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Niger-Téra : le président Bazoum lance un appel à ses homologues du Mali et du Burkina Faso

Au Niger, le président Mohamed Bazoum poursuit sa visite dans l’ouest du pays à la rencontre des populations déplacées.

 

Jeudi 09 juin, il était dans la zone des trois frontières (Burkina Faso-Mali-Niger) dans la région de Téra qui subit la pression des jihadistes. Quelque 13500 personnes y sont déplacées. Mohamed Bazoum a profité de la proximité de Téra avec ses voisins du Mali et du Burkina Faso pour lancer un appel à la mutualisation de leurs actions contre les terroristes.

C’est depuis la ville de Téra, dans une zone affectée par le terrorisme sur les trois frontières que le président Mohamed Bazoum a mesuré les difficultés auxquelles peuvent être confrontées les forces nigériennes.

« Dans cette zone des trois frontières, quand vous passez la frontière du Niger, vous n’avez affaire qu’à des espaces occupés par les terroristes. Et ça rend difficile le travail que doivent faire nos forces ».

Du fait de sa proximité avec le Mali et le Burkina Faso, la région de Téra est exposée aux affres du terrorisme d’où cet appel du président Mohamed Bazoum à ses voisins.

« Il est souhaitable, il est urgent que les pays frères du Mali et du Burkina Faso puissent se relever. Nous allons continuer à projeter nos forces de façon à créer le bouclier dont nous avons besoin ».

Diagourou est aujourd’hui un village fantôme en insécurité totale, selon son maire Hama Boukari. « Il n’y a aucune école qui fonctionne, aucun fonctionnaire de l’Etat ne peut aller à Diagourou. Nous avons aujourd’hui 23 chefs de village sur les 43, qui sont à Téra ».

Quelque 3000 hommes des forces spéciales de l’opération Niya combattent sans répit les jihadistes dans cette zone.

Crise malienne : un compromis est encore possible (Macky Sall)

Une issue favorable au bras de fer opposant Bamako à la Cédéao est toujours envisageable selon le président en exercice de l’Union Africaine (UA).Le divorce n’est pas consommé entre le Mali et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Dans un entretien accordé ce jeudi à RFI et France 24, Macky Sall a affirmé que ce différend peut bel et bien connaître un dénouement heureux.

« Nous avons demandé au médiateur de mettre à profit ce mois-ci pour remplir la feuille de route qui nous permettra d’avoir les différents engagements et les échéances. Le 3 juillet prochain, nous pourrons valablement délibérer sur la levée ou pas des sanctions. Un compromis est encore possible », a expliqué le chef de l’Etat sénégalais.

Poursuivant, il a estimé que c’est « maladroit » de la part de la junte malienne de publier le décret fixant la transition à deux ans à partir de mars 2022 juste après le Sommet d’Accra, au Ghana. Toutefois, le président en exercice de l’Union Africaine (UA) a renseigné que ce calendrier était « le produit d’un accord » entre Bamako et le médiateur de la Cédéao, Goodluck Jonathan.

« Nous verrons d’ici juillet si les conditions sont réunies pour que la Cédéao lève les sanctions qui impactent difficilement les populations maliennes », a indiqué le successeur de Félix Tshisekedi.

Abordant le cas de la Guinée, Macky Sall a fait savoir « qu’aucun de nos pays n’a intérêt à s’éloigner de son voisinage immédiat et de sa communauté ». Face à la défiance des juntes à l’égard de la Cédéao, le président sénégalais a pointé du doigt le soutien des militaires par des pays disposant du droit de veto au Conseil de sécurité des Nations Unies.

C’est pourquoi, a-t-il analysé, ces juntes refusent de faire ce que la Cédéao leur dicte. Partant de là, Macky Sall a considéré qu’il est temps de revoir le fonctionnement de la gouvernance mondiale. Car, pour lui, « nous ne pouvons pas apporter des réponses concrètes aux situations de nos pays » avec la composition actuelle du Conseil de sécurité.

Cédéao : l’indécision n’est pas synonyme de scission (expert)

Un consensus aurait pu être trouvé par les dirigeants ouest-africains réunis en sommet le 4 juin dernier à Accra, au Ghana, d’après Gilles Yabi, fondateur et directeur exécutif du think tank Wathi, interrogé par APA.Faute de consensus, les chefs d’Etats de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont renvoyé au 3 juillet leurs décisions sur les juntes. Comment analysez-vous cela ?

Il faudrait peut-être leur demander l’explication de cette non-décision. Je note cependant que cela n’améliore pas l’image très dégradée de l’organisation régionale au sein des opinions publiques ouest-africaines.

Comme un sommet a été annoncé, nous nous attendions donc à ce que des décisions soient prises, en particulier la levée des sanctions infligées au Mali. C’est regrettable qu’il n’y ait pas eu un travail technique et diplomatique qui aurait permis d’avoir un consensus avant la rencontre des présidents.

Les diplomates, ayant l’expérience de ce type de réunions, expliquent qu’il y a généralement un travail préalable qui permet de faire en sorte que les chefs d’Etats viennent simplement valider des orientations ou décisions quasiment prises. Mais là, nous avons l’impression qu’à chaque sommet il y a beaucoup de discussions et une absence de consensus qui auraient pu être anticipées.

Cette situation pointe les problèmes dans la manière dont les gouvernants au plus haut niveau de l’organisation régionale décident. Cela étant dit, le sommet ne devait pas se pencher seulement sur le Mali, mais aussi sur le Burkina et la Guinée. De ce fait, il est aussi dit que le sommet du 3 juillet permettrait d’avoir des décisions plus cohérentes sur les trois dossiers chauds de la région au plan politique.

Mais il y a un sentiment de gâchis, de mauvaise organisation de la Cédéao. En l’absence de l’assurance d’un consensus et d’une prise de décisions, il aurait fallu prendre le temps de lever tous les obstacles pour être sûr d’avoir un accord avec le Mali et les autres pays avant de convoquer un sommet.

A Accra,
deux camps se sont opposés sur le maintien ou non des sanctions. Peut-on parler de scission au sein de l’organisation régionale ?

Il y a effectivement des sources selon lesquelles des pays n’étaient pas d’accord avec les autres. Pour autant, je ne pense pas qu’il faille parler de scission. On n’en est pas là même s’il y a des divergences et des points de vue probablement tranchés de quelques chefs d’Etat.

En Afrique de l’Ouest, on note des problèmes de fond, des divergences dans l’interprétation des différents évènements politiques notamment les coups d’Etat (ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, dans quelle mesure doit-on prendre en compte la situation spécifique de chaque pays…).

C’est beaucoup d’éléments qui entrent en ligne de compte. Malgré tout, je ne pense pas que cela induise nécessairement une forme de scission au sein de la Cédéao.

Il faut aussi savoir qu’il y a, au niveau des chefs d’Etat, des calculs justifiés par leurs propres positions : ceux qui sont en fin de second mandat et ceux qui dirigent des pays où il y a une tradition d’alternance assez bien établie et où les partis sont beaucoup plus organisés. Des différences de configuration et de pratique politiques dans les pays de la région expliquent les décisions ou les prises de positions antagonistes.

Bamako a fixé à deux ans la période transitoire. A quoi peut-on s’attendre de la Cédéao suite à cette décision unilatérale ?

Le décret du président Assimi Goïta a fait le tour du monde et des réseaux sociaux. Il est arrivé juste après le sommet de la Cédéao. Est-ce que cela va influer sur le prochain sommet ? Probablement pas.

Jusque-là, il y avait des discussions sur le délai de la transition qui paraissait comme l’élément central du désaccord entre la Cédéao et le Mali. Avec ce décret, Bamako met clairement tout le monde devant le fait accompli.

Dans le cas de la Guinée et du Burkina, il est bon de rappeler que nous avons des institutions de transition qui ont annoncé des durées de transition ne correspondant pas à ce qui était souhaité par l’organisation régionale.

Quoi qu’il en soit, lors du prochain sommet de la Cédéao, la stabilité politique et sécuritaire de la région est à placer au cœur des décisions. On doit privilégier l’intérêt supérieur des populations.

Mais cela suppose que nous sortions d’une logique de confrontation et que nous réussissions à restaurer une culture de la discussion, de la présence sur le terrain qui permet d’orienter les transitions dans la bonne direction.

Mali : une levée de l’embargo est-elle possible avant juillet ?

Les autorités maliennes ont décidé de prolonger de 24 mois la durée de la transition, une décision unilatérale que « regrette » la Cedeao.Le samedi 4 juin dernier à Accra, au Ghana, les chefs d’Etat de l’organisation sous-régionale n’ont pas trouvé d’accord sur le dossier malien. Après de longues heures de discussions, le consensus n’était pas obtenu pour la levée de l’embargo qui fait autant mal à Bamako que dans les pays voisins, tel que le Sénégal. Le statu quo est maintenu en attendant la tenue du prochain sommet extraordinaire des dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), prévu le 3 juillet dans la capitale ghanéenne.

Mais depuis le 4 juin, les lignes semblent bouger de part et d’autre, donnant espoir à certains acteurs que la communauté économique des Etats ouest-africains pourrait reconsidérer sa position. Lundi dernier, soit deux jours après le sommet d’Accra, le colonel Assimi Goïta a signé un décret où il fixe la durée de la transition malienne « à 24 mois, (à) compter du 26 mars 2022 ». C’est une avancée dans la crise politique car, en début d’année, les militaires maliens projetaient de diriger le pays jusqu’à cinq ans. En réaction, le 9 janvier, la Cedeao a adopté des sanctions très dures contre Bamako comme la fermeture des frontières et le gel des avoirs financiers au sein de la Bceao.

En dépit de ce pas en avant, la Cedeao n’applaudit pas pour autant les autorités maliennes. Dans un communiqué publié mardi soir, elle déclare avoir « pris acte » du décret fixant le nouveau calendrier de transition. Toutefois, « elle regrette que cette décision ait été prise à un moment où les négociations se déroulent encore, en vue de parvenir à un consensus ».

Les moutons maliens vont-ils traverser les frontières ?

Pour l’organisation sous-régionale, son médiateur de la Cedeao pour le Mali, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, « poursuivra les échanges avec les autorités du Mali, en vue de parvenir à un chronogramme mutuellement acceptable de transition, permettant d’assurer un soutien de la Cedeao ». Ainsi, elle montre clairement sa désapprobation quant au nouveau calendrier présenté par la junte malienne.

Lors du sommet d’Accra, certains dirigeants de la région campaient toujours sur une transition de 16 à 18 mois, à compter de mars 2022. En outre, le médiateur Goodluck Jonathan continue de rapprocher les positions en allant rencontrer les acteurs clés, parmi les chefs d’États de pays membres de l’institution ainsi que les autorités maliennes. Avec le président en exercice de la Cedeao, le Ghanéen Nana Akufo-Addo et le président sénégalais Macky Sall, leur visite était d’ailleurs annoncée à Bamako après la tenue du dernier sommet d’Accra. Sont-ils toujours dans les délais ?

Dans tous les cas, Goodluck Jonathan a proposé plusieurs solutions de sortie de crise, telle qu’une transition d’une durée tournant autour de 24 mois. Par conséquent, le texte méritait d’être peaufiné. Mais la manière « cavalière » qu’a eue Bamako d’annoncer la durée de la transition a irrité plusieurs chefs d’État, selon une source citée par RFI. Que va donc décider la Cedeao après avoir « regretté » la décision unilatérale des autorités maliennes ? Va-t-elle annoncer une levée partielle des sanctions qui empêchent aux éleveurs maliens, par exemple, de convoyer leurs moutons au Sénégal à l’approche de la Tabaski, la fête de l’Eid el Kébir qui sera célébrée dans un mois ?

En effet, le pays de Macky Sall compte beaucoup sur les moutons de ce pays voisin, plus accessibles parfois, pour approvisionner normalement son marché. Récemment, après une visite d’inspection, le ministère sénégalais de l’Elevage et des Productions animales a tenté de rassurer les ménages même si plusieurs d’entre eux demeurent inquiets.

Intransigeance

En revanche, Pr Abdoulaye Sounaye, spécialiste nigérien des questions sahéliennes et de l’Afrique de l’ouest, note que la Cedeao ne se prononcera sur une levée partielle ou définitive des sanctions sur le Mali avant le 3 juillet, date du prochain sommet extraordinaire de sa conférence des chefs d’Etat et de gouvernement. « Je pense que la Cedeao va attendre jusqu’à son sommet. Elle a déjà décidé d’une mission que son président va conduire. Je crois que la conférence des chefs d’Etat ne fait pas trop confiance aux autorités de la transition au Mali », indique à APA l’enseignant-chercheur à l’Université Abdou Moumouni de Niamey.

