cadre de projets entièrement nouveaux, à l’épreuve des changements climatiques et des pandémies, et mobiliser les ressources de l’Afrique pour un développement inclusif et durable », « la prise de mesures décisives pour réduire les déficits budgétaires structurels et l’accumulation de la dette publique dans les pays confrontés à un risque élevé de surendettement ou déjà en situation de surendettement ».

Interpol et la Cedeao discutent de sécurité

La rencontre tenue à Abuja, la capitale économique du Nigeria, vise à renforcer la coopération sécuritaire et à examiner les activités en cours avec la Cedeao et d’autres institutions au Nigeria.La délégation d’Interpol conduite par son directeur exécutif des services de police, M. Stephen Kavanagh, a rendu une visite de travail à l’Ambassadeur Abdel-Fatau Musah, Commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité de la Commission de la Cedeao, le 17 janvier 2023, à Abuja.

Cette rencontre, selon le communiqué de la Commission de la Cedeao, s’inscrit dans le cadre d’une série de visites d’Interpol visant à renforcer la coopération et à examiner les activités en cours avec la Cedeao et d’autres institutions au Nigéria.

 M. Kavanagh était accompagné de M. Theos Badege, directeur adjoint des services informatiques, Richard Gotwe, chef du Programme du système d’information de police de l’Afrique de l’Ouest (Wapis), Mohamed Yansaneh, Coordinateur du Programme SIPAO (système d’information de la police de l’Afrique de l’Ouest) à la Commission de la Cedeao.

 M. Kavanagh a remercié la Commission de la Cedeao pour ses efforts dans la lutte contre la cybercriminalité, le terrorisme, la migration illégale dans la région et a loué le leadership du commissaire Abdel-Fatau dans le projet SIPAO

 Le Commissaire Abdel-Fatau Musah, pour sa part, a indiqué que 2023 est une année marquée par de sérieux défis sécuritaires, notamment le terrorisme, le trafic. Il a souhaité renforcer la coopération entre la Cedeao et Interpol.

 Le Commissaire a souligné la nécessité pour Interpol de travailler plus étroitement avec le Giaba (le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest), l’organe de la Cedeao qui mène la lutte contre le blanchiment de fonds et le financement du terrorisme en Afrique de l’Ouest. Il a également appelé à une relation gagnant-gagnant et à la réciprocité entre les tiers et la Cedeao dans les efforts conjoints de lutte contre la criminalité transnationale organisée.

M. Richard Gotwe, chef du Programme SIPAO, a indiqué que le projet est dans sa phase d’opérationnalisation au niveau national, et plus de la moitié des Etats membres ont le système installé et opérationnel. Il a également appelé au renforcement de la coopération au niveau régional pour la pleine réalisation des objectifs du projet.
 La visite d’Interpol dans la capitale du Nigéria a pris fin le 18 janvier 2023. 

Nigeria : 25 millions de personnes menacées par la faim (Rapport)

Près de 25 millions de Nigérians risquent de souffrir de la faim pendant la période de soudure, entre juin et août 2023, si des mesures urgentes ne sont pas prises, a indiqué la dernière édition de Cadre Harmonisé, une analyse alimentaire et nutritionnelle menée par le gouvernement et soutenue par l’Organisation des Nations-Unies (ONU).Cette année risque d’être difficile pour moins de 10% de la population du Nigeria. Selon le Cadre harmonisé, un outil d’analyse sur la situation alimentaire et nutritionnelle, cette frange de la population de ce pays d’Afrique de l’Ouest est exposée à une insécurité alimentaire.

Les Nations unies ont appelé le gouvernement nigérian, la communauté des donateurs et les parties prenantes publiques et privées à engager de toute urgence des ressources et à mettre en œuvre des mesures d’atténuation afin de sauver des vies et d’éviter une situation potentiellement catastrophique en matière de sécurité alimentaire et de nutrition dans la nation la plus peuplée d’Afrique (250 millions).

La poursuite des conflits, le changement climatique, l’inflation et la hausse des prix des denrées alimentaires sont les principaux moteurs de cette tendance alarmante, indique l’analyse.

« L’accès à la nourriture a été affecté par la violence persistante dans les Etats du nord-est de Borno, Adamawa et Yobe (BAY) et par le banditisme armé et les enlèvements dans des Etats tels que Katsina, Sokoto, Kaduna, Benue et Niger (diffèrent de l’Etat du Niger) », ajoute-t-elle.

Selon l’Agence nationale de gestion des urgences, les inondations généralisées de la saison des pluies de 2022 ont endommagé plus de 676.000 hectares de terres agricoles, diminuant les récoltes et augmenté le risque d’insécurité alimentaire pour les familles dans le pays.

Ces inondations constituent l’un des effets du changement et de la variabilité climatiques sur le Nigeria, où sont attendus des phénomènes météorologiques plus extrêmes susceptibles d’être une réelle menace pour la sécurité alimentaire.

Sur les 17 millions de personnes qui sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire, trois millions se trouvent dans les États de la zone BAY du nord-est.

Sans action immédiate, ce chiffre pourrait passer à 4,4 millions pendant la période de soudure.

Ce chiffre inclut les populations déplacées et les rapatriés très vulnérables qui luttent déjà pour survivre à une crise humanitaire de grande ampleur dans laquelle 8,3 millions de personnes ont besoin d’aide.

« La sécurité alimentaire et la situation nutritionnelle à travers le Nigeria sont profondément préoccupantes », a déclaré M. Matthias Schmale, le coordinateur résident et humanitaire pour le Nigeria. « J’ai visité des centres de stabilisation nutritionnelle remplis d’enfants qui se battent pour rester en vie. Nous devons agir maintenant pour garantir qu’ils reçoivent, ainsi que d’autres, l’aide vitale dont ils ont besoin », a-t-il insisté.

En effet, les enfants sont les plus vulnérables face à l’insécurité alimentaire. Environ 6 des 17 millions de Nigérians en situation d’insécurité alimentaire aujourd’hui sont des enfants de moins de cinq ans vivant dans les Etats de Borno, Adamawa, Yobe, Sokoto, Katsina et Zamfara. Ces enfants présentent un risque réel de mortalité, attribué à la malnutrition aiguë.

Dans les seuls Etats de BAY, le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë devrait passer de 1,74 million en 2022 à 2 millions en 2023.

Le Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance (UNICEF, sigle anglais), en collaboration avec le gouvernement et des partenaires tels que Médecins sans frontières (MSF) et l’Alliance internationale pour l’action médicale (ALIMA, sigle anglais), investit dans l’intensification des interventions nutritionnelles préventives, tout en veillant à ce que les enfants vulnérables aient accès à des services nutritionnels vitaux.

En 2022, l’UNICEF et ses partenaires ont pu offrir à environ 650.000 enfants des services nutritionnels vitaux dans les six Etats susmentionnés.

La région du nord-ouest, autour des Etats de Katsina, Zamfara et Sokoto, est un point chaud croissant en matière d’insécurité alimentaire et de malnutrition.

On estime que 2,9 millions de personnes sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire critique (Cadre Harmonisé Phase 3 ou pire).

Si aucune mesure urgente n’est prise, ce chiffre devrait passer à 4,3 millions pendant la période de soudure, met en garde l’UNICEF.

Avec ses partenaires, l’Organisation Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, sigle anglais) a aidé le gouvernement à rétablir les moyens de subsistance dans les régions du nord-est et du nord-ouest.

Il s’agit notamment de l’élevage, la production agricole, le micro-jardinage à domicile, le développement de la chaîne de valeur et l’aquaculture.

Buhari honoré par le Forum de la paix à Nouakchott

Le président nigérian Muhammadu Buhari devrait quitter Abuja lundi pour se rendre en Mauritanie, afin de recevoir mardi à Nouakchott, la capitale mauritanienne, le « Prix africain pour le renforcement de la paix ».Le porte-parole de la présidence, M. Femi Adesina, a déclaré dans un communiqué à Abuja que ce prix était une reconnaissance du rôle de leader du président Buhari dans la promotion de la paix en Afrique.

Selon M. Adesina, le prix sera remis au président Buhari par le Forum de la paix d’Abu Dhabi, qui est une assemblée de dirigeants créée en 2014 pour rechercher de nouvelles façons d’embrasser une citoyenneté inclusive, de promouvoir une paix durable et d’œuvrer à un monde plus sûr et plus durable pour tous.

Le communiqué ajoute que le président Buhari participera au programme du 3ème forum de la Conférence africaine pour la paix, où il prononcera un discours sur les étapes et les acquis du processus de paix africain.

Le président nigérian sera accompagné dans son voyage par le ministre des Affaires étrangères, M. Geoffrey Onyeama, le ministre de la Défense, le général de division Bashir Magashi (en retraite), le conseiller à la sécurité nationale, le général de division Mohammed Monguno (en retraite), et le directeur général de l’Agence nationale des renseignements, M. Ahmed Abubakar.

Afrique subsaharienne : la croissance devrait atteindre 3,6 % en 2023 (rapport)

La Banque Mondiale a revu à la baisse la croissance pour près de 60 % des pays, y compris pour plus de 70 % des exportateurs de métaux qui devraient être pénalisés par la poursuite de la baisse des cours mondiaux.À peine sortis de la pandémie de la Covid-19, les États de l’Afrique subsaharienne ont subi les effets de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Dans cette partie du continent noir, la Banque Mondiale table sur une croissance de 3,6 % en 2023 et 3,9 % en 2024.

« En dépit de l’atténuation attendue des pressions inflationnistes, le rythme de reprise devrait rester stable dans de nombreux pays en raison de l’impact négatif de la pauvreté persistante et de l’insécurité alimentaire sur la croissance, amplifié par d’autres facteurs de vulnérabilité tels que les conditions météorologiques défavorables, l’endettement élevé, l’incertitude politique, la violence et les conflits », ajoute l’institution financière dans ses dernières perspectives économiques.

Les pays subsahariens dont les économies sont tributaires de l’exportation des métaux seront plus affectés par la baisse de la croissance. « Ce ralentissement constitue un obstacle majeur pour le développement économique de l’Afrique subsaharienne. Le revenu par habitant ne devrait augmenter que de 1,2 % en moyenne en 2023-2024 », souligne la Banque Mondiale.

Poursuivant, elle annonce cette année que le revenu par habitant en Afrique subsaharienne devrait rester inférieur de plus de 1 % à celui de 2019. Et les projections anticipent que dans près de 40 % des pays, y compris les trois plus grandes économies de la région – l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigeria -, le revenu par habitant n’aura pas retrouvé son niveau antérieur à la pandémie même d’ici à la fin de 2024.

Dans ces trois pays, rapporte l’institution de Bretton Woods, « la croissance s’est fortement contractée pour ressortir à 2,6 % seulement en 2022 ». La nation arc-en-ciel « n’a enregistré qu’une croissance de 1,9 % en raison (notamment) de l’aggravation des pénuries d’électricité et du renforcement des politiques de rigueur pour juguler l’inflation », explique la Banque Mondiale.

Par contre, en Angola, les cours élevés du pétrole et la stabilité de la production de l’or noir ont permis un rebond de 3,1 %. Le Nigeria, de son côté, a vu sa croissance s’affaiblir à cause de l’intensification des problèmes de production dans le secteur pétrolier. Résultat, l’inflation y « a dépassé 21 % en 2022, son niveau le plus élevé depuis 17 ans ».

