MALI Archives - Page 3 sur 26 - Journal du niger

Mali : deux Casques bleus tués à Tombouctou

Des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur une patrouille de la Police des Nations unies (UNPOL) à Tombouctou, tuant deux Casques bleus dont une femme.La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) continue de payer un lourd tribut dans sa lutte contre les groupes jihadistes. Vendredi 16 décembre, des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur une patrouille de la Police des Nations unies (UNPOL) à Tombouctou (Nord). L’attaque a fait deux morts parmi les Casques bleus dont une femme. Quatre autres Casques bleus ont été blessés, dont un grièvement. Ils ont été évacués à l’hôpital militaire de la Minusma à Tombouctou.

Selon la mission onusienne, un assaillant a été neutralisé et du matériel récupéré. De même, indique la Minusma, une Force de réaction rapide de a été immédiatement dépêchée sur les lieux pour sécuriser la zone.

Sur Twitter, le Chef de la Minusma, El-Ghassim Wane, s’est dit « profondément choqué » par cet acte odieux qu’il a fermement condamné. Il a présenté ses condoléances les plus attristées au Gouvernement des défunts Casques bleus, ainsi qu’à leurs familles et frères d’armes, et a souhaité un prompt rétablissement aux quatre autres casques bleus blessés.

« Malgré un environnement opérationnel difficile, la Minusma ne ménagera aucun effort pour mener à bien son mandat », a-t-il assuré, soulignant la nécessité de tout faire pour identifier les auteurs de cet acte et les traduire en justice. 

Il a rappelé que les attaques contre les Casques bleus peuvent constituer des crimes de guerre au regard du Droit international.

Sahel : Washington pour une approche globale de la lutte contre le terrorisme

Le contre-terrorisme ne peut réussir par la seule force et les mesures de sécurité dures selon la sous-secrétaire d’État américaine, Victoria Nuland.Dans le combat contre le jihadisme au Sahel, le recours exclusif à la force a montré ses limites. Les importants moyens militaires déployés sur le terrain n’ont pas permis de freiner l’expansion des groupes armés et l’amplification de leurs attaques. Partant de ce constat, la sous-secrétaire d’État américaine, Victoria Nuland, a plaidé, jeudi à Washington, pour un changement d’approche.

« Nous avons vu à maintes reprises que le contre-terrorisme ne peut réussir par la seule force et les mesures de sécurité dures. Comme on me l’a rappelé lors de mes récents voyages au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie et au Niger, pour être vraiment efficace, comme beaucoup l’ont dit, la lutte contre le terrorisme doit s’inscrire dans un effort de l’ensemble du gouvernement et de la société », a-t-elle déclaré.

Les limites du tout sécuritaire

S’exprimant lors d’un briefing de haut niveau du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme mondial, Mme Nuland a indiqué que les partenaires internationaux doivent favoriser la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme, l’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux opportunités économiques s’ils veulent arriver à bout de ce fléau.

« Nous devons soutenir les gouvernements et leur capacité à répondre aux besoins de leurs citoyens. C’est la clé pour briser le cycle de l’extrémisme violent », a-t-elle insisté.

Citant l’exemple du Niger, Victoria Nuland a fait remarquer que le soutien aux forces de sécurité bien qu’important et primordial pour ralentir les activités groupes jihadistes, n’est pas suffisant dans un pays où la moitié des enfants ne sont pas scolarisés.

A l’en croire, le manque d’éducation est un moteur de la prochaine génération d’insécurité et de terrorisme. Elle a ainsi souligné la nécessité de faire en sorte que les femmes et les filles aient un accès sûr à l’éducation, aux soins de santé et aux opportunités économiques, et que leurs communautés et leurs pays soient plus stables et plus prospères.

« C’est pourquoi nous nous concentrons sur la mise en œuvre du cadre mondial actuel et solide de lutte contre le terrorisme, axé sur une approche globale de la société », a-t-elle dit.

Respect des droits humains 

Par ailleurs, la diplomate américaine a déploré les tentatives visant à saper les avancées en matière de genre, de société civile et de droits de l’homme réalisées dans les résolutions du Conseil de sécurité et dans la Stratégie antiterroriste mondiale, menées par certains Etats membres de l’Onu.

« Il est essentiel que les campagnes antiterroristes ne servent pas de prétexte aux États membres pour violer eux-mêmes les libertés fondamentales », a-t-elle soutenu.

La diplomate américaine a enfin annoncé que l’Assemblée générale de l’Onu examinera, l’année prochaine, la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme.

Burkina : Le Président du Parlement de la transition à Bamako

Pour son premier voyage à l’étranger, Ousmane Bougouma a choisi le Mali où il va rencontrer le Chef de l’Etat, Colonel Assimi Goïta et participer à la clôture de la session du Conseil national de la Transition malien.Le président de l’Assemblée législative de transition (ALT), Dr Ousmane Bougma, accompagné d’une délégation de députés, est arrivé ce mercredi 14 décembre à Bamako, pour une visite de 72h, a rapporté le Parlement.

Il a été accueilli à l’aéroport par son homologue, le président du Conseil national de la transition, le Colonel Malick Diaw.

« Pour sa première sortie officielle, le Dr Ousmane Bougma a fait le choix du Mali, pour selon lui, renforcer les liens d’amitié entre ces deux peuples qui partagent une histoire et une géographie commune », a expliqué le Direction de la communication de l’ALT, précisant que le Dr Bougouma va rencontrer le président du Mali le colonel Assimi Goïta avant d’échanger avec la diaspora Burkinabè. Il participera aussi à la clôture de la session parlementaire du Conseil national de la Transition (CNT).

Ce voyage du président de l’ALT à Bamako alimente encore les débats sur les velléités de rapprochement entre Ouagadougou et Moscou.

Le capitaine Ibrahim Traoré avait également effectué sa première visite à l’étranger à Bamako où il avait parlé de lutte contre le terrorisme avec le colonel Assimi Goïta et de coopération avec la Russie, selon des sources concordantes.

Sahel : libération d’un otage allemand enlevé depuis 2018

Jörg Lange, un humanitaire allemand de 63 ans détenu depuis 2018 au Sahel, va retrouver les siens.Jörg Lange arrive au bout de sa traversée du désert. Ce samedi 10 décembre, la directrice générale de l’ONG Help a fait état de la libération de son collaborateur allemand, détenu depuis plus de quatre années au Sahel, une région comprenant les territoires bordant le Sahara et dans laquelle opèrent plusieurs groupes jihadistes.

« Nous sommes très soulagés et reconnaissants que notre collègue Jörg Lange, après plus de quatre ans et demi, puisse retourner auprès de sa famille », estime la directrice générale de Help, Bianca Kaltschmitt, dans un communiqué.

Elle remercie « vivement toutes les personnes qui ont contribué à cette libération ou qui l’ont soutenue, en particulier la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères, la police criminelle, ainsi que les autorités et des amis au Mali, au Niger et dans les pays voisins ».

Jörg Lange avait été enlevé le 11 avril 2018 dans l’ouest du Niger par des hommes armés à moto près d’Ayorou, dans une région frontalière du Mali en proie à des attaques jihadistes récurrentes. Son chauffeur nigérien avait été libéré peu de temps après, selon certaines sources.

Au moins quatre otages occidentaux sont encore détenus au Sahel, selon un décompte ne recouvrant que les cas rendus publics par leur entourage ou leur gouvernement : le Français Olivier Dubois, enlevé le 5 mai 2021, l’Américain Jeffery Woodke (14 octobre 2016), l’Australien Arthur Kenneth Elliott (15 janvier 2016) et le Roumain Iulian Ghergut (4 avril 2015).

Un autre Allemand, le père Hans-Joachim Lohre, dont on est sans nouvelles depuis fin novembre, est largement considéré comme ayant été enlevé, bien qu’aucune revendication n’ait été rapportée, selon l’Agence France-Presse (AFP).

Nouvelle hausse des taux directeurs de la Bcéao

Cette nouvelle mesure vise la poursuite de la normalisation monétaire visant à baisser l’inflation dans l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) selon la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao).Depuis le début de l’année 2022, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao) a procédé à trois relèvements de ses taux directeurs. Le dernier a été décidé vendredi 9 décembre 2022 à Dakar au cours de la réunion ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) de l’institution.

Cette instance chargée de la définition de la politique monétaire au sein de l’Union monétaire Ouest-africaine (Umoa) a ainsi pris la décision de relever de 25 points de base les taux directeurs de la Bcéao à compter du 16 décembre 2022.

« Ainsi, le principal taux directeur auquel la Banque centrale prête ses ressources aux banques passe de 2,50% à 2,75%. Cette hausse, la troisième de cette année, s’inscrit dans le cadre de la normalisation graduelle de la politique monétaire entamée depuis juin 2022. Elle devrait contribuer à ramener progressivement l’inflation dans l’intervalle cible de la Banque Centrale (1% à 3%) sur le moyen terme », rapporte le communiqué final de la session du CPM lu au terme des travaux, en présence de son président, Jean-Claude Kassi Brou, également gouverneur de la Bcéao.

S’adressant à la presse après la lecture du texte, M. Brou a expliqué que la nouvelle hausse des taux directeurs de la Banque matérialise la poursuite de la normalisation monétaire afin de baisser l’inflation dans l’Umoa.

A l’en croire, la dynamique haussière de l’inflation s’est poursuivie dans l’Union au cours du troisième trimestre 2022, portant le taux d’inflation à son niveau le plus élevé depuis 2008, avec des disparités d’un pays à l’autre. « L’évolution des comptes extérieurs s’est également dégradée liée en partie à une faible mobilisation des ressources extérieures par les Etats », a révélé Jean-Claude Kassi Brou.