De plus, signale ce chercheur affilié au Leibniz ZentrumModerner Orient de Berlin, en Allemagne, la tâche est très difficile en ce moment pour les dirigeants de cette organisation. Ils veulent sortir de cette situation sans perdre la face, en parvenant surtout à décourager les éventuelles prises de pouvoir par les armes devenues récurrentes dans la région.

« De toutes les façons, on voit bien que la Cedeao cherche une voie de sortie de crise pour redorer son blason de la même façon que les autorités maliennes cherchent une sortie pour au moins avoir accès à certaines ressources financières. En fait, les sanctions sont devenues un véritable conundrum (casse-tête) pour les deux parties », explique Pr Sounaye.

Mali – Cedeao : Faure Gnassingbé en passe de réussir son pari

Le président togolais était sollicité par les autorités de transition malienne pour jouer un rôle de médiateur avec les chefs d’Etat ouest-africains.Plus d’un mois après avoir accepté un rôle de médiateur dans la crise malienne, le président togolais, Faure Gnassingbé, a réussi à rapprocher les positions entre les militaires au pouvoir à Bamako et l’organisation régionale.

En effet, selon le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop,  les dirigeants ouest-africains ont accepté la transition 24 mois décrétée par la junte avant l’organisation des élections qui doivent permettre le retour des civils au pouvoir en mars 2024.

Si les sanctions sont toujours maintenues, souligne-t-il, c’est qu’il reste « certains détails » à finaliser comme la présentation d’un chronogramme détaillé et la mise en place d’un comité conjoint de suivi. Deux préalables qui seront réglés selon le dirigeant malien avant le sommet de la Cedeao du 3 juillet prochain. 

Si les sanctions venaient à être levées, Faure Gnassingbé, doyen des chefs d’Etat de la sous-région (17 ans au pouvoir), en tirerait à coup sûr « un succès diplomatique éclatant. »

Le président togolais; a toujours milité pour une levée des sanctions contre le Mali s’attirant la sympathie des dirigeants maliens. « Nous avons, au nom du président de la transition, sollicité le président Faure Gnassingbé (…) pour faciliter le dialogue avec les acteurs régionaux et plus largement le dialogue avec l’ensemble de la communauté internationale pour trouver un compromis pouvant nous permettre de sortir de la crise », avait déclaré M. Diop, en visite à Lomé.

Selon lui, la situation dans laquelle se trouve le Mali, « nécessite qu’on fasse preuve de génie politique », avait-il indiqué lors de sa rencontre avec le président togolais.

Un mois plus tard, un dénouement heureux est sur le point d’être trouvé dans cette crise malienne, au grand bonheur des populations.

 

 

Mali : l’Etat islamique ne veut pas se laisser faire

Des combats opposent les jihadistes à l’armée malienne dans le Nord du pays.Qui a gagné la bataille d’Anderamboukane ? Depuis mars, les jihadistes de l’Etat islamique au Sahel (EIS) y affrontent les touaregs pro-gouvernementaux du Mouvement du Salut de l’Azawad (MSA) et le Groupe d’autodéfense Imghad et alliés (Gatia), deux groupes bénéficiant du soutien de l’armée malienne. L’objectif est de contrôler cette localité stratégique située à 90 km de la ville malienne de Ménaka, à la frontière avec le Niger.

Les informations en provenance de la zone sont difficiles à recouper pour savoir qui des acteurs s’est imposé ou est actuellement en position de force, comme en témoigne la confusion qui règne après l’offensive lancée en fin de semaine par la coalition pro-Bamako. Ces affrontements se seraient soldés par une victoire de cette coalition, assurent ses responsables. Mais des sources locales, généralement bien informées, contestent et assurent que l’EIS est loin d’avoir été battu et qu’il contrôlerait encore la localité.

Pourtant, depuis l’année dernière, une série d’opérations ayant visé le groupe jihadiste laissait croire qu’il était profondément affaibli. L’EIS a vu plusieurs de ses leaders tués ou capturés par les forces armées françaises, dans le cadre de l’Opération Barkhane, dont le retrait annoncé en juin 2021 par le président Emmanuel Macron se poursuit dans un climat de tension diplomatique avec Bamako qui accuse la France d’« abandon en plein vol ».

Les Français ont surtout réussi un coup de maître le 17 août de la même année en tuant, au sud d’Indélimane, non loin de la frontière nigérienne, Adnan Abou Walid al Sahraoui, de son vrai nom Lehbib Ould Ali Ould Said Ould Joumani, ancien cadre du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et d’Almourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.

Sa mort confirmée un mois plus tard par la ministre des armées françaises d’alors, Florence Parly, visait la démoralisation des troupes eu égard à son envergure. Mais moins d’une année après, la filiale de l’Etat islamique est toujours active au Sahel, en tentant de faire main basse sur l’est malien.

Sous la férule de Youssef Ould Chouaib, dit Abou Al Bara al Sahraoui, un arabe malien qui a repris le commandement, le groupe communément appelé « Etat islamique dans le Grand Sahara » s’est renforcé en devenant depuis le 27 mars 2022, la septième « province » de l’Etat islamique en Afrique alors qu’il était, jusque-là, sous l’autorité de la branche nigériane.

Cette montée en grade est intervenue dans la foulée de la désignation d’Abou al Hassan al Hachimi al Quraychi comme nouveau « Calife » de l’Etat islamique, en remplacement d’Abou Ibrahim al Hachimi al Quraychi, tué en octobre 2019 par l’armée américaine en Syrie.

Durant cette période, la Division des droits de l’Homme de la Minusma a noté une dégradation de la situation sécuritaire dans les régions de Gao et de Ménaka « en raison d’affrontements armés entre les éléments du MSA, du GATIA et ceux de l’EIGS ou d’attaques contre les populations civiles dans plusieurs cercles d’Andéramboukane, notamment dans les localités de Garka, Ingarzabane, Inkalafanan, Inchinanan, Intakoreit, Itagoyit, Tamalat, Tilabagnachan, Tinahaket et Tingorof ».

Selon la note trimestrielle du 1er janvier au 31 mars 2022 de la Minusma sur les tendances et atteintes aux droits de l’Homme, « ces affrontements auraient, selon les autorités locales, occasionné la mort de 264 civils et le déplacement forcé de plusieurs centaines d’autres vers Ansongo, Gao, Ménaka et Tillabéri ». Cependant, les enquêtes de la Minusma ont permis d’identifier 159 personnes tuées.

Le 21 mars, la Minusma a aussi recensé des attaques ciblées de l’Etat islamique au Sahel contre la communauté Dawssahak dans la zone de Talataye (cercle d’Ansongo, région de Gao) et au cours desquelles une centaine de personnes auraient trouvé la mort.

La mort annoncée du chef de l’EI au Sahel, confirmée à APA par le journaliste Wassim Nasr et plusieurs autres sources, au cours d’une « banale » altercation avec un touareg Dahssahak, n’a pas mis un terme à ce cycle de violences.

Le 26 mai dernier, le MSA affirmait être allé au secours des civils persécutés à Emis-Emis par des éléments supposés de l’Etat islamique. Les combats qui ont opposé ses membres aux islamistes armés auraient fait plus d’une trentaine de victimes dans les rangs de ces derniers.

Dimanche 5 juin, de nouveaux affrontements ont éclaté à Talghachert, à 30 kilomètres d’Anderamboukane, lorsqu’une patrouille de la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 a voulu démanteler une base jihadiste, vers la frontière avec le Niger.

Une source proche des groupes d’auto-défense soutient que ces nombreux incidents sécuritaires sont le fruit de la volonté de l’Etat islamique de profiter du retrait de la France du Mali pour contrôler la région de Ménaka. Au même moment, l’armée malienne concentre ses efforts dans le centre contre les jihadistes de la Katiba Macina du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al Qaïda au Maghreb Islamique.

AC/odl/te/APA

Mali : adoption d’un nouveau calendrier de transition (officiel)

Les autorités maliennes ont officialisé ce lundi 6 juin 2022, l’adoption d’un nouveau calendrier de transition de deux ans à compter du 26 mars 2022.Ce nouveau chronogramme de vingt-quatre (24 mois) doit préparer le pays à l’organisation d’élections libres et transparentes, a annoncé le ministre porte-parole du gouvernement, Abdoulaye Maïga.

Après le coup d’Etat du 18 août 2020, contre le défunt président Ibrahim Boubacar Keïta, une transition politique de 18 mois avait été mise en place le 15 septembre 2020, dans le cadre de la charte de la transition. Une transition qui devait s’achever le 27 février 2022 avec la tenue des scrutins présidentiel et législatif .

Mais les autorités de la transition avaient invoqué l’insécurité qui règne dans certaines parties du pays, pour justifier le report des élections générales. Réunie en sommet extraordinaire le 9 janvier 2022, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), avait prononcé l’embargo contre le Mali pour sanctionner le maintien des militaires au pouvoir.

Lors de son dernier sommet extraordinaire du 4 juin à Accra (Ghana), la Cedeao avait annoncé le maintien des sanctions contre le Mali avant d’annoncer la tenue d’un nouveau sommet le 3 juillet prochain.

Ce nouveau calendrier qui vient d’être officialisé par la junte, sera-t-il accepté par les chefs ouest-africains ? L’organisation régionale préconisait une transition de 16 à 18 mois à compter de mars 2022.

D’ici là, le président en exercice de la Cedeao, Nana Akufo-Addo, le président sénégalais Macky Sall et le médiateur de la Cedeao dans le dossier malien, Goodluck Jonathan, sont attendus à Bamako dans les prochains jours. Cette visite a pour but de trouver un consensus sur la durée de transition, pomme de discorde, entre la junte au pouvoir et les chefs d’Etat ouest-africains.

Mali : colère et déception à Bamako contre la Cedeao

Colère et amertume sont les sentiments les mieux partagés à Bamako, la capitale malienne, après le maintien de l’embargo de la Cedeao.« C’était vraiment le sommet de l’espoir. Ce fut vraiment une surprise générale », lance un confrère malien, déçu de la tournure des évènements. Beaucoup de Maliens se disent déçus de l’issue du sommet de la Cedeao du 4 juin dernier, alors qu’ils attendaient une levée des sanctions.

A Bamako, le maintien de l’embargo et le report du sommet au 3 juillet prochain, sonnent comme un coup de semonce. « On sait que le président sénégalais (Macky Sall) a mis tout son poids pour que les sanctions soient levées, mais on apprend aussi que Nana Akufo-Addo du Ghana, Muhammadu Buhari du Nigeria et Mohamed Bazoum du Niger se sont opposés à la levée de l’embargo. Les Maliens sont évidemment très déçus de la tournure du sommet, parce que la situation se tend chaque jour», ajoute notre confrère.

Dans le Grand marché de Bamako, l’embargo de la Cedeao commence à se faire ressentir au niveau des commerces. « Ici, les gens font semblant, mais la situation est devenue intenable. Le kilogramme de sucre est passé de 450 francs à 600 francs, le kilogramme de lait est passé de 2300 à 2800 francs, le riz est passé de 450 à 650 francs, pour ne citer que ces exemples »  indique Moustapha, un Sénégalais, qui vit à Bamako, depuis plus de 30 ans.

Depuis l’entrée en vigueur des sanctions le 9 janvier dernier, le Mali navigue entre inflation et pénurie. « Il faut reconnaître que les Maliens ont une capacité de résilience incroyable motivée en cela par le sens patriotique mis en avant par les militaires » souligne un confère. Mais, « il faut se demander jusqu’à quand, ils vont pouvoir tenir, parce que la situation est devenue difficile pour tout le monde. Il y a des hausses et des pénuries depuis quelques semaines dans le pays », ajoute-t-il. 

Une « colère grandissante » commence même à gagner Bamako et certaines villes du pays pour dénoncer la vie chère. Une marche est même prévue vendredi prochain dans le pays pour fustiger la « hausse des prix », selon une source locale.

Plusieurs secteurs sont paralysés et le pays marche au ralenti. Les banques, l’agriculture, l’élevage et les commerces sont les secteurs les plus impactés par les sanctions. « Les banques sont asphyxiées par les sanctions de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine). Les transactions ne peuvent plus se faire correctement, et dans un pays, quand le système financier est dérégulé, tout est paralysé », reconnaît, ce cadre, chargé de communication d’une grande banque installée à Bamako.