Globalement, remarque l’institution financière, « les tensions sur les prix des denrées alimentaires, déjà importantes avant la pandémie, se sont encore intensifiées en raison des aléas climatiques, des perturbations de l’approvisionnement aggravées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, d’une fragilité et d’une insécurité accrues et, dans certains pays, de fortes dépréciations monétaires ».

L’année dernière, l’inflation des prix alimentaires a dépassé 20 % dans plus d’un quart des pays. Cela a ralenti la progression des revenus réels et de la demande des consommateurs et aggravé l’insécurité alimentaire.

« Malgré le récent relâchement des prix mondiaux de l’alimentation et de l’énergie, les coûts d’importation sont restés élevés, ce qui a contribué à creuser les déficits courants. La précarité des situations budgétaires due à la pandémie a persisté et, l’année dernière, la dette publique était supérieure à 60 % du PIB dans près de la moitié des économies de la région. La viabilité de la dette s’est encore détériorée dans de nombreux pays non producteurs de pétrole, entraînant une hausse des coûts d’emprunt, des sorties de capitaux et une dégradation de la cote de crédit », conclut la Banque Mondiale.

Présidentielle nigériane : Buhari prévient les diplomates

Le président nigérian Muhammadu Buhari a renouvelé son appel au corps diplomatique basé Nigeria de s’abstenir de toute ingérence sur les affaires internes du pays.Le président Buhari a lancé cet appel en recevant jeudi au State House les lettres de créance des ambassadeurs de plusieurs ambassades, notamment la Suisse, la Suède, la République d’Irlande, le Royaume de Thaïlande, le Sénégal et le Soudan du Sud.

Dans sa communication, Buhari a soutenu que son pays travaillait en étroite collaboration avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour faire face à l’insécurité dans la région et mettre en œuvre des stratégies visant à contenir la vague de changements anticonstitutionnels de gouvernements dans la sous-région.

Il a également exhorté les pays amis à soutenir les efforts visant à relever le défi de l’insécurité, la lutte contre la corruption, la diversification de l’économie et les efforts visant à promouvoir la bonne gouvernance.

Le président nigérian a marqué l’histoire politique de son pays. Jeune officier dans l’armée, il dirige un coup d’État militaire en 1983 contre le président démocratiquement élu Shehu Shagari. A la tête d’un Conseil militaire de transition jusqu’en 1985, Buhari propose de nombreuses réformes dans e pays. Mais, il est à son tour renversé par un nouveau coup d’État militaire dirigé par le général Ibrahim Babangida.

Figure emblématique de l’espace politique nigérian, Buhari perd aux scrutins présidentiels de 2003, 2007 et 2011, avant d’accéder démocratiquement à la tête du pays en 2015. Après deux mandats de quatre ans, il a décidé de ne pas se représenter.

Son parti a investi Bola Tinubu, sénateur et ancien gouverneur de l’État de Lago pour la prochaine présidentielle. Après huit ans passés à la tête du pays, cet enseignant de formation s’apprête à quitter la présidence nigériane  du Nigeria à l’issue du scrutin présidentiel du 25 février prochain.

L’Iran passe en revue ses relations commerciales avec la Cédéao

L’Iran espère relever le niveau des échanges économiques avec les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).Téhéran a accueilli cette année la 16ème réunion du comité de coordination des relations économiques extérieures consacrée à l’examen du dernier état des relations économiques entre l’Iran, Cuba et la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

A travers cet examen, l’Iran espère que le volume des transactions commerciales avec la Cédéao connaîtra une croissance qui nécessite une planification ciblée dans ce domaine, a indiqué Téhéran dans un communiqué.

La deuxième partie de la réunion a également permis de passer en revue les dernières relations économiques avec les pays de la sous-région ouest-africaine.

Téhéran affirme que les minéraux, l’agriculture, la construction, la population et l’adéquation du marché pour la vente de marchandises ont fait de l’établissement de relations économiques et d’investissements commerciaux dans cette région de l’Afrique une nécessité.

L’Iran s’est joint à la récente ruée vers les opportunités commerciales en Afrique, mais reconnaît être loin derrière les puissances économiques que sont les Etats-Unis et la Chine, ainsi que des partenaires traditionnels du continent, notamment que l’Union européenne.

En Afrique, six présidentielles pour plusieurs enjeux en 2023

Au moins six élections présidentielles sont prévues en 2023 sur le continent africain et trois d’entre elles concerneront des pays de sa partie ouest.L’importance de ces scrutins en 2023 est telle que le président américain Joe Biden a réuni mi-décembre, en marge du sommet Afrique – Etats-Unis, les dirigeants des six pays africains concernés. Lors de cette réunion avec le Gabonais Ali Bongo, le Nigerian Muhammadu Buhari, le Liberian George Weah, le Sierra Leonais Julius Maada Bio, le Malgache Andry Rajoelina et le Congolais Félix Antoine Tshisekedi, M. Biden les a appelés à faire de tout leur possible pour que les élections qui se dérouleront dans leurs pays cette année soient « libres, justes et crédibles ».

Au Nigeria d’abord, le président Buhari va passer le flambeau après le scrutin présidentiel du 25 février. Élu pour la première fois en 2015, le dirigeant octogénaire va boucler son second mandat consécutif dans deux mois et ne peut plus se présenter selon la Constitution nigériane. Il laissera cependant ce géant du continent, fort de plus de 200 millions d’habitants, dans une crise économique que son successeur devra s’atteler à résoudre en plus des questions sécuritaires dont le terrorisme islamiste.

Alors que Buhari a été la cible fin décembre d’une tentative d’assassinat revendiquée par le groupe terroriste Etat islamique (EI) lors d’une visite au sud-ouest d’Abuja, le parti au pouvoir a désigné Bola Ahmed Tinubu comme probable futur successeur du chef de l’Etat nigérian. Le candidat du parti au pouvoir sera aux prises avec trois principaux adversaires : Atiku Abubakar, leader du Parti démocratique populaire (PDP), la principale formation de l’opposition, Peter Obi, leader du Parti travailliste et Rabiu Kwankwaso du New Nigerian Peoples Party. Selon plusieurs observateurs, le successeur de Muhammadu Buhari ne devrait pas sortir de cette liste.

À la croisée des chemins

La deuxième élection présidentielle ouest-africaine de cette année, prévue le 24 juin, concerne la Sierra Leone, ce petit pays anglophone de huit millions d’habitants dirigé depuis avril 2018 par Julius Maada Bio. Alors qu’il brigue un second mandat, il a suscité cinq mois en arrière la colère d’une partie de la population qui était sortie manifester contre la vie chère. Les émeutes qui s’en sont suivies ont provoqué la mort de plusieurs civils et policiers, obligeant le président Bio à décréter un couvre-feu au niveau national.

Voulant coûte que coûte le départ de Julius Maada Bio, les leaders de quinze partis de l’opposition ont entamé des discussions pour investir un candidat unique. Quelques semaines avant l’annonce officielle de la date des élections générales par la Commission électorale, ils accusaient le parti au pouvoir de vouloir les déplacer en 2024. Cependant, les rivalités entre les responsables politiques de l’opposition autour du projet de coalition unique pourraient constituer un avantage pour le président sortant en vue des prochaines échéances.

Au Liberia voisin, la présidentielle doit s’y tenir en octobre 2023 sur fond de tensions entre le duo gagnant de 2016. Les dirigeants de la coalition au pouvoir veulent reconduire le président sortant George Weah et sa vice-présidente, Jewel Howard Taylor, l’ex-épouse de Charles Taylor, ancien président du pays. Cependant, certains journaux affirment que les deux collaborateurs ne s’entendent plus tandis que le président Weah doit faire face à une opposition désormais réunie autour d’une coalition dirigée par Alexander Cummings, leader de l’Alternative National Congress (ANC), qui veut battre l’ancien footballeur au premier tour.

Bilan mitigé, bilan éprouvé

Les adversaires de George Weah lui reprochent surtout son bilan mitigé dans la lutte contre la pauvreté et ses fréquents déplacements à l’étranger, abandonnant la population à son sort. Lors de la dernière Coupe du monde de football, le seul Africain qui a remporté le Ballon d’or européen (France Football) est resté plusieurs jours au Qatar pour regarder particulièrement l’un de ses enfants, Timothy Weah, pensionnaire de l’équipe nationale des Etats-Unis.

A Madagascar, le président Andry Rajoelina n’a toujours pas déclaré sa candidature pour l’élection présidentielle de novembre. En revanche, il continue des tournées à l’intérieur du pays qualifiées de pré-campagne électorale par certains observateurs. Face à une délicate épreuve du bilan, il doit trouver les bons mots pour convaincre les citoyens malgaches. Avant son élection en 2018, Andry Rajoelina avait notamment promis de rattraper en cinq ans le retard économique dans lequel est plongé son pays depuis son indépendance, en 1960.

La tâche ne sera pas facile pour lui face à une opposition qui a décidé d’unir ses forces. En novembre 2021, dix-sept de ses formations ont réussi à mettre sur pied la plateforme Panorama. Elle compte parmi ses principaux leaders l’ancien président Hery Rajaonarimampianina et son prédécesseur Marc Ravalomanana, qui occupe le statut d’invité pour l’instant. Le lancement de ce groupe d’opposition a été surtout marqué par la poignée de main, en guise de réconciliation, entre le député Roland Ratsiraka et Marc Ravalomanana. Un mauvais signe pour le président sortant ?

A l’inverse, en République démocratique du Congo (RDC), l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, au pouvoir) a organisé un premier congrès le 15 décembre dernier pour désigner Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo comme candidat à la présidentielle du 20 décembre 2023. A la tête de ce pays de 90 millions d’habitants depuis janvier 2019, le président sortant n’a pas caché sa volonté de briguer un nouveau mandat.

De l’argument des armes au pouvoir du dialogue

Toutefois, des problèmes subsistent sur l’enrôlement des électeurs, une opération perturbée par les violences qui se poursuivent à l’est du pays entre les forces armées républicaines et les rebelles du M23 soutenus, selon Kinshasa, par le Rwanda voisin. Cette situation est d’autant plus inquiétante parce que des Congolais de certaines villes du Nord-Kivu, une province qui concentre un nombre important d’électeurs, n’avaient pas pu voter lors des élections précédentes.

Dans cette situation de crise sécuritaire et face à l’éventualité d’un report du scrutin en 2024, l’opposant Martin Fayulu, qui revendique toujours la victoire lors de la présidentielle de 2018, a déjà invité le président Tshisekedi à quitter le pouvoir dans les délais constitutionnels. Cependant, à onze mois du scrutin présidentiel, les déclarations de candidature se multiplient. Après Martin Fayulu, considéré comme un sérieux prétendant au fauteuil présidentiel, l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, a également dit son intention de succéder à Félix Tshisekedi qui n’a par contre pas dit son dernier mot.

Au Gabon, où la Constitution ne limite pas les mandats présidentiels, le président Ali Bongo, à la tête du pays depuis 2009, devrait sans doute briguer un troisième septennat lors des élections générales (présidentielle, législatives, locales et sénatoriales) prévues au second semestre de 2023. Alors qu’il souffre encore des séquelles de l’AVC qui l’a terrassé en 2018, Ali Bongo a récolté ces dernières semaines des motions de soutien à sa probable candidature à la présidentielle lors des conseils provinciaux du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir).

Pour l’heure, les responsables du pouvoir et de l’opposition ne sont pas d’accord sur des questions liées à la révision des listes électorales. Ces querelles rappellent les violentes contestations qui avaient écorné la victoire d’Ali Bongo en 2016 après que Jean Ping, principal opposant à l’époque, a rejeté les résultats du scrutin présidentiel.