Rassurant que la liquidité bancaire dans l’Umoa reste adéquate et que les crédits octroyés à l’économie par le secteur bancaire ont augmenté de 16,5% à la fin du mois d’octobre 2022, le gouverneur de la Bcéao a précisé que le taux d’inflation dans l’Union, en hausse depuis plusieurs mois, a atteint 8,4% en octobre 2022.

Le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao) a souligné que cette évolution est due essentiellement au renchérissement des produits alimentaires de grande consommation et du transport, avec l’ajustement des prix à la pompe des produits pétroliers par les pays de l’Union suite à l’envolée des cours du pétrole sur les marchés internationaux.

Il a indiqué que l’inflation sous-jacente, qui mesure l’évolution du niveau général des prix hors produits frais et énergie, s’est également maintenue à un niveau élevé de 5,4% en octobre 2022.

« Au cours des mois à venir, le Comité de Politique Monétaire de la Bcéao prendra, si nécessaire, les mesures idoines pour assurer la stabilité monétaire », conclut le communiqué.

Le combat contre le paludisme porte ses fruits (OMS)

Les efforts déployés à travers le monde et les investissements faits pour renforcer les systèmes de santé ont permis d’éviter la contamination d’environ 185 millions d’individus et le décès de 997 000 personnes.L’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans son Rapport annuel sur le paludisme publié ce jeudi, se réjouit des résultats obtenus dans la lutte contre cette maladie. Le nombre de cas de contamination et de décès évités en 2021 s’élèvent respectivement à environ 185 millions et 997 000, informe l’organisme onusien en charge de la santé mondiale. Ce dernier ajoute que de nombreux pays, très près de l’élimination totale du paludisme, ont continué de progresser sur cette voie.

Par ailleurs, l’OMS se félicite de la stabilisation du nombre des décès après une hausse substantielle au cours de la première année de la pandémie de Covid-19. Les cas de paludisme sont également restés stables dans l’ensemble, passant de 245 à 247 millions. Ce résultat a été possible grâce aux efforts héroïques des pays et à des partenariats solides, malgré les défis importants auxquels les nations ont été confrontées au cours de cette période, mais aussi les autres menaces biologiques qui vont croissant, soutient l’OMS.

« La lutte contre le paludisme n’est pas aussi mauvaise qu’il aurait pu l’être », a salué Dre Corine Karema, directrice générale intérimaire du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme.

Malgré ces résultats convaincants, alerte l’OMS, la maladie demeure une menace mortelle pour des millions de personnes à l’échelle planétaire.  Le combat contre le paludisme demeure à un point trop statique, en particulier en Afrique où le fardeau de la maladie reste accablant et disproportionné, ce continent concentrant globalement 95 % des cas et 96 % des décès, signale-t-elle.

Les obstacles à la lutte contre cette endémie, notamment le déploiement limité des outils disponibles, la résistance émergente aux médicaments, aux insecticides et l’absence de diagnostics, parallèlement à l’augmentation des coûts d’approvisionnement et de livraison, font que les financements requis pour recentrer les efforts et atteindre les objectifs mondiaux d’ici 2030 sont, aujourd’hui plus qu’hier, absolument nécessaires, indique l’OMS.

« Les crises humanitaires qui se multiplient et le ralentissement économique mondial de cette année pourraient compromettre davantage une situation déjà précaire », met en garde l’Organisation Mondiale de la Santé.

Face à ce risque, le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme appelle tous les pays à continuer à investir dans la lutte. Ces investissements sont indispensables pour renforcer les systèmes de santé et que tous ceux qui ont besoin d’accéder à des outils antipaludéens efficaces et ciblés, adaptés aux circonstances locales, puissent le faire et bénéficier d’une prise en charge de qualité dans le cadre de centres de soins primaires.

Même si les outils actuels sont économiquement avantageux, avance l’organisme onusien, l’effort d’investissement demeure pressant pour en développer d’autres ainsi que des solutions innovantes, et les mettre à l’échelle.

A l’en croire, il existe des opportunités prometteuses pour distribuer plus de moustiquaires à base de pyréthrinoïdes-PBO, et poursuivre les essais de moustiquaires imprégnées d’insecticide, l’utilisation de nouveaux produits de contrôle des vecteurs, de vaccins en cours de développement, d’immunisation passive avec des anticorps monoclonaux (dans le domaine de la chimio-prévention) et de nouveaux tests diagnostiques.

« L’élimination du paludisme est possible. Depuis 2000, plus de 20 pays dans le monde ont atteint l’objectif de +zéro cas de paludisme+, et d’autres pays en sont proches. Le renforcement du leadership national, la coordination régionale et l’intensification de la surveillance de la maladie seront des axes essentiels pour contrôler les cas de paludisme et l’éliminer dans ces pays. Il est donc primordial de les soutenir à mesure qu’ils se rapprochent du but pour parvenir, ensemble, à un monde exempt de paludisme », a conclu Dre Karema.

Covid-19 : baisse de la charge pandémique en Afrique (OMS)

Le nombre actuel de cas de Covid-19 n’exerce pas de pression significative sur les structures de santé, car le nombre d’hospitalisations reste faible.Au moment où l’Afrique enregistre son plus bas niveau de nouveaux cas de Covid-19 depuis le début de la pandémie en 2020, une récente augmentation de quatre semaines souligne l’importance de la vigilance à l’approche des fêtes de fin d’année. Il s’agit de la première augmentation soutenue de ce type en quatre mois, rapporte le Bureau Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un son dernier rapport reçu ce jeudi à APA.

L’organisme onusien souligne que cette hausse de cas a été enregistrée jusqu’au 20 novembre, mais le nombre de nouveaux cas a légèrement diminué au cours des deux dernières semaines se terminant le 2 décembre 2022, rompant ainsi la tendance à la hausse.

Toutefois, les nouveaux cas signalés fin novembre représentent moins de 10 % des cas enregistrés à la même période en 2021 et 2020. « Bien que les décès liés à la pandémie aient augmenté de 14 % au cours de la semaine se terminant le 27 novembre par rapport à la semaine précédente, ils sont restés faibles (53), soit environ 4 % des décès enregistrés au cours de la même période en 2021 et 2020. Le nombre actuel de cas de Covid-19 n’exerce pas de pression significative sur les structures de santé, car le nombre d’hospitalisations reste faible », a expliqué l’OMS.

« Malgré la récente résurgence, il y a de l’espoir que l’Afrique sera épargnée des difficultés qu’elle a connues ces deux dernières années, lorsque la hausse des cas et des décès avait réduit à néant tout espoir de vie normale et engendré de profondes désolations. Même si les tendances actuelles permettent de maîtriser la pandémie, nous suivons de près l’évolution de la situation. Nous devons rester vigilants, continuer à accroître la couverture vaccinale et être prêts à adopter des mesures de prévention plus strictes, si cela s’avère nécessaire », a indiqué Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique.

Selon elle, les investissements réalisés ces trois dernières années dans la lutte contre la Covid-19 portent leurs fruits. La Région est mieux outillée pour faire face au virus et ses systèmes d’intervention d’urgence sanitaire ont été renforcés.
En 2022, la réduction globale de la charge pandémique en Afrique allège la pression sur les ressources nationales de santé publique, ce qui donne l’occasion aux pays de renforcer les services de santé perturbés et de porter plus d’efforts sur d’autres priorités de santé publique telles que la vaccination de routine, la surveillance des maladies et la riposte à d’autres épidémies.

Grâce à une surveillance renforcée, cette année la Région a signalé jusqu’à présent 106 épidémies et situations d’urgence sanitaire liées à des crises humanitaires, soit près de 17 % de plus qu’en 2021 et presque autant qu’en 2019 avant l’apparition de la pandémie de Covid-19. Environ 25 épidémies de maladies évitables par la vaccination ont aussi été signalées en 2022. Selon un décompte de l’OMS, treize épidémies ont été signalées en 2020 et 19 en 2021.

Les jihadistes du Sahel font allégeance au « Calife » de l’Etat islamique

La communication des jihadistes montre une impressionnante facilité de mobilisation.Tué au combat en zone syro-irakienne, le « Calife » de l’Etat islamique (EI) Abou al Hassan al Hachimi al Qourachi a été remplacé par Abou al Hussein al Husseini al Qourachi, selon un message audio du porte-parole de l’organisation jihadiste diffusé mercredi 30 novembre. Dans cet élément sonore de près de 10 minutes, Abou Omar al Mouhajir a invité les partisans de l’EI à faire allégeance au nouveau chef décrit comme un « vétéran du jihad ».

Au lendemain de cette annonce, les différentes « provinces » de l’organisation jihadiste se sont exécutées, à commencer par le Nigéria, en Afrique de l’Ouest. Dans ce pays le plus peuplé du Continent les allégeances relayées par les canaux de propagande de l’Etat islamique, sont faites à partir de six zones, essentiellement dans le nord-est.

La branche sahélienne érigée en « province » en mars dernier a également mobilisé plusieurs dizaines de combattants armés pour la « cérémonie d’allégeance » dans le sud de Ménaka, m à la frontière entre le Mali et le Niger, mais aussi dans le Gourma malien. 

« Démonstration de force »

« Le message de l’EI Sahel est clair. Ils veulent faire une démonstration de force en montrant qu’ils sont nombreux, mais aussi qu’ils jouissent d’une liberté de mouvement comme en témoignent les convois longs et sinueux et les grands rassemblements en plein champ », estime Héni Nsaibi, chercheur à Acled (Armed Conflict Location and Event Data Project).