Les fonctionnaires payés en liquide

Le paiement des salaires par virement bancaire est pour le moment « impossible » selon un fonctionnaire qui s’est confié à APA. Le pays vit de « la mobilisation interne des ressources », selon Moussa (nom d’emprunt) fonctionnaire malien. « Tous les agents de l’Etat sont payés en liquide par le bureau de comptabilité de leur service respectif à la fin du mois », indique-t-il.

« Évidemment, la conséquence est que les banques qui avaient prêté de l’argent à des fonctionnaires sont pénalisées parce qu’elles ne peuvent plus opérer des retenues à la source. Les sanctions financières de l’Uemoa ont sérieusement touché le système bancaire. Aujourd’hui le monde est interconnecté », indique ce fonctionnaire.

La tension monte à Bamako et les prix s’envolent. A un mois de la fête musulmane du sacrifice (l’Aïd el-Kébir), les prix des ovins se sont envolés à cause de l’embargo et surtout de l’insécurité dans la région du Sahel. « Le prix des moutons a doublé au Mali en un an. Tout est devenu subitement cher à cause de la guerre et de l’embargo », explique Moustapha, qui opère au Grand marché de Bamako.

Le commerce du mouton est en péril au Mali surtout si les frontières restent fermées au-delà du sommet du 3 juillet. « Beaucoup d’éleveurs maliens sont inquiets. Le Mali ravitaille beaucoup de pays de la sous-région durant la fête de Tabaski. Actuellement, si les sanctions ne sont pas levées, les moutons maliens ne sortiront pas. Il n’y aura pas de dérogation. Pour le secteur de l’élevage, ce serait un coup terrible, puisque c’est plusieurs milliards chaque année » indique un interlocuteur.

Face à « l’orgueil » de la communauté internationale et « l’arrogance » des militaires, le peuple malien est en train de « mourir », selon l’Imam Mahmoud Dicko, personnalité incontournable du paysage politique malien. Le charismatique prêcheur, appelle les autorités de la transition et les chefs d’Etat ouest-africains à trouver un terrain d’entente pour mettre fin à l’embargo.

Dans ce contexte de crise, le prochain sommet du 3 juillet s’annonce crucial pour le Mali et la Cedeao, dont certains des chefs d’Etat adoptent des positions divergentes sur le dossier malien. 

Pour tenter de rapprocher les positions, le président en exercice de la Cedeao, Nana Akufo Addo, le président sénégalais Macky Sall et le médiateur de la Cedeao dans le dossier malien, Goodluck Jonathan, sont attendus à Bamako dans les prochains jours. Cette visite a pour mission de rechercher un consensus sur la durée de la transition, pomme de discorde, entre la junte au pouvoir et les chefs d’Etat ouest-africains.

 

 

Juntes ouest africaines: aucune décision du Sommet de la Cedeao

Le Sommet des Chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest n’a pris aucune décision sur le maintien ou l’assouplissement des sanctions contre les militaires putschistes au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.Réunis en réunion extraordinaire ce samedi 4 juin 2022 à Accra, au Ghana, les dirigeants ouest africains ont décidés de reporter leurs décisions sur les sanctions contre les justes malienne, burkinabé et guinéenne au 3 juillet prochain. Aucun consensus ne s’est dégagé à l’issue de la rencontre.

Il y avait deux blocs. D’un côté, les pays favorables au durgissement des sanctions contre la junte malienne et de l’autre ceux qui sont pour l’allègement des sanctions contre le pays du colonel d’Assimi Goïta.

Le 9 janvier dernier, la Cedeao avait infligé de lourdes sanctions à Bamako dont la fermeture des frontières avec ce pays d’Afrique de l’Ouest dans l’espoir de mettre fin au projet des militaires de gouverner cinq années de plus.

Mali : la Minusma encore endeuillée

Deux Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) sont morts après avoir sauté sur un engin explosif improvisé.Les victimes, dont les nationalités n’ont pas encore été révélées par la mission onusienne, faisaient partie d’une équipe en patrouille sur l’axe Douentza-Tombouctou, dans le Nord du pays. Au nombre de quatre, ils avaient été évacués et le site sécurisé, informe la Minusma. 

« Triste d’annoncer que deux des soldats blessés lors d’une attaque ce matin, non loin de Douentza, sont morts. Une semaine dure, très dure pour nous. On ne dira jamais assez la difficulté de notre tâche et l’extrême dévouement de nos Casques bleus », a écrit sur Twitter le Chef de la Minusma, El-Ghassim Wane.

Mercredi dernier, un assaut attribué à des terroristes a causé la mort d’un Casque bleu jordanien à Kidal (Nord).

Mali-Cédéao : l’heure du dégel a-t-elle sonné ?

Un Sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) est convoqué ce week-end au Ghana.Samedi 4 juin, les dirigeants ouest-africains se réunissent à Accra pour discuter de la situation politique au Mali, en Guinée et au Burkina. Trois pays sous sanctions de la communauté internationale depuis que des militaires y ont pris le pouvoir en 2020, 2021 et 2022.

Cette rencontre fait suite à plusieurs autres qui n’ont pas, à ce jour, permis de dépasser les malentendus entre les différentes juntes et l’organisation régionale. Une attention particulière sera accordée au cas malien.

Dans ce pays, les militaires ont commis un coup d’Etat en août 2020, renversé le gouvernement de transition neuf mois plus tard et se sont mis à dos la communauté internationale en se montrant peu pressés de retourner dans les casernes.

Initialement favorable à une transmission du pouvoir aux civils au plus tard le 27 février 2022, les autorités de transition ont revu leurs plans en proposant un organigramme étalé sur 5 ans. Elles s’appuient sur la nécessité de réformes institutionnelles et l’impératif de restaurer la sécurité fragilisée par l’activité de groupes jihadistes. Cette décision unilatérale a obligé la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à prendre des mesures contraignantes.

Le 9 janvier dernier, elle a prononcé des sanctions économiques et financières contre le Mali. Un embargo vivement dénoncé par Bamako qui y voit la main d’un « Etat extrarégional ». Allusion faite à la France avec laquelle les autorités de transition sont en conflit suite à la décision d’Emmanuel Macron de réarticuler l’opération Barkhane ayant pris le relais de Serval en 2014 au Mali.

L’isolement de ce pays dépourvu de façade maritime, censé s’inscrire dans un court délai, s’est éternisé. Du coup, cette nation a été plongée dans une situation économique difficile ouvrant la perspective à des pourparlers qui devaient aboutir le 25 mars à une issue heureuse.

A cet effet, le président de la transition, le Colonel Assimi Goïta, a été invité par la Commission de la Cédéao à prendre part au sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat.

La veille de cette rencontre, Macky Sall, président en exercice de l’Union Africaine (UA), faisait part de son entretien téléphonique avec le Colonel Assimi Goïta et se déclarait favorable à une « solution négociée ».

Attendu dans la capitale ghanéenne, l’officier qui préside aux destinées du Mali depuis le deuxième coup d’Etat du 24 mai a proposé à ses « pairs » de se joindre à eux par visioconférence. Un format qui n’a pas convenu à l’instance suprême de la Cédéao.

Celle-ci s’est aussi opposée à ce qu’Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères, conduise la délégation de son pays.

Ces faits ont douché les espoirs d’un retour à la normale. A l’issue de leur huis clos, les chefs d’Etat ont maintenu les sanctions contre le Mali. Retour à la case départ. Pour autant, le fil du dialogue n’a jamais été rompu.

Après l’échec de la médiation d’Alger, les autorités maliennes se sont adressées à Lomé pour une mission de facilitation portant sur la durée de la transition vue comme la pomme de discorde entre Bamako et la Cédéao.

Le Mali s’accroche à 24 mois alors que l’organisation régionale exige une transition allant de 16 à 18 mois. Cette mission a-t-elle porté ses fruits ? Tout indique que des points de convergence ont été trouvés entre les deux parties et l’on pourrait se diriger ce samedi vers au moins une levée partielle des sanctions.

Alioune Tine n’espère pas moins. Contacté par APA, l’expert indépendant des Nations Unies pour le Mali révèle qu’ « il y a eu des négociations qui ont permis de ramener la durée à 24 mois ».

Dans un entretien avec Jeune Afrique, Macky Sall met en avant les souffrances du peuple malien pour justifier un « accord sur une échéance comprise entre 16 et 24 mois ».

Est-ce dans cet esprit qu’un sommet extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) a été convoqué le même jour à Accra ?

C’est une probabilité même si dans le communiqué annonçant la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat de l’Uemoa, il est juste mentionné qu’ « elle sera consacrée à la situation socio-politique dans l’espace communautaire et aux questions relatives aux institutions de l’Union ».

Mali : l’Uemoa en sommet extraordinaire à Accra, ce samedi

Le dossier malien sera probablement au cœur du sommet extraordinaire de l’Uemoa qui se tient ce samedi 4 juin à Accra (Ghana).Dans un communiqué parvenu à APA, l’Union économique monétaire ouest-africaine a annoncé la « tenue d’une session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement », ce samedi 4 juin à Accra, la capitale ghanéenne. L’organisation précise que la « session sera consacrée, notamment, à la situation sociopolitique dans l’espace. »

Cette rencontre interviendra à la suite de la session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao sur la situation au Burkina Faso, en Guinée et au Mali, prévue le même jour à Accra, souligne l’organisme monétaire.

La concomitance des deux sommets peut être un bon signe pour le Mali. En effet, l’Uemoa, dans la foulée des sanctions politiques de la Cedeao portant notamment sur la fermeture des frontières terrestres et aériennes, avait prononcé, pour sa part, des sanctions financières contre Bamako.

Parmi ces mesures, il y avait « le gel des avoirs du Mali à la banque centrale commune aux huit États membres, celui des entreprises publiques et des organismes parapublics maliens ainsi que la suspension du pays de toute assistance financière des institutions internationales ».

La tenue de ces deux sommets pourrait sonner la décrispation entre ces deux organisations régionales et les autorités de la transition malienne. La junte est prête à accepter un calendrier de transition de vingt-quatre mois avant la tenue des prochaines élections qui devraient permettre le retour des civils au pouvoir.

Si la Cedeao qui proposait seize mois de transition, sans compter les deux ans écoulés, acceptait cette proposition, elle pourrait prononcer la levée de l’embargo. Dans ce sillage, l’Uemoa pourrait aussi desserrer l’étau en levant les sanctions financières sur le Mali.

La médiation pilotée par le président togolais Faure Gnassingbé et la dernière sortie de Macky Sall, le président sénégalais et président en exercice de l’Union africaine (UA), peuvent inciter à l’optimisme.

Dans une  récente sortie médiatique, le dirigeant sénégalais a laissé entendre qu’un accord était envisageable. « Les putschistes sont au pouvoir depuis vingt mois. Nous acceptons de leur laisser 16 mois de plus. La junte, elle a parlé de rester encore vingt-quatre mois, j’estime que, en prenant surtout en considération les souffrances du peuple malien, nous pouvons nous mettre d’accord sur une échéance qui serait comprise entre seize et vingt-quatre mois », avait indiqué Macky Sall.

Alice et Madeleine, étudiantes du Burkina et stars au Forum de Bamako

L’histoire des deux jeunes femmes est tombée par hasard dans les oreilles d’Abdoullah Coulibaly, le président du Forum de Bamako qui les a primées lors de la dernière édition de cette rencontre annuelle, une des plus grands colloques en Afrique, dont la dernière édition s’est tenue la semaine dernière dans la capitale malienne.Elles étaient les petites stars du dernier Forum de Bamako,  l’un des plus importants colloques d’Afrique, où accourent chaque année hommes politiques, diplomates, financiers, économistes, intellectuels et acteurs civils venus du monde entier. Pourtant, rien ne prédestinait les deux jeunes filles à attirer autant d’attention et d’égard lors cet événement qui s’est tenu du 26 au 28 mai et où la moyenne d’âge est au moins celle de leurs parents. 

Alice Ouedraogo 25 ans et Madeleine Delma 26 ans, sont étudiantes en troisième année en agroéconomie dans un institut polytechnique privé de Ouagadougou. Dans cet établissement, rien ne les distingue des autres condisciples, si ce n’est que chaque jour, avant d’entrer en classe et à la fin des cours, elles font un petit crochet d’une heure environ pour s’occuper d’un bout de terre de trois cents mètres carrés situé non loin de leur école où elles cultivent de l’amarante, cette plante très prisée des cuisinières du Burkina-Faso comme ingrédients pour les plats en sauces.