Pour ne pas réveiller le spectre, le chef de l’Etat gabonais s’est adressé particulièrement, à l’occasion de son discours du nouvel an, à l’opposition. Dans son message, il dit accepter de s’asseoir avec ses adversaires dans les meilleurs délais en vue de discuter de la transparence électorale lors des élections générales de 2023.

Zimbabwe, Sud Soudan, Libye ou l’incertitude

Au Zimbabwe, la date des élections générales attendues en 2023 n’est pas encore précisée par la Commission électorale. Elle indique juste qu’elles vont se tenir entre juillet et août 2023. Arrivé au pouvoir en 2018 avec 50,8 % des suffrages, le président Emmerson Mnangagwa aura comme principal adversaire, s’il décide de se représenter, Nelson Chamisa, le leader de la Coalition des citoyens pour le changement (CCC) qui avait obtenu 44,3 % lors de la dernière présidentielle.

Pour leur part, les dirigeants Sud-Soudanais ont reporté les élections générales qui devaient se tenir dans le pays en février 2023 sans fixer officiellement une nouvelle date. Mais d’après l’AFP, le Mouvement populaire de libération du Soudan a approuvé en décembre la candidature du président Salva Kiir pour un nouveau mandat lors des élections prévues pour la fin de l’année 2024. Celles-ci devaient mettre fin à la transition qui, dès 2020, a succédé à la guerre civile (2013-2020) dans ce pays qui a pris son indépendance du Soudan en 2011.

Ailleurs en Afrique, en Libye plus exactement, l’incertitude plane encore sur la tenue en 2023 des élections initialement prévues en décembre en raison de l’impasse politico-militaire. Le Premier ministre sortant, Abdelhamid Dbeibah, s’est montré toutefois optimiste quant à leur organisation cette année. Il multiplie les initiatives pour tenter de rapprocher les parties opposées dans ce pays devenu presque un Etat failli depuis la révolution qui a renversé Mouammar Kadhafi, en 2011.

La communauté internationale suit de près cette crise à laquelle elle tente de remédier inlassablement. En septembre dernier, l’ancien ministre sénégalais Abdoulaye Bathily a été nommé nouveau représentant des Nations Unies à Tripoli. Si certains acteurs croient que les élections doivent passer par une réconciliation préalable, M. Bathily conduit pour sa part une feuille de route qui prévoit en priorité « d’organiser un dialogue entre les gouvernements libyens rivaux avec, comme objectif ultime, d’organiser des élections consensuelles », affirmait une source onusienne interrogée par RFI.

En 2022, l’Etat islamique revendique 1027 attaques en Afrique

En 2022, l’Etat islamique a mené près de la moitié de ses attaques en Afrique.L’État islamique (EI) a publié, mercredi 4 janvier, via son agence de propagande « Amaq », le bilan de ses opérations dans le monde en 2022. L’organisation jihadiste revendique 2058 attaques dans 22 pays. Ces actions ont coûté la vie ou blessé 6.881 personnes. 

Près de la moitié des opérations du groupe jihadiste, soit 1027 attaques se sont déroulées dans 13 pays africains et ont occasionné la mort ou blessé 3195 personnes.

Le Nigeria en tête 

Le Nigeria arrive en tête de ce classement, tous continents confondus avec 517 attaques dans lesquelles 887 personnes ont perdu la vie ou ont été blessées. La dernière en date visait même le président de la République Muhammadu Buhari, le jeudi 29 décembre 2022. Une voiture piégée a explosé trente minutes seulement avant l’arrivée du chef de l’Etat nigérian dans l’Etat Kogi (centre) précisément dans la ville d’Okéné au sud-ouest d’Abuja, la capitale fédérale du Nigeria. Le pays le plus peuplé d’Afrique (213 millions d’habitants en 2021) est suivi de l’Irak qui a enregistré 484 incidents liés à l’insurrection jihadiste.

Sur le continent africain, la République démocratique du Congo (RDC) où l’État islamique compte une « province » vient en deuxième position du tableau consulté à APA. Dans ce pays d’Afrique centrale, l’EI a revendiqué 167 attaques pour 607 morts ou blessés.

Au Mozambique où 156 raids ont été menés par les « shebab » du Cabo Delgado affiliés à l’Etat islamique alors que leurs « frères » d’Ansar Bait al Maqdis d’Egypte en ont perpétré 95 et fait 263 victimes.

En Somalie, les jihadistes affirment avoir tué ou blessé 61 personnes dans 22 attaques.

Dans le Sahel central, l’EI se dit responsable de 22 attaques au Mali, 11 au Niger et 4 au Burkina Faso. Soit un total de 37 opérations entraînant 938 décès ou blessés. Depuis mars, les jihadistes se sont lancés dans une serie d’exactions dans le nord du Mali, précisement à Ménaka où ils sont accusés par plusieurs organisations de défense des drois humains d’avoir tué des centaines de civils. 

Lire aussi : Jihadisme : l’inquiétante expansion de l’Etat islamique en Afrique

Dans le bassin du Lac Tchad, l’organisation jihadiste a aussi ciblé des pays comme le Tchad et le Cameroun où elle affirme avoir été à l’origine de 17 attaques. Lesquelles auraient fait 99 victimes.

Cependant, l’EI a été peu présent en Libye, au Bénin et en Ouganda où il a globalement commis 6 attaques qui ont tué ou blessé 19 personnes.

Décentralisation 

D’idéologie salafiste jihadiste, l’Etat islamique a été proclamé en 2014 en zone syro-irakienne par l’irakien Abou Bakr al Baghdadi, tué en 2019 par l’armée américaine en Syrie. Sous son impulsion, le groupe jihadiste qui a eu à administrer des territoires où il appliquait la version ultra-rigoriste de la charia, s’est étendu dans d’autres régions du monde. S’inscrivant dans cette dynamique, son successeur Abou Ibrahim al Hachimi Al Qourachi a travaillé à exporter l’idéologie de l’organisation jihadiste qui compte qui compte depuis 2022 sept « provinces » en Afrique.

En mars, le Sahel central a été érigé en « province » à part entière, ne dépendant plus du Nigeria. Le Mozambique qui était sous l’autorité de la « Province en Afrique centrale » a bénéficié également d’une « promotion » et vole de ses propres ailes. Une politique d’expansion qui sera sans doute maintenue par l’actuel « calife » Abou Al Hussein al Husseini al Qourachi, successeur d’Abou al Hassan Al Hachimi Al Qourachi.

Nigeria : arrêt des subventions à l’essence en juin (ministre)

La ministre nigériane des Finances, du budget et de la planification nationale, Mme Zainab Ahmed, a déclaré que le gouvernement fédéral mettrait fin au versement de la subvention à l’essence avant la fin juin 2023.A l’occasion de l’annonce de la répartition du budget 2023 mercredi à Abuja, la ministre a déclaré que 3,36 trillions de nairas avaient été prévus pour le paiement de la subvention à l’essence pour couvrir les six premiers mois de cette année.

S’exprimant sur les performances de l’économie, en particulier du côté des recettes en novembre 2022, elle a déclaré que les recettes s’élevaient à 6,5 trillions de nairas, soit 87% de l’objectif fixé de 7,8 trillions de nairas pour l’année.

Selon la ministre, les moteurs de la croissance de l’économie nigériane en 2022 sont l’agriculture (23%), les technologies de l’information et de la communication, le commerce et l’industrie manufacturière, le secteur pétrolier et gazier ne contribuant qu’à hauteur de 5,6%.

Sur la question des exonérations fiscales, le ministre a révélé qu’un total de 6.000 milliards de nairas avait été affecté au programme d’exonération fiscale entre 2021 et 2022.

En ce qui concerne le service de la dette, le ministre a déclaré que le gouvernement fédéral avait dépensé un total de 5,24 trillions de nairas pour le service de la dette entre janvier et novembre 2022, sur des recettes de 6,5 trillions de nairas pour la même période, le ratio service de la dette/recettes du pays étant de 80,6% pour la période considérée.

S’agissant des sources de financement du budget 2023, Mme Ahmed a déclaré que 22% des recettes prévues proviendraient de sources liées au pétrole, tandis que 78% seraient obtenues de sources non pétrolières.

Elle a révélé que le déficit budgétaire global pour le budget 2023 était de 11,34 trillions de nairas, soit 5,03% du produit intérieur brut (Pib) du pays.

La ministre a expliqué que le déficit budgétaire serait financé principalement par des emprunts et que 7,04 trillions de nairas seraient empruntés auprès de sources nationales, 1,76 trillions de nairas auprès de sources étrangères, 1,77 milliards de nairas auprès de prêts multilatéraux et bilatéraux, tandis que le produit des privatisations fournirait 206,18 milliards de nairas.

Selon elle, l’écart entre les recettes, plus le financement supplémentaire, et les dépenses totales, s’élevant à 553,46 milliards de dollars, devrait être financé par des recettes supplémentaires provenant des droits d’utilisation du spectre et de la taxe sur le secteur maritime.

Nigéria : le budget 2023 arrêté à 44 milliards de dollars

Le projet de loi de finances 2023 du Nigeria, signé mardi 3 janvier par le président Muhammadu Buhari, s’élève 44,733 milliards de dollars.S’exprimant lors de la cérémonie de signature du budget, baptisé budget de transition 2023, M. Buhari a promis que le gouvernement fédéral va accélérer les projets d’infrastructure essentiels dans tout le pays.

Le dirigeant nigérian a expliqué que le budget qu’il a signé a été augmenté par les législateurs à 21,83 trillions de nairas contre 20,51 trillions de nairas proposés par le gouvernement.

Buhari, qui a également signé la loi de crédits supplémentaires pour 2022, a déclaré que cela permettrait à son gouvernement de répondre aux ravages causés par les récentes inondations qui ont négativement impacté les infrastructures et les secteurs agricoles.

Il a assuré que le ministre des Finances, du Budget et de la Planification nationale va détailler ultérieurement la structure et les détails du budget et de la loi de finances 2022.

La cérémonie de signature du budget s’est déroulée en présence du vice-président du Nigeria, Yemi Osinbajo, du président du Sénat, Ahmad Lawan, du président de la Chambre des représentants, Femi Gbajabiamila, et d’autres membres du Conseil exécutif fédéral.

Nigeria : l’EI revendique la tentative d’assassinat de Buhari

L’État islamique (EI) a revendiqué une tentative d’assassinat du président nigérian, Muhammadu Buhari qu’il présente comme un « tyran apostat ».Jeudi 29 décembre, une explosion à Adavi, dans la ville d’Okéné, à 268 kilomètres au sud-ouest d’Abuja, au Nigeria, a fait quatre morts selon la presse locale. Cinq jours après, cet incident sécuritaire sur lequel peu d’informations filtraient a été revendiqué par l’Etat islamique. Lundi 2 janvier, le groupe jihadiste affirme dans ses différents canaux de propagande avoir tué trois gardes du Palais de l’émir d’Okéné, dans l’Etat de Kogi.

Fait important, le groupe jihadiste dit avoir ciblé le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, au pouvoir depuis 2015. Le chef de l’Etat nigérian était attendu à Adavi le jour de l’incident, pour inaugurer un hôpital à moins d’un kilomètre du palais de l’émir, Ado Ibrahim. Mais l’attaque à la voiture piégée s’est produite trente minutes avant son arrivée sur les lieux.