Selon Rida Lyammouri, chercheur associé au Think tank marocain, Policy Center for the News South (PCNS), « l’EI Sahel a saisi cette occasion pour consolider sa montée en puissance amorcée depuis quelques mois dans les régions de Gao et de Ménaka, au Mali ». Dans ces deux régions du nord du Mali, les jihadistes sont soupçonnés par des organisations de défense des droits humains d’exactions contre les civils de la tribu touarègue des Daoussahak. Ils se livrent également à une guerre fratricide avec le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), l’autre groupe jiahdiste implanté dans la région mais affilié au rival Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

Comme au Nigeria, la communication de l’organisation jihadiste montre une impressionnante facilité de mobilisation avec des centaines de fantassins se déplaçant à moto sans être inquiétés par les forces de défense et de sécurité des pays, comme en témoignent les images diffusés sur les réseaux sociaux par les jihadistes eux-mêmes.

« Il est facile pour eux de se déplacer en grand nombre parce qu’il n’y a pas à l’heure actuelle d’adversaires suffisamment capables de les inquiéter de manière imminente dans les zones concernées », explique Héni Nsaibi, soulignant « l’impact du départ des forces françaises du Mali.

Dans le Liptako malien et le Gourma burkinabé et malien , les forces françaises sont parties et n’interviennent que du côté  burkinabé dans des circonstances particulières », ajoute-t-il.

Le président français a annoncé la « fin officielle de Barkhane » mercredi 9 novembre dans un contexte de crise diplomatique avec le Mali dirigé depuis mai 2021 par des militaires.

Rida Lyammouri soutient, lui aussi, que la filiale de l’Etat islamique bénéficie du « vide laissé par l’Opération Barkhane au Mali et l’instabilité politique au Burkina Faso ».

Au Mali, « la présence de l’armée et de ses partenaires de la compagnie militaire privée russe controversée Wagner se limite aux zones urbaines tandis que les milices ne peuvent pas faire grand-chose de plus que récupérer du bétail errant », insiste M. Nsaibia. 

Soldats ivoiriens détenus: vers de nouvelles sanctions contre Bamako

Depuis juillet dernier, des militaires ivoiriens sont détenus par Bamako pour « tentative de déstabilisation » de la transition.Les autorités maliennes disposent de moins d’un mois pour libérer les 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis juillet dernier pour « mercenariat ». Sans quoi, elles exposent le Mali à de nouvelles sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Réunis dimanche 4 décembre en session ordinaire à Abuja, au Nigeria, les chefs d’État ouest-africains en sont arrivés à cette éventualité comme l’a déclaré le président de la Commission de la Cédéao, à la fin de la rencontre. Le président togolais, Faure Gnassingbé sera chargé de porter le message au colonel Assimi Goïta dans les prochains jours.

Cet ultimatum fait suite à l’échec de la médiation de la Cédéao dans ce contentieux. Saisie par Abidjan après que le colonel Goïta a exigé l’extradition de personnalités maliennes faisant l’objet de poursuites judiciaires chez elles, l’institution régionale avait envoyé une « mission de haut niveau » à Bamako pour obtenir la libération des des militaires ivoiriens, en vain. Le maintien en détention de 46 d’entre-eux après la médiation de Lomé ayant abouti à la libération des trois femmes du groupe, préoccupe toujours la Cédéao.

La menace de nouvelles sanctions contre le Mali risque cependant de ne pas « résoudre le problème ». « Quoique l’on pense du dossier, elle est en instance devant les juridictions du Mali », rappelle, sous le sceau de l’anonymat, un chercheur ouest-africain en sciences politiques. Ce dernier doute de l’efficacité d’un nouvel embargo après celui infligé au Mali de janvier à juillet 2022 pour son refus de remettre le pouvoir aux civils dans des délais raisonnables.

Pour le même chercheur, un pays comme « le Sénégal ne peut pas se permettre de refermer ses frontières pour un contentieux bilatéral de cette nature et dans un contexte économique propre ». La Cédéao n’a pas précisé la nature des sanctions qui seront infligées à Bamako, souligne notre interlocuteur qui déconseille d’ores et déjà une « intervention militaire ». « Le Mali n’est pas la Gambie ou la Guinée Bissau », prévient le chercheur.

Mali : Choguel Maïga reprend du service

Après plus de 3 mois d’absence pour des raisons sanitaires, Choguel Kokalla Maïga a été réhabilité dans ses fonctions de Premier ministre. Dimanche 4 décembre, le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goita a abrogé le décret portant nomination du colonel Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim. 

Cette décision intervient quelques jours après l’audience accordée par le chef de l’Etat malien à Choguel Kokalla Maïga, titulaire du poste depuis le coup d’Etat de mai 2021, au palais de Koulouba, à Bamako. A l’occasion de cette rencontre, le Premier ministre a assuré au colonel Assimi Goita être en mesure de reprendre le travail après avoir été contraint au « repos forcé » par un Accident vasculaire cérébral (AVC) pendant trois mois. Par cet acte, le président de la transition semble officialiser le retour de Choguel Maïga.

Quant à lui, le colonel Abdoulaye Maïga prend du galon. Il a été nommé Ministre d’État, ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation. Selon le décret lu à la télévision nationale, il assure à ce titre l’intérim du Premier ministre en cas d’absence, d’empêchement ou de vacance.

Mali : L’OMVS inaugure un barrage hydroélectrique

La capacité de production du nouvel ouvrage de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal est estimée à 140 mégawatts.C’est un jour important pour les pays  membres de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal  (OMVS). Ce samedi 3 décembre, sera inauguré au Mali le barrage  hydroélectrique de Gouina, situé dans l’arrondissement de Diamou, à 45 kilomètres de Kayes. La cérémonie sera co-présidée par le Colonel  Abdoulaye Maïga, Amadou Ba, Mohamed Bilal Messaoud et Bernard Gomou,  respectivement premier ministre du Mali,  du Sénégal, de la Mauritanie  et de la Guinée Conakry.

D’une  capacité de 140 mégawatts (MW), précise un communiqué du gouvernement  malien, l’ouvrage a été financé grâce à un prêt contracté solidairement  par le Mali, la Mauritanie et le Sénégal auprès de la banque chinoise de  promotion des exportations (EXIMBANK).

La  pose de la première pierre de ce projet a été effectuée en décembre  2013, mais les travaux ont officiellement démarré en novembre 2016.

L’infrastructure  est située sur le fleuve Sénégal, avec une hauteur de barrage de 19  mètres, une longueur de 1371 mètres et une capacité de stockage de 136  millions de mètres cubes et est reliée à la société de gestion de  l’électricité de Manantali (SOGEM) qui produisait déjà 260 mégawatts à  partir de Manantali et de Féllou. La production de 140 mégawatts par le  nouvel ouvrage inauguré ce samedi accroît la capacité  d’approvisionnement au bénéfice des pays membres.

«  Depuis le démarrage du premier groupe de la centrale hydroélectrique de  Manantali au d’octobre 2001, l’OMVS a délivré aux sociétés  d’électricité des trois Etats membres une énergie propre et bon marché à  hauteur de 53% pour le Mali, 33% pour le Sénégal et 15% pour la  Mauritanie, grâce à deux lignes à haute tension interconnectées  d’environ 1500 km », indique en décembre 2021 l’OMVS. L’organisation  précise que « l’énergie de Manantali a servi à alimenter d’abord les  capitales Bamako, Dakar et Nouakchott et les autres villes secondaires  comme Kayes, Matam, Podor, Dagana, Rosso, Boghé, Kaédi etc ».

Créée en 1972 par le Sénégal, le Mali et la Mauritanie, l’OMVS a enregistré l’adhésion de la Guinée en 2006.

Mali : le GSIM revendique l’attaque de Kayes

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a affirmé, dans un communiqué diffusé vendredi soir, être l’auteur de l’attaque du 30 novembre dernier ayant fait deux morts dans la région de Kayes.Dans la nuit de mercredi à jeudi 30 novembre, des hommes armés ont pris d’assaut le poste de douane et le camp des Forces armées maliennes (Fama) de de la ville Yélimané, à 600 kilomètres, à l’ouest de Bamako, dans la région de Kayes, non loin de la frontière avec la Mauritanie.

Ce double assaut aurait fait deux victimes dont un militaire et un civil selon des sources locales. L’attaque a été revendiquée ce vendredi par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) très active au Mali.

Dans son communiqué, le groupe jihadiste proche d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) s’en prend aussi ironiquement aux mercenaires de la compagnie sécurité privée russe, Wagner, « qui pillent et tuent les innocents, vendent leurs larcins sur les marchés, brûlent les villages et confisquent le bétail… »

Depuis quelques années, la Katiba du Macina, composante du Groupe de soutien à l’Islam (GSIM) affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), évolue vers l’ouest du Mali depuis son bastion du centre. Cette stratégie expansionniste s’articule autour de prêches dans les villages des régions de Kayes et de Koulikoro.

Alors que les premières prédications remontent à 2016, c’est à partir de mai 2020 que les hommes d’Amadou Kouffa ont installé une base entre Diéma et Yelimané, sous la direction du jihadiste Abou Abderahman, responsable de la zone de Nampala. Mais cela passe aussi par des attaques contre les représentants de l’Etat.

En août 2020, deux gendarmes ont été tués dans l’attaque de la brigade territoriale de Sandaré, dans le cercle de Nioro du Sahel. Quelques jours après, trois soldats maliens sont tombés dans une embuscade à Guiré, dans le cercle de Nara. Le 29 août dernier, des jihadistes présumés ont attaqué le poste de sécurité de Hamdallaye, dans le cercle de Kéniéba. Ces opérations de la Katiba du Macina ne sont pas uniquement une source d’inquiétude pour le Mali.