“Ces deux filles sont la preuve qu’en Afrique les jeunes peuvent s’en sortir par eux-mêmes. travailler, s’autofinancer et poursuivre des études sérieuses en même temps. Leur histoire est tellement exemplaire qu’elles méritent d’être félicitées et montrées en exemple pour les autres jeunes africains” argumente Coumba Traoré, secrétaire-général et cheville ouvrière de la Fondation du Forum de Bamako où Alice et Madeleine ont été primées du “Prix de l’Excellence de la 22ème édition du Forum de Bamako”. Une distinction parrainée par le patron d’Ecobank-Mali, Boubacar Sidiki Traoré, et remise par le représentant de la Mission des Nations-Unies au Mali (Minusma).

“Jamais nous n’avons pensé que notre histoire devait un jour nous valoir une telle distinction”, avoue Madeleine se souvenant du jour où avec son amie elles ont été informées du choix du Forum de Bamako de les distinguer. “Comme tous les matins, nous nous sommes réveillées à l’aube pour aller arroser et entretenir notre petite parcelle, puis nous sommes allées à l’école pour assister au cours qui débute à 7h30. La directrice de l’établissement nous a alors convoquées dans son bureau pour nous informer que nous avons été choisies pour recevoir un prix à Bamako, au Mali, raconte Alice. “C’est la première fois qu’on entend parler du  Forum de Bamako. C’est aussi la première fois qu’on apprend que nous allons prendre l’avion et sortir de notre pays”, sourit Madeleine, brusquement interrompue par un responsable du Forum venu annoncer aux jeunes femmes qu’elles sont réclamées dans le grand chapiteau où se tiennent les séances de travail du Forum.

« C’était pour recevoir l’enveloppe financières qui va avec le Prix” explique Madeleine quelques heures plus tard dans alors que les deux lauréates viennent d’assister à la soirée de clôture de l’évènement abrité, comme chaque année, par l’Hôtel Azalaï, propriété d’un des principaux sponsors de la rencontre: l’homme d’affaires malien Mossadeck Bally président de la chaîne hôtelière du même nom présente un peu partout en Afrique de l’Ouest.

Quel effet une telle distinction produit-elle sur les deux étudiantes, dont l’histoire est tombée par un heureux hasard dans les oreilles d’Abdoullah Coulibaly, le président du Forum de Bamako grâce à un reportage d’une télévision locale devenu viral en Afrique de l’Ouest ?

“On prend ce prix comme un encouragement à notre choix de ne pas rester les bras croisés ou tendre la main, comme c’est généralement le cas des jeunes africains de notre âge qui attendent tout de la famille ou du gouvernement, sans parler des filles, notamment les étudiants qui préfèrent  l’argent facile au travail”, dit pudiquement Alice, en allusion aux pratiques pas souvent « honorables » auxquelles s’adonnent certains filles de leur âge au Burkina et un peu partout en Afrique.

Que comptent-elles faire de la somme d’argent qui leur a été offerte lors de leur passage dans la capitale malienne?

Les deux apprenties agroéconomistes que leurs condisciples surnomment affectueusement les “agro-commerçantes” ont commencé “sans rien”, comme elles aiment répéter. C’est lors d’exercices pratiques en première année d’études sur le champ d’expérimentation de leur école, qu’elles ont  l’idée d’acquérir une petite parcelle pour y cultiver quelques légumes pour les revendre sur le marché local. Pour financer leur projet, les jeunes filles travaillent pendant les vacances scolaires suivantes comme commerciales pour un fabricant de jus locaux. L’argent gagné durant ce job d’été est loin de leur permettre d’acheter leur propre terrain. Madeleine a alors l’idée de solliciter un « papy » propriétaire de grands champs voisins du terrain d’expérimentation de leur institut situés près d’un barrage hydro-agricole dont elles ont fait la connaissance lors de leurs exercices pratiques. Après une première tentative avec l’oignon et la tomate, sur les 300 mètres carrés prêtés par le vieil homme, qui ont bien marché mais qui demandent beaucoup d’eau, les deux étudiantes se convertissent à l’amarante. 

« C’est une plante facile à cultiver, qui demande peu d’eau, ne nécessite pas beaucoup d’entretien et qui est très prisée consommée au Burkina et dans la région. En quatre mois, on peut faire quatre ou cinq récoltes. Nous n’avons plus besoin de personne. Nous finançons nos études nous-mêmes et participons aussi aux dépenses familiales.  Cette plante a complètement changé nos vies », insiste Madeleine qui comme Alice « rêve d’aller très loin » déjà. 

Les deux jeunes femmes veulent devenir de « vraies entrepreneuses dans la domaine agricole » Elles envisage désormais d’acheter leur propre champ, de diversifier leur production et d’exporter à l’étranger. “L’argent reçu avec le Prix du Forum de Bamako tombe à pic pour nous. Il va nous permettre d’aller plus vite vers notre objectif de transformer notre projet vers quelque chose de plus grand et plus solide”, conclut Alice.

Mali : mort d’un Casque bleu à Kidal

Un convoi de la mission onusienne a été attaqué ce mercredi matin dans le Nord du Mali.Un nouveau drame au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Une attaque attribuée à des terroristes a entraîné la mort d’un Casque bleu ce mercredi matin à Kidal (Nord).

« Leur convoi a essuyé des tirs directs à l’arme légère et RPG (lance-roquettes) pendant environ une heure », a annoncé sur Twitter, le porte-parole de la Minusma, Olivier Salgado.

Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali et chef de la Minusma, El-Ghassim Wane, dit avoir appris « avec consternation l’attaque lâche » perpétrée ce matin par des éléments terroristes contre un convoi logistique de la mission onusienne aux environs de la ville de Kidal.

« Je condamne fermement cette attaque, qui participe aux efforts désespérés des groupes terroristes visant à entraver la quête de la paix au Mali et la mise en œuvre du Mandat de la Minusma », a déclaré le Représentant spécial. Il a souligné que, malgré les épreuves et la difficulté de l’environnement opérationnel dans lequel évolue la Mission, « notre détermination à accompagner le peuple et le Gouvernement maliens dans la quête de la paix et de la sécurité reste entière. Rien ne viendra l’entamer ».

Déployée en 2013, la Minusma est composée de 16.500 membres dont 10.700 soldats. Elle est la mission de maintien de la paix de l’Organisation des Nations unies (ONU) dans le pays qui a subi le plus de pertes humaines avec 172 de ses Casques bleus décédés sur le théâtre des opérations.

Mali : forte hausse des violations des droits humains (Minusma)

Dans sa note trimestrielle transmise à APA, la Mission des Nations Unies au Mali place les groupes jihadistes et l’armée malienne au banc des accusés.Au Mali, les cas de violations des droits humains ont connu une hausse exponentielle. Elle ne s’est pas améliorée sous la transition selon les données publiées lundi par la Minusma sur les tendances des violences et atteintes aux droits de l’homme.

Les enquêteurs de l’Onu affirment avoir documenté du 1er janvier au 31 mars 449 incidents sécuritaires dans la région du Centre, 86 à Gao, 69 à Tombouctou et 37 à Ménaka. 

Selon le rapport publié lundi 30 mai, 812 civils ont été affectés par les actes de violence. Dans cette catégorie, 512 cas de meurtre, 167 enlèvements ou disparitions, 107 blessés et 55 détentions illégales ont été dénombrés.

Le document parvenu à APA indique que ces « données représentent une augmentation de 151% par rapport au trimestre précédent » durant lequel 323 civils ont été affectés par les incidents sécuritaires à l’origine desquels sont cités les groupes jihadistes, les groupes d’autodéfense et les forces de défense et de sécurité maliennes.

Dans la période sous-examen, les actes attribués aux groupes jihadistes tels que le JNIM ou « autres similaires » ont connu une hausse de 78% et concernent « 410 atteintes aux droits de l’homme, soit une augmentation de 50% des violations et atteintes documentées ».

Démenti de l’armée malienne

En outre, la Minusma affirme avoir documenté, entre janvier et mars 2022, 320 violations de droits de l’homme imputables aux forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM) dans le cadre des opérations militaires, contre 31 au trimestre précédent. « Au total, 248 civils ont été tués parmi lesquels 18 femmes et six (6) enfants », détaille la note trimestrielle. L’essentiel des faits documentés se sont produits dans le centre du Mali.

Au sujet du massacre présumé de plus de 500 personnes à Moura, village du cercle de Djenné, dans la région de Mopti, la Minusma assure avoir « ouvert une investigation sur les informations et allégations selon lesquelles les forces de sécurités maliennes, accompagnées de personnels militaires étrangers, auraient procédé à des exécutions sommaires à de multiples violations de droits de l’homme ». L’armée malienne a démenti ces accusations, soutenant avoir mené du 27 au 31 mars une opération militaire ayant permis de neutraliser 203 combattants de « groupes armés terroristes » et d’arrêter 51 personnes. Faute d’accès à Mourra, la Minusma n’a pas encore mené une enquête sur ce qui s’est réellement passé.

Néanmoins, le dialogue avec les autorités maliennes pour le déploiement d’une mission d’enquête se poursuit. « Les conclusions de l’enquête de la Minusma feront l’objet d’un rapport public », promet la mission onusienne au Mali.

Transition au Mali : le chérif de Nioro désavoue Imam Dicko

Vingt-quatre heures seulement après la sortie de l’Imam Mahmoud Dicko indexant « l’arrogance » des militaires, le chérif de Nioro, Bouyé Haïdara, a défendu dans son sermon du vendredi 27 mai la junte, appelant les Maliens à rester unis derrière les autorités de la transition.Dans son dernier prêche, le chérif du cercle de Nioro-du-Sahel, dans la région de Kayes (ouest), a soutenu ouvertement les autorités de la transition. Il prend le contre-pied de l’Imam Mahmoud Dicko, leader des manifestations contre le régime de l’ex-président IBK, qui avait critiqué « l’arrogance » des militaires au pouvoir.

Cette sortie de Bouyé Haïdara, l’un des hommes les plus écoutés du pays, constitue un soutien de taille pour le colonel Assimi Goïta et ses hommes. Les autorités de transition sont confrontées à des crises multiformes depuis que la Cedeao a prononcé, en janvier dernier, de lourdes sanctions contre le Mali.

« Aucun pays n’aime être humilié ou vilipendé par une autre puissance quelconque, quelle que soit la richesse ou la diplomatie de cette dernière. Moi, Bouyé, ma position reste intacte face à ces dirigeants tant qu’ils continuent à sauver l’honneur et la dignité des Maliens. Nous avons été humiliés aux yeux du monde entier à travers nos propres dirigeants », a déclaré le guide religieux, de son vrai nom Mohamed Ould Cheiknè Ahmed Hamaoulah Haïdara.

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Pour lui, le Mali doit rester debout et faire bloc malgré les difficultés. « Aujourd’hui, notre pays connaît un régime militaire qui donne un nouvel élan et une nouvelle dignité à son peuple. Raison pour laquelle je réitère, une fois de plus, mon soutien et mon accompagnement à cette transition. Et je demande à mes fidèles et sympathisants de soutenir cette transition », a martelé le fils du saint Cheiknè Hamaoulah, fondateur du Hamallisme, une branche du soufisme ouest-africain qui compte des millions d’adeptes.

Cette sortie du chérif de Nioro tranche nettement avec les dernières déclarations de l’Imam Mahmoud Dicko, considéré par certains comme le nouveau chef de l’opposition malienne. Le peuple malien est « pris en otage » et il est en train de « mourir à petits feux » sous l’effet de « la propagation jihadiste et des pénuries provoquées notamment par les sanctions internationales », avait-il déclaré, le 26 mai 2022, lors de la 22ème édition du Forum de Bamako.

L’Imam Dicko avait aussi pointé du doigt « l’arrogance » des militaires qui sont à couteaux tirés avec la Cedeao sur la durée de la transition. « Le peuple malien est pris en otage par un gouvernement arrogant, je dis bien arrogant ! Et la Communauté Internationale, par leur orgueil, pense que le peuple malien doit être maintenu dans cette situation, mourir à petit feu, assailli par la famine, par l’insécurité, par le jihadisme qu’on n’arrive pas à contrôler, qu’on ne cherche pas à solutionner… »

L’influent imam, principal artisan de la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta, n’avait pas épargné la classe politique malienne presque réduite au silence face « aux dérives de la junte ». « C’est extrêmement grave : une classe politique moribonde, qui ne bouge pas, qui n’existe plus, une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire, et on est trimbalé, le peuple, entre des gens qui veulent une transition indéfinie (la junte) (et) des gens qui ont des principes (Cedeao) », avait-il fustigé.