Pourtant, cet incident qui aurait pu coûter la vie à Buhari qui doit quitter le pouvoir à l’issue de la présidentielle du 25 février 2023, est passé inaperçu. « Je suis surpris de constater que cette attaque n’a pas reçu suffisamment d’attention », s’étonne Tomasz Rolbiecki, spécialiste de l’insurrection jihadiste au Lac Tchad. « Il s’agit d’une tentative d’assassinat du président nigérian en exercice », relève-t-il, stupéfait.

L’opération n’a pas atteint ses objectifs pour des raisons liées au « renseignement », précise Wassim Nasr, spécialiste des groupes jihadistes. Le journaliste de France24 estime que « le plus important ici, c’est la capacité des jihadistes à préparer et à infiltrer une voiture piégée » dans cette localité dans un contexte de visite du président de la République du Nigeria.

Tomasz Rolbiecki souligne que l’utilisation d’une voiture piégée dans cette opération signifie que la Province de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (PEIAO) dans cette opération « est capable de lancer des attaques de plus grande envergure et pas seulement se limiter à harceler des civils ou des postes de polices locaux ».

« La cellule de Kogi qui n’est active que depuis quelques mois a été capable de préparer une voiture explosive et de cibler directement le président nigérian, ce qui constitue clairement une montée en puissance de PEIAO au-delà de sa zone de confort du Borno », soutient Damien Ferré, directeur de la société Jihad Analytics.

Cette ambition a été mise en avant lors de la campagne d’allégeance au nouveau « calife » de l’Etat islamique, Abou Hussein al Husseini al Qourachi. A cette occasion, plusieurs petits groupes de trois ou de quatre personnes ont été montrés dans le centre du Nigeria, vouant allégeance au successeur d’Abu al Hassan al Hachimi al Qourachi.

Créé en 2002, le groupe jihadiste Boko Haram est entré dans une nouvelle ère de son insurrection contre l’Etat fédéral du Nigeria, après la mort de son fondateur Mohamed Yusuf en 2009 à Maiduguri,  dans l’Etat de Borno (nord-est). Depuis 2016, le groupe est divisé en deux factions après que Abubakar Shekau a contesté le choix de l’État islamique d’installer Habib Yusuf dit Abou Musab al Barnawi comme nouveau « gouverneur ». Refusant de se soumettre à l’autorité de ce dernier, Shekau a été contraint au suicide en mai 2021 dans la forêt de Sambisa.

Rétro 2022 : une année économiquement éprouvante pour l’Afrique de l’Ouest

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a très vite éteint la lueur d’espoir entrevue après la pandémie de la Covid-19, obligeant même certains États à recourir au Fonds Monétaire International (FMI) pour soutenir leurs économies.Les émeutes de la faim tant redoutées n’ont finalement pas eu lieu. Mais les pays de l’Afrique de l’Ouest ont continuellement été sur la corde raide en 2022. Comme partout ailleurs en Afrique subsaharienne, la reprise économique a connu un coup d’arrêt brutal à cause de la guerre russo-ukrainienne.

L’envolée des prix des hydrocarbures, consécutive à ce conflit, a provoqué une inflation inédite un peu partout à travers le monde. Très extraverties et fortement dépendantes des importations, notamment de denrées de premières nécessités, les économies de la région n’ont pas échappé à cette flambée généralisée des prix.

Au Nigeria, première puissance économique de la région et du continent, le taux d’inflation global, calculé sur une base annuelle, était de 21,47 % en novembre 2022. Cela représente 6,07 % de plus par rapport au taux enregistré un an plus tôt (15,40 %). Sur une base mensuelle, le taux d’inflation global en novembre 2022 était de 1,39 %, soit 0,15 % de plus que le taux enregistré en octobre 2022 (24 %). 

Le niveau général des prix à la consommation a ainsi continué de progresser durant cette année puisqu’à la fin du mois d’août, l’inflation était de 20,77 %, ce qui représentait son niveau le plus élevé depuis septembre 2005.

Le Ghana en « risque élevé de surendettement »

Au Ghana, deuxième puissance économique de la région, l’inflation connaît un niveau inédit. Jamais depuis au moins 20 ans, le pays n’avait vécu une telle situation. L’inflation a dépassé 40 % en octobre et le cedi, la monnaie locale, a perdu la moitié de sa valeur face au dollar. Cela lui a valu d’être classé parmi les monnaies les moins performantes du continent. Les prix du logement, de l’eau, de l’électricité et du gaz ont augmenté de près de 70 %, ceux des transports et du carburant de 46 %.

Par ailleurs, la dette publique dépasse désormais 100 % du Produit Intérieur Brut (PIB) et le service de la dette absorbe l’essentiel des recettes de l’État.  De même, les réserves de change ont fondu de 9,7 milliards de dollars en 2021 à 6,6 milliards en septembre dernier. Le Ghana est donc en « risque élevé de surendettement », a avoué son ministre des Finances, Ken Ofori-Atta.

Face à l’urgence, le « Ghana Beyond Aid » (le Ghana au-delà de l’aide), concept cher au président Nana Akufo-Addo, a été rangé aux oubliettes et Accra a sollicité, en juillet, l’aide du Fonds Monétaire International (FMI) pour un prêt de 3 milliards de dollars.

Très pessimiste sur l’avenir à court terme du pays, l’agence de notation de Moody’s a abaissé de deux niveaux la note de crédit du Ghana. Avec la note « Ca », l’avant dernière de l’agence, Accra est dans la même catégorie que le Sri Lanka, en défaut de paiement.

L’Uemoa pas épargnée

L’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) n’a pas échappé à la situation économique difficile que traverse le monde. Le prix des aliments de base a explosé, atteignant 21 % d’augmentation sur les prix des céréales par rapport à 2021, 18 % sur l’huile, 13 % pour le sucre. En 2022, l’inflation devrait atteindre la barre historique de 8 % sur l’ensemble du continent. Du jamais vu depuis une décennie. Quant à la croissance, elle devrait fortement ralentir pour s’établir à 3,6 % contre 4,7 % en 2021.

Des mesures fortes pour tenir

D’Abuja à Dakar en passant par Accra et Abidjan, les gouvernants ont lancé plusieurs initiatives pour freiner la hausse généralisée des prix. Au Ghana, l’État a consenti à augmenter le salaire minimum de 10 % et à introduire une indemnité de coût de la vie équivalant à 15 % de ce même salaire minimum, dont le montant passera à 14,88 cedis par jour (1,08 euro) dès le 1er janvier 2023.

Au Nigeria, le Comité de politique monétaire de la Banque centrale a relevé, une troisième fois en moins de cinq mois, le principal taux directeur (+150 points de base) à 15,5 %. Avec ce relèvement, les banques commerciales doivent maintenant conserver 32,5 % de leurs dépôts auprès de la Banque centrale, contre 27,5 % auparavant. 

Dans cette même lancée, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao), regroupant les huit États de l’Uemoa a, elle aussi, relevé à trois reprises son taux directeur. Celui-ci est passé de 2,50  à 2,75 % au mois de décembre.

Le FMI, dans un rapport publié en octobre, a estimé que les perspectives à court terme pour l’Afrique subsaharienne sont extrêmement incertaines. Car celles-ci sont liées à l’évolution de l’économie mondiale et que, sur le plan intérieur, plusieurs pays sont confrontés à une situation sociopolitique et sécuritaire délicate.

Dans ce contexte, a suggéré l’institution monétaire, les dirigeants doivent surmonter des crises socio-économiques urgentes dès qu’elles surviennent, tout en s’efforçant de réduire les facteurs de vulnérabilité face aux futurs chocs.

À terme cependant, a-t-elle souligné, une croissance de qualité s’avérera indispensable pour la stabilité et la prospérité de la région, et les mesures prises devront créer les conditions d’une reprise durable. Ce qui aidera les pays à se mettre hors de danger.

Afrique de l’Ouest : 2022, une année de turbulences politiques

L’année 2022 en Afrique de l’Ouest a été politiquement mouvementée avec surtout la question des 46 soldats ivoiriens détenus depuis juillet au Mali, suscitant la colère de la Cédéao qui, après avoir mis ce pays sous embargo, tente de trouver une solution définitive aux coups d’Etat intempestifs à l’image du double putsch survenu au Burkina Faso.Quel destin pour les 46 militaires ivoiriens encore détenus au Mali ? Cinq mois après leur arrestation et des allers-retours diplomatiques pour leur libération, leur procès s’est enfin ouvert jeudi 29 décembre à huis clos à la Cour d’appel de Bamako sous un impressionnant dispositif sécuritaire. La Cour d’Assises de Bamako les a condamnés ce vendredi à 20 ans de réclusion criminelle.

Le 10 juillet 2022, en effet, un avion transportant 49 soldats ivoiriens, avec « armements, munitions et équipements », mais sans ordres de mission clairs d’après le pouvoir malien, atterrit à l’aéroport de Bamako. La Côte d’Ivoire et le Mali semblent ne s’être pas parlé ou compris dès le départ, mettant ces militaires devant le fait accompli. Accusés d’être des « mercenaires », ils ont été « immédiatement interpellés ». Ce qui ouvre une querelle diplomatique entre les deux pays voisins.

Exigeant la libération de ses soldats, Abidjan a expliqué à l’opinion internationale que ces derniers étaient venus au Mali pour appuyer le contingent ivoirien de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Plusieurs organisations et pays occidentaux ont tenté de se mêler de cette affaire « purement judiciaire et bilatérale », estime Bamako. Mais le Mali, qui a accepté de libérer en septembre trois femmes parmi les 49 soldats ivoiriens grâce à la médiation togolaise, n’a pas réussi à faire déchanter particulièrement la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).

De l’embargo à « la souveraineté retrouvée »

En effet, la junte militaire malienne mettait « en garde contre toute instrumentalisation de la Cedeao par les autorités ivoiriennes » après la demande d’un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement, finalement tenu début décembre à Abuja, au Nigeria. A l’issue de cette réunion, l’organisation régionale a menacé de prendre de nouvelles sanctions contre le Mali « si les militaires ivoiriens n’étaient pas libérés avant le 1er janvier 2023 ».

Les autorités maliennes n’oublient pas l’embargo prononcé contre leur pays en janvier 2022 par les dirigeants de la Cedeao pour sanctionner la décision de la junte militaire de se maintenir au pouvoir pour cinq nouvelles années au maximum sans élection. Jusqu’en juillet de l’année 2022, les frontières des quinze pays de la Cedeao, à l’exception de la Guinée, également dirigée par une junte militaire, étaient fermées au Mali. Seuls les produits de première nécessité continuaient de circuler.

Pour magnifier la résilience du peuple malien, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a institué « le 14 janvier, Journée de la souveraineté retrouvée », en souvenir de la mobilisation inédite des Maliens contre les sanctions de la Cedeao au sortir de la très éprouvante pandémie de Covid-19 dans la région.

L’année 2022 a été également celle où l’opération française « Barkhane » a acté son départ du Mali sans réussir à y vaincre totalement le terrorisme qu’elle était venue combattre neuf ans durant. Effective depuis août, cette décision de retrait pour un redéploiement dans les autres pays du Sahel dont le Niger a été prise depuis février par le président Emmanuel Macron.

Barkhane, Burkina et force anti-putsch

Les relations diplomatiques entre Paris et Bamako se sont détériorées après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keita en août 2020 et la destitution en mai 2021 du président de transition Bah Ndaw par le même groupe d’officiers dirigés par le colonel Assimi Goïta. Depuis lors, les escalades verbales entre la France et le Mali s’effectuent régulièrement à travers des communiqués, des déclarations télévisées ou lors de certaines rencontres internationales.