Le Sénégal qui a réussi jusque-là à contenir l’insurrection jihadiste dans le Sahel au niveau de ses frontières, va redoubler de vigilance en raison de sa proximité avec localités ciblées par les jihadistes dans la région ouest du Mali. A ce titre, les autorités sénégalaises ont décidé de renforcer la sécurité à la frontière avec le Mali, en établissant des camps militaires mais aussi en insistant sur la coopération avec le Mali et la Mauritanie pour des actions communes préventives contre les groupes jihadistes.

Mali : un décret confirme la suspension des ONG en lien avec la France

Bamako a suspendu, le 21 novembre dernier, les activités, sur le territoire malien, de toutes les organisations non gouvernementales qui bénéficient d’un soutien de Paris.En réaction à la suspension de l’aide française au développement destiné au Mali, les autorités de la transition au pouvoir à Bamako avaient décidé, dans un communiqué diffusé le 21 novembre dernier, d’« interdire avec effet immédiat toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire ».

Dans décret portant interdiction des activités de certaines associations et fondations sur le territoire de la République du Mali, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a confirmé cette décision prise par son gouvernement.

« Sont interdites, jusqu’à nouvel ordre, les activités menées par les associations/ ONG et assimilées opérant sur le territoire de la République du Mali, sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France », lit-on dans le décret.

Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et le ministre de l’Economie et des Finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret qui sera enregistré et publié au Journal officiel, ajoute le document consulté par APA.

Cette crise est la énième entre la France et le Mali depuis que le président français a annoncé en juin 2021 la « réarticulation de l’opération Barkhane », au Sahel. La junte malienne a dénoncé « un abandon en plein vol » et a, dans la foulée, fait appel aux « mercenaires » de la compagnie militaire privée russe, Wagner, selon les chancelleries occidentales.

Depuis, leur relation n’a cessé de se dégrader, accélérant le départ des soldats français et la « fin officielle » de Barkhane annoncée début novembre par Emmanuel Macron.

Mali : deux morts dans une attaque à Kayes

La double attaque du 30 novembre au 1er décembre s’est produite à moins de 300 kilomètres de la frontière sénégalaise.Des véhicules et motos calcinés, des douilles de fusil d’assaut. C’est la scène hideuse laissée par des hommes armés qui ont fait une incursion dans la nuit de mercredi à jeudi à Yélimané, à 600 kilomètres, à l’ouest de Bamako, dans la région de Kayes et non loin de la frontière avec la Mauritanie.

Plusieurs sources locales font état de deux attaques ayant ciblé le poste de douane de la ville et le camp des Forces armées maliennes (Fama). Selon les mêmes sources, ce double assaut aurait fait deux victimes dont un militaire et un civil. La réaction des autorités maliennes est attendue suite à cet incident que beaucoup d’observateurs de la crise sécurité au Mali attribuent aux jihadistes.

Depuis quelques années, la Katiba du Macina, composante du Groupe de soutien à l’Islam (GSIM) affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), évolue vers l’ouest du Mali depuis son bastion du centre. Cette stratégie expansionniste s’articule autour de prêches dans les villages des régions de Kayes et de Koulikoro.

Alors que les premières prédications remontent à 2016, c’est à partir de mai 2020 que les hommes d’Amadou Kouffa ont installé une base entre Diéma et Yelimané, sous la direction du jihadiste Abou Abderahman, responsable de la zone de Nampala. Mais cela passe aussi par des attaques contre les représentants de l’Etat.

En août 2020, deux gendarmes ont été tués dans l’attaque de la brigade territoriale de Sandaré, dans le cercle de Nioro du Sahel. Quelques jours après, trois soldats maliens sont tombés dans une embuscade à Guiré, dans le cercle de Nara. Le 29 août dernier, des jihadistes présumés ont attaqué le poste de sécurité de Hamdallaye, dans le cercle de Kéniéba. Ces opérations de la Katiba du Macina ne sont pas uniquement une source d’inquiétude pour le Mali.

Le Sénégal qui a réussi jusque-là à contenir l’insurrection jihadiste dans le Sahel au niveau de ses frontières, va redoubler de vigilance en raison de sa proximité avec localités ciblées par les jihadistes dans la région ouest du Mali. A ce titre, les autorités sénégalaises ont décidé de renforcer la sécurité à la frontière avec le Mali, en établissant des camps militaires mais aussi en insistant sur la coopération avec le Mali et la Mauritanie pour des actions communes préventives contre les groupes jihadistes.

L’Etat islamique annonce la mort de son « calife »

L’Etat islamique est en pleine expansion sur le continent africain.L’Etat islamique a annoncé, mercredi 30  novembre dans un élément sonore de près de 10 minutes de son porte-parole Abou Muhajir al Hachimi al Qourachi, la mort de son «  calife ». Abou al Hassan al Hachimi Al Qourachi a été tué au cours d’un combat dont le lieu n’a pas été précisé, décrypte Wassim Nasr, journaliste à  France24 et spécialiste des mouvements jihadistes. 

D’origine  irakienne comme Abou Bakr al Baghdadi, premier chef de l’Etat islamique  tué par les Etats-Unis en octobre 2019, Abou al Hassan al Hachimi al  Qourachi a remplacé son compatriote Abou Ibrahim al Hachimi al Qourachi  après la mort, en février 2022, de ce dernier dans le nord de la Syrie  lors d’une opération des forces spéciales américaines.

Très  discret comme son prédécesseur, Abou al Hassan al Hachimi al Qourachi  est arrivé en février dernier, à la tête de l’Etat islamique, alors en pleine expansion dans le monde, particulièrement en Afrique où il compte sept « provinces », après avoir perdu du terrain dans la zone syro-irakienne d’où il a été proclamé en juin 2014.

En mars dernier, l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) qui était rattaché à la « province de  l’Afrique occidentale », placée sous l’autorité d’un « wali »  (gouverneur) nigérian a été promue province à part entière et revendique  ses opérations sous le nom de l’Etat Islamique au Sahel (EIS). Depuis mars, l’EIS concentre ses actions dans le nord malien, entre les régions  de Gao et de Ménaka, tuant plusieurs centaines de civils, indiquent des organisations de défense des droits humains.

Dans  la même logique, la branche mozambicaine a été détachée de la province de l’Etat islamique en Afrique australe, dans laquelle elle évoluait sous la direction des Forces Démocratiques alliées (ADF), des islamistes  radicaux ougandais, installés dans l’Est de la République démocratique  du Congo (RDC). Dans le nord du Nigeria, principalement dans le Bassin  du Lac Tchad, l’État islamique en Afrique occidentale multiplie les  assauts contre les forces armées nigérianes et tentent d’administrer des territoires. 

Selon plusieurs  experts, cette politique d’expansion décidée par le commandement central  de l’organisation jihadiste sera poursuivie quel que soit le chef. Abou  al Hassan al Hachimi al Qourachi est déjà remplacé par un « vétéran du  jihad », Abou al Hussein al Husseini al Qourachi, a indiqué le porte-parole de l’État islamique appelant à « vouer allégeance » au nouveau « calife ».

Le Mali, de retour dans les bonnes grâces de la Cédéao ?

Le médiateur de la Cédéao pour le Mali a déclaré être « satisfait de ce qui est en train de se passer » pour un retour à l’ordre constitutionnel.Goodluck Jonathan était encore à Bamako ce mardi 29 novembre. Ce court séjour du médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour le Mali avait pour objet d’évaluer la conduite de la transition. Après sa rencontre avec les autorités maliennes, l’ancien président du Nigeria (2010-2015) s’est dit « plutôt satisfait de ce qui est en train de se passer », estimant que « le programme de la transition se déroule bien ».

La visite de Goodluck Jonathan au Mali intervient à quelques jours du sommet ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement prévu le 4 décembre à Abuja, au Nigeria. Les dirigeants ouest-africains examineront la situation politique en Guinée, au Burkina Faso et au Mali, trois pays qui ont récemment connu des coups d’Etat et sous l’emprise des militaires.

Au même titre que le Burkina et la Guinée, la junte malienne a accepté de faire une transition de 24 mois à compter de mars 2022 en lieu et place des cinq ans décidés initialement. Tirant les conséquences de cette décision, l’institution régionale a levé à l’occasion de son sommet du 3 juillet, les sanctions économiques et financières imposées au Mali depuis le 9 janvier dernier.

Cependant, les sanctions individuelles de même que l’exclusion de Bamako des instances de décision de la Cédéao sont toujours en vigueur. Une épée de Damoclès dont les autorités maliennes voudrait bien se débarrasser, mais l’affaire des 46 ivoiriens n’arrange pas les choses pour le Mali. Le maintien en détention de ces soldats arrêtés depuis juillet dernier par Bamako qui les accuse de « mercenariat » préoccupe la Cédéao.

L’organisation régionale qui a été saisie par Abidjan qui continue de clamer leur innocence et ne cesse de réclamer leur libération sans condition, a dépêché une « mission de haut niveau » à Bamako, suite à son sommet extraordinaire du 22 septembre à New-York, en marge de la 77e Assemblée générale des Nations-Unies.

Mais rien n’a fuité de l’audience accordée le 29 septembre par le Colonel Assimi Goita au Gambien Adama Barrow, au Ghanéen Nana Akufo Addo et au ministre togolais des Affaires étrangères Robert Dussey, représentant de Faure Gnassingbé, empêché. Au même moment, la Côte d’Ivoire annonce le retrait de toutes ses troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la Stabilisation au Mali (Minusma) d’ici août 2023.