« Les risques liés à l’usage abusif des drones armés » (Chercheure)

Chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, basé à Bruxelles, Solène Jomier a répondu aux questions de APA sur l’utilisation des drones dans les conflits armés.Les drones armés sont devenus monnaie courante dans l’arsenal de guerre de beaucoup de pays. Qu’est ce qui explique le recours à cette arme ?

Il faut relativiser cette notion de « monnaie courante ». Les drones sont présents parmi l’arsenal de nombreux pays, mais les drones équipés d’armes létales, dits « drones armés », n’en sont qu’une infime partie. Sur 193 pays reconnus à l’ONU, environ une vingtaine, 26 selon l’observatoire « Drone Wars », possèdent un ou plusieurs drones armés. Le nombre de pays capables de les produire est encore plus réduit. Ceux capables de les exporter sont une poignée. Il s’agit d’un marché appelé à connaitre une croissance significative dans les prochaines années.

Les forces armées recourent aux drones car ceux-ci apportent un avantage comparatif sur le terrain : ils sont plus discrets que des avions de chasse, peuvent être mobilisés plus rapidement et sur des plus longues périodes, et ne nécessitent pas de mettre en danger la vie de troupes au sol ou celle du pilote. Ils viennent donc apporter une capacité d’action différente à l’éventail d’options déjà à la disposition des militaires. En d’autres termes, ils ne sont pas plus ou moins décisifs que d’autres armes, ils proposent simplement des modalités d’action différente.

En Afrique, des pays s’intéressent de plus en plus à ce genre d’équipements militaires dans la guerre contre les nouvelles menaces, notamment jihadistes. A votre avis, peuvent-ils être décisifs ?

Les drones armés impliquent une dimension létale. C’est-à-dire qu’on élimine physiquement des personnes et on détruit des infrastructures.

Mais le terrorisme et le djihadisme en particulier s’inscrivent dans des dynamiques politiques et sociétales complexes qui nécessitent des réponses multidimensionnelles et transversales. On est donc loin de mettre fin à ces phénomènes en se confinant à l’outil militaire.

Par ailleurs, l’usage dont en font les forces militaires est ambivalent. Une frappe de drone peut viser des individus qui représentent des menaces directes pour les États et leurs populations. La menace terroriste (et djihadiste) est bien réelle et ne doit pas être minimisée ici. Mais la lutte contre le terrorisme est également utilisée par certains États comme une forme de répression contre toute forme d’opposition politique.

Une telle pratique remet en cause la légitimité des États à recourir à la violence et à justifier leurs actions. Elle crée un climat de défiance au sein des populations. Celles-ci peuvent craindre d’être visées à tout moment par ces armes furtives, puissantes et qui semblent frapper sans distinction. Paradoxalement, cet écueil peut nourrir la popularité des mouvements terroristes et djihadistes dans ces pays, où ils sont perçus comme une forme de résistance à un État oppresseur.

Quels sont les risques liés à l’usage abusif des drones armés?

Sans même parler d’abus, les drones armés facilitent le recours à la puissance de feu comme réponse à un problème sécuritaire donné. Il devient plus simple pour une force armée d’éliminer les menaces, plutôt que de mobiliser d’autres outils de terrain, comme l’interpellation par exemple.

La multiplication des appareils à la disposition des États et donc de leur recours soulève des questions majeures en termes de risques associés.

Tout d’abord, il faut souligner un risque majeur de tuer des civils et des personnes innocentes, quel que soit le contexte. Le recours aux drones armés participe à l’érosion de la protection des civils, portant atteinte à une valeur fondamentale du droit international. Dans son rapport sur l’« Utilisation de drones armés pour des assassinats ciblés » publié en 2020, Agnès Callamard, rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, pointait du doigt les lacunes majeures des États en matière d’identification des cibles des frappes de drones, ce qui conduit à une multiplication des risques d’erreurs et d’exécutions arbitraires. En d’autres termes, l’usage des drones armés est associé à des victimes collatérales. Leur proportion est régulièrement sous-évaluée par les États selon les ONGs.

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Cela interroge sur la proportionnalité de ces frappes : Tuer les suspects est-il la réponse la plus adaptée ? Le coût humain, en particulier en termes de victimes collatérales, est-il acceptable au regard des bénéfices sécuritaires ?

Il faut également rappeler l’opacité autour des frappes de drones. Beaucoup ne sont pas revendiquées ouvertement par les États les conduisant, ce qui complique l’enquête, l’examen des responsabilités, l’imputabilité des personnes commettant des exactions et limite l’accès à la justice pour les victimes et leurs familles. Par ailleurs, certains États conduisent des frappes de drones armés sur des territoires étrangers sans demander l’autorisation du pays où la frappe est menée. Ces frappes ont souvent lieu en dehors d’une situation de guerre ouverte, ce qui pose problème sur le plan du respect de la souveraineté nationale.

Pour plus d’informations sur les écueils en matière des respects des droits humains et de la transparence, vous pouvez consulter ma publication https://grip.org/wp-content/uploads/2021/04/NA_2021-05-19_FR_SJ-drones-armes-RW.pdf

En Afrique, quels pays mènent la danse dans ce marché et quels sont ses points forts par rapport aux autres ?

À ce stade, les pays africains éprouvent des difficultés significatives à structurer une chaine de production complète et autonome de drones armés opérationnels. Autrement dit, personne ne produit actuellement à grande échelle ses propres drones armés en Afrique. Il faut comprendre que l’armement de drones militaires est une étape extrêmement pointue qui demande une maitrise très avancée de ce type de technologie, ainsi qu’un fort investissement pécuniaire, pour des résultats qui ne sont pas toujours au rendez-vous. Nombreux sont les pays qui développent des prototypes mais ne peuvent pas pousser plus avant leurs efforts, faute de capacités techniques et financières suffisantes. Sur le continent africain, c’est le cas de l’Afrique du Sud et de l’Algérie.

L’Afrique du Sud a testé un prototype armé en 2013, il s’agissait d’une variation du drone de surveillance « Seeker 400 » (développé par Denel Dynamics) équipée d’armes létales. Cependant, le pays ne semble pas avoir donné suite à ces efforts, se concentrant sur le développement de drones militaires de reconnaissance et de surveillance.

L’Algérie a affirmé en 2018 avoir utilisé avec succès des drones armés algériens dits « Djazair 54 » contre des caches d’armes terroristes. L’incertitude plane autour de ces appareils. L’Algérie affirme avoir produit localement ces appareils et les avoir équipés d’armes létales. Toutefois, la presse a mis en doute cette version des faits, estimant que l’Algérie n’est pas capable d’une telle production. Il s’agirait non pas d’un appareil produit entièrement par les Algériens, mais plutôt d’un appareil dérivé d’un modèle émirati, le « Yabhon 40 » qui est initialement un drone de reconnaissance et qui a été modifié pour l’occasion. Son opérabilité semble également très limitée puisque l’Algérie n’a fait que peu voire pas mention de cet appareil ces dernières années. Il s’agissait donc probablement d’un prototype utilisé pour une démonstration. À noter que l’Algérie a depuis fait acquisition de drones armés chinois (CH-3 et Ch4) ce qui soutient sa probable incapacité à produire localement.

À ce stade, les acteurs africains restent dépendants de l’offre étrangère et risquent de le rester pour les prochaines années.

Comment l’expertise locale africaine peut-elle renverser la tendance actuelle dominée par l’offre étrangère ?

Pour l’heure, le marché international des drones armés reste largement structuré autour de l’offre américaine. Les américains sont les précurseurs de ce domaine et possède la technologie la plus avancée. La Chine et la Turquie sortent également leur épingle du jeu. Israël possède des technologies reconnues en la matière mais n’a pas initié de commerce international. Les drones armés produits dans le pays vont renforcer les capacités de l’armée nationale.  

D’autres pays ambitionnent de produire voire d’exporter leurs drones armés, comme la Russie, l’Iran, l’Indonésie, la Corée du Sud, ou bien encore des pays européens (via le projet commun EuroMALE).

Étant donné les couts élevés de pénétration de ce marché, ainsi que sa très haute technicité, il y a pour l’heure peu de perspectives d’avenir pour une offre africaine.

Mali : l’imam Dicko charge la junte et la communauté internationale

Figure emblématique de la révolution contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keita (2013 – 2020), l’imam Mahmoud Dicko ne partage pas aujourd’hui la politique des autorités de transition et des acteurs impliqués dans la résolution de la crise malienne.L’imam Dicko refait surface. Intervenant à l’ouverture du Forum de Bamako, jeudi 26 mai, il a été appelé à se prononcer sur le thème « Femmes, paix, sécurité et développement en Afrique ». Un thème qui a fait tilt dans sa mémoire puisqu’il évoque largement la situation alarmante que traverse son pays.

Outre les violences jihadistes notées sur presque deux tiers de son territoire, le Mali est sous le coup de l’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) après le refus des autorités militaires d’organiser rapidement des élections et permettre le retour d’un pouvoir civil. Au même moment, certaines voix discordantes sont pourchassées dans le pays.

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Mais cette situation ne fait pas peur outre mesure au religieux. Il a été à la tête des manifestations qui ont emporté le régime du président IBK, renversé en août 2020 par un coup d’Etat dirigé par le colonel Assimi Goïta et ses hommes. Face au public du Forum de Bamako, l’imam Mahmoud Dicko n’a pas mis de gants pour s’indigner aujourd’hui de la gestion de la crise politique malienne.

« L’arrogance de nos dirigeants, je le dis ici, je vais sortir et ils vont m’interpeller, mais je le dirai, leur arrogance, et l’orgueil de la communauté internationale, c’est le peuple malien qui est en train de payer ça. C’est extrêmement grave », a-t-il déclaré.

Mahmoud Dicko n’a pas raté aussi la classe politique locale, qu’il trouve « moribonde », et « une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire ». Par conséquent, « aujourd’hui, le peuple est trimbalé entre des gens qui veulent une transition indéfinie, des gens qui ont des principes tuent au nom de ces principes », a poursuivi l’imam.

Pour lui, les acteurs doivent se départir de « l’arrogance » et de « l’orgueil » pour changer le cours des choses. « Le peuple malien, l’Afrique entière doit assister à sa destruction, à son effondrement sans lever le petit doigt ? Je crois que l’histoire retiendra cela », a-t-il dit. Il promet de reprendre la parole plus souvent pour parler de la situation du pays et « défendre les populations » malmenées par les sanctions économiques des pays voisins du Mali.

En outre, les tractations vont bon train pour la levée de ces sanctions asphyxiantes. Plusieurs observateurs ont appelé à leur levée après que la junte militaire a accepté de réduire ses prétentions de se maintenir au pouvoir jusqu’à cinq ans à vingt-quatre mois pour le moment. Dans cet élan, les chefs d’Etat de la Cedeao prévoient de tenir un sommet, le 4 juin à Accra, pour discuter du Mali et d’autres sujets d’ordre régional.

Le Forum de Bamako distingue le pétrolier mauritanien Tijani Ben Al Houssein

Fin avril dernier, le pétrolier mauritanien s’était distingué au Sénégal en venant au secours de l’aéroport de Diass menacé de rupture de kérosène.La 22e édition du Forum de Bamako, qui s’est ouverte jeudi 26 mai dans la capitale malienne, a distingué l’homme d’affaires mauritanien Tijani Ben Al Houssein, PDG de la compagnie pétrolière Star Oil pour son « activisme en faveur de l’intégration économique des pays d’Afrique de l’Ouest ». 

Ancien banquier, devenu cadre à BP-Mauritanie puis directeur de Total-Mauritanie, Ben Al Houssein a fondé sa compagnie Star Oil en 2000. D’abord implantée en Mauritanie, la société s’est très vite dotée d’une filiale au Mali, puis en Guinée, au Sénégal, en Guinée-Bissau et depuis la fin de l’année dernière au Niger. 

Au départ partenaire de la compagnie française Total dans la plupart de ces pays, Star Oil y a progressivement racheté les réseaux et installations de la major tricolore. « C’est très rare. On a l’habitude de voir les grandes compagnies étrangères racheter les sociétés africaines. Pas le contraire. Star Oil et Tijani Ben Al Houssein devraient être considérés comme des exemples pour nos opérateurs économiques africains », a applaudi le Premier ministre malien, Choguel Maïga, qui a présidé la cérémonie d’ouverture du Forum de Bamako. 

Fin avril dernier, la société mauritanienne s’était distingué au Sénégal en venant au secours de l’Aéroport International Blaise Diagne de Diass (AIBD), principale plateforme aéroportuaire du pays, en lui évitant une rupture de kérosène. 