Au Burkina Faso voisin, miné par le terrorisme et où le « sentiment anti-français » prend de plus en plus de l’ampleur comme dans plusieurs pays du continent, les militaires y ont perpétré en 2020 deux coups d’Etat. Tout a commencé en janvier lorsque le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), dirigé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a affirmé avoir renversé le régime démocratiquement élu du président Roch Marc Christian Kaboré. « Une décision prise dans le seul but de permettre à notre pays de se remettre sur le bon chemin et de rassembler toutes ses forces afin de lutter pour son intégrité territoriale, son redressement et sa souveraineté », expliquait alors le groupe d’officiers.

Cependant, le lieutenant-colonel Damiba et ses hommes n’ont pas réussi, malgré leurs promesses, à vaincre l’hydre jihadiste. C’est ainsi qu’un second coup d’Etat, dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, est intervenu huit mois plus tard, le 30 septembre précisément, exaspérant davantage la Cedeao qui veut trouver une solution définitive à la récurrence des coups d’Etat dans la région.

Le procès du 28-Septembre enfin ouvert

Président en exercice de cette organisation régionale souvent qualifiée par certains détracteurs de « syndicat de chefs d’Etat », le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, qui a lui-même failli être renversé en février dernier dans une tentative de putsch, a évoqué cinq mois plus tard à Paris, en France, l’idée de la création d’une « force anti-putsch ». Même si toutes ses modalités ne sont pas encore dévoilées, cette force viendra en appoint à la lutte contre le terrorisme, ont précisé les dirigeants ouest-africains lors de leur réunion de décembre.

La Guinée également n’est pas indemne du reproche de la Cedeao par rapport aux coups d’Etat intempestifs. Le dernier qui s’est produit en septembre 2021 a installé le capitaine Mamady Doumbouya à la tête du pouvoir. Mais après un an d’exercice, la junte guinéenne a réussi là où le régime d’Alpha Condé a échoué pendant plus d’une décennie : l’organisation du procès du massacre du stade 28 septembre de Conakry.

Dans un tribunal spécialement construit pour ce moment symbolique, les audiences ont été ouvertes le 28 septembre 2022, une date historique qui fait renaître plusieurs souvenirs dans la tête des Guinéens, des plus beaux aux plus tragiques. C’est à cette date notamment, en 1958, que le premier président du pays, Sékou Touré, avait voté « Non » au référendum sur le projet de Constitution proposé par le général Charles de Gaulle pour l’établissement d’une Communauté franco-africaine. Mais c’est à cette date aussi, un demi-siècle plus tard, qu’au moins 156 personnes avaient été tuées, 109 femmes violées et de nombreuses personnes blessées lors d’un rassemblement de l’opposition organisé dans le stade éponyme, selon un bilan établi par une enquête des Nations unies.

De retour en Guinée à la veille de l’ouverture du procès après plusieurs années d’exil au Burkina Faso, l’ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, a été accusé, en compagnie d’une dizaine d’ex-collaborateurs dont son ancien aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité dit « Toumba », de ces violations des droits humains. Ils sont tous placés en détention et comparaissent dans des audiences retransmises en direct et qui ne devraient pas s’achever avant plusieurs mois.

Deux élections au Sénégal

L’actualité politique au Sénégal a été surtout marquée cette année par la perte de plusieurs grandes villes par la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar (unis pour un même espoir), lors des élections municipales et législatives organisées respectivement en janvier et juillet, fragilisant auprès de l’électorat le président Macky Sall que ses adversaires prêtent l’ambition de vouloir se représenter à une controversée troisième candidature à l’élection présidentielle de 2024.

Toutefois, après avoir analysé ces résultats électoraux, le chef de l’Etat a tenté de regagner le cœur des Sénégalais en nommant un Premier ministre en septembre, un poste pourtant resté vacant depuis près d’un an. Quatre mois après sa réélection en 2019, le président Macky Sall avait décidé de le supprimer en vue de mieux gouverner sur le mode « fast-track ».

Mais au bout de deux ans, le président Sall, qui a pris les rênes de la présidence de l’Union africaine (UA), a décidé de restaurer le poste de Premier ministre dans l’objectif de prendre avec son gouvernement de « nouvelles mesures » sur le plan social. Le chef de l’Etat a porté son choix sur Amadou Ba, 61 ans, un inspecteur des finances formé à l’Ecole nationale d’administration (Ena) et ancien ministre dont il est réputé proche.

Le 15 décembre dernier, le gouvernement de M. Ba a survécu à une motion de censure présentée par la coalition Yewwi Askan Wi (libérer le peuple), la première formation de l’opposition parlementaire qui compte parmi ses leaders Ousmane Sonko, considéré par plusieurs observateurs comme le nouveau chef de file de l’opposition. Votée par 55 députés, cette motion n’a pas recueilli la majorité absolue de 83 des 165 sièges de l’Assemblée nationale sénégalaise qui se caractérise, dans sa quatorzième législature, par l’équilibre des forces entre l’opposition et le pouvoir.

Lutte contre le jihadisme : deux options sur la table de la Cédéao

Les chefs d’état-major des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont pesé le pour et le contre d’une « opération cinétique » et de « missions d’appui et de soutien ».Comment bouter le terrorisme hors de l’Afrique de l’Ouest. Voilà la préoccupation des chefs d’état-major des armées des pays de cette partie du continent noir où agissent de nombreux groupes jihadistes. Les haut gradés militaires du Bénin, de Cabo Verde, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, du Libéria, du Niger, du Nigeria, de la Sierra Léone, du Sénégal et du Togo se sont réunis en Guinée Bissau, autour de leur homologue, pour donner corps aux instructions de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

La Commission de l’organisation régionale, au sortir de la 62ème Session ordinaire, tenue le 4 décembre dernier à Abuja (Nigeria), avait pour mission d’offrir un cadre d’échanges aux chefs d’état-major sur la question du jihadisme. Leur rencontre a finalement eu lieu le 19 décembre en Guinée Bissau. Mais les Officiers des Opérations (17 décembre) et les chefs des Services de renseignements (18 décembre) ont amorcé la réflexion.

Dans un communiqué, la Cédéao détaille les deux options discutées par les chefs d’état-major. La première, précise le document, « consiste en une projection de force pour des missions offensives de recherche et destruction, de protection des populations civiles, de sécurisation de sites et d’infrastructures critiques ». Cependant, tempèrent les militaires, elle « comporte des difficultés politiques (nécessité de l’acceptation par le pays hôte et sensibilité des opinions publiques), d’importantes contraintes financières et son efficacité opérationnelle à long terme n’est pas garantie au vu des expériences antérieures ». 

La seconde option porte sur des « missions d’appui et de soutien reposant sur la mise en œuvre de capacités critiques (renseignement, appui aérien, logistique, commandement et conseil, formation et entraînement) au profit des États membres affectés ». Les représentants du Burkina, du Mali et de la Guinée, sous sanctions de la Cédéao à cause de la prise du pouvoir par les armes, n’ont pas assisté à la réunion des chefs d’état-major. Des absences déplorées par les participants « compte tenu de l’impact du terrorisme dans (les deux premiers pays précités) et du fait qu’ils ont un rôle important à jouer dans la recherche de solutions durables ».

C’est pourquoi l’une des recommandations à l’endroit de la Commission de la Cédéao est de convier « tous les États membres de la Cédéao, y compris ceux sous sanctions, à toutes les discussions relatives aux questions sécuritaires ». Il y a également la mise en place d’un groupe de planification pour affiner les options et faire des propositions qui seront présentées au Comité pour validation, l’examen des initiatives en cours en matière de lutte contre le terrorisme et la capitalisation sur les bonnes pratiques, la prise en compte et le soutien des initiatives existantes entre les États membres qui ont prouvé leur efficacité, et le renforcement des capacités nationales afin de permettre à chaque État membre de faire face à sa responsabilité première d’assurer la sécurité sur son territoire.

En outre, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao avait décidé de la mise en place d’une force régionale qui pourrait intervenir partout dans la sous-région en cas de coup d’État. À ce sujet, les chefs d’état-major considèrent que la Force en attente de la Cédéao « constitue déjà un cadre opérationnel dédié à toutes les formes d’intervention.
Toutefois, la restauration de l’ordre constitutionnel requiert de lui en donner mandat et de lui fournir les capacités nécessaires ».

Aussi, ils soulignent que « cette intervention est complexe et sa mise en œuvre pourrait s’avérer difficile notamment lorsque la population et/ou une grande partie des Forces armées adhèrent au changement anticonstitutionnel dans le pays concerné ».

Afrique : 88 % de la population ressentent les effets du changement climatique (enquête)

L’étude de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) sur le climat, réalisée dans neuf pays du continent noir, révèle que « les changements climatiques ont déjà des répercussions sur le quotidien » d’au moins 6000 personnes âgées de 15 ans et plus interrogées.Maroc, Tunisie, Égypte, Kenya, Afrique du Sud, Angola, Cameroun, Côte d’Ivoire et Sénégal, ce sont les pays où la première édition africaine de l’enquête de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) sur le climat a eu lieu entre le 1er et le 25 août 2022. Cette initiative de l’institution financière vise d’après elle « à nourrir le débat général sur les comportements et les attentes en matière d’action en faveur du climat ».

« 61 % des Africains interrogés soutiennent que les changements climatiques et les atteintes à l’environnement ont affecté leurs revenus ou leurs moyens de subsistance », lit-on dans un communiqué reçu mardi à APA. Les pertes de revenus, rapporte la source, sont généralement liées à des sécheresses intenses, à l’élévation du niveau des mers ou à l’érosion côtière, ainsi qu’à des phénomènes météorologiques extrêmes tels que des inondations ou des ouragans.

« Nous appuyons depuis de nombreuses années les investissements dans les énergies propres en Afrique, comme l’énergie éolienne, l’hydroélectricité et les solutions hors réseau. Nous sommes prêts à déployer toute notre panoplie de services de conseil et d’instruments financiers et appuyer nos partenaires sur le terrain afin d’atténuer les changements climatiques, de nous adapter à leurs effets négatifs déjà palpables et de garantir une transition juste », affirme Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI.

À en croire le bras financier de l’Union Européenne (UE), les résultats de cette enquête arrivent à un moment critique pour l’Afrique, après la COP 27 où la mobilisation des ressources pour l’atténuation du réchauffement climatique et l’adaptation aux effets de celui-ci ont été au cœur des débats avec la conclusion d’un accord décisif sur un nouveau fonds « pertes et préjudices » pour les pays vulnérables durement touchés par les catastrophes climatiques.

L’Afrique, rappelle M. Fayolle, est la partie du monde la plus touchée par les changements climatiques, bien que ce soit celle qui contribue le moins au problème. Le continent fait face à une menace accrue de phénomènes météorologiques extrêmes et de changements climatiques chroniques, qui influencent les rendements agricoles, la sécurité alimentaire et hydrique, les écosystèmes, les moyens de subsistance, la santé, les infrastructures et les migrations.

Poursuivant son propos, il souligne que « les changements climatiques, par leurs effets néfastes sur les ressources vitales et la concurrence qu’ils entraînent pour les ressources naturelles, risquent d’accroître la pauvreté, les inégalités et le chômage ».