Mali : soupçons de financement opaque de la grande mosquée de Bamako

Le gouvernement malien a pris la décision de suspendre les chantiers entamés à la grande mosquée de Bamako face au refus des bailleurs d’expliquer l’origine des fonds.C’est une affaire qui défraie la chronique dans la capitale malienne. Le ministère malien des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes a demandé aux responsables de la grande mosquée de Bamako de clarifier la provenance des fonds destinés à la construction d’un bâtiment évalué à plus de deux cent millions de FCFA. Mais ces derniers n’ont pas daigné s’exécuter alors que les travaux se poursuivaient au sein de l’édifice religieux, regrette ledit ministère qui a procédé à leur arrêt.

« Nous avons eu aussi la précision que les dits travaux sont financés par Monsieur Harouna Sawadogo à qui vous avez prêté la bonne intention d’avoir +accepté de construire gracieusement+. Nous sommes, cependant, surpris que les dits travaux soient au niveau d’étage alors qu’il vous a été demandé surseoir à la pose de la première pierre jusqu’à la déclaration, par le généreux donateur, sur l’origine des fonds que vous-même avez estimé à plus de deux cent vingt millions », a souligné le ministère des Affaires religieuses dans une correspondance transmise au régisseur de cette grande mosquée.

« En enfreignant cette injonction, vous avez choisi d’ignorer la discipline administrative et braver les textes de la liberté religieuse et de la Centif (Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières). Cette méprise sur la rigueur de la discipline administrative et les exigences de la déclaration de biens, le tout conjugué au mécontentement général autour de l’entreprise en cours, nous amènent à demander l’arrêt immédiat des travaux de construction au niveau de la grande mosquée », a-t-il ajouté.

Avant cet épisode, les autorités de transition maliennes avaient décidé d’interdire les activités des organisations non gouvernementales (ONG) soutenues par la France, en réaction à la suspension par Paris de son aide publique au développement à destination de Bamako.

Le ministère français des Affaires étrangères avait invoqué comme raison le recours par les autorités maliennes au groupe paramilitaire russe Wagner. La junte militaire au pouvoir depuis mai 2021, après un deuxième coup d’Etat contre le président de la transition Bah N’dao, a constamment nié avoir fait appel à cette société aux agissements décriés dans plusieurs pays et parle d’instructeurs de l’armée russe déployés au nom d’une ancienne collaboration entre les deux pays.

Mali : frayeur après une prise d’otages au cœur de Bamako

Les forces de sécurité maliennes ont mis fin à une prise d’otages impliquant des narcotrafiquants.Dimanche 27 novembre, dans l’après-midi, les habitants du quartier de Missabougou, dans l’est de Bamako, ont entendu des tirs, près de l’hôpital du Mali. Au début, des rumeurs ont fait état d’un accrochage entre des forces de sécurité maliennes et des présumés jihadistes. Le Mali lutte contre une insurrection jihadiste depuis une dizaine d’années. Principale coalition des organisations liées à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) a osé, en juillet dernier, une opération dans la ville-garnison de Kati, à une vingtaine de kilomètres de Bamako et considéré comme le cœur du pouvoir incarné par des colonels depuis le coup d’Etat de mai 2021 contre Bah N’dao.

Les commentaires sont allés bon train sur les réseaux sociaux avant qu’un communiqué du gouvernement de la transition n’apporte des précisions sur cet évènement. Selon le ministère de la Sécurité et de la Protection civile, « une unité spéciale des forces de sécurité est intervenue pour libérer des otages et appréhender les membres d’un groupe de criminels et de narcotrafiquants qui les détenaient à Missabougou, non loin de l’hôpital du Mali ».

Le communiqué consulté par APA explique que « depuis le 18 novembre, des membres d’une famille avaient été enlevés par ces preneurs d’otage moyennant le paiement d’une rançon de 900 millions de francs CFA ou à défaut donner des informations permettant de localiser la cocaïne interceptée par les douanes maliennes. En août dernier, les douaniers maliens ont intercepté 160 kilogrammes de cocaïne d’une valeur marchande de 12,5 millions de dollars à la frontière avec la Guinée. Le lien entre cette affaire et la prise d’otages à Missabougou n’est pas encore établie. Mais les autorités maliennes assurent que l’opération menée dimanche dans ce quartier bamakois a « permis de libérer dix otages dont 3 femmes et six enfants » et d’ « arrêter quatre criminels dont un Franco-sénégalais, deux Français et un Franco-malien ».

Dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux dimanche en début de soirée, des individus supposés être les preneurs d’otages arrêtés sont montrés à visage découvert.

Médias: les organes de régulation de l’Uémoa en conclave au Sénégal

La lutte contre les discours de haine était au menu de cette rencontre tenue récemment dans la capitale sénégalaise.Les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) s’engagent à lutter contre la prolifération des discours de haine et la désinformation. Ainsi, leur organe de régulation de l’audiovisuel ont tenu leur 9e Assemblée générale, jeudi 24 et vendredi 25 novembre 2022 au Sénégal, rapporte l’Agence de presse sénégalaise  (Aps, publique).

L’évènement de deux qui a également vu la participation de la République de Guinée avait pour thème :  »La lutte contre la prolifération des discours de haine ou violents dans les médias et la désinformation ».

Selon Babacar Diagne, président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) du Sénégal, « cette rencontre est l’occasion pour nous d’aborder cette thématique qui est d’une importance capitale pour les pays africains en général et ceux constituant notre chère plateforme en particulier ».

« Les technologies élargissent le champ du possible en matière de communication, fragilisant en même temps les socles de sociétés traditionnellement multiculturelles et ethniques », a indiqué M. Diagne, par ailleurs ancien directeur général de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS, publique).

Poursuivant, il a souligné que « de la liberté d’expression dont le principe est universalisé et renforcé par la radio et la télévision ouvertes aux interpellations citoyennes, notre monde a progressivement glissé vers l’universalité  de contenus ».

Prenant la parole, le président de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) de Côte d’Ivoire, René Bourgoin a affirmé que « cette Assemblée qui nous réunit traduit clairement notre vision commune et mieux notre détermination à renforcer nos systèmes de régulation face à tous les défis auxquels nous faisons face ».

Bcéao : Jean Claude Kassi Brou officiellement installé gouverneur

L’ancien ministre ivoirien de l’Industrie et des Mines doit notamment travailler à la stabilisation de l’inflation notée dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa).Jean Claude Kassi Brou a été officiellement installé dans ses fonctions de gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao) ce vendredi 25 novembre à Dakar, au Sénégal. Il a été nommé à ce poste le 04 juin 2022 dernier en remplacement de son compatriote Tiemoko Meyliet Koné, promu vice-président de la République de Côte d’Ivoire depuis le 19 avril 2022.

« Dans l’exécution de cette mission, l’une des priorités du moment est de réduire l’inflation, qui se situe actuellement à un taux élevé », a indiqué le président du Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), Sani Yaya à M. Brou.

Pour y arriver, « vous aurez à mobiliser les instruments de politique monétaire adaptés à cette circonstance, dans un contexte marqué par des chocs multiples, notamment celui induit par la guerre russo-ukrainienne, les défis sécuritaires et les effets de la pandémie de Covid-19 », a conseillé Sani Yaya.

Ce dernier, également ministre de l’Economie et des Finances du Togo, a par ailleurs invité le nouveau gouverneur à consolider l’œuvre entamée par ses prédécesseurs, à veiller au respect de l’application des dispositions, traités, accords et conventions, des statuts et protocoles de la Bcéao.

Dans l’exercice de cette nouvelle mission, le nouveau gouverneur de la Bcéao devra notamment compter sur le concours loyal de ses collaborateurs, mais aussi la coopération de la communauté bancaire et financière des Etats membres et des partenaires, a souligné Sani Yaya.

En effet, note-t-il, des choix efficaces s’imposent pour maintenir les économies de l’Uémoa sur une trajectoire de croissance forte, tout en travaillant à préserver la stabilité macroéconomique des pays concernés, laquelle se trouve « menacée par les soubresauts de la conjoncture internationale ».

« La préservation de la stabilité financière est une mission fondamentale de la Bcéao. Les défis sont nombreux notamment dans le secteur bancaire, monétaire et financier, qui est de plus en plus exposé aux effets de la révolution numérique, avec l’émergence de nouveaux acteurs et produits qui, s’ils sont de nature à faciliter l’inclusion financière et la fluidité des transactions, ne sont pas simples », a-t-il dit.

Conscient du poids de l’héritage qui lui a été légué, Jean Claude Kassi Brou a rappelé que d’importants défis interpellent les dirigeants actuels dans un contexte où les attentes des États, des acteurs du système financier et des populations sont fortes et urgentes.

« Outre la lutte contre l’inflation, d’autres défis retiendront toute notre attention au cours des prochaines années. Il s’agira de la stabilité macroéconomique, notamment monétaire, gage de la confiance pour les épargnants et les investisseurs nationaux et internationaux, du financement sein de nos économies pour soutenir une croissance saine et durable, du renforcement de la solidité de notre système bancaire, de la poursuite du développement d’un secteur de la microfinance solide et performant en termes d’accès des populations à faible revenu aux services financiers, de l’approfondissement du marché financier régional et de l’accroissement de l’inclusion financière, grâce notamment à toutes les possibilités offertes par la numérisation », a listé M. Brou.

Il a ainsi annoncé la finalisation prochaine de nouvelles lois sur l’activité de la réglementation bancaire, sur la microfinance et sur la réglementation des relations financières extérieures, les Etats membres de l’Union ainsi que sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Mali : Le premier ministre Choguel Maïga de retour aux affaire ?

Trois mois après un arrêt cardiaque qui l’a écarté de la sphère publique, le Premier ministre de la transition, Choguel Maiga serait de retour.Victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) au mois d’août dernier, Choguel Kokalla Maïga, nommé à la primature en juin 2021 après le coup d’Etat du Colonel Assimi Goita contre l’ancien président de la transition Bah N’daw, aurait repris service.