En déplacement en Europe pour des raisons professionnelles, Tidiani n’a pas pu assister à la remise, par le Premier ministre malien Choguel Maïga, de son « Prix pour l’Entreprenariat » du Forum de Bamako. Sa distinction a été réceptionnée en son nom par son amie, l’ancienne ministre mauritanienne Diyé Ba, présente à l’événement.

Bamako cherche à contourner l’embargo par Moscou

Après la coopération militaire, le Mali se tourne vers la Russie pour relancer son économie durement éprouvée par les sanctions de la Cedeao.

L’économie a occupé une place importante lors de la dernière visite du chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, dans la capitale russe. Si leur alliance est fortement ancrée au plan militaire, le Mali souhaite l’affirmer davantage compte tenu des enjeux au plan régional.

En effet, les autorités militaires de transition veulent explorer toutes les opportunités dans ce partenariat pour permettre à l’économie malienne de décoller après l’embargo décrété le 9 janvier dernier par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’organisation régionale qui regroupe quinze pays de la région.

« Notre délégation a eu des rencontres avec des structures publiques et des compagnies privées russes concernées. Mais nous avons besoin de l’appui de l’État russe pour faire accélérer les accords en vue », a déclaré Abdoulaye Diop aux dirigeants russes, dans des propos rapportés par le quotidien public malien, L’Essor.

Dans ce sillage, le ministre des Affaires étrangères malien a exposé les « demandes pressantes » de son pays à son homologue russe Sergueï Lavrov. Il a notamment évoqué l’approvisionnement correct et durable du Mali en biens de consommation comme les hydrocarbures, le blé, le ciment et les engrais. Bamako demande également l’expertise et la technologie de Moscou pour relancer son Régie de chemin de fer.

Après avoir prêté une oreille attentive à ses doléances, Sergueï Lavrov a promis à Abdoulaye Diop que « les dossiers seront examinés avec diligence » et que la Russie fera « connaître sa réponse favorable ».

Les échanges commerciaux entre le Mali et la Russie ont connu une croissance de 20% ces dernières années, mais « le montant reste modeste », selon Lavrov qui salue « les contacts en cours » entre les autorités maliennes et « les entités russes ».

Après la coopération militaire, le Mali ne cache plus son désir de collaborer durablement avec Moscou pour remettre en marche son économie. Une aubaine pour Vladimir Poutine qui cherche à étendre sa sphère d’influence en Afrique et notamment dans la zone du Sahel.

Mali : Menace sur le maintien des contingents africains de la Minusma

Les jours des contingents africains de la mission onusienne au Mali sont-ils comptés ?Se dirigerait-t-on vers le rétrécissement des contingents africains engagés au Mali dans le cadre de la mission onusienne?

Vendredi 20 mai, la presse s’est fait l’écho du retard accusé par la rotation du contingent sénégalais, en mission dans le centre du Mali, où opère la Katiba du Macina dirigé par le jihadiste peulh Amadou Kouffa et membre du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans(GSIM), affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).

Constitué de 850 éléments dont « 21 personnels féminins », ce contingent qui devait être au Mali depuis mars dernier, en remplacement du 10e détachement sous le commandement du Colonel Thedore Adrien Sarr, commence à perdre patience. Le porte-parole de la Minusma, Olivier Salgado a confirmé à Apa news que la mission est toujours en attente des autorisations de survol et d’atterrissage soumises au gouvernement malien.

Bamako aurait appliqué la réciprocité à tous les pays membres de la CEDEAO qui ont fermé leur espace aérien au nom du respect des sanctions  de l’organisation ouest-africaine contre le Mali, pour l’absence de volonté des autorités de la transition de transmettre le pouvoir aux civils le plus tôt possible.

Cette situation stressante qui « affecte le moral des troupes », selon Olivier Salgado, est un fait parmi d’autres dans une période de tension entre la Minusma et les autorités de la transition. Bamako qui reproche à la mission onusienne de « se comporter parfois comme une ONG », lui impose des contraintes réduisant son champ d’action déjà très limité, avec un mandat dont la robustesse est remise en question.

Prétextant des opérations militaires dans la zone, l’armée malienne a interdit d’accès la Minusma au marché hebdomadaire de Djenné, un cercle de la région de Mopti, à 574 de Bamako. Dans cette zone, le gouvernement s’était opposé à ce qu’une mission de l’Onu se rende sur les lieux pour enquêter sur les circonstances de la mort de plus de 200 personnes dans une opération de l’armée malienne à Moura. Des organisations de défense des droits humains ont réclamé une enquête sur des allégations d’exactions contre des civils que la version officielle considère comme des jihadistes.

Dans ce climat de méfiance exacerbé par la crise diplomatique entre le Mali et la France, des pays préfèreraient rapatrier de leurs casques bleus.

Contributeur de casques bleus pour la Minusma, le Benin a décidé de rappeler, à partir de novembre 2022, ses 250 soldats et 130 policiers, selon le porte-parole adjoint de l’Onu, Fariq Haq.

Cette décision que Cotonou n’a pas encore commentée aurait un lien avec les attaques jihadistes de plus en plus fréquentes dans le septentrion de ce pays côtier. Les autorités se seraient résolues à renforcer la sécurité dans cette partie proche du Burkina Faso et du Niger où l’incident le plus récent à visé un poste de police, dans le Kirmama, occasionnant un mort parmi les policiers. Deux semaines auparavant, 5 soldats béninois sont morts au cours d’une attaque à l’engin explosif improvisé dans le Parc de la Pendjari.

Présents également au sein de la Minusma, le Togo, le Ghana et la Cote d’Ivoire pourraient bien suivre l’exemple du Bénin car soumis à la même pression jihadiste. Ce qui risque de représenter une menace sérieuse pour la poursuite de la participation des africains à la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies au Mali, créée le 25 avril 2013 par la résolution 2100 du Conseil de sécurité de l’Onu.

En mars, les effectifs de la Minusma envoyés au Mali s’élevaient à 12 266 militaires, 1120 policiers et 1180 civils pour un total de 75 pays contributeurs. Un tiers des effectifs militaires (21 sur 61) et la moitié des policiers (14 sur 29) étaient africains.

G5 Sahel : le Mali invité à reconsidérer sa position

Le retrait du Mali préoccupe le Général Mahamat Idriss Déby Itno, président en exercice de l’organisation régionale.Sa réaction était très attendue. Le Général Mahamat Idriss Déby Itno, chef de l’Etat du Tchad, quatre jours après la décision du Mali de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la force conjointe, rompt le silence.

C’est avec une « vive préoccupation » que le président en exercice du G5 Sahel dit avoir appris la nouvelle. Dans un communiqué daté du 19 mai, le fils du défunt Idriss Déby Itno note « avec regret une décision prise sans consultation préalable », mais tient compte des « raisons avancées » par le gouvernement malien.

Dimanche dernier, le Mali a dénoncé des manœuvres visant à l’empêcher d’assurer la présidence du G5 Sahel à partir de février 2022 comme le veut le principe de présidence tournante de cette organisation formée en 2014 avec le Burkina, le Tchad, la Mauritanie et le Niger.

Malgré tout, le président tchadien invite Bamako à « reconsidérer sa position (car il y a) des efforts en cours pour apporter une solution à ses préoccupations à travers la tenue imminente d’une conférence des chefs d’Etat et de gouvernement » en Mauritanie où se trouve le siège du Secrétariat permanent du G5 Sahel.

A cet effet, le Général Mahamat Idriss Deby Itno promet de tout mettre en œuvre pour « préserver l’unité et la cohésion du G5 Sahel. Un instrument irremplaçable en matière de mutualisation d’efforts, des moyens et d’actions de ses Etats membres face aux défis du développement et de la sécurité ».

Pour le président tchadien, il est hors de question de « laisser le G5 Sahel se disloquer ». Une position partagée par Nouakchott favorable à la recherche de solutions pour « surmonter les obstacles qui se dressent » devant l’organisation régionale.

Dans cette perspective, un déplacement à Bamako du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur, Mohamed Salem Ould Merzoug, était annoncé pour jeudi 19 mai.

Le Niger ne semble pas être sur la même longueur d’onde. Mohamed Bazoum a regretté, dans un entretien avec La Croix, la mort du G5 Sahel, tout en accusant le Mali d’être dans une position « de fuite en avant qui l’isole en Afrique et nous prive d’une stratégie concertée et coordonnée pour lutter contre le terrorisme ».

Mali : des Casques bleus de la Minusma bloqués à Dakar

Après quinze mois d’engagement dans le centre du Mali, le 10e détachement sénégalais de la Minusma n’a toujours pas quitté ce pays, provoquant par conséquent un retard du déploiement de la relève prévu depuis mars.Selon le journal sénégalais Le Quotidien, le gouvernement de transition aurait appliqué la réciprocité aux pays de la Cedeao suite aux sanctions économiques et financières de l’organisation ouest-africaine contre le Mali, pour non-respect du calendrier électoral devant permettre une transmission du pouvoir aux civils dans des délais raisonnables.

Contacté par APA, l’armée sénégalaise n’a pas encore réagi. Pour sa part, le porte-parole de la Minusma, Olivia Salgado a confirmé que « cette relève a accusé un retard significatif qui affecte tant le moral des troupes concernées que leur efficacité opérationnelle. »

« Tous les vols utilisés pour la relève des troupes à destination ou en provenance du Mali sont soumis aux autorisations de survol et d’atterrissage du gouvernement malien », explique la voix de la mission onusienne au Mali.

Composé de 850 éléments dont 21 femmes, le 11e détachement sénégalais de la Minusma, commandé par le Colonel Mathieu Diogoye Sène a reçu le drapeau le 23 février à la promenade des Thiessois, lors d’une cérémonie dirigée par le Général Fulgence Ndour, chef d’Etat-major de l’armée de terre. « « J’en suis particulièrement ravie car cette cérémonie symbolise la confiance renouvelée des autorités onusiennes en l’engagement exemplaire des contingents sénégalais au sein de la Minusma », se félicitait le Général Ndour.

« En effet, les succès des contingents précédents, fruit d’une synergie d’efforts du commandement en termes d’encadrement d’équipement, préparation opérationnelle et le soutien, justifient la confiance et l’estime que la communauté internationale place en notre armée. Ces succès sont également le résultat d’énormes efforts consentis par les hommes et les femmes, engagés depuis 2013 sur le théâtre malien pour marquer l’élan de solidarité du Sénégal envers ce pays frère et amis dans son effort de retour à la stabilité et à la sécurité », avait ajouté le Général Fulgence Ndour.

Il avait exhorté le colonel Mathieu Diogoye Sène et ses hommes à « maintenir le cap dans un souci de préserver l’image de marque des forces armées sénégalaises au sein des opérations de maintien de la paix à travers le monde dans un contexte de plus en plus complexe ».

Mais voilà que ce contingent, déjà mis dans les conditions que requiert un engagement militaire au Mali, doit encore attendre « les autorisations requises » pour prendre le relais du 10e détachement.

Le porte-parole de la Minusma a confié à Apa que les démarches nécessaires sont en cours auprès des autorités maliennes « sur la base des arrangements qui gouvernent le déploiement des opérations de la Minusma », notant « qu’il est crucial que cette question soit réglée (…) dans les meilleurs délais ».

La Minusma a été créée en avril 2013 par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Le torchon brûle entre l’armée malienne et la Minusma

Les Forces armées maliennes ont bloqué un contingent de la Minusma à Djenné évoquant des « opérations militaires en cours dans la zone. »Les choses se compliquent pour la mission onusienne depuis le départ de la force française Barkhane au Mali. La mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali n’est plus « libre » d’aller où elle veut dans le cadre de ces patrouilles au Mali.

Dimanche 15 mai, elle a été stoppée par l’armée malienne à Djenné dans la région de Mopti, à 574 km de la capitale Bamako. La Minusma voulait se déployer dans cette zone pour sécuriser le marché hebdomadaire. Mais l’Etat-major général des armées du Mali a interdit à la force onusienne de s’y rendre. Cette décision qualifiée de « souveraine » par les autorités maliennes, est déplorée par la mission onusienne.

La ville de Djenné est sous les feux des projecteurs depuis les événements de Moura à la fin du mois du mars. L’armée malienne y avait mené des « opérations antiterroristes », affirmant avoir tué plus de « 203 combattants jihadistes » dans la région.

Mais, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait soutenu le contraire, parlant dans son rapport de « pire épisode d’atrocités » commises contre des civils en dix ans au Mali. Human Rights Watch faisait état de l’exécution sommaire de 300 civils par des soldats maliens associés à des combattants étrangers, présumés russes.

La mission onusienne qui voulait mener une enquête sur ces événements, s’est heurtée au refus des autorités maliennes malgré une demande formulée début avril. Une requête qui serait toujours à « l’étude » selon les militaires.