Ainsi, 76 % des Africains sondés ont déclaré que la priorité devrait donc être donnée dans leur pays aux énergies renouvelables, loin devant les combustibles fossiles (13 %).

« L’Afrique a peu contribué au changement climatique » (Blinken)

L’administration Biden propose de « travailler ensemble » avec l’Afrique pour relever les défis liés au changement climatique.Ce mardi 13 décembre, au premier jour du forum Etats-Unis – Afrique, à Washington, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a rencontré quelques dirigeants du continent noir pour discuter de « la conservation, l’adaptation au climat et la transition énergétique ».

Face aux présidents de la République démocratie que Congo (RDC), des Seychelles, de la Zambie, du Nigeria et du Gabon, le chef de la diplomatie américaine s’est exprimé sur « l’attention qui doit être portée sur l’Afrique » en raison de « l’urgence croissante de la crise climatique ». « Comme nous le savons, 17 des 20 pays les plus vulnérables au climat dans le monde se trouvent sur le continent africain », a-t-il rappelé, soulignant que « 18 millions de personnes ont été confrontées à la faim pendant quatre années consécutives dans la corne de l’Afrique ».

Selon le secrétaire d’État américain, « la communauté de tout le continent ressentent l’impact du changement climatique », ajoutant que « de violentes tempêtes se sont abattues sur l’Afrique australe », alors que « la hausse des températures attise les incendies de forêt en Afrique du nord ». À cela s’ajoute « la montée des eaux » qui « menace les vies et les moyens de subsistance des nations insulaires, tandis que les phénomènes météorologiques extrêmes en Afrique centrale aggravent les crises alimentaires déjà existantes et alimentent les tensions qui nourrissent et alimentent les conflits violents ».

« Agir ensemble »

M. Blinken reconnaît que « les nations africaines ont relativement peu contribué à cette crise, mais qu’elles en subissent les conséquences de manière disproportionnée ». À ce titre, il juge « injuste et irréaliste de leur demander de tourner le dos au développement et aux opportunités économiques au nom d’une transition énergétique propre, de leur demander en fait de renoncer à ce que beaucoup d’entre nous ont fait dans le passé pour développer nos pays et nos économies ».

« C’est pourquoi, propose-t-il, nous pensons que le meilleur moyen de faire face à la crise climatique est de travailler ensemble ». La première piste de solution consiste à s’associer « pour préserver les écosystèmes ».

Dans ce sens, M. Blinken rappelle que « pour soutenir la gestion durable de la forêt tropicale du bassin du Congo, nous avons investi plus de 600 millions de dollars dans le Programme pour l’environnement en Afrique centrale, qui réunit le gouvernement américain et des ONG africaines et américaines ». Estimant que les « océans sont également un élément clé de cette lutte », il explique que c’est pour cette raison que les Etats-Unis ont lancé un programme « pour encourager les pays à s’engager à protéger au moins 30% de leurs eaux océaniques d’ici 2030 ».

« Deuxièmes, poursuit-il, nous nous associons pour rendre les engagements et les communautés plus résilientes face au changement climatique ». Concrètement, « le plan d’urgence du président pour l’adaptation et la résilience travaille avec les gouvernements nationaux à gérer les impacts du changement climatique ». À l’en croire, « cette initiative et d’autres visant à soutenir une agriculture résiliente au changement climatique sont de plus en plus cruciales », craignant une aggravation de la sécurité alimentaire par « l’invasion de l’Ukraine par la Russie ».

Enfin, en troisième ressort, le secrétaire d’Etat américain indique « nous nous associons pour faire avancer une transition juste vers une économie propre qui préserve notre planète et favorise les opportunités économiques inclusives ».

Après une pause de sept ans, le Forum Etats-Unis – Afrique se tient du 13 au 15 décembre. Quarante-neuf gouvernements africains sont invités à prendre part à cette rencontre visant à raffermir les relations entre les États Unis et le continent africain.

L’armée nigériane a massacré des enfants dans sa guerre contre Boko Haram (média)

Des enquêtes menées par l’agence Reuters sur des opérations militaires contre le groupe jihadiste révèlent que des milliers d’adolescents ont été délibérément tués par des soldats.Cinq jours après avoir révélé le secret programme d’avortement forcé mené par l’armée nigériane contre des femmes et filles ayant eu des relations avec des membres de Boko Haram, l’agence Reuters charge à nouveau les forces de défense et de sécurité du pays. Dans une enquête publiée lundi 12 décembre, l’agence d’information anglaise, citant des témoins, affirme que « l’armée nigériane a massacré des enfants dans sa guerre contre les insurgés islamistes ».

« Plus de 40 soldats et civils ont déclaré à Reuters avoir vu l’armée nigériane tuer des enfants ou vu des cadavres d’enfants après une opération militaire. Les estimations s’élèveraient à des milliers », écrit l’agence.

Nos confrères soutiennent que des soldats et des gardes armés employés par le gouvernement leur ont déclaré que les commandants de l’armée leur avaient ordonné, à plusieurs reprises, de « supprimer » des enfants supposés collaborer avec des militants de Boko Haram ou de sa branche de l’État islamique, ou avoir hérité du sang contaminé de pères insurgés.

Des meurtres intentionnels de milliers d’enfants se sont ainsi produits avec une fréquence floue dans la région pendant la guerre, selon les témoins interrogés par Reuters. Cette dernière signale qu’elle n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante chacune de ces estimations. Mais, précise-t-elle, les journalistes ont enquêté sur six incidents spécifiques et ont découvert, sur la base de témoignages oculaires, qu’au moins 60 enfants au total avaient été tués dans ces épisodes, le plus récent en février 2021.

Selon Reuters, la plupart des enfants des six actions menées par l’armée ont été abattus, certains dans le dos alors qu’ils fuyaient. Mais les soldats ont utilisé une gamme de méthodes pour tuer. Des témoins ont détaillé des cas spécifiques dans lesquels des soldats nigérians ont également empoisonné et étouffé des enfants.

« Les soldats ont dit qu’ils ont tué ces enfants parce qu’ils sont des enfants de Boko Haram », témoigne une mère de bébés jumeaux citée par l’agence anglaise.

Certains parents ont déclaré à Reuters qu’ils avaient été laissés à l’agonie parce que leurs enfants avaient été emmenés par l’armée et ne sont jamais revenus. Ils ne pouvaient pas être sûrs, ont-ils dit, si leurs enfants disparus depuis longtemps étaient morts ou vivants.

Ce travail est basé sur des entretiens avec 44 témoins civils ayant eu connaissance de meurtres et de disparitions d’enfants. Reuters a également interrogé 15 membres des forces de sécurité, des soldats, des miliciens locaux et des gardes armés, qui ont déclaré avoir participé ou observé des assassinats ciblés d’enfants.

A Washington, les Etats-Unis et l’Afrique veulent impulser leur relation

Après neuf ans de pause, le Sommet international Etats-Unis – Afrique, se tient à Washington, la capitale fédérale américaine, du 13 au 15 décembre 2022.Ce mercredi 13 décembre s’ouvre à Washington, le sommet Etats-Unis-Afrique. Le sommet vise à rappeler « l’importance des relations américano-africaines et la coopération accrue sur des priorités globales partagées », selon un communiqué de la Maison-Blanche. Il sera un cadre d’échange des discussions bilatérales et multilatérales entre les Etats-Unis et les pays africains.

Le dernier du genre s’était tenu en 2014, sous le magistère du président démocrate Barack Obama (2008-2016). Arrivé au pouvoir en 2016, le républicain Donald Trump n’avait manifesté aucun intérêt pour le continent africain.

Il a fallu l’arrivée d’un autre démocrate au pouvoir Joe Biden,pour ressusciter ce sommet qui accueillera 49 gouvernements africains. L’objectif est d’échanger sur les « défis les plus urgents au monde, de la pandémie et du changement climatique aux conséquences négatives de l’invasion de l’Ukraine, en passant par les questions qui nous concernent tous, à savoir la démocratie et la gouvernance, la sécurité, le commerce, l’investissement et le développement », a annoncé le directeur principal des Affaires africaines, Judd Devermont.

Le premier jour sera consacré aux jeunes leaders de la diaspora africaine. Il sera suivi d’un forum de la société civile et d’une conversation sur la loi sur la croissance et les opportunités en Afrique. Le diplomate américain a également annoncé lors d’une conférence de presse en ligne qu’une session sur la paix, la gouvernance et la sécurité sera co-présidée ce mardi 13 décembre par le Secrétaire d’État, Antony Blinken, le Secrétaire d’État à la Défense, Lloyd Austin et l’administrateur de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), Samantha Power. « Bien sûr, nous aurons également des sessions sur la coopération sanitaire, la sécurité sanitaire, le soutien à la conversation, l’adaptation au climat et la transition énergétique », ajoute Judd Devermont, mentionnant la tenue d’une session sur « la coopération spatiale américano-africaine ».

Le deuxième jour s’ouvrira sur « un forum d’affaires ». « Il s’agit du troisième forum d’Affaires depuis 2014, axé sur les questions qui comptent vraiment pour nos partenaires africains et pour le secteur privé américain dans les domaines du commerce, de la finance, de l’énergie, des infrastructures, de l’agro-industrie et du numérique », précise M. Devermont. « Il comprendra également un déjeuner d’ouverture du secrétaire Blinken et des opportunités pour les entreprises américaines et africaines de réseauter et d’annoncer des accords et d’approfondir vraiment cette importante relation de commerce et d’investissement », ajoute-t-il.

Très attendu, le dernier jour coïncidant au jeudi 15 décembre sera celui des « dirigeants ». « Il débutera par un discours du président Biden. « Nous aurons une discussion sur ce que veulent les Africains et la relation que nous devons avoir à l’avenir », indique-t-il.

 Selon le diplomate américain, le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, le Soudan et l’Erythrée n’ont pas été invités au sommet. Quatre de ces cinq pays, ont la particularité d’avoir subi dans un passé récent des coups d’État militaires. Pour le cas de l’Erythrée, les Etats-Unis ont évoqué l’absence de « relations diplomatiques »

Covid-19 : baisse de la charge pandémique en Afrique (OMS)

Le nombre actuel de cas de Covid-19 n’exerce pas de pression significative sur les structures de santé, car le nombre d’hospitalisations reste faible.Au moment où l’Afrique enregistre son plus bas niveau de nouveaux cas de Covid-19 depuis le début de la pandémie en 2020, une récente augmentation de quatre semaines souligne l’importance de la vigilance à l’approche des fêtes de fin d’année. Il s’agit de la première augmentation soutenue de ce type en quatre mois, rapporte le Bureau Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un son dernier rapport reçu ce jeudi à APA.

L’organisme onusien souligne que cette hausse de cas a été enregistrée jusqu’au 20 novembre, mais le nombre de nouveaux cas a légèrement diminué au cours des deux dernières semaines se terminant le 2 décembre 2022, rompant ainsi la tendance à la hausse.

Toutefois, les nouveaux cas signalés fin novembre représentent moins de 10 % des cas enregistrés à la même période en 2021 et 2020. « Bien que les décès liés à la pandémie aient augmenté de 14 % au cours de la semaine se terminant le 27 novembre par rapport à la semaine précédente, ils sont restés faibles (53), soit environ 4 % des décès enregistrés au cours de la même période en 2021 et 2020. Le nombre actuel de cas de Covid-19 n’exerce pas de pression significative sur les structures de santé, car le nombre d’hospitalisations reste faible », a expliqué l’OMS.