L’information est confirmée par plusieurs de ses collaborateurs à la primature alors que la page Facebook de l’Office de la Radiodiffusion télévision malienne (ORTM) fait état d’une audience, photo à l’appui, que le président de la transition, le Colonel Assimi Goïta aurait accordé ce vendredi au chef du gouvernement. Sur le même réseau social, Choguel Maïga a publié une photo de lui accompagnée du message « Al Hamdoulilah » (Louange à Dieu). «Après une retraite médicale de quelques mois, le Président de la transition, Son Excellence le Colonel Assimi Goita, Chef de l’État, a reçu le Dr Choguel Kokala MAÏGA, Premier ministre, Chef du Gouvernement, ce vendredi », a indiqué la page Twitter de la présidence du Mali. 

Le média malien L’Essor soutient qu’en réalité, le premier ministre était surtout venu informer le président de l’évolution de son état de santé et de lui assurer qu’il « était apte à reprendre le travail ».

Mis au « repos forcé » il y a trois mois, Choguel Maïga a été remplacé par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maïga, nommé le 21 août Premier ministre par intérim par le président de la transition. Le gouvernement malien n’a pas encore réagi à cette information.

Anti-terrorisme : l’Initiative d’Accra au secours du Burkina Faso

Le pays se réserve le droit de se retirer de cette force conjointe si les résultats ne suivent pas.Le Sommet des chefs d’Etat de l’Initiative d’Accra, réuni mardi dans la capitaine ghanéenne, a annoncé le déploiement de 2000 hommes au Burkina Faso pour contrer l’avancée des groupes armés non étatiques, rapporte la télévision nationale, ce mercredi.

L’Initiative s’est fixée un délai d’un mois pour rendre opérationnelle sa force multinationale conjointe. La task-force comporte un contingent de 10.000 soldats qui seront stationnés à Tamalé au Ghana et un volet renseignement, basé à Ouagadougou au Burkina Faso, a précisé un communiqué des pays membres.

La task-force de l’Initiative d’Accra est un regroupement de sept pays dont le Burkina Faso destinée à faire face à l’expansion du terrorisme. Elle est axée sur « le partenariat et le soutien mutuel entre membres » en matière « d’opérations conjointes, de formation et de partage de renseignements », selon les pays membres.  

« Si cette initiative ne donnerait pas de résultats concrets, le Burkina Faso se réserverait le droit de se retirer de cette initiative. Parce que nous ne sommes pas pour des réunions et sommets sans fin, qui tournent en boucle et sans résultats. Je pense que nous avons été compris », a déclaré le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, représentant le Capitaine Ibrahim Traoré à Accra.

Pour rendre fonctionnelle la force anti-terroriste, l’Initiative a besoin d’environ 550 millions de dollars américains, une enveloppe qui suscite déjà l’intérêt de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union Africaine (UA), l’Union européenne (UE) et de la Grande-Bretagne. Les dirigeants ont recommandé aussi que des actions concrètes, « y compris la collecte de fonds, pour soutenir les pays sévèrement touchés par le terrorisme ».

Le Burkina Faso a plaidé pour un financement endogène, loin du diktat des bailleurs de fonds. « En prélevant par exemple, rien qu’une petite somme sur chaque kilogramme de café vendu, de cacao vendu, de coton vendu, de lingots d’or extrait, nous pouvons réunir les fonds nécessaires pour soutenir cette initiative », a expliqué Tembela.

Les Présidents ont indiqué avoir pris « bonne note » de la volonté du Nigeria de rejoindre le siège de la task-force de « l’Initiative d’Accra » et l’ont désigné comme observateur. Le géant ouest-africain a pris le leadership de la mobilisation et s’est engagé à accompagner la Force conjointe en appuis aérien et logistique.

Pour le chef du gouvernement burkinabè, l’Initiative a pris conscience de la gravité de la situation et les membres se sont engagés à mettre en place très rapidement la task-force pour soutenir les pays confrontés au terrorisme

Lancée en 2017, l’Initiative d’Accra regroupe le Burkina Faso, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Ghana, le Mali et le Togo. Bamako n’a pas participé au sommet d’Accra. Tous les trois mois, « l’Initiative » tient des réunions ministérielles précédées d’une rencontre technique des responsables en charge de la sécurité et des renseignements. L’organisation est financée par les Etats membres.

Mali : l’Etat islamique s’approche de Gao

Les jihadistes reprennent du poids dans le nord du Mali.Lundi 21 novembre, le village de Kadji, dépendant de la commune de Gounzereye, près de la ville de Gao, a été la cible d’une attaque d’hommes armés supposés appartenir à l’Etat islamique au Sahel (EIS). Les assaillants ont visé un camp de déplacés internes installés dans cette localité. S’exprimant mardi à la télévision nationale, le Général Moussa Moriba Traoré, gouverneur de Gao, a fait état de onze personnes tuées à l’occasion de cette attaque non encore revendiquée.

Selon plusieurs observateurs, cette attaque révélerait l’intention des jihadistes de tester le dispositif de sécurisation de la ville de Gao pour d’éventuelles opérations futures à l’intérieur de la ville.

En 2012, le Mouvement pour l’Unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), issu d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a occupé cette ville du nord malien et y a appliqué une version ultra-rigoriste de la loi islamique avant d’en être délogé en janvier 2013 par l’intervention française, Serval. Près de dix ans après, les jihadistes restent actifs dans la région.

« Règlement de compte »

Le commandant du théâtre-Est de l’Opération « Maliko » (Entre Maliens, en bambara), lancée par l’armée malienne en janvier 2021, le colonel Famouké Camara, résume l’attaque de Kadji à « un règlement de comptes entre groupes armés ».

Depuis plusieurs mois, l’EIS multiplie les opérations dans le nord du Mali, entre les régions de Ménaka et de Gao. En juillet, l’EIS a occupé le village de Talataye pendant 48 heures après avoir livré bataille contre des unités du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) liés à AQMI et des mouvements touaregs pro-gouvernementaux. Au terme des accrochages, l’EIS a affirmé avoir tué une soixantaine de combattants du GSIM et des mouvements Touaregs. Fin octobre, ces derniers ont tenté de laver cet « affront » en tentant des contre-offensives contre des positions de l’EIS dans la région de Ménaka. Selon les informations d’APA News, les affrontements se poursuivent entre les deux groupes jihadistes dans des localités de Ménaka où des centaines de civils ont été tués depuis mars, d’après plusieurs organisations humanitaires.

La France et le Mali à couteaux tirés autour de l’aide au développement

La France et le Mali jouent les prolongations dans leur crise diplomatique.La réponse du Mali n’a pas tardé suite à l’annonce de la suspension de l’aide française au développement destiné à ce pays d’Afrique de l’Ouest. Bamako a décidé d «interdire avec effet immédiat toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire ».

Selon le communiqué du 21 novembre signé du Premier ministre par intérim de la transition, le colonel Abdoulaye Maïga, cette décision du gouvernement respecte les « principes définis par le gouvernement » articulés autour « de la souveraineté du Mali », du « respect des choix des partenaires opérés par le Mali » et « la prise au compte des intérêts du peuple malien dans les décisions ».

Rappelant que la déclaration de Paris « n’est qu’un subterfuge destiné à tromper l’opinion publique nationale et internationale aux fins de déstabilisation et d’isolement du Mali », Bamako indique que « la France a notifié » depuis février 2022, « par voie diplomatique la suspension de sa coopération au développement en faveur du Mali ».

« Nous prenons note et regrettons la décision des autorités maliennes de la transition », a réagi au lendemain le ministre français des Affaires étrangers, regrettant « une décision qui intervient malheureusement au détriment de la population malienne ».

Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le Mali a reçu 121 millions de dollars d’aide publique au développement de la France en 2020. L’Organisation des nations unies estime que 7,5 millions de personnes au Mali ont besoin cette année de 4,5 millions de dollars.

Mais le gouvernement malien explique que sa décision « contribue à la restauration de notre dignité bafouée par une junte française spécialisée d’une part dans et dans l’octroi d’aide déshumanisante pour notre peuple et utilisée comme moyen de chantage des gouvernants et d’autre part dans le soutien actif aux groupes terroristes opérant sur le territoire malien ».

Cet épisode est le énième d’une série d’actes posés de part et d’autres depuis plusieurs mois entre la France et le Mali, dans un contexte de rapprochement entre la Russie et ce pays sahélien en proie à une crise sécuritaire depuis une dizaine d’années. Après que le président français a annoncé en juin 2021 la « réarticulation de l’opération Barkhane », au Sahel, la junte malienne a dénoncé « un abandon en plein vol » et a, dans la foulée, fait appel aux « mercenaires » de la compagnie militaire privée russe, Wagner, selon les chancelleries occidentales. Depuis, leur relation n’a cessé de se dégrader, accélérant le départ des soldats français et la « fin officielle » de Barkhane annoncée début novembre par Emmanuel Macron.

Sahel: Incertitudes autour de la mort d’un cadre de l’Etat islamique

Cadre de l’Etat islamique au Sahel, le Nigérien Iliassou Djibo, surnommé Petit Chaporé, aurait été tué fin octobre dans dans la guerre fratricide entre jihadistes sahéliens.Activement recherché par plusieurs services de renseignement sahéliens et occidentaux, Iliassou Djibo alias Petit Chaporé aurait été tué. Le jihadiste nigérien aurait trouvé la mort fin octobre dans des affrontements entre l’Etat islamique au Sahel et le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), dans l’est du Mali, non loin de la frontière avec le Niger. 

Plusieurs médias nigériens ainsi que des spécialistes des groupes jihadistes ont confirmé la mort du jihadiste. Cependant des sources sécuritaires contactées par APA préfèrent jouer la carte de la prudence. “Selon mes informations, il n’a même pas pris part aux affrontements entre l’EIS et le GSIM”, soutient l’une d’elles.