La mission onusienne déployée depuis 2013 au Mali, expire le 30 juin prochain 2022. Elle ne sera probablement pas renouvelée dans sa forme actuelle, avait annoncé le secrétaire général des Nations unies. Dans une sortie médiatique lors de sa tournée africaine, António Guterres soutenait l’envoi d’une force africaine avec un mandat onusien plus robuste au Mali pour éviter « l’effondrement » du pays.

Cedeao : comment se portent le Mali et ses voisins après l’embargo ?

En janvier dernier, des économistes ouest-africains ont noté que plusieurs pays de la Cedeao allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ». Qu’en est-il de la situation actuellement ?Il y a un mois, le président Macky Sall, faisant son petit pèlerinage en Arabie Saoudite, marchait dans les rues de la Mecque quand il fut subitement interpellé par une dame africaine, d’origine malienne apparemment. Barrée par la sécurité, elle tente par tous les moyens de s’approcher de lui pour délivrer un message qui lui tient à cœur.

« L’embargo sur le Mali ! Il faut enlever l’embargo sur le Mali. On a faim, on a soif », lance-t-elle à l’adresse du chef de l’Etat sénégalais, non moins président en exercice de l’Union africaine (UA). Elle insiste, insiste, jusqu’à ce qu’il s’arrête, se retourne vers elle, tout sourire, en la désignant par l’index : « In cha Allah », lui lance-t-il en guise de promesse. C’est une façon de faire comprendre à cette femme ainsi qu’à tous les acteurs qui vivent des échanges entre le Mali et les quatorze pays de la Cedeao qu’il a entendu leurs supplications, même si cet embargo ne vient pas de lui.

Depuis le 9 janvier dernier, ce pays ouest-africain vit sous le coup de lourdes sanctions économiques, prononcées par cette organisation sous-régionale, après un désaccord avec la junte militaire qui a proposé un calendrier de transition de cinq ans maximum. Outre la fermeture des frontières au sein de l’espace sous-régional, le gel des avoirs financiers du pays au sein de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) plonge dans le désarroi de nombreux Maliens.

Au bord de la rupture ?

Ces mesures visent à asphyxier l’économie d’un pays « très extravertie » car dépendant fortement des exportations, surtout le coton, selon l’économiste malien Modibo Mao Makalou. « Notre Produit intérieur brut (PIB) est dépendant du commerce international à hauteur de 60% », a-t-il précisé.

Malgré tout, le Mali semble afficher une certaine solidité depuis plus de quatre mois. Pour contourner les sanctions, les autorités ont diversifié les partenariats en multipliant leurs échanges avec la Guinée et avec des pays non membres de la Cedeao, tels que la Mauritanie et l’Algérie.

« En réalité, il y a une capacité de prévision et de réaction. Depuis le 16 septembre 2021, lors de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao, une liste a commencé à être compilée pour sanctionner des personnalités maliennes. Je pense qu’à partir de ce moment, le gouvernement a dû prendre des précautions par rapport à d’éventuelles sanctions », explique M. Makalou, ancien conseiller économique à la présidence malienne, regrettant juste le fait que ces sanctions n’aient pas été graduelles comme le « prévoient » les textes de la Cedeao et de l’Uemoa.

Il s’exprimait lors d’un Spaces, une conversation publique sur Twitter organisée la semaine dernière par l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité, un think tank malien, sur l’impact des sanctions de ces deux organisations régionales sur le secteur privé national.

En revanche, plusieurs observateurs s’accordent à dire que la situation au Mali devient de plus en plus intenable. Récemment, la junte malienne a proposé de revoir la durée de la transition à deux ans et demandé la médiation du Togo dans la crise politique. Cependant, la Cedeao maintient toujours le statu quo. Aujourd’hui, des opérateurs économiques maliens de premier plan sont au bord de la rupture.

Des transactions quasi impossibles

« En tant qu’entrepreneur malien, on sent ces sanctions. Il y a aujourd’hui des industriels qui envisagent de fermer parce que leurs approvisionnements sont coupés. Les transactions bancaires sont très difficiles, on ne peut pas faire de transfert à l’intérieur de l’Uemoa et de la Cedeao. Personnellement, je l’ai vécu » en voulant effectuer des transactions financières pour l’exécution de projets à Ouagadougou et à Dakar, a confié Mossadeck Bally, fondateur du groupe hôtelier Azalaï. Il rappelle que son pays se trouve « au milieu de sept pays » et « n’a pas accès à la mer », faisant que le Mali « se coupe en quelque sorte de son espace naturel » en se coupant de ses voisins.

« On ne peut plus se mouvoir facilement pour les affaires ou les actions de supervision. Il faut passer par Conakry ou Nouakchott. Un billet Bamako-Ouagadougou, qui coûtait un peu moins de 300 mille FCFA avant l’embargo, coûte maintenant 900 mille. Vous êtes obligé de passer quasiment une nuit ou une journée en route », déplore l’homme d’affaires malien qui fait aussi écho à ces transporteurs « coincés » au niveau des frontières. Ils sont Maliens, Sénégalais, bref des ouest-africains.

Transitaire malien basé au port de Dakar, Lassana Kanté assiste depuis quelque temps à une chute vertigineuse de son chiffre d’affaires. Si cet embargo n’est pas levé, il craint de ne plus pouvoir joindre les deux bouts et nourrir sa famille. « Cet embargo nous fait beaucoup de peine. Avant la fermeture des frontières, on travaillait 24 heures sur 24. Mais maintenant, c’est très difficile. Du lundi au vendredi, on était occupés à sortir des containers. Mais aujourd’hui, il est très difficile pour un transitaire d’en avoir dix », a-t-il indiqué à APA.

C’est le même son de cloche pour Mamadou Wade, coxeur sénégalais. « La situation est difficile pour tout le monde, que vous soyez transitaire, chargeur ou transporteur. Nous demandons au président Macky Sall de penser à ces pères de famille », a-t-il appelé.

Le prix de la viande en hausse

En outre, la crise touche les transporteurs de bétail. Le prix de la viande de bœuf ou de mouton a grimpé de façon exponentielle à moins de deux mois de la fête de Tabaski ou Aïd el Kebir. Avant l’embargo, le kilogramme coûtait autour de 3000 FCFA alors qu’il faut débourser maintenant entre 4000 et 5000 pour les deux variétés. « Le gros du stock de viande que nous consommons au Sénégal, surtout à Dakar, vient du Mali. Avec le blocage du transport transfrontalier, les répercussions sur le prix de la viande se font sentir. C’est très difficile pour les ménages avec qui nous sommes en contact régulier. J’espère que les autorités vont prendre des décisions qui vont dans le sens de soulager les populations », a noté Kader Sèye, un boucher opérant dans la capitale sénégalaise.

Ainsi, le Mali n’est pas le seul à souffrir des sanctions de la Cedeao. En tant que premier partenaire commercial du Sénégal, il fait entrer plusieurs milliards de francs CFA dans les caisses de l’Etat. Deux mois après la mise en œuvre de l’embargo, la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) a évalué les pertes du Sénégal à hauteur d’une vingtaine de milliards. « Il convient de noter que les exportations vers le Mali, sous embargo de la Cedeao depuis la première quinzaine du mois de janvier, ont diminué de 28,1 % (-24,2 milliards) entre décembre 2021 et janvier 2022, particulièrement celles des produits pétroliers (-20,6 %) et du ciment (-44,4 %) », indiquait en mars dernier cet organe du ministère sénégalais de l’Economie.

Dans la même période, certains spécialistes renseignaient sur la position difficile du Sénégal d’appliquer cette décision au regard des enjeux économiques non négligeables. « Le Mali se trouve dans une situation extrêmement difficile et intenable. Mais les autres pays seront impactés, principalement son premier fournisseur qui est le Sénégal. Ce dernier a exporté (des biens et services) pour 470 milliards FCFA en 2020 et plus de 500 milliards en 2019. Donc les échanges entre le Mali et le Sénégal tournent par an autour de 500 milliards FCFA », affirmait pour APA Dr Souleymane Diakité, enseignant-chercheur à l’École nationale de la statistique et de l’analyse économique (ENSAE) de Dakar.

Un chronogramme de la discorde

Par ailleurs, des chercheurs du Centre universitaire de recherches économiques et sociales (CURES) de Bamako ont indiqué le 25 janvier dernier, dans une étude intitulée « Effets des sanctions de la CEDEAO sur le commerce extérieur du Mali », que le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ».

« En cas de rupture commerciale totale, le Sénégal réaliserait une perte de plus de 1,3 milliards de FCFA par jour, suivi de la Côte d’Ivoire avec plus de 612 millions de FCFA puis vient, en troisième position, le Bénin avec un peu plus de 151 millions de FCFA par jour », soulignaient ces chercheurs, cités par l’Agence malienne de presse (AMAP).

En dépit de toutes ces alertes, le bras de fer entre le Mali et la Cedeao continue de priver beaucoup de citoyens de la région de leur moyen de subsistance. Certains acteurs comme Mossadeck Bally pensent toujours que les « sanctions ont été prises sur des bases qui n’existent pas juridiquement ». Toutefois, cela ne doit pas constituer une entrave à la reprise du dialogue en vue d’un retour à la normale qui serait salvateur pour tous.

« Il est plus qu’urgent que le gouvernement, non seulement, prenne le taureau par les cornes en faisant son chronogramme, en commençant déjà les réformes essentielles. On est tous d’accord qu’il faut faire des réformes avant de partir aux élections. Il faut négocier avec la Cedeao pour que, d’ici à la fin du mois de mai, on puisse sortir de cette situation qui devient de plus en plus intenable pour les Maliens et les opérateurs économiques », a préconisé l’homme d’affaires malien alors que les positions semblent toujours figées de part et d’autre.

Un coup d’état déjoué à Bamako, selon les autorités

Cette annonce intervient 24 heures après le retrait du Mali du G5 Sahel, en signe de protestation contre sa non-accession à la présidence de cette organisation.Lundi 16 mai, en début de soirée, le gouvernement malien a affirmé avoir déjoué un coup d’Etat que tentaient « un groupuscule d’officiers et de sous-officiers anti-progressistes ».

Selon le communiqué du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, les faits se sont déroulés dans la nuit du 11 au 12 mai 2022. « Ces militaires étaient soutenus par un Etat occidental », accuse le document qui ne précise pas cependant de quel Etat il s’agit.

Bamako qui « condamne avec la dernière rigueur » ce qu’il considère comme une « indigne atteinte à la sureté de l’Etat », assure que tous les moyens nécessaires et mesures appropriées ont été déployés, dans le cadre de l’enquête et de la recherche des complices. A cet effet, les contrôles aux sorties de Bamako et aux postes frontaliers du Mali ont été renforcés.

« En outre, les personnes interpellées seront mises à la disposition de la justice », conclut le communiqué numéro 31 du gouvernement de la transition, issu lui-même d’un coup d’Etat en mai 2021, après un premier neuf mois plus tôt en aout 2020.

Cette annonce intervient 24 heures après le retrait du Mali du G5 Sahel, en signe de protestation de sa non-accession à la présidence de cette organisation régionale.

L’Union Européenne regrette le retrait du Mali du G5 Sahel

La décision du Mali de se retirer des instances du G5 Sahel a fait réagir l’Union Européenne.Dimanche 15 mai, le Mali a quitté le G5 Sahel, l’organisation régionale dont il était membre avec la Mauritanie, le Burkina, le Niger et le Tchad. Bamako a justifié cette décision par le refus qui lui est opposé d’accéder à la présidence de l’organisation régionale alors que la règle de la présidence tournante lui en confère le droit depuis février 2022.  

Si au sein du G5 Sahel, on semble s’être passé le mot pour ne pas commenter publiquement la décision malienne, tel n’est pas le cas pour l’Union Européenne, l’un des principaux bailleurs de cette institution censée servir de cadre de coopération entre les États membres dans la lutte contre les groupes jihadistes actifs dans plusieurs parties du Sahel. 

Par la voix de son haut-représentant, Joseph Borell, l’UE dit prendre note de cette décision. Le haut responsable européen reconnait que la « décision ou non d’un membre du G5 Sahel appartient à chacun des membres souverains », mais regrette cette sortie d’un instrument qui, selon lui « répondait à une reconnaissance par tous ses Etats membres – dont le Mali – de l’absolue nécessité d’une coopération renforcée et à terme d’une intégration régionales, seules à même de relever les multiples défis de la région ». 

Selon Joseph Borell, la décision de Bamako de claquer la porte du G5 Sahel, « s’ajoute à d’autres décisions récentes de repli des autorités de transition » et s’inquiète « davantage des conséquences de ce choix sur la sécurité des populations au Mali et dans la sous-région ». L’annonce en juin 2021 par le président français, Emmanuel Macron, de la réarticulation de l’opération Barkhane a été décriée par le Mali comme un « abandon en plein vol ». Depuis, les relations diplomatiques entre Bamako et Paris n’ont cessé de se détériorer. 

Le Mali qui s’est rapproché de la Russie aurait fait appel à des mercenaires de la société militaire privée controversée Wagner. De quoi rendre furieux ses partenaires traditionnels. Début mai, le pouvoir à Bamako, dominé par les militaires auteurs de deux putschs entre août 2020 et mai 2021, a dénoncé les accords de défense liant le Mali et France, accusée d’avoir violé les clauses de ces accords organisant l’intervention sur le territoire malien de Serval lancée en 2013 puis Barkhane en 2014 et la Task Force européenne, Takuba créée en 2020.

Pourquoi le Mali se retire du G5 Sahel?

Selon la règle de la présidence tournante c’est pourtant le Mali qui devait succéder au Tchad à la présidence du G5 Sahel à partir de février 2022.Le Mali a annoncé, dimanche 15 mai dans la soirée, son retrait du G5 Sahel et de sa force militaire antijihadiste pour protester contre le refus qui lui est opposé d’assurer la présidence de cette organisation régionale formée avec la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger. « Le gouvernement de la République du Mali décide de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la force conjointe. Cette décision sera notifiée aux États membres de l’organisation conformément à la procédure prévue en la matière. Le gouvernement de la République du Mali réaffirme son engagement constant en faveur de l’intégration et de la coopération régionales pour la réalisation d’objectifs qui servent les intérêts majeurs des peuples africains » explique un communiqué des autorités maliennes lu à la télévision nationale par le Colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, porte-parole du gouvernement de transition issu du putsch de mai de l’année dernière, le second en neuf mois après l’éviction en août 2020 de l’ex président élu Ibrahim Boubacar Keita (IBK) aujourd’hui décédé  

Désigné en février 2021 a la présidence tournante du G5 Sahel, le président tchadien Mahamat Idriss Deby a vu son mandat s’achever un an plus tard. Mais il s’est trouvé contraint de jouer les prolongations en raison des réticences de certains de ses paris, surtout le nigérien Mohamed Bazoum, à confier les rênes de l’organisation sous-régionale au Colonel Assimi Goïta qu’ils soupçonnent de ne pas avoir envie de remettre le pouvoir des autorités civiles élues. 

Selon la règle de la présidence tournante consacrée par les textes de l’organisation, c’est pourtant le Mali qui devait succéder au Tchad à la présidence du G5 Sahel lors d’un sommet qui devait être organisé au début de l’année 2022 à Bamako. Ce qui s’était avéré, finalement, presque impossible. Le président nigérien Mohamed Bazoum ne se serait jamais déplacé chez le putschiste de Bamako, le colonel Assimi Goïta. La France et l’Union européenne qui sont des contributeurs majeurs au budget du G5 Sahel et dont les relations sont au bord de la rupture avec Bamako n’auraient jamais apprécié une présidence malienne du G5 Sahel  

Pour dépasser le problème, le président tchadien a pensé que la 8 ème Conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel pouvait se faire par téléconférence, ce qui aurait permis d’éviter une rencontre physique entre le chef de l’Etat de transition du Mali et le président nigérien.
Mais la démarche aurait inévitablement conduit à la remise de la présidence tournante du G5 Sahel au colonel Goïta.  

En plus de chefs d’Etat sahélien comme Bazoum, la France et l’Union européenne, contributeurs majeurs au budget du G5 Sahel et dont les forces sont en train de se retirer du territoire malien suite à la dégradation de leurs rapports avec la junte de Bamako, n’auraient jamais approuvé la remise de la présidence de l’organisation sahélienne aux autorités maliennes actuelles.

Après les Russes, Bamako veut l’aide des Rwandais

Le chef d’Etat-major des armées maliennes qui a séjourné à Kigali pendant trois jours, a été reçu par le président Paul Kagamé.Comment remplacer l’armée française ? Le Mali qui vient de dénoncer les accords militaires avec la France en réponse au retrait en cours des soldats tricolores de son territoire, cherche de nouveaux alliés. Après avoir fait appel à Moscou, ou plutôt aux mercenaires russes de la compagnie Wagner selon plusieurs médias et diplomates, Bamako vient d’envoyer le patron de son armée au Rwanda dans le but d’obtenir le concours de Kigali dans la lutte contre les groupes jihadistes.

Accueilli par son homologue rwandais, le général Jezn Bosco Kazura, le chef d’Etat-major des armées maliennes qui a séjourné à Kigali pendant trois jours, a été reçu par le président Paul Kagamé.

« Le cas du Mozambique est vraiment impressionnant », a reconnu le Général Oumar Diarra en allusion à l’envoi depuis juillet 2021 d’un millier de soldats rwandais au Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique pour combattre le groupe jihadiste qui avait envahi la région : « Ahlu Sunna wal Jama’a » communément appelé « shebabs », mais qui n’a pas de liens avec le groupe somalien du même nom qui est affilié à Al-Qaïda.

Les jihadistes du Mozambique sont une filiale de l’organisation l’Etat islamique et appartiennent à la province d’Afrique centrale qu’ils partagent avec les Forces démocratiques alliées (ADF) qui sévissent dans l’est de la République démocratique du Congo.

Responsables de plusieurs attaques dans le septentrion mozambicain, les islamistes mozambicains ont surtout fait parler d’eux en mars 2021 lorsqu’ils avaient surpris le monde entier en occupant la ville portuaire de Palma, obligeant le président Mozambicain, Filipe Nyusi, a appelé la communauté internationale à l’aide.

Arrivés une semaine avant les forces de la Communauté de développement d’Afrique australe au Mozambique (Samim), les soldats rwandais ont très rapidement annoncé avoir repris des zones qui étaient sous le joug des insurgés. Décembre 2021, appuyée par les forces rwandaises, l’armée mozambicaine a récupéré la ville portuaire de Mocimbo da Praia restée pendant un an aux mains des jihadistes.

Selon les confidences de sources sécuritaires à Apa news, les unités rwandaises réputées disciplinées et bien équipées ont vite réussi à forcer les insurgés à se replier dans les zones rurales, en adoptant une lutte proche de la guérilla.

Le patron des armées maliennes qui n’a pas expliqué s’il veut lui aussi que Kigali envoie des soldats au Mali, s’est contenté de dire que sa visite au Rwanda était consacrée au « renforcement des capacités de l’armée malienne afin d’opérer en autonomie pour défendre le territoire national ».

Depuis l’annonce par la France du retrait du territoire malien de tous les éléments de son opération Barkhane, qui en 2014 avait pris le relais de Serval engagée en janvier 2013 pour chasser les islamistes du Nord du Mali qu’ils occupaient alors depuis près d’un an, Bamako a lancé plusieurs offensives militaires dans certaines parties du pays.

Appuyés par des « instructeurs » de la Russie, appellation officielle de combattants russes présents dans le pays, les militaires maliens auraient repris plusieurs localités aux jihadistes du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulman (Jnim, selon son acronyme en arabe) et à leurs frères ennemis de l’Etat islamique au Sahel.

Début avril, l’état-major malien a affirmé que l’armée a tué plus de 200 jihadistes à Moura, un village du cercle de Djenné, dans la région de Mopti, au centre du pays. Selon plusieurs organisations de défense des droits humains qui ont réclamé l’ouverture d’une enquête sur le déroulement des événements, ces opérations auraient conduit à des « allégations de crimes contre les civils ». Ce que l’armée malienne a catégoriquement nié.

Dans un communiqué daté du 5 avril, l’état-major des armées maliennes a affirmé que « le respect des Droits de l’Homme (DH) de même que le droit international humanitaire reste une priorité dans la conduite des opérations…» Mais il n’a pas indiqué pourquoi Bamako a empêché l’envoi sur le terrain d’une mission d’enquête de la Minusma. Son mandat devant être discuté en juin au siège de l’Onu, les autorités maliennes ne seraient plus en faveur du maintien de cette mission onusienne au Mali.

Sahel : l’innovation au secours de l’agriculture

Un ensemble d’initiatives sont prises au Sahel pour des systèmes agroalimentaires durables et résilients au changement climatique.S’adapter et innover pour être résilient. Dans la région sahélo-saharienne, la pratique de l’agriculture se réinvente pour mieux faire face aux effets du changement climatique. L’initiative DeSIRA (Development Smart Innovation through Research in Agriculture) lancée lors du One Planet Summit de Paris en 2017, finance neuf projets visant à booster l’innovation dans l’agriculture et la transformation des systèmes alimentaires des pays partenaires.

Le premier, dénommé « ABEE, sigle anglais (Favoriser l’autonomisation des réseaux ouest africains de sélection et de vulgarisation) », vise à mettre en œuvre une approche mieux coordonnée en sélection variétale au niveau national et régional, en plaçant des sélectionneurs de cinq spéculations cibles (mil, sorgho, fonio, arachide et niébé) provenant de trois pays (Burkina Faso, Niger et Sénégal) au cœur de l’action. L’objectif est d’améliorer et moderniser leurs pratiques de sélection et mieux répondre à la demande du marché.

Le deuxième projet cherche à adapter l’accès aux ressources agro-pastorales dans un contexte de mobilité et de changement climatique pour l’élevage pastoral au Tchad (ACCEPT). Le 3e projet ambitionne d’améliorer la productivité des cultures et la résilience climatique pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Mali (APSAN-Mali).

Pour soutenir le développement des petites pousses de l’économie de la région, l’initiative « BIOSTAR » va approvisionner en bioénergies durables les PME agroalimentaires au Sahel.

La séquestration du carbone et des émissions de gaz à effet de serre dans les écosystèmes agro-sylvo-pastoraux des pays membres du Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) est le 5e programme de l’initiative « DeSIRA ». Il a pour objectif global d’améliorer l’évaluation du bilan carbone de ces écosystèmes. Cela permettra de mieux quantifier leurs impacts sur le changement climatique pour l’élaboration des politiques d’élevage adaptées au Sahel.

Parmi les neufs projets « DeSIRA », figure aussi le programme « FAIR Sahel » portant sur l’intensification agro-écologique afin de favoriser la résilience des exploitations dans la région.

L’Innovations pour l’intensification durable des systèmes agricoles irrigués résilients face au changement climatique au Niger (INV-Niger) porte quant à lui sur la recherche-action participative dans le domaine de l’agriculture irriguée. Elle doit contribuer à l’amélioration de la résilience des familles nigériennes face au changement climatique grâce à l’innovation dans les agrosystèmes irrigués.

L’Intensification de la production agricole par la mise à l’échelle de pratiques et technologies d’irrigation innovantes et adaptées (IRRINN, sigle anglais) et Santés & Territoires (S&T) sont les deux autres projets financés par « DeSIRA ».

Le premier vise à développer une plateforme claire, simple et présentant un bon rapport coût/efficacité afin de soutenir l’innovation en matière de petite irrigation. La plateforme inclura des composantes techniques, organisationnelles et financières et sera testée en situation réelle avec des agriculteurs.

Le second a pour objectif d’améliorer conjointement la santé humaine, des systèmes de production agricole et de l’environnement, puis d’impacter positivement et durablement les moyens d’existence des populations sur des territoires donnés.

Tous ces projets, dotés d’un budget global de 55 millions d’euros, « sont en phase de démarrage », a fait savoir le Coordonnateur du projet « Dissémination des innovations en zone sahélienne (DISSEM-INN) », Robin Bourgeois.

DISSEM-INN propose à ces neuf initiatives « DeSIRA » de capitaliser leurs pratiques et de réfléchir collectivement au passage à échelle de leurs innovations en créant des espaces de dialogue multi-acteurs.

« Tous les projets reposent sur la recherche-action participative qui est une façon de travailler permettant de se rapprocher au plus près des personnes avec lesquelles on travaille, de comprendre leurs besoins, de voir elles-mêmes les solutions qu’ils ont développées et comment la recherche pouvait les améliorer ou à proposer des solutions alternatives », a expliqué M. Bourgeois.

A partir de 2023, les résultats issus de ces différents projets seront partagés pour une application à l’échelle nationale dans les pays concernés, a indiqué le chercheur, jeudi à Saly (Sénégal), où se tient, depuis le 10 mai, l’atelier régional de partage des méthodes utilisées dans ces différents projets.