« Malgré la récente résurgence, il y a de l’espoir que l’Afrique sera épargnée des difficultés qu’elle a connues ces deux dernières années, lorsque la hausse des cas et des décès avait réduit à néant tout espoir de vie normale et engendré de profondes désolations. Même si les tendances actuelles permettent de maîtriser la pandémie, nous suivons de près l’évolution de la situation. Nous devons rester vigilants, continuer à accroître la couverture vaccinale et être prêts à adopter des mesures de prévention plus strictes, si cela s’avère nécessaire », a indiqué Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique.

Selon elle, les investissements réalisés ces trois dernières années dans la lutte contre la Covid-19 portent leurs fruits. La Région est mieux outillée pour faire face au virus et ses systèmes d’intervention d’urgence sanitaire ont été renforcés.
En 2022, la réduction globale de la charge pandémique en Afrique allège la pression sur les ressources nationales de santé publique, ce qui donne l’occasion aux pays de renforcer les services de santé perturbés et de porter plus d’efforts sur d’autres priorités de santé publique telles que la vaccination de routine, la surveillance des maladies et la riposte à d’autres épidémies.

Grâce à une surveillance renforcée, cette année la Région a signalé jusqu’à présent 106 épidémies et situations d’urgence sanitaire liées à des crises humanitaires, soit près de 17 % de plus qu’en 2021 et presque autant qu’en 2019 avant l’apparition de la pandémie de Covid-19. Environ 25 épidémies de maladies évitables par la vaccination ont aussi été signalées en 2022. Selon un décompte de l’OMS, treize épidémies ont été signalées en 2020 et 19 en 2021.

Nigéria : vaste campagne d’avortements illégale menée par l’armée

L’armée nigériane a interrompu illégalement les grosses de milliers de femmes et de jeunes filles ayant eu des relations avec des jihadistes de Boko Haram durant leur période de captivité, selon une enquête de Reuters.Les femmes et filles victimes d’enlèvement par le groupe armé Boko Haram dans le Nord-Est du Nigéria ont vécu un second drame après leur libération par l’armée nigériane. Dans une enquête publiée le 7 décembre, l’agence Reuters révèle que plusieurs d’entre elles ont été forcées de mettre un terme à leurs grossesses issues de leur relation avec les jihadistes.

« Depuis au moins 2013, l’armée nigériane a mené un programme d’avortement secret, systématique et illégal dans le nord-est du pays, mettant fin à au moins 10 000 grossesses de femmes et de filles. Beaucoup avaient été enlevées et violées par des militants islamistes », informe l’agence anglaise.

La plupart des avortements ont été pratiqués sans le consentement de la personne concernée, et souvent à son insu, selon les témoignages recueillis par Reuters qui précise que les victimes étaient enceintes de quelques semaines à huit mois, et certaines n’avaient que 12 ans. « Les récalcitrantes ont été battues, tenues sous la menace d’une arme ou droguées pour qu’elles obtempèrent », soutient l’agence de presse.

Cette enquête s’appuie sur des entretiens avec 33 femmes et jeunes filles qui disent avoir subi un avortement alors qu’elles étaient détenues par l’armée nigériane. Une seule a déclaré avoir donné librement son consentement.

Les journalistes de Reuters ont également interrogé cinq agents de santé civils et neuf membres du personnel de sécurité impliqués dans le programme, notamment des soldats et d’autres employés du gouvernement, tels que des gardes armés chargés d’escorter les femmes enceintes vers les sites d’avortement. En outre, Reuters a examiné des copies de documents militaires et de registres d’hôpitaux civils décrivant ou comptabilisant des milliers de procédures d’avortement.

L’existence d’un tel programme géré par l’armée n’avait jamais été signalée auparavant. Reuters affirme que la campagne avait pour base la tromperie et la force physique à l’encontre des femmes qui étaient maintenues en détention militaire pendant des jours ou des semaines.

Par ailleurs, signale le média anglais, trois soldats et un garde ont déclaré qu’ils assuraient couramment aux femmes, souvent affaiblies par leur captivité dans la brousse, que les pilules et les injections qu’ils leur donnaient étaient destinées à leur rendre la santé et à combattre des maladies telles que le paludisme. Dans certains cas, les femmes qui résistaient étaient battues, battues à coups de bâton, tenues en joue ou droguées pour qu’elles obéissent. Selon un garde et un agent de santé, d’autres ont été attachées ou maintenues au sol pendant qu’on leur injectait des médicaments abortifs.

Dans un document cité par Reuters, l’Armée nigériane nie l’existence de ce programme et qualifie l’enquête d’ « insulte aux Nigérians et à leur culture ».

Le rapt des femmes et jeunes filles dans le Nord-Est du Nigéria est devenu une pratique courante des groupes armés et jihadistes qui opèrent dans la région. L’enlèvement, en avril 2014, de 200 lycéennes dans leur établissement scolaire, à Chibok, dans le nord-est du pays, par Boko Haram avait ému et indigné le monde entier et déclenché une campagne réclamant leur libération portée par de grandes personnalités comme Michelle Obama à travers le slogan : « Bring back our girls (Ramenez nos filles) ».

Nigéria: alerte sur la malnutrition des enfants dans le Nord

L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) affirme avoir traité plus de 140.000 enfants pour malnutrition aiguë dans les États de Zamfara, Katsina, Sokoto, Kebbi et Kano.La situation alimentaire et nutritionnelle s’aggrave dans le Nord-Ouest du Nigéria. Dans un communiqué parvenu mardi à APA, l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) affirme que « ces derniers mois ont été incroyablement difficiles pour la population du Nord-Ouest du Nigeria et nos équipes ont vu un nombre sans précédent d’enfants souffrant de malnutrition dans les structures médicales ».

Selon Dr Simba Tirima, représentant de MSF au Nigeria, cité par la note, les admissions d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère dans les centres nutritionnels thérapeutiques ambulatoires de l’État de Zamfara ont augmenté de 39 % par rapport à l’année dernière. Dans l’État de Katsina, les chiffres ont grimpé en flèche pour atteindre près de 80.000 enfants traités pour malnutrition aiguë sévère, dont 12.700 ont dû être hospitalisés, poursuit-il.

« Nous voyons des enfants mourir sur le chemin de nos cliniques. Nous voyons des enfants dont l’état de santé est si grave que nous ne pouvons rien faire pour les sauver », déplore Dr Tirima, ajoutant que l’escalade de la violence, les déplacements, la flambée des prix des denrées alimentaires, les épidémies et le changement climatique sont les facteurs qui déclenchent cette crise sanitaire et de malnutrition alarmante.

L’ampleur de cette crise exige une mobilisation nationale et internationale pour une réponse humanitaire adéquate, plaide le médecin, qui appelle les autres organisations à se joindre à la sienne afin de soutenir les autorités pour répondre aux besoins les plus urgents des communautés touchées.

A en croire l’agent de MSF, le Nord-Ouest continue d’être largement ignoré dans la réponse et les plans humanitaires globaux menés par les Nations unies au Nigeria, qui se concentrent sur la situation critique du Nord-Est du pays.

Dans cette zone, ce sont plus de 8,4 millions de personnes qui, selon l’Onu, ont besoin d’une aide humanitaire, dont environ 80 % sont des femmes et des enfants.

Dans le cadre du 1,1 milliard de dollars américain requis pour les besoins humanitaires 2022 pour le Nigéria, une réponse multisectorielle de 351 millions de dollars a été élaborée afin de sauver des vies et protéger les populations les plus vulnérables.

« Il est essentiel de garantir un meilleur accès aux traitements nutritionnels vitaux pour les milliers de personnes qui en ont besoin maintenant et pendant la prochaine période de soudure si nous voulons éviter que 2023 ne devienne une autre année dévastatrice pour les enfants du Nord-Ouest du Nigeria », dit Dr Tirima.

Soldats ivoiriens détenus: vers de nouvelles sanctions contre Bamako

Depuis juillet dernier, des militaires ivoiriens sont détenus par Bamako pour « tentative de déstabilisation » de la transition.Les autorités maliennes disposent de moins d’un mois pour libérer les 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis juillet dernier pour « mercenariat ». Sans quoi, elles exposent le Mali à de nouvelles sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Réunis dimanche 4 décembre en session ordinaire à Abuja, au Nigeria, les chefs d’État ouest-africains en sont arrivés à cette éventualité comme l’a déclaré le président de la Commission de la Cédéao, à la fin de la rencontre. Le président togolais, Faure Gnassingbé sera chargé de porter le message au colonel Assimi Goïta dans les prochains jours.

Cet ultimatum fait suite à l’échec de la médiation de la Cédéao dans ce contentieux. Saisie par Abidjan après que le colonel Goïta a exigé l’extradition de personnalités maliennes faisant l’objet de poursuites judiciaires chez elles, l’institution régionale avait envoyé une « mission de haut niveau » à Bamako pour obtenir la libération des des militaires ivoiriens, en vain. Le maintien en détention de 46 d’entre-eux après la médiation de Lomé ayant abouti à la libération des trois femmes du groupe, préoccupe toujours la Cédéao.

La menace de nouvelles sanctions contre le Mali risque cependant de ne pas « résoudre le problème ». « Quoique l’on pense du dossier, elle est en instance devant les juridictions du Mali », rappelle, sous le sceau de l’anonymat, un chercheur ouest-africain en sciences politiques. Ce dernier doute de l’efficacité d’un nouvel embargo après celui infligé au Mali de janvier à juillet 2022 pour son refus de remettre le pouvoir aux civils dans des délais raisonnables.

Pour le même chercheur, un pays comme « le Sénégal ne peut pas se permettre de refermer ses frontières pour un contentieux bilatéral de cette nature et dans un contexte économique propre ». La Cédéao n’a pas précisé la nature des sanctions qui seront infligées à Bamako, souligne notre interlocuteur qui déconseille d’ores et déjà une « intervention militaire ». « Le Mali n’est pas la Gambie ou la Guinée Bissau », prévient le chercheur.

L’Etat islamique annonce la mort de son « calife »

L’Etat islamique est en pleine expansion sur le continent africain.L’Etat islamique a annoncé, mercredi 30  novembre dans un élément sonore de près de 10 minutes de son porte-parole Abou Muhajir al Hachimi al Qourachi, la mort de son «  calife ». Abou al Hassan al Hachimi Al Qourachi a été tué au cours d’un combat dont le lieu n’a pas été précisé, décrypte Wassim Nasr, journaliste à  France24 et spécialiste des mouvements jihadistes. 

D’origine  irakienne comme Abou Bakr al Baghdadi, premier chef de l’Etat islamique  tué par les Etats-Unis en octobre 2019, Abou al Hassan al Hachimi al  Qourachi a remplacé son compatriote Abou Ibrahim al Hachimi al Qourachi  après la mort, en février 2022, de ce dernier dans le nord de la Syrie  lors d’une opération des forces spéciales américaines.

Très  discret comme son prédécesseur, Abou al Hassan al Hachimi al Qourachi  est arrivé en février dernier, à la tête de l’Etat islamique, alors en pleine expansion dans le monde, particulièrement en Afrique où il compte sept « provinces », après avoir perdu du terrain dans la zone syro-irakienne d’où il a été proclamé en juin 2014.

En mars dernier, l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) qui était rattaché à la « province de  l’Afrique occidentale », placée sous l’autorité d’un « wali »  (gouverneur) nigérian a été promue province à part entière et revendique  ses opérations sous le nom de l’Etat Islamique au Sahel (EIS). Depuis mars, l’EIS concentre ses actions dans le nord malien, entre les régions  de Gao et de Ménaka, tuant plusieurs centaines de civils, indiquent des organisations de défense des droits humains.

Dans  la même logique, la branche mozambicaine a été détachée de la province de l’Etat islamique en Afrique australe, dans laquelle elle évoluait sous la direction des Forces Démocratiques alliées (ADF), des islamistes  radicaux ougandais, installés dans l’Est de la République démocratique  du Congo (RDC). Dans le nord du Nigeria, principalement dans le Bassin  du Lac Tchad, l’État islamique en Afrique occidentale multiplie les  assauts contre les forces armées nigérianes et tentent d’administrer des territoires. 

Selon plusieurs  experts, cette politique d’expansion décidée par le commandement central  de l’organisation jihadiste sera poursuivie quel que soit le chef. Abou  al Hassan al Hachimi al Qourachi est déjà remplacé par un « vétéran du  jihad », Abou al Hussein al Husseini al Qourachi, a indiqué le porte-parole de l’État islamique appelant à « vouer allégeance » au nouveau « calife ».

Anti-terrorisme : l’Initiative d’Accra au secours du Burkina Faso

Le pays se réserve le droit de se retirer de cette force conjointe si les résultats ne suivent pas.Le Sommet des chefs d’Etat de l’Initiative d’Accra, réuni mardi dans la capitaine ghanéenne, a annoncé le déploiement de 2000 hommes au Burkina Faso pour contrer l’avancée des groupes armés non étatiques, rapporte la télévision nationale, ce mercredi.

L’Initiative s’est fixée un délai d’un mois pour rendre opérationnelle sa force multinationale conjointe. La task-force comporte un contingent de 10.000 soldats qui seront stationnés à Tamalé au Ghana et un volet renseignement, basé à Ouagadougou au Burkina Faso, a précisé un communiqué des pays membres.

La task-force de l’Initiative d’Accra est un regroupement de sept pays dont le Burkina Faso destinée à faire face à l’expansion du terrorisme. Elle est axée sur « le partenariat et le soutien mutuel entre membres » en matière « d’opérations conjointes, de formation et de partage de renseignements », selon les pays membres.  

« Si cette initiative ne donnerait pas de résultats concrets, le Burkina Faso se réserverait le droit de se retirer de cette initiative. Parce que nous ne sommes pas pour des réunions et sommets sans fin, qui tournent en boucle et sans résultats. Je pense que nous avons été compris », a déclaré le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, représentant le Capitaine Ibrahim Traoré à Accra.

Pour rendre fonctionnelle la force anti-terroriste, l’Initiative a besoin d’environ 550 millions de dollars américains, une enveloppe qui suscite déjà l’intérêt de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union Africaine (UA), l’Union européenne (UE) et de la Grande-Bretagne. Les dirigeants ont recommandé aussi que des actions concrètes, « y compris la collecte de fonds, pour soutenir les pays sévèrement touchés par le terrorisme ».

Le Burkina Faso a plaidé pour un financement endogène, loin du diktat des bailleurs de fonds. « En prélevant par exemple, rien qu’une petite somme sur chaque kilogramme de café vendu, de cacao vendu, de coton vendu, de lingots d’or extrait, nous pouvons réunir les fonds nécessaires pour soutenir cette initiative », a expliqué Tembela.

Les Présidents ont indiqué avoir pris « bonne note » de la volonté du Nigeria de rejoindre le siège de la task-force de « l’Initiative d’Accra » et l’ont désigné comme observateur. Le géant ouest-africain a pris le leadership de la mobilisation et s’est engagé à accompagner la Force conjointe en appuis aérien et logistique.

Pour le chef du gouvernement burkinabè, l’Initiative a pris conscience de la gravité de la situation et les membres se sont engagés à mettre en place très rapidement la task-force pour soutenir les pays confrontés au terrorisme

Lancée en 2017, l’Initiative d’Accra regroupe le Burkina Faso, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Ghana, le Mali et le Togo. Bamako n’a pas participé au sommet d’Accra. Tous les trois mois, « l’Initiative » tient des réunions ministérielles précédées d’une rencontre technique des responsables en charge de la sécurité et des renseignements. L’organisation est financée par les Etats membres.

Nigeria : démarrage de la production de pétrole brut à Kolmani

Le président nigérian Muhammadu Buhari a donné le coup d’envoi de la production officielle de pétrole brut et de gaz du projet de développement intégré de Kolmani, d’une valeur de trois milliards de dollars, dans la zone géopolitique du nord-est du pays.Les champs pétrolifères situés dans le bassin de Gongola de la fosse du Haut Bénoué, à cheval sur les deux Etats septentrionaux de Gombe et Bauchi, avec les permis de prospection pétrolière 809 et 810, sont estimés à plus d’un milliard de barils de réserves de pétrole brut et à une production quotidienne d’environ 50.000 barils de pétrole brut.

S’exprimant lors de l’événement mardi, Buhari a déclaré que le champ pétrolifère de Kolmani River a attiré des investissements d’une valeur de trois milliards de dollars, malgré le manque d’attrait dans le secteur pétrolier ces derniers temps.

« Compte tenu de l’emplacement enclavé et de l’énorme besoin en capital, l’économie du projet est une œuvre difficile » dit-il. « Par conséquent, dès le début, j’ai demandé à la NNPC Limited d’utiliser et de tirer parti de son vaste portefeuille d’actifs dans tous les couloirs de ses opérations afin de réduire les risques du projet et d’attirer les investissements nécessaires. J’ai demandé à la NNPC de poursuivre dans cette voie », a déclaré le président nigérian qui assure en même temps les fonctions de ministre du Pétrole du Nigeria.

M. Buhari a ajouté que le champ pétrolier et gazier de Kolmani River contenait un milliard de barils de pétrole brut et 500 milliards de pieds cubes standard de gaz. Selon lui, le développement de ce champ pétrolifère est significatif, étant donné que « des efforts pour trouver du pétrole et du gaz commercial en dehors du bassin établi du delta du Niger ont été tentés pendant de nombreuses années sans les résultats escomptés ».

« Nous sommes satisfaits de la découverte actuelle de plus d’un milliard de barils de pétrole et de 500 milliards de pieds cubes de gaz dans la zone de Kolmani, ainsi que des énormes possibilités de gisements supplémentaires au fur et à mesure que nous intensifions les efforts d’exploration » indique-t-il lors de son allocution.

« Il est à noter que la découverte a maintenant attiré des investissements pour un développement intégré de bout en bout et la monétisation des ressources en hydrocarbures », a-t-il déclaré. Et d’ajouter que la production en amont, le raffinage du pétrole, la production d’électricité et d’engrais sont prévus dans la région.

Selon la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) Ltd, la première phase de l’exploitation comprendra une raffinerie de pétrole in situ d’une capacité maximale de 120.000 barils par jour, une usine de traitement du gaz d’environ 500 millions de pieds cubes standard par jour, une centrale électrique d’une capacité maximale de 300 mégawatts et une usine d’engrais de 2.500 tonnes par jour.

Nigeria : la Bad soutient l’accès au financement des PME

L’appui financier de la Bad doit améliorer l’accès au financement de cinquante entreprises dans l’agro-industrie, la manufacture, les énergies renouvelables et la santé.La Banque africaine de développement (Bad) a signé un accord avec First City Monument Bank (FCMB) pour une ligne de crédit de 50 millions de dollars afin de soutenir l’accès au financement des petites et moyennes entreprises et des entreprises dirigées par des femmes.

La FCMB utilisera cette ligne de crédit pour octroyer des prêts afin de stimuler la reprise économique post-Covid-19 du pays et favoriser une croissance plus inclusive et résiliente aux changements climatiques. Les activités se focaliseront sur les entreprises des secteurs de l’agro-industrie, de l’industrie manufacturière, des soins de santé et des énergies renouvelables au Nigéria.

La Bad fournit également une assistance technique complémentaire de 285.000 dollars dans le cadre de son initiative Affirmative Finance Action for Women in Africa visant à favoriser l’accès des femmes au financement en Afrique.

Le don, octroyé par la Women Entrepreneurship Finance Initiative (We-Fi) permettra d’améliorer les connaissances financières, la gestion d’entreprise et les compétences entrepreneuriales des entreprises dirigées par des femmes. Il permettra également de renforcer les fonctions de suivi-évaluation de la FCMB.

« Le soutien de la Banque à la FCMB permettra d’atteindre les objectifs de l’initiative Affirmative Finance Action for Women in Africa (AFAWA), qui vise à améliorer l’intégration des femmes en améliorant leur accès au financement », a déclaré le directeur général de la Bad pour le Nigéria, Lamin Barrow.

Il a ajouté qu’avec au moins 30 % des fonds de la ligne de crédit qui seront canalisés vers des entreprises appartenant à des femmes, la FCMB sera en meilleure position pour intensifier le déploiement de ses produits et services sur mesure afin de répondre aux besoins des PME et des entreprises appartenant à des femmes.

La directrice générale de la FCMB, Yemisi Edun a déclaré que « nous sommes heureux de collaborer avec la Banque africaine de développement afin de créer de nouvelles opportunités et d’accélérer la reprise des affaires pour les PME et les entreprises appartenant à des femmes au Nigéria après la pandémie de Covid-19 ».

Le projet devrait créer au moins 1000 emplois et permettra à 14 femmes entrepreneures environ d’accéder à des financements à long terme.

Nigeria : nouvelle victoire judiciaire du séparatiste Nnamdi Kanu

Un tribunal nigérian a une nouvelle fois donné raison au leader du mouvement séparatiste Nnamdi Kanu, en demandant au gouvernement fédéral de le renvoyer au Kenya d’où il a été extradé, a appris APA mercredi.Tout en confirmant une décision rendue au début du mois par une Cour d’appel, la Haute Cour nigériane a ordonné au gouvernement de verser 500 millions de nairas à titre de dommages et intérêts à M. Kanu pour ce qu’elle a qualifié d’enlèvement illégal et d’extradition du Kenya en juin 2021.

Kanu, fondateur du mouvement du Peuple indigène du Biafra (IPOB, sigle anglais) pour un Etat sécessionniste, a été acquitté et libéré au début du mois d’octobre.

Trois juges de la Cour d’appel ont estimé que son arrestation à l’étranger et son extradition pour un procès concernant sa campagne en faveur de la séparation des régions du sud-est du reste du Nigeria étaient illégales et ont décidé d’abandonner les charges et de le libérer.

Il avait été initialement inculpé de 15 chefs d’accusation de haute trahison et de terrorisme, dont huit ont été abandonnés avant le jugement. Il avait nié en bloc ces chefs d’accusation.

Le tribunal a fait droit à son appel, qui a été déposé et daté du 29 avril et marqué CA/ABJ/CR/625/2022 pour sa libération.

Nnamdi Kanu a été mis en examen pour la première fois le 23 décembre 2015, avant d’être libéré sous caution le 25 avril 2017.

La Cour d’appel a déclaré illégale et illicite l’extradition de M. Kanu du Kenya vers le Nigeria et a annulé l’ensemble des accusations de terrorisme portées contre lui par le gouvernement fédéral.

Après sa libération sous caution en 2017, M. Kanu avait fui le Nigeria pour se rendre au Kenya, d’où il avait été extradé en 2021.

Le tribunal a estimé que le gouvernement fédéral avait enfreint toutes les lois locales et internationales lors de l’extradition forcée de Kanu, rendant ainsi les accusations de terrorisme portées contre lui illégales.