En tout cas, sa mort serait un coup dur pour la branche sahélienne de l’Etat islamique. Ancien membre du le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), un groupe créé en 2011 par le jihadiste mauritanien Hamada Ould Mohamed Heirou, alors en rupture de ban avec Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et l’arabe malien Ahmed Tilemsi, Petit Chaporé a milité à Almurabitoune, né en 2013 d’une fusion du MUJAO et de la Brigade des Signataires par le Sang du jihadiste algérien, Mokhtar Belmokhtar.  

Recherché par les Etats-Unis

Lorsque Adnan Abou Sahraoui fait allégeance à l’Etat islamique en 2015, il a compté sur des hommes comme Iliassou Djibo pour constituer le noyau dur de la succursale du “Califat islamique” proclamé par Abou Bakr al Baghdadi en Irak. Le 4 octobre 2017, des forces spéciales américaines et des soldats nigériens tombent sur une embuscade des insurgés islamistes. Le bilan est lourd. Huit militaires sont tués, dont quatre Américains et quatre Nigériens. Le 12 janvier 2018, Adnan Abou Walid al Sahraoui (AWAS) revendique cette opération, relevant l’aura de son groupe auprès du commandement central de l’État islamique dont les provinces syro-irakiennes étaient en difficultés. 

Les Américains lancent à travers le programme “Reward for justice” la traque contre les auteurs de cette attaque et offrent jusqu’à 5 millions de dollars pour toute information facilitant leur capture. Mais Petit Chaporé échappe aux multiples opérations des militaires français visant le commandement de l’EIS en 2021 et qui ont permis de tuer en aout Adnan Abou Walid al Sahroui, avec l’aide des américains. Très actif à la frontière entre le Mali et le Niger, le jihadiste aurait joué un rôle important dans la montée en puissance de l’EIS dans l’est du Mali et les exactions contre les civils dans cette région.

Mali : la société civile fustige la décoration d’un juge islamique

Des organisations de la société civile malienne, ont montré leur hostilité à la décoration d’un juge islamique Houka Houka Ag Alhousseini.La décoration de Houka Houka par l’État malien pour « service rendu à la paix et au vivre ensemble » n’est pas du goût de 37 organisations de la société civile malienne. Elles ont manifesté leur désaccord dans un communiqué conjoint publié mercredi 16 novembre. « Nos 37 organisations condamnent avec énergie la distinction par le gouverneur de la région de Tombouctou de monsieur Houka Houka Ag Alhousseini, ancien commissaire islamique d’Ansar Dine à Tombouctou, toujours poursuivi par la justice malienne pour des faits de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, perpétrés pendant la période d’occupation de Tombouctou », déplorent les organisations de la société civile qui appellent « à l’annulation de cette reconnaissance et à la mise à la disposition de l’intéressé à la justice malienne pour qu’il soit jugé ».

Pour ces organisations, parmi lesquelles le Cadre de concertation des ODDH de Tombouctou et Yermatoun, une association de défense des droits civils active dans la même région, l’ « acte du gouverneur est contraire au principe de l’Etat de droit et constitue une atteinte à la mémoire des victimes ».

« Cet acte est de nature à célébrer les bourreaux au moment où les victimes attendent désespérément que des procès soient organisés », dénonce la société civile malienne. Elle est d’autant plus remontée contre le gouverneur de Tombouctou qui « est censé savoir que Houka Houka est toujours poursuivi pour des crimes de droit international imprescriptibles », rappelant qu’en 2015, des organisations avaient déposé une plainte contre l’intéressé avec constitution de parties civiles « pour le compte de 33 victimes présumées de violences sexuelles commises à Tombouctou qualifiées de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre ».

Le 11 novembre dernier,Houka Houka Ag Alhousseini a été honoré en même temps qu’une trentaine de personnalités religieuses et coutumières lors de la journée des légitimées traditionnelles pour service rendu en faveur du retour de la paix et du vivre ensemble dans la région de Tombouctou.

Deux semaines plus tôt, en sa qualité de Cadi ((juge musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses) de Zouérat, dans le cercle de Goundam, il a posé trois conditions au gouverneur de la région de Tombouctou pour la réouverture des écoles. La première consiste à « introduire l’arabe à l’école, dont le Coran et son interprétation en langue du milieu et dans tous les ordres d’enseignement ». Au sujet du second cycle, le religieux exige aussi que les « rangées des filles et des garçons soient séparées par une barrière lorsqu’il est impossible de séparer la classe ». « Il est souhaitable que les filles soient enseignées par les femmes et les garçons par des hommes lorsque les classes sont séparées », ajoute-t-il, souhaitant que les enseignants soient visibles par les élèves en fonction de leur genre.

En 2019, le Conseil de sécurité des Nations Unies a prononcé des sanctions contre Houka Houka Ag Alhousseini pour ses agissements faisant obstacle à la mise en œuvre de l’Accord d’Alger signé en 2014 entre l’État malien et des groupes rebelles nordistes.

Arrêté en janvier 2014 par les soldats français à la faveur de l’intervention Serval pour chasser les jihadistes du nord du Mali, Houka Houka a été libéré huit mois plus tard par les autorités maliennes. Depuis, il vit à Zouérat, un village situé à l’ouest de Tombouctou. Selon les Nations-Unies, il a été réintégré dans ses fonctions d’enseignant en septembre 2017 par le gouverneur de la région de Tombouctou de l’époque, Koina Ag Ahmadou, sous la pression du dirigeant de la Coalition du peuple de l’Azawad (CPA), Mohamed Ousmane Ag Mohamidoune.

Minusma: Ces pays africains sur le départ

D’ici neuf mois, la Côte d’Ivoire ne comptera plus de casque bleu au Mali.

En septembre 2021, à la tribune des Nations unies, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, avait reproché à la France son « abandon en plein vol », déplorant le retrait partiel de la force Barkhane dans son pays confronté à la violence jihadiste depuis une décennie. Ces derniers mois, des pays africains ont annoncé également leur désengagement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Les derniers casques bleus ivoiriens quitteront le territoire malien en août 2023, sans être relevés. Les autorités ivoiriennes en ont fait l’annonce mardi 15 novembre sans expliquer les raisons du retrait de leurs 900 compatriotes déployés au Mali dans le cadre de la mission onusienne de stabilisation de ce pays sahélien. Mais avant la Côte d’Ivoire, le Bénin et l’Egypte étaient les deux autres pays africains à avoir annoncé leur retrait de la Minusma à la suite de plusieurs pays européens tels que le Royaume-Uni.

En mai dernier, le Bénin avait exprimé le besoin de rappeler ses troupes en vue de renforcer sa sécurité intérieure après des attaques à la frontière avec le Burkina Faso. Ce sont ainsi 456 éléments béninois de la Minusma qui rentreront progressivement dans leur pays avant novembre 2023, assure Cotonou.

« Ces derniers temps, le Bénin est confronté à une situation sécuritaire inquiétante du fait des actes de terrorisme orchestrés à ses frontières nord par des hommes armés non identifiés. De ce fait, le pays prévoit de mobiliser toutes les compétences humaines, matérielles et logistiques nécessaires pour renforcer sa sécurité », avait expliqué le ministère béninois des Affaires étrangères dans sa lettre adressée au secrétaire général des Nations unies.

A la suite du Bénin, l’Onu a reçu la lettre de désengagement de l’Egypte qui compte un millier de soldats dans la Minusma. Après avoir perdu sept soldats depuis le début de l’année, Le Caire a décidé de suspendre temporairement les activités de ses casques bleus présents au Mali à compter du 15 août 2022 pour une durée indéterminée. 

« La décision de l’Égypte de se retirer temporairement des forces des Nations Unies correspond d’abord aux attaques contre ces soldats. La force de la Minusma est une force défensive. Elle n’est pas une force qui a l’autorisation d’attaquer et d’éliminer. Et je pense que c’est aussi une faiblesse structurelle liée à cette présence », analysait pour la chaîne panafricaine Africa 24 Hichem Ben Yaïche, expert en géopolitique.

Quant à la Côte d’Ivoire, son retrait inexpliqué de la Minusma intervient alors que les relations diplomatiques avec Bamako se sont considérablement dégradées depuis l’affaire dite des « 49 militaires ». Ces soldats ivoiriens accusés de « mercenariat » sont arrêtés à Bamako le 10 juillet dernier et placés sous mandat de dépôt. Si trois d’entre eux ont été libérés, 46 sont toujours détenus au Mali, accusés par la justice malienne de « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État ».

La Côte d’Ivoire a toujours réfuté ces accusations, assurant que ces soldats étaient appelés en opération de soutien logistique à la Minusma. Le Togo joue le rôle de médiateur entre Abidjan et Bamako depuis le 28 juillet, mais les négociations n’ont toujours pas permis d’aboutir à un règlement de cette affaire dans un contexte de lutte contre le terrorisme encore prégnant dans la région du Sahel, particulièrement au Mali.

A la date du 16 septembre, dix-neuf pays africains étaient contributeurs de militaires et de policiers à la Minusma. 

Le retrait annoncé de troupes africaines de la Minusma est diversement commenté et sonne chez certains analystes comme un mauvais signe quant à la longévité de cette mission dont l’efficacité est de plus en plus en remise en cause. Le mandat de la Minusma a été renouvelé le 30 juin dernier par le Conseil de sécurité des Nations Unies pour une année supplémentaire avec quelques changements majeurs comme la suppression de l’appui logistique de Barkhane aux forces onusiennes ainsi que la réduction par la junte malienne du champ d’action de la Division des Droits de l’Homme pour enquêter sur les allégations d’exactions qui lui sont rapportés.

Mali : Londres justifie le retrait de ses soldats de la Minusma

Le gouvernement britannique accuse les autorités maliennes de ne pas être disposées à travailler pour assurer une stabilité et une sécurité durables.Le Royaume-Uni continuera de soutenir les missions de maintien de la paix de l’Onu au Sahel, mais plus à partir du Mali. Londres a en effet officialisé, lundi dernier, le retrait de ses troupes de ce pays ouest-africain confronté à la récurrence des attaques jihadistes.

« Aujourd’hui, […], je peux annoncer que le contingent britannique quittera également la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali)
plus tôt que prévu. […], nous devons être clairs sur le fait que la responsabilité de tout ceci incombe à Bamako. Deux coups d’État en trois ans ont sapé les efforts internationaux pour faire avancer la paix », avait déclaré, lundi devant le parlement, le secrétaire d’État à la Défense, James Heappey.

Comme Paris, Londres va également redéployer ses troupes dans d’autres pays de la région afin de continuer sa lutte contre les groupes jihadistes. Lundi et mardi prochains, Accra, la capitale ghanéenne va accueillir une réunion qui va regrouper divers acteurs « pour coordonner notre réponse renouvelée à l’instabilité dans le Sahel », a informé M. Heappey.

« Il s’agira du premier grand rassemblement en faveur de l’initiative d’Accra – une solution dirigée par l’Afrique de l’Ouest, qui vise initialement à empêcher la contagion de l’insurrection en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo, au Bénin et au Niger et à s’attaquer aux niveaux croissants de violence au Burkina Faso et au Mali – ce qui rend cette conférence très opportune », a-t-il expliqué.

Le retrait des troupes anglaises de Gao sera coordonné avec les alliés. « L’armée va donner des ordres imminents pour reconfigurer le prochain déploiement afin de réduire notre présence. Nous quittons la Minusma plus tôt que prévu et nous sommes, bien sûr, attristés par la façon dont le gouvernement de Bamako a rendu si difficile la présence de nations bien intentionnées », a-t-il dit.

Selon le secrétaire d’État à la Défense, le Royaume-Uni travaillera rapidement avec ses alliés dans la région et en Europe pour soutenir l’initiative d’Accra afin d’assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité en Afrique de l’Ouest. « Notre engagement envers cette région reste entier », a-t-il assuré.

Afrique : ces anciens présidents qui s’activent pour la paix

Plusieurs anciens chefs d’Etat africains ont réussi leur reconversion en offrant leurs services pour une paix politique durable sur le continent.En Afrique, ce ne sont pas tous les chefs d’Etat qui s’inquiètent de leur devenir au moment de quitter le pouvoir. Ces dernières années, ils sont nombreux à avoir passé pacifiquement la main à un successeur élu par leurs compatriotes pour entamer une seconde vie. Si certains préfèrent se retirer de la politique et profiter de leur retraite, d’autres choisissent par contre de rester sur la scène internationale pour apporter leur expertise dans la construction d’une Afrique démocratique.

Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) par exemple, Uhuru Kenyatta travaille depuis quelques semaines pour mettre fin aux affrontements violents entre l’armée et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Après avoir transmis le pouvoir à son successeur William Ruto, il y a un peu moins de trois mois, l’ex-chef de l’Etat kenyan s’emploie pour une résolution de cette crise dans laquelle le Rwanda est accusé de soutenir la rébellion du M23, qui a pris du galon ces derniers mois.

En tant que nouveau facilitateur de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC, sigle anglais) pour la paix dans la partie orientale de la RDC, M. Kenyatta mène sa mission avec panache. Il a achevé lundi 14 novembre un séjour de deux jours à Kinshasa, la capitale congolaise, lors duquel il a consulté des ministres, des diplomates ainsi qu’une quarantaine de représentants des communautés des deux Kivu et de l’Ituri. Parmi eux, des chefs coutumiers et des membres de la société civile qui ont fait le déplacement.

De présidents à médiateurs africains

Plus loin, dans la région ouest du continent où plusieurs pays sont perturbés par la violence jihadiste et les séries de coups d’Etat, d’anciens chefs d’Etat y sont sollicités pour la recherche de la paix et négocier des transitions « raisonnables » avec les juntes militaires. C’est le cas de Mahamadou Issoufou qui a dirigé le Niger de 2011 à 2021.

Médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour le Burkina Faso, où il a d’ailleurs obtenu la réduction de la durée de la transition à 24 mois au lieu des 36 initialement prévus par la junte au pouvoir, il parcourt régulièrement la région puisqu’il est aussi à la tête du Panel indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel. Cette mission lui a été « confiée (par) le Secrétaire général des Nations unies en rapport avec l’Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le G5 Sahel », expliquait M. Issoufou lors d’une récente audience à Bamako avec le colonel Assimi Goïta, le président de la transition du Mali, un pays où les allers-retours de l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan (2010 – 2015), sont également fréquents en sa qualité de médiateur de la Cédéao.

En Guinée, l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi (2016 – 2016) a réussi à rapprocher les positions de l’organisation régionale et la junte militaire dirigée par le colonel Mamady Doumbouya. Après une médiation de plusieurs mois du prédécesseur du président Patrice Talon, les autorités militaires de Conakry ont accepté de rendre le pouvoir aux civils au bout de deux ans en lieu et place des trois ans prévus. « Dans un compromis dynamique, les experts de la Cédéao et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois », s’était réjoui en octobre l’organisation régionale.

Destins tragiques

Ainsi, la liste des anciens chefs d’Etat africains présents sur la scène internationale n’est pas exhaustive. Mais force est de constater que leur destin est plus honorifique que le sort de certains de leurs pairs comme le Burkinabè Blaise Compaoré, les Guinéens Alpha Condé et Moussa Dadis Camara ou encore l’Ivoirien Laurent Gbagbo. Ces derniers ont été obligés de quitter le pouvoir par la rue ou par l’armée avant de connaître des déboires judiciaires.

En Guinée notamment, le procès de l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara avec une dizaine de co-accusés dans le massacre du stade du 28 septembre 2009 se poursuit à Conakry. Renversé par l’armée un an après son élection pour un troisième mandat, son successeur Alpha Condé vit lui-aussi des moments difficiles loin de son pays. La justice guinéenne a ordonné le 3 novembre dernier des poursuites contre l’ex-président, actuellement en Turquie pour raisons « médicales », et plus de 180 de ses anciens ministres et cadres, pour des faits présumés de corruption.

Mali : la Côte d’Ivoire retire son contingent de la Minusma

Face à l’intransigeance de Bamako de libérer ses soldats accusés de mercenariat, la Côte d’Ivoire a annoncé le « retrait » progressif de ses troupes de la Minusma.La crise politique qui perdure depuis cinq mois entre la Côte d’Ivoire et le Mali, prend un nouveau virage. Le ministre ivoirien délégué aux Affaires étrangères avait déjà donné le ton le 28 octobre lors de son entretien avec le secrétaire général des Opérations de paix, Jean Pierre Lacroix.

Le gouvernement ivoirien est passé à la vitesse supérieure le 11 novembre dernier en confirmant au bureau du secrétaire général adjoint aux opérations de paix des Nations Unies, le « retrait progressif » de ses troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

« La relève de la compagnie de protection basée à Mopti et le déploiement des officiers d’Etat-major (MSO) et des officiers de police prévus en octobre 2022 ne pourront plus être effectués », explique la mission permanente de la Côte d’Ivoire à l’Onu. « De même, poursuit la note consultée par APA, la Côte d’Ivoire n’envisage pas relever en août 2023 les militaires et autres éléments présents au sein de la Minusma ». A la date du 1er juillet 2020, la Côte d’Ivoire était le 7e contributeur de militaires à la Minusma, avec 816 soldats.

Tensions entre Abidjan et Bamako

Cette décision intervient dans un contexte de brouille diplomatique entre Bamako et Abidjan, suite à l’arrestation par les autorités de la transition malienne de 49 soldats ivoiriens, le 10 juillet à l’aéroport international Modibo Keita Bamako-Senou. Accusés de mercenariat, les militaires ivoiriens ont été inculpés vendredi 12 août pour « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État » par le Procureur de la république près le tribunal de grande instance de Bamako VI au grand dam d’Abidjan.

La Côte d’Ivoire a immédiatement exigé leur libération sans conditions, indiquant que les soldats arrêtés sont inscrits au fichier de l’armée et sont déployés au Mali dans le cadre d’un mécanisme de soutien de troupes onusiennes connu sous le nom de NSE (éléments nationaux de soutien).

Une mission de médiation ouest-africaine, sous l’impulsion du Togo, engage des discussions entre les deux parties et parvient à faire libérer trois femmes parmi les 49 soldats, assurant que les pourparlers se poursuivraient pour la libération des 46 restants. Mais coup de théâtre, au lendemain de ce qui ressemblait à un début de dégel, le Colonel Assimi Goïta, recevant le ministre nigérian des Affaires étrangères, exige en contrepartie l’extradition de personnalités maliennes qui se sont réfugiées en Côte d’Ivoire.

Abidjan dénonce « un chantage » et une « prise d’otage » et saisit dans la foulée la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour arbitrer le différend avec son voisin du nord. À cet effet, une session extraordinaire est convoquée par le chef de l’État bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de l’institution à New York, en marge de la 77e Assemblée générale des Nations-Unies.

Au terme de leur réunion du 22 septembre, les chefs d’État ouest-africains exigent la libération des soldats ivoiriens et décident d’envoyer à Bamako « une mission de haut niveau » constituée de trois présidents dont les résultats de la visite au Mali le 29 septembre, ne sont toujours pas connus du grand